lundi 3 février 2025

Intempéries et Inondations dans l'Aube

 Intempéries 


Nous pensons avoir eu l’hiver le plus rigoureux, l’été le plus chaud, la tempête du siècle, un orage exceptionnel, l’inondation la plus importante, le plus grand incendie de tous les temps, le virus unique au monde……..

Voici seulement quelques exemples qui vous prouveront que tout cela est cyclique, et a été pire dans le passé !

De la fin de janvier au mois de mai 1204, la sécheresse fut continuelle, et les chaleurs de mars furent aussi grandes que les plus vives ardeurs de l'été.

9 novembre 1228, une terrible tornade s’abat sur Troyes, renversant dans les forêts une grande quantité de chênes et de hêtres. Le vent fut si violent qu'il provoqua la chute des parties hautes du chœur de la cathédrale.

« En 1297 le peuple fut effrayé par une éclipse de lune et par une comète dont les rayons étaient lancés tantôt vers l'Orient et tantôt vers l'Occident. Ces phénomènes que l'on considère aujourd'hui d'un autre œil, furent regardés comme les avant-coureurs de la famine qui désola la France en 1304 ».

Schéma d’une éclipse lunaire tiré de De Sphaera Mundi par Johannes de Sacrobosco, 
vers 1240 après J.-C. Bibliothèque publique de New York


30 novembre 1309, un orage d’une violence excessive renverse plusieurs maisons, déracine et brise les arbres, et endommage un grand nombre d’églises.

6 août 1363, le tonnerre tombe sur la tour de l’église Saint-Loup.

La foudre tombe sur la cathédrale en occasionnant de très gros dégâts en 1382 (endommage la charpente), 1385, 1511 (endommage les panneaux d’une verrière), 1556 (grands dégâts au clocher), 1579, 1618, 1640, 1677 (l’évêque Malier voit d’une fenêtre de l’évêché, le tonnerre tomber sur l’édifice), 1697 (endommage considérablement la toiture), 1700 : « le fluide électrique embrase le sommet du clocher. Malgré les efforts tentés, la flamme gagne l’aiguille qui plane au-dessus de la ville, et qui ressemble à une torche ardente dont les lueurs grandissantes jetaient au loin de sinistres clartés… ».

« En l’année 1417 se leva un foudre ou tonnerre et merveilleuse tempête qui ne dura pas moins de quatorze heures. Toutes les récoltes de la terre furent détruites, foudroyées et battues mieux et plus que fléaux, et plusieurs personnes furent tuées à Lhuître. Certaines trouvées mortes avec les os tous comminuez et des rompuz sans que la peau et la chair fussent aucunement entamez ».

Un jour de février 1472, vers 6 h du soir, alors qu’il faisait très chaud, « il descendit du ciel deux grandes clartés comme deux chandelles, passant devant les yeux des regardants, qui semblait être fort épouvantable et en issait malt grande clarté, mais ce ne dura guère ».

L’hiver 1564-65 « fut long et difficile, qui causa de grandes pertes dans Troyes et y répandit la désolation. Pendant les gelées qui durèrent près de 3 mois, il tomba une si grande abondance de neige que la terre en fut couverte de la hauteur de deux à trois pieds. Plusieurs personnes furent perdues dans ces neiges et moururent de froid ».

 A la fin du printemps 1577, « celui-ci s’adonna à la chaleur, grande pour la saison à cause de laquelle s’engendrèrent des nuées en l’air, qui causèrent des grêles et des orages si terribles que les biens des champs en furent gâtés et perdus, et y fut la foudre si cruelle que le pays pensait être en quasi-abîme. La grêle y fut si grosse que l’on trouva des loups morts dans les champs, que les lièvres et agneaux furent également trouvés morts… ».

11 janvier 1584, le clocher de Saint-Remi est frappé de la foudre, l’ouragan cause de grands dommages dans Troyes.

4 juin 1605, à Vendeuvre, une fille s’étant mis à l’abri sous un poirier est tuée d’un coup de foudre.

L’année 1608 fut longtemps appelée l’année du grand hiver. Le froid très-âpre dura plus de deux mois sans discontinuer. Le cours des rivières fut entièrement interrompu par l’épaisseur de la glace. Les plantes furent gelées jusqu’à la racine, plusieurs personnes furent trouvées mortes de froid sur les chemins, et une partie des bestiaux périt faute de fourrage. Le dégel ne causa pas moins de dégâts, les glaces rompirent les ponts et les chaussées.

16 juillet 1613, Nicole Carrée est tuée d’un coup de foudre près du château de La Villeneuve-au-Chêne.

1617, la foudre tombe sur le clocher de Saint-Pierre à Bar-sur-Aube, et fait fondre les sept cloches !

17 janvier 1653, à Rigny-le-Ferron, à 6 h du soir, arrivent « un grand tonnerre et des éclairs et énormément de grêle qui brise beaucoup de vitres, tant dans l’église que dans tout le pays ».

L’hiver 1658, la gelée dure 2 mois avec beaucoup de neige.

15 juin 1660, jour de la Fête-Dieu, un orage s’abat sur Éclance. « Un bourgeois y est tué par la foudre ».

Incendie d’une cathédrale au Moyen Age


Août 1667, un homme est tué d’un coup de tonnerre à Villehardouin.

Les mois de juillet et août 1691 furent d’une sécheresse extrême, ce qui engendra quantité de maladies : « le 17 août de la même année, ajoute la note du registre paroissial, une grêle exorbitante a fait un dégât notable depuis la Brie jusqu’en Lorraine, particulièrement de l’avoine et du chanvre, ce qui a rendu ces denrées extrêmement chères ».

Les vicaires généraux de Troyes donnèrent, en mars 1692, la permission de manger des œufs pendant le carême, tant à cause de la guerre que pour la rareté et la cherté des poissons et légumes. Tout le mois de mai fut extraordinairement froid, chagrin, malsain, ce qui a rendu l’année maussade, les terres impraticables la moisson et la vendange fort tardives, les fruits sans goût, le vin sans qualité, le pain sans prix.

18 mai 1701, à Lusigny est inhumée Antoinette Noël, 21 ans, qui « a été tuée d’un coup de tonnerre ».

24 mai 1706, à 7 h ½ du soir, le tonnerre tombe sur la flèche du clocher de Saint-Pierre à Bar-sur-Aube et le feu se communique « rapidement aux 3 dômes ». Ce même jour, à 8 h, le clocher de l’abbaye de Clairvaux est détruit par la foudre.

25 mai 1706, à Chavanges, la grêle cause de grands dommages, le tonnerre tombe sur le clocher et aussi sur le clocher de l’église Saint-Pierre de Bar-sur-Aube.

21 juillet 1707, à Lusigny, on enterre trois femmes décédées, ayant reçu la foudre sur leurs faucilles.

Janvier 1709 les orages et les pluies recouvrirent la terre d’eau. Mais le jour des rois la gelée prit avec tant de violence que les blés, les vignes et tous les arbres fruitiers périrent. Les fleuves s’arrêtèrent dans leur cours, les pierres se fendirent, les liqueurs se figèrent... La gelée dura tout le mois de janvier, et 400 personnes moururent de froid ainsi qu’une grande quantité de bestiaux ».

27 juin 1713, la foudre tombe sur le clocher d’Hampigny et y met le feu.

23 juin 1720, à Montfey, à 4 h du matin, il tombe pendant près d’1/2 heures, une grêle           « grosse comme des œufs, cornue, de la hauteur du genou, poussée par un grand vent et sans pluie, qui a perdu tout ce qui était semé, sans récolte pour les terres, les vignes, les prés, les chenevières, les arbres, les fruits, les jardins, tout a été foudroyé. L’orage est aussi tombé sur toutes les paroisses voisines… ».

19 octobre 1726, des phénomènes météorologiques jettent l’effroi dans la population. Le bruit de la fin du monde se répand et la foule épouvantée remplit les églises. Le ciel est en feu, des lueurs électriques le sillonnent, accompagnées de détonations.

Le 16 mai 1728, un évènement des plus terribles mit la ville de Troyes à deux doigts de sa perte. Sur les huit heures et demie du soir, après quelques coups de tonnerre, il tomba une grêle si forte avec tant de rapidité qu’on n’en avait jamais vu de pareille. Elle était de la grosseur des œufs de pigeon, elle tomba ensuite comme des œufs de poule, et enfin il sembla que c’étaient des quartiers de grosses pierres cornues de six à sept livres qui brisaient et fracassaient tout. Les vitres et les tuiles tombaient des maisons, les églises ne paraissaient pas assez sûres pour ceux qui s’y étaient réfugiés, et il était impossible de sortir sans courir le risque d’être écrasé. Le lendemain, on voyait encore de la grêle de la hauteur d’un homme.

15 août 1733, deux personnes sont inhumées à Bragelogne « tuées dans les champs par le feu du ciel ou par le tonnerre ». La nuit du 17 au 18 janvier 1739, il s’élève « un vent impétueux qui dure la journée. Plusieurs clochers, maisons et moulins à vent sont renversés, les arbres sont déracinés, les églises sont considérablement endommagées ».

30 juin 1742, dans l’après-midi, un violent orage s’abat sur la région de Soulaines, de Morvilliers et d’Epothémont. Deux jeunes gens de 21 et 24 ans qui gardent des bestiaux, sont foudroyés sous un arbre qui les abrite : « leurs visages et leurs estomacs sont tout noirs et brûlés.

15 août 1746, la foudre incendie une ferme d’Epagne et ses dépendances.

27 juillet 1751, une jeune fille de 18 ans « frappée par le tonnerre dans l’église de Fontenay de Bossenay, décède ».

30 août 1761, le clocher de St-Urbain est frappé par la foudre. C’est depuis ce jour que l’on voit l’informe tabatière servant d’abri à la sonnerie.

27 juin 1764, la foudre détruit l’église de Pont-sur-Seine.

27 juin 1772, un orage détruit 8 granges à Gumery.

24 mai 1773, trois hommes « réduits en cendres par le feu du ciel ».

27 juin 1783, la foudre tombe en 20 endroits, dont l’église St Nizier.

Janvier 1784,  la Seine est entièrement prise, on peut la traverser « sans péril ». Les routiers meurent sur les grandes routes, on ne rencontre de tous côtés « que des gens asphyxiés par le froid », on ne peut parvenir à chauffer les maisons, les habitants couchent tout habillés. Les lièvres, les perdreaux, pressés par la famine, arrivent dans les villages, aux portes des étables, on en prend une quantité innombrable. Les loups envahissent aussi les habitations des populations rurales, il faut leur faire une guerre acharnée pour les mettre en fuite.

8 septembre 1788, deux hommes foudroyés à Précy-St-Martin.

