dimanche 7 avril 2024

Le droit de " Charroy "

 

Les Abbayes devaient « le charroy » en temps de guerre


Abbaye de Clairvaux


Troyes est la ville de France qui, de tout temps, a abrité le plus d’abbayes, de prieurés, de couvents, et qui est aussi la plus ancienne dans ce domaine. Les abbayes, dans le cours des siècles, sous une forme ou sous une autre, au prix des plus grands sacrifices, subviennent aux besoins de l’Etat, dont les dangers et les avantages sont inséparables de ceux de l’Eglise.

Un rôle de contribution à force de loi et rend le charroy régulièrement obligatoire, en temps de guerre, pour toutes les abbayes contribuables.

Cependant, même en temps de guerre, les abbayes soumises au charroy ne sont pas charroyables à merci. D’un côté, le charroy est une prestation ou réquisition bien déterminée, qui consiste à fournir un chariot à 4 roues, attelé de 2 chevaux, ou une charrette à 2 roues attelée d’un cheval. D’un autre côté, les abbayes charroyables sont obligées au charroy, seulement lorsque le « corps du Roy est en l’ost », c’est-à-dire lorsque le roi en personne est à la tête de l’armée. Dans ce cas, les abbayes doivent s’exécuter dès qu’elles ont reçu la « semonce » (avertissement) de se rendre en « l’ost » (armée) avec le Roi, en tel lieu et à tel jour désigné par qui de droit. Ces prestations ou réquisitions de charroy font partie du service militaire que les abbayes doivent au Roi.

Pour bien comprendre cela, il faut se rappeler que les rois des 2 races mérovingienne et carolingienne, ainsi que les premiers rois de la race capétienne, ont été les fondateurs, les restaurateurs, ou les principaux bienfaiteurs de la plupart des grandes abbayes de France, et principalement des nôtres !

A ces divers titres, les rois tiennent naturellement les abbayes sous leur dépendance, sauvegarde et protection. Les abbayes, reconnues de fondation royale et qui ont été dotées de grands et beaux fiefs temporels, sont assimilées aux laïques possesseurs de fiefs, qui, entre autres services féodaux, doivent le service militaire et l’impôt du sang au roi, leur suzerain. Aussi, dès les premières guerres de Charlemagne, nous trouvons dans les armées des abbés avec leurs vassaux. Déjà à cette époque, le roi demandait à plusieurs abbés et abbesses, en temps de guerre, un contingent d’hommes armés et d’autres prestations militaires, soit en nature, soit en argent. Mais ce n’est qu’en 817, que la loi militaire rend le service obligatoire en temps de guerre pour les abbayes, et est discutée et votée par l’Assemblée Concile d’Aix-la-Chapelle.

Cette assemblée des évêques et des grands du royaume, sous la présidence du roi Louis le Débonnaire, dresse le rôle officiel des abbayes au point de vue du service militaire, rôle empreint d’une grande sagesse et qui montre dans quelle mesure de modération et de justice le roi demande aux abbayes de participer au service militaire et à la défense de la patrie, en temps de guerre.

Quelques mois après la publication du rôle des abbayes soumises au service militaire, Louis le Débonnaire ordonne aux abbés et abbesses de lever leurs troupes pour l’aider à conjurer la révolte de Bernard, roi d’Italie. La lettre de convocation est adressée aux archevêques, aux évêques de leurs paroisses, qui la communiquent aux abbés et abbesses, aux comtes, aux officiers royaux et à tous les fidèles de leurs diocèses.

 A l’époque carolingienne et sous les premiers Capétiens, l’abbé est obligé de paraître en personne à l’armée avec ses vassaux. Quelquefois, le roi l’exonère du service personnel, mais quand il obtient cette exemption, il doit joindre ses troupes à celles du comte. Parfois, le roi retient ces troupes pendant 2 années, à leurs dépens, avant de les renvoyer dans leurs foyers.

