mardi 11 mars 2025

Porte du Beffroy

 Porte du Beffroy,  Berfroi, Beffroy, Sanctoe Savinoe, Sainte Sabine, Belfroy ou de Paris

 

« Beffroi », c’est d’abord ce qui regarde la paix, la sécurité. Le mot qui le désigne, « bercvrit » en moyen-haut allemand était utilisé dès l’époque carolingienne, entre le VIIIe et le Xe siècle. Il devient « berfroi » au XIIe s, adoucit en « beffroi » au XIIIe s. Il s’agit alors d’une « tour de bois propre pour l’attaque et la défense ». Elle abrite aussi les guetteurs. La cloche qu’on y sonne fait fonction de tocsin en cas de danger, et  convoque le matin du 11 juin, jour de la Saint-Barnabé, les habitants à l’assemblée générale. Dans les circonstances solennelles, elle sonnait plus longtemps et plus fort, les compagnons du guet ou les compagnons paveurs, « lui donnaient le branle ». En 1431, le guet sur les murs comme sur la tour fut doublé, mesure exceptionnelle prise en raison de l’approche des ennemis, et qui dura plusieurs années. Il a aussi un autre rôle : celui d’être « la maison de la ville nommée le Beffroy », plus commodément appelé le Beffroi. Dès le XIVe s, la porte de Sainte-Savine est appelée porte du Beffroi. A partir de 1434, on élit aussi au Beffroi les fonctionnaires de la ville.  

La route de Paris aboutissait à la porte du Beffroy. Cette porte avait 2 petites tours une herse et un pont-levis. La grande tour occupait l’endroit le plus élevé dans la topographie de la ville.  Elle possédait 16 clefs.


Au-dessus du corps principal de la porte existait anciennement une chambre bâtie en bois et en saillie, où se tenait le guet.

Elle était richement décorée : une Annonciation et, au-dessus du passage de la porte, des fleurs de lis, 2 anges tenant l’écu de France couronné et des bannières peintes d’or et d’azur, ainsi que les armes de Champagne.

En 1475, on prévoit des travaux, car cette porte très ancienne est dans un état de délabrement avancé, ce qui la rend dangereuse, les deux tours de la porte avaient été mal fondées. La ville décide de faire les travaux pour réparer « le bas de la porte du Beffroi qui est en grand danger de fondre et de choir ». Le mur qui supporte le système d’action du pont-levis est lézardé et présente « une faille par le moyen de laquelle ledit mur semblait être dangereux ». En avril 1497, Jehan Guaylde visite cette porte. Mais rien des propositions qu’il fait ne décide la ville à entreprendre des travaux de grande envergure, hormis des réparations de fortune.

Il existait dans le fossé à côté de cette porte, une construction en bois appelée moineau. Mentionné en 1480 pour la première fois, il fut démoli en 1494 parce qu’il tombait en ruine.

Dans le premier quart du XVIe siècle, les portes de la ville sont considérablement augmentées, en conservant les anciennes constructions.

En 1499, une assemblée des habitants décide que la porte et les tours du Beffroy et de Comporté seront démolies puis reconstruites sur un autre plan. Jehan Guaylde est sollicité pour dresser l’état de ces portes, et il visite le 12 mars ce chantier. Le 24 janvier 1500, Jehan Guaylde rapporte devant le corps de ville ses observations. Enfin, en assemblée générale du 12 mars, la ville reconnait l’état  misérable et très dangereux de cette porte et décide de la faire reconstruire. Ce n’est pourtant que le 29 mars 1501 que Jehan Guaylde signe avec la ville le marché de la reconstruction de la porte du Beffroi. Le 25 mai sont posées les fondations de la nouvelle porte. Ensuite, on commence les travaux par les grosses tours jumelles qui constituaient la porte du Beffroy. Elle est prolongée à l’extérieur, un double pont couvert est jeté sur le fossé, alors très profond, et ayant à sa tête et faisant face au bourg de Sainte-Savine, 2 nouvelles grosses tours rondes avec meurtrières sont construites. Le marché de la décoration de la nouvelle porte est signé en novembre 1504, avec Jehan Guaydre : 2 tabernacles, avec statues de l’ange Gabriel et de la Vierge Marie. La construction de l’édifice se termine en novembre 1507.

