Entretenir des fortifications, les consolider, les
améliorer, les moderniser est la principale préoccupation d’une ville forte.
Les enceintes urbaines sont le résultat de l’effort considérable qui est
demandé aux habitants pour leur sauvegarde. Par la contribution financière
autant que par le travail à corvée, les remparts, symboles de fierté,
appartiennent d’abord aux habitants. L’enceinte d’une ville, vue de l’extérieur
reflète la volonté de la communauté entière de se protéger et surtout de se
défendre contre tout agresseur.
Troyes, durant l’âge romain, est circonscrit dans un
quadrilatère fort restreint, dont chaque côté est percé par une porte. C’est la
forme que les Romains donnaient à leurs villes fortifiées (oppida). Les
premières murailles ont pour éléments des débris d’édifices civils, religieux,
même funéraires, employés confusément, comme si on avait agi sous la pression
de quelque grand désastre imprévu, dont on veut empêcher le retour. Cela date
de la dernière moitié du IIIe
siècle. La première enceinte est défendue naturellement, par deux cours d’eau :
la rivière de Vienne et la fontaine de la Vacherie. Cette existence est
constatée en 356, par la difficulté qu’éprouve l’empereur Julien pour s’en
faire ouvrir les portes.
Une nouvelle ère de sécurité amène la négligence
pour les moyens de défense. Aussi, vers 888, à l’approche d’une nouvelle
invasion des Barbares, les citoyens ne trouvent de salut que dans la fuite.
Quand ils reviennent dans leur ville désolée par les Normands, leur premier soin
est de relever et fortifier leurs murs, pour se mettre à l’abri de nouveaux
malheurs. Ainsi, furent-ils en mesure, en octobre 959, de soutenir avec succès
un long siège contre l’évêque Ansegise et une armée de Saxons qu’il avait pour
auxiliaire.
L’histoire de la fortification de la ville de Troyes
commence au XIIe
siècle et se termine à la fin du XVIe.
Pendant cinq siècles, la ville ne cesse de se fortifier. C’est durant la
période des XIIe
et XIIIe
s. que se forme peu à peu l’enceinte de la ville dont le tracé prend la forme
particulière dite en « bouchon de champagne », que nous connaissons encore
aujourd’hui.
Thibault II, dit le Grand exécute une entreprise
digne d’un souverain, en entourant de fossés et de remparts continus la ville,
forçant la Seine, par des moyens artificiels, de venir couler dans ces fossés,
ce qui procure le double avantage de favoriser l’exercice de plusieurs
industries, et d’obtenir un moyen de défense contre des attaques extérieures.
Sous Thibault III, l’enceinte, du côté nord, ne
dépasse pas le cours d’eau venant de Jallard et passant par le pont aux
Cailles.
Au commencement du XIIIe siècle, Thibault IV coupe les
vignes et les jardins de Saint-Martin-ès-Aires, pour établir la nouvelle
enceinte. Ce comte, prince guerroyant, ne veut pas laisser plusieurs quartiers
de la Cité en dehors du système de protection, assurant ainsi à la partie nord
de l’enceinte la forme circulaire bien plus facile à défendre. Cet état de
chose dure près d’un siècle, pendant lequel aucun besoin d’une défense plus
complète ne se fait sentir.
Il n’en est pas de même au XIVe siècle, où la
guerre malheureuse qui ouvre la porte aux Anglais, la captivité du roi Jean,
les excès de tous genres auxquels se livrent les chefs de parti, qui souvent
n’ont d’autre bannière que celle du pillage, force la ville à pourvoir à sa
sûreté. En 1344, le bailli de Troyes, ému des incursions des partis ennemis qui
menacent la ville, ordonne d’élargir les anciens fossés et de les palissader.
C’est au cours de ce siècle que la ville parfait son système défensif par la
construction de nombreuses tours et tours-portes. Dans les dernières années du XIVe s., les palissades
sont remplacées à leur tour par une enceinte continue de murailles flanquées de
tours en pierre, au nombre de plus de 80. C’est aussi à cette période de
terreur et d’expédients, qu’existe l’ouvrage avancé connu sous le nom de Faux
Fossés, dont la ligne, à environ 1 km de la ville la couvre dans la partie où
elle est dominée par la campagne.
Nous voyons, en 1380, une armée anglaise de 30.000
hommes, commandés par le duc de Buckingham, ne pas oser attaquer la ville, bien
que maîtresse de la campagne, malgré les provocations de la garnison.
