mercredi 12 mars 2025

Enceintes, Fortifications & Portes fortifiées de Troyes

 

Enceintes, fortifications, tours et portes de Provins.
Troyes avait les mêmes défenses



Entretenir des fortifications, les consolider, les améliorer, les moderniser est la principale préoccupation d’une ville forte. Les enceintes urbaines sont le résultat de l’effort considérable qui est demandé aux habitants pour leur sauvegarde. Par la contribution financière autant que par le travail à corvée, les remparts, symboles de fierté, appartiennent d’abord aux habitants. L’enceinte d’une ville, vue de l’extérieur reflète la volonté de la communauté entière de se protéger et surtout de se défendre contre tout agresseur. 

Troyes, durant l’âge romain, est circonscrit dans un quadrilatère fort restreint, dont chaque côté est percé par une porte. C’est la forme que les Romains donnaient à leurs villes fortifiées (oppida). Les premières murailles ont pour éléments des débris d’édifices civils, religieux, même funéraires, employés confusément, comme si on avait agi sous la pression de quelque grand désastre imprévu, dont on veut empêcher le retour. Cela date de la dernière moitié du IIIe siècle. La première enceinte est défendue naturellement, par deux cours d’eau : la rivière de Vienne et la fontaine de la Vacherie. Cette existence est constatée en 356, par la difficulté qu’éprouve l’empereur Julien pour s’en faire ouvrir les portes.

Une nouvelle ère de sécurité amène la négligence pour les moyens de défense. Aussi, vers 888, à l’approche d’une nouvelle invasion des Barbares, les citoyens ne trouvent de salut que dans la fuite. Quand ils reviennent dans leur ville désolée par les Normands, leur premier soin est de relever et fortifier leurs murs, pour se mettre à l’abri de nouveaux malheurs. Ainsi, furent-ils en mesure, en octobre 959, de soutenir avec succès un long siège contre l’évêque Ansegise et une armée de Saxons qu’il avait pour auxiliaire.

L’histoire de la fortification de la ville de Troyes commence au XIIe siècle et se termine à la fin du XVIe. Pendant cinq siècles, la ville ne cesse de se fortifier. C’est durant la période des XIIe et XIIIe s. que se forme peu à peu l’enceinte de la ville dont le tracé prend la forme particulière dite en « bouchon de champagne », que nous connaissons encore aujourd’hui.

Thibault II, dit le Grand exécute une entreprise digne d’un souverain, en entourant de fossés et de remparts continus la ville, forçant la Seine, par des moyens artificiels, de venir couler dans ces fossés, ce qui procure le double avantage de favoriser l’exercice de plusieurs industries, et d’obtenir un moyen de défense contre des attaques extérieures.

Sous Thibault III, l’enceinte, du côté nord, ne dépasse pas le cours d’eau venant de Jallard et passant par le pont aux Cailles.

Au commencement du XIIIe siècle, Thibault IV coupe les vignes et les jardins de Saint-Martin-ès-Aires, pour établir la nouvelle enceinte. Ce comte, prince guerroyant, ne veut pas laisser plusieurs quartiers de la Cité en dehors du système de protection, assurant ainsi à la partie nord de l’enceinte la forme circulaire bien plus facile à défendre. Cet état de chose dure près d’un siècle, pendant lequel aucun besoin d’une défense plus complète ne se fait sentir.

Il n’en est pas de même au XIVe siècle, où la guerre malheureuse qui ouvre la porte aux Anglais, la captivité du roi Jean, les excès de tous genres auxquels se livrent les chefs de parti, qui souvent n’ont d’autre bannière que celle du pillage, force la ville à pourvoir à sa sûreté. En 1344, le bailli de Troyes, ému des incursions des partis ennemis qui menacent la ville, ordonne d’élargir les anciens fossés et de les palissader. C’est au cours de ce siècle que la ville parfait son système défensif par la construction de nombreuses tours et tours-portes. Dans les dernières années du XIVe s., les palissades sont remplacées à leur tour par une enceinte continue de murailles flanquées de tours en pierre, au nombre de plus de 80. C’est aussi à cette période de terreur et d’expédients, qu’existe l’ouvrage avancé connu sous le nom de Faux Fossés, dont la ligne, à environ 1 km de la ville la couvre dans la partie où elle est dominée par la campagne.

