- Château du Paraclet
à Ferreux-Quincey
En 1129, le théologien Abélard quitta le lieu où il était venu chercher paix et solitude, sous la protection du comte de Champagne. Sur son invitation, Héloïse vint y fonder une abbaye dédiée à l'Esprit Saint, qu’elle dirigea jusqu’à sa mort, en 1163.
Des bâtiments conventuels, vendus à l’encan en 1792, incendiés et finalement abattus, seul subsiste l’ancien logis de l’abbesse. Cette demeure aux lignes simples doit son charme aux légères irrégularités de son ordonnance et à l'harmonie de ses matériaux: chaînes de grès, encadrements de briques soulignant les travées, enduit ocré et tuiles de belle couleur.
Une ardoise gravée porte les armes de la famille La Rochefoucauld dont six représentantes furent abbesses du Paraclet, de la fin du XVIe siècle à la Révolution. La date de 1686 qui les accompagne doit correspondre à une complète restauration à partir d’éléments préexistants, comme le confirme la présence dans l’aile en retour d’une cuisine voûtée d’arêtes, munie d’un puits.
Érigé à l’époque romantique, un petit obélisque signale l'emplacement du sanctuaire, au-dessus du caveau où reposaient Héloïse et Abélard, avant le transfert de leurs restes dans le musée d'Alexandre Lenoir, puis au Père Lachaise.
Éléments protégés MH : le monument d'Héloïse et
d'Abélard, et sa crypte : inscription par arrêté du 6 juillet 1925. Les façades
et les toitures de l'ancien bâtiment conventuel avec l'ancienne cuisine voûtée
au rez-de-chaussée et l'escalier en bois de l'aile en retour ; les façades et
les toitures des granges est et ouest ; la grange nord-est ; le pigeonnier :
inscription par arrêté du 28 juillet 1995.
Propriété privée – ne se visite pas
- Château de
Plancy l'Abbaye
M. le baron Georges de Plancy a écrit une monographie sur ce marquisat, quelques notes historiques sur cette seigneurie.
« Le territoire de Plancy, sis aux confins de l’Aube
et de la Marne, possédait déjà à l’époque de l’occupation romaine dans les
Gaules, un oppidum ou château-fort commandant la voie romaine qui allait de
Troyes à Paris par Sézanne.
Le village n’existait pas encore. La localité la
plus proche (à 2 kilomètres), était un bourg nommé « Saturniacum », où vivait
au VIIe siècle un solitaire, saint Victor, qui a toujours été un grand honneur
pour la contrée, pour avoir renouvelé au mariage du roi Clotaire II le miracle
des Noces de Cana.
Plancy n’apparait guère comme village, que dans le
courant du XIe siècle. Son importance d’ailleurs, ne tarda pas à se manifester,
car dès 1273, le roi Henri III, comte de Champagne et de Brie, y faisait
transporter la foire de la Madeleine, qui, jusque là, se tenait à La Perthe.
Le plus ancien seigneur de Plancy que l’on
connaisse, est une dame Gille ou Gillette, qui vivait en 1080. Ses descendants
possédèrent cette seigneurie pendant de longues années et quelques uns d’entre
eux, prirent part aux Croisades.
Pendant la guerre de Cent ans, Plancy prit parti pour les Bourguignons.
En 1441, la terre de Plancy passa dans les mains de
la famille de Courtenay. Au XVIe siècle, un membre de cette famille, Charlotte
de Courtenay, par suite de son mariage avec Nicolas de La Croix, vicomte de
Semoine et de Longueville, la mit aux mains des La Croix.
Enfin, le mariage de Marie de La Croix, avec Gabriel
de Guénégaud, seigneur de Plessis-Belleville et de Saint-Just, la fit passer
dans la maison des Guénégaud.
En 1656, Henri de Guénégaud, secrétaire d’Etat, vit
sa terre érigée en marquisat. C’était un homme éminent, ami des arts et faisant
de sa fortune un noble usage. Mansart lui construisit à Paris un magnifique
hôtel, qui a donné son nom à la rue. Malheureusement, il fut injustement
enveloppé dans le procès de son ami le surintendant Fouquet et mourut disgracié
en 1676.
Plancy lui doit l’établissement de ponts sur l’Aube
et la création sur cette rivière de la navigation commerciale qui ne tarda pas
à y acquérir une grande activité.
