Chapelle
Sainte-Eulalie d'Urville
emplacement du château disparu
Le village est cité sous le nom de
Urivillaen 1077-1089 dans la charte du prieuré de Montier-en-l’Île.
Le prieuré Sainte-Eulalie d’Urville
était déjà fondé le 16 mars 1095, par les seigneurs de Bligny, mais il n’était
plus qu’une grange au XVIIIe siècle, tout en restant bénéfice (bénéfices
religieux).
Originairement,
ce prieuré entretenait « outre le prieur, 2 religieux, chargés de la messe
quotidienne, du service des fondations, d’une aumônerie dominicale… Sous la
commende (bénéfice ecclésiastique confié à un laïque), un séculier (prêtre qui
n’appartient à aucun ordre) assurait la desserte ». Ce prieuré était membre de
l’abbaye de Cluny.
A l’image des grandes abbayes, Cluny
fonda de petits monastères implantés sous le nom de prieurés sur des terres
données à l’Eglise pour y pratiquer des activités agricoles et viticoles, fixer
des populations nomades et assurer près d’elles le service paroissial.
Le prieuré de Sainte-Eulalie d’Urville
avait reçu en don en 1119, d’Hugues, comte de Troyes et de Bar-sur-Aube, une
partie de la seigneurie d’Arconville. La guerre de Cent Ans, puis les
difficultés du recrutement des religieux, les baux à ferme à des particuliers,
l’attribution en bénéfice à des prieurs non astreints à la résidence, et en
dernier lieu, l’institution d’un simple garde ont conduit à la ruine du prieuré
et de la chapelle de sorte qu’à la fin du XVIIIe siècle, il ne restait plus que
la ferme ou grange du prieuré située au finage de Bligny.
Le domaine de Sainte-Eulalie d’Urville
comprenait la colline lieu-dit La Fourtelle ou La Fortelle, c’est-à-dire la
petite forêt, depuis le sommet à l’altitude de 324 mètres, jusqu’à la courbe de
niveau de 295 mètres qui, au sud et à l’ouest, se confond avec la limite du
finage de Bligny.
En
1765 ce domaine était contigu aux terres des habitants d’Urville, à celles de
la ferme de Bavon, à celles de « Sainte-Eulalie » appelées aussi les Saints-Joncs.
Dépendait du domaine, le lieu-dit La Garenne, autrement dit le parc à gibier
des anciens prieurs qui touchait aux terres de Bavon et au bois du marquis de
Dinteville, adjudicataire de biens des seigneuries d’Urville et de Bligny. Vers
l’ouest de La Fourtelle, au territoire de Bligny, se dresse un tilleul
plusieurs fois centenaire.
En 1974, à la suite de travaux
d’exploitation du terrain, la roue d’un tracteur s’enfonça dans le sol et le
sommet d’une voûte apparut. Il s’agissait d’une partie de la chapelle de
l’ancien prieuré près du tilleul séculaire. Un examen a révélé une voûte en
berceau régulièrement orientée est-ouest, renforcée par des doubleaux de
section rectangulaire (voir photo ci-dessous). Une porte semblait avoir été
aménagée à l’ouest, et daterait du XIIIe siècle.
Les
tessons de poterie ramassés sur le terrain étaient modernes mais d’assez
nombreux débris de briques épars sur le site pouvaient, par leur profil,
remonter à quelques siècles. Plus intéressants étaient des carreaux de terre
cuite émaillés sur une face et parfois latéralement. Ils devaient recouvrir et
décorer le sol et les murs de la chapelle.
Parmi les nombreuses pierres taillées,
l’une d’elles, par sa sculpture, représentait le départ d’une arcature de la
chapelle Sainte-Eulalie.
Sainte Eulalie fut une vierge martyre au
temps de la grande persécution de Dioclétien et de Maximien (289-203), brûlée
vive dans le four public de Mérida, en Estremadure espagnole sur le Guadania,
ville comprenant un ensemble de ruines romaines fouillées par René Vallois,
ancien élève du collège de Bar-sur-Aube.
Eglise Saint Pierre es liens d'Urville
Dans l’Aube avaient été placées sous le
patronage de sainte Eulalie, avec cette chapelle d’Urville, la chapelle
d’Auzon, au canton de Piney, connue au XIIe siècle, qui dépendait de l’abbaye
de Saint-Loup de Troyes, et enfin une ferme, au finage de Rosières-près-Troyes,
Sancta Eulalia en 1164. Eulalia est un nom d’origine grecque qui signifie « la
bonne parole ».