jeudi 5 septembre 2024

Parpaillots dans l'Aube

 



Parpaillots, gens sans foi dans l’Aube ?

 « Parpaillots*, gens sans foi dans l’Aube » lit-on dans « Problèmes missionnaires de la France rurale » publié en 1945, par le chanoine Boulard, sociologue, Curé d’une paroisse rurale, puis aumônier de la JAC (Jeunesse agricole chrétienne).  M. le chanoine ne devait pas bien connaître notre département !

 Ce que nous savons d’une façon certaine et irréfutable, par le langage des pierres et les connaissances des lieux-dits, c’est qu’il y a peu de contrées qui ont été aussi pénétrées par l’influence chrétienne dès le Bas-Empire, influence singulièrement fortifiée au cours du Moyen Age !  Un seul exemple : regardons sur une carte si l’Aube, particulièrement la vallée de la Seine est chrétienne.

 De Troyes, en direction de Méry-sur-Seine, sur un parcours de moins de 28 km, se succèdent : 

Pont-Sainte-Marie, Sainte-Maure, Saint-Benoît, Rilly-Sainte-Syre, Droupt-Saint-Basle, Droupt-Sainte-Marie, soit 6 communes sur 13 dédiées à un Saint ou à une Sainte.

 La rive gauche de la Seine est aussi sanctifiée, puisque sur 8 villages, 6 portent le nom d’un Saint ou d’une Sainte. Très serrées autour de la ville de Troyes apparaissent les communes de : 

Saint-Parres-aux-Tertres, Saint-Julien, Saint-André, Sainte-Savine, La Chapelle-Saint-Luc, Barberey-Saint-Sulpice.

 Un seul territoire neutre autour de la capitale des Tricasses : Les Noës

 Ainsi, l’encerclement spirituel a survécu aux sièges, aux démolitions, aux changements de régime.  Les remparts et les portes fortifiées ont été rasés, mais l’esprit demeure et continue à planer sur les lieux. La meilleure preuve, si tous ces villages, au cours de la Révolution furent privés de leur titre séculaire, lorsque la tourmente fut passée, la voix populaire remit en bonne place tous les Saints :

 Rilly-la-Raison se rend à Sainte-Syre, Mont-Bel-Air se redonne à Sainte-Maure, Thury redevient Saint-Benoît-sur Seine.

 Consultons un livre vieux de près de 200 ans : « Les Saints du Diocèse de Troyes et Histoire de leur culte ».

 Que peut-on y apprendre au sujet de nos villages étirés tout au long de la Seine ? C’est à Rilly que Savinien, premier apôtre du christianisme dans le diocèse, persécuté, chercha refuge.

 Vers la fin du XIe siècle, saint Aderald chanoine et archidiacre de Troyes, apporte de son voyage de la Terre Sainte, un morceau de pierre du sépulcre de Jésus-Christ. Il fait bâtir à Samblières un monastère de l'ordre de Cluny, où il dépose cette pierre, et auquel il donne le nom de Saint-Sépulcre, qui devient dès lors celui du village, les seigneurs s'intitulant châtelains du Saint-Sépulcre.

Autres saints de l’Aube :

 Aventin, Baussange, Bernard de Clairvaux, Pierre de Celle, Bienheureuse Emeline, Fiacre, Frobert, Germaine, Hélène Hoïlde, Jean de Troyes, Jule, Mathie, Maure, Mesmin, Parre, Robert, Savinien, Tanche, Urvain IV, Winebaud, et plus récemment, Marguerite Bourgeois et le R.P. Brisson.

 Autres villages de l’Aube portant un nom de saint :

 St-Aubin, St-Benoist-sur-Vanne, St-Christophe Dodinicourt, St-Etienne-sous-Barbuise, St-Flavy, St-Germain, St-Hilaire-sous-Romilly, St-Jean-de-Bonneval, St-Léger-près-Troyes, St-Léger-sous-Brienne, St-Léger-sous-Margerie, St-Loup-de-Buffigny, St-Lupien, St-Lyé, St-Mards-en-Othe, St-Martin-de-Bossenay, St-Mesmin, St-Nabord-sur-Aube, St-Nicolas-la-Chapelle, St-Oulph, St-Parres-les-Vaudes, St-Phal, St-Pouange, St-Remy-sous-Barbuise, St-Thibault, St-Usage, Ste-Maure, Dierrey-St-Julien, Dierrey-St-Pierre, Mesnil-St-Loup, Mesnil-St-Père, Mesnil-Sellière, Orvilliers-St-Julien, Le-Pavillon-Ste-Julie, Plaine-St-Lange, Précy-Notre-Dame, Précy-St-Martin, Rouilly-St-Loup, Vallant-St-Georges.

 Ajoutons les hameaux :

 St-Aventin (Verrières), St-Denis (St-Christophe), St-Didier (Dosnon), St-Eloy (La Loge-Pomblin), St-Georges-le-Petit (Vallant-St-Georges), St-Lange (Plaines), St-Liébault (Estissac), St-Martin (St-Remy-sous-Barbuise), St-Martin-les-Daudes (Verrières), St-Nicolas (Rosany), St-Tribure ((Fuligny), St-Vinebaud (St-Martin-de-Bossenay), Ste-Suzanne (Poivres), Ste-Syre (Rilly-Ste-Syre), Ste-Thuise (Dommartin-le-Coq), Baires-St-Parres (St-Parres-au-Tertre), Braux-St-Père (Braux), Bréviandes-St-Léger (St-Léger), Croix-St-Jacques (St-Mards-en-Othe), Grand-St-Georges (Vallant-St-Georges), Mesnil-St-Georges (Ervy-le-Châtel), Moline-St-Julien (St-Julien), Notre-Dame-d’Ormont (Arrembécourt), Notre-Dame-du-Chêne (Crespy), Petit-St-Julien (St-Julien), Petit-St-Georges (Vallant-St-Georges), Petit-St-Mesmin (Fontaine-les-Grés).

 Pour terminer, n’oublions pas les fermes :

 de St-Bouin (St-Mards), St-Etienne (Vallentigny), St-Gabriel (Vendeuvre), St-Georges (Vallant), St-Jacques (Jully-sur-Sarce), St-Joseph (Chaource), St-Joseph (Thill), St-Joseph-des-Champs (Vougrey), St-Lucine (Rhèges), St-Martin (Ailleville), St-Montiéramey), St-Parres (St-Nicolas), St-Victor (Soulaines), St-Victor (Mesnil-St-Père), St-Victor (Braux), St-Victor (Plancy), Ste-Catherine (Thennelières), Ste-Elisaberh (Bragelogne), Ste-Eulalie (Rosières), Ste-Germaine (Bar-sur-Aube), Ste-Marie (Pouy), Ste-Scholastique (Rosières), Ste-Suzanne (Mailly).

Je reconnais que je ne pensais pas que notre petit département de l’Aube était un de ceux qui comportaient le plus de saints : 31, et tant de villes, villages ou fermes portant un nom de Saint : 106 ! !   

Peut-on encore dire « Repaires de parpaillots, gens sans foi dans l’Aube ? ». Non, nos villages ont une vie, ils ont une âme.   

 

*PARPAILLOT

 Le terme “parpaillot” est un mot anciennement utilisé de manière péjorative pour désigner un protestant. Il trouve son origine dans le mot occitan “parpalhòu” qui signifie "papillon". Ce terme était utilisé pour railler l’infidélité des protestants, butinant d’église en église et peut être comparée au vol des papillons de fleur en fleur. Peut-être du fait qu’ils subissaient le bûcher, comme un papillon de nuit vient se brûler aux flammes d’un feu

Attesté chez Rabelais en 1535 au sens de papillon.

Une hypothèse s’appuie sur la décapitation en 1562 de Jean-Perrin Parpaille, chef protestant.

Aujourd’hui, il est rarement utilisé et peut aussi désigner quelqu’un qui ne pratique pas sa religion ou qui n’a pas de religion.

quelques exemples dans la littérature :  

 Ces misérables parpaillots, si on veut les noyer, il faudra les jeter à l’eau comme les chats, avant qu’ils ne voient clair. — (Alexandre Dumas, La Reine Margot, 1845, volume I, chapitre IX)

Le débat qui se poursuit aujourd’hui n’est donc qu’une nouvelle face du grand débat qui a abouti à la Saint-Barthélemy. Si Lorraine règne, messieurs, malheur aux parpaillots maudits, convertis ou non ! — (Michel Zévaco, Le Capitan, 1906, Arthème Fayard, collection « Le Livre populaire » no 31, 1907)

 En écoutant ces récits, ma grand-mère faisait semblant de s’indigner, elle appelait son mari « mécréant » et « parpaillot », elle lui donnait des tapes sur les doigts. — (Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964, collection Folio, page 87)

(Par extension) Celui qui ne pratique pas sa religion ou qui n’a pas de religion.