La disgrâce d’Henri de Guénégaud, et les
confiscations qui l’avaient accompagnée, avait considérablement réduit la
fortune de la famille.
En 1714, Plancy fut saisi sur les descendants et
adjugé à Jean Moreau, écuyer, secrétaire du roi, dont le fils dut à son tour,
pour des raisons analogues, la céder à M. Claude Godard d’Aucour.
Le sixième fils de ce nouvel acquéreur Claude Godard
d’Aucour, baron de Saint-Just, seigneur d’Etrelles, né à Paris en 1769, a
laissé un certain nom dans les lettres. On lui doit notamment plusieurs opéras,
dont Boleldieu a écrit la musique, parmi lesquels : « La famille Suisse » et «
Jean de Paris », qui eurent une grande vogue en leur temps.
Le père de Claude Godard d’Aucour n’eut pas à se
louer de sa nouvelle acquisition. Il ne fut pas plutôt installé dans sa
seigneurie, qu’il vit les villageois lui opposer mille prétentions et
l’accabler de tracasseries sur toutes sortes de sujets. Il s’en consolait, en
se livrant, comme son fils à la littérature. Esprit distingué, homme de cour,
un peu frondeur, il a écrit, entre autres jolies œuvres, « Les mémoires turcs
», livre satirique dans le genre des « Lettres persanes », dont le succès fut
assez considérable.
Député de la Noblesse aux Etats-Généraux, emprisonné
sous la terreur, Godard Daucour ne dut son salut qu’au 9 thermidor. Mais en son
absence, la terre de Plancy avait été fortement démembrée, et une partie
seulement – importante encore, il est vrai – lui en fut restituée à son retour,
avec le château.
A sa mort, Louis, l’aîné de ses fils, abandonna ses
droits à son frère Adrien qui avait épousé la fille de l’archi trésorier
Lebrun, duc de Plaisance et qui fut membre du Conseil d’Etat, préfet de la
Nièvre en 1808, puis de Seine-et-Marne en 1810.
Celui-ci laissa 1 fille et 3 fils dont l’un, Auguste
premier écuyer du roi Jérôme, représentant du peuple au Corps législatif, fut
le père de M. le baron Georges de Plancy, l’auteur de la savante histoire du «
Marquis de Plancy ».
Dès 1900, le château de Plancy n’a plus rien de
l’aspect féodal qu’il dut avoir durant les longs siècles du Moyen Âge. C’était
alors un solide donjon surmonté de tours à créneaux et à mâchicoulis, bordé de
fossés sur lesquels le pont-levis traditionnel s’abattait pour permettre
l’entrée dans ses murs et possédant sa chapelle seigneuriale.
Tout ce qui reste de cette époque ne consiste plus
guère qu’en des meubles de famille et dans quelques détails de construction,
comme la plaque de cheminée reproduite ci-dessous, datant de 1600, timbrée aux
armes des La Croix.
Le château se présente sous l’aspect d’une vaste et
confortable habitation moderne à un seul étage que couvre un deuxième en
mansardes. Sa situation pittoresque sur les bords de l’Aube, ses grandes
pelouses et le magnifique parc qui l’entoure, en font une résidence superbe,
qu’illustrent de grands souvenirs historiques, depuis Gilette de Plancy,
jusqu’à Napoléon 1er, qui coucha au château le 19 mars 1814.
Dans les années 1980, le château a été réhabilité par ses nouveaux propriétaires M. et Mme Dirk Hermann Bliesener. 2010 décés du châtelain
En septembre 2012, l’entier mobilier du château de Plancy est mis aux enchères à l’hôtel des ventes de Troyes
Archives de la vente mobilière
Propriété privée (SCI) – ne se visite pas
Les premiers seigneurs de Fresnoy sont connus par un
acte d'échange de Gautier de Fresnoy avec l'abbaye de Larrivour vers 1140. Le
dernier seigneur connu était Pierre Piot, lieutenant du roi à Troyes. En 1789,
le village était de l'intendance et de la généralité de Châlons, de l'élection
et du bailliage de Troyes, ainsi que du bailliage ducal d'Aumont.
Les habitants se répartissent entre Fresnoy le
Château, Renault et le Haut Chêne. La commune regroupe également les fermes de
la Borde, du Plessis, du Champlalot ainsi qu’une ancienne Tuilerie dont la
grande cheminée domine le paysage. D’abord connue sous le nom de « Fresnoy »
comme une succursale de la commune de Clérey, elle fut érigée en commune en
1725. L’ajout du qualificatif « le Château » a été autorisé par un décret du 4
février 1919. Fresnoy ayant la même consonance que Fresnay, il y avait
confusion pour la correspondance.