Du 27 novembre 1788 au 10 janvier 1789, une gelée des plus intenses sévit. Elle atteignait l’eau des puits à une grande profondeur et le vin dans les caves. « De nombreux hommes saisis par le froid périssaient sur les routes, on se couchait tout habillé, on trouva deux enfants morts dans leur lit, les moulins furent arrêtés par suite de la congélation des cours d’eau, la municipalité fit monter un appareil pour moudre le blé à bras.  6.000 ouvriers troyens chôment et sont sans pain, sans chauffage ».

L'hiver au Moyen-Age

20 janvier 1795, le thermomètre tombe à - 22 °. Sur les rivières, il y a 15 pouces de glace, et « on peut y marcher comme sur la route ». En décembre-janvier, la gelée dure 40 jours consécutifs.

7 juin 1864, un habitant de Jessains foudroyé.

12 juin 1900 à Trancault, un attelage et le charretier, frappés par la foudre, tombent en cendres.

En 1907, un vendangeur est foudroyé à Venteuil.

1913, à Val Perdu, deux chevaux foudroyés. 

7 juillet 1919, la foudre tombe sur le clocher de l’église des Riceys « qui flambe comme une torche ».

7 juin 1921, la foudre détruit le clocher de l’église de Pel-et-Der, du XVIe siècle.

10 août 1921, la foudre détruit la toiture de l’église St-Pierre de Bar-sur-Aube. (encore)

1925, à Courtisols, un homme, abrité sous un arbre, est foudroyé et tombe en cendres. A Rumilly, une femme et son fils qui chargeaient une charrette de foin sont foudroyés, ils n’ont jamais été retrouvés.

16 juillet 1928, un homme foudroyé à Lavau.

13 juin 1930, un cultivateur de Magny Fouchard tué par la foudre.

22 juillet 1933, un cultivateur tué par la foudre à Poivres.

28 mars 1966, à Bagneux-la-Fosse, un cultivateur est foudroyé.

3 août 1974, deux cultivateurs et leur fils, de Marigny-le-Châtel sont foudroyés.

8 août 1975, le clocher de l’église de Soulaines touché par la foudre, s’écroule.

19 juillet 1976, 10 moutons sont carbonisés à Magny-Fouchard par la foudre.

18 juin 1977, violent orage, spectacle d’Apocalypse, la foudre détruit « la vénérable statue de Notre-Dame des Vignes », qui dominait Neuville-sur-Seine.

La foudre eut quelquefois des effets bénéfiques.

Par exemple, en août 1843, à Plancy, elle tombe sur un atelier où se trouvent 30 ouvriers. L’un d’eux, atteint de douleurs rhumatismales très aiguës, sent le fluide frapper son métier, passer sur son visage et tous deux sont « lancés »  à quelques pas. Depuis la secousse qu’il a reçue, il n’a plus jamais ressenti de douleurs rhumatismales !

De même, en 1898, M. Ferrot, aubergiste à Ramerupt, atteint de rhumatismes aigus aux jambes, ne se déplaçant difficilement qu’avec 2 cannes, et que tout effort fatigue, est frappé chez lui par la foudre. Ranimé difficilement au bout d’une dizaine d’heures, il s’aperçoit avec une surprise émerveillée, que ses rhumatismes ont complètement disparu ! Un guérisseur, très coté, n’a connu son talent qu’à la suite d’un coup de foudre. C’est depuis son accident qu’il a le don. En revanche, il ne peut plus conduire de voiture automobile : le moteur s’arrête dès qu’il prend le volant !

Le 29 juin 2015, nous apprenons que Météo France installe un radar dernier cri à Avant-lès-Ramerupt, qui permet une analyse plus fine, en temps réel des précipitations tombées dans l'Aube et bien au-delà. Les radars les plus proches sont implantés à Nancy et Dijon. 

Radar de Météo France à Avant-lès-Ramerupt – Aube (10)



Les inondations

La première inondation, dont les annales de la ville de Troyes a gardé le souvenir, a lieu en septembre 584 : la Seine, « sortant avec impétuosité et subitement de son lit, ravage les campagnes, renverse les édifices et entraîne un grand nombre d’hommes et de bestiaux ».

Les pluies continuelles, qui tombent en 846 et 853, causent de grandes crues.

En 846, les inondations sont si considérables, que les eaux envahissent les habitations et détruisent plusieurs maisons.

Au mois de décembre 1206, il y a une si grande inondation, « qu'on ne se souvenait point d'en avoir vu de pareille ». 

En décembre 1279 et janvier 1280, les eaux montent et la Seine se répand dans tous les environs. Son impétuosité ravage une grande partie du pays : « rien de ce qui se trouvait sur son passage ne résistait à sa violence, et la plupart des ponts de Troyes furent renversés et brisés.

L’hiver de 1296 est si pluvieux, que la Seine quitte son lit, emporte les moulins, rompt les ponts, et cause les plus étranges ravages.

De 1374 à 1377, Troyes, outre le fléau de la guerre est désolé par des débordements de la Seine, qui font d’immenses ravages. Une maladie contagieuse est le résultat de ces intempéries, et la ville demeure presque déserte.

En 1389, les digues « qui maintiennent les eaux dans leur lit pour les conduire dans la ville, sont rompues ». Ce fait paraît indiquer une crue extraordinaire.

Les années 1437 et 1438, « furent remarquables par les pluies continuelles qui causèrent la perte de toutes les récoltes ».

Le 10 juin 1460, la Seine déborde et la vallée est inondée. 

Le 13 juillet 1481, des pluies abondantes causent une grande inondation. L’évêque Louis Raguier accorde des indulgences à ceux qui communient « pour apaiser la colère de Dieu ».

En 1526 et 1527, Troyes souffre une fois de plus des inondations.

Le 2 mai 1529, les eaux s’élèvent à Troyes « à une hauteur si considérable, qu’elle rompent le pont de Saint-Jacques.

Le 24 juin 1539, il y a une inondation désastreuse pour la banlieue de Troyes.

En juin 1541, il ne cesse de pleuvoir, pour arrêter les inondations, le 12 juillet, des processions sont faites, on y porte notamment, les reliques de saint Loup.

 

Les 21 et 22 juillet 1543, le maire de Troyes fait lever les vannes de tous les moulins en dessous de la ville, jusqu’à Méry, pour éviter l’inondation.

Le 2 décembre 1547, inondation générale du Quartier Bas, où l’on navigue en nacelles dans tout le faubourg Saint-Jacques. Il y a 3 pieds d’eau rue du Bois (rue Gal de Gaulle).

En octobre 1550, la pluie est tellement abondante, que les digues de Saint-Julien sont emportées, des maisons démolies, de nombreux animaux emmenés par les eaux. On navigue en bateau jusqu’à l’Hôtel-Dieu.

Le 11 juin 1553, la banlieue de Troyes est encore inondée.

Le 15 octobre 1555, il pleut en abondance, les eaux passent sur la chaussée qui conduit de Troyes à Pont-Hubert « élevée de plusieurs mètres ». On traverse la vallée en bateau pendant 8 jours.

De fin septembre 1561, au mois de février suivant, les pluies tombent pratiquement sans interruption. Les habitants de la banlieue de Troyes abandonnent leurs maisons submergées. Les abbayes de Notre-Dame-des-Prés et de Montier-la-Celle communiquent entre elles au moyen de nacelles.

L’hiver 1564-1565, lors du dégel, grande inondation : le grand pont de la Seine entre Les Mathurins et Foicy est emmené, le pavé est enlevé, l’eau passe sur la chaussée à plus de 3 pieds, les maisons de Preize et des Tauxelles en sont pleines et plusieurs personnes sont noyées.

A partir du 28 novembre 1582, jusqu’ à fin avril 1583, les pluies sont continuelles, on ne peut plus approcher de la ville de tous côtés, plusieurs maisons sont emmenées par les eaux. Les eaux entrent dans l’église du couvent des Mathurins, situé à l’extrémité du faubourg Saint-Jacques. Les quartiers du Temple et du Comporté sont envahis par l’inondation.

A partir du 6 juin 1596, il pleut pendant 6 semaines sans discontinuer. Les eaux se répandent dans toute la vallée, l’église des Mathurins est à nouveau envahie par les eaux, ainsi que la plus grande partie du faubourg Saint-Jacques. « Ces pluies sont la cause d’une profonde misère ».

L’année 1610 est remarquable par les grandes eaux qui débordent pendant l’été et couvrent les prés des environs de Troyes.

Le 6 février 1641, toute la banlieue de Troyes est submergée, à la suite de pluies excessives. On ne peut aller à Preize et aux environs de la ville, qu’en bateau. Beaucoup de bestiaux périssent.

Le dégel, l’hiver 1658, cause une si grande inondation que la banlieue de Troyes, le faubourg Saint-Jacques et celui de Preize, sont envahis par les eaux, on ne circule qu’en bateaux dans ces quartiers, les chaussées du faubourg Saint-Jacques sont rompues.

Pendant l’hiver 1678-1679, les grandes eaux endommagent les chaussées et les digues des environs de Troyes, et notamment la chaussée qui relie Troyes à Saint-Parres. Les dégâts sont tels, que les habitants des villages voisins travaillent par corvées aux réparations des chaussées, et réparent la rupture du canal de la Seine à Sancey (Saint-Julien) pour éviter une plus grande crue et remettre l’eau dans le canal ordinaire.

Le 19 juin 1697, il pleut pendant 3 jours et 3 nuits, les hameaux des Tauxelles et de Chaillouet sont détruits. Au bout de 24 heures, il pleut de plus en plus fort, les eaux débordent et passent comme un torrent devant la Trinité Saint-Jacques. De 52 maisons, il n’en reste que 5, qui menacent ruine. Le ruisseau de la Vienne, ne pouvant couler, inonde la partie méridionale de Troyes, et met en ruine plusieurs maisons. Au prieuré de Foicy, les murailles sont renversées, le 7 juillet, il est encore impossible d’y aborder : les religieuses se retirent au premier étage, où elles demeurent de nombreux jours sans pouvoir communiquer avec l’extérieur. L’église a 3 pieds d’eau, plusieurs arbres déracinés, des moulins emmenés, des personnes noyées. Tout le quartier de Saint-Denis et de Saint-Aventin est inondé, l’eau va jusqu’au retable de l’autel de Notre-Dame-en-Isle. Le quartier de Jaillard est aussi envahi par les eaux, 30 maisons y sont renversées, et toutes doivent être reconstruites. Le prieuré de Notre-Dame-en’l’Isle voit tomber ses murailles et l’eau monte dans la chapelle, jusqu’au maître autel sur lequel il y a 2 pieds d’eau. Les digues, sensées mettre la ville à l’abri des inondations, sont enlevées aux trois-quarts de lieue de longueur et un grand nombre de bestiaux meurent noyés. 5 ponts sont détruits.