 Soir et matin, la sœur disait la prière, et mon soldat quoique parpaillot, levait sa calotte, observait une attitude respectueuse pour ne choquer personne. — (Georges Clémenceau, Au fil des jours, 1900, cité dans Clémenceau - l’irréductible républicain, collection: Ils ont fait la France, éditions Garnier, 2011, page 301)

 L’indifférence en matière de foi était devenue de règle, car d’hostilité on n’en sentait point trop encore ; à peine sourdait-elle, peut-être, dans quelques propos sacrilèges que les mauvaises langues : francs-maçons, libres-penseurs, anarchistes, parpaillots, ennemis déclarés de Dieu et de ses ministres, brebis galeuses fort rares heureusement dans son troupeau, s’essayaient malicieusement dans l’ombre à propager. — (Louis Pergaud, Le Sermon difficile, dans Les Rustiques, nouvelles villageoises, 1921)

 Il perçoit fort bien, dans cette espèce de Tibet qu’est alors l’Italie, les tares, d’ailleurs fort peu cachées, des prêtres ; le monsignore qui s’offre un jour maigre « un repas de parpaillot » l’offusque ; il a peut-être constaté aussi d’autres licences plus sérieuses. — (Marguerite Yourcenar, Archives du Nord, Gallimard, 1977, page 140)

 




Chapelle st Aventin

 

Chapelle st Aventin à St Aventin hameau de Verrières – Aube (10)


Une source qui passe pour être "miraculeuse" se trouve un peu plus loin.

Selon   la   tradition,   cette  chapelle   aurait   été   élevée   au   XIIe s. à l’emplacement de l’ermitage de Saint Aventin, disciple de saint Loup de Troyes, mort vers 537, dont elle possédait autrefois les reliques. Une petite statue du XIIIe s. représentant le  saint en compagnie d’un ours y est encore conservée.

Saint Aventin, bois polychrome XIIIe s.

L’édifice est composé  d’un chœur et  d’une  nef  rectangulaires  de  chacun  deux  travées,  séparés par  un  arc  triomphal.  Il  est  plafonné  sur  toute  sa  longueur,  mais  les traces d’une  voûte  de  bois  en  berceau  brisé  subsistent  au-dessus de la nef.  Celle-ci  est  légèrement  surélevée  par  rapport  au  sanctuaire ; elle est surmontée d’un petit clocher de charpente couvert d’ardoise et précédée d’un porche. Le chœur, contrebuté par de puissants contreforts, est encore celui de la chapelle  romane  primitive, mais ses ouvertures ont  été  modifiées  au  XVIe s.

Chaire du XVIIIe, l'escalier et l'abat-voix ont disparu

Bâton de procession, St Nicolas, bois doré XVIIIe

L’église  possède encore quatre verrières anciennes qui peuvent fournir des indications sur la chronologie des remaniements  survenus depuis l’époque romane. Toutes expriment une  dévotion  particulière à  la Vierge ; deux peuvent être datées-, par leur style, des premières années  du  XVIe s.,  mais  ont  été  remontées dans des  fenêtres  pour lesquelles elles n’avaient pas  été  conçues ;  les  deux  autres,  exécutées  vers le milieu du siècle, semblent en place. L’une d’entre elles porte  la date de 1557, qui pourrait donc être voisine de celle de  la  réfection de la nef. 
Outre celle de saint Aventin,  la  chapelle  possède plusieurs statues du XVIe s. 


L'Annonciation


Description : remploi d'un panneau au centre de la baie et d'un médaillon au-dessus, vitrerie losangée 20e siècle en complément ; sujet : alternance de verres colorés et de feuillages en bordure du panneau. 4ème quart du XVe siècle.



L'an mil cinq cinquante sept pierre million/et guillaume millon ont donné ceste verrière/Priez pour eulx. Blason des Péricard.

– Scène biblique de 1557

Verrière dont le registre supérieur (Mort de la Vierge) a été réalisé vers 1510 alors que le panneau des donateurs du bas est daté de 1557 ; l'inscription du soubassement nomme les donateurs : Pierre et Guillaume Millon.

Scène biblique (Mort de la Vierge, Les apôtres, Dieu le Père : âme : Vierge, ange : âme) ; scène (homme : en donateur) ; ornementation : en encadrement (décor d'architecture), fond damassé


Pietà XVIe


Saint Aventin et son ours XVIe (badigeon et dorure)


Vierge à l'Enfant XVIe


Saint Sébatien XVIe


Vierge à l'Enfant fin XVe

la nef et le Choeur 


La  charpente  du  clocher  étant  en  mauvais état, la Sauvegarde de l’Art Français a versé en 1994 une subvention de 35 000 F pour sa consolidation. L’année suivante, le plafond de la nef a été supprimé pour rétablir l’ancienne voûte en berceau brisé. Deux travées ont été restaurées en torchis, selon les techniques anciennes, les deux autres en plâtre projeté sur ossature métallique. Pour ces travaux, la  Sauvegarde  a  versé  une  nouvelle aide de 40 000 F.








Deux chandeliers, un reliquaire, une croix, une croix d'autel ont disparu selon l'inventaire de mon parrain qui a géré cette paroisse.


qui était Saint Aventin

 

 Église st Aventin de Troyes
Démolis en 1833

 Il y a 180 ans, était démolie l’église Saint-Aventin. D’après le chanoine-trésorier de la collégiale de Saint-Urbain, " c’était sans contredit, la plus ancienne, remontant au VI° siècle ".

Saint Aventin nait sur la fin du V° siècle, avant le règne de Clovis, 1er roi des chrétiens.  Il entend parler de saint Loup, évêque de Troyes, de sa science profonde, de son éminente sainteté. Son ambition est d’être compté au nombre de ses disciples. Le désir d'une vie parfaite conduisit le jeune Aventin à Troyes.

Saint Camélien* succède sur le trône épiscopal de Troyes, au décès de saint Loup. Il connut bientôt le mérite et la vertu d'Aventin, le mit au nombre de ses clercs et le fit économe de ses revenus. Le pieux religieux s'acquitte de son emploi avec tant de prudence et de sagesse, qu'il nourrissait non seulement le clergé de la cathédrale qui vivait alors en commun, mais encore les pauvres, les veuves et les orphelins. " Les actes de la vie rapportent même que Dieu opéra des miracles pour faire éclater sa fidélité et sa charité, et que plus il dépensait pour les pauvres et les infirmes, plus les biens croissaient entre ses mains ".

La réputation de sa sainteté s'étant répandue, Aventin craignit que le démon ne se glissât dans son cœur. Il prit la résolution de fuir le monde et de se retirer dans la solitude pour y vivre sous les yeux de Dieu seul. Il en demanda la permission à l'évêque, qui d'abord lui refusa pour le retenir auprès de lui, afin d'édifier son peuple. Aventin, persévérant dans son dessein,  réitéra ses demandes, et obtint enfin la permission qu'il désirait. Il se retira sous les murs de la ville auprès d'une chapelle déserte ou peu visitée, et y bâtit une chaumière où il vécut en anachorète. Cette retraite ne fit qu'augmenter sa renommée. Les hommes qu'il fuyait allaient l'y retrouver pour jouir de sa conversation et recevoir des instructions sur l'affaire de leur salut. Tant de visites lui firent connaître qu'il n'avait pas encore rempli son objet et qu'il n'était pas assez éloigné du commerce du monde. Il choisit une retraite plus éloignée, où est aujourd'hui la paroisse de Saint-Aventin. Là, il fut appelé aux saints ordres, l'évêque lui conféra le diaconat et enfin la prêtrise. Ministre fidèle, il s'adonna à la prière, à l'étude des saintes écritures et à la méditation de la science des saints. Il montrait la piété la plus profonde dans la célébration des saints mystères. La plus sévère austérité était son occupation, la haire était son vêtement, le pain d'orge, les racines et un peu d'eau étaient toute sa nourriture vers le milieu de la semaine, après 3 jours de jeûne continuels. Enfin, il n'avait pour lit que des planches couvertes de peau. Un ours furieux et poussant des cris épouvantables se présenta dans la chaumière du saint pendant la nuit. Aventin, effrayé, se mit en prière et s'abandonna aux soins de la Providence. A la pointe du jour il ouvrit sa porte, et l'ours doux et abattu de langueur, le lécha et lui présenta une de ses pattes où était enfoncée une épine, comme pour le prier de la lui arracher. L'homme de Dieu lui rend ce service, lave la plaie, la frotte avec un peu d'huile et l'enveloppe d'une petite peau. L'animal devint familier, et, lorsqu'il fut guéri, il se retira dans les bois. Une autre fois, une biche poursuivie par des chasseurs, se retira aussi dans la chaumière du saint, qui la mit sous sa protection et lui sauva la vie. Saint Aventin avait avec lui un religieux qui le servait "en ses besoins, et apprenait de lui à marcher dans les voies de la justice". Un jour, ce religieux ayant pêché quelques petits poissons, les porta à son maître, encore vivants. Le saint les prit et les rejeta dans l'eau, en disant : "allez, petites créatures, retournez dans votre élément et y vivez, pour moi, Jésus Christ est mon élément et ma nourriture, c'est en lui que je veux vivre". Saint Aventin a fait encore plusieurs autres prodiges : il guérissait les malades par ses prières et il chassait les démons suivant la parole de Jésus-Christ.      

  Le bruit de ses vertus et de ses dons lui attira une foule de visiteurs.

