lundi 6 janvier 2025

Le nouveau mobilier de ND de Paris - 2ème partie



Les nouvelles tenues liturgiques de Notre-Dame de Paris

 Le Diocèse de Paris a l’honneur d’annoncer la création d’une série de vêtements et d’ornements liturgiques conçus par Jean-Charles de Castelbajac pour la réouverture de la Cathédrale ! 700 vêtements liturgiques ont été imaginés : chapes, mitres, étoles, chasubles et dalmatiques seront produits par des maisons d’art françaises.

« Je suis heureux de le voir aujourd’hui rejoindre l’Atelier de Notre-Dame, qui rassemble les artisans et artistes dont le talent va servir la joie de la réouverture de la cathédrale. » a déclaré Monseigneur Ulrich, archevêque de Paris.

 « Après les JMJ de 1997, c’est un honneur et une grande émotion de pouvoir à nouveau mettre mon expérience et mon art au service de l’Église, et de participer au rayonnement de Notre-Dame de Paris pour les cérémonies de réouverture. La lumière et son rayonnement ont guidé mon geste créatif, j’ai pensé à la croix glorieuse de Couturier, à l’éclat de la couleur sur la pierre blonde renaissante de Notre-Dame. » a expliqué Jean-Charles de Castelbajac.

L'archevêque est, lui, vêtu d'une chape (une grande cape) aux couleurs chargées de sens: vert (couleur de l'espérance utilisée la plupart des dimanches), rouge (symbole du sang du Christ et du feu de l'Esprit Saint), bleu (symbolique de la Vierge Marie) et jaune (couleur festive utilisée pour Noël, Pâques...)

 Au début de la cérémonie, devant le portail central de la cathédrale appelé "portail du Jugement", l'archevêque interpelle Notre-Dame à trois reprises.

Il frappe la porte à l'aide de sa crosse, qui a été conçue à partir d'une poutre de la charpente ayant survécu à l'incendie.

 Cette fois, le diocèse de Paris lui a demandé de concevoir les vêtements paramentiques pour la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris : 2 000 pièces destinées à 700 célébrants. « Tout est parti de la croix rayonnante, comme un phare destiné à la nouvelle génération », confie le créateur, qui commente pour Le Point les principes qui l'ont guidé.

 

La croix

 « C'est une croix d'or avec des fragments de couleurs qui incarnent les différences et propagent l'espérance et le vivre-ensemble. Depuis quelques années, j'ai délaissé les crayons au profit du découpage et du collage. Pour ces vêtements, j'ai travaillé avec des milliers de morceaux de papier que j'ai ensuite positionnés sur le tissu. »

 

Les couleurs

 « Le rouge fait écho au sang du Christ, le bleu, à l'eau et à la Vierge Marie, le vert, à l'espérance et le jaune évoque l'or et la lumière. Ce “colorama” a été choisi par rapport aux vitraux de Notre-Dame, mais c'est évidemment une gamme chromatique tout à fait castelbajacienne ! »

Rappel : vert (couleur de l'espérance utilisée la plupart des dimanches), rouge (symbole du sang du Christ et du feu de l'Esprit Saint), bleu (symbolique de la Vierge Marie) et jaune (couleur festive utilisée pour Noël, Pâques...)

 

La mitre

 « Ce couvre-chef architectural se pose sur la tête et doit pouvoir se plier pour le transport. Nous avons fait plusieurs essais avec Maison Michel, avec qui j'avais déjà réalisé des mitres en 1997. Je voulais quelque chose de simple, en accord avec les vêtements liturgiques. Lesage a sublimé le tout, avec un flocage doré et velours, et un travail de ganse sur le côté. »

 

Le chrisme

 « Ce signe extraordinairement beau, comme un pictogramme chargé d'une puissance spirituelle qui remonte au IIIe siècle, était utilisé par les premiers chrétiens. C'est l'un des monogrammes du Christ formé par les deux lettres grecques superposées “P” (rhô) et “X” (khi). Je l'ai dessiné d'un trait spontané au feutre et les orfèvres de Goossens ont réussi à retranscrire ce geste sur un fermoir en métal doré. »









chasuble des prêtres


L’ensemble des vêtements liturgiques imaginés par Jean-Charles de Castelbajac pour chaque ministère du clergé catholique (archevêque, évêque, prêtre, diacre) © Jean-Charles de Castelbajac



Mitre par la maison Michel dont la pointe symbolise la montée vers le ciel



Présentation par Mgr Laurent Ulrich de ses choix pour l’aménagement liturgique de la cathédrale Notre-Dame de Paris

 « Ce que je poursuis, dans le choix de ces artistes, c’est de donner à notre cathédrale un mobilier liturgique d’une “noble simplicité”, qui soit le support le plus respectueux et le plus digne pour notre prière, dans le respect de la liturgie de l’Église catholique, capable de toucher le cœur de chaque visiteur y compris en dehors des célébrations, et qui peut se recevoir comme durable dans le temps. »

Depuis le 15 avril 2019, notre cathédrale Notre-Dame de Paris renaît. Dans 18 mois environ, si aucun obstacle ne vient retarder cette échéance, lorsque nous aurons la joie d’y entrer à nouveau pour y célébrer le mystère de notre foi et accueillir largement les visiteurs du monde entier, elle nous apparaîtra dans toute sa splendeur.

Aujourd’hui, il revient à l’archevêque de Paris de choisir le projet de l’artiste qui réalisera le mobilier liturgique de Notre-Dame de Paris pour sa réouverture à la fin de l’année 2024. Je mesure la responsabilité qui est la mienne. Je ne la prends pas, en ce jour, sans avoir nourri ma réflexion auprès d’experts reconnus dans les domaines de la liturgie, de la conservation des monuments historiques, de la création artistique, et naturellement auprès des plus grands experts de notre cathédrale et ceux qui œuvrent depuis plus de quatre ans à la relever.

C’est le sens de ma décision de m’entourer, à l’automne dernier, d’un Comité artistique pour conduire avec moi la consultation à laquelle ont répondu 69 artistes. Parmi eux, en janvier dernier, j’en ai retenu cinq qui ont travaillé jusqu’à la fin du mois de mai pour préciser leur projet, par écrit, par dessins et par maquettes. Chacun de ces artistes a été accompagné au cours de ces mois ; pour finir, chacun successivement a été auditionné par le Comité artistique qui a pu faire devant moi toutes les observations que suscitaient ces œuvres.

Au début du travail de ces cinq artistes, je leur avais demandé, en raison de la responsabilité propre de l’archevêque, « le grand prêtre de la liturgie de son diocèse » selon l’expression consacré au Concile Vatican II, de travailler leur projet en veillant à ce que je rappelle maintenant.

