Château
de Saint-Liébault :
En 1564, le village fait partie du grand tour de
France de Charles IX, sur l'initiative de Catherine de Médicis. Le roi y soupe
le 21 mars.
Jacques Vignier, baron de Jully et des Riceys,
conseiller du roi, intendant des Finances, acquiert la terre de Villemaure et
en devient seigneur de 1615 jusqu’à sa mort en 1631.
Il fait alors bâtir à Saint-Liébaud son nouveau
château, sur un vaste plan. Le nom de l’architecte est inconnu, mais les
documents graphiques ne laissent aucun doute : Jacques Vignier s’est adressé à
un architecte parisien de renom.
Ce château est bien habité en 1630, si l’on en croit
la description manuscrite qu’en fit, cette année là, Jean Chobert, procureur
fiscal. Il correspond exactement au dessin conservé aux Archives nationales et
exécuté en 1738. Les matériaux utilisés sont toujours la brique et la pierre de
Tonnerre.
L’escalier central, surmonté d’un dôme, servait
d’axe parfait de symétrie aux 2 pavillons qui l’encadraient de chaque côté. A
la mort de son père, ses frères ayant licité, Claude Vignier, intendant de
Champagne, devient propriétaire du château et continue les travaux, surtout
dans les jardins. Mais, Claude Vignier s’endette, et ses créanciers font vendre
la baronnie en 1647.
En 1650, la seigneurie de Saint-Liébault appartient
alors au chancelier Pierre Séguier, puis, par l’union de sa fille Marie, à la
famille du comte Cambout de Coislin.
Pierre Séguier embellit son nouveau château, et met
à contribution de nombreux artistes.
Le château est transmis ensuite à la descendance,
Marie-Henriette de Rochefort, en 1732, qui épouse Charles de Roye de la
Rochefoucauld, comte de Blansac.
En 1758, Louis Armand de la Rochefoucauld hérite de
cette terre et la fait ériger en duché héréditaire sous le nom d’Estissac (du
nom de la seigneurie d’Estissac, province d’Aunis, près de La Rochelle).
Le château est reconstruit à la fin du XVe siècle,
sur l’emplacement d’un ancien château fort.
Il est complètement détruit en 1793. Au cours de la
Révolution française, la commune de Saint-Liébaud porta provisoirement les noms
de Lyébault-sur-Vanne et de Val-Libre.
Une communauté protestante relativement nombreuse a
existé à Estissac et dans ses environs, sous l’Ancien Régime et au XIXe siècle.
La commune d’Estissac était d’ailleurs dotée d’un temple protestant à cette
époque.
Château de Saint-Lupien :
Il a été érigé en fief le 18 mars 1648 pour Charles de Beruryer, seigneur de Bussy-Saint-Georges, par le chapitre de Sens. Il se composait de 105 arpents de terres et une bâtisse carrée. Château avec quatre tours, une cour centrale un colombier...
Le vieux château était appelé
Château des Berruyers. Maison seigneuriale démolie en 1774.
Château des Évêques de Troyes
à Saint Lyé
Romain fonda le monastère de Mantenay et en fut le premier abbé. Lorsqu’il succéda à saint Remi sur le siège épiscopal de Reims en 533, saint Lyé en fut le second abbé.
Saint Lyé, décédé en 545, donna son nom au pays.
Situé sur une voie romaine et aux abords de la Seine, le village aura un rôle
capital. Les rois de France y font bâtir un château fort. En temps de paix le
château se fait accueillant pour recevoir les personnages de marque, les
princes, même les rois (Charles VIII en 1486). En temps de guerre, la
forteresse sert à protéger la ville de Troyes.
Au XIIe siècle, l’Evêque de Troyes, est le premier
des seigneurs de Saint Lyé. Il y possède une résidence rurale, composée : «
d'un château clos de murs et de fosse à eaux vives et attenant des fosses une
basse-cour en laquelle a deux granges et une maison pour mettre les blés et le
bétail ».
Les hameaux de Riancey, Barberey-aux-Moines et
Grange l’Evêque seront rattachés à la commune de Saint-Lyé.
Grange l’Evêque existait au XIIe siècle, l’Evêque de
Troyes, seigneur de Saint Lyé y possédait un établissement, de là est venu le
nom du hameau. Le monastère fut détruit en 959 par les Saxons qui vinrent
soutenir à Troyes la cause de l’évêque Anségise.