Il décède le 4 février 537. L’évêque de Troyes, saint Vincent, frappé des miracles qui s’opèrent sur son tombeau, le fait reconnaître comme saint, et fait ériger en 540, une église en son honneur. Il va souvent s’agenouiller sur le tombeau du saint, et demande à être inhumé dans cette église (son tombeau a été détruit lors de la Révolution de 1789).

En 1219, la châsse de saint Aventin est ouverte. Le corps est trouvé en bon état.

En 1605, le curé et les habitants de Creney demandent au Chapitre de Saint-Etienne " une portion quelconque du saint solitaire sous l’invocation duquel ils ont placé leur église paroissiale ". Le 7 novembre une côte de saint Aventin est mise au trésor, et le 29, ils en prennent possession avec transport solennel dans leur commune.

En 1641, on détache des restes vénérés, un os de la cuisse " long de 2 palmes  (environ 45 cm), pour être donné à sa demande, à la reine de France, pour être placé dans l’église des Religieuses de Paris ".

En 1725, notre évêque Bossuet, permet que " l’on tire un os de l’avant-bras, pour mettre dans la chapelle bâtie à Rome, sur le mont Aventin ". Bossuet en profite pour prendre pour lui, la clavicule, qu’il remet en 1729 à la paroisse auboise de Saint-Aventin-sous-Verrières.

En 1760, les chanoines de la Collégiale Saint-Etienne font faire une nouvelle châsse, pour y placer en 1764 le reste des reliques de saint Aventin " avec plusieurs autres ". Avant de sceller la châsse, on accorde au curé de Saint-Aventin, " une portion d’une fausse côte et une vertèbre des lombes " du saint qui fut donnée à l’évêque de Castres, pour son église.

Que sont devenus les restes précieux de saint Aventin, richement enchâssés dans l’or et la soie ? Jetés au vent en 1794 par le pouvoir révolutionnaire, et la châsse broyée sur ordre de la Convention. Il ne reste aujourd’hui que quelques parcelles de ces reliques.

L’église était d’assez grande dimension, possédait un orgue, une tour-clocher avec de grosses cloches, elle était voûtée. Il y avait 4 autels, dédiés à saint Roch, saint Barnabé, saint Aventin et saint Sébastien.

Lorsque la liberté des cultes fut proclamée sous Louis XVI, elle servit d’asile à l’église réformée, mais elle fut fermée pendant la Terreur, puis vendue comme bien national.

Elle servit successivement de magasin de bois et charbon, et d’atelier de charronage. En 1833, elle est démolie.

L’abbé Fardeau, dernier curé de Saint-Aventin, est la seconde victime des fureurs révolutionnaires, après le maire de Troyes, Claude Huez.

Il passe le 20 août 1792, sur le pont du moulin de la Tour. Des femmes au lavoir le reconnaîssent et  font des huées et le signalent comme prêtre à des soldats. Pris au collet, ils veulent lui faire dire : Vive la Nation ! L’abbé s’y refuse.

Alors ils l’accablent de coups, " et l’un d’eux lui tranche la tête, qu’ils placent au bout d’une pique et parcourent tous les quartiers de la ville avec ce sanglant trophée de leur barbarie ".

Ses assassins ne furent jamais recherchés.

C’est ainsi que finirent les destinées de la paroisse de Saint-Aventin.

*Saint Camélien est celui qui s’échappe du nombre des clercs envoyés par saint Loup vers Attila, près de Saint-Mesmin. Echappé aux coups des soldats, il se cache dans un petit bosquet, revient à Troyes, et rapporte ce qui s’est passé dans le massacre de ses compagnons.

Saint Loup, près de mourir, le désigne en 479, pour son successeur dans le siège épiscopal de Troyes. Les citoyens, connaissant son mérite, se rendent avec joie aux vœux du pontife, et acceptent Camélien pour évêque. Il marche sur les traces de son prédécesseur, et mérite, par ses vertus, le titre d’homme apostolique.

Afin de vaquer à ses fonctions avec plus de zèle et de ferveur, il choisit saint Aventin pour être l’économe de son temporel, et s’aperçoit que plus il dépense pour les pauvres et les infirmes, plus les biens croissent entre ses mains. Pour l’éprouver, saint Camélien marque un tonneau de vin, et s’aperçoit que ce vin ne diminue pas quand Aventin en fait la distribution. Il donne cette charge à d’autres, et cette fontaine miraculeuse cesse, et le tonneau est bientôt vide.

Sous son épiscopat, la ville de Troyes tombe sous la puissance de Clovis, et fait partie de la monarchie française. Quoique ce prince soit encore idolâtre, ce changement n’affaiblit pas la religion chez les Tricasses. Clovis protège les chrétiens, loin de les détruire.

 Camélien voit le prince venir recevoir sa future épouse Clotilde à Villery, et il reçoit aussi sainte Geneviève qui vient à Troyes chercher des secours pour aider Paris désolé par la famine.

En 511, il assiste à la sixième place, lors du concile qu’assemble Clovis, devenu catholique, à Orléans, avec 32 autres évêques.

Saint Camélien décède en 536, après un épiscopat de 57 ans ! Ses reliques sont dans l’église de saint Loup. Sa fête se célèbre le 28 juillet.

 


Les noms de rues autrefois...

 

Troyes en 1647

 Quels étaient les noms des rues autrefois à Troyes… suivi de l’Etymologie !

 Louis Bertrand de l’Académie Française a écrit de Troyes : « ... c’est d’un profil et d’un bouquet vraiment très spécial, toutes ces vieilles rues tassées, affaissées et tortueuses, avec leurs poutres apparentes, leurs étages en surplomb, leurs pignons et leurs toits pointus... ».

Les noms de rue confèrent à une ville quelque chose de son originalité, ils l’empêchent de la confondre avec d’autres cités. Mieux encore, ils disent sa vie à travers les âges, en un mot son histoire, petite ou grande.

Jusqu’à la moitié du XIXe siècle, la ville de Troyes conserve jalousement la nomenclature imagée que nos pères lui avaient constituée. En principe, nos rues devraient nous fournir une indication sur l’ancienne physionomie de notre ville. Une ordonnance royale de 1752, prescrivant de faire lever des plans exacts des principales villes du royaume, Bocher de Coluel, ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées, lève le plan de la ville de Troyes.          

Quoi de plus simple, pour situer une demeure dans une adresse, que le nom de la rue où elle se trouve et son numéro d’ordre dans cette rue ? Mais il faut savoir qu’à cette époque, il n’est pas facile de se diriger à Troyes, à travers le dédale des rues et le chaos des maisons. Avant cette ordonnance royale, les maisons sont désignées par leur proximité d’une autre demeure où pend une enseigne, ou bien par les sculptures au-dessus des portes. On dit alors : je demeure « à l’Enseigne de la Truie qui file », « à l’Image du Renard qui prêche », « à l’Image de Saint-Honoré », « Grande Rue devant le Puits en Auvergne », « près l’Hôtel du Chaudron », « de la Tête noire », « de la Limace », « de la Toison d’Or », « du Rat Botté », « des Trois Pigeons », « de la Grimace »...

Portes de Troyes - aujourd'hui disparues

Quant aux rues, elles portent généralement des noms caractéristiques, mais peu recherchés. Le genre de commerce ou d’industrie qui s’y pratique suffit pour les faire reconnaître : on va       « rue des Chaudronniers », « place de l’Etape-au-Vin », « rue de la Tannerie », « des Pains-à-Broyer », « ruelle Catin » (où habitent des filles de mauvaises mœurs), « du Bout du Monde »... Mais il y a aussi des Troyens qui demeurent « rue des Mauvaises Paroles », « des Singes-Verts », « Torchepot », « des Trois-Cochons »…

Il semble cependant que cette ordonnance de 1752, n’a pas été prise tellement afin de simplifier la distribution du courrier, mais plus pour des raisons administratives, et souvent financières : recensement des biens en vue de leur imposition, impôts divers, logement des troupes... 

 Dès 1757, Coluel assisté d’ingénieurs ordinaires, de sous-ingénieurs, d’inspecteurs, de conducteurs et de piqueurs, se met à l’ouvrage pour lever le plan de la ville de Troyes, et poursuit ses travaux les années suivantes. Le « plan Coluel » est sans aucun doute le document le plus précis qui permette de reconstituer rue par rue et maison par maison, l’aspect de notre cité au milieu du  XVIIIe siècle.                                        

Avant cette date, il n’existe de Troyes que des plans très imparfaits qui sont plutôt des images panoramiques. Ce plan est tracé à la plume sur papier collé lui-même sur toile. Les cours d’eau sont teintés en bleu, et les jardins en vert. Les monuments civils, les églises et les couvents avec la disposition des jardins qui les entourent, les portes de la ville ainsi que les fortifications avec leurs tours et leurs remparts, sont figurés en plans très détaillés et très précis. Non seulement les rues, mais toutes les maisons sans exception sont très exactement indiquées. Chaque rue est mentionnée en grands caractères par son nom, chaque maison est désignée de double manière : par le nom de son propriétaire d’abord, par un numéro d’ordre ensuite. Ces numéros forment une série unique pour toute la ville. Ils commencent à l’Hôtel de Ville, qui porte le n° 1, et se suivent selon une ligne très sinueuse et très irrégulière, parcourant successivement les rues du quartier haut, puis celles du quartier bas pour aboutir au Palais Royal, ancien Palais des Comtes de Champagne, qui porte le n° 2.766. Trois numéros supplémentaires: 2.767, 2.768 et 2.769, désignent les maisons du cul-de-sac « des Repenties », situé « rue des Filles » (aujourd’hui rue Jaillant-Deschainets).  

