jeudi 9 mai 2024

Vitrail Arbre de Jessé

 

Arbre de Jessé   1510 -1520
Église Saint-Pierre-es-Liens de Laines-aux-bois (10)
Verre et plomb, peinture à la grisaille 

 Jessé – premier ancêtre du Christ – est endormi en bas du vitrail. Un tronc sort de son flanc et se déploie sur l’ensemble de la verrière en un arbre dont les extrémités des branches se développent en corolles de fleurs. En sortent 18 rois et prophètes qui forment la généalogie du Christ. Lui-même est représenté au sommet, Enfant, dans les bras de sa mère, Marie.

Le donateur du vitrail se trouve en bas, présenté par saint Henri de Bamberg* et saint Pierre. La scène qui lui fait face est assez rare dans le vitrail de cette époque : il s’agit de la lactation de saint Bernard de Clairvaux.

Cette verrière, déposée de l’église de Laines-aux-bois depuis l’effondrement de la nef en 1910, est un condensé du savoir-faire des ateliers troyens de peinture sur verre autour de 1500. Le goût pour les teintes vives et contrastées se retrouve dans le fond bleu sur lequel se détachent les vêtements richement colorées. La peinture, délicat et réaliste est influencée par les courants venus du Nord : rides, verrues, doubles mentons… les visages sont peints sans idéalisation tandis qu’une grande attention est portée à la richesse des étoffes, des bijoux, des coiffes extravagantes et autres accessoires orfévrés.

Le thème de l’Arbre de Jessé est repris sur les verrières auboises à plus de 40 reprises. Le remploi d’un même carton a permis cette multiplication de l’image même si, à chaque fois, des modifications sont apportées pour s’adapter à la forme de la fenêtre ou à la demande du commanditaire. La figue de David par exemple, ici juvénile et imberbe ne se retrouve nulle part ailleurs.

La présentation de cette verrière de pleine couleur en regarde de celles de Provins peinte à la grisaille, illustre les deux grandes tendances de la peinture sur verre en Champagne pendant le « beaux XVIe siècle ». A voir à la Cité du vitrail de Troyes.

 

* SAINT HENRI II, EMPEREUR

(Source : Vatican)

On ne peut pas comprendre à fond sa vie en faisant abstraction de sa solide formation chrétienne reçue depuis sa tendre enfance . Fils du duc de Bavière, Henri naît à Bamberg en 973 et grandit dans un milieu profondément chrétien. Il est éduqué par les chanoines de Hildesheim, puis à Ratisbonne, par l’évêque Saint Wolfgang. Il succède à son père, puis à son cousin Othon III en devenant en 1002 roi de Germanie, et deux ans plus tard aussi d’Italie, alors que son frère Bruno renonce à la vie de cour pour devenir évêque d’Augusta; une de ses sœurs se fait moniale alors qu’une autre épouse celui qui deviendra saint Etienne de Hongrie. En 1014 le pontife Benoît VIII consacre Henri empereur du Saint Empire Romain.

 L’empereur lié à Cluny

Son rapport à la réforme morale qui naît de l’abbaye de Cluny est important. Une réforme qui n’impliqua pas seulement la vie monastique, mais concerna toute l’Eglise en l’aidant à combattre la simonie, c’est-à-dire l’acquisition des charges religieuses moyennant rémunération, et à redonner au célibat des prêtres un élément central. Parmi les conseillers d’Henri II il y eut justement saint Odilon, abbé de Cluny, dont le monarque soutint la réforme. En 1022, Henri préside ensemble avec le pontife le Concile de Pavie qui émane 7 canons contre le concubinat des prêtres et pour la défense de l’intégrité des patrimoines ecclésiastiques. Il restaure aussi des sièges épiscopaux, fonde le diocèse de Bamberg et y fait édifier la cathédrale où, ensemble avec sa femme, il est enterré. Son intérêt pour les aspects liturgiques-ecclésiaux se retrouve aussi dans ses sollicitations à introduire la récitation du Credo dans la messe dominicale.

 Les choix politiques

Henri est aussi un gouvernant mû par des choix politiques. Avant tout, il se préoccupe de la politique intérieure du royaume en combattant divers seigneurs rebelles. Il s’allie, ensuite, avec les tribus slaves païennes pour combattre contre le duc Boleslas qui visait le trône de Pologne, mais en fin de compte il doit reconnaître l’indépendance de la Pologne. Cette affaire, lui vaut, cette fois, diverses critiques pour s’être allié avec des populations non chrétiennes. En Italie, il y combat Arduin d’Ivrée, que les Italiens avaient élu comme roi, et pour combattre contre les byzantins, dans les Pouilles.