En janvier 1701, le maire de Troyes requit de faire lever les vannes " à cause de l’élévation excessive des eaux".

En 1711, le prieuré de Foicy est inondé, et en 1712, une nouvelle inondation cause de grands dommages à « nos toiles et futaies, étendues dans les blanchisseries ».

En décembre 1737, les pluies continuelles grossissent tellement la Seine, que les bois flottés se répandent dans des endroits forts éloignés du lit de la rivière.

Fin du printemps 1740, avec la fonte des neiges et les pluies abondantes, les eaux se répandent en grande abondance, inondant plusieurs cantons : les Tauxelles, le faubourg Saint-Jacques, le Pré-l’Evêque, sont couverts d’eau jusqu’à la hauteur de 3 pieds, dans le Quartier-Haut de la ville, les caves sont remplies, et cela dure jusqu’aux fêtes de Noël, « surpassant le débordement de 1697 ». Le 21 décembre est le point culminant des eaux, qui couvrent la chaussée de Saint-Jacques de plus d’1 mètre et remplissent l’église des Mathurins. Les quartiers de la Tannerie et du Temple sont submergés.

Lors des crues considérables de 1750 et 1754, le Maire de Troyes est obligé d’employer pendant plusieurs jours, plus de 200 ouvriers « qui sont relevés la nuit, par un pareil nombre, éclairés avec des flambeaux et des pots à feu, pour travailler, sans discontinuer, aux ouvrages de la Seine, à réparer des vannes que les grandes eaux ont considérablement endommagées, et rétablir les chaussées en danger d’être emportées, ce qui aurait causé la ruine des faubourgs et rompu les communications des routes d’Allemagne et de Champagne ».

En 1758, les débordements de la Seine à cause des grandes pluies, endommagent les récoltes.

En 1764, l’inondation est considérable à Troyes.

Début mars 1772, très grande crue, en raison des pluies très abondantes, il y a une très grande crue, et les bois préparés pour le flottage, sont dispersés par les eaux, les grandes vannes des Moulins-Brûlés sont enlevées, les murs servant de clôture aux prisons de Troyes, baignés par l’un des canaux qui arrosent la ville, sont renversés sur une longueur « de plus de 20 toises ».

Dans la nuit du 13 au 14 mai 1779, l’eau arrive avec impétuosité et inonde la banlieue de Troyes, le faubourg Saint-Jacques et celui de Preize, sont submergés, les digues sont rompues en plusieurs endroits, les blanchisseries souffrent beaucoup. La Vacherie fut submergée : les habitants se virent obligés de se sauver à Troyes en nacelles. La seine avait crû de 10 pieds au-dessus de son niveau habituel. La Seine ne regagne son lit, qu’après le 22 mai.

Du 15 mars à juin 1782, les pluies continuelles causent des inondations, dont les pertes sont évaluées à plus de 500.000 livres.

Le 22 février 1784, la fonte des neiges amène une très forte crue. 

Les prières publiques de mai 1786, font cesser les pluies qui durent depuis 3 mois, et « l’on remarque que la pluie cessa aussitôt après ».

En 1802, 1400 maisons ont 1 à 2 mètres d’eau, les digues sont rompues et 8 ponts sont emportés.

« Il est en souvenir que les années 1816 et 1817, sont  les 2 années les plus constamment pluvieuses du XIXe siècle ».

On trouve au « Journal des débats » du 9 mai 1836,  une lettre datée de Troyes, dans laquelle on lit : « Les pluies abondantes, tombées depuis plusieurs jours ont élevé le niveau de la Seine à une hauteur qu’elle n’avait jamais atteint depuis 40 ans. L’inondation est effrayante, le courant passe au-dessus de la vanne dite des Flotteurs, et les travaux exécutés cet hiver au déversoir de Saint-Julien ont été détruits par les eaux. Plusieurs points de la digue comprise entre Saint-Julien et le Pont-Hubert sont crevés et laissent passer l’eau qui inonde le hameau de la Vacherie. Le rez-de-chaussée de nombreuses maisons du faubourg Saint-Jacques et du Pont-Hubert est également submergé. Le pont de Chessy a été entraîné par les eaux dans la nuit du mercredi 4 au jeudi 5 mai. Les environs de Saint-Parres sont entièrement couverts d’eau, les villages de Pont-Hubert, de Lavau et de Culoison, sont également baignés par les eaux ». Le 8 mai, on écrit encore de Troyes : « La Seine a presque entièrement submergé la plaine qui environne la ville. Les jardins, les prairies, les terres nouvellement ensemencées sont recouvertes de plus d’1 pied d’eau et déchirés en plusieurs endroits par des courants qui y laisseront des dégâts considérables ».

Le même journal du 2 décembre 1836 : « La Seine est débordée dans toute l’étendue de son cours, à une grande distance au-dessous et au-dessus de Troyes. Le flot provenant des grandes vallées est arrivé à Troyes dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 novembre. La partie inférieure des Trévois a été submergée, les parties basses ont été inondées. Le rez-de-chaussée des maisons situées dans les Tauxelles est également rempli d’eau. Dans une grande partie du département, les chemins sont impraticables. 

En mars 1844, la digue des Tauxelles est rompue sur 600 mètres, le spectacle est terrifiant, on sonne le tocsin, il n’y a qu’un mot d’ordre : « Tous aux digues ! ».  La troupe, les charpentiers, 200 personnes « se ruent au travail avec acharnement ».

En 1851 est constitué le Syndicat des Digues et Canaux, qui évite toute inondation jusqu’en 1910.

En 1864, Th. Boutiot écrit : « Les faits concernant les crues excessives de la Seine appartiennent au passé, sont pour la plupart oubliés. Aujourd’hui, nous croyons que l’on peut, à l'aide du télégraphe électrique, se prémunir contre l’invasion subite des eaux en cas de sinistre, et se mettre à l’abri de malheurs trop fréquents dans le passé, en usant des mesures les plus vulgaires de préservation, mais en veillant toutefois, avec sollicitude, à l’entretien et à la consolidation des digues qui couvrent la ville de Troyes et sa banlieue ».

Et pourtant ! ! ! !

Le 21 janvier 1910, la Seine passe par-dessus ses digues, et inonde Troyes et sa banlieue, avec 60 centimètres d’eau jaunâtre. Les habitants montent leur mobilier dans leurs greniers. Le 22 janvier, l’eau envahit toute la ville, les écoles sont évacuées, les usines chôment, les services municipaux sont interrompus, les tramways ne marchent plus… Le Maire met à la disposition des habitants qui ne peuvent plus loger chez eux, l’Ancien Evêché, l’usine Knapp, le Petit Séminaire, avec de la paille et des couvertures… Dans la nuit, le tocsin jette l’alarme, les clairons appellent les habitants à sortir de leurs demeures, on déménage à la lumière des torches, les habitants emportent seulement leurs objets les plus indispensables, les enfants, pieds nus, à moitié vêtus, pataugent dans l’eau. Le Pont-Hubert est emporté par les eaux furieuses, le quartier des Charmilles est sous 1 mètre 50 d’eau. Le courant est si fort dans les rues Fortier et de Gournay, que deux soldats et leurs chevaux, venus au secours des habitants, sont renversés par le courant. Les cavaliers sont sauvés, mais les bêtes se noient. Seules les barques sont utilisées. Malheureusement, on signale des cas de pillage. Le 26 janvier, le niveau de l’eau commence à baisser. Il y a plus de 7.000 sinistrés !

Les charmilles - 22 janvier 1910 - Troyes


Place de la Préfecture - Basilique Urbain IV - 1910


Une grande inondation a lieu le 21 juin 1951 : la Nouvelle Vienne vagabonde parmi les vergers et potagers, transformés en rizières. Le 29 juin, il y a 1,20 m. d’eau dans de nombreuses caves. Endives, carottes et salades sont sous l’eau.

Le 13 janvier 1955, montée subite des eaux : le bras de Seine du Pont de la Pielle à la rue Fortier, inonde les propriétés. On endigue le flot au moyen de sacs de terre, avec le secours de 50 militaires, pour consolider la digue du Labourat et celle de Foicy. Beaucoup de demeures sont envahies par les eaux. On héberge 300 personnes dans l’ancien Séminaire Saint-Martin-ès-Aires, et 40 à la maison des Jeunes.

Le 6 septembre 1958, alors que se déroulait une grande braderie en ville, un épouvantable orage éclate. En moins d'une heure, que de dégâts ! Des trombes d'eau transforment les rues en torrent, la foudre frappe à plusieurs reprises et provoque des incendies, les marchandises des commerçants de la braderie sont perdues, des grêlons gros comme des pouces d'hommes, succèdent à l'eau... 40 à 50 cm d'eau dans les rues du Général de Gaulle, Raymond Poincaré... dans les magasins, des voitures sont emportées par le courant, au Quartier bas, nombre d'habitants sont obligés d'évacuer leur domicile... la violence des coups de tonnerre est telle qu'un homme, à la terrasse d'un café meurt commotionné... les commerçants de la braderie ont perdu pour la plupart, de 1.000.000 à 1.500.000 F.

Juillet 1976, un été à 36° à Troyes, un violent orage s’abat sur la ville de Troyes, les rues sont inondées, les bouches d’égout n’arrivant plus à avaler toute l’eau du ciel. A cette époque j'habite rue de la Pierre, et je me rends à la "Calanque" pizzéria célèbre dans la ville, où je rejoins des amis. Surprise, il y a 10cm d'eau dans le restaurant.

Mai 2013 : la presse titre : « 15.000 foyers face à la montée des eaux », « Les lacs pleins à ras bord », « Les maires sont sur les dents », « La Seine s’invite dans les maisons »… pendant plus de 2 semaines, tous les média ; presse locale et nationale, toutes les radios, toutes les chaînes de TV…. ne parlent que de « l’Aube en vigilance ». Le pire : Buchères : la distillerie, l’entreprise de transport LTT, la scierie, les habitations… des chevaux, des vaches, des moutons, des ruches… sauvés in extremis… Mais aussi : Pont-Sainte-Marie, Clérey, Villemoyenne, Fouchères, Verrières, Fouchy, Pont-sur-Seine, Nogent-sur-Seine…

 

Fouchères en 2013

Enfin, les titres des média changent à compter du 10 mai : « Troyes sauvée des eaux, la crue se déplace en aval », mais « 10.000 hectares de terres agricoles sinistrées », « La prudence est toujours de mise »… M. Valls, ministre de l’Intérieur et Delphine Batho, ministre de l’Environnement, confirment sur place, le 10 mai, avec François Baroin, « l’Etat de catastrophe naturelle ». Le pire, c’est après, c’est le retour des propriétaires dans leurs maisons où l’eau se retire, mais où tout est perdu.