La porte du Beffroi périt dans l’incendie du 24 au 26 mai 1524, avec les tours et remparts qui la joignaient. « On s’occupa, nuit et jour, disent les chroniques, à la relever telle que les personnes de ce temps ont pu la voir ». Sa masse était imposante et son architecture toute militaire, portait le caractère de solidité qui convient à de pareils monuments. Dans l’origine elle se fermait avec une herse, et des chaînes descendant des mâchicoulis relevaient le pont-levis, qui fut remplacé par un pont de pierres. Sa voûte était longue, obscure et légèrement inclinée.

Cette porte est arrivée jusqu’en 1820, époque de sa démolition, dans l’état où elle fut laissée par les architectes du XVIe siècle, avec une herse. Le pont-levis fut seulement remplacé par un pont en bois.

Comme ouvrage avancé, en dehors et en face de la porte, avait été élevée une grande terrasse ou plate-forme, flanquée de deux tourelles et munie d’un large escalier.

Ce travail fut détruit pour dégager l’entrée du faubourg de Sainte-Savine. 

Une grosse cloche existait dans la tour, que l'on ne sonne ordinairement que pour avertir de quelque danger. Mais, aucun maître « huchier » ne pouvait travailler pendant la nuit, après le couvre-feu sonné à Saint-Urbain et le réveil matin sonné par la cloche de la porte du Beffroy.

En 1431, le cardinal de Sainte-Croix, légat du pape est reçu par la ville de Troyes. Mgr l’Evêque et « les bourgeois ayant chevaux », allèrent au-devant du légat, jusqu’au faubourg Saint-Antoine, « et ceux qui n’en avaient pas l’attendirent à la première barrière près des buttes des archers, près, de la porte de Paris. Les ordres mendiants et le clergé des paroisses, revêtus de surplis et de chapes, allèrent l’attendre à la porte du Beffroy et le conduisirent à la cathédrale.

Charles VII fit son entrée par la porte du Beffroi, aux acclamations populaires.

Le roi Charles VIII, passant à Troyes le 12 juin 1486, entre par cette porte du Beffroy, considérée comme la plus digne.

 En 1489, le roi Charles VIII qui fait un séjour d’un mois à Troyes, est reçu par l’évêque et tous les gens d’église en surplis et chapes, portant les croix et les reliques. Les habitants et les officiaux royaux vont recevoir le roi à la porte du Beffroy.

Le 23 mars 1564 le roi Charles IX est reçu à la porte du Beffroy, le maire lui présente les clefs de la ville. La porte est décorée d’un groupe représentant Charlemagne, Minerve et la Victoire et des vers disent que les vertus du jeune roi n’étaient pas moindres que celles du grand empereur.

Le 20  février 1630 la reine-mère Marie de Médicis arrive à Troyes et fait son entrée par la porte du Beffroi. Louis XIII arrive le 21 à la porte du Beffroi avec la reine Anne d’Autriche. Les clefs de la ville lui furent présentées par le Corps de ville « tous les membres à genou ».

Le 23 septembre 1631, le roi fut reçu en carrosse à la porte Beffroi. Comme habituellement, les clefs de ville lui sont présentées par le maire et l’échevinage. Le lendemain 24, la reine Anne d’Autriche arrive inopinément à Troyes, elle aussi par la porte du Beffroi.

Cette porte est détruite en 1820, les restes disparaissent soit par démolition soit par le comblement du fossé vers 1850.