Nous voyons, en 1380, une armée anglaise de 30.000 hommes, commandés par le duc de Buckingham, ne pas oser attaquer la ville, bien que maîtresse de la campagne, malgré les provocations de la garnison.

Jusqu’au XVe s., la ville se fortifie sans plan d’ensemble. On y construit encore des tours. Des moineaux (sortes de chambres casematées installées au bas du mur d’escarpe pour permettre le tir dans le fond des fossés) de bois ou de pierre sont construits au pied des remparts pour défendre les fossés, et avant 1450, déjà 6 boulevards de terre et de bois sont en place, dont 5 défendent les portes de la ville. Mais les habitants sans cesse menacés par les guerres, obligés de se protéger contre une artillerie de plus en plus efficace, revoient la défense de la ville et restructurent les ouvrages de l’enceinte fortifiée.

La première moitié du XVIe siècle est une période marquante dans l’histoire de la fortification de la ville de Troyes : cette période très active bouleverse l’organisation de son système défensif.

Le XVIe s. est celui qui apporte le plus de transformations dans l’aspect de l’enceinte fortifiée. C’est le siècle de la modernisation. Ainsi, au cours de ce siècle, les moineaux disparaissent et plusieurs tours sont démolies, remplacées par de nouvelles constructions appelées plates-formes, édifiées sur le massif du rempart. Les pièces d’artillerie montées sur ces ouvrages assurent une meilleure défense en couvrant les remparts et les portes de leurs feux croisés. Troyes devient véritablement une place forte. Des bruits de guerre sont annoncés en 1536 : le boulevard de la porte Saint-Jacques est à nouveau renforcé et on édifie la plate-forme des Cordeliers. En 1544, craignant un siège par l’armée de Charles Quint, la ville déploie une intense activité de fortification. Le boulevard de la Planche-Clément est construit ainsi que la plate-forme de la Tannerie. Tous les autres ouvrages sont réparés, renforcés ou fortifiés.

La position de la Champagne comme province frontière veut que la ville de Troyes reste une place forte. François 1er dit que « Troyes qui est capitale et principale ville de notre pays de Champagne est plus requise que nulle autre dudit pays d’être bien fortifiée et mise en bonne sûreté et défense ».

Le XVIIe s. est une époque de changement, du fait que la ville de Troyes ne se fortifie pas et ne se fortifiera plus. C’est l’aménagement des mails autour des fossés de la ville en promenades ombragées.

Au XVIIIe s., les plates-formes ont presque disparu.

Au début du XIXe s., la ceinture des remparts apparaît très dégradée et les fossés sont mal entretenus. Les municipalités procèdent à l’entière destruction des derniers témoins de la fortification de la ville de Troyes.

 Les fossés de la fortification


plan de la ville de troyes - 1699

Troyes, ville fortifiée, est protégée par une ligne continue de fossés  profonds.

Le cours d’eau appelé ru des Cailles est ouvert dans les premières années du XIIe siècle, pour servir de fossé à la nouvelle enceinte construite pour protéger les faubourgs qui se sont développés autour de la ville gallo-romaine.

C’est environ un siècle plus tard que sont creusés, un peu plus à l’est, de nouveaux fossés, représentés par le cours d’eau qui entoure une partie de la ville, entre le déversoir du Gouffre et l’usine de Brûlé. Ils existent en avril 1239, comme le montre le texte d’une charte publiée par l’abbé Lalore, qui les qualifie de « nouveaux fossés », et les divers auteurs les datent soit de l’année 1220, soit de 1229-1230. Ils sont alimentés par le sous-bief du moulin de la Pielle, par une partie de celui du moulin Jaillard (canal de la Rioteuse), et par le vannage du Gouffre.

A l’examen d’un ancien plan de Troyes, on remarque que le canal de la Rioteuse et le sous-bief de la Pielle convergent vers le même point des fossés, et que ce point est fort rapproché de l’endroit où la Fontaine de la Vacherie quitte la rue de Gournay, qu’elle longeait jusqu’alors, pour obliquer vers le nord-est, dans la direction de Saint-Jacques.