Le mobilier que nous commandons à l’artiste choisi est constitué de cinq pièces majeures : l’autel, le baptistère, l’ambon, la cathèdre de l’évêque et le tabernacle. La destination et l’usage, ainsi que la localisation de chacune de ces pièces sont précisées dans les pages qui suivent ; si chaque pièce doit montrer de façon claire et lisible sa raison d’être, l’ensemble doit constituer une harmonie qui montre que c’est le mystère même de la foi chrétienne qui est exprimé, ainsi que l’unique vie sacramentelle des fidèles.

J’ajoutais trois indications, majeures de mon point de vue, pour entrer dans la bonne compréhension du travail à faire :

Les œuvres présentées devront être respectueuses du lieu, de son histoire, de son fort symbolisme constitué par la mission qu’il a remplie au long des siècles.

Les œuvres présentées devront respecter l’esprit de la liturgie catholique, selon les significations et les normes établies à la suite du Concile Vatican II, et présenter un caractère aisément praticable par les ministres et les assemblées qui se réuniront dans la cathédrale.

Enfin, nous ne devons pas penser seulement au présent, mais aux générations futures. Il s’agit en effet d’envisager un mobilier qui soit une œuvre d’aujourd’hui, mais puisse se recevoir comme durable :les autels romans, ou ceux de période classique, ont servi souvent pendant des siècles.

Bref, ce qui devait nous être présenté devrait s’inspirer de la « noble simplicité » que revêtent les rites de notre liturgie, selon la Constitution conciliaire sur la sainte liturgie, Sacrosanctum Concilium, et qui s’applique aussi à l’art sacré.

À la réception des travaux qui ont été préparés par les cinq artistes Nicolas Alquin et Marc Alechisnki ensemble, Guillaume Bardet, Pascal Convert, Laurent Grasso et Constance Guisset, j’ai apprécié et mesuré l’immense travail accompli, le désir de répondre aux attentes formulées, la qualité de la recherche entreprise, tant aux points de vue des matériaux choisis que de l’importance accordée aux choix symboliques exprimés dans les textes de présentation et à la réalisation des dessins et maquettes. Lors de cette audition, tous les membres du Comité artistique, avec moi-même, ont été touchés de l’engagement personnel de chacun d’entre eux dans ce travail : la recherche spirituelle, le désir de servir la prière des croyants et d’accompagner la quête intérieure de tous. Manifestement, cette opportunité de concourir à la redécouverte de Notre Dame de Paris a été un moment décisif de leur vie. En ce moment solennel, c’est un grand et sincère remerciement que je désire leur adresser personnellement, mais aussi au nom du Comité artistique et de l’Église diocésaine tout entière.

La richesse des échanges au sein du Comité, que je veux remercier ici d’avoir accepté d’entreprendre cette démarche à mes côtés, m’a conduit à demander à Guillaume Bardet de réaliser les cinq éléments principaux du mobilier liturgique. Sans développer une lecture très approfondie, je voudrais simplement dire quelques raisons fortes de mon choix.

L’ensemble qu’il a construit me paraît présenter des qualités qui se conjuguent bien les unes aux autres et en font un projet cohérent, même si des modifications interviendront pour lui donner encore plus d’unité. Le matériau choisi, le bronze, entre dans un dialogue franc avec l’édifice de pierre, c’est le premier saisissement. Puis s’impose la lisibilité immédiate de chacune des pièces : le surgissement du baptistère dès l’entrée dans la cathédrale ouvre la porte du mystère du Christ ; et le bloc de l’autel, comme une pierre issue de la terre pour le sacrifice, s’apprête en une table fraternelle pour le repas du Seigneur. Mais aussi la pureté des lignes, leur simplicité, est extrêmement accessible voire accueillante ; une puissance de vie, une force apaisée émanent de cette simplicité même. Peu à peu, ces œuvres nous marqueront et toucheront aussi les visiteurs de notre cathédrale, j’en suis sûr.

 J’ai également demandé à Ionna Vautrin de réaliser les futures chaises de Notre-Dame. J’avais souhaité que les chaises de Notre-Dame soient « silencieuses », c’est-à-dire qu’elles puissent s’intégrer sans s’imposer dans la cathédrale, tout en garantissant le confort des fidèles. La proposition d’une chaise ajourée, aérienne, m’a paru se conjuguer avantageusement à la fois avec cet impératif, et avec la proposition de Guillaume Bardet pour le mobilier liturgique. Tous deux rejoignent Sylvain Dubuisson, que j’avais déjà retenu pour réaliser le nouveau reliquaire de la Couronne d’épines du Christ, et tous les artistes chargés de travailler sur le chemin de pèlerinage, mais également le son, la lumière, et l’équipement audiovisuel de notre cathédrale.

Leurs œuvres rejoindront, d’ici à l’automne 2024, leur emplacement définitif à l’intérieur de Notre-Dame, que les compagnons, les artisans et les ouvriers restaurent avec passion et courage depuis le lendemain de l’incendie.

À tous, j’adresse mes plus sincères remerciements et mes plus vifs encouragements dans leur mission. Que le Seigneur bénisse le travail de chacun. »

 

+ Laurent Ulrich, archevêque de Paris



L’Autel Majeur


Mgr Lustiger, Cardinal-Archevêque de Paris en 1990
il officie sur l’autel qu’il a désiré et qui représente les apôtres
cliché d'archives

Commandé par Mgr Lustiger, créé en 1989 par le sculpteur Jean Touret, l’autel de Notre-Dame a été touché par la chute d’une pierre qui a enfoncé le coffre et abîmé la tête du prophète Jérémie. Des dégâts possibles à réparer, mais, une jeune garde de « néos » […] rêve à voix haute d’un retour en arrière.

Autel Majeur ND de Paris - 1997


Déjà l’archevêché a voulu mettre des vitraux contemporains ainsi que des bancs modernes en lieu et place des chaises en paille. Projet recalé par le ministère de la culture.

Projet qui sera mis en place par la volonté de Mgr Ulrich, l’archevêque de Paris.

Concernant l’autel, trois raisons pour le remplacer :

- esthétique : la cathédrale va s’éclaircir avec la restauration et le nettoyage des pierres.

- pratique : l’autel est ridiculement étroit.

- cohérence : l’ambon a entièrement détruit. Refaire un ambon, une cathèdre (Mgr Lustiger n’en voulait pas) et un autel serait cohérent.


A ces 3 raisons s’en ajoute une quatrième : la volonté de tourner la page de l’héritage Lustiger. Mgr Aupetit y trouverait une façon de poser son magistère. Mais il est confronté à ceux qui veulent défendre la mémoire du cardinal ainsi qu’à ceux, plus jeunes, qui souhaite un retour à la grande tradition de l’Eglise, avec du néoromain voire du néogothique. Mais, ironie du sort, Mgr Aupetit démissionne le 2 décembre 2021. Il sera remplacé par le dijonnais Mgr Ulrich en avril 2022.