Le numérotage a été institué pour la commodité du logement des troupes. Ce « plan Coluel » est complété par un registre qui est en quelque sorte le premier livre d’adresses complet de la population troyenne, qui est daté de 1766. Le registre commence à la maison  n° 1 et se termine à la maison n° 2.769.   Le plan indique aussi les maisons des quatre faubourgs, dont chacun porte un numérotage particulier : le « faubourg de Croncels » comprend les maisons de 1 à 409, le « faubourg des Faux Fossés », celles de 1 à 200, le « faubourg Saint-Jacques », celles de 1 à 323, et le « faubourg des Tauxelles », celles de 1 à 86.                                                                                                  

La ville de Troyes, avec ses faubourgs, possède donc en 1769, un total de 3.787 maisons, dont 2.769 dans la ville proprement dite et 1.018 dans ses faubourgs, déjà très peuplés à cette époque. Le registre mentionne même pour chaque maison, la profession de l’occupant, propriétaire ou locataire.  A l’aide de ces deux documents, registre et plan, il est extrêmement facile de dresser l’état complet des familles troyennes en 1766 et de déterminer le domicile exact de chaque habitant. Pour de nombreux historiens, l’ordre des maisons est un peu fantaisiste. Les numéros suivent bien chaque côté de la rue, mais tantôt sautent régulièrement ou irrégulièrement d’un côté à l’autre, et l’on voit par exemple le n° 914 à côté du n° 1.083, et le 883 à côté du 1.262, ce qui ne facilite pas les recherches.

                                                                   

Plan Coluel
                                               

Deux de ces numéros sont encore visibles: le 2.706 en imposte forgée, 10 « rue Linard Gonthier », et le n° 1.529 au musée de Vauluisant, provenant de la « cour du gros Raisin » maintenant disparue. Le n° 1.925 est masqué par la devanture d’un magasin 27, « rue de la Cité ». Le 434, peint en vert, apparaît lors de la restauration de l’immeuble 3 « rue Charbonnet », mais depuis, a été malheureusement effacé.   

En 1993, le plan Coluel a été restauré. C’est une merveille, il est en 4 morceaux, et mesure environ 6,50 m x 3,50 m. Malheureusement, il n’est pas visible du public.

 Le maire fait placer également des écriteaux au coin des rues (très irrégulières par leur largeur et dans leurs alignements), au nombre de près de 200 pour en indiquer les noms, et installe plus de deux cents lanternes dans les principales rues, « pour la facilité des étrangers, et pour la commodité du logement des troupes ».

Jusqu’en 1940, les Conseils municipaux ont malheureusement débaptisé de nombreuses rues dont le nom parlait aux Troyens. Il reste bien la place du « Marché au pain », la rue du « Marché aux noix », « des Changes », « de l’Eau Bénite », « de la Vierge », « de la Ganguerie », « de la Crosse », « de Molesme », « du Paon ».                                                                                                                                                         

Mais qui sait où se trouvaient les rues « de la Chaussetterie », « des Chaudronniers », « de la Corderie »,  « de la Savaterie », « de la Draperie », « de la Ganterie », du « Marché aux oignons », « de la Filerie », « de la Poulaillerie », « de la Poissonnerie », « du Charbon », « de la Limace », « du Pape Jai », « du Sauvage » (hôtellerie du Grand Sauvage), « des Singes verts », « des 3 Têtes » (hôtellerie qui faisait l’angle de la rue de la Monnaie), « de la Vieille Saunerie » (où était le marché au sel), « des Mal parlants », « du Cheval rouge » (hôtellerie), « des Arquebusiers », « de la Clef-d’Or », « du Pont qui Tremble », « du Renard qui prêche » (hôtellerie », place « Notre-Dame-aux-Nonnains », ou « du Marché aux Trapans » (cette grande planche percée de plusieurs trous qui sert à égoutter la feuille dans les papeteries (Quai Dampierre), « du Marché à la Volaille », « de la Poissonnerie », « des Pois », « de la Feuerie » (marché de la paille), « de l’Etape au Vin » (étape de l’allemand stapelen = foire ou marché, on y vendait encore le vin au XVIII° siècle), rue et place « de la Harenderie » (ou Harangerie, vente de poisson salé), « de la Coefferie » (où les « coiffières » vendaient leurs produits, qui enveloppait étroitement la tête, fer, acier, lin, soie… il y avait encore 150 fabricants en 1609)…

En 1868, la municipalité troyenne fait une réforme importante : sur 345 rues ou places, 33 seulement portent le nom d’individualités, toutes d’ailleurs qualifiées par leur origine locale ou leur relation avec notre ville. 19 rues sont alors dénommées en faveur de personnages, au détriment de vieux souvenirs topographiques, d’enseignes, d’édifices, de métiers.                          C’est ainsi que la « rue des 5 cheminées » devient « rue de la Paix », la « rue du Pied de cochon », « rue de Gournay », la « rue des 3 crochets », « rue Jacques Julyot », « la rue du Marché-aux-Trapans (cette grande planche percée de plusieurs trous qui sert à égoutter la feuille dans les papeteries), « rue Passerat », la « rue du Flacon », « des 6 petits écus », « des Sonnettes », rue Boucherat…  

En 1878, la municipalité défère à M. Thiers l’honneur de patronner la seconde artère de la ville et d’y supplanter les noms « de la Corterie aux chevaux » et de cette « rue du Bois » où l’usage antique de nos ancêtres était « de faire » !!! Mais elle fut renommée le 9 novembre 1944 « rue Général de Gaulle ». 

En 1906, la « rue du Temple » est baptisée « rue Général Saussier ». D’accord, c’est le nom d’un grand militaire troyen, qui a fait un legs à la ville (plaque 59, rue Notre-Dame), mais on aurait pu donner ce nom à une autre rue, car « la rue de Temple » avait une signification bien précise. Depuis 1186, les Chevaliers du Temple, les templiers, créés dans notre département (en 1118 par Hugues de Payns, et approuvés par le Concile de Troyes avec saint Bernard de Clairvaux en 1128), y avaient leur commanderie (au n° 3).                                                                

Prenons quelques autres exemples malheureux. Troyes a très longtemps battu monnaie pour les Rois de France, mais en 1936 (inaugurée en 1937), notre « rue de la Monnaie » ainsi appelée depuis 1450, est baptisée « rue Roger Salengro »,  au nom de la section troyenne du parti socialiste, du nom d’un ministre de l’intérieur socialiste qui s’est suicidé à la suite d’une campagne de presse menée contre lui. Heureusement, le 26 mai 1992  elle reprend son nom de « rue de la Monnaie ».

abbaye saint Loup

Si un Troyen se devait de voir perpétuer son avenir, c’était bien l’évêque, ce premier défenseur de la cité contre le banditisme d’outre-Rhin. Le fait que le bâtiment principal de l’abbaye royale de Saint-Loup a subsisté justifiait à lui seul le maintien de « rue Saint Loup » qui datait de la fin du IXe siècle. Mais en 1904, un adjoint au maire de Troyes, socialiste, qui chaque jour, emprunte ce trajet pour aller à son travail, se déclare offusqué de cette appellation, parce que dit-il, il a lu dans un livre que saint Loup s’est fait le complice d’Attila, ce qui afflige son patriotisme. Pendant X siècles, personne ne s’en était scandalisé, et c’est ainsi que saint Loup perd son auréole de libérateur de Troyes et devient « rue du Musée » ! Voilà la désinformation : oui, Attila, après sa rencontre, passe bientôt à l’admiration pour la vertu de saint Loup, et veut que notre évêque l’accompagne dans sa retraite jusqu’au Rhin. Saint Loup accepte cette offre, car il espère opérer la conversion de ce prince. Le Roi des Huns arrivé sur les bords du Rhin, renvoie saint Loup, et se recommande à ses prières. Ce n’est qu’en 1994, que le conseil municipal rebaptise du nom de saint Loup, une petite voie insignifiante, derrière l’église Saint-Martin. Il aurait mérité mieux !

A la même séance de 1904, le vote substitue le nom « d’Emile Zola » à celui de « Notre-Dame », porté depuis le Xe siècle par une principale artère de la ville. Ce serait après de trop généreuses libations que des jeunes gens parièrent d’obtenir ce changement de vocable. Ce sont là des épisodes peu glorieux de l’histoire des changements de noms opérés dans notre ville. 

Au XIIe siècle, la « place Jean Jaurès » s’appelait place du « Marché aux Meules », qui devint « du Minage » (Mine était la mesure publique des grains dont l’étalon était réglé par le prince, qui percevait un droit dit minage. Hugues de Troyes l’avait donné à saint Pierre), puis du « Marché au Blé ».  