Partie inférieur de la porte du Belfroy


QUARTIER DE BELFROY

Hue île Belfroy

Les vicomtes de Troyes, n'étant pas seulement des administrateurs de la justice, mais étant en outre gouverneurs de la cité et officiers de guerre, devaient, à l'instar des comtes, dont ils étaient lieutenants, posséder un palais ou château fortifié,

Ce château occupait un vaste emplacement entre l'église Saint-Nicolas et la porte de Belfroy ; son enceinte ou pourpris était de forme carrée, et communiquait par deux passages, avec le Marché-au-Blé et la rue de Belfroy,

 Ce château était quelquefois nommé la Maison-de-Fer (A), pour le distinguer d'autres maisons bourgeoises de l'intérieur de la ville dépendant de l'apanage de la Vicomte,

Mais lorsque cette institution (qui, par un abus fréquent dans ce temps-là, était devenu un fief héréditaire au lieu d'une charge à vie) fut divisée et subdivisée, jusqu'à former des douzièmes, aucun service personnel ne fut plus possible. Le château sortit des mains des vicomtes par voie d'accensissement, et jusqu'à la Révolution, leurs représentants se bornèrent à percevoir des prestations censuelles sur les détenteurs de certaines maisons de ce quartier, Cette transformation était antérieure à l'année 1284.

Cependant, les comtes de Champagne ayant dans les années 1230 et 1242, donné à la ville de Troyes une sorte de représentation par la création d'un maire et de douze jurés, elle eut dès-lors à s'occuper de besognes communes, et, à l'instar de toutes les villes qui reçurent, à un degré quelconque, cette émancipation, il lui fallut le beffroy, qui en était le symbole, c'est-à-dire une tour élevée, du haut de laquelle la cloche du ban convoquait les habitants à certaines époques. Le beffroy remplaça la Vicomté sur ce point élevé très convenable à pareille destination, et sa galerie servit, pendant bien des années, et au moins jusqu'en 1483, de parloir aux bourgeois.

La première mention du beffroy que nous ayons trouvée est de 1397, dans un des aveux de la Vicomté; mais il existait certainement bien longtemps avant, puisqu'on février 1406, dans une assemblée qui s'y tint, pour nommer le gouverneur de la maladrerie des Deux-Eaux, on constate que la tour a besoin d'être rétablie.

On l'appelle indifféremment, la Maison, l'Hôtel, la Forteresse, le Donjon du Beffroy.

Une description, faite vers 1500, représente la tour avec trois étages : le premier en pierre, et les deux autres, plus étroits l'un que l'autre, en bois. Le haut formait deux croupes avec des lucarnes aux quatre faces ; il fut compris dans l'incendie de 1524, réédifié en partie, et définitivement démoli en 1587, par mesure de sûreté générale.

Sa cloche, que par extension on nommait aussi le Beffroy, a été chantée par un poète troyen du XVIe siècle, On trouve dans ce petit poème des indications précieuses. La première cloche s'appelait Marie la Bourgeoise, surnom qui confirme son origine, Elle ne pesait que quinze milliers; celle qui lui succéda, en 1462, s'appelait aussi Marie, elle avait été jetée en fonte par Simon Magret, natif de Haillecourt, par son neveu et par son fils, Elle pesait trente mille livres, mesurait trente pieds de tour, s'entendait à sept Lieues à la ronde, C'était une des merveilles de la cité, célèbre au moyen-âge parle nombre, le poids et le savant accord de ses cloches. En 1467, elle fut fêlée par accident, et il est à croire que, malgré ses plaintes formulées en vers, elle fut laissée en cet état jusqu'à 1524, Quatre milliers du métal en provenant ont servi pour les cloches de l'église Saint-Nicolas,

Pour en revenir à la rue de Belfroy, elle a pris son nom du voisinage. Il en a été quelquefois de même du faubourg. On trouvait dans cette rue, au XVIe siècle, les logis de la Tête-Noire, du Pavillon-Vert, de la Poire, des Trois-Goujons, de la Croix-de-Fer, du Saint-Esprit, de Notre Dame-de Hécouvrance.