 L’amour pour sainte Cunégonde

Un des aspects qui frappent le plus dans sa vie fut son profonde amour pour sa femme, sainte Cunégonde. Ils n’eurent pas d’enfants. Certains pensèrent que ce fut pour les deux époux la conséquence d’ un vœu de chasteté, d’autres, au contraire, crurent que la cause en était la stérilité, comme l’écrivait le contemporaine Rudolph le Glabre, un des meilleurs chronistes du Moyen Age. Contrairement à ce qui arrivait souvent dans le Haut Moyen Age dans des cas semblables, Henri refusa de répudier Cunégonde en faisant un choix qui contribuait à sa renommée de sainteté et qui, probablement avait ses racines aussi dans les comportements de ses prédécesseurs: les Othon observèrent toujours une stricte monogamie; ils n’eurent pas d’enfants illégitimes, ni ne firent des répudiations. Un choix qui témoigne sans doute un profond respect pour le Sacrement du mariage et aussi un profond amour pour sa femme. Henri II est canonisé en 1146 par le pape Eugène II.


Vitrail de la Passion

 

détail Verrière de la Passion - Le baiser de Judas
Eglise Saint Croix de Provins (77)
Verre et plomb, peinture à la grisaille, sanguine et jaune d’argent

 

Cette verrière monumentale est présentée dans son ensemble pour la premières fois depuis sa dépose en 1975. L’état sanitaire de l’église Sainte-Croix – dont elle provient – fut alors jugé suffisamment critique pour que sa fermeture au public soit prononcée. Elle est visible à la Cité du vitrail de Troyes.

De nouveaux travaux ont été lancés en 2021 et l’on peut espérer que les vitraux retrouvent leur place dans un avenir proche.

L’iconographie de cette verrière tourne autour de la Passion du Christ, soit le récit de son arrestation jusqu’à sa mort sur la Croix.

On reconnait à gauche la Prière du jardin des oliviers (« Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! »), au centre et à droite la Comparution du Christ devant Pilate dans le prétoire. Pour cette scène, le peintre verrier s’est inspiré d’une gravure de Lucas van Leyden (Pays-Bas, 1494-1533).

Au sommet, la scène du baiser de Judas introduit le récit. Ce panneau, comme celui de la dernière Cène du Christ juste dessous est coloré dans la masse, contrairement au reste de la verrière, pente en grisaille et jaune d’argent sur des verres clairs. Cette cohabitation est le résultat d’un probable remaniement des verrières au XIXe siècle, au cours duquel – pour conserver la majeure partie des panneaux anciens – des verrières entières ont été recomposées à partir d’éléments éparts. On reconnait aussi un panneau entièrement de « macédoine » au centre.

Verrière de la Passion - Cité du vitrail Troyes

La très belle peinture des scènes en grisaille avec des rehauts de rouge pour les traces de sang sur le corps du Christ est un témoignage du savoir-faire des peintres évoluant entre Champagne,  Bourgogne et Ile de France au début du XVIe siècle.

Françoise Perrot, directeur de recherche (h) au CNRS,  offre au tout nouveau groupe d’étude du Provins religieux oublié cette note archéologique consacrée au vitrail « de l’Ecce Homo », actuellement présenté à la Cité du Vitrail de Troyes sous l’appellation de « verrière de la Passion ».

La verrière de l’Ecce Homo est une des quatre verrières de Sainte-Croix où ont été regroupés, probablement au cours de la restauration de 1886-1887, des éléments d’époques différentes.

Deux scènes de la Passion sont aisément identifiables dans les trois grandes lancettes.

À gauche, le Christ au jardin des oliviers : trois apôtres sont endormis dans le panneau inférieur tandis que, dans les deux suivants, le Christ est agenouillé, en prière, tout son être tendu vers le calice posé sur un tertre herbu, symbole du supplice imminent.

Dans les deux lancettes suivantes se déploie l’Ecce Homo : à droite, le Christ couronné d’épines et portant les traces de la flagellation est présenté par le grand prêtre ( ?) à un groupe d’hommes debout dans les deux registres inférieurs de la lancette centrale. La scène se passe devant le prétoire, suggéré par les architectures de l’arrière-plan. La réminiscence d’une gravure de Lucas de Leyde est perceptible dans la représentation du groupe de spectateurs.

Ces éléments sont peints à la grisaille rehaussée de jaune d’argent et de sanguine sur des verres blancs, avec quelques pièces de verre bleu-gris léger de la nue au-dessus du jardin des oliviers. L’iconographie, tout comme le traitement pictural, rattache cette verrière à celle du Calvaire. Il existait donc un programme autour de la Passion du Christ au milieu du XVIe siècle.