« Ils se rêvent au XIXe siècle », constate un curé lustigérien, inquiet de l’irruption de ce « néoconservatisme». Au risque de l’immobilisme ?

Ce curé est-il  le père Gilles Drouin, nouvellement nommé chanoine de Notre-Dame et directeur de l’institut supérieur de liturgie à l’Institut catholique de Paris, qui travaille sur l’aménagement intérieur de la cathédrale ? Il est auteur d’un ouvrage sur l’espace liturgique. En 2019, il déclarait déjà :

« On ne s’interdit rien, dans le respect de la tradition et avec humilité ». « Mais nous ne sommes plus au temps de Viollet-le-Duc ni du cardinal Lustiger. Avec respect, nous pouvons repenser les aménagements de la cathédrale pour lui redonner un nouveau souffle ».


2024 - De g. à d. Cathèdre, Autel Majeur, et l’Ambon voulus par Mgr Ulrich – Notre dame du pilier


À l’invitation de Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, près de 170 évêques de France et du monde entier, ainsi qu’un prêtre de chacune des 106 paroisses du diocèse de Paris, et un prêtre de chacune des sept églises catholiques de rite oriental ont concélébré cette messe. Ils étaient accompagnés de fidèles de chacune de leurs communautés.

 

Voici quelques éléments du déroulement de cette messe :

- L’aspersion d’eau bénite : après avoir salué l’assemblée, l’archevêque bénit de l’eau et en asperge toute l’assemblée. L’archevêque asperge ensuite l’autel et l’ambon, en un signe de purification qui manifeste que ces éléments mobiliers ne sont pas comme les autres : ils sont destinés à un usage sacré.

- La liturgie de la Parole : les lectures bibliques proclamées depuis le nouvel ambon sont les mêmes dans toutes l’Église, elles n’ont pas été choisies pour cette circonstance. Dans tous les pays du monde, les catholiques entendent les mêmes textes, propres à ce jour du 2e dimanche de l’Avent.

Au terme de ces proclamations, Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, s’est adressé aux personnes présentes en prononçant son homélie, c’est-à-dire un commentaire de la Parole de Dieu qui vient d’être proclamée, et du sens de la célébration du jour.

 

Prière de dédicace prononcée par Mgr Ulrich lors de la consécration de l'autel :

 « Nous t’exaltons, Seigneur, et nous te bénissons, toi qui as voulu, dans un admirable dessein de ton amour, que le mystère de cet autel, préfiguré jadis de diverses manières, trouve son accomplissement dans le Christ. En effet, après le déluge, Noé, cet autre père du genre

humain, t’érigea un autel pour t’offrir un sacrifice ; tu l’acceptas, Père très saint, comme un parfum d’agréable odeur et tu renouas avec les hommes ton alliance d’amour.

Abraham, notre père dans la foi, obéissant de tout son cœur à ta parole, te dressa lui aussi un autel, car il ne te refusait pas Isaac, son fils bien-aimé. Moïse, à son tour, le médiateur de l’ancienne Alliance, te construisit un autel qu’il aspergea du sang d’un agneau, en préfiguration de l’autel de la croix.

Par le mystère de sa Pâque, le Christ a donné à toutes ces figures leur achèvement: à la fois prêtre et victime, en montant sur le bois de la croix, il s’est livré lui-même à toi, Père, comme une offrande pure, pour enlever les péchés du monde entier et sceller avec toi l’Alliance nouvelle et éternelle.

C’est pourquoi nous te supplions, Seigneur: du haut du ciel, répands ta bénédiction sur l’autel qui a été bâti en cette église ; qu’il soit la table du Seigneur où ton peuple viendra refaire ses forces.

Que cet autel soit pour nous le symbole du Christ, car c’est de son côté transpercé qu’il laissa couler l’eau et le sang, source des sacrements de l’Église.

Que cet autel soit la table de fête où les convives du Christ afflueront dans la joie : en se déchargeant sur toi, Père, de leurs soucis et de leurs fardeaux, qu’ils reprennent ici

courage pour une étape nouvelle.

Que cet autel soit un lieu de paix et de profonde communion avec toi, pour que tes enfants, nourris du Corps et du Sang de ton Fils, et abreuvés de son Esprit, grandissent dans ton amour.

Qu’il soit source d’unité pour l’Église : que tes fidèles rassemblés autour de lui y puisent un esprit de vraie charité.

Qu’il soit le centre de notre louange et de notre action de grâce jusqu’au jour où nous parviendrons, exultant de joie, dans les demeures du ciel, là où nous t’offrirons sans fin le sacrifice de louange avec le Christ, souverain Prêtre et vivant Autel, lui qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

Amen. »

Pour que la Messe puisse être célébrée, l’autel doit d’abord être préparé et consacré par des rites particuliers. Les rites de consécration de l’autel se déroulent en cinq étapes :

 - La déposition des reliques des saints dans l’autel. Aujourd’hui, ce sont les reliques de cinq saints, trois femmes et deux hommes, dont l’histoire est liée à l’Église de Paris, qui ont été scellées dans l’autel : sainte Marie Eugénie Milleret, sainte Madeleine Sophie Barat, sainte Catherine Labouré, saint Charles de Foucauld et le bienheureux Vladimir Ghika.

- La prière de dédicace et l’onction d’huile, qui est le rite principal

- L’offrande d’encens

- La parure et l’illumination de l’autel.

- Les chants 

 

Mgr Ulrich dépose les saintes Reliques dans l’autel majeur


Consécration de l’autel majeur avec le Saint Chrême symbole de « la pénétration de l’Esprit-saint »

« Oui, Dieu, ton Dieu t'a consacré d'une onction de joie, comme aucun de tes semblables ; la myrrhe et l'aloès parfument ton vêtement. Des palais d'ivoire, la musique t'enchante »

Purification de l’autel majeur « Que ma prière, devant toi s’élève comme un encens »
L'encens est placé aux 4 angles = les mains et les pieds du Christ et au centre = son coeur


l'autel symbolise le tombeau du Christ

le nouvel autel majeur est consacré le dimanche 8 décembre 2024

Parue de l'autel, pose de la nappe pour le Saint Sacrement ; symbole de la Cène


Éclairage de l'autel majeur « Il créa le monde en 6 jours »


[La tradition d'utiliser six bougies près de l'autel principal, comme lors de la consécration de l'autel majeur de Notre-Dame de Paris, remonte aux pratiques liturgiques de l'Église catholique. Six bougies sont généralement utilisées lors des messes pontificales, célébrées par un évêque ou le pape. Ces bougies symbolisent la lumière du Christ et la dignité de la célébration. Le nombre six peut aussi rappeler les six jours de la création dans la Genèse, où Dieu crée la lumière.