La plus ancienne rivière est désignée par plusieurs noms : en 1289 « la rivière qui vient du moulin du Pré de Saint-Pierre », en 1463 « la rivière qui va à Saint-Jacques », un peu plus tard, et jusqu’au milieu du XVIIe siècle, « la rivière de la Grande-Planche, dite aussi Rivière de Gournay ». Elle porte plus tard le nom de « Rioteuse », d’abord réservé au canal qui descend de Jaillard aux fossés et à l’arcade des remparts qui lui sert d’issue, et s’étendait aussi à un pont de bois placé sur le canal de la Grande-Planche, le long des mêmes fossés. Elle prend son origine dans le fossé de la ville, à peu près en face du débouché du canal de la Rioteuse, de là elle rejoint la Fontaine de la Vacherie près du pont de la rue de Gournay, puis, se confondant avec ce cours d’eau, va abreuver les fossés du prieuré Saint-Jacques. Dans la seconde partie de son cours, elle traverse les prés des Ecrevolles, fait mouvoir le moulin de Maître André, et regagne le bras principal de la Seine, entre Pont-Sainte-Marie et Lavau, au-dessus des moulins de Lavau.

Pendant la plus grande partie du XIIIe siècle, les habitants, s’ils les possèdent, ne sont mis en possession que fort tard des fossés qui entourent leur ville. Le comte Thibault IV leur concède, en 1231, la pêche des fossés, qui lui appartiennent, puisqu’ils sont nommés fossés du comte.

En 1238, l’Hôtel-Dieu-le-Comte obtient le désistement de Oudet Melette et de sa femme, de toutes les prétentions à la propriété qu’ils avaient sur la rivière de Seine depuis les moulins de Croncels jusqu’aux fossés du Comte moyennant 40 sous.

 A la fin du XIIIe siècle, l’enceinte de la ville est formée surtout par des fossés et des constructions en bois, palissades ou planches. L’eau court autour de la ville, de la porte de Croncels à la porte de Saint-Jacques et de celle-ci jusque vers la porte de Preize.

Dans l’autre direction, la ville a, pour se protéger, une double enceinte de fossés, l’une dite les Fossés, contournant la ville près des habitations, et l’autre nommée les Faux-Fossés. Ces derniers s’étendent jusqu’à la rue des Bas-Clos, comme le prouve une inscription enregistrée à l’Hôtel-de-Ville et trouvée en 1573 sur une pierre où l’on lisait : « Ici sont les faux-fossés de la ville de Troyes ».

L’enceinte s’ouvre donc près du canal des Trévois et sur la route de Bourgogne, à la hauteur du gué du faubourg de Croncels. Elle se continue à travers les marais de la Vienne, par les faux-fossés de Saint-Nicolas, puis par ceux des faux-fossés Patris, gagnant la route de Paris ou rue de la Cité de Saint-Martin, en avant de la rue Derne, et descendant jusqu’aux marais de la Prée ou de Preize, où elle se perd.

En 1319, Philippe V le Long (1316-1322) donne aux Frères prêcheurs (Jacobins) un fossé placé près de la rivière de Seine, entre leur jardin, celui du seigneur de Jully et les habitations des tanneurs, et jetant ses eaux dans la Vienne.

Derrière ces fossés s’élèvent des remparts en terre garnis de palis et de planches, derrière lesquels les Troyens et les défenseurs de la ville se mettent à l’abri contre les projectiles lancés par les assaillants.

En 1373, un mandement royal « ordonne au bailli de Troyes de faire contraindre les manants et habitants de la ville et de la prévôté de Troyes, à quatre lieues à la ronde, à venir faire et parfaire les fossés de la ville. Les travailleurs reçoivent le pain de la ville. C’est du " pain fétis ". Cette charge pèse longtemps sur les habitants de la banlieue. Elle est acquittée soit en nature, soit en argent, mais le plus souvent, elle est convertie en taille.

En septembre 1402, la cour des Grands Jours se réunit à Troyes, et prend un arrêt : «… dedans les héritages des frères de la Trinité, situé près de la porte de la Comporté, les fossés et faux-fossés devers ladite porte ont été faits et assis… que quand l’on commença à fortifier la ville de Troyes pour cause de guerre, l’on fit faire faux-fossés et dos d’âne derrière la tour, et vers le lieu de Clémence, la bonde qui était d’ancienneté, par laquelle ladite rivière de Seine venait desdits fossés et par eux à la Trinité, fut refaite et quand on y fit murs de cours qu’elle y avait auparavant… ».

En 1408, les fossés sont comblés et des jardins les recouvrent

L’eau de Seine, depuis l’écluse de Croncels jusqu’à celle de la Fleur-de-Lys, près de la porte de Preize, coule dans cette partie en passant au-dessous du Beffroy. Des écluses, placées en divers endroits, élèvent les eaux en cas de besoin. Ces fossés, d’une profondeur de 20 à 25 mètres, ont une ouverture d’environ 40 mètres.