 Pour préserver l’agglomération troyenne d’inondations semblables, le Grand Troyes décide de réaménager et renforcer les digues. Les travaux gigantesques, commencés en août 2013, ne sont pas encore terminés fin 2015.

Mai 2016, dans certaines régions de France, la crue dépasse celle de 1910 ! Notre département est particulièrement épargné, et le lac de la Forêt d'Orient, par des retenues, évite des inondations à Paris, le Zouave du Pont de l'Alma ayant de l'eau jusqu'aux genoux ! !

Le 24 janvier 2018, le pic des crues arrive dans l'Aube, principalement à Bar-sur-Aube et Bar-sur-Seine, et les affluents : l'Ource, la Laigne, l'Aujon, la Barse et l'Hozain.

Le débit de la Seine évalué à plus de 170 m3 par secondes pourrait encore augmenter et dans l'Aube, les spécialistes évoquent déjà le fait que l'on pourrait se rapprocher des deux plus grosses crues de 1910 et 1955.

Le 26 janvier 2018, le Préfet de l'Aube, Thierry Mosimann a confirmé ce matin que le pic de crue de l'Aube était attendu en début de semaine prochaine pour Troyes et son agglomération.

 



Selon ses informations :

200 pompiers sont mobilisés

43 routes départementales et communales sont coupées à la circulation

La décrue est bien amorcée pour Bar-sur-Aube et Bar-sur-Seine.

170 foyers demeurent encore privés d'électricité

L’agglomération troyenne sera touchée quelques jours plus tard : Verrières, Buchères, Bréviandes, Saint-Julien-les-Villas et Troyes seront les plus touchées, les inondations et routes barrées un peu partout.

Buchères en 2013


Une ferme isolée par les eaux - Aube (10) - 2013


Virey-sous-Bar en 2013


Le lundi 19 juin 2023, Dampierre a été touchée par une montée des eaux suite aux orages. Certaines rues ont été couvertes par plusieurs centimètres d'eau boueuse, rentrant parfois dans les maisons.

Dampierre en 2023


Samedi 29 juin 2024  L'orage a frappé Troyes (Aube) et ses environs vers 19h00. Très rapidement, des trombes d'eau se sont abattues. Les bourrasques ont provoqué des chutes de branches d'arbres, et épisodiquement décroché des volets sur certaines habitations, selon un témoin sur place. Jusqu'à 3400 personnes ont été privées d'électricité dans le département de l'Aube.

Dans le secteur de Rosnay-l'Hôpital (Aube), près de Brienne-le-Château, une chute d'arbre a provoqué la mort de trois personnes sur la route départementale D396, le dimanche 30 juin.

Selon la procureure de la république de Troyes, "en plein orage, le véhicule les précédant s'arrête sur la voie afin de retirer une branche barrant la route. Le véhicule des victimes s'arrête également à quelques mètres derrière ce véhicule. C'est à ce moment que le tronc d'un arbre situé dans un jardin privé se brise en raison des conditions climatiques venteuses et vient écraser le véhicule des occupants."

La ville de Troyes soufflée par le vent

La situation était particulièrement impressionnante dans les parcs de la ville de Troyes, fermés à 16h00 pour prévenir tout risque. La mairie a aussi annulé un événement festif prévu au parc des Moulins, prévu au lendemain.

Des chutes d'arbres (pas que des branches) ont pu être signalées localement. Sur les routes, des dégâts ont pu être constatés sur le mobilier urbain, entravant la circulation déjà peu facilitée par les chutes de branches.

Troyes centre - Juin 2024

Le service département d'incendie et de secours (Sdis) de l'Aube est submergé d'appels provenant de l'agglomération troyenne. Le Pays d'Amance, dans le sud du département, est également concerné. Les pompiers sont intervenus une centaine de fois après le passage de l’orage dans l’Aube, essentiellement pour des caves inondées, des bâchages de toitures, des tuiles envolées, des arbres déracinés et des branches sur les chaussées.

 

La vie continue....

Les grands incendies de Troyes

 Les grands incendies de Troyes

1855 - Incendie à la gare ferroviaire de Troyes

Dans l’histoire de notre vieille cité de Troyes, les incendies sont aussi multiples que désastreux. Cela ne surprend pas, étant donné, d’une part :

- que le bois fournissait presque exclusivement la matière employée dans les constructions d’antan,

- que les maisons et couvertures étaient en bois avec des revêtements de même matière,

- que les rues étaient alors encombrées d’auvents,

- que les moyens d’extinction étaient aussi rares que primitifs,

- que le feu était favorisé par le peu de largeur des rues, très étroites…

Les Capucins faisaient alors office de pompiers et, pour éteindre le feu, on se servait de grosses seringues à main. Combattu par de tels procédés, le feu avait beau jeu. Aussi, chaque fois qu’une cause accidentelle ou une main criminelle l’apportait dans quelque coin du vieux Troyes, on en était quitte pour voir disparaître tout un quartier.

On connait le terrible incendie de 1524 qui détruisit un tiers de la ville.

En 1686, un autre sinistre eut des ravages considérables.

Je vais vous en faire les « reportages » :

En 888, les Normands investissent la ville et l’incendient.

Le 23 juillet 1188, Troyes est en grande partie détruite par un violent incendie. L’abbaye  de Notre-Dame aux Nonnains est détruite, la collégiale de Saint-Etienne, le Palais des comtes,  la cathédrale sont la proie des flammes. Des  religieuses de Notre-Dame périssent au milieu des flammes, les titres de l’abbaye sont brûlés. Les riches ornements des églises, les vases d’or et d’argent, ne peuvent être sauvés.

En mai 1209, une grande partie de Troyes est consumée par les flammes.

Le grand incendie de 1524 détruit 3 000 maisons, sinistre 7 500 Troyens. Les 5 grosses cloches Saint-Jean-au-Marché sont fondues. Quantité de magasins de grain, de vin et de marchandises sont consumés. Cet incendie détruit le quartier le plus riche et le plus commerçant de la ville.

Le 4 mai 1530, le feu consume plus de 60 maisons soit environ 80 ménages.

Le samedi 26 mars 1551, un grand feu arrivé au Couvent des Cordeliers et lors fut fait des sceaux d’osier vert en place de ceux en cuir... et il fut décidé par le Conseil que tous charpentiers, couvreurs se doivent trouver avec leurs outils convenables en telles occurrences... 

Suite au feu arrivé le 13 novembre 1569, dans l’ église Saint-Denis, " injonction est faite, par le Conseil, à tous les chapitres, abbayes, prieurés et fabriques paroissiales d’ avoir des sceaux de cuir ou d’osiers, même d’avoir des échelles et crochets... "

En 1574 et 1583, le feu ravage l’Hôtellerie du Croissant,  rue de Croncels.

Le 22 juin 1681, vers minuit, le feu prit en la grande rue, près de l’Hôtel Dieu de Saint Nicolas, dans la maison du nommé Langlois pâtissier, lequel, revenant de la campagne fort fatigué, mit du bois à sécher dans son four. Le feu prit dans les fagots. Il y eut cinq maisons de brûlées, le tout consistant en 10 à 12 ménages. La perte fut grande pour les pauvres incendiés. Le grand embrasement dura jusqu’à 6 heures du matin. Ledit Langlois et son enfant furent consumés dans les flammes : lui, tout brûlé, il ne se retrouva que le tronc du corps, pour l’enfant, rien ne se retrouva. La femme se jeta par la fenêtre, se fracassa, mais ne mourut point. Le feu dans les caves y parut encore plus de 12 jours après, jusqu’au 9 juillet, auquel jour, on eut recours à l’eau parce que les poutres se consumaient encore dans les caves.

Le 26 octobre, chez un boulanger proche de la rue du Beffroi, à 10 heures du soir, 2 maisons et 5 enfants sont entièrement brûlés.

Le 10 septembre 1686, un considérable feu détruit l’un des plus beaux quartiers de Troyes (Saint- Nicolas - Place Jean Jaurès). L’embrasement dure trois jours. Plus de 150 familles sont sans habitation, plusieurs même réduites à la mendicité. Les hôtelleries " L'écu de Bourgogne ", " L'hôtellerie du  Laboureur ", " L'hôtellerie du Mulet ", sont détruites.

Le 27 du même mois il y a encore 11 maisons brûlées faubourg Croncels.

En décembre 1696, le feu prend aux " Etuves aux femmes " sur le rû Cordé (près de la rue Passerat). Sur 9 corps de logis, 6 sont détruits.

Le 7 octobre 1700, la foudre tombe sur la cathédrale et y met le feu. Le tocsin de toutes les églises de Troyes sonna. Il ne resta plus rien, ni du clocher, ni de la charpente.

Le 22 octobre 1701, trois maisons sont brûlées proche l’Hôtel de Ville.

Le 15 novembre 1709, un incendie détruit 2 maisons, une jeune fille est consumée dans les flammes.

Le 16 février 1717, le feu s’en prend au collège “ à l’heure de quatre après-midi au bâtiment et chambres où sont toutes les classes des humanités depuis la rhétorique jusqu’à la sixième “, si bien qu’il n’est plus possible aux pères de l’Oratoire de continuer à enseigner leurs élèves.

Le 30 novembre 1719, “ la ville fut alarmée par un incendie qui se déclara aux prisons sur les huit heures du soir dans l’appartement des femmes. Ces prisonnières avaient mis ce feu dans l’espérance de se sauver par ce moyen; on accourut pour y porter du secours, mais les prisonniers qui regardaient ce secours comme un obstacle à leur délivrance, jetaient des pierres à tous ceux qui se présentaient, et plusieurs personnes en furent blessées; cet appartement fut consumé par les flammes, mais aucun prisonnier ne put s’évader “.

Le 10 octobre 1721, c’est à l’abbaye royale de Saint Loup qu’a lieu un incendie, " proche de la pierre d’amour ". Celle-ci se trouvait rue de l’Ordre Boue (4 rue Michelet). L’incendie cause un dommage considérable tant à cette abbaye qu’aux maisons voisines. " Il est secouru avec une diligence et une ardeur extraordinaires ". A cette occasion " on avait fait conduire les trois pompes à jeter eaux, ensemble les crochets, échelles et seaux d’osier tant dans le magasin de l’ Hôtel de ville que celui de la porte Saint Jacques montant à plus de sept cents sceaux, lesquels machines, crochets et échelles ont été presque toutes brisées comme aussi les sceaux d’osiers dont la plus grande partie s’est trouvée brûlée. De même furent consumés un grand nombre de flambeaux qui ont été pris chez divers ciriers. Sur quoi la Ville décide par la même délibération de faire faire 200 sceaux d’osier neufs et échelles et crochets et de payer les flambeaux sur les mémoires présentés par les marchands ciriers ... "

Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1727, des scélérats coupèrent les cordes de quinze puits dans la  ville, et, par dérision, allèrent les accrocher aux portes des officiers de police. Cette audacieuse témérité jeta le trouble et l’épouvante parmi les habitants, parce que s’il fut arrivé quelque incendie, on n’aurait pu y apporter les secours nécessaires.