Fief des Templiers au XIIIe siècle, Maison-forte en
1367, maison seigneuriale en 1627, démolie en 1829.
Le château actuel est dû à Louis Sébastien Grundler,
comte et général d'Empire. Les travaux commencent en 1833, et l'aile des
communs, qui s'ajoute au plan en U initial, est achevée en 1844.
Au cours du XVIIIe siècle, une basse-cour est
construite, la double enceinte de douves est réduite, et un grand parc avec
jardin à la française s'étend à l'arrière du château. La grille d'entrée est
posée en 1836. L'angle nord du parc est décoré d'un monticule formant
"escargot", présent dans les parcs du XVIIIe siècle.
La tuilerie du Plessis, faisant partie du domaine du château du Plessis, est antérieure à 1835. Une machine à vapeur y est introduite à une date inconnue, et un logement y est construit à la fin de la première guerre mondiale. Cessation d'activité milieu XXe siècle.
Éléments protégés MH : le logis, le bâtiment de
communs au sud du logis, l'orangerie, les douves, le pigeonnier, le pont, le
mur et les grilles d'entrée, l'ensemble du parc avec ses aménagements :
inscription par arrêté du 8 octobre 2001.
Propriété privée
- Château de
Pougy :
Existe en 1399, délaissé en 1616, emplacement reconnaissable en la contrée dite du Vieux-Château. Il était situé à l'entrée du village de Pougy, du côté de Verricourt, sur la rive droite de la route en direction d'Arcis. Il était placé à l'est de l'église et près de la rive gauche de l'Auzon.
Les vestiges de la motte castrale, appelée Tertre du
Guet, et des fossés sont encore perceptibles de nos jours, et la ruelle qui
longe son emplacement est nommée ruelle du Vieux-Château.
Il a d'abord été la demeure seigneuriale des
seigneurs de Pougy et a probablement été construit à la fin du XIe siècle ou au
début du XIIe siècle, puis a été remanié à plusieurs reprises au cours du temps.
La terre de Pougy est rachetée en 1399 par Marie de
France, duchesse de Bar, qui fait reconstruire le château, mais celui-ci
souffre du passage des Anglais lors de la Guerre de Cent Ans.
En 1553, Charles de Luxembourg, comte de Brienne,
fait de nouveau reconstruire le château, notamment les tours, et lui donne
l'aspect représenté dans la gravure produite par Louis Le Clert dans son Étude
historique sur Pougy en 1903.
En 1607, François de Luxembourg, premier duc de
Piney-Luxembourg, qui réside alors au château de Pougy, achète une maison
seigneuriale à Piney et en fait le siège de son duché puis fait refaire la
halle située sous ses fenêtres. En 1613, il meurt dans les murs du château de
Pougy.
En 1669, Louis-Henri de Loménie de Brienne fait dresser un devis pour la remise en état du château mais il ne donne pas suite à ce projet. En 1691, il se préoccupe de nouveau de l'état du château, mais celui-ci est déclaré inhabitable par son intendant1.
En 1705, son fils, André-Louis-Henri de Loménie,
fait de nouveau établir un devis pour réparer le château mais il ne fut pas
exécuté.
Le château est démoli peu avant 1742 et de
nombreuses pierres de taille sont réutilisées pour la construction du château
de Brienne.
Le château de Pougy était initialement constitué
d'une motte castrale surmontée d'un donjon. Les fortifications ont été
améliorées au cours du temps et le château a été entouré d'une double enceinte
de fossés. L'une entourait le château et la basse-cour, alors que l'autre
protégeait le château. Ces fossés étaient alimentés en eau par un ancien étang,
aujourd'hui converti en pré sur les bords de l'Auzon.
Dans la basse-cour du château était située la
chapelle castrale qui est devenue une collégiale avant d'être l'actuelle église
Saint-Nicolas.
Les seigneurs de Pougy auraient ramené des Croisades
le goût de la chasse au faucon et auraient ainsi fait construire une héronnière
aux abords de leur château, qui est transformée au début du XVIIIe siècle par
un parc avec verger, plantations et labyrinthe.