Ce thème avait déjà fait l’objet d’un cycle antérieur dont témoignent les restes de deux scènes réutilisées dans cette baie.

Au sommet de la lancette centrale, la partie supérieure de la Cène se laisse deviner par le regroupement des apôtres autour du Christ, sur la poitrine duquel repose la tête de Jean.

Dans l’ajour ovale du tympan, c’est le Baiser de Judas, traité comme une scène nocturne éclairée par la torche rouge tenue par un des soldats et par la lanterne que lève un assistant.

Les anges qui s’agitent dans les ajours latéraux se rattachent au Jugement dernier en partie conservé dans d’autres baies.

Ces fragments renvoient à un cycle de représentations traitées dans une gamme de couleurs assez denses, avec des personnages de proportions menues, correspondant à la production champenoise courante dans le premier quart du XVIe siècle.

Le panneau situé au-dessus des assistants de l’Ecce Homo se compose de pièces d’origines et de dates très variées. Il témoigne à la fois des avatars subis par les vitraux et du désir de leur conservation.


Vitraux de l'église saint Léger (10)

 

Restaurations de l'église St Léger en 2004


La cité du vitrail nous montre deux magnifiques vitraux provenant de l'église saint Léger oubliés pendant des années dans des dépendances de l'évêché de Troyes.

Vitrail de la Résurrection et Vitrail de la vierge aux sept douleurs

Église Saint Léger à  Saint-Léger-près-Troyes

Début XVIe siècle

Verre et plomb, peinture à la grisaille, jaune d’argent




 

 Ces deux vitraux proviennent de deux verrières distinctes de l’église de Saint Léger.

Ils ont été réalisés par les ateliers troyens au XVIe siècle. Déposés en 1959 par l’atelier Vinum en raison d’un état sanitaire très dégradé, ils furent longtemps conservés dans son atelier sans qu’un programme de restauration ne soit lancé. En 1966, ils sont mis en caisse et stockés dans le dépôt de la cathédrale de Troyes. Leur sélection dans le parcours de visite de la Cité du Vitrail a permis de les sortir de l’oubli et l’on peut espérer qu’ils retournent un jour prochain dans leur édifice d’origine.

 

 La Résurrection

 


Au centre de la composition, le Christ sort de son tombeau, renversant les soldats romains qui le gardaient ; au fond, trois saintes femmes sont en chemin pour porter au défunt les onguents purificateurs. Le ciel étoilé qui présentait à l’origine des montagne en « chef d’œuvre », les tenues richement ornées des soldats, leurs casques extravagants, les délicates gravures sur les motifs perlés sont autant d’indices de la provenance troyenne de ce vitrail. La cohabitation des verres de couleurs avec les carnations peintes à la grisaille est particulièrement remarquable ici.

 

Vierge des 7 Douleurs

 



La Vierge Marie est agenouillée devant le corps du Christ mort, la poitrine transpercée par sept épées qui symbolisent sept moments de douleur au cours de la vie et de la Passion de son fils.

Ces épisodes sont détaillés dans les scènes peintes sur les rondels autour :

on reconnait de gauche à droite,

 - la circoncision, la fuite en Egypte (dont on aperçoit les pattes de l’âne qui porta Marie), la chute du Christ portant sa croix et la Crucifixion.

 Les trois scènes manquantes ont disparu et ont été remplacées à l’occasion d’une restauration par des pièces de verre anciennes mais sans rapport avec ce vitrail.

 

 

Les Rois Mages


Les Rois Mages
Peintre verrier – Hermann de Munster
Eglise Sainte Ségolène de Metz
Vers 1380-1390

Verre et plomb, peinture à la grisaille, jaune d’argent

Prêt du musée lorrain de Nancy et de la société d’histoire de la Lorraine à la Cité du Vitrail de Troyes.

Les noms de peintres verrier du XIVe siècle associés à quelques éléments de biographie sont peu nombreux à nous être parvenus.

Celui d’Hermann de Munster est une exception notable pour le monde germanique ; il travailla aux vitraux de la cathédrale de Metz à partir de 1381, pour laquelle il est officiellement nommé « peintre verrier » dans les archives. Il est en fait le premier « peintre verrier » à être mentionné par les archives du chapitre de la cathédrale Saint-Étienne de Metz. Le 29 août 1381, il se voit allouer une pension viagère de 22 livres, pour l'exécution du vitrail du « grand O ».