Hatton (1122-1146), évêque de Troyes, fut le premier
seigneur de Saint-Lyé. Les dîmes, autrefois perçues par l’abbé, à la
disparition de l’abbaye, le furent par l’évêque de Troyes.
Ainsi, Henri de Carinthie (1147-1169), fut nommé
comme décimateur de la paroisse de Saint-Lyé en 1169, une bulle du pape Alexandre
III en faisant mention.
En 1177, le roi Louis VII, qui « chérissait » notre
évêque Mathieu (1169-1180), confirma d’une façon officielle que ce fief
appartenait à l’Evêque, et il lui donna beaucoup pour son évêché.
Les autres seigneurs de Saint-Lyé furent les évêques de Troyes :
Manassès de Pougy (1181-1190), Barthélemy, Haïce de Plancy
(1190-1192), Garnier de Traisnel (1193-1205), Hervée (1206-1223), Robert
(1223-1233), Nicolas de Brie (1233-1269), Jean de Nanteuil (1269-1297),
Guichard (1297-1314), Jean d’Auxois (1314-1316), Guillaume Méchin (1315-1324),
Jean d’Aubigny (1324-1341), Jean d’Auxois II (1342-1352), Henri de Poitiers
(1352-1370), Jean Bracque (1370-1375), Pierre de Viliers (1375-1377), Pierre
d’rcies (1377-1395), Etienne de Givry (1395-1426), Jean Léguisé (1426-1450),
Louis Raguier (1450-1483), Jacques Raguier (1483-1518), Guillaume Parvi
(1518-1527), Odard Hennequin (1527-1544), Louis de Lorraine (1544-1550),
Antoine Caracciole (1550-1561), Claude de Beauffremont (1562-1593), René Benoit
(1593-1604), René de Breslay (1604-1641), François Malier (1641-1678), François
Bouthillier (1678-1697), Denis François de Bouthillier de Chavigny (1697-1718),
Jacques, Bénigme Bossuet (1718-1742), Matthias Poncet de la Rivière
(1742-1758), Jean Baptiste Marie Champion de Cicé (1758-1761), Claude Matthias
Joseph de Barral (1761-1789).
Le château de Saint-Lyé fut bien national à la
Révolution. Le sieur Milong, expert, dressa l’inventaire du domaine de
Saint-Lyé. C’est ainsi que par les états descriptifs, nous pouvons avoir
connaissance de cette propriété :
« une maison seigneuriale, composée de plusieurs
appartements très beaux, un accin, une maison servant de logement au garde ou
jardinier, les cors, jardin potager et fruitier, parterre, massif et parc, le
tout contenant y compris l’emplacement des bâtiments 45 arpents, 78 arpents de
pré, une garenne de 28 arpents, 9 remises, la pêche dans la Seine… Du domaine
dépend aussi une ferme de 368 arpents de terres labourables, plus des prés… ».
Le tout faisant environ 230 hectares de nos jours.
Relégué au rang des châteaux ordinaires, celui de Saint-Lyé aura de nombreux
personnages comme propriétaires.
Dès que fut connue la mise en vente du domaine, la
commune de Saint-Lyé revendiqua pour elle « l’avenue qui allait du grand chemin
à la grille de fer du château, la voie d’Aix, à l’autre extrémité du pays,
laquelle conduisait à la grande route. Le Conseil communal estime que ces deux
voies d’accès devraient revenir logiquement à la commune qui revendique
également, et pour les mêmes raisons, la place près de l’église, voisine de
l’entrée du château, ainsi que les arbres qui y sont plantés, une plantation de
saules au lieu dit les Banquettes et le terrain où était l’ancien lit de la
rivière avant l’ouverture du canal de navigation, enfin les arbres plantés par
les évêques sur le bord du fossé qu’un d’eux avait fait creuser dans la réserve
de Mantenay pour y faire venir les eaux de la Seine ».
L’administration ne retint pour la commune, que
l’avenue du Château. Le château de Saint-Lyé resta propriété de l’Etat, environ
15 mois.
L’adjudication eut lieu le 16 février 1791, et
l’acquéreur fut Nicolas Edme Courtat de Troyes pour le prix de 180.400 livres.
Lors de l’adjudication, il y eut 31 enchères.