Cette pratique vise à souligner l'importance et la solennité de la cérémonie. Lors de grandes célébrations, ces symboles liturgiques aident à créer une atmosphère de recueillement et de respect.]


l'Élévation lors de l'Eucharistie - Mgr Ulrich archevêque de Paris et les évêques de France

l'Eucharistie  @Diocèse de Paris


Pour voir ou revoir la consécration de l’autel majeur : 




Message du pape François

 

À Son Excellence Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris

 Je suis très heureux de m’unir à vous, Excellence, par la pensée et la prière, ainsi qu’à tout le peuple fidèle réuni, et à toutes les personnes présentes, en ce jour solennel où votre Cathédrale est rouverte au culte. Nous avons encore tous en mémoire le terrible incendie qui avait, il y a cinq ans, fortement compromis l’édifice. Nos coeurs s’étaient serrés devant le risque de voir disparaître un chef d’oeuvre de foi et d’architecture chrétiennes, un témoin séculaire de votre histoire nationale. Aujourd’hui, la tristesse et le deuil font place à la joie, à la fête et à la louange.

 Je salue tous ceux, en particulier les sapeurs-pompiers, qui se sont employés courageusement à sauver du naufrage ce monument historique. Je salue l’engagement déterminé des pouvoirs publics ainsi que le grand élan de générosité internationale qui ont contribué à la restauration. Cet élan est le signe non seulement d’un attachement à l’art et à l’histoire, mais plus encore – et combien cela est encourageant ! – le signe que la valeur symbolique et sacrée d’un tel édifice est encore largement perçue, du plus petit au plus grand.

 Je salue aussi le travail remarquable des nombreux corps de métiers qui se sont investis, donnant généreusement le meilleur d’eux-mêmes pour rendre à Notre-Dame sa splendeur. Il est beau et rassurant que les savoir-faire d’autrefois aient été sagement gardés et améliorés. Mais il est plus beau encore que nombre d’ouvriers et d’artisans aient témoigné avoir vécu cette aventure de la restauration dans une authentique démarche spirituelle. Ils se sont mis sur les traces de leurs pères dont seule la foi, vécue dans leur travail, a pu édifier un tel chef d’œuvre où rien de profane, d’inintelligible ni de vulgaire n’a sa place.

 Puisse donc la renaissance de cette admirable église constituer un signe prophétique du renouveau de l’Église en France. J’invite tous les baptisés qui entreront avec joie dans cette Cathédrale à ressentir une légitime fierté, et à se réapproprier leur héritage de foi. Chers fidèles de Paris et de France, cette demeure, que notre Père du Ciel habite, est vôtre ; vous en êtes les pierres vivantes. Ceux qui vous ont précédés dans la foi l’ont édifiée pour vous : les innombrables représentations et symboles qu’elle renferme vous sont destinés afin de vous guider plus sûrement vers la rencontre du Dieu-fait-homme et redécouvrir son immense amour.

 Par ailleurs, Notre Dame sera bientôt de nouveau visitée et admirée par une foule immense de personnes de toutes conditions, provenances, religions, langues et cultures, pour beaucoup en recherche d’absolu et de sens à leur vie. Je sais, Excellence, que les portes leurs seront largement ouvertes, et que vous serez attachée à les accueillir généreusement et gratuitement, comme des frères et soeurs. Au témoignage de la Communauté chrétienne, puissent-elles percevoir la paix qui habite sa louange, pressentir la joie de connaître et d’aimer le Seigneur qui s’est fait proximité, compassion et tendresse. Puissent-elles, levant les yeux vers ces voutes qui ont retrouvé la lumière, partager son invincible espérance.

 Implorant sur l’Église de France, et sur tout le peuple français, la protection de Notre-Dame de Paris, je vous donne de grand cœur, ainsi qu’à toutes les personnes présentes, la Bénédiction.

 

Saint-Jean-de-Latran, le 21 novembre 2024 

François


L’office s’est ensuite déroulé en trois parties :

 - Le réveil du grand orgue : après avoir débuté l’office par le signe de croix, l’archevêque procède à la bénédiction de l’instrument. Par huit fois, il s’adresse au grand orgue qui lui répond.

- Le chant de l’office : l’office est composé d’un cantique, d’un psaume, du chant du Magnificat, d’intentions de prière pour le monde entier, de la prière du Notre Père.

- La bénédiction finale par l’archevêque et le chant du Te Deum.

 

 Cathèdre


Sur le côté de l’autel, la cathèdre prend place. Ce trône liturgique est d’une importance cruciale. « Sans lui, la cathédrale ne serait qu’une église. Pendant les messes, l’archevêque ou l’évêque s’assoit dessus et cela symbolise la présence du Christ. »

 La cathèdre est le symbole de l'autorité, de l'enseignement et de la juridiction épiscopale, dans la liturgie catholique. Le terme apparaît dans la littérature patristique sous la forme « Apostolorum cathedrae », indiquant que ce siège est directement issu de la chaire des apôtres.

 Si l’assise est simple, le dossier lui « s’élance vers le ciel et mesure 1 m 85 de haut ». Une croix est découpée dans le dossier, permettant à la lumière de passer.


Au centre la cathèdre et de chaque côté les sièges des assistants de l’archevêque ou de l’évêque


L’Ambon 

« L’ambon en forme de T symbolise le concept de liberté »


« Chaque élément porte sa propre identité, son propre symbolisme et son propre objectif, mais ensemble, ils forment un ensemble cohérent qui s’engage dans un dialogue significatif. Ces pièces doivent exister à l’intérieur et au-delà du domaine de la liturgie : ne pas exiger d’attention, mais aussi ne pas se cacher. Ils doivent avoir une présence subtile mais indéniable », a déclaré Bardet.

 

Le Tabernacle


Le nouveau Tabernacle est posé sur le Maitre Autel


Le nouveau tabernacle a été conçu par l'artiste contemporain Claire Morgan et a été installé dans la cathédrale en 2023. Il est fait de verre et de métal et représente la lumière divine et la fragilité de la foi. Le design du tabernacle est inspiré par les vitraux de la cathédrale et vise à créer une connexion visuelle et spirituelle avec les fidèles.

 Il a été financé grâce aux dons et a été réalisé en collaboration avec des artisans locaux spécialisés dans le travail du verre et du métal. L'installation a été un véritable défi technique, mais elle a été réalisée avec succès et a été accueillie avec enthousiasme par la communauté religieuse et les visiteurs de la cathédrale.

 Pour finir, Guillaume Bardet a également créé un nouveau tabernacle de 68 cm de haut qui abritera les hosties consacrées représentant le corps du Christ. « C’est une sorte de petit coffre-fort, résume l’artiste. Fermé, il sera sobre et simple. Une bougie allumée 24 heures/24 sera placée devant pour rappeler la présence du Christ. Puis, le tabernacle s’ouvrira comme un livre. » Le bronze subira un polissage appelé poli miroir pour le sublimer.