A partir de 1500, elle eut le triste privilège de servir de théâtre aux exécutions. Après les tortures, on y guillotinait. Une Halle de Bonneterie y est construite en 1837, elle devient donc en 1851 « Place de la Bonneterie ».


En 1900, y est érigé un monument pour les « bienfaiteurs de la ville », avec les noms des philanthropes gravés sur le fût, avec un homme de bronze qui représentait un ouvrier bonnetier dont le courage et l’habileté ont assuré la réputation mondiale de notre industrie.     En 1919 le Président de la République Raymond Poincaré permet au Conseil municipal d’attribuer le nom de « Jean Jaurès » à cette place, en hommage à ce grand homme, tribun socialiste et pacifiste, assassiné en 1914. 

Après 1918, « Raymond Poincaré » expulse « la Grande Tannerie », « Clemenceau » « l’Hôtel de Ville », « Colonel Driant » la « rue du Beffroi ». Ce militaire avait profondément marqué son séjour à Troyes et méritait cet honneur, mais était-il nécessaire de lui sacrifier l’une des plus vénérables appellations troyennes ? « Rue Kléber » remplace « rue Saint-Jacques » où était le prieuré, « rue Maurice Bouchor » (sans relations locales), remplace le nom très ancien de la « Voie des Maures ». Puis ce sont les boulevards Victor Hugo, Gambetta, Carnot, Blanqui, Guesde, Danton… les rues Voltaire, Zola, Anatole France… …

La liste est longue ! Jusqu’en 1940, nos Conseils municipaux ont malheureusement continué de débaptiser de nombreuses rues dont le nom parlait aux Troyens. Pourquoi avoir fait disparaître les noms de nos rues et places, qui étaient la mémoire de notre ville ? Renouvelés trop fréquemment, dictés par les caprices des fluctuations politiques, les changements d’appellation de nos rues équivalent ainsi à une suppression progressive de tout ce qui en faisait l’utilité et l'intérêt.

Alors, emmenez vos amis se promener, le « nez en l’air », dans les rues typiquement champenoises si pittoresques : « François Gentil », « Viardin », « du Marché aux noix », « Larivey », « Linard Gonthier », « Saint Frobert », « du Paon », « de la Montée des Changes », « de Vauluisant », Gambey », Passerat », « Général Saussier », « de Turenne », « de la Trinité », « Paillot de Montabert », « Brunneval » (où se trouve la synagogue et le centre universitaire Rachi), la « Place du Marché au Pain… et la célèbre « Ruelle des Chats ». Cette dernière est une des curiosités de Troyes, avec ses maisons à pignons et à étages en encorbellement, qui se sont affaissées et se touchent par leur sommet. Elle est ainsi nommée parce que les maisons se joignant par les toits permettraient aux chats de passer d’un grenier à l’autre. C’est une ruelle qu’aucun touriste ne voudrait manquer à la tradition, en n’allant pas la voir, et les Troyens, la revoir (les pavés et bornes en pierre sont d’origine).

Noms actuels des rues anciennes


Place de l'hôtel de ville
(aujourd'hui c'est vide)

Il y a plus de 160 ans, Corrard de Breban a écrit un livre sur « Les rues de Troyes, anciennes et modernes ». Depuis cette date, des rues importantes ont changé de nom.

Rue Argence : ancienne « rue de la Porte Saint-Martin », elle devient le 6 avril 1876, « rue de la Vallée Suisse », œuvre du maire Désiré Argence (1859-1870), et le 13 février 1895, « rue Argence » (1859-1870), en remerciement pour ce maire  qui laissa toute sa fortune à la ville.

Fontaine Argence


Place Audiffred : en 1360, lieu du marché de la paille, elle s’appelle « la Fuerie », puis « le Marché au Fer », la ferronnerie s’y étant installée. A partir du XVe siècle, c’est « l’Etape au Vin ». Le 12 août 1851, elle devient « place de la Banque », la Banque de France venant de s’y installer (elle la quitte pour le Boulevard Victor Hugo en 1882). Depuis le 5 mai 1893, elle porte le nom de « Audiffred », Jean-François Audiffred étant un bienfaiteur de la ville. Un pilori s’élevait au milieu de la place, et jusqu’à la Révolution, des exécutions capitales y eurent lieu.



Rue de la Bonneterie : depuis 1851, s’appelait en 1320 « ruelle Saint-Nicolas-au-Chastre », puis « ruelle Saint-Nicolas ». Le chastre était le château de la vicomté.
se trouve à côté du Musée Hôtel de Vauluisant


Rue Boucherat : ce fut la « rue du Flacon », la « rue des Clochettes » au XIVe siècle, au XVe, la « rue du Rondeau », la « rue de la Tour le Roi », enfin la « rue des Sonnettes ». Entre la rue Hennequin et la rue de la Cité, elle s’appela « rue de la Monnaie », puis « de l’Ancienne Monnaie », les ateliers monétaires de la ville de Troyes ayant été transférés dans la rue qui s’appela alors notre « rue de la Monnaie » actuelle. Le 2 mars 1868, elle reçoit le nom de « rue Boucherat », chancelier de France, maître des Requêtes au Parlement de Paris.


Rue de Brunneval : en 1475, c’est la « rue par laquelle on va au Bourg-Neuf ». Plus tard, c’est la « rue devant la loge » (du prévôt), puis « rue de la Prévôté-de-Pont », « rue du Bœuf Couronné », et enfin la « rue de la Levrette ». Son nom actuel date du 12 août 1851, M. de Brunneval, fondateur de notre école de dessin, y ayant légué sa maison.



Rue Champeaux
: ce nom est très ancien. Les champeaux étaient les terrains cultivés entre les maisons et les fortifications. Cœur des Foires de Champagne du Xe au XIIIe siècle, elle s’appela « rue de la Filierie » (le marché au fil s’y tenait) au XVe siècle, au XVIIe, « rue de la Poulaillerie » marché, « de la Croix-Rouge » (un hôtel), « des Ursins » (hôtel de l’illustre famille). C’est la rue la plus importante du quartier Saint-Jean.

la tourelle des orfèvres - aujourd'hui crèperie

à gauche, bas de la rue Molé - marché aux herbes
à droite, bas de la rue Champeaux


Rue des Changes : dès 1223, portait le nom de « rue de la Coefferie », où les Coiffières vendaient leurs produits (tout ce qui enveloppait étroitement la tête). La partie supérieure de cette rue a été désignée, au XVIe siècle, « rue Pierre-l’Epinglier ». Lors des Foires de Champagne qui amenaient de très nombreux étrangers, les bureaux de change étaient d’une absolue nécessité. Son nom date de cette époque.



Rue Charbonnet : a porté le nom de « Clos de la Madeleine », « Amours de la Madeleine », et quelques fois « rue de la Grande Ecole ». En effet, une des grandes écoles fondée par le pape Grégoire XI en 1378 se trouvait au n° 5. Ensuite, du XIVe siècle jusqu’au 12 août 1851, elle s’appela « rue des Lorgnes », en raison de la place considérable qu’occupait cette famille, puis à partir de cette date, « rue Charbonnet ». L’abbé Pierre-Mathias Charbonnet, né à Troyes le 23 février 1733, fut directeur de l’Université de Paris en 1781, puis inspecteur des Ecoles militaires… voir Église de la Madeleine

l'Hôtel de Marisy voir ici


Ruelle des Chats : c’est son appellation courante sur la plaque côté sud, mais sur celle au nord c’est la « rue des Chats ». Elle porta le nom de ruelle Maillard au XVe siècle.

Ruelle des chats


Rue Chrétien de Troyes : avant le 14 juin 1985, elle comprenait la rue de la place de la Tour à la rue Hennequin et s’appelait « rue de l’Orme », puis « du Chapeau blanc ».  Ce fut la « rue du Chaudron » (hôtel), puis la « rue Saint-Loup ». L’ensemble devint la « rue du Musée » le 25 juin 1904, lorsqu’un conseilla déclara que saint Loup avait servi de guide à Attila. A partir du 22 février 1946 elle porta le nom du poète troyen Chrestien de Troyes. Le 14 juin 1985, la partie nord devint la « rue du Chevalier au Lion », personnage légendaire de l’œuvre de Chrestien de Troyes.

 la rue Chrétien de Troyes à gauche du musée st Loup

Chrétien de Troyes


Rue de la Cité : en 1851, on a réuni sous cette dénomination, 3 rues bien distinctes : celles    « de la Cité », « du Pont-Ferré » et « du Bœuf Renouvelé ». On l’appela aussi « rue de Chardinel ». La « rue de la Cité » commençait à la porte de la Girouarde. C’est là que saint Loup aurait interpellé Attila frappant à cette porte. La « rue du Pont Ferré » tirait son nom du pont, sur lequel débouchait l’ancienne porte de la Cité, nommée porte de l’Evêque, siège de la perception  de péage au profit du prélat, qui était chargé d’en entretenir « le ferrage ». On la nommait aussi en 1550 « rue de Saint-Pierre ». La « rue du Bœuf Renouvelé » avait pris son nom de l’hôtel de ce nom (1510-1674).

des maisons collées au mur de la cathédrale


Haut relief - Saint Loup arrête Attila devant les porte de Troyes

la rue de la Cité traverse le canal passe devant l'Hôtel-Dieu  


Rue Colbert : appelée à l’origine « Carrefour de Beffroy », ce fut ensuite la « rue des Trois Têtes », nom de l’hostellerie qui faisait l’angle de la rue de la Monnaie. En 1486, c’est la « rue des Trois Vierges » nouveau nom de cet hôtel. Depuis le 2 mars 1868, c’est la « rue Colbert », en l’honneur de ce ministre de Louis XIV, dont le grand oncle Odard Colbert, avait été un bourgeois troyen, seigneur de Saint-Pouange, conseiller secrétaire du roi Louis XIII.



