Historiquement, cette église certainement la plus ancienne de Troyes, après la Cathédrale, qui date des premiers siècles de l’introduction du Christianisme dans les Gaules, et le curé est le troisième des curés cardinaux. Lorique Gallomagne, 13ème Evêque de Troyes (562-584), ayant appris au concile de Mâcon en 582 les miracles ("qui faisaient alors du bruit") de saint Nizier, Evêque de Lyon, mort depuis 10 ans, va demander ces reliques, qu’il dépose, "avec une grande solennité" à son retour à Troyes, et les fait placer dans une chapelle dédiée à saint Maur.
Depuis 1081, par don de l’évêque de Troyes Philippe
de Pons (1081-1121), la chapelle est à la collation du chapitre de la
cathédrale qui a droit de visite. Le curé a le titre de prêtre-cardinal. Les
Chanoines de la Cathédrale en sont desservants, et conservent jusqu’à la
Révolution, des droits sur la paroisse. Pour cela, ils y vont encore tous les
ans la veille de la fête patronale chanter premières vêpres, et donnent 5 fois
à la fabrique qui doit fournir les cierges. Ces cierges doivent être allumés
autour d'une " contenance ", posée au collatéral de la gauche, et les
chanoines, à l'issue des vêpres, faire une recommandation à la décharge d'une
fondation faite en 1588, par Edmond Somonnier, leur bienfaiteur.
L’incendie de 1524, en obligeant beaucoup
d’habitants du quartier haut à se réfugier dans la partie appelée «
Entre-deux-Portes », augmente le nombre des paroisses, et nécessite la construction
d’un nouvel édifice. Des quêtes à domicile et 13 confréries contribuent à
trouver les fonds nécessaires, de telle sorte que de 1535 à 1578, dans l’espace
de 43 ans, l’église est entièrement achevée de l’abside au portail. Ainsi, la
chapelle devient une église et une paroisse.
Elle mesure L 48 m sur larg. 27, une hauteur des
maîtresses voûtes de 17 m. L’abside est à 5 pans, avec 3 chapelles et une
galerie autour du chœur. La tour carrée est terminée en 1619, la 1ère
pierre a été posée en 1602 et montée à
la hauteur de 33 mètres. Sa construction témoigne ainsi du passage du style
gothique à celui de la Renaissance. Très homogène, elle est semblable à
Saint-Nicolas mais s’en distingue toutefois par la présence d’un transept. Sa
toiture aux tuiles vernissées multicolores de style Bourguignon, restaurée en
2018, en fait un édifice peu commun dans le Bouchon de Champagne.
Classé MH en 1840, cet édifice reste le seul dédié à
Saint-Nizier dans le diocèse de Troyes.