Ces indications n'étaient pas toujours, il s'en faut de beaucoup, des enseignes d'hôtelleries. Elles suppléaient, pour les adresses, aux numéros qui sont d'institution toute moderne, même à Paris, et qui n'ont été placés à Troyes qu'en 1766. Elles servaient aussi à constater, dans les titres de propriété, l'identité des héritages. On y attachait assez d'importance pour imposer aux locataires l'obligation d'en entretenir avec soin la représentation, qui consistait, tantôt en une enseigne peinte suspendue à une branche de fer, tantôt à des figures de demi-grandeur, en bois ou en pierre, tantôt en des sculptures en demi-relief, sur le panneau des portes d'entrée.



Jardin du Beffroi créé 1848 
Monument du Comte de Launay



Jardin de la Vallée Suisse - Anciens fossés des remparts






Porte st Antoire ; aux boeufs

 Porte saint Antoine


Porte st Antoine et le Fort Chevreuse

Vis-à-vis du faubourg de Saint-Martin et à l’extrémité de la rue des Filles (aujourd’hui la rue Jaillant-Deschainets), était la Porte Saint-Antoine. Elle devait son nom au couvent des Antonins situé dans le faubourg, à l’endroit même où est le Petit-Séminaire en 1844.

 Cette Porte était flanquée de deux tours, qui ont disparu au XVIIIe siècle. Il n’en est pas resté la moindre trace. Percée et encadrée dans le mur du rempart, elle semblait n’avoir été qu’une poterne (une poterne était une petite  porte qui était intégrée aux murailles d'une fortification, de façon discrète et qui permettait aux habitants de sortir ou rentrer à l’insu de l’assiégeant).

 En 1418, la reine Isabelle ou Isabeau de Bavière, que le duc de Bourgogne venait de délivrer de la prison de Tours, fit son entrée à Troyes par la Porte Saint-Antoine.

  En 1486, la porte était encore livrée à la circulation : un titre de cette époque la nomme « la porte par où l’on va à Pouilly », parce qu’en effet c’est le plus court chemin pour aller à ce châtelet, distant de Troyes de ¾ de lieue. 

Vers 1518 la porte Saint-Antoine fut interdite et murée du côté du fossé. De là le nom de porte d’« Etoupée », c’est-à-dire close et condamnée.

Depuis le commencement du XVIe siècle, cette porte figure dans les comptes de la ville comme local affermé à des particuliers, qui y emmagasinaient des vins et des huiles.

La porte Saint-Antoine était dominée par une butte très élevée, sur laquelle était assise, à l’angle du rempart, la Tour Saint-Antoine et la plate-forme du même nom en avant de cette tour. Cette plate-forme, où il y avait des casemates, contenait 21 toises 8 pieds de long, sur 14 toises de largeur.

En 1544, lorsque, d’après les ordres de François 1er, on travailla aux fortifications de Troyes, on dépensa, suivant un mémoire de cette année, pour la plate-forme de « Sainct-Anthoine », 2.850 livres tournois.

En 1578, la plate-forme fut revêtue de maçonnerie, afin de soutenir les terres du côté de la ville. On acheta la même année 2 maisons contigües, pour établir un dépôt de munitions et un arsenal à remiser le canon.

En 1590, le comte de Saint-Phal qui commandait la garnison de Troyes, voulant parer à toute surprise de la part des troupes royales, se fit autoriser par Charles de Lorraine, duc de Chevreuse, gouverneur de Troyes pour les ligueurs, « à aviser par tous moyens à mettre la ville en bonne défense ». En conséquence, le comte ordonna d’abattre 3 églises : celle de Saint-Martin, dont la chapelle de Sainte-Jule était un reste, celle de Saint-Antoine près des fossés, et celle de la Trinité, à l’entrée de Preize. Des pierres de ces temples, il fit construire, à l’angle de la muraille et devant la plate-forme, un bastion qu’il appela le « Fort Chevreuse », pour faire sa cour au prince, qui était alors à Troyes. Le Fort-Chevreuse, bâti trop précipitamment et de matériaux peu consistants, s’est écroulé de lui-même. Au pied de la butte, dans le fossé, il y avait une écluse pour régler les eaux.