Le 17 janvier 1729, 20 maisons sont la proie des flammes. L’eau gelait à mesure qu’ on la jetait sur le feu.


Incendie de Troyes 1524


En mai 1524, sous l’empire de craintes légitimes, nos ancêtres relevaient les vieilles murailles de leur cité, et s’apprêtaient à repousser, les armes à la main, et à l’abri de leurs nouvelles fortifications, les attaques de l’ennemi qui les menaçait. Ils publiaient les édits de leurs grandes foires, alors connues du monde entier, et pour eux source d’abondantes richesses. Cependant, l’ennemi n’était pas alors pour les habitants de Troyes, le seul motif de crainte. Des froids prématurés, qui s’étaient fait sentir dans toute la France, avaient en novembre 1523, gelé les semences des blés et presque anéanti l’espérance de la récolte. Aux horreurs d’un siège, on pouvait voir s’ajouter les souffrances de la disette. Aussi, dans leur prévoyante sollicitude, les habitants de Troyes amassaient également à grands frais les provisions et grains nécessaires pour passer les mauvais jours qu’ils pouvaient redouter.

La guerre, les apprêts de la disette, et les affaires, telles étaient donc à Troyes les préoccupations du moment, lorsqu’un terrible incendie, en dévorant par les flammes la partie la plus riche et la plus opulente de la ville, vint changer en une triste et désolante réalité les craintes éloignées encore que semblait réserver l’avenir. Cette catastrophe que nos ancêtres ont appelé « le grand feu », fut si épouvantable, qu’elle a laissé, dans les générations qui ont suivi, des traces d’une profondeur telle, que plus de 4 siècles après, ce souvenir n’est pas échappé.

Le mardi 24 mai 1524, « la veille de la fête de la Saint-Urbain, et l’avant-veille de la fête du Saint-Sacrement », de 10 à 11 heures du soir, le feu éclata dans une maison habitée par un apothicaire nommé Moussey, « sise au coin de la rue de l’Epicerie (donnant rue Emile Zola), vis-à-vis de celle du Grand Sauvage (cet hôtel où descendaient les marchands de Montauban durant les foires), ainsi qu’on entre en la rue du Temple (Général Saussier), en venant du palais appelé la Salle du Roi (Place du Préau) ».

Le feu se manifesta avec une vivacité extrême, et à peine les premiers secours commençaient-ils à s’organiser, « qu’en un instant, bruit et clameur fut qu’en plus de 50 autres maisons, et en divers lieux et quartiers de cette dite ville était compris ».

Le feu, favorisé par le peu de largeur des rues, très étroites, et aussi parce qu’il avait été mis simultanément en divers quartiers, se développa avec une telle intensité et une telle violence que bientôt il fut certain que tous les efforts pour en arrêter les terribles progrès seraient inutiles. Aussi, les habitants, consternés, éperdus, cernés par l’incendie qui les enveloppait de toutes parts, durent se résigner à abandonner aux flammes leurs demeures avec leurs mobiliers, les provisions amassées pour l’avenir et leurs riches marchandises, et par la fuite, échapper aux dangers qui les menaçaient eux-mêmes.

L’incendie, libre dans sa marche désastreuse, sévit du mardi 24 mai, 10 h du soir, jusqu’au surlendemain 26 mai, à 3 h du matin, c’est-à-dire pendant 28 heures consécutives ! Pendant ce temps, les flammes avaient parcouru tout l’espace compris depuis la rue Saint-Vincent-de-Paul jusqu’aux portes de Croncels et du Beffroi, et l’ancien Hospice Saint-Abraham (rue Jaillant Deschainets), où elles semblent s’être arrêtées faute d’aliment.

Les pertes éprouvées furent très importantes, « immenses et incalculables ». Dans cette partie de la ville se trouvaient les rues spécialement consacrées aux magasins des riches marchands qui fréquentaient les foires de Troyes. A côté de ce quartier était celui des Changes, habité par les plus riches négociants de la cité, puis le Marché-au-Blé, l’Etape-au-Vin, la rue de la Monnaie. 22 rues furent la proie de cet incendie. On évalue à 3.000 le nombre des maisons brûlées. Tout l’espace construit entre le grand portail de l’église Saint-Jean et de l’église Sainte-Madeleine, du côté du couchant, fut également détruit. En effet, ce fut sur l’emplacement de maisons brûlées que Claude de Marisy éleva le remarquable hôtel qui forme l’angle des anciennes rues de Lorgnes et du Mortier d’Or. A la destruction de tant de maisons particulières, il faut ajouter celle des édifices publics : la porte de Croncels, le château de la Vicomté, près de Saint-Nicolas, l’Hôtel des Monnaies, la porte du Beffroi, la tour qui existait auprès de cette porte et dans laquelle se trouvait « une cloche d’une extrême et admirable grosseur, qui était tenue et réputée la plus grande de la chrétienté, pesant 4 milliers, dont la matière découlait à val par les rues, qui offensa beaucoup de personnes ». Puis la perte plus considérable encore de 7 édifices religieux : la moitié de l’église de Saint-Jean-au-Marché, avec son clocher et les 5 cloches qui s’y trouvaient, l’église de Saint-Jean-du-Temple, l’hospice du Saint-Esprit, les églises Saint-Pantaléon (dont la construction primitive datait du XIIe siècle et était construite en bois) et de Saint-Nicolas, l’Hospice de Saint-Bernard (sur l’emplacement de l’Hôtel de France, rue de la Monnaie) et celui d’Abraham ou des Filles-Repenties (rue Jaillant-Deschainets).

Nous n’avons jamais su s’il y avait eu des malheureux qui trouvèrent la mort sous les débris enflammés de leurs maisons, jamais n’ont été évaluées les pertes immenses en meubles, marchandises, les provisions détruites par le feu ou perdues par le pillage auquel se livrèrent les malfaiteurs « et gens sans aveu » qui se trouvent toujours dans les grandes villes, jamais n’ont été décrites les scènes de désolation et de désordre dont la ville fut le théâtre pendant que s’accomplissait ce drame. Ce fut la stupeur, la consternation, la terreur même dont les habitants furent frappés par cette catastrophe qui, en éclatant lorsque l’ennemi était presque aux portes de la ville, lorsqu’une disette était imminente, laissait présager d’autres dangers aussi terribles peut-être. Nous n’avons que les récits de témoins.

Une question  grave et impérative se soulève : si cet incendie a eu pour cause première la malveillance, et tous les documents contemporains sont unanimes pour écarter un simple accident ou une imprudence, quels sont les auteurs de ce drame et sous quelle inspiration ont-ils agi, si l’on ne considère que ce soit la suite d’une vengeance privée et personnelle. Les « boutefeux », en admettant leur existence et leur organisation, étaient-ils les agents de Charles-Quint, le chef de la coalition armée contre la France, ou ceux du connétable de Bourbon, l’âme de la guerre qui se faisait alors, ou bien acteurs,  pour leur propre compte, avaient-ils cherché, dans ces scènes de trouble, les occasions d’un pillage facile et impuni ?

Le lendemain, 25 mai, on trouva un jeune garçon de 13 à 14 ans qui essayait de mettre le feu dans la maison d’un épicier. Ayant été arrêté et interrogé, il avoua, qu’à la sollicitation de quelques soldats inconnus qui lui avaient fait de grandes promesses, il s’était déterminé à cette action avec d’autres de son âge, et ils montrèrent de l’argent, qu’ils lui avaient donné à cette intention. On arrêta plusieurs de ces boutefeux, et la cour fit passer à Troyes quelques signalements. « Ils étaient au nombre de 343 ayant divers signaux, soit pour indiquer que les compagnons étaient dans la ville, soit pour donner à connaître que le feu était mis, soit enfin pour désigner le chemin que les incendiaires avaient pris ». Le feu a-t-il été mis par des boutefeux qui étaient à Troyes ? On a alors signalé 4 ou 6 hommes qui, chaque jour, changeaient de vêtements, tantôt ils étaient vêtus en marchands, tantôt en aventuriers, d’autres fois en paysans, quelquefois ils avaient des cheveux, d’autres fois ils n’en avaient pas… Tous n’étaient pas âgés de plus de 14 ans ! Ils déclarèrent que des gens inconnus les avaient poussés à mettre le feu et que leur projet était de brûler toute la ville. On prétendit que les matières inflammables avaient été préparées à Naples. L’un des hommes, qui tombèrent sous la main de la justice, confessa que la ville de Troyes était vendue ainsi que celle de Paris « et que c’était à un, qui se disait monsieur de Bourbon ». Les pères des enfants, qui avaient subi le supplice du feu, furent gardés en prison pendant un certain temps, puis la même peine leur fut infligée.

De nombreuses arrestations furent opérées tant à Troyes, qu’à Paris, Meaux et autres villes, la justice « mit sous sa main », surtout des étrangers inconnus. Des informations  furent suivies devant la cour du grand Bailli, à Troyes, et devant la cour du Parlement.

Le 5 juin, le Parlement fit amener de Troyes à Paris le père de 2 enfants accusés d’avoir mis le feu. Ils furent brûlés devant lui et ce père subit le même sort que ses enfants, après avoir dénoncé « beaucoup de gens qui furent pris ». De nombreuses arrestations se firent à Troyes et à Paris. Ceux qui furent arrêtés dans cette dernière ville furent enchaînés 2 à 2 et employés au curage des fossés de la porte Saint-Honoré.

Nicole Pithou écrit : « Si cette désolation était si triste et pitoyable cet horrible spectacle le fut plus encore à cause de plusieurs pauvres personnes de tout sexe et de tout âge, étrangers ou non, mais avec furie et jetés, comme boutefeux, sans jugement ni avis au milieu des flammes par un populaire forcené et rendant l’âme en jetant des cris et des hurlements horribles. Ces pauvres savoyards, porteurs et patenôtres et de fluteaux de St-Claude, trouvés en ville, reçurent de bien mauvais traitements ».