 Quelques années plus tard, les faux-fossés (Saint-Nicolas et Patris), jugés inutiles à la défense de la ville, sont mis en location.

Vers 1420, la Vienne « se jette, par trois fossés (ou ruisseaux), dans les fossés de la ville, à l’endroit de la Tour Boileau, et les eaux coulent dans la direction de la porte de Croncels et passent ainsi, partie sous l’arche Maury et partie sur le vieux coulis. En raison du niveau à donner à l’eau, la Vienne est ramenée directement sur le canal de Croncels ou des Trévois, et on lui donne cours au moyen d’un conduit souterrain ou mouffle. Puis de là, l’eau se jette dans les fossés de la ville, à peu près en face de la rue des Bons-Enfants »

En 1427, on agrandit les fossés de Croncels.

En 1511, les fortifications sont augmentées. On donne plus de force aux remparts, on y établit des canonnières, on approfondit les fossés, depuis les arches de la Planche-Clément jusqu’à la porte de Saint-Jacques.

Les préoccupations de la politique et de la guerre motivent l’activité déployée aux travaux de fortifications. En 1523, le produit d’un nouvel impôt, levé sur les maisons, est appliqué à ces dépenses et l’on travaille au boulevard, placé entre le coulis de la Planche-Clément et le pont de Rioteuse. On donne plus de profondeur aux fossés depuis la porte de Comporté jusqu’à celle de Saint-Antoine.

Sous les mandats des maires Guillaume le Mercier (1542-1543) et Nicolas Riglet (1544-1545), la ville est mise dans un état de défense qui ne s’est encore jamais vu... les fossés sont élargis.      

En 1860, après la canalisation des Viennes est créé le Jardin de la Vallée Suisse. Sa conception est pratique, car elle permettait de conserver une portion du fossé des fortifications.

Puis, à l’emplacement des anciens remparts et fossés, se trouvent la série des boulevards que bordent 4 beaux squares bien entretenus par le service des espaces verts de la Ville.

Les remparts de Chaillouel

Ces remparts se caractérisent surtout par la présence sur peu de distance, des arches du Noyer-aux-Enfants et des arches du Saut-Périlleux flanquées de tours et de la grosse tour Charlemagne : l’ensemble formait un exemple intéressant et était aussi typique. L’origine de ces arches remonte au XIIIe siècle quand on fit passer au nord vers 1229-1230, le nouveau rempart sur le ru de Meldançon, grossi par les eaux du ru aux Cailles. Ces arches, dépourvues de leur courtine et de leurs tours, sont encore visibles vers les anciens abattoirs. Leur aspect est modifié puisqu’elles sont transformées en pont pour la circulation. La défense des arches était assurée par la présence de « râteaux » ou herses que l’on pouvait lever et abaisser. Ces systèmes étaient rendu inaccessibles et fermés à clefs.

Les arches du Noyer-aux-enfants

Elles sont au nombre de trois et ont aussi été appelées arches de Chaillouel ou « arches Cothon ». Le nom de Noyer-aux-Enfants leur vient d’un noyer qu’on replanta en 1493, entre autre, « au lieu on souloit estre d’ancienneté le noyer appelé le Noyer aux Enfants de la ville ».

Ces arches édifiées sur le débouché du ru de Meldançon dans la Seine, étaient flanquées d’une tour ronde appelée la tour aux Noyer-aux-Enfants ou tour Barbazan. Cette ancienne tout voûtée fut percée de canonières en juin et juillet 1544. Une plus petite tour, la tour de Chaillouel, se trouvait à l’autre bout des arches.

Les arches du Joli-Saut

Au nombre de deux, édifiées sur le passage des eaux du ru Cordé, elles furent appelées indifféremment arches du Joli-Saut ou arches du Saut-Périlleux et doivent leur nom à la proximité du barrage et de la vanne du Pouce qui faisaient redonder les eaux de la Seine à leur pied. Entre les deux arches est un éperon toujours visible sur lequel s’élevait la petite tourelle dite tour du Comte-Thibaut. En 1578, cette tourelle tombait en ruine et fut réparée.

La tour du Joli-Saut ou tour du Saut-Périlleux flanquait ces arches. Elle était voûtée et devait être de moyenne importance. Fait curieux, trois prisonnières y furent enfermées en 1531.