En 1681, il y avait deux guérites qui abritaient les sentinelles à chaque extrémité.

En 1735, lorsque les courtines du rempart disparurent, on abaissa les murailles à hauteur d’appui, et le terrain nivelé devint une terrasse.

En 1780, on planta sur cette éminence des tilleuls en quinconces, « où les vieillards du quartier allaient respirer l’air pur et prendre l’insolation ». On montait à ce point culminant par une pente assez raide à l’extrémité de la rue des Filles-Repenties (rue Jaillant-Deschainets), ou par le rempart de la porte du Beffroi, ou par celui de la porte de la Madeleine. La butte et la porte Saint-Antoine ne faisaient qu’un.

En 1814, l’empereur Alexandre de Russie, pendant la première occupation, fit de ce rempart sa promenade favorite. Le 25 février, veille de l’entrée des Français à Troyes, les alliés placèrent de l’artillerie sur la terrasse du Fort Chevreuse pour battre la campagne environnante. Mais les arbres du mail et les bâtiments des faubourgs de Sainte-Savine, de Saint-Martin et des Faux-Fossés les empêchèrent d’en faire usage.

En 1831, une instance fut présentée à l’autorité municipale par les habitants du haut de la ville à l’effet d’ouvrir une communication de la rue des Filles avec le faubourg Saint-Martin. On construisit sur le fossé une voûte que l’on couvrit des terres de la butte, et la porte Saint-Antoine démolie livra un nouvel accès dans notre ville. Sur l’emplacement de la porte on éleva 2 pilastres de pierre auxquels on relia les parapets du rempart suivant la déclivité du terrain. Cette entrée fut fermée d’une grille. La pose de la première pierre eu lieu de 20 juin 1831. Cette nouvelle entrée prit le nom de Porte-Neuve ou de Porte-Saint-Martin.

En 1849, lors de la démolition des remparts, la porte fut définitivement supprimée. 

 

La Porte-aux-Boeufs

L’entrée des routes, qui arrivaient en ville, était défendue par des portes dites « fausses portes ». En 1416, la Porte de Sainte-Savine, qui s’élève près des faux-fossés, sur la route de Sens, située à l’entrée du faubourg est dite la Porte-aux-Bœufs, et en 1433 elle est comptée comme avant-poste.

 


Porte de la Madeleine

 La Porte de la Madeleine ou Magdeleine


La Porte de la Madeleine s’ouvrait autrefois au nord-ouest de la ville. Cette porte prenait son nom de l’église dans le voisinage de laquelle elle était située.

On trouve cette porte désignée dans les chartes dès 1308. Primitivement ce ne fut qu’une poterne avec un porche bas et étroit (une poterne était une petite porte qui était intégrée aux murailles d'une fortification, de façon discrète et qui permettait aux habitants de sortir ou rentrer à l’insu de l’assiégeant). Bien que cette entrée parut sans importance, elle avait un pont-levis et un pont dormant et fut augmentée du fort Belin, (à l’emplacement du théâtre). Au-dessus du porche était un pavillon carré en charpente, qui servait de corps de garde et de chambre du guet.

Jeanne d’Arc prépare l’assaut de Troyes en 1429, et entre par cette porte et celle de Comporté.

Cette porte fut considérablement augmentée par des constructions faites de pierres provenant de la démolition du château de Payns pendant les guerres civiles du XVIe siècle. En 1544, un mémoire pour les fortifications de Troyes signale l’urgence d’un boulevard à construire en avant de la porte de la Madeleine afin de la couvrir et de la mettre en sûreté.