Dès le 27 mai, lors d’une assemblée générale, il est décidé qu’en raison des craintes venant de l’extérieur, les portes et les murailles seront immédiatement réparées au moyen de travaux exécutés de jour et de nuit. En raison des bruits de guerre, la même Assemblée décide la formation d’une compagnie de 600 hommes, armés de manière à défendre la ville et à se mettre en campagne. La ville demande une levée de deniers sur les greniers à sel du royaume et sur la gabelle. On chasse les vagabonds, on défend aux habitants de sortir « avec bâtons à feu » soit de jour soit de nuit, l’hôtel de ville est gardé par 2 postes. Le 2 juin, il est créé un « étroit conseil », composé de 9 personnes : 6 laïques et 3 ecclésiastiques. Ce conseil est en permanence et décide de tous faits et ordonnances de police, de défense, de guet et de garde. Les portes de la Tannerie, de Comporté et de la Madeleine sont fermées, afin de surveiller plus facilement les étrangers entrant en ville ou en sortant. Les vagabonds seront visités et fouillés, puis renvoyés sans leur permettre d’entrer en ville. Celles du Beffroi, de Croncels et de St-jacques gardées avec soin, restent seules ouvertes. Ordre est donné de ne laisser entrer en ville aucun étranger inconnu. Les déblais de l’incendie sont conduits dans les faux-fossés pour les combler.

Le 5 juin, il est prescrit de faire « le guet dormant ». Cette sorte de guet se compose  d’un poste de 2 ou 3 hommes, placés au coin des rues et dans les carrefours, à des distances qui permettent à ces postes de communiquer entre eux sans déplacement. Défense est faite de porter des bâtons à feu, dans la ville, après 10 h du soir, sous peine de la hart et d’être assommé comme ennemi du roi et de la chose publique.

Le 8 juin, le maire et les échevins ordonnent la démolition des ponts jetés sur les canaux de dérivation, au-dessous et à l’extérieur des remparts, afin de mieux se rendre compte de la circulation qui se fait par et autour de la ville.

Le 9 juin, le Conseil décide qu’il sera demandé au roi qu’il veuille bien ordonner que les rues des quartiers détruits par l’incendie soient élargies et que toutes constructions soient éloignées des murailles d’au moins 40 pieds. 

Les Troyens se relevèrent des pertes qu’avait occasionnées cet affreux désastre. On rebâtit les maisons et autres édifices, on reconstruisit les églises, les particuliers reconnurent leur terrain et se replacèrent à peu près dans les mêmes endroits.

En 1545, dans les reconstructions qui suivirent cet incendie de 1524, on « taille » des images saintes. On les place sur les façades des maisons reconstruites ou réparées. Mais « la réforme en fit détruire un certain nombre ».

Ce terrible incendie, en consumant une partie de la ville, n’avait que trop justifié les sollicitudes de la municipalité, qui profita de cette grande circonstance « pour apporter remède à ce mal ». C’est à cet incendie et aux règlements qui ont suivi, dès le 9 juin, que l’on dût l’élargissement des principales rues du « quartier haut ».


Incendie de l’Ecu de Bourgogne




En 1686, dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 septembre, un sinistre, dont les ravages devaient être considérables, éclate dans le quartier du Beffroi.

Dans le haut de la place du « Marché-au-Blé » (aujourd’hui place Jean Jaurès), l’emplacement où se trouve la Halle (aujourd’hui Bourse du Travail), était occupé par 3 hôtelleries : l’« Ecu de Bourgogne », le « Bon Laboureur », le « Bougelot », et par une maison particulière.

« Vers 10 heures du soir, le jour susdit, le feu prend à l’Ecu de Bourgogne, dans 40 à 60 tonnes de sucre, appartenant à un marchand d’Orléans descendu dans l’hôtellerie ». Ce sucre avait été mouillé dans la traversée du gué de Saint-Liébaud (Estissac) et on le faisait sécher sur des fourneaux. En quelques instants, l’Ecu de Bourgogne flambe de la cave au grenier.

Mais, le fléau ne devait pas s’arrêter là. Bientôt, et quoique séparée par la chaussée, la maison du conseiller Doé, dans la rue Saint-Nicolas, s’allume à son tour, puis l’Hôtel du Mulet, qui la touche et où se trouve une provision de bois pour 3 ans, et, de l’autre côté, et contigus à l’Ecu de Bourgogne, le Bon Laboureur et la maison suivante deviennent la proie des flammes.

Les secours n’arrivent pas. Il n’y a pas de seaux, presque pas d’eau, et par malheur, les magistrats, on ne sait trop pourquoi, refusent de laisser employer le moyen habituel en ces cas désespérés : « couper les maisons les plus proches pour sauver le quartier ».

Quelques heures plus tard, le feu a consumé toutes les maisons situées à côté de l’église Saint-Nicolas jusqu’au rempart et toutes celles qui forment le commencement de la rue de la Pierre et de la rue de la Clef-de-Bois (actuellement rue François-Gentil). Quand on parvient à l’éteindre, le lendemain à midi seulement, 52 maisons étaient détruites !

On avait voulu obliger les charretiers qui amenaient la vendange en ville à déménager sur leurs voitures le mobilier des sinistrés et à transporter des muids d’eau sur le lieu de l’incendie, mais plusieurs, par crainte de périr, s’y refusèrent et menacèrent de tuer leurs chevaux plutôt que de se soumettre à ces ordres.

Comme bien on pense, ce fut la ruine pour beaucoup de Troyens. Un moment même, on craignit pour l’église Saint-Nicolas et l’on transporta le Saint-Sacrement à l’hôpital Saint-Bernard, situé place du Marché-au-Blé, sur l’emplacement des numéros 30 et 32 actuels.

En même temps, le clergé de la Cathédrale faisait une procession pour demander à Dieu la fin de ce fléau. A 8 h du matin, le doyen portant le reliquaire de la vraie croix, la procession descendit la rue Notre-Dame, passa par la petite rue Saint-Pantaléon (rue Turenne aujourd’hui), le rue du Marché-aux-Noix, le Marché au Blé, l’Etape-au-Vin (place Audiffred) et vint s’arrêter à la Belle-Croix (place de l’hôtel de ville), où l’on chanta le « Vexilla regis ».

Les Ursulines, établies à Troyes en 1628, avaient acheté depuis peu l’hôtellerie du Dauphin dans la rue de ce nom, où elles avaient ouvert une école gratuite de filles. Leur immeuble très vaste et ses dépendances s’étendaient à proximité des maisons embrasées et les pauvres filles furent pendant plusieurs heures, pendant plusieurs jours même, dans des transes mortelles. En outre chez les bonnes sœurs pour prendre de l’eau à leur puits, « tout un peuple d’indiscrets et de pompiers d’occasion, affamés et altérés », en profitèrent pour boire et manger aux dépens de la communauté : « Toutes les bonnes gens qui tiraient l’eau, savaient bien trouver où était le pain. On en mangea une cuite. Le vin n’était pas épargné, on le tirait à seaux, mais par prudence l’officière en avait serré quelques pains pour le besoin de la communauté… ». La plupart des religieuses commencent à perdre la tête et la supérieure, plus morte que vive, court à la chapelle faire le vœu que « tout le couvent se donnera la discipline si le feu s’éteint ». L’incendie paraît s’apaiser un moment, mais il reprend de plus belle. Les bonnes sœurs déménagent leur mobilier, tandis que les Capucins combattent le feu, qui, d’ailleurs, continue à gagner du terrain et atteint maintenant le couvent.     

« Le feu prend à la tête d'une sœur dont le voile brule… On sonne au tour pour avoir les clefs des religieuses et on dit aux sœurs tourières de se jeter par les fenêtres si elles ne veulent pas être brulées... Les Ursulines donnent tous les draps pour les mouiller et les étendre aux endroits où il y a le plus de danger… On tire, 3 personnes à la fois, 5 heures d’horloge au grand puits, sans qu’il tarit… Les sœurs infirmes, qui ne peuvent travailler, sont en prière devant le Saint-Sacrement… Les sœurs déménagent le mobilier, tandis que les Capucins combattent le feu qui continue à gagner du terrain et atteint le couvent… Tous les chers enfants sont levés dès minuit, les parents de la plupart les envoient quérir leur petit mobilier… ».  

Plusieurs jours se passent ainsi. Le feu reprend de temps à autre par place. Les peureuses se sauvent de tous côtés aux premiers accents du tocsin. Quelques autres, plus hardies, et déjà habituées au danger, n’en continuent pas moins la besogne ordinaire. Avant de s’enfuir, une sœur, a soin d’emporter sa plus belle robe et de laisser sa vieille. Une autre met trois voiles sur sa tête, pour en prêter à celles qui ont perdu le leur, et plusieurs mouchoirs dans les deux poches… « pour essuyer les larmes en cas qu’il fallut sortir ». La supérieure écrit le récit de ses angoisses : « … nous continuâmes le reste de la journée nos exercices, jusqu’à environ les 3 heures, qu’on sonna de nouveau le tocsin, où nous nous trouvâmes promptement et quelques autres furent pour fermer les portes des dortoirs pour empêcher l’entrée des séculiers qui étaient le mercredi entrés partout, et je puis vous dire que les planchers de notre communauté, église, dortoirs, cellules… sont aussi crottés que les rues. Nous avons bien besoin d’huile de bras pour remettre le tout en son premier état… ». Les boulangères, pendant ce temps, pétrissent à tour de bras et la cuisinière met sur le feu des confitures qu’elle n’est pas sûre de manger. La mère supérieure raconte : « Nous avons veillé toutes les nuits, à ma part que je ne me suis pas déshabillée 5 ou 6 jours de suite ».

Le terrible incendie de 1524 avait détruit un tiers de la ville, celui de 1686 fit lui aussi des ravages considérables.  

 


3 Nov. 1914, trois usines et une carrosserie disparaissent dans les flammes

4 mars 1917 – Incendie rue de Turenne,
5 maisons détruites, la Maison Poiral classée MH part en fumée


24 décembre 1951, 9 h, cinq morts : un accident dramatique, dont le bilan est effroyable, se produit au pont du mail Dominique. Un camion d’un entrepreneur public venant d’Arcis-sur-Aube, avec 4 personnes à bord, à l’entrée étroite et dangereuse de ce pont provisoire, glisse sur une pellicule de gelée blanche. Le camion heurte de pont, la fragile balustrade cède et il bascule dans les eaux, les roues en l’air. La cabine n’est plus qu’un cercueil ! Un homme réussit à s’échapper, on ne sait comment. Les pompiers arrivent, le sortent hors de l’eau, et une ambulance le conduit promptement à l’hôpital. Hélas, il y succombe quelques instants après, victime d’une fracture du crâne. Un canot est mis à l’eau avec deux sapeurs pompiers, qui fixent un câble d’acier à l’essieu du camion, qui est relié au cabestan du bulldozer de la ville qui vient d’arriver. On relève les vannes, pour permettre l’abaissement des eaux. Mais le courant entraîne la barque des deux sauveteurs qui sont engloutis dans un flot à 5°. L’un, bon nageur, périra victime d’une congestion. Le second réussit à saisir le filet qu’on lui tend. Après une succession te tentatives infructueuses, ce n’est qu’à 13 h 30 que l’on parviendra à sortir de l’eau un cadavre, et à 15 h 30 un autre. Le corps du pompier ne sera retrouvé que le lendemain vers 22 h, et celui de la dernière victime, est introuvable.      