Rue du Colonel Driant : en 1351 « rue du Belfroy », le 2 mars 1868, « rue du Beffroi » et depuis le 7 mai 1919 « rue du Colonel Driant », commandant du 1er bataillon de Chasseurs à pied de Troyes installé à la caserne Beurnonville, tué devant Verdun en 1916.

rue du Beffroi


Rue de l’Eau Bénite : au XVIe siècle, c’est la « rue de Mouilleron » et aussi « de Mouilleçon », ensuite c’est la « rue des Planches » ou « du Pont des Planches », traversée qu’elle était par la rivière Vienne, à laquelle a succédé un bras de Seine. On y trouvait le jeu de paume d’Anvers. Elle doit son nom actuel à une enseigne qui a disparu. Elle est devenue une impasse depuis le 4 février 1972, après la construction de la nouvelle perception.

rue de l'eau bénite


Rue François Gentil : c’était la « rue de Montpellier » fréquentée au Moyen Âge, pendant les Foires de Champagne, par des négociants de cette ville, qui y tenaient surtout les maroquins. Il y avait un jeu de paume. En 1614, c’est la « rue de la Clef-des-Bois », d’après une enseigne. Elle prend son nom actuel 2 mars 1868. François Gentil (1510-1582) était un grand statuaire troyen de la Renaissance.

rue François Gentil

Rue Gambey : s’appelle ainsi depuis le 12 août 1851. Elle réunit sous un même nom trois anciennes rues : celles « de la Grande-Ecole » (dès la fin du Xe siècle, les études étaient florissantes à Troyes),      « du Donjon » (vaste maison de pierre) et « de la Grimace » (un hôtel dès 1550), derrière le chevet de Saint-Remi. En 1680, c’était la « rue du Chat Botté ». Henri-Prudence Gambey (1787-1847), fabriquait des instruments de précision, étudiant les mouvements des astres.

rue Gambey


Rue du Général de Gaulle : en 1163, une charte du comte de Champagne autorise la tenue de deux foires à chevaux, et cette rue s’appelle « rue de la Corterie aux chevaux, puis « de la Corterie ». En 1271, elle se nomme « vicus clausi trecensis, ante ecclesiam Magdalenae », puis le « Clos de la Madeleine », ce dernier nom persista longtemps en concurrence avec celui de « rue du Bois » datant du début du XVIe siècle, et qui tire son origine du marché des bois de charpente qui se tenait à cet endroit. En 1793, momentanément, ce fut la « Grande rue de la Liberté ». Le 12 août 1851 elle prend le nom de « rue du Bois », qui est devenu célèbre par la dissertation touchant un certain usage. Le Conseil municipal de Troyes du 1er janvier 1878 la nomme « rue Thiers » et celui du 9 novembre 1944, « rue du Général de Gaulle ». voir Hôtel Daultry

rue Thiers (près du monument aux morts -gare)

bas de la rue Thiers (halle du marché)


Rue Général Saussier : le Conseil municipal du 26 janvier 1906, la baptise du nom de ce général à la carrière éblouissante, à la suite d’un legs fait à la ville. Appelée primitivement « rue Composte », elle devient « rue du Temple » en raison de la commanderie du Temple, les Templiers occupant l’emplacement du collège Saint-François-de-Sales. Voir l'article

rue Général Saussier (à droite porche maison des templiers)


Rue Hennequin : est son nom depuis 1851. Début du XIIIe siècle, ce quartier était appelé la  « Juerie » ou la « Broce-aux-Juifs », cette nation ayant été comme parquée dans ce canton avec défense d’en sortir pour se mêler à la population. En 1260, le couvent des Cordeliers (aujourd’hui la maison d’arrêt) y fut installé et la rue prit le nom de « Champ-des-Oiseaux » et au nord « des Carreaux » puis « d’Argenteuil » en raison de l’hôtel de ce nom, en face l’Alerte. Le 12 août 1851, on lui donne le nom de « rue Hennequin », évêque de Troyes (1527-1544), fondateur de notre première bibliothèque publique voir ici
voir Hôtel d'Argenteuil

couvent des Cordeliers XVIe


Rue Claude Huez : dans les temps reculés, c’est « le Clos de la Madeleine », en 1222, puis elle se nomme « rue des Bûchettes », car on y tenait le marché du menu bois, ou fagots. C’est la « rue Claude Huez » depuis le 2 mars 1858. Le massacre de ce maire du 9 septembre 1789,  fut l’un des premiers crimes de la Révolution.

rue Claude Huez (arrière de l'hôtel de ville) 
la coupole des magasins réunis

Rue Georges Clémenceau : dite primitivement « vicus magnus », « la Grande Rue », et en 1793 « rue de la Fraternité », pour reprendre son nom après la Révolution. Le 12 août 1851 elle devient « rue de l’Hôtel de Ville », et le 31 mars 1930, « rue Georges Clémenceau », du nom du président du conseil (1906-1917), qui négocia le traité de Versailles. Elle abritait les jeux de paume des Violettes et du Pape Gai.
rue G. Clémenceau

Rue Huguier-Truelle : depuis le 28 juin 1924.  Huguier Truelle (1834-1924) était pharmacien philanthrope, bienfaiteur de la ville, fondateur des Jardins ouvriers de Troyes, du Bureau de Bienfaisance et de la société Horticole. C’était la « rue de la Porte Saint-Pierre » au XIIe siècle, qui devient au XVIe « la Porte au Ministre » ou « du Bourreau ». voir Église saint Nicolas

rue Huguier-Truelle sur le côté de la Bourse du Travail


Rue Jaillant-Deschainets : avant de prendre le nom de notre généreux concitoyen le 12 août 1851, elle porta les noms suivants : « le Croc Jamet », la « rue de la Porte Saint-Antoine » au XIIe siècle, puis c’est la « rue de Provins » au XIVe s., le « Quartier de la Rouérie » ou « Rouairie de Troyes » c’est-à-dire le lieu où s’exerçait l’industrie du Charronnage, car Royer était alors synonyme de charron. En 1500, elle porte le nom de « rue du Porc Epic », enseigne d’une hôtellerie considérable, qui prit ensuite le nom d’hôtel des Trois-Filles début du XVIIe s. Cet établissement recevait les états-majors des troupes de passage et les étrangers les plus considérables. En 1507, en vertu d’une bulle de Léon X, des filles pénitentes y furent établies. Depuis, la rue s’appela « rue Saint-Abraham », « rue des Filles Pénitentes », « rue des Repenties » et enfin « rue des Filles » au XVIIe siècle.

rue Jaillant-Deschainets était une rue marchande à l'époque
aujourd'hui c'est une rue vide et morte

Place Jean Jaurès : Au XIIe siècle, elle s’appelle « place du Marché aux Meules », qui devient « du Minage » (mesure de capacité pour les graines) au XIIIe siècle, puis du « Marché au Blé ». A partir de 1500, elle a le triste privilège de servir de théâtre aux exécutions. Après les tortures, on y guillotine.  Elle est aussi le lieu de séditions populaires, d’émeutes, lors des disettes et famines. Une Halle à la Bonneterie y est construite en 1829. En 1851, le conseil municipal appelle ce lieu Place de la Bonneterie. En 1905, la Halle ne répondant plus à sa destination, est transformée en Bourse du Travail, les syndicats y trouvant asile au rez-de-chaussée. En 1919 le Président de la République Raymond Poincaré permet au Conseil municipal d’attribuer le nom de Jean Jaurès à cette place, en hommage à ce grand homme. Après sa complète réfection, notre place Jean Jaurès devient l’une des plus belles places de notre ville. La Bourse du travail est désaffectée, une animation d’eau est créée... La nouvelle place Jean Jaurès est inaugurée en décembre 2005. La place est entièrement réaménagée en 2020, la bourse du travail après 16 ans d’abandon, est entièrement restaurée et devient un restaurant « Les Trois Brasseurs » qui ouvre ses portes en Octobre 2022. La brasserie occupe le rez-de-chaussée, tandis que les bureaux administratif du journal local « L’Est-Éclair » occupe le 1er étage.

