mardi 14 mai 2024

Hôtel de Marisy

 


En 1486, à l'angle des rues Charbonnet et des Quinze-Vingts, une maison à pans de bois est réduite en cendres par le grand incendie de 1524. 

Claude de Marisy, seigneur de Cervet et de Bréviandes, grainetier au grenier à sel, qui fut maire de Troyes à deux reprises, fait reconstruire en pierre cet hôtel particulier en 1528, avec ses armes gravées dans la pierre. Ce maire est représenté au pied de l'arbre de Jessé sur un vitrail de la cathédrale.

Autre marque de l'importance de cette famille, deux de ses membres furent chargés de porter le dais sous lequel était abrité le roi Charles IX lors de sa visite à Troyes en 1563.

Cet Hôtel particulier est reconnaissable à sa jolie tourelle d’angle en encorbellement, avec de petites figurines sculptées, chef d’œuvre de la Renaissance. Tourelle hexagonale, à l'angle des rues Charbonnet et des Quinze-Vingts, porte sur son socle trois blasons : ceux de François de Marisy, de son épouse Michelle de Mollé, et de sa mère Isabeau de Lamprémont. Les 3 fenêtres grillagées sont bordées de pilastres avec un fronton triangulaire. Un petit campanile à 3 faces couronnées d’un vase, est coiffé d’un dôme.





Hôtel du Lion Noir

 


L’Hôtel du Lion Noir a été construit au XVIe siècle à l’emplacement d’un bâtiment détruit par l’incendie du 26 février 1559 qui coûta la vie à plusieurs de ses occupants. Un blason retrouvé sur la hotte de la cheminée du premier étage mentionne quatre familles troyennes importantes : la famille Huez[1], Marguenat[2], Largentier[3] et d’Angenoust[4]. Ces familles devaient être les propriétaires de cet hôtel mais aucun élément n’a permis de savoir s’ils sont les premiers propriétaires. L’histoire de ce bâtiment devient plus précise au XVIIe siècle puisqu’il apparaît dans des actes notariés[5]. Il est mentionné comme « la maison du Lion Noir » à laquelle pend une enseigne représentant un lion noir.

L’Hôtel du Lion Noir est constitué de deux bâtiments : un bâtiment donnant sur la rue que les modifications architecturales apportées ne permettent pas de dater avec précision mais dont les ouvertures laissent penser à un bâtiment du XVIIe siècle. Le corps du logis, sur cour, est incontestablement du XVIe siècle et caractéristique de l’architecture de la Renaissance. En effet, la composition architecturale et les sculptures de ce bâtiment le situent dans la seconde Renaissance italienne. Après l’exubérance de la première Renaissance, la seconde se traduit par une plus grande sobriété et une inspiration directe des monuments antiques. L’harmonie des ouvertures, les pilastres et les chapiteaux traduisent sur cet hôtel du Lion Noir la seconde Renaissance troyenne. Cette architecture remarquable est unique à Troyes, et c’est par ailleurs une des rares représentations de ce style construit en bois visible en France. Ce type d’architecture s’applique habituellement à des bâtiments en pierre.

Ce chef d’œuvre architectural pourrait vraisemblablement être l’œuvre de Dominique Florentin, sculpteur italien qui a vécu à Troyes entre 1541 et 1571. Dominique Florentin a travaillé sur le château de Fontainebleau avec le Primatice (initiateur de la seconde Renaissance) et également à Troyes. Il a également construit les portiques décoratifs pour l’entrée du roi de France dans la capitale de la Champagne. Selon Jean Louis Valentin, architecte et compagnon charpentier, cet hôtel a dû être construit vers 1570, ce qui semble être cohérent avec la période de passage à Troyes de Dominique Florentin.

Par ailleurs, une salle située au premier étage rappelle les salles de château avec sa cheminée et ses murs en damiers champenois, et laisse penser que cet hôtel devait être plus grand. Il a dû être séparé en deux parties pour des raisons inconnues. En effet, au fil du temps, toutes traces de cet hôtel ont disparu et sa présence tombe dans l’oubli.

C’est par un concours de circonstances que l’hôtel du Lion Noir a été découvert : la faillite du magasin de chaussures Bally entraîna le rachat de cet hôtel en 1997 par les Mutuelles de Poitiers d’une part et par la société SCI Renaissance appartenant à l’architecte François Peiffer et à Maître Somborn, notaire, d’autre part. A cette période, le bâtiment est entièrement recouvert de crépi, cependant, certains éléments architecturaux du bâtiment donnant sur la cour indiquent la présence d’un immeuble de qualité, malgré les transformations et les dégradations. Les deux bâtiments sont reliés par des galeries à un escalier dissimulé par des verrières qui servaient d’entrepôt.

Une fois le crépi enlevé, une magnifique façade Renaissance à pans de bois apparaît. Les travaux sont momentanément suspendus. Une demande d’inscription à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques est alors déposée après concertation entre la Ville de Troyes et les Services Départementaux et Régionaux des Affaires Culturelles.

L’escalier montre un travail minutieux de sculpture : le poteau central est réalisé dans un seul chêne. Les décorations sculptées, les chapiteaux et autres ornementations sont également de grande qualité. Les sculpteurs ont travaillé le bois comme la pierre : ils ont sculpté dans l’épaisseur de la façade en creusant le bois.

Cette restauration achevée en 1998 est révélatrice des merveilles que l’on peut découvrir par hasard et que l’on ne soupçonnait pas.

 [1] D’azur à un oiseau sur une terrasse accompagné de trois étoiles.

[2] D’azur à trois bandes d’or au chef du même chargé de trois roses.

[3] D’azur à trois chandeliers d’église or posés deux en chef et un en pointe.

[4] D’azur à deux épées hautes les gardes d’or posées en sautoirs.

[5] Un acte notarié du 14 mars 1695 constate la cession de cet immeuble par Jehan Huez à Thienette Lambert veuve Benoist.

 

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