6 juillet 1954 : en ¾ d’heures, le campanile de l’Hôtel de Ville de Romilly-sur-Seine, symbole de la cité, a été détruit par les flammes. La toiture et les combles de l’édifice public ont été entièrement dévorés. Tout l’intérieur de l’immense quadrilatère municipal, du second étage au rez-de-chaussée a été inondé... Il était 16 h 50, lorsque le concierge de la mairie voulut actionner la sirène installée dans le campanile. Un faible mugissement jaillit, vite étranglé et le signal d’alarme se rompit… M. Camuset maire, était dans son bureau, il s’élança vers l’endroit approximatif avec un extincteur… 16 h 55 : une fumée très épaisse, blanche et noire fuse de la toiture. 17 h : la fumée devient de plus en plus dense, l’évacuation du matériel et des mobiliers s’effectue. 17 h 05 : les flammes commencent à sortir de la toiture, les ardoises éclatent. 17 h 15 : la toiture est complètement en flammes et tout le campanile est embrasé. 17 h 20 : les pompiers mettent en action leurs lances. 17 h 30 : le campanile s’effondre. 17 h 35 : les pompiers réussissent à combattre efficacement l’incendie de l’extérieur. Sur place, on note avec les pompiers de Romilly, les services de secours des ateliers SNCF, les pompiers de la base aérienne, les pompiers de Nogent-sur-Seine. Arrivent un peu plus tard de Troyes, 2 camions citernes et une pompe à grande puissance, soit 3 pompes et la grande échelle. 18 h 30 : le sinistre est maitrisé. 20 h : les petites lances noient les foyers épars. Un travail énorme a été réalisé par des déménageurs improvisés : les logements de 4 locataires, la salle des mariages, les bureaux du maire, des adjoints, du secrétaire général, la comptabilité, les bureaux du rez-de-chaussée, la salle de la Justice de Paix ont pu être vidés de tous leurs meubles, objets et papiers de quelque valeur. Au total, 11 personnes ont perdu leur habitation. Les dégâts se chiffrent à plusieurs dizaines de millions de francs. Les causes de cet incendie ne furent établies, peut-être un court-circuit.

16 juin 1955, 8 h 30 : les Papeteries de Champagne (Ets Bolloré), rue de la Providence sont la proie des flammes. Il fallut des heures d’efforts et plus de 100 pompiers permanents auxquels se joignirent les pompiers volontaires appelés par les sirènes, ainsi que ceux de la Papeterie et ceux des Ets Lambretta, pour venir à bout du sinistre. Après 2 h 30 de lutte, le danger de propagation fut écarté. Les constructions sont détruites, ainsi que 500 tonnes de matières premières, lin et chanvre, nécessaires à la fabrication du papier à cigarette, qui représentaient une réserve de 3 mois. Les dégâts sont estimés à 100 millions. Plusieurs sauveteurs furent blessés.

9 août 1955 : un violent incendie éclate faubourg Croncels et détruit une maison d’habitation et trois bâtiments abritant les ateliers, le garage et le magasin des Ets Tisserand spécialisés en installation de moteurs et matériel agricole. Le feu a pris vers 15 h 30 et a détruit outre les bâtiments, 1 camion et 1 voiture toute neuve. Au bout d’une heure, il fallut faire appel aux pompiers volontaires. A 17 h, tout danger était écarté. Les dégâts sont estimés à 20 millions.

 12 janvier 1956 : de l’église de Vaudes, qui datait des XIIe et XVIe siècles, il ne reste plus rien que les murs de fondation. Un gigantesque incendie l’a détruite. Vers 20 h, le lieutenant de pompiers alerte le maire : « ca brûle dans le clocher de l’église !». Impossible de donner l’alarme dans le pays, puisque les cloches qui sonnent le signal en pareil cas, se trouvent dans la partie embrasée. La pompe à bras est peu efficace, et lorsque le centre de Lusigny arrive sur les lieux, le feu ravage la toiture et dans un fracas épouvantable, le clocher s’abat sur le cimetière. Le centre de Bar-sur-Seine et tous les centres des environs vinrent prêter main forte. L’école et toutes les maisons voisines étant menacées, certains commerçants commencent à évacuer leurs meubles. Le danger est écarté, mais Vaudes n’a plus d’église et les dégâts sont inestimables.

Dans la nuit du 11 au 12 janvier 1957, un violent incendie détruit en partie l’immeuble abritant le siège du parti communiste, alors installé 76, rue Urbain IV. Vers 1 h 15 du matin, une voisine aperçoit des flammes s’échappant de la lucarne et du grenier de la maison occupée par le siège du P.C. Quand les pompiers arrivent, le feu a déjà détruit la toiture et des flammes immenses menacent les toitures voisines, notamment celle de l’immeuble où est installé le magasin Valérie, à l’angle de la rue Urbain IV et de la rue du Petit Cimetière Saint-Jean. Tous les habitants de ce quartier, constitué de maisons de bois et de torchis, sortaient affolés, car le feu risquait de gagner du terrain. A 3 h du matin, tout danger était écarté. La toiture de l’église Saint-Jean avait été copieusement arrosée pour éviter qu’elle ne s’embrase. Les dégâts sont évalués à 8 millions de francs. Peut-être un court-circuit a déclenché le sinistre.

22 avril 1957, vers 13 h 40 : ce lendemain de Pâques, un gigantesque incendie dévore les Grands Moulins de Romilly-sur-Seine. Malgré la promptitude des secours, plus de la moitié des bâtiments est détruite. Les dégâts s’élèvent à 200 millions de francs. Aux pompiers de Romilly se joignirent ceux des Ateliers SNCF, puis l’auto- pompe de la Base aérienne, l’auto-pompe à grande puissance et un fourgon incendie avec 2 motos-pompes du Centre de Secours de Troyes, ainsi que les pompiers de Pars-les-Romilly et ceux d’Origny. 1 h après, les pompiers avaient la situation en main. Toute la minoterie fut détruite, environ 200 millions de dégâts.

25 août 1957, 3 h du matin : un grave incendie se déclare à la chocolaterie Jacquot, provoqué par l’échauffement d’un moteur électrique. A l’arrivée des pompiers, un local de 300 m² et une autre salle, située à l’étage supérieur étaient la proie des flammes. Le feu trouvait un aliment de choix avec le sucre, la pâte à bonbons et les étuves en bois chauffées nuit et jour à 80°. Les dégâts sont évalués à 50 millions Frs.

4 juin 1961 après-midi : incendie monstre aux Ets Gillier. Des stocks représentant une valeur de 4 milliard, destinés à la vente, sont détruits. Quatre compagnies de pompiers de Troyes, Sainte-Savine, Saint-André et Bouilly ont lutté courageusement pour maitriser l’incendie. A cette heure-là, la foule affluait à la Foire de Champagne, inaugurée la veille, et située à moins de 200 mètres à vol d’oiseau. Les flammes hautes de 100 mètres se voyant depuis Torvilliers ou Saint-Parres-aux-Tertres, beaucoup d’automobilistes convergèrent vers le lieu du sinistre, entraînant des embouteillages importants faubourg Croncels, rue Voltaire et boulevard Victor Hugo. On ignore les causes de l’incendie. 1 pompier a été sérieusement brûlé.

Dans la nuit du 15 au 16 janvier 1963, un feu a mis en émoi la population de Jasseines. Le sinistre prit dans la porcherie installée dans des bâtiments appartenant à M. Jean Cardot et qui constitue les dépendances du café qu’il exploite. A côté de la porcherie, une vaste salle de spectacle, pouvant contenir 400 personnes, était elle aussi, transformée en brasier. M. Cardot n’eut que le temps de sauver 2 tracteurs et sa voiture avant l’arrivée des pompiers. Leur intervention fut d’ailleurs retardée, en raison d’un froid qui provoqua le gel  des motos-pompes. Il fallut allumer un feu sur le lieu du sinistre pour dégeler le matériel. En attendant, les pompiers utilisèrent la vieille pompe à bras, aidés par la population, qui fit la chaîne avec des seaux d’eau. C’est seulement vers 6 heures que tout danger fut écarté. 20 porcs, 45 lapins, furent brûlés vifs, et 100 quintaux d’avoine, 50 quintaux d’orge détruits.  Les dégâts ont été évalués à 1.000.000 Frs.

26 janvier 1963, 19 h 30 : dans un important dépôt de la Teinturerie Clément Marot, rue aux Moines, gigantesque incendie : 3 millions de dégâts, 1 bâtiment entièrement détruit, 60 tonnes de coton nylon et matières plastiques calcinées, 40 ouvriers ou employés d’un secteur spécialisé privés de leur travail. Pour que l’incendie ne tourne pas à la catastrophe, mettant en danger non seulement l’usine tout entière, mais également le quartier, un important dispositif fut mis en action par les pompiers de Troyes, Sainte-Savine et Bouilly.

8 février 1963, 4 heures du matin : le feu éclate aux Ets Vitoux, rue de la Paix. Un vieux pompier déclarait : « Ce fut un des incendies les plus durs que j’ai eu à affronter dans ma longue carrière. C’était suffoquant et la chaleur était intense ». Les salles qui ont brûlé étaient modernes et neuves. La lutte contre le feu fut à ce point pénible que les pompiers ne pouvaient rester que quelques minutes et devaient aller respirer dehors. 5 millions de dégâts, 4 ouvriers et 4 pompiers furent brûlés et transportés à l’hôpital.

1er  janvier 1964 : les sirènes sonnent l’alarme, le feu s’étant déclaré dans un atelier de façonnage des Papeteries de Champagne (Ets Bolloré), rue de la Providence, où se trouvaient 10 machines et où travaillaient une quarantaine d’employés, en majorité des femmes. Grâce à la promptitude des pompiers, une véritable catastrophe fut évitée. 30 millions de dégâts.  