Le 2 août 1856, les héritiers Courtat cèdent le
domaine à Louis Isidore Cornet, maire de Saint-Lyé. A son décès le 9 mars 1905,
sa nièce, Marie-Estelle Leloup devint sa légataire universelle.
Le 28 juillet 1906, elle revendit le domaine à
Maître Jules, Paul Bouclier, ancien notaire, demeurant à Troyes.
Le 9 février 1920, Mademoiselle Emilie, Isabelle,
Suzanne Havequez, dite Dantès, artiste dramatique, demeurant à Paris, se porta
acquéreur du château et de ses dépendances pour 60.000 F.
M. Dulot, journaliste, acheta la propriété pour sa
fille Simone, le 11 février 1926.
Au IXe siècle, Sainte Maure allait fréquemment en
pèlerinage à Saint-Lyé.
Un événement particulièrement important eut lieu au
château : le 3 août 1315, Louis X le Hutin épousa en secondes noces Clémence,
fille de Charles Martel, roi de Hongrie.
Avant la guerre 1939-1945, est venu plusieurs fois
se reposer au château, Edouard Daladier, Président du Conseil.
De la place de l’église, on aperçoit la silhouette
du colombier, à 2 étages, et 1 puits enfoncé dans l’épaisseur des murs de
fondation, seuls vestiges de l’ancien château des évêques de Troyes. Ce
colombier en forme de tour cylindrique, est timbré aux armes du seigneur Odard
Hennequin, évêque de Troyes. Il est le dernier témoin de la magnificence de
l’épiscopat français au XVIe siècle.
Propriété privée
ARCHIVES
C'est ainsi que nous apprenons que :
Charpentiers :
noms et salaire journalier
Jean
de Barberey 3 sous 4 deniers
Henri
le Bessel Charpentier 3 sous 4 deniers
Jean
le Bessel Fils d’Henri le Bessel 3 sous 4 deniers
Nicolas
Marreglier 3 sous 4 deniers
Aubert
de Brienne 3 sous 4 deniers
Jaquinot
le Coleçon 3 sous
Colinet
des Vignes 3 sous
Jean de Vaudes
3 sous
Jean
Michau Valet d’Henri le Bessel 2 sous 6 deniers
Félisot
Peot Neveu et valet de Jean de
Barberey 2 sous 6 deniers
Regnault Valet de Jean de Barberey 18 deniers
Regnault le Coleçon Frère
de Jaquinot le Coleçon et valet de Jean de Barberey 18 deniers
Ouvriers de bras : Nom Salaire journalier
Regnault
Raoul 2 sous 1 denier
Colin
Lamie 2
sous 1 denier
Perrin
Thévenin 2 sous 1 denier
Jean
de Dijon Minier 2 sous 1 denier
Colin
Laune 2
sous 1 denier
Robinet
le Vion 20 deniers
Jean
Raoul 20 deniers
Jaquin
le Varleteux 20 deniers
Sançonnot
Brissant 20 deniers
Une partie du
budget annuel est ainsi dédié à l’entretien et à la réparation des bâtiments
appartenant à l’évêque. Le registre présenté dans l’exposition était ouvert au
folio dédié à la réparation du pont levis du château en 1391. Sa reconstruction
totale a occupé sept ouvriers pendant six jours au mois de janvier.
Le premier charpentier, qualifié de maître, Jean de
Barberey, travaille régulièrement pour l’évêque. Son salaire journalier est
fixé à 3 sous 4 deniers. Les six journées qu’il passe à restaurer le pont levis
lui rapporte donc un salaire de 20 sous. Il est aidé de son neveu Félisot Peot
et de Regnault le Coleçon.
La
restauration complète de la charpente du pont du pré nouveau
Déjà en 1385,
la somme importante de 14 livres 2 sous 5 deniers avait été engagée pour
restaurer un autre pont, celui menant au pré nouveau – ce pré d’une superficie
de 16 arpents se situant derrière le château. Jean de Barberey est déjà présent
sur ce chantier. À cette occasion, il est rétribué 2 gros par jour,
l’équivalent de 3 sous 4 deniers. C’est lors de ce travail que l’on découvre
les noms d’autres ouvriers, tous charpentiers mais avec des compétences
différentes. Nous pouvons dresser un organigramme des qualifications de chacun
en étudiant leur salaire journalier : Jean Gilot est rétribué 5 blancs,
probablement estimée à 2 sous 1 denier ; la rémunération de Morel est fixée à 2
sous et Jaquinot est payé 16 deniers par jour. Félisot le Gras et Petit Thomas
les rejoignent occasionnellement.