La tour Charlemagne

Non loin des arches du Joli-Saut, s’élevait l’ancienne tour Charlemagne, grosse tour ronde de 7,70m de diamètre et très élevée (elle avait encore quelques douze mètre d’élévation au début du XIXe siècle). En juillet 1544, on y aménagea des canonnières. C’est en souvenir de la journée du 17 septembre 1590 que la tour Charlemagne fut rebaptisée tour Saint-Lambert. Une petite niche pratiquée dans le mur de la tour du côté de la ville abritait une statuette de Saint-Lambert. Au XVIIe s. cette tour était abandonnée par la ville et laissée à un cordier pour y mettre ses outils.

Elle fut occupée depuis au moins l’année 1678 jusqu’en 1689. La ville décida alors d’y installer une glacière qui fut construit à la fin de l’année 1691. Elle ne fut pas épargnée et disparut en 1856 avec les autres tours et les remparts de Chailloël.

C’est à cet endroit, entre la tour Charlemagne et les arches du Joli-Saut que fut édifiée en 1515 une plate-forme de terre gazonnée que l’on fortifia en août 1544. Mais, dès 1562, on constate l’existence d’une brèche à cet endroit. C’est par cette fameuse brèche qu’en 1590, le jour de la Saint-Lambert, les royalistes avaient failli s’emparer de la ville.

En 1614, on répara cette brèche et pour donner plus de solidité à l’ouvrage, on édifia la muraille en forme d’éperon. L’ensemble ainsi fortifié fut appelé fort Saint-Lambert. A l’intérieur de la ville, la plate-forme non entretenue s’effondra et il n’en restait que des vestiges en 1753.

Le pont des fileurs : entre la vanne du Pouce et les arches du Noyer-aux-Enfants, fut établie une passerelle de bois qui faisait communiquer la ville avec l’actuel cours Jacquin. Elle servait surtout aux ouvriers filateurs de l’usine de Brûlé qui purent ainsi gagner directement l’intérieur de la ville. Construit sous la mairie de M. de Saint-Georges en 1822, ce petit pont que l’on appelait le pont Saint-Georges était plus connu sous le nom de pont des Fileurs pour lesquels il avait été construit.

La vanne du Pouce : cette très ancienne vanne fut reconstruite plus solidement en 1463, mais défavorisait alors à basses eaux le moulin de Saint-Quentin et non celui de Brûlé. Une transaction obtenue en 1473 permettait de faire élever d’un pouce de hauteur le vannage de la décharge, ceci depuis le 22 juillet jusqu’au 11 novembre de chaque année. De là, vient le nom donné à cet ouvrage.

Le canal de Nervaux : le tronçon final du ru Cordé situé entre le moulin de la Tour et le Joli-Saut, à l’intérieur de la ville, fut appelé canal de Nervaux.  La rue du même nom longeait ce canal.

Plan des fortifications de la ville de Troyes au XVIe


Les portes de Troyes

François1er a dit que « Troyes, capitale de la Champagne est close, avec fossés et portes qui en font la ville la plus sûre du royaume ! ».

 Troyes avait 5.200 mètres de murailles, 3 km de faux fossés, et 21 portes. Il ne reste plus rien de l’ancienne ceinture de murailles qui enveloppait la ville.

 La forme particulière dite en « bouchon de champagne » de l’ancienne ville de Troyes a été acquise au XIIe siècle. Elle représente l’héritage des comtes de Champagne qui ont largement contribué à l’expansion de la ville et à sa prospérité : nos boulevards actuels ne font qu’épouser le pourtour des anciens fossés de la ville fortifiée.

Troyes fut tenue par les Romains pour une des places importantes qu’ils appellent « Oppida, villes fortifiées », et par conséquent environnées de fossés, de murs et de remparts, Au temps des Gallo-romains, les empereurs Antonin-le-Pieux en 161 et Marc-Aurèle en 177, élèvent une tour à la porte d’Artaud, sise près du pont de l’Hôtel-Dieu, destinée à défendre la ville à l’occident. C’est là qu’Attila y est reçu par Saint-Loup.

Troyes était assise dans le lieu nommé « Ager Trecassimus, Champ des Tricasses », entre le ruisseau dit de « la Vacherie » à l’est, et la rivière de « Vienne » à l’ouest.

Avant le XIIe siècle, la cité était réduite au quadrilatère de l’ancien oppidum Gallo-Romain dont chacun des côtés était percé d’une porte. 