Celui-ci sera posé sur l’ancien Maitre Autel de Viollet-le-Duc, entouré de sculptures baroques qui constituent un environnement très chargé. J’ai choisi la simplicité en revenant à l’étymologie du mot tabernacle, « la tente ». Je l’ai conçu comme une petite maison en bronze gravé d’une croix dorée avec, devant, une bougie toujours allumée (en l’occurrence un Led). Elle s’ouvrira comme un livre, dévoilant une lumière révélée par le bronze poli miroir. Symbole de la présence lumineuse du Christ, avec le ciboire qui contient les hosties consacrées.







Le baptistère

 

Grande nouveauté, le baptistère se situera à l’entrée de la cathédrale. « Il sera situé à l’intérieur juste après le portail du jugement dernier », précise le recteur de Notre-Dame, Mgr Ribadeau-Dumas. « L’eau est un signe d’entrée dans la Vie par le baptême. »

« Le cahier des charges imposait qu’il ait un couvercle, j’en ai donc imaginé un qui conserve néanmoins cette idée d’eau », souligne Guillaume Bardet. "En parallèle, je l’avais imaginé au début avec trois pieds mais afin de mieux faire le lien avec le reste du mobilier j’ai imaginé une forme de coupe."


Le baptistère se trouve maintenant au centre de l’édifice 

Désormais, dès son arrivée, chacun pourra admirer une croix d’or jaillissant des flots du même métal 
et contenus dans une simple vasque en bronze



L'Autel Majeur, le baptistère, l'ambon, la cathèdre et les deux sièges pour un poids de 6 tonnes de bronze utilisées pour recréer le mobilier de la cathédrale.


La nouvelle Crosse de Mgr Ulrich


Ce bâton, utilisé par les évêques seuls dans la liturgie, s’inspire des houlettes de berger, avec un bout recourbé pour rattraper les brebis perdues. Tenu dans la main par les successeurs des Apôtres, elle manifeste leur charge pastorale à la suite du Bon Pasteur, le Christ, vers lequel ils sont appelés à conduire le peuple qui leur est confié.

La crosse de Mgr Ulrich est le fruit du travail de Sylvain Dubuisson et a été taillé dans une poutre de la charpente disparue dans les flammes de l’incendie du 15 avril 2019. Par un choix singulier, la courbe de la houlette enferme un crystal bleu (couleur de la Vierge) et où sont gravées 12 petites sphères symbolisant les 12 apôtres. 

 






Le reliquaire de la Sainte Couronne, un écrin bleu Klein

 

Sylvain Dubuisson insiste sur la mise en espace de la châsse : « Il est important que la relique soit exposée juste au-dessus du regard, que les croyants puissent s'immerger dedans, et que leur dévotion soit favorisée. » D'où l'importance accordée à la couleur bleu mat de la sphère, au centre de l'auréole, qui absorbera la lumière et lui servira d'écrin. Les fidèles pourront tourner autour de l'ensemble, s'agenouiller ou s'asseoir et même toucher l'arrière de la sphère. En dessous, un coffre-fort sécurisé abritera la couronne d'épines lorsqu'elle n'est pas présentée à l'adoration.

 « Pour un résultat très simple, je souhaitais mêler des matériaux précieux : le cèdre, le bois traditionnellement décrit comme celui de la Croix ; l'or, en rappel des iconostases des églises orientales » précise Sylvain Dubuisson. C'est l'empereur de Byzance en effet qui a vendu la relique à Saint Louis en 1238. Celui-ci a alors fait construire pour l'abriter la Sainte-Chapelle, à Paris, presque en face de Notre-Dame, une église entièrement conçue comme une châsse géante où la Couronne du Christ a été conservée jusqu'à la Révolution. Après une telle prouesse architecturale, le défi était donc ambitieux à relever. « Comment magnifier un objet aussi saisissant de modestie qu'une couronne d'épines ? s'interroge le designer. C'est là un paradoxe de la foi catholique. Pour le résoudre, je m'inscris dans la filiation de l'abbé Suger (1080-1151), l'un des promoteurs de l'art gothique. Il pensait qu'il y a une relation entre la beauté des matériaux et l'élévation spirituelle. C'est aussi ma philosophie. »

Plus de cinq après l’incendie de Notre-Dame, la Sainte-Couronne d’Épines du Christ fait son retour dans la cathédrale le vendredi 13 décembre 2024 en présence de Mgr Louis de bourbon, duc d’Anjou et des chevaliers de l’Ordre du Saint Sépulcre.




Retour de la Sainte Couronne d'Épines en la cathédrale ND de Paris
13 décembre 2024 par les Chevaliers du Saint Sépulcre


Présentation de la Couronne lors de l'office religieux du 13/12/2024


Mgr Louis de Bourbon, duc d'Anjou et les Chevaliers du Saint Sépulcre viennent de placer la Sainte Couronne d'Épines dans son nouveau Reliquaire. 13/12/2024



Louis de Bourbon, duc d’Anjou : Notre-Dame de Paris, la joie de la réconciliation

 

 « Nous retrouvons enfin avec émotion la mère des cathédrales, celle qui a connu toutes nos gloires et toutes nos défaites, se réjouit Louis de Bourbon, duc d’Anjou, prétendant légitimiste au trône de France.

 Il y a cinq ans, le monde avait retenu son souffle et pleuré avec nous alors que l’incendie ravageait l’édifice. Aujourd’hui, il nous voit célébrer la résurrection de ce monument qui avait été si meurtri par les flammes. Nous retrouvons enfin avec émotion la mère des cathédrales, celle qui a connu toutes nos gloires et toutes nos défaites, celle qui a vu le peuple français s’unir ou se déchirer, celle enfin qui veille sur notre chère capitale depuis tant de siècles. Notre-Dame est plus que la cathédrale de Paris, elle est la cathédrale de la France.

 Le chantier hors norme que nous avons suivi avec attention depuis quatre ans ne peut qu’apporter l’espérance dont nous avons tous besoin. La cathédrale a magnifiquement éveillé la générosité, la compétence et la tendresse de tant de Français. Et le moment est venu de rendre hommage à ces généreux donateurs, du plus modeste au plus fortuné, qui ont permis à la cathédrale de panser aussi rapidement ses plaies. Mais il faut également saluer tous ceux qui ont participé de manière concrète au chantier, tant les historiens et les archéologues que tous les corps de métier qui ont dévoilé un génie et un talent à la hauteur de ce prestigieux monument, dans la lignée de tous les bâtisseurs et les restaurateurs qui les ont précédés. La France est si fière de compter des gens comme eux parmi ses enfants. Et nous avons une pensée émue pour le général Georgelin, qui a consacré les derniers mois de sa vie à cette restauration, et dont il n’a pas pu voir la fin.