Sous Henri III, elle fut fortifiée de ce bastion, qui fut appelé le Fort-Belin, du nom de Pierre Belin, élu maire cette année pour la deuxième fois. La première pierre fut posée le 2 octobre 1576. A ce fort fut adossée une seconde porte en avant du pont dormant qui conduisait à l’autre rive du fossé. A peu de distance de la porte inférieure, on voyait sur une pierre, dans le mur en dehors du rempart, le millésime 1635, date probable d’une restauration. Cette pierre est conservée au Musée de Troyes, où elle a été transportée lors de la démolition du rempart. A gauche de la porte, du côté de la ville, entre une petite maison et le terre-plein, on montait sur le rempart par un escalier en pierre de 48 marches, ayant un palier ou repos au milieu, et se prolongeant à droite en retour d’équerre.

En 1737, les travaux de fortifications réclamant de grandes réparations, l’autorité municipale décida la démolition du Fort-Belin et des deux portes dont le passage était étroit et obscur. On nivela le terrain, on baissa les murailles et l’on construisit la nouvelle porte dans l’épaisseur du rempart. Ce travail fut achevé sous la mairie de M. Antoine Camusat, ainsi que le pont qui joignit les restes du Fort-Belin à la promenade.

La date de 1740 en était gravée sur la clef de l’arche du pont. Sur ce pont, le maire des 4 faubourgs, ou Bailli de Troyes, tenait sa justice extraordinaire en matière de délit. Les grandes voies éloignées de la porte de la Madeleine l’avaient maintenue à la condition de simple poterne. Cette entrée n’avait devant elle qu’une avenue ressemblant à une impasse qui conduit à un des cimetières de Troyes, appelé le Grand-Clamart.

En 1780, un incendie ayant consumé la comédie qui était alors en ville, on construisit une nouvelle salle des spectacles sur la base de l’ancien Fort-Belin, à droite en sortant entre la porte de la Madeleine et le pont. L’isolement de toute habitation et la proximité de la promenade justifiaient le choix de l’emplacement. A dater de cette époque, les abords de la porte eurent un peu plus d’animation, les jours de spectacle amenaient périodiquement les habitués du théâtre, mais aux autres jours, ce quartier était monotone comme avant.

En 1814, la porte de la Madeleine vit l’empereur de Russie passer sous ses arches, et monter plusieurs fois l’escalier de son rempart. Pendant l’occupation, en février, l’autocrate, logé à peu de distance de la porte, faisait, après son déjeuner, sa promenade quotidienne sur le mail ou sur les murailles, depuis la porte de la Madeleine jusqu’à celle du Beffroi. Dans l’après-midi du 23 février 1814, la porte de la Madeleine fut brutalement interdite aux paisibles habitants des rues adjacentes. Occupée par les troupes alliées qui la barricadèrent, elle fut trouée à coups de hache pour y pratiquer des meurtrières. Ce simulacre de résistance n’aboutit qu’à laisser à la vieille porte un souvenir de ses maîtres de 1814, et des plaies qu’elle montra jusqu’au dernier jour. En 1826, on détruisit les platanes qui l’encadraient si majestueusement, c’était le commencement de la fin pour la porte de la Madeleine. En 1849, on abattit les remparts : la porte, qui n’avait alors plus aucune raison d’être, subit en même temps le même sort.

Le plan de Troyes de 1697, reproduit en une lithographie de 1862, donne une idée exacte de ce qu’était l’ancienne porte de la Madeleine.     

 




La Porte de Comporté

 La porte de Comporté,  de César, de Preize, Coesaris Porta, Comitis Porta, du Comte, de la Trinité  




La Porte de Preize regardait le faubourg de ce nom. Elle avait été bâtie par César, du temps de l’occupation romaine : ce qui la fit nommer Coesaris Porta, Porte de César. Elle était en pierres dures avec 2 grosses tours et pont-levis. Elle avait 8 clefs. Elle était primitivement assise près de la rue Largentier, qui faisait communiquer les Tauxelles avec le faubourg.