20 janvier 1964, 23 h : un terrible incendie prend dans les bâtiments des usines de bonneterie Fra-For rue Brocard. Des explosions se font entendre, ce sont des plaques formant le toit de plastique qui sautent. Lorsque les pompiers arrivent, l’embrasement est total. 6 grosses lances sont branchées, puis le centre de Sainte-Savine arrive avec 5 grosses lances. Le lendemain, 2 kilomètres de tuyaux encerclent encore ce qui fut l’une des usines les plus modernes de Troyes. Tout le matériel de moins d’1 an, très important a été anéanti. 20 tonnes de tissus ont brûlé, la production  d’été fut la proie des flammes, 1 milliard de francs de dégâts.

 21 janvier 1967, 19 h : des flammes de 10 mètres de haut crèvent la toiture de l’Hôtel des ventes rue de la paix. En quelques instants, le sinistre se développe dans des proportions considérables. Le feu se communique rapidement à la literie et aux meubles entassés à l’étage. Quand les premiers secours arrivent, la toiture est entièrement embrasée. Devant la gravité de la situation, ils font  appel aux volontaires. Pour combattre les flammes, il fallut passer par la Caisse d’Epargne et par la maison à l’angle du boulevard Gambetta. Vers 21 h, les pompiers furent maîtres du feu. Cependant, durant toute la nuit, les sauveteurs se relayèrent pour noyer les foyers qui se rallumaient et ce n’est qu’au lever du jour que l’on put considérer l’incendie comme éteint. 400.000 NF de dégâts.     

 

9 janvier 1985 : Incendie du siècle dans le cœur de Troyes.

 

rue Urbain IV - près de la basilique

Dans la nuit, un gigantesque incendie se déclara rue Urbain IV. Par des températures proches des -30 degrés, les très nombreux pompiers ont lutté sans relâche

Si l’incendie est maîtrisé dans la matinée, le feu ne sera éteint complètement que 48 heures plus tard. Il faudra attendre une semaine pour que le quartier ne soit plus sous la menace de relance du feu.

L’Incendie s’est déclaré à partir du magasin O’Kelly rue Urbain IV et  rejoindra la rue E. Zola, toutes les habitations sont détruites. C’est tout un pâté de maisons qui est avalé par les flammes. En tout 14 immeubles sont touchés, 6 disparaissent, tous les magasins en rez-de-chaussée, les réserves et habitations en étages… Une amie professeur de danse était en vacances, nous l’avons appelé pour lui dire que… malheureusement, son appartement était en poussière, il se situait au-dessus de la source du feu (une chaudière à gaz défectueuse)… elle avait une magnifique collection de 1200 éventails des XVIIe et XVIIIe.  Elle s’est suicidée un an plus tard, ne supportant plus d’avoir perdu tous ses souvenirs de famille, de ses enfants, ses magnifiques collections,  toute une vie dans les flammes…




Des bouche-incendie gelaient directement


ce qu'il reste une fois le feu maitrisé

Un pompier raconte : 

« "Vous fermiez une lance, vous ne pouviez plus la rouvrir. C'était pratiquement instantanément de la glace",  "On a eu un grand nombre de tuyaux et de lances qui sont restés gelés. Elles ont été posées à terre parce qu'on ne pouvait plus s'en servir. La Ville est venue avec des chalumeaux. C'était peine perdue, tout était gelé."

Au total, 180 sapeurs-pompiers sont mobilisés. Il leur faut cinq heures pour venir à bout du foyer principal. Sur la façade des immeubles arrosés par les pompiers, des stalactites se forment. "Le plus gros problème, c'était de lutter contre un feu de quartier qui s'est développé très rapidement. C'est un feu qui devait couver et qui n'a pas été découvert en temps et en heure".» 

Cliché INA






Rue Larivey - cliché par les soldats du feu


L’année 1985 fut une des pires que nous ayons connu niveau météorologie


Troyes sous la neige


pour rappel :

 9 janvier 1985 : le cœur de Troyes en froid et en flammes

Ils sont peu nombreux ceux à avoir oublié le terrible incendie de la rue Urbain-IV, qui a ravagé 14 immeubles, le 9 janvier 1985 à 3 h. Le thermomètre affichait presque 32 degrés en dessous de zéro à Troyes, -35° à Chaource.

Après 2 hivers particulièrement doux, une vague de froid mémorable déferle sur la France pendant tout le mois de janvier 1985 - l’intensité de cette vague de froid est comparable à celle du mois de février 1956 - à Paris, il s’agit du mois de janvier le plus froid depuis l’année 1838.

Du 4 au 18 janvier 1985 : un froid polaire concerne toutes les régions. Le vendredi 4 janvier 1985: la neige envahit le nord et le centre du pays - il tombe 5cm à Paris. Le 5 janvier 1985, les températures chutent brusquement. On mesure -24° à Luxeuil les bains, -20° à Reims, -18° à Troyes et -17° à Strasbourg alors que l’après-midi, il ne fait pas plus de -10° sur tout le quart nord-est (-6° à Paris). Dans la nuit du 6 au 7 janvier 1985, une tempête de neige paralyse toute la moitié nord mais aussi le littoral basque et la Corse - il fait -25° à Grenoble. Les 8 et 9 janvier 1985, on descend fréquemment en dessous de -15° (-20° à Mont de Marsan), il fait même -26,5° à Vire (sud calvados) et - 27,5° au Harra du pin (Orne), la Côte d’Azur est ensevelie sous la neige avec 38cm à Nice où il fait -7°.


Nice  janvier 1985 la place sous 38cm de neige

Après une très légère accalmie entre le 10 et le 13 janvier 1985, une deuxième offensive sibérienne est observée entre le 14 et le 17 janvier 1985 - la vague de froid atteint alors son point culminant - les températures atteignent probablement des valeurs inférieures à -40° dans le Doubs, -25° à Louviers (Eure), -24° à Troyes, Nevers, Clermont-Ferrand, -22° à Reims, -18° à Paris et -12° à Biarritz - ces valeurs ne sont bien entendu que des exemples et le froid est partout intense.

Les dégâts provoqués par cette vague de froid sont incalculables - une très importante surmortalité est constatée et la végétation est très affectée - les palmiers gèlent superficiellement sur la Côte d’Azur - les prix des fruits et légumes flambent - la plupart des cours d’eaux gèlent et des banquises sont observées sur le littoral de la mer du nord et l’embouchure de la Loire.

 Des centaines de Flamands rose sont prisonniers du gel en Camargue et périssent


toujours en  janvier 1985 :  La Saône prise par les glaces


Sans atteindre l’intensité de la vague de froid du mois de janvier 1985 , une nouvelle vague de froid concerne une grande moitié nord de la France entre le 9 et le 22 février 1985 - au cours de cette période, les températures redescendent entre -10 et -18° sur tout le quart nord-est - du 13 au 18 février 1985 , les chutes de neige sont fréquentes de la Bretagne à la région Rhône-Alpes - le 18 février 1985 , on mesure 90 cm de neige à Thônon-les-Bains (Haute Savoie) - cette ville pourtant située en plaine connaît un micro-climat lié à la proximité du lac Leman. Les chutes de neige sont également très abondantes du côté suisse.

Du 15 au 21 mars 1985 : l’hiver ne veut pas s’en aller et de nouvelles chutes de neige affectent presque toute la France - le 19 mars 1985, il fait - 13° au Puy (700m d’altitude).

Les 3 et 4 avril 1985 : de l’air chaud remonte d’un seul coup sur l’ensemble de la France - on dépasse 25° dans le sud et l’est mais un vent très violent se lève à Toulouse (autan) et Clermont-Ferrand dans la soirée du 4 avril, ce qui déclenche une véritable tempête de poussière dans la plaine de la Limagne.

11 avril 1985 : journée épouvantable - une tempête s’abat sur tout le pays et une tornade est même observée près de la station météo du Mans - les vents atteignent 143 km/h à Brétigny (Essonne).

Du 24 au 28 avril 1985 : de fortes gelées se produisent sur presque toute la France et l’on mesure des températures parfois inférieures à -5° - les cultures déjà très éprouvées par la vague de froid du mois de janvier sont une nouvelle fois mises à rude épreuve.

Les 8 et 9 mai 1985, des inondations se produisent dans le Lyonnais et le Dauphiné - il tombe 90mm d’eau à Grenoble et 86mm à Lyon.

L’été 1985 est généralement frais, si l’on excepte le coup de chaleur des journées du 25 et 26 juillet 1985 où les températures dépassent fréquemment les 33° - le maximum est enregistré dans le Périgord avec 39°.

Les 5 et 6 août 1985 : le temps est particulièrement agité, un peu comme en plein automne - une tempête secoue le nord de la France le 5 août 1985 et d’énormes vagues liées à de très gros orages provoquent un véritable raz de marée en Camargue dans la nuit du 5 au 6 août 1985 - en pleine nuit, l’eau emporte des camions, des tentes et des caravanes ; réveillant alors des centaines de personnes aux Saintes Maries de la mer.

Un camping est balayé par le raz de marée du 5 août 1985, en Camargue

La 5 août 1985, il neige sur certains cols des Pyrénées

5 août 1985 : Les Côtes de la Manche, touchées par une tempête automnale !

Le mois de septembre 1985 et le début du mois d’octobre 1985 sont très chaud et surtout très sec - la sécheresse devient problématique sur de nombreuses régions.

Du 17 septembre 1985 au 7 octobre 1985 : les températures sont très élevées - on dépasse quotidiennement les 25° sur presque tout le pays avec de fréquentes pointes entre 30 et 34° - des records de chaleur sont battus entre le 1er et le 4 octobre 1985 où l’on mesure 29° à Paris, 30° à Orléans, 31° à Auxerre, 32° à Bordeaux, 34° à Pau et 35° à Dax.

Du 17 au 28 novembre 1985 : le froid prend sa revanche - la neige apparaît un peu partout et les gelées sont quasiment permanentes, sauf sur le littoral - on relève -11° à Dijon, le 27 novembre 1985 et -13° au Puy le 28 novembre 1985.

Les 3 et 4 décembre 1985 : un effet de foehn (vent chaud soufflant de la montagne) fait monter la température à 25° à Biarritz (où il ne fait pas moins de 20° la nuit) et 27° à Pau.

A partir du 27 décembre 1985 : une nouvelle vague de froid (la 4ième de l’année) envahit la moitié nord - il neige abondamment des Pays de la Loire à l’Alsace et la température descend à -17° à Troyes, -16° à Poitiers et -12° à Tours et Orléans.

1er janvier 1986 : dans la matinée du 1er janvier, les températures sont encore très basses avec -17° à Troyes.


la rue Champeaux sous la neige - 
Troyes est dans l'Est de la France il est donc normal qu'il y ait de la neige et qu'il y fasse froid l'hiver....



La lessive... autrefois

  Lessive à la fontaine Saint-Martin – Saint André les Vergers LE TEMPS DES BEUÏES Au XIXe siècle, les armoires de nos campagnes étaient, di...