- Château de
Polisy :
Un tableau fut le joyau du château de Polisy, où le célèbre chroniqueur Nicolas Camusat, chanoine de la cathédrale de Troyes au XVIe siècle, a pu l’admirer et sur lequel il a écrit dans une de ses lettres :
« Si l’on en croit le jugement des peintres les plus habiles, ce tableau est le plus beau que la France possède ».
Sur ce tableau se trouvent représentés deux ambassadeurs de François 1er, dont l’un, Jean de Dinteville, cumulait les titres de Gouverneur du Dauphin (le duc d’Orléans), de bailli de Troyes, de seigneur de Polisy et de Bar-sur-Seine, et Georges de Selve. Un tableau pour lequel Jean de Dinteville, grand amateur d’art, n’a pas hésité à faire restaurer son château de Polisy par de grands artistes de l’époque et à y faire aménager une pièce spécialement conçue pour le mettre en valeur.
Ce tableau, est de dimensions très importantes, peint par Hans Holbein le jeune, sur un panneau de bois de 207 cm x 209,5 cm, donc presque carré, daté et signé en bas à gauche : « Johannes Holbein pingebat 1533 ».
C’est le célèbre tableau des Ambassadeurs, représentant Jean de Dinteville et Gérard de Selve, au milieu des vanités du monde et face à la mort. Le pavement copie fidèlement celui du sanctuaire de l’abbaye de Westminster exécuté au XIVe siècle. Les hommes sont séparés par tables, une petite très basse et une autre très haute et très large. Sur ces deux tables sont disposés tous les instruments symbolisant les fondements de la culture de cette époque, c’est-à-dire les 7 arts libéraux. Les livres représentent les 3 arts libéraux enseignés par la Sorbonne : la grammaire, la logique et la rhétorique. Les 4 arts libéraux enseignés au Collège royal, la musique, l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie, sont représentés par le luth, le globe terrestre, la sphère céleste, les compas, les sextants… tous des instruments très perfectionnés construits spécialement pour les savants de l’époque, en particulier Copernic et ses disciples.
Quelles sont les circonstances qui ont conduit à Londres les deux ambassadeurs de François 1er, Jean de Dinteville et Georges de Selves, et qui les ont amenés à y rencontrer le peintre Holbein ? Ce dernier, était partit d’Augsbourg en Allemagne, fuyant les troubles provoqués par la guerre entre catholiques et protestants. Il fit alors connaissance de Jean de Dinteville, jeune et élégant dandy, grand érudit et amateur d’art, ambassadeur du roi de France à la cour d’Angleterre, qui lui demanda de faire son portrait. Jean de Dinteville manda à Londres, au moment des fêtes de Pâques 1533, son ami Georges de Selve, le deuxième personnage représenté sur le tableau.
Le domaine de Polisy appartenait à la famille de Dinteville depuis le XIe siècle, mais on ignore à quelle époque a été édifié le plus ancien château à cet emplacement.
On sait qu’en 1390, au confluent de la Laigne et de la Seine, existait une demeure où résidait Itier de la Broce, écuyer des Dinteville, simple « maison tenant à la rivière Seine », mais non maison forte. Cette maison devait être garnie quand même de moyens de défense, puisqu’elle a été prise par les Bretons, c’est-à-dire les Anglais, pendant la guerre de Cent ans. Après le départ des bandes anglaises, le château de Polisy a été relevé de ses ruines et doté de tous les moyens de défense nécessaires en cette époque troublée.
En 1864, dans l’« Almanach de Bar-sur-Seine », Lucien Coutant publia une lithographie reproduisant un dessin anonyme daté de 1629 représentant le château de Polisy.
Au début du XVIIe, le château conservait donc encore ses tours et son pont-levis. Il devait probablement garder son aspect extérieur tel qu’il était du temps de Jean de Dinteville. Le gros œuvre était pratiquement terminé en 1544, mais les travaux de décoration intérieure dureront encore plusieurs années. Cette décoration avait été confiée à trois éminents artistes de l’époque, d’après une charte signée par Jean Thiénot, vicaire général de l’évêque de Troyes, agissant au nom du Primatice, alors abbé laïc de Saint-Martin-ès-Aires.