Place de la Bonneterie devenue Jean-Jaurès

Monument des bienfaiteurs aujourd'hui disparu voir ici 


Rue Juvénal-des-Ursins : depuis un arrêté du maire du 2 mars 1868. Elle s’est appelée « rue des Croisettes » : en termes de blason, ce sont des petites croix dont un écu est semé. Son nom actuel lui vient de ce troyen,  prévôt des Marchands de Paris en 1389, qui avait la confiance du roi Charles VI.

l'Hôtel Juvénal des Ursins et son jardin voir  ici


Rue Kléber : avait été divisée en 2 sections : en 1473, au nord « rue du Fort-Bouy » (four de l’évêque), au midi en 1510, « rue du Faucheur » ou « du grand Faucheur ». Elle s’appela « rue Saugette » (nom d’une famille), « rue du Puits-Saugette », et « rue de Breucher » d’après une enseigne, ou « Breuchet » (vase en terre pour conserver l’eau potable). Le 8 octobre 1886, elle prend le nom de « rue Kléber » (1753-1800), général qui s’est illustré lors des guerres sous la Révolution et a été assassiné au Caire.

voir Maison du Dauphin

la rue Klébert était très commercante autrefois, puis elle est devenue un coupe gorge 
dans les années 1950-1960 maintenant c'est une rue morte


Rue du Marché-au-Pain : au moyen-âge, c’était la « Place des Changes »,  des bureaux de changes tenus habituellement par les Juifs et les Lombards, d’une absolue nécessité pendant les Foires de Champagne. En 1677, le statut des boulangers les oblige à étaler sur la place des Changes, d’où le nouveau nom.

Place du marché au pain
en arrière plan l'église Saint Jean au Marché et son beffroi aujourd'hui disparu 


Rue de la Monnaie : une partie fut appelée « rue de la Veille Saulnerie », « rue du Tabellionage Saint-Etienne », « rue de l’Auditoire ». L’autre partie se nommait au moyen-âge « rue de Pontigny » ou « des Maisons de Pontigny », parce que cette célèbre abbaye y avait une de ses succursales, puis « rue de la Prévôté des Ponts », « rue du Fer » en1411. En 1450, la fabrication des monnaies jusqu’alors installée rue du Flacon, fut transférée dans l’ancien hôtel de Pontigny, d’où son nouveau nom de « rue de la Monnaie ». Elle s’appela « rue de l’Egalité » pendant la Révolution. Le 3 février 1937, elle devient « rue Roger Salengro », ministre de l’Intérieur en 1936, qui se suicida, calomnié par une campagne de presse. Sous l’occupation allemande (1940-1944), elle reprend son ancien nom de « rue de la Monnaie », puis à la Libération redevient « rue Roger Salengro », et le 26 mai 1992 retrouve son nom de « La Monnaie ». voir Monnaie à Troyes

rue de la Monnaie (j'ai habité le 1er étage de cette jolie maison)


Rue Paillot de Montabert : au  XIIIe siècle, c’était « les halles de Châlons ». On y vendait toile, cuirs, laines, draps, friperie, fils, bestiaux, fourrages, blé, avoine, pois… puis la « rue de Châlons ». Cette rue se composait aussi de la « rue du Domino » (occupée par des orfèvres de ce nom) et de la « rue du Coq » (en 1198 « ruella quae dicitur Harduini »). Elle prend son nom le 12 août 1851. Jusqu’à la restauration des immeubles en 1963, c’était une des rues « chaudes » de Troyes, appelée familièrement « la rue  aux Putes ».

rue Paillot de Montabert (au bout, la rue Champeaux)


Rue du Palais de Justice : s’appelle en 1349 « rue du Boure Nuef » (Bourg Neuf), puis « rue des Carmélites », et « rue des Jacobins », communautés religieuses qui occupèrent l’emplacement du Palais de Justice actuel en 1620. Elle prend son nom actuel en 1851. En 1972, le département détruit le jardin pour l’agrandir le monument avec une façade moderne et entrée par la rue Général de Gaulle. Camille Martin, conseiller général, maire de Bernon, fait alors transférer les colonnes du Temple, à l’entrée de la forêt de Chaource, où vous pouvez les contempler encore aujourd’hui !
voir Hôtel de Moïse  voir Hôtel de Nicot  voir Hôtel Saint Georges

rue du Palais de Justice 

Les colonnes de l'ancien palais de justice de Troyes 
sur la D444 à hauteur de Cormost


Rue Passerat : depuis le 2 mars 1868. Jean Passerat (1534-1602) professeur d’éloquence au Collège de France, est l’un des auteurs de la Satire Ménippée (pamphlet favorisant l’avènement d’Henri IV). Elle s’appela « rue des Planches, « rue des Trapans », « rue du marché aux Trapans » (planches percées de trous qui servent à faire égoutter les feuilles de papier lors de leur fabrication). Cette rue animait, il n’y a pas encore si longtemps (ouverture du parking du marché), le samedi le « marché aux Puces » qui depuis s’est déplacé autour de l’église saint Remy.  
    
Rénovation des maisons du XVIe rue Passerat

Rue du Petit-Credo : depuis 1909 Elle s’appelait dans les temps les plus reculés (1175) « rue de la Loge » ou « rue au-devant de la Loge », endroit réservé au pilori. Cette loge était l’auditoire où le prévôt tenait ses plaids (cour de justice). Les bâtiments de la loge ayant brûlé lors du grand incendie de 1524, la rue a porté les noms du « rue du Grand-Credo » ou « rue du Petit-Credo ».

Le Petit Credo

Rue des Quinze-Vingts : en 1851. Avant, elle comprenait 3 noms : « rue des Gris d’Arcis »,   « rue du Mortier d’Or » et « rue des Quinze-Vingts ». Dans la première, on vendait des gris d’Arcis (étoffe fabriquée à Arcis) ; la « rue du Mortier d’Or » a partagé, à l’origine, avec la « rue du Chaperon ». En 1428, c’était la « rue de la Grande Saulnerie », « de Saulnerie », puis de « Vieille Saulnerie ». La Saulnerie de Troyes était le marché où les saulniers vendaient le sel. Cette rue devint dès 1333, la « rue du Général Nivelle », puis « de Colas-Verdey » (Charmont) du nom de 2 notables y habitant. Dès 1460 elle prend son nom d’aujourd’hui. Elle le doit à une très petite maison qui appartenait à l’hospice des aveugles de Paris fondé par saint Louis pour 300 chevaliers (15x20). voir Hôtel Menisson

rue des 15/20


Rue Raymond-Poincaré : prend le nom du président de la République de 1913 à 1920, depuis le 6 novembre 1929. Avant 1285, c’était « rue Magna Tenneria » et en 1423 elle devient « rue de la Grande-Tannerie ». La tannerie était une des plus anciennes et des plus importantes industries de la ville de Troyes, fondées par nos Comtes.

rue Raymond-Poincaré ex Tannerie

Rue de la République : depuis le 4 décembre 1876. Elle fut créée sur le tracé de la « rue Daudes » (nom d’une famille aux XIIIe et XIVe siècles) entre la « rue des Bûchettes » (Claude Huez) et la « Grande rue » (Georges Clémenceau), et prolongée jusqu’au « Mail de l’Embarcadère » (boulevard Gambetta). Le 27 juillet 1878, elle fut raccordée à la « Place de l'Hôtel de ville », prolongée le 12 décembre 1885 jusqu’à la « rue Urbain IV » et le 25 juin 1891 jusqu’à la « rue de la Grande Tannerie ». 

rue de la République
à gauche l'hôtel de ville caché par une construction disparue
à droite Jolly-Prieur devenu Eppe, aujourd'hui banque CIC

la maison Coqueret était adossée à l'hôtel de ville 
aujourd'hui disparue

rue de la grande Tannerie

rue de la Grande Tannerie "Le bazar de la Poste"




Rue Simart : depuis le 2 mars 1868. Pierre-Charles Simart (1806-1857), né dans la « rue Kléber » voisine, était un célèbre sculpteur. Une première partie de cette rue, au nord, porta le nom de « Fort-Bouy » ou « Fort Buy » (four banal de l’évêché) en 1473, une deuxième, au midi, fut la « rue du Faucheur » ou « le grand Faucheur » (enseigne), en 1510. Les deux rues furent réunies sous ce dernier nom le 12 août 1851, qui fut aussi celui de la « rue de Meldanson » ou « Merdanson », petit cours d’eau.



Place de la Tour : depuis le 12 août 1851. C’était tout d’abord la « Place des Prisons ». A cet endroit s’élevait l’une des résidences des Comtes de Champagne, le château datant du XIe siècle, avec le donjon féodal. Plus tard, ce fut « place de la Tour du Roi », puis « place de la Grosse tour de Troyes ». La tour s’écroula en 1525 et ne fut pas reconstruite. La guillotine fut dressée sur cette place lors des exécutions  capitales de 1885 à 1892. L’Orphelinat Audiffred qui en occupe tout un côté, fut bâti grâce à la générosité de ce Troyen.

l'ancien château féodal

Place de la Tour - construction d'un bassin.
à l'arrière plan l'ancien orphelinat Audiffred


le bassin Noël 2023


Rue de la Trinité : au XIIIe s. elle se nommait « rue de Pont » ou « rue de la Prévôté-de-Pont ». En 1444 c’est la « rue des Pains-à Broyer », puis  dans le XVIe siècle « rue du Porcelet » (enseigne d’une hôtellerie), « rue du Cerf » (un hôtel a pour enseigne le Cerf Volant), et enfin « rue de la Trinité ». Ce nom qui a prévalu remonte à la donation en 1560 par Jean de Mauroy ,  de son hôtel de l’Aigle, dit « de la Trinité », pour y fonder un hospice.