 Tout comme les bâtisseurs des cathédrales, l’œuvre qu’ils ont tous accomplie les dépasse. Elle les dépasse car la cathédrale leur survivra très longtemps. Elle les dépasse car la raison d’être de cet édifice touche à la transcendance et au sacré. Tout y est orienté pour nous rappeler que l’homme n’est pas que de la matière. Autre chose nous habite. Un beau message pour nous qui avons tant de mal à sortir de ce consumérisme maladif.

 Enfin, je suis également fier d’être présent, en ce 13 décembre, au retour de la Sainte Couronne du Christ dans la cathédrale. Presque huit siècles déjà nous séparent du moment où mon ancêtre le roi Saint Louis la racheta pour la rapporter en France afin que toute la chrétienté latine puisse la vénérer. Si la Sainte-Chapelle fut initialement conçue pour l’abriter, ce fut la cathédrale de Paris qui en hérita après la Révolution. De cette façon, en tant qu’aîné des descendants de ce saint roi, il me tient à cœur d’assister à ce moment historique qui voit Notre-Dame de Paris recouvrer sa relique la plus précieuse. L’histoire de la cathédrale est ainsi extrêmement liée à l’histoire de tous ces rois qui firent la France.

 De l’enterrement de la reine Isabelle de Hainaut, en 1190, femme du roi Philippe Auguste, au baptême du comte de Chambord, en 1821, la cathédrale accompagna tous les grands moments de ma famille. Comme elle l’est particulièrement depuis cinq ans, cette cathédrale fut un lieu d’unité française comme lorsque mon ancêtre Henri IV y fit chanter un Te Deum d’action de grâce au terme de son entrée triomphale dans Paris, marquant les prémices de la réconciliation des Français, déchirés par les guerres de Religion. N’oublions pas non plus le vœu que fit Louis XIII à la Vierge, lui consacrant la France et lui confiant la naissance d’un fils, le futur Louis XIV. La statue qui témoigne encore de ce geste magnifique rappelle que ce lieu a fait plier les genoux des plus puissants, se retrouvant à égalité avec les plus petits dans une même démarche d’humilité. En effet, Notre-Dame de Paris est avant tout un lieu de culte dans lequel la transcendance dépasse tous ceux qui y pénètrent.

 C’est pourquoi je pense spécialement à tous les catholiques de Paris et de France qui voient avec bonheur cet emblématique lieu de culte retrouver sa vocation première, celui d’être un temple voué à la prière des hommes, à la vénération de Dieu aujourd’hui tant méconnu ou écarté mais qui a, par le passé, poussé des générations de Français à édifier une telle merveille. Notre-Dame de Paris est plus qu’un pan de notre histoire et de notre culture, elle est un lieu de vie où chacun peut faire l’expérience du divin, devant Dieu Lui-même. La restauration de Notre-Dame de Paris, c’est la promesse d’une résurrection possible, c’est l’espoir de chacun de contempler un jour un monde profondément restauré, c’est le pari qu’avec l’aide de Dieu,  la volonté, l’ardeur et la ténacité au service du bien commun triomphent de tout. »

 

 Louis de Bourbon, duc d’Anjou

13 décembre 2024

 


Les futurs vitraux


Avant de parler des nouveaux vitraux pour Notre-Dame de Paris, il me parait judicieux de rappeler qu’une polémique a déjà existé en 1935 ! En effet, à cette date, douze artistes verriers parisiens proposèrent de remplacer les verrières en grisaille de Viollet-le-Duc installées dans les baies hautes de la nef de Notre-Dame de Paris par leurs propres créations. Encouragé par les défenseurs du renouveau de l'art sacré par la modernité, le projet se heurta pourtant à de nombreuses réticences au nom de la préservation de la cathédrale.


Voir : Querelle des vitraux de ND de Paris


Les futurs vitraux contemporains de Notre-Dame figureront la Pentecôte


Les vitraux contemporains qui doivent orner six chapelles latérales de la cathédrale Notre-Dame de Paris d'ici à 2026 devront répondre à un cahier des charges détaillé dans un document annexé à l'appel d'offres. Ce document décrit précisément le programme iconographique que devront traiter les artistes. Il s'agit de l'épisode de la Pentecôte.

 La France, pays de cathédrales, possède la plus grande surface de vitraux au monde, quelque 90.000 m2. Véritable Bible de verre, les vitraux par les scènes représentées, les techniques utilisées ou encore les couleurs employées existent pour porter la prière des fidèles autant que pour rendre gloire à Dieu. Et la cathédrale Notre-Dame de Paris promet d'en être un bien bel exemple. En décembre 2023, à la suite d'une lettre de l'archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, le président de la République avait annoncé le lancement d’un concours pour remplacer des vitraux installés par Viollet-le-Duc dans Notre-Dame de Paris au XIXe siècle.

 Depuis la publication de l'appel d'offres, on en sait un peu plus sur le programme iconographique de ces vitraux contemporains. Ils remplaceront des vitraux en grisaille "garnies de verres blancs entourés d’une bande bleue ornée de fleurs de lys, les baies hautes, [qui] déversaient dans la cathédrale une lumière blanche, voire crue" selon une description du cahier des charges annexé à cet appel. Ces vitraux encore in situ, seront ainsi déposés pour laisser place à des créations contemporaines figuratives et historiées représentant l'épisode de la Pentecôte raconté dans les Actes des apôtres (Ac 2, 1-4) :

 Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

Dans le collatéral sud, les nouveaux vitraux seront installés dans les six chapelles qui encadrent la chapelle Saint-Thomas-d'Aquin, où figure déjà l'Arbre de Jessé réalisé en 1864 par Édouard Didron sous la direction d’Eugène Viollet-le-Duc.


Les vitraux contemporains de la cathédrale seront finalement réalisés par l’artiste Claire Tabouret.


Après des mois de suspens, l'artiste choisi à l'unanimité par un comité pour les vitraux contemporains vient d'être dévoilé. Il s'agit de l'artiste peintre Claire Tabouret, qui travaillera avec l'atelier du maître verrier Simon-Marq.

Dans un communiqué diffusé ce 18 décembre, l’Élysée, l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris et l’archevêché de Paris ont dévoilé le nom de l’artiste choisi parmi les candidatures de Buren, Yan Pei-Ming ou encore Alberola, pour réaliser un nouvel ensemble de vitraux pour la cathédrale. C’est donc Claire Tabouret, 43 ans, l’une des 10 artistes français les mieux côtés, qui va créer les cartons de 6 nouvelles verrières pour les chapelles du bas-côté sud de Notre-Dame avec l’atelier Simon-Marq. Son projet, dont elle a fait une présentation dans la base vie du chantier de la cathédrale ce mercredi, a séduit le comité de sélection présidé par Bernard Blistène, en raison de « sa très grande qualité artistique de la proposition et son insertion architecturale » ainsi que son adéquation avec le programme figuratif choisi par le diocèse de Paris.