Cette loi de l’an 817, sur le service militaire dû par les abbayes est en vigueur jusqu’au XVII° siècle. Toutefois, pendant le moyen-âge, les rois ne prennent pas son exécution avec trop de rigueur. En principe, les abbayes sont tenues dans une certaine mesure au service militaire, mais dès le temps de Charles le Chauve, les unes ou les autres, en tel cas particulier, peuvent obtenir par grâce d’être exonérées de ce service en partie ou même en totalité. D’ailleurs, au XIII° siècle, elles peuvent déjà, moyennant finance, se racheter du service militaire. De même, les prestations de guerre en nature, peuvent être rachetées à prix d’argent.

Dès le XIV° siècle, les subsides pécuniaires ou aides, sous divers noms, deviennent plus fréquents et sont étendus à tous les établissements monastiques, sans exception, même aux simples prieurés. Par suite, les grandes abbayes sont obligées moins fréquemment à envoyer au roi des soldats tout équipés. Les commissaires de guerre préfèrent les contributions en argent aux hommes inhabiles que fournissent les abbayes.

Enfin, les abbayes cessent de fournir un contingent d’hommes. Charles VII commence l’organisation des armées permanentes, par ses Ordonnances de 1439 et 1445. Dès lors, la plupart des charges de guerre sont converties pour les abbayes en subventions pécuniaires.

Il ne faut pas oublier qu’au XIV° siècle et dans les siècles suivants, plusieurs abbayes engagent ou vendent des vases sacrés, des reliquaires, des croix précieuses…, pour payer les contributions de guerre.

Il ne faut pas oublier que, pour la même cause, au XVI° siècle, plusieurs abbayes engagent ou vendent de beaux immeubles, avec l’autorisation du pape Grégoire XIII.

    C’est ainsi que les abbayes, ont subvenu aux besoins de l’Etat, dont les dangers et les avantages sont inséparables de ceux de l’Eglise.



Le département de l'Aube et ses clochers

 Troyes est la ville de France qui, de tout temps, a abrité le plus d’abbayes, de prieurés, de couvents, de congrégations religieuses, et qui est aussi la plus ancienne dans ce domaine : " Nulle contrée de France, au moyen âge, ne surpassait l’Aube, pour le nombre, l’antiquité, l’illustration, la splendeur de ses maisons de religion ", a écrit Aug. Vallet de Viriville (archiviste paléographe) en 1841.

Les prieurés étaient des établissements religieux qui dépendaient des abbayes et dans lesquels les religieux, en petit nombre, menaient la vie conventuelle et régulière, sous la dépendance d’un prieur. Pendant les premiers siècles de l’histoire monastique, tant que dura la ferveur des instituts religieux et que des règles primitives furent observées, il n’y avait que des prieurés conventuels.

Vers le milieu du XIIIe siècle, beaucoup de prieurés, par manque de religieux, devinrent des prieurés simples, donnés en commende à un moine ou à un ecclésiastique et quelquefois même à un laïque, qui se contentait d’en percevoir les revenus, en faisant acquitter par un ecclésiastique les charges spirituelles, s’il y en avait. D’après le Registre des visites de l’évêque de Troyes, en 1499, il restait encore au moins neuf prieurés conventuels.

Les commanderies et les anciens hôtels-Dieu, sont assimilés aux prieurés, par ce que, originairement, ces établissements étaient occupés ou dirigés par des religieux dont le supérieur s’appelait commandeur ou prieur.

Pas moins de 50 maisons ouvertes aux vieillards et aux malades sont créées entre le XI° et le XIII° siècle.


Voici depuis leur création, cités par ordre chronologique, tous ces établissements.

En 375, a été fondé à Isle Aumont, le plus ancien monastère de la Gaule. 

Abbaye royale de Saint-Loup 560

Abbaye de Montier la Celle 650

Abbaye royale de Notre Dame aux Nonnains 657

Prieuré de Saint-Quentin, saint Benoît 685

Abbaye royale de Saint Martin ès Aires 724

Hôpital Saint-Nicolas, Ordre de Saint-Augustin, Sœurs de la Charité de Nevers VIII°s.

Prieuré de Saint-Blaise, de Saint-Jean en Châtel 871

Bons-Hommes, Trinitaires ou Mathurins 910

Prieuré bénédictin de Jully-sur-Sarce 1032

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