 Il y avait donc 4 portes ; chaque côté (environ 400 mètres) correspondait à peu près à l’un des 4 points cardinaux : 2 portes sur la voie est-ouest (decumanus), l’actuelle rue de la Cité et 2 sur la voie nord-sud (cardo), l’actuelle rue Boucherat. 

- La porte de l’Ouest, à la hauteur de la chapelle de l’Hôtel-Dieu, s’appela Porte d’Artaud.

- La porte de l’Est devant l’hospice St Nicolas à l’entrée des 3 godets, s’appela Porte des Oursiers. 

- La porte du Nord, entre l’ancien moulin de la Tour et l’extrémité nord de la rue de la Tour, suite de la rue Boucherat, fut dite de St Lyé, de St Martin, de Preize.

- La porte du Sud, à l’extrémité de la rue Boucherat entre la tourelle du Petit Louvre et le coin de l’Hôtel-Dieu fut à tort appelée porte Jaune ou Jaulme.

L’entrée des routes, qui arrivaient en ville, était défendue par des portes dites aussi « fausses portes » et situées, l’une au bourg de Croncels, la seconde, dite Porte-aux-Bœufs, sur la route de Sens, la troisième sur la route de Paris et que l’on nommait Fausse-Porte-Saint-Antoine.

Sur la route de Champagne qui se présentait par le quartier Saint-Jacques, existait aussi, en avant de la ville, la Fausse porte de Saint-Jacques, à la hauteur de la Ruelle-aux-Moines et de l’Ecole normale.

L’eau courait autour de la ville, de la porte de Croncels à la porte Saint-Jacques, et de celle-ci jusque vers la porte de Preize.

Les portes sont des édifices de défense considérables. Souvent, le maire a seul la garde des clefs de la ville et chaque soir après la fermeture, elles lui sont apportées.

On ferme les portes :

- quand un ennemi ou des chefs de bandes incendiaires approchent et pendant les troubles,

- en période de peste, pour empêcher d’entrer les gens venant des pays où règne la contagion,

- quand en 1432, la misère est grande, on double la garde des portes.

Aurélien vient à Troyes, pour s’opposer aux progrès du Christianisme. En 356, Julien l’Apostat s’y rend. Ce prince eut beaucoup de peine à s’en faire ouvrir les portes par les habitants qui le prenaient pour un ennemi.

Troyes eut une sérieuse alerte causée par la guerre de Charles VIII, contre Anne de Bretagne, en 1491. L’artillerie est montée sur les remparts et placée dans les tours. On s’assure de la solidité des portes, sur lesquelles on place des couleuvrines avec poudre et boulets en pierre. On ferme les poternes de la Tannerie et de la Madeleine.

Au XVe siècle, pendant les périodes de contagion pestilentielle, la ville entretient à ses portes des gardes spéciaux pour empêcher d’entrer les gens venant des pays où règne la contagion.

En raison des bruits de guerre, en juin 1523, les portes de la Tannerie, de Comporté et de la Madeleine sont fermées, afin de surveiller plus facilement les étrangers entrant en ville ou en sortant. Celles de Croncels, du Beffroi et de Saint-Jacques gardées avec soin, restent seules ouvertes.  Ordre est donné de ne laisser entrer en ville aucun étranger inconnu.

La garde et le guet de la ville sont réformés en 1535. Pour chaque porte et dans chaque quartier, il est formé 14 gardes, composées chacune de 18 à 20 personnes et soumises à un chef qui conserve la vieille qualification de « maître de fer ». Sous le maître de fer, il y a un dizainier, ayant sous son commandement « quelques gens du menu peuple », autrefois gens de pourpoint.

Pendant les troubles de 1572, le Conseil fait placer deux gardes à chaque porte et un à chacune des brèches qui sont aux murailles, les portes sont tenues fermées.

A partir de mars 1639, les portes de la ville furent pour toujours ouvertes aux troupes royales, et le maire perdit en même temps le privilège d’en avoir la garde et de lui de donner le mot du guet.