Qui est Claire Tabouret ?

Née en 1981 à Pertuis, dans le Vaucluse, et installée depuis 2015 à Los Angeles, Claire Tabouret est diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Elle est reconnue pour ses œuvres figuratives expressionnistes qui sont régulièrement exposées en France et à l’international et ont été acquises par des prestigieuses collections (Centre Pompidou, LACMA, Collection Pinault, etc.). Inspirée dès l’enfance par les Nymphéas de Claude Monet, elle explore des thèmes mélancoliques et troublants à l’aide d’une gestualité ample et des camaïeux sourds. Ses portraits de jeunes femmes, ses sculptures en bronze et céramique, et ses compositions évoquent une tension ambiguë.

 Ses œuvres, où l’on perçoit l’influence des maîtres comme Courbet et Rembrandt, oscillent entre l’intime et l’universel. En 2024, elle a participé à l’exposition collective du Pavillon du Vatican à la Biennale de Venise et a présenté ses œuvres récentes, parmi lesquelles sa première collaboration avec les ateliers de Sèvres, au château La Coste au Puy-Saint-Réparade. Elle a également investi cet été le Palais idéal du Facteur Cheval avec une fontaine qui rend hommage à Philomène, femme de l’artiste naïf, mécène de sa folle aventure, et une tapisserie tissée à Aubusson.

Le projet de Claire Tabouret pour Notre-Dame de Paris

Selon le communiqué, le projet proposé par Claire Tabouret « est à la hauteur des exigences de la cathédrale, tant par la très grande qualité artistique de la proposition et son intégration architecturale – notamment son adéquation avec le vitrail représentant l’arbre de Jessé (1864), présent dans l’une des chapelles du même bas-côté de la nef, qui restera en place – que par le respect du programme figuratif choisi par le diocèse de Paris relatif à la Pentecôte. »

« Dans une époque comme la nôtre marquée par les guerres, les divisions et les tensions extrêmes, cette opportunité de mettre mon art au service de l’unité à travers le thème de la Pentecôte est une magnifique main tendue, explique l’artiste. J’ai considéré le chemin du visiteur comme un voyage profondément personnel et spirituel à travers Notre-Dame. Il me semble essentiel de créer des vitraux qui auront une présence juste, accompagneront ce déplacement dans l’espace et interviendront comme un soutien visuel au voyage intérieur, mais sans s’imposer aux visiteurs. » Pour la réalisation des six verrières, soit une surface vitrée de 121m² (ce qui représente 5% de la surface des plus de 120 verrières en place dans la cathédrale et datant du XIIe au XXe siècle), Claire Tabouret collaborera avec les ateliers du maître verrier Simon-Marq. Fondés il y a près de 400 ans, ces ateliers rémois ont réalisé de nombreuses créations de vitraux religieux, parmi lesquels la grande baie d’Imi  Knoebel dans la cathédrale de Reims, ou encore les vitraux de Marc Chagall pour la cathédrale de Reims.

Ne pas dénaturer la lumière de Viollet-le-Duc

Lors de la conférence de presse, Claire Tabouret a présenté quelques esquisses à échelle de 2 mètres de haut (chaque baie fait chacune 7 mètres de haut) pour donner un aperçu du projet. « Il s’agira d’une œuvre d’art figurative afin qu’elle puisse être comprise, sans explication ni cartel, par des personnes de cultures différentes », ajoute l’artiste. Dans la chapelle Saint-Joseph par exemple, Claire Tabouret représentera les figures disposées en cercle de prière pour montrer la dimension physique et spirituelle de la notion d’intérieur. « Chaque centimètre carré de ces vitraux sera habité et incarné avec plus de détails sur les drapés et les couleurs », détaille la peintre. Aussi, elle reprendra les motifs de grisailles des vitraux de Viollet-le-Duc pour s’inscrire dans l’histoire de Notre-Dame.

L’un des plus gros défis pour l’artiste sera de recréer la lumière neutre de Viollet-le-Duc avec l’aide de l’atelier Simon-Marq. « Le challenge sera d’équilibrer les couleurs pour ne pas dénaturer la lumière blanche », explique Claire Tabouret. Le communiqué de presse précise que 6 mois d’études préalables à la mise en production du projet vont être nécessaires quand la création des verrières elle-même devrait prendre environ 18 mois. Selon ce planning, les nouveaux vitraux devraient donc pouvoir être installés à la fin de l’année 2026, après avoir reçu un avis favorable de la commission nationale de l’architecture et du patrimoine.

 

Un projet qui fait polémique

 Le projet de nouveaux vitraux, entièrement financé par le ministère de la Culture (4 millions d’euros) a suscité une polémique depuis son annonce. Pour l’Élysée et l’Archevêché de Paris : « Ce choix et la poursuite du projet marquent le soutien de l’État à la création artistique et la confiance accordée à une artiste reconnue. ». « Ce débat montre l’intérêt du grand public pour notre patrimoine et notre histoire », ajoute Claire Tabouret lors de la conférence de presse.

Reste à savoir ce que deviendront les vitraux de Viollet-le-Duc, restaurés et présentés dans les six chapelles du bas-côté sud de la nef jusqu’à l’aboutissement du projet de Claire Tabouret. D’après Philippe Jost, président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, deux options sont possibles. Soit, ils auront leur place dans un musée consacré à la cathédrale. Soit ils seront installés dans un autre édifice religieux. Quoi qu’il en soit, l’association Sites et Monuments a déjà prévu de déposer un recours. Lancée en décembre 2023 par « La Tribune de l’art », une pétition contre la dépose des vitraux de Viollet-le-Duc a réuni plus de 243 000 signatures à ce jour.

 

Par Agathe Hakoun, Anne-Sophie Lesage-Münch le 18.12.2024


Après maintes polémiques, la Ministre de la Culture et du Patrimoine indique :

 

 « L’effort admirable et collectif qui a permis la renaissance de Notre-Dame  ne devrait pas être entaché par des querelles d’un autre âge entre des « anciens » et des « modernes ». Patrimoine et création doivent aller de pair, c’est ce qui fait la force d’une culture et la vitalité de notre modèle culturel. Associer aujourd’hui Viollet le Duc, qui fut un moderniste, et Claire Tabouret, comme on a associé hier Garnier et Chagall à l’Opéra, c’est porter au plus haut la notion de patrimoine.