Jean Jeubert, un autre charpentier qualifié est
aussi présent sur ce chantier avec son valet « le fils Godot ». Même si ces
deux ouvriers semblent moins qualifiés que le personnel qui compose l’équipe de
Jean de Barberey, leur présence s’avère indispensable. En effet, le scribe du
compte estime nécessaire de préciser qu’ils refont « le bout du pont devers les
prés ».
L’entretien
du moulin et des fausses vannes
Le moulin de
la ville fait aussi l’objet d’un entretien rigoureux. En 1385, l’ensemble
s’affaisse et il faut refaire cet ouvrage d’art. Oudin le Polet et Cothin le
minier sont chargés de creuser les remparts des fausses vannes du côté du
château dans le but de resserrer les lames de bois entre elles et rendre le
tout à nouveau étanche, travail qui les occupe cinq journées entières. Ils sont
aidés de cinq autres charpentiers tous aussi qualifiés qu’eux. Jean le Mercier
transporte de la nouvelle terre et des pierres qui serviront à Oudin le Polet,
Robinet et le fils de Coleçon pour stabiliser le sol. Quant à Arnoul, fils de
Jean le Mercier, c’est pendant deux journées qu’il les aide à cette entreprise.
Les ouvriers restaurent les fausses vannes la même
année, travail qui coûte 9 livres 4 sous 7 deniers à l’évêque. Jean de Barberey
semble être le maître charpentier responsable du chantier car il est le seul à
être présent chaque semaine du mois que dure cette opération. C’est lui qui réalise
la première étape avec son valet Jaquinot la semaine de la saint Clément
consistant à mettre une pièce de bois pour bloquer la descente des fausses
vannes. Et c’est plusieurs mois après, au printemps, qu’il continue cette
mission. Toute son équipe le rejoint : Morel, Jaquinot, Félisot le Gras, Petit
Thomas, mais aussi Jean Gilot, Oudin le Polet et Coleçon le talementier. Au
total, la réfection des fausses vannes aura duré six semaines complètes étalées
sur six mois et mobilisé 93 journées de neuf professionnels. Le bois utilisé
pour refaire ces fausses vannes appartient à l’évêque puisqu’il provient de ses
forêts d’Aix-en-Othe.
Six ans plus tard, en août 1391, le moulin et les
fausses vannes sont encore au cœur des restaurations. Cette fois-ci, le maître
charpentier est Jean le Mercier, chargé de refaire les fausses vannes pendant
trois journées avec Morel et Jean de Dijon, un ouvrier de bras. Son salaire
journalier étant de 3 sous 4 deniers, il est possible d’en déduire qu’il a la
même qualification que Jean de Barberey. Les charpentiers Jaquinot le Coleçon
et Henri le Bessel se chargent de remettre deux bras neufs à la roue du moulin
; le premier faisant en plus un palier pour le fer du moulin dont les planches
sont issues d’un arbre qu’il a lui-même coupé dans la garenne attenante au
château.
L’année 1391 est aussi l’occasion de façonner une
deuxième roue, neuve, pour le moulin banal. Une digue est creusée pour
l’installer. Félisot Peot et Regnault le Coleçon, valets de Jean de Barberey,
fabriquent les aubes de la roue tandis que leur maître taille une roue
d’engrenage. Le chantier se termine la semaine de l’Ascension suivante grâce à
Jaquinot le Coleçon qui pose le plancher sur les vannes du moulin.
La réfection à neuf des coulis des vannes
occasionnent la plus grosse dépense : 219 livres 14 sous et 1 denier obole
alors que le bois n’est pas acheté puisqu’il provient des forêts de l’évêque et
les ouvriers non nourris sur place : « Pour la despence en deniers faicte pour
le dit couliz de la quelle despense les parties sont escriptes en un quantiesme
a tachié en la fin de ce compte, non compté le merrien pris en lostel de
monseigneur a Troyes de ses garnisons, ne le merrien et trappans amenez daiz,
ne aussin les soignemens des charpentiers présent il ont ouvert pour le dit
couliz en lostel de mon dit seigneur a Troyes ».
Section Archives par Aurélie Gauthier