         En 1694, avec les mauvaises récoltes, les boutiques des boulangers sont pillées, il y a distribution de pain à 400 pauvres (1 femme et 4 filles sont étouffées dans la foule), l’autorité fait alors garder les portes afin d’empêcher les étrangers de venir acheter du blé au marché.

 il y avait : 

Plan de 1540, les portes principales


Partant de la Porte du Beffroi (à G sur le plan) à l'Ouest, en passant par le Nord en suivant la marche d’une horloge nous avions :

 La porte du Beffroy, du Beffroi, Porta Sanctoe Savinoe ou de Paris

 La porte Saint-Antoine, d’Etoupée, Estoupée, Porte-Neuve ou de Saint-Martin

La porte-aux-Bœufs

La porte de la Madeleine

La porte de Comporté, de César, de Preize, Comitis Porta, du Comte ou de la Trinité

La Porte des Comtes du Château des Comtes de Champagne ou de La Tour

La porte de Saint-Lyé, Sancti Leonis ou de Provins

La porte d’Artaud, du Comte, de La Juiverie ou de la Girouarde

La porte de Challoël ou Chaouillet

La porte aux Cailles, ou des Urnes

La porte de Saint-Quentin

La porte Saint-Jacques, Dorée ou des Sans Culottes

La Porte de la Planche-Clément, de Chappes, Porta de prato Episcopi ou du Pré-l’Évêque

La porte de Saint Denis, La porte Jaune, Jaulme, Jaulne

Arche du ru Cordé

La Porte de la Tannerie

La porte de la Rompure

La porte de Croncels, de Cronsciaulx, Portam de Cronsciaulx, Portam de Creuncellis, du Saint-Esprit ou de Bourgogne

Arche Maury

Fort de Guise

La porte aux Mystres, des Oursiers, Orsiers, Porta Ursariorum, des Ursaires, au Mitre, de l’Evêque, Porta Episcopi, de l’Hôtel-Dieu Saint-Nicolas, du Four-l’Evêque, du Pont-Ferré, la porte au Mistre, d’Auxerre, de Saint-Pierre ou Sancti Petri

La Porte Saint-Nicolas dernière porte fortifiée du département de l'Aube, suivi des principales places                                            fortes du département

 

 





Le plan ci-dessus nous indique les Portes et les tours de défenses de Troyes en 1524

 Partant de la Porte du Beffroi (à G sur le plan) Ouest en passant par le Nord en suivant la marche d’une horloge nous avions :

Porte du Beffroy, Tour st Abraham, Tour d’Arras, Porte St Antoine, Tour au Faucheur, Porte de la Madeleine, Tour des violettes, Porte de Comporté, Tour du Bassin, Tour du roi Artur, Tour Alexandre, Tour Godefroi de Bouillon, Tour st Paul, Tour st Pierre, Tour Charlemagne, Tour du Comte Thibaut, Arches du Saut-Périlleux, Tour du Saut-Périlleux,  Tour de Challoël, Arche du Noyer aux enfants, Tour Barbazan, Tour st Quentin, Tour David, Tour st Loup, Tour st Mathieu, Tour Josué, Porte st Jacques, Tour Titus, Tour st Nizier, Tour st Martin, Tour Hector, Tour st Augustin, Tour st Aventin, Plateforme de Ryoteuse, Arche et Tour de Ryoteuse, Tour Ste Anne, Tour Cicéron, Tour de Cordance, Tour Pompée, Plateforme de la planche-Clément, Tour de Chappes, Arches et Porte de la Planche-clément, Tour Hercule, Tour Ste Barbe, Tour st Denis, Tour st Etienne, Tour st Dominique, Arches du ru Corde, Tour st Thomas, Tour Hannibal, Tour st Louis, Tour Troylus, Porte de la Tannerie, Tour Cipion, Tour des 4 fils Emond, Tour st Jean, Tour Gauppin (XVe), Tour st Eloi, Tour Constantin, Tour st Michel, Tour des moulins-neufs, Arche Maury, Tour St Gilles, Porte de Croncels, Tour aux Étoiles, Tour Ferrandom, Tour Boileau, Tour Jason, Tour st Pantaléon, Tour aux Mystres et Porte aux Mystres, Le Beffroi, Porte du Beffroy

 

Vitrail créé en 1621, relatant la visite du roi Henri IV à Troyes en 1595. 
Il reçoit un cœur d’or, symbole de l’attachement de la ville à son roi. 
La foule est massée devant  l’Hôtel de Ville, paré pour l’occasion d’une tribune de bois. 
Visible à la Cité du Vitrail à Troyes



CHARLES IX à Troyes

  La reine Catherine de Médicis, entreprend un voyage à travers la France, afin d’apaiser les esprits après les querelles religieuses entre ...