C’est dans cet esprit que le Président Emmanuel Macron  a souhaité donner une suite favorable à la demande de Mgr Ulrich , archevêque de Paris, d’installer des vitraux contemporains à cet endroit de la cathédrale. Notre-Dame doit demeurer un patrimoine inscrit dans la vie, en même qu’elle est l’emblème d’un patrimoine culturel plurimillénaire. »

 

Rachida Dati Ministre de la Culture et du Patrimoine

Paris, 30 décembre 2024


Vitraux non historiés dessinés par Viollet-le-Duc qui seront déposés et mis dans le nouveau musée de Notre-Dame de Paris


Voûte de la nef de Notre Dame de Paris en 2017


La même voûte en 2024


Pour aller plus loin : 

Quelques aberrations de restauration dans ND de Paris

Les lieux de cultes n’avaient ni chaises ni bancs, le public restait debout. Ce n’est qu’au XIXe que l’on trouve des bancs, ensuite ce sont les ouailles qui apportent leur propre chaise.

intérieur de ND de Paris vers 1760


Dans les années 1750, mis à part les rosaces qui sont conservées, les vitraux datant des XIIe et XIIIe siècles ont été déposés par les frères Vieil en 1756 pour être remplacés par des vitres de verre blanc. Cette opération est effectuée à la demande des chanoines, pour qui la cathédrale n’était pas assez lumineuse, et, à la même époque les murs sont badigeonnés au lait de chaux.

À la même époque, Jacques-Germain Soufflot, architecte de l’église de Sainte-Geneviève et admirateur de l'architecture gothique, se voit confier par le chapitre, la réalisation d’une nouvelle sacristie, mais aussi, en 1771, la tâche de supprimer le trumeau et une partie du tympan du Jugement dernier (portail central), afin que les dais des processions puissent entrer dans la cathédrale.


Vers 1770


Le 29 juillet 1830, pendant les Trois Glorieuses, les émeutiers pillent l'archevêché, le Trésor et la sacristie, brisent les vitres et du mobilier. L’état de délabrement de la cathédrale est tel que la ville songe à la raser

Néanmoins, émerge à cette époque un mouvement en faveur des monuments médiévaux : une campagne est menée auprès des autorités publiques et de l’opinion. Guizot crée en 1830 un poste d'Inspecteur général des Monuments historiques, auquel Ludovic Vitet est nommé. Ce sentiment se diffuse dans la population grâce à un roman qui connaît un grand succès : Notre-Dame de Paris de Victor Hugo (1831) ; il suscite un regain d'intérêt pour ce vaisseau de pierre échoué sur l'île de la Cité et il est renforcé par les actes de vandalisme des anti-légitimistes en 1832.

En 1841, Etienne-Hippolyte Godde est chargé de la restauration de la cathédrale ; néanmoins un concours est lancé en 1842 sous la pression du Comité historique des Arts et Monuments. Ses membres, parmi lesquels Prosper Mérimée, E.-E. Viollet-le-Duc, Victor Hugo, Victor Cousin, A.-N. Didron, le comte de Montalembert, remettent en cause ses décisions en matière de restauration. Le concours est remporté par Jean-Baptiste Antoine Lassus et Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, face à d'autres projets dont ceux de Jean-Jacques Arneuf-Fransquin, qui était pressenti, et de Jean-Charles Danjoy.

Le chantier de restauration de la cathédrale s'est déroulé en deux phases sur une période de près de 20 années (1845-1865). Selon le projet de restauration qu'ils ont déposé en janvier 1843, les architectes, sous l'influence de Mérimée, prônent un simple travail de consolidation auquel s'ajoutent la réfection du portail central et celle de la galerie des Rois de Juda. Ils tiennent à ce que leur intervention soit la plus discrète possible et à respecter les interventions de chaque génération d'architectes, artistes et artisans.





Si le budget alloué était important, celui-ci se révèle insuffisant en 1851 : l'opération doit s'interrompre pendant huit années, au cours desquelles J.-B. A. Lassus décède en 1857. Viollet-le-Duc se retrouve alors seul maître d'œuvre, quand le chantier reprend en 1859. Dès lors, l'architecte opte pour des principes de restauration qui lui seront reprochés par ses contemporains. Dans le Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, Viollet-le-Duc assume de rétablir [l'édifice à restaurer] dans un état complet qui peut n'avoir jamais existé à un moment donné.

S'il conserve le maître-autel et l'ensemble dédié au Vœu de Louis XIII, Viollet-le-Duc est à la recherche d'une unité de style et va jusqu'à inventer des éléments qui n'avaient jamais existé. Ainsi, les tuyaux de plomb du XVIIIe siècle laissent place à des gargouilles expressives. Sur la façade, un Christ hybride entre deux sculptures vues à Amiens et Chartres est ajouté au-dessus du trumeau central et la flèche qui surplombe l'ensemble est élevée bien plus haut que celle démontée pendant la Révolution. Sa structure en bois est recouverte de plomb et à ses pieds les douze apôtres sont réunis. Viollet-le-Duc s'y fait représenter en saint Thomas.

 

Portail central occidental avant restaurations du XIXe

Figure du Christ, trumeau du portail du Jugement dernier, invention de Viollet-le-Duc




Par ailleurs, Viollet-le-Duc donne ses traits, ainsi que ceux de Lassus et de Queyon, Inspecteur général des travaux de Notre-Dame de Paris, aux Rois Ela, Amasias et Achab sur la galerie de la façade.

Outre la création de la flèche et de nouvelles sculptures effectuées notamment par Adolphe Geoffroy-Dechaume, l'opération de restauration de Lassus et Viollet-le-Duc a consisté aussi en la réalisation de nouveaux vitraux, la reconstitution partielle du Trésor et du mobilier, de la réfection de peintures murales, ainsi que celle du grand orgue.

Dans les années 1860, Notre-Dame a aussi connu un grand changement lors des travaux du baron Haussmann. L'ancien hospice des enfants trouvés et l'ancien Hôtel-Dieu sont détruits afin de dégager le parvis et de créer une grande place : il est désormais possible d'admirer la façade avec plus de recul encore ce qui modifie la perspective. Consécration en 1864.

En 1871, la Cathédrale a failli être détruite par un incendie lors de la Commune. Des émeutiers ont mis le feu à quelques bancs et chaises arrosés de pétrole comme cela a été le cas aux Tuileries et à l'Hôtel de Ville. L’incendie a été vite maîtrisé par des internes de l'Hôtel-Dieu et les dégâts ont été minimes.

 Dans les années 1960, les vitraux en grisaille de la nef ont été déposés et remplacés par des verrières abstraites de Jacques Le Chevallier et ses façades ont été nettoyées dans le cadre de la campagne de ravalement voulue par André Malraux, alors ministre de la Culture, premier de la fonction.


pour rappel , 1ère partie : Projet pour le Mobilier de ND de Paris : ici 



 

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