Rue Turenne : elle comprend deux parties : au XIIIe siècle la « rue Saint-Pantaléon » qui devient en 1254 la « rue du Dauphin » et au XVe siècle « rue de la Petite-Croisette » (nom d’un logis). En 1526, elle porte le nom de « l’Hôtellerie-du-Dauphin », l’une des plus considérables de la ville. Mais ce nom sonnait mal aux oreilles républicaines, et en 1793, elle prend le nom de « rue de l’Union ». Le 8 octobre 1886, c’est la rue Turenne : Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, maréchal de France (1611-1675). voir Hôtel de Chapelaines

la rue Turenne débute en face de Beurnonville pour se terminer rue E. Zola


Rue Urbain IV : avant de prendre le nom de notre illustre compatriote, elle se composait de 3 rues : « la petite rue Pipejai », la « rue de la Bourserie » et la « rue Moyenne ». Pipejai, ou mieux Papegai, signifie perroquet en vieux langage. On nommait ainsi l’oiseau qui servait de but aux exercices des arbalétriers et arquebusiers. Les boursiers, ou tassetiers étaient fort nombreux dans ce quartier. Les bourses étaient alors une partie essentielle du vêtement, appendues ou cousues à la ceinture. La « rue Moyenne » (vicus medius en 1260) se nomma ainsi, parce qu’elle partage la ville en 2 parties égales. Le 12 août 1851 le Conseil municipal lui donne son nom actuel, en souvenir de Jacques Pantaléon né à Troyes en 1185, élu pape sous le nom d’Urbain IV, le 29 août 1261. voir   Basilique Urbain IV

la rue Urbain IV côté église st Jean

la rue Urbain IV qui se prolonge jusqu'à la Basilique 


Rue Emile Zola : aux âges anciens, elle comportait 4 parties distinctes : en 1332 la « rue du Foin », en 1550 la « rue de la Fanerie » (c’est-à-dire le marché au foin), la « rue du Marché aux oignons », puis la « rue de l’Epicerie », la « rue de la Draperie » et « rue la Savaterie ». Quelques temps en 1550 elle devient la « rue de la Clef d’Argent » en raison d’un grand hôtel, puis la « rue du Marché aux oignons ». Une partie est dénommée le 12 août 1851, et prend le nom de « rue Notre-Dame », emprunté à un couvent de Bénédictines (aujourd’hui la Préfecture), la rue la plus commerçante de Troyes. C’était le quartier des imprimeurs et des libraires. Aujourd’hui encore, les anciens Troyens l’appellent toujours « Rue Notre-Dame » ! Le Conseil municipal du  25 juin 1904 la nomme « rue Emile Zola ». Après la guerre 1939-1945, c’était pour les jeunes « la rue Milo », elle avait sa signification, suivant les trottoirs empruntés ! voir Hôtel du Lion Noir

le tramway rue Émile Zola

rue Notre-Dame devenue E. Zola



Les Grandes boucheries de Troyes, démolies en 1847 – Maisons de bois  de la rue Notre-Dame

Ce bâtiment, d’aspect si curieux, abrita pendant plus de quatre siècles, les étaux des bouchers de Troyes qui ne pouvaient vendre de la viande ailleurs que là. La Corporation des bouchers, qui subsista jusqu’en 1791, était nombreuse, régie par des règlements sévères : étaient seuls admis à s’établir les fils de maîtres, reçus par les gardes jurés lesquels étaient investis d’une mission de police et d’inspection sanctionnée par de fortes amendes envers les délinquants.

Le Café de Foy - il existe toujours !

rue Notre-Dame


Bien entendu, je n’ai parlé que des principales rues.


 Etymologie d'anciennes rues de Troyes

 Les rues qui composaient le réseau compris entre Croncels, Saint-Pantaléon, Saint-Nicolas et la caserne de l’Oratoire (Beurnonville), rappellent un passé, où il n’y avait aucun monument, aucun établissement à signaler.

La rue du « Cheval-Rouge », comme celle du « Bois de Vincennes », doit son nom à une enseigne. Il y avait beaucoup d’auberges.

La rue de la « Clé de Bois », s’appelait de « Montpellier », à cause des marchands de cette ville qui y possédaient une halle, c’était aussi le quartier des marchands espagnols, qui vendaient surtout des maroquins (peau de chèvre épaisse tannée utilisée en reliure pour les livres raffinés, se prête très bien aux travaux décoratifs, dorure ou incrustations).

Rue « des Forces » : les anciens instruments des tondeurs de drap (ouvrier chargé de tondre les draps lainés), les forces, ont laissé leur nom à la rue demi-circulaire qui vient déboucher sur la place de Saint-Pantaléon. On y vendait ou on fabriquait les ciseaux des tondeurs, pesant jusqu'à 18 kg.

Une des voies qui venait tomber dans la rue des « Forces », la rue de « Varveu » tire son nom, plusieurs fois changé comme celui des enseignes, d’une hôtellerie ou d’une habitation particulière.

La rue de la « Pierre » est sous vocable industriel. Il y avait, sous les comtes et pendant le moyen-âge, un atelier banal où les fabricants devaient, à charge de redevance, faire presser les toiles de coton sous une pierre d’un gros volume, qui se manœuvrait comme les plates-formes des pressoirs. Ce foulage avait en vue les résultats que donnent aujourd’hui l’apprêt et les cylindres.

La rue des « Pigeons » devait son baptême à quelque circonstance locale : enseigne ou pigeonnier.

La rue de « Bourbereau », connue sous le nom de rue « Bourdeau », était un ancien quartier jadis envahi par la prostitution. Nom d’une « maison de passe ».

La rue des « Mal-Parlants » ou des « Mauvaises-Paroles », était une dépendance du quartier de Bourdereau, pour les mœurs.

La rue de « l’Eau-Bénite ». Les mœurs de ce quartier avaient donné cette qualification, car on prétendait que par accident une religieuse serait tombée dans le puits. C’est la version des chroniqueurs de ce vieux quartier, où se trouvaient des tripots, un jeu de paume et des établissements de prostitution rivaux de ceux de Bourdereau.

Le nom de la rue du « Temple » vient de la Commanderie de Saint-Jean-du-Temple. Elle fut, jusqu’à l’époque de la révolution, peuplée de comptoirs appartenant à des commerces de diverses natures. Elle possédait de nombreuses auberges. Avant l’installation des Templiers, c’était la rue de « Composte », corruption de « Porte du Comte ».

La rue de la « Pie » portait le nom de « Masquerie », qui vient d’abattoir. Les bouchers du moyen-âge eurent jusqu’au XVe siècle la faculté d’abattre les bestiaux chez eux.

Le « Cognot-aux-Boeufs » donne bien l’existence d’écorcheries.

Les fameux papetiers « Le Bé » avaient leurs étendoirs dans la rue qui porte encore leur nom.

La rue des « Trois Cochets » doit son nom à une indication qui décorait une taverne.

La rue des « Trois têtes » tire son nom d’une hostellerie qui faisait l’angle de la rue de la Monnaie.

Rue du « Cheval blanc » doit son nom à une enseigne d’hôtellerie.

Cette rue conduit au « Gros Raisin ». La dénomination provenait d’une sculpture remarquable qui décorait une maison au n° 6. L’archivolte (ensemble d'ornements, sculptures ou baguettes qui encadrent une arcade) d’un arc à contrecourbes était entourée d’un cep de vigne chargé de gros raisins. Le long des rampants (plans inclinés) gravissaient 2 vendangeurs. Ce quartier se nommait la « Petite-Masquerie », ou petite boucherie.

La rue des « Bons-Enfants » doit son nom à l’existence d’une école d’enfants studieux, par opposition avec la rue des « Mauvais-Garçons » ou des « Enfants-sans-souci » où s’ébattaient des vauriens. On appelait « Bons Enfants », au moyen âge, les enfants fréquentant les écoles publiques.

Rue de la « Montée-des-Changes », ainsi nommée de sa direction.

Rue de la « Limace », ancienne auberge, l’escargot étant sa renommée. Dans l’ouest de la France, ces deux noms sont synonymes. Elle s’appelait avant de la « Tête-Noire ».

Rue « Perdue » : appelée ainsi pour la mauvaise réputation que les mémoires du temps lui ont faite : il y avait plusieurs maisons de tolérance ou maisons closes, quartier « chaud » du vieux Troyes.

Rue des « Trois-Petits-Ecus », mais désignée sous le sobriquet « rue des Malheureux », parce que les condamnés, conduits au quartier haut pour être suppliciés, passaient par elle.

Rue « de la Santé », parce que dans le cours du XVIe siècle, la ville de Troyes était presque périodiquement affligée par la peste, puis une nouvelle invasion en 1467, et une en 1478 qui fit périr 2.000 personnes. On construisit dans cette rue un hospice provisoire qu’on appelait par antiphrase « la Santé ».


Ancienne tour Saint Jacques



Constitution civile du clergé (1790)

  Prêtres Jureur Ce terme a été employé de façon péjorative dans le clergé catholique pour désigner les prêtres qui ont prêté serment à la...