La présence à Polisy du Primatice et de
Dominique le Florentin, alors que la construction du château de Fontainebleau
n’était pas encore achevée, nous permet de mesurer l’estime que François 1er
portait à son ambassadeur et au gouverneur de son fils le duc d’Orléans. Jean
de Dinteville avait fait aménager en particulier dans son château, une vaste
salle au premier étage, à laquelle on pouvait accéder du salon situé au
rez-de-chaussée par un escalier creusé dans le mur d’enceinte qui mesurait à
cet endroit 1,70 mètre d’épaisseur. Le pavement de cette pièce était décoré
d’un carrelage, de 15 cm de côté, daté de 1545, du célèbre italien Serlio. Ce
carrelage se composait de trois compartiments octogonaux décorés chacun d’une
figure allégorique, une des trois vertus théologales : fides, spes, caritas, et des
armes des Dinteville. C’est dans cette pièce qu’avait été installé le tableau
de Hans Holbein. Le carrelage d’origine italienne du château était sans doute
destiné à faire pendant au carrelage également d’origine italienne peint sur le
tableau.
L'ancienne basse cour du château se compose d'une aile d'entrée, d'une grange, des anciennes écuries et d'un logement indépendant. L'aile d'entrée comprend le passage, le puits, l'ancienne laiterie ainsi que le cellier, vaste espace formé de deux vaisseaux voûtés sur croisées d'ogives.
Dans les années 1830, la basse cour a été complétée par une nouvelle
dépendance qui offre une serlienne. Le logis est séparé de la basse-cour par un
fossé. Il comprend, le long de la Laigne, un solide pavillon rectangulaire au
Sud, formant saillie, prolongé par une aile Nord. Cette partie a été
reconstruite entièrement par Jean de Dinteville. En effet, après ses ambassades
en Angleterre, Jean de Dinteville a pris la succession de son père comme bailli
du roi à Troyes et, dès 1537, il se retire à Polisy qu'il aménage jusqu'à sa
mort. Les travaux débutent par la basse cour, comme le rappelle l'inscription
de l'ancienne entrée. Ils sont terminés en 1544, comme le précise une autre
inscription dans les caves du château. On remarque la façade d'entrée qui offre
à l'étage supérieur une composition des années 1540 dans l'esprit de Serlio, où
des baies rectangulaires alternent avec des niches. A l'intérieur, il subsiste
des solives peintes et le décor peint d'une cheminée représentant une allégorie
de la « Justice » et de la « chasteté », qui accompagnait un magnifique
pavement de faïence vernissée daté de 1545.
Jean de Dinteville mourut dans son château en
octobre 1554, des suites d’une longue et pénible maladie. Dans la chapelle
privée attenante à l’église paroissiale qu’il avait fait auparavant restaurer
et où avaient été inhumés tous ses aïeux, on n’a pas retrouvé la trace de sa
tombe.
Après sa mort, le château de Polisy passa aux mains
d’une nièce, et bientôt devint la propriété de la famille Choiseul, qui, au
XVIII° siècle le transforma intérieurement, en créant des pièces plus basses
que celles du XVIe siècle et en les décorant de lambris. Une nouvelle entrée
avec un perron et des pavillons en saillie est aménagée entre 1777 et 1842.
L'extension néo XVIIIe, au Nord du corps de logis, date des années 1903-1908 et
marque la fin des transformations du château.
Que reste-t-il du château des Dinteville qui faisait miroiter sur les eaux de la Seine ses tours crénelées et son pont-levis imposant ? Une vieille bâtisse semblable à d’autres bâtisses de la même époque où toute animation s’est éteinte.
A la Révolution, le château fut vendu comme
bien national avec tous ses meubles et tous ses objets d’art. Le tableau
d’Holbein fut retrouvé dans une vente publique aux enchères publiques à Paris,
le 25 avril 1787 et fut acquis par un marchand d’art qui se hâta de le revendre
en Angleterre en 1892. A partir de 1803, le tableau aurait fait partie de la
collection du comte de Radnor à Long Casrel, avant d’être acquis par la
National Gallery à Londres en 1890.
L'ensemble du château a été très endommagé par un
incendie en 1992.
L'exceptionnel pavement de faïence vernissée du
château de Polisy a été acquis par l'État en 2008, pour le musée national de la
Renaissance, à Écouen, grâce au mécénat du groupe Axa, et est classé trésor
national. Par son ampleur et la vivacité de ses couleurs, ce précieux
témoignage sur le décor des châteaux français et les liens privilégiés entre
l'Italie et la France à la Renaissance permet de mieux appréhender un type
d'œuvres rarement préservées jusqu'à nos jours. Le musée de la Renaissance à
Écouen enrichit ainsi une très belle collection de carreaux de pavements.