 Le financement de ces travaux est permis par le cardinal Guillaume d’Aigrefeuille, légat de l’antipape Clément VII, qui réorganise alors le chapitre de Metz. Trois ans plus tard, le 2 mai 1384, une commission est chargée de traiter avec Hermann du prix de la rosace et de « ceu qui y apant ».

 Hermann demande des directives au chapitre en décembre 1384, preuve qu'il travaille encore sur les vitraux de Metz. En août 1385, le chapitre emprunte 420 livres pour régler « l'ovraige des varrières de l’O et des fenestres appartenans et despendans dou dit O », ce qui semble indiquer que les travaux sont à cette date terminés.

 En 1388, Hermann achète une maison à Metz, place de Chambre, où il meurt en mars 1392. Preuve de sa notoriété et de la reconnaissance des chanoines, le droit de sépulture lui est accordé dans la cathédrale même. Une épitaphe, retrouvée dans la première travée du bas-côté nord, indique :

 

CI DEVANT GIST

MAISTRE HARMAN LI VALRIER

DE MUNSTERE AN WAILTEFALLE,

ET FIST LE GRANT OZ DE CEANS,

QUI MORUT LE JOR DE LA NOSTRE DAME

EN MARS M.CCC.IIIIXX et XII.

 

Il est aussi l’auteur de cet ensemble de vitraux pour l’église Sainte-Ségolène de Metz vers 1380-1390. On reconnait sous de grands dais architecturés très allongés, deux rois mages, venus rendre hommage à l’Enfant Jésus en lui apportant de précieux cadeaux : 

Gaspard à droite porte un ciboire contenant l’encens et 

Melchior à gauche tient un pot rempli d’or.

Le panneau central, manquant, devait représenter Balthazar apportant la myrrhe.

Tous trois se dirigent vers la gauche où l’on devait trouver une fenêtre présentant la Sainte Famille.


Panneau Gauche : Melchior


Panneau Droit : Gaspard


 Les silhouettes longilignes des personnages, la coquetterie des pieds et coudes sortant du cadre – qui créent une profondeur – l’utilisation du jaune d’argent qui enrichit encore cette composition précieuse sont autant d’éléments propres au travail de cet artiste.



Vitrail de saint Etienne

 

Découverte des reliques de saint Etienne

Châlons-en-Champagne, trésor de la cathédrale Saint-Etienne vers 1155

Verre et plomb, peinture à la grisaille


Ce vitrail réalisé pour la cathédrale romaine de Châlons fait partie des très rares vitraux du XIIe siècle conservés en Europe. Il fait désormais parti des merveilles exposées à la Cité du vitrail de Troyes.

Les quatre panneaux appartenaient à une verrière consacré à la découverte des reliques de saint Etienne, patron de la cathédral. Le geste expressifs et les quelques inscription permettent de suivre la narration :

 En haut à gauche, Gamaliel (un des Sages du judaïsme pharisien du Ier siècle de notre ère, repris par la tradition chrétienne) apporte en songe au prêtre Lucien quatre vases reliquaires : il s’agit des reliques d’Etienne, de Nicodème, de Gamaliel lui-même et son fils, Abidas.

En bas, Lucien raconte son rêve à l’évêque Jean de Jérusalem.

En haut à droite, Gamaliel apparait à Nigecius endormi et l’exhorte à rechercher la tombe du saint.

En bas, Nigecius et Lucien se rencontrent. La découverte de la tombe devait être représentée sur un autre panneau, aujourd’hui disparu.

L’état de conservation de ces panneaux est extraordinaire. Le réseau de plombs est probablement d’origine pour sa majorité, ce qui est d’une extrême rareté ; le soin apporté à la composition et les caractéristiques stylistiques sont propres à cette époque romaine. On note entre autres le découpage concentrique de fonds qui alternent bleus clairs et bleus plus foncés pour donner de la profondeur à la composition. Les plombs suivent soigneusement le dessin, y compris dans les endroits délicats : plis de vêtement, forme de la main, ourlet des vases…

Des verres fouettés bleus, rares et chers, sont utilisés pour le sol qui soutient les lits de Lucien et Nigecius. Enfin les visages et vêtements sont peints à l’aide de lavis, traits de grisaille très épais et repris à la pointe du pinceau.

 

Haut G : Les reliques de Saint Etienne: Gamaliel apporte en songe 4 reliquaires au prêtre Lucien


Bas G : Les reliques de Saint Etienne: Lucien raconte son rêve à Jean de Jérusalem


Haut D : Les reliques de Saint Etienne: Apparition de Gamaliel à Nigecius pour l'exhorter à rechercher la tombe du saint


Bas D : Les reliques de Saint Etienne: Rencontre de Ligecius et de Lucien


détail


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