Jusqu’au XVe
s., la ville se fortifie sans plan d’ensemble. On y construit encore des tours.
Des moineaux (sortes de chambres casematées installées au bas du mur d’escarpe
pour permettre le tir dans le fond des fossés) de bois ou de pierre sont
construits au pied des remparts pour défendre les fossés, et avant 1450, déjà 6
boulevards de terre et de bois sont en place, dont 5 défendent les portes de la
ville. Mais les habitants sans cesse menacés par les guerres, obligés de se
protéger contre une artillerie de plus en plus efficace, revoient la défense de
la ville et restructurent les ouvrages de l’enceinte fortifiée.
La première moitié du XVIe siècle est une période
marquante dans l’histoire de la fortification de la ville de Troyes : cette
période très active bouleverse l’organisation de son système défensif.
Le XVIe
s. est celui qui apporte le plus de transformations dans l’aspect de l’enceinte
fortifiée. C’est le siècle de la modernisation. Ainsi, au cours de ce siècle,
les moineaux disparaissent et plusieurs tours sont démolies, remplacées par de
nouvelles constructions appelées plates-formes, édifiées sur le massif du
rempart. Les pièces d’artillerie montées sur ces ouvrages assurent une
meilleure défense en couvrant les remparts et les portes de leurs feux croisés.
Troyes devient véritablement une place forte. Des bruits de guerre sont
annoncés en 1536 : le boulevard de la porte Saint-Jacques est à nouveau
renforcé et on édifie la plate-forme des Cordeliers. En 1544, craignant un
siège par l’armée de Charles Quint, la ville déploie une intense activité de
fortification. Le boulevard de la Planche-Clément est construit ainsi que la
plate-forme de la Tannerie. Tous les autres ouvrages sont réparés, renforcés ou
fortifiés.
La position de la Champagne comme province frontière
veut que la ville de Troyes reste une place forte. François 1er dit que «
Troyes qui est capitale et principale ville de notre pays de Champagne est plus
requise que nulle autre dudit pays d’être bien fortifiée et mise en bonne
sûreté et défense ».
Le XVIIe
s. est une époque de changement, du fait que la ville de Troyes ne se fortifie
pas et ne se fortifiera plus. C’est l’aménagement des mails autour des fossés
de la ville en promenades ombragées.
Au XVIIIe
s., les plates-formes ont presque disparu.
Au début du XIXe s., la ceinture des remparts apparaît très dégradée et les fossés sont mal entretenus. Les municipalités procèdent à l’entière destruction des derniers témoins de la fortification de la ville de Troyes.
Troyes, ville fortifiée, est protégée par une ligne
continue de fossés profonds.
Le cours d’eau appelé ru des Cailles est ouvert dans
les premières années du XIIe siècle, pour servir de fossé à la nouvelle
enceinte construite pour protéger les faubourgs qui se sont développés autour
de la ville gallo-romaine.
C’est environ un siècle plus tard que sont creusés,
un peu plus à l’est, de nouveaux fossés, représentés par le cours d’eau qui
entoure une partie de la ville, entre le déversoir du Gouffre et l’usine de
Brûlé. Ils existent en avril 1239, comme le montre le texte d’une charte
publiée par l’abbé Lalore, qui les qualifie de « nouveaux fossés », et les
divers auteurs les datent soit de l’année 1220, soit de 1229-1230. Ils sont
alimentés par le sous-bief du moulin de la Pielle, par une partie de celui du
moulin Jaillard (canal de la Rioteuse), et par le vannage du Gouffre.
A l’examen d’un ancien plan de Troyes, on remarque
que le canal de la Rioteuse et le sous-bief de la Pielle convergent vers le
même point des fossés, et que ce point est fort rapproché de l’endroit où la
Fontaine de la Vacherie quitte la rue de Gournay, qu’elle longeait jusqu’alors,
pour obliquer vers le nord-est, dans la direction de Saint-Jacques.
La plus ancienne rivière est désignée par plusieurs
noms : en 1289 « la rivière qui vient du moulin du Pré de Saint-Pierre », en
1463 « la rivière qui va à Saint-Jacques », un peu plus tard, et jusqu’au
milieu du XVIIe siècle, « la rivière de la Grande-Planche, dite aussi Rivière
de Gournay ». Elle porte plus tard le nom de « Rioteuse », d’abord réservé au
canal qui descend de Jaillard aux fossés et à l’arcade des remparts qui lui
sert d’issue, et s’étendait aussi à un pont de bois placé sur le canal de la
Grande-Planche, le long des mêmes fossés. Elle prend son origine dans le fossé
de la ville, à peu près en face du débouché du canal de la Rioteuse, de là elle
rejoint la Fontaine de la Vacherie près du pont de la rue de Gournay, puis, se
confondant avec ce cours d’eau, va abreuver les fossés du prieuré
Saint-Jacques. Dans la seconde partie de son cours, elle traverse les prés des
Ecrevolles, fait mouvoir le moulin de Maître André, et regagne le bras
principal de la Seine, entre Pont-Sainte-Marie et Lavau, au-dessus des moulins
de Lavau.
Pendant la plus grande partie du XIIIe siècle, les habitants,
s’ils les possèdent, ne sont mis en possession que fort tard des fossés qui
entourent leur ville. Le comte Thibault IV
leur concède, en 1231, la pêche des fossés, qui lui appartiennent, puisqu’ils
sont nommés fossés du comte.
En 1238, l’Hôtel-Dieu-le-Comte obtient le
désistement de Oudet Melette et de sa femme, de toutes les prétentions à la
propriété qu’ils avaient sur la rivière de Seine depuis les moulins de Croncels
jusqu’aux fossés du Comte moyennant 40 sous.
A la fin du XIIIe
siècle, l’enceinte de la ville est formée surtout par des fossés et des
constructions en bois, palissades ou planches. L’eau court autour de la ville,
de la porte de Croncels à la porte de Saint-Jacques et de celle-ci jusque vers
la porte de Preize.
Dans l’autre direction, la ville a, pour se
protéger, une double enceinte de fossés, l’une dite les Fossés, contournant la
ville près des habitations, et l’autre nommée les Faux-Fossés. Ces derniers
s’étendent jusqu’à la rue des Bas-Clos, comme le prouve une inscription
enregistrée à l’Hôtel-de-Ville et trouvée en 1573 sur une pierre où l’on lisait
: « Ici sont les faux-fossés de la ville de Troyes ».
L’enceinte s’ouvre donc près du canal des Trévois et
sur la route de Bourgogne, à la hauteur du gué du faubourg de Croncels. Elle se
continue à travers les marais de la Vienne, par les faux-fossés de
Saint-Nicolas, puis par ceux des faux-fossés Patris, gagnant la route de Paris
ou rue de la Cité de Saint-Martin, en avant de la rue Derne, et descendant
jusqu’aux marais de la Prée ou de Preize, où elle se perd.
En 1319, Philippe V le Long (1316-1322) donne aux
Frères prêcheurs (Jacobins) un fossé placé près de la rivière de Seine, entre
leur jardin, celui du seigneur de Jully et les habitations des tanneurs, et
jetant ses eaux dans la Vienne.
Derrière ces fossés s’élèvent des remparts en terre
garnis de palis et de planches, derrière lesquels les Troyens et les défenseurs
de la ville se mettent à l’abri contre les projectiles lancés par les
assaillants.
En 1373, un mandement royal « ordonne au bailli de
Troyes de faire contraindre les manants et habitants de la ville et de la
prévôté de Troyes, à quatre lieues à la ronde, à venir faire et parfaire les
fossés de la ville. Les travailleurs reçoivent le pain de la ville. C’est du
" pain fétis ". Cette charge pèse longtemps sur les habitants de la
banlieue. Elle est acquittée soit en nature, soit en argent, mais le plus
souvent, elle est convertie en taille.
En septembre 1402, la cour des Grands Jours se
réunit à Troyes, et prend un arrêt : «… dedans les héritages des frères de la
Trinité, situé près de la porte de la Comporté, les fossés et faux-fossés
devers ladite porte ont été faits et assis… que quand l’on commença à fortifier
la ville de Troyes pour cause de guerre, l’on fit faire faux-fossés et dos
d’âne derrière la tour, et vers le lieu de Clémence, la bonde qui était
d’ancienneté, par laquelle ladite rivière de Seine venait desdits fossés et par
eux à la Trinité, fut refaite et quand on y fit murs de cours qu’elle y avait
auparavant… ».
En 1408, les fossés sont comblés et des jardins les
recouvrent
L’eau de Seine, depuis l’écluse de Croncels jusqu’à
celle de la Fleur-de-Lys, près de la porte de Preize, coule dans cette partie
en passant au-dessous du Beffroy. Des écluses, placées en divers endroits,
élèvent les eaux en cas de besoin. Ces fossés, d’une profondeur de 20 à 25
mètres, ont une ouverture d’environ 40 mètres.
Quelques
années plus tard, les faux-fossés (Saint-Nicolas et Patris), jugés inutiles à
la défense de la ville, sont mis en location.
Vers 1420, la Vienne « se jette, par trois fossés
(ou ruisseaux), dans les fossés de la ville, à l’endroit de la Tour Boileau, et
les eaux coulent dans la direction de la porte de Croncels et passent ainsi,
partie sous l’arche Maury et partie sur le vieux coulis. En raison du niveau à
donner à l’eau, la Vienne est ramenée directement sur le canal de Croncels ou
des Trévois, et on lui donne cours au moyen d’un conduit souterrain ou mouffle.
Puis de là, l’eau se jette dans les fossés de la ville, à peu près en face de
la rue des Bons-Enfants »
En 1427, on agrandit les fossés de Croncels.
En 1511, les fortifications sont augmentées. On
donne plus de force aux remparts, on y établit des canonnières, on approfondit
les fossés, depuis les arches de la Planche-Clément jusqu’à la porte de
Saint-Jacques.
Les préoccupations de la politique et de la guerre
motivent l’activité déployée aux travaux de fortifications. En 1523, le produit
d’un nouvel impôt, levé sur les maisons, est appliqué à ces dépenses et l’on
travaille au boulevard, placé entre le coulis de la Planche-Clément et le pont
de Rioteuse. On donne plus de profondeur aux fossés depuis la porte de Comporté
jusqu’à celle de Saint-Antoine.
Sous les mandats des maires Guillaume le Mercier
(1542-1543) et Nicolas Riglet (1544-1545), la ville est mise dans un état de
défense qui ne s’est encore jamais vu... les fossés sont élargis.
En 1860, après la canalisation des Viennes est créé
le Jardin de la Vallée Suisse. Sa conception est pratique, car elle permettait
de conserver une portion du fossé des fortifications.
Puis, à l’emplacement des anciens remparts et
fossés, se trouvent la série des boulevards que bordent 4 beaux squares bien
entretenus par le service des espaces verts de la Ville.
Les
remparts de Chaillouel
Ces remparts se caractérisent surtout par la
présence sur peu de distance, des arches du Noyer-aux-Enfants et des arches du
Saut-Périlleux flanquées de tours et de la grosse tour Charlemagne :
l’ensemble formait un exemple intéressant et était aussi typique. L’origine de
ces arches remonte au XIIIe
siècle quand on fit passer au nord vers 1229-1230, le nouveau rempart sur le ru
de Meldançon, grossi par les eaux du ru aux Cailles. Ces arches, dépourvues de
leur courtine et de leurs tours, sont encore visibles vers les anciens
abattoirs. Leur aspect est modifié puisqu’elles sont transformées en pont pour
la circulation. La défense des arches était assurée par la présence de
« râteaux » ou herses que l’on pouvait lever et abaisser. Ces
systèmes étaient rendu inaccessibles et fermés à clefs.
Les
arches du Noyer-aux-enfants
Elles sont au nombre de trois et ont aussi été
appelées arches de Chaillouel ou « arches Cothon ». Le nom de
Noyer-aux-Enfants leur vient d’un noyer qu’on replanta en 1493, entre autre,
« au lieu on souloit estre d’ancienneté le noyer appelé le Noyer aux
Enfants de la ville ».
Ces arches édifiées sur le débouché du ru de
Meldançon dans la Seine, étaient flanquées d’une tour ronde appelée la tour aux
Noyer-aux-Enfants ou tour Barbazan. Cette ancienne tout voûtée fut percée de
canonières en juin et juillet 1544. Une plus petite tour, la tour de
Chaillouel, se trouvait à l’autre bout des arches.
Les
arches du Joli-Saut
Au nombre de deux, édifiées sur le passage des eaux
du ru Cordé, elles furent appelées indifféremment arches du Joli-Saut ou arches
du Saut-Périlleux et doivent leur nom à la proximité du barrage et de la vanne
du Pouce qui faisaient redonder les eaux de la Seine à leur pied. Entre les
deux arches est un éperon toujours visible sur lequel s’élevait la petite
tourelle dite tour du Comte-Thibaut. En 1578, cette tourelle tombait en ruine
et fut réparée.
La tour du Joli-Saut ou tour du Saut-Périlleux
flanquait ces arches. Elle était voûtée et devait être de moyenne importance.
Fait curieux, trois prisonnières y furent enfermées en 1531.
La
tour Charlemagne
Non loin des arches du Joli-Saut, s’élevait
l’ancienne tour Charlemagne, grosse tour ronde de 7,70m de diamètre et très
élevée (elle avait encore quelques douze mètre d’élévation au début du XIXe siècle). En
juillet 1544, on y aménagea des canonnières. C’est en souvenir de la journée du
17 septembre 1590 que la tour Charlemagne fut rebaptisée tour Saint-Lambert.
Une petite niche pratiquée dans le mur de la tour du côté de la ville abritait
une statuette de Saint-Lambert. Au XVIIe
s. cette tour était abandonnée par la ville et laissée à un cordier pour y
mettre ses outils.
Elle fut occupée depuis au moins l’année 1678
jusqu’en 1689. La ville décida alors d’y installer une glacière qui fut
construit à la fin de l’année 1691. Elle ne fut pas épargnée et disparut en
1856 avec les autres tours et les remparts de Chailloël.
C’est à cet endroit, entre la tour Charlemagne et
les arches du Joli-Saut que fut édifiée en 1515 une plate-forme de terre
gazonnée que l’on fortifia en août 1544. Mais, dès 1562, on constate
l’existence d’une brèche à cet endroit. C’est par cette fameuse brèche qu’en
1590, le jour de la Saint-Lambert, les royalistes avaient failli s’emparer de
la ville.
En 1614, on répara cette brèche et pour donner plus
de solidité à l’ouvrage, on édifia la muraille en forme d’éperon. L’ensemble
ainsi fortifié fut appelé fort Saint-Lambert. A l’intérieur de la ville, la
plate-forme non entretenue s’effondra et il n’en restait que des vestiges en
1753.
Le
pont des fileurs : entre la vanne du Pouce et les
arches du Noyer-aux-Enfants, fut établie une passerelle de bois qui faisait
communiquer la ville avec l’actuel cours Jacquin. Elle servait surtout aux
ouvriers filateurs de l’usine de Brûlé qui purent ainsi gagner directement
l’intérieur de la ville. Construit sous la mairie de M. de Saint-Georges en
1822, ce petit pont que l’on appelait le pont Saint-Georges était plus connu
sous le nom de pont des Fileurs pour lesquels il avait été construit.
La
vanne du Pouce : cette très ancienne vanne fut
reconstruite plus solidement en 1463, mais défavorisait alors à basses eaux le
moulin de Saint-Quentin et non celui de Brûlé. Une transaction obtenue en 1473
permettait de faire élever d’un pouce de hauteur le vannage de la décharge,
ceci depuis le 22 juillet jusqu’au 11 novembre de chaque année. De là, vient le
nom donné à cet ouvrage.
Le
canal de Nervaux : le tronçon final du ru Cordé
situé entre le moulin de la Tour et le Joli-Saut, à l’intérieur de la ville,
fut appelé canal de Nervaux. La rue du
même nom longeait ce canal.
Les portes de Troyes
François1er a
dit que « Troyes, capitale de la Champagne est close, avec fossés et
portes qui en font la ville la plus sûre du royaume ! ».
Troyes avait 5.200
mètres de murailles, 3 km de faux fossés, et 21 portes. Il ne reste plus
rien de l’ancienne ceinture de murailles qui enveloppait la ville.
La forme
particulière dite en « bouchon de champagne » de l’ancienne
ville de Troyes a été acquise au XIIe siècle.
Elle représente l’héritage des comtes de Champagne qui ont largement
contribué à l’expansion de la ville et à sa prospérité : nos boulevards actuels
ne font qu’épouser le pourtour des anciens fossés de la ville fortifiée.
Troyes fut tenue par les
Romains pour une des places importantes qu’ils appellent « Oppida, villes
fortifiées », et par conséquent environnées de fossés, de murs et de
remparts, Au temps des Gallo-romains, les empereurs Antonin-le-Pieux en
161 et Marc-Aurèle en 177, élèvent une tour à la porte
d’Artaud, sise près du pont de l’Hôtel-Dieu, destinée à défendre la
ville à l’occident. C’est là qu’Attila y est reçu par Saint-Loup.
Troyes était assise dans le lieu nommé « Ager
Trecassimus, Champ des Tricasses », entre le ruisseau dit de « la
Vacherie » à l’est, et la rivière de « Vienne » à l’ouest.
Avant le XIIe siècle,
la cité était réduite au quadrilatère de l’ancien oppidum Gallo-Romain
dont chacun des côtés était percé d’une porte.
Il y avait donc 4 portes ; chaque côté (environ 400 mètres) correspondait à peu près à l’un des 4 points cardinaux : 2 portes sur la voie est-ouest (decumanus), l’actuelle rue de la Cité et 2 sur la voie nord-sud (cardo), l’actuelle rue Boucherat.
- La porte de l’Ouest, à la hauteur de la
chapelle de l’Hôtel-Dieu, s’appela Porte d’Artaud.
- La porte de l’Est devant l’hospice St
Nicolas à l’entrée des 3 godets, s’appela Porte des Oursiers.
- La porte du Nord, entre l’ancien moulin de la
Tour et l’extrémité nord de la rue de la Tour, suite de la rue Boucherat, fut
dite de St Lyé, de St Martin, de Preize.
- La porte du Sud, à l’extrémité de la rue Boucherat entre la tourelle du Petit Louvre et le coin de l’Hôtel-Dieu fut à tort appelée porte Jaune ou Jaulme.
L’entrée des routes, qui
arrivaient en ville, était défendue par des portes dites aussi « fausses
portes » et situées, l’une au bourg de Croncels, la seconde,
dite Porte-aux-Bœufs, sur la route de Sens, la troisième sur la route de
Paris et que l’on nommait Fausse-Porte-Saint-Antoine.
Sur la route de Champagne
qui se présentait par le quartier Saint-Jacques, existait aussi, en avant de la
ville, la Fausse porte de Saint-Jacques, à la hauteur de la
Ruelle-aux-Moines et de l’Ecole normale.
L’eau courait autour de la
ville, de la porte de Croncels à la porte Saint-Jacques, et de celle-ci jusque
vers la porte de Preize.
Les portes sont des
édifices de défense considérables. Souvent, le maire a seul la garde
des clefs de la ville et chaque soir après la fermeture, elles lui sont
apportées.
On ferme les portes :
- quand un ennemi ou
des chefs de bandes incendiaires approchent et pendant les troubles,
- en période de
peste, pour empêcher d’entrer les gens venant des pays où règne la contagion,
- quand en 1432, la
misère est grande, on double la garde des portes.
Aurélien vient à
Troyes, pour s’opposer aux progrès du Christianisme. En 356, Julien
l’Apostat s’y rend. Ce prince eut beaucoup de peine à s’en faire ouvrir
les portes par les habitants qui le prenaient pour un ennemi.
Troyes eut une sérieuse
alerte causée par la guerre de Charles VIII, contre
Anne de Bretagne, en 1491. L’artillerie est montée sur les remparts et placée
dans les tours. On s’assure de la solidité des portes, sur lesquelles on
place des couleuvrines avec poudre et boulets en pierre. On ferme les
poternes de la Tannerie et de la Madeleine.
Au XVe siècle, pendant les périodes de contagion
pestilentielle, la ville entretient à ses portes des gardes spéciaux
pour empêcher d’entrer les gens venant des pays où règne la
contagion.
En raison des bruits de
guerre, en juin 1523, les portes de la Tannerie, de Comporté et de la
Madeleine sont fermées, afin de surveiller plus facilement les étrangers
entrant en ville ou en sortant. Celles de Croncels, du Beffroi et de
Saint-Jacques gardées avec soin, restent seules ouvertes. Ordre
est donné de ne laisser entrer en ville aucun étranger inconnu.
La garde et le guet de la
ville sont réformés en 1535. Pour chaque porte et dans chaque quartier, il
est formé 14 gardes, composées chacune de 18 à 20 personnes et
soumises à un chef qui conserve la vieille qualification de « maître de
fer ». Sous le maître de fer, il y a un dizainier, ayant sous son
commandement « quelques gens du menu peuple », autrefois gens de
pourpoint.
Pendant les troubles de 1572,
le Conseil fait placer deux gardes à chaque porte et un à chacune des
brèches qui sont aux murailles, les portes sont tenues fermées.
A partir de mars 1639,
les portes de la ville furent pour toujours ouvertes aux troupes royales,
et le maire perdit en même temps le privilège d’en avoir la garde et de lui de
donner le mot du guet.
En 1694, avec les mauvaises récoltes, les boutiques des boulangers sont
pillées, il y a distribution de pain à 400 pauvres (1 femme et 4 filles sont
étouffées dans la foule), l’autorité fait alors garder les
portes afin d’empêcher les étrangers de venir acheter du blé au
marché.
il y avait :
Plan de 1540, les portes
principales
Partant de la Porte du Beffroi (à G sur le plan) à l'Ouest, en passant par le Nord en suivant la marche d’une horloge nous avions :
La porte du Beffroy, du Beffroi, Porta Sanctoe Savinoe ou de Paris
La porte Saint-Antoine, d’Etoupée,
Estoupée, Porte-Neuve ou de Saint-Martin
La porte-aux-Bœufs
La porte de Comporté, de César, de Preize, Comitis Porta, du Comte ou de la Trinité
La Porte des Comtes du
Château des Comtes de Champagne ou de La Tour
La porte de Saint-Lyé,
Sancti Leonis ou de Provins
La porte d’Artaud, du
Comte, de La Juiverie ou de la Girouarde
La porte de Challoël ou Chaouillet
La porte aux Cailles, ou des Urnes
La porte de
Saint-Quentin
La porte Saint-Jacques, Dorée ou des Sans
Culottes
La Porte de la Planche-Clément, de Chappes, Porta de prato Episcopi ou du Pré-l’Évêque
La porte de Saint
Denis, La porte Jaune, Jaulme,
Jaulne
Arche du ru Cordé
La porte de la
Rompure
La porte de Croncels, de Cronsciaulx, Portam
de Cronsciaulx, Portam de Creuncellis, du Saint-Esprit ou de Bourgogne
Arche Maury
Fort de Guise
La porte aux Mystres, des Oursiers, Orsiers, Porta Ursariorum, des
Ursaires, au Mitre, de l’Evêque, Porta Episcopi, de l’Hôtel-Dieu Saint-Nicolas,
du Four-l’Evêque, du Pont-Ferré, la porte au Mistre, d’Auxerre, de Saint-Pierre ou Sancti Petri
La Porte Saint-Nicolas dernière porte fortifiée du département de l'Aube, suivi des principales places fortes du département
Le
plan ci-dessus nous indique les Portes et les tours de défenses de Troyes en
1524
Partant de la Porte du Beffroi (à G sur le plan) Ouest en passant par le Nord en suivant la marche d’une horloge nous avions :
Porte du
Beffroy, Tour st Abraham, Tour d’Arras, Porte St Antoine, Tour au Faucheur, Porte
de la Madeleine, Tour des violettes, Porte de
Comporté, Tour du Bassin, Tour du roi Artur, Tour Alexandre, Tour
Godefroi de Bouillon, Tour st Paul, Tour st Pierre, Tour Charlemagne, Tour du
Comte Thibaut, Arches du Saut-Périlleux, Tour du Saut-Périlleux, Tour de Challoël, Arche du Noyer aux enfants,
Tour Barbazan, Tour st Quentin, Tour David, Tour st Loup, Tour st Mathieu, Tour
Josué, Porte st Jacques, Tour Titus, Tour st
Nizier, Tour st Martin, Tour Hector, Tour st Augustin, Tour st Aventin,
Plateforme de Ryoteuse, Arche et Tour de Ryoteuse, Tour Ste Anne, Tour Cicéron,
Tour de Cordance, Tour Pompée, Plateforme de la planche-Clément, Tour de
Chappes, Arches et Porte de la Planche-clément,
Tour Hercule, Tour Ste Barbe, Tour st Denis, Tour st Etienne, Tour st
Dominique, Arches du ru Corde, Tour st Thomas, Tour Hannibal, Tour st Louis,
Tour Troylus, Porte de la Tannerie, Tour Cipion,
Tour des 4 fils Emond, Tour st Jean, Tour Gauppin (XVe), Tour st
Eloi, Tour Constantin, Tour st Michel, Tour des moulins-neufs, Arche Maury,
Tour St Gilles, Porte de Croncels, Tour aux Étoiles,
Tour Ferrandom, Tour Boileau, Tour Jason, Tour st Pantaléon, Tour aux Mystres
et Porte aux Mystres, Le Beffroi, Porte du Beffroy