La vieille porte, minée par le temps, fut démolie et rapprochée de la ville sur le bord intérieur du fossé ou marais « qui enceignait Troyes au nord-ouest ». De là vint le nom de Comporté (en 1235), d'autres indiquent que c'est pour le nom des " Comtes ". Suivant la tradition, Comporté signifiait « comme portée », par allusion à son déplacement. Elle prit aussi le nom de Comitis Porta, Porte du Comte, en raison du voisinage du château des comtes de Champagne, qui passaient pour avoir fait construire cette porte. Plus tard, elle fut appelée Porte de Preize, dénomination provenant des Prés ou prairies qui l’avoisinaient.

Cette porte était construite en pierres dures, accompagnée, en dehors du fossé, des deux grosses tours. Au-dessus de la porte, était un corps de bâtiment en bois, et en avant, un pont-levis. Plusieurs corps-de-garde défendaient cette entrée. La porte la plus rapprochée de la ville était couverte  par un cavalier revêtu de pierres dures. A côté de cette porte, existait une espèce de retrait avec meurtrières.

Thibaut V, comte de Champagne, fonda au XIIIe siècle un monastère pour sept religieux de l’ordre de Saint-François, connus sous le nom de Trinitaires, dits ensuite Mathurins. Il les établit près de la porte de Comporté.

En 1388, elle s’appelle Porte de la Trinité. En 1499, la porte de Comporté menaçait ruine. Le conseil de ville décida le 12 mars qu’il fallait démolir la porte et la reconstruire immédiatement. Ce n'est que le 15 février 1507 que l'Assemblée, alors que la porte du Beffroi est en voie d'achèvement, songe aux préparatifs du nouveau chantier. La démolition de la vieille porte de Comporté est entreprise  début 1508, et c'est au mois de mars que Jehan Guayde, qui travaille sérieusement sur le futur ouvrage, présente "un monstre de porte en papier". Les fondations sont jetées au début d'avril. L'édifice est de moindre importance, ce qui permet à Jehan Guayde d'avoir plus de journées libres pour travailler au jubé de la Madeleine. Il quitte le chantier le 15 juillet 1509. En août, la porte est achevée par ses maçons. La nouvelle porte se composait d’un corps de maçonnerie flanqué de 2 tours en pierres dures, ayant des embrasures sur les fossés. Le porche était surmonté d’une chambre du guet, bâtie en bois. Au-dessus de l’entrée, on voyait les armes de France sculptées sur la pierre. En avant du porche était un pont-levis qui reliait la porte à une seconde porte moins fortifiée, couverte par un cavalier revêtu de grès, et une écluse en amont réglait les eaux qui occupaient une surface considérable.

En 1520, la ville fournit le pavé de Preize, à charge d’entretien par les habitants du faubourg. On poussa activement les travaux de fortifications autorisés par François 1er. La Porte de Preize fut reliée aux remparts par un muret un terre-plein sur lequel on établit à l’orient la plate-forme de Comporté.

En 1521, on répara les tours d’enceinte, on construisit des ouvrages en terre, soutenus par des murailles, et l’on forma, en dedans des fossés, une ceinture définitive de galeries percées de meurtrières au frais des habitants. Le zèle des Troyens et leur amour pour la patrie furent constatés par des lettres-patentes de François 1er du 13 avril 1521 : « … ma bonne ville de Troyes, capitale du comté de Champagne est de grande étendue, close et fermée de fossés, portaulx, ponts, boulevards et autres choses requises à forteresse, que Troyes est des villes du royaume la plus propre dans l’occurrence à être tenue en bonne garde, sûreté, fortifications et munitions. Pour continuer les fortifications, emparements et munitions, y fournir et aider, sont accordés à la ville de Troyes des octrois dont les deniers seront employés aux réparations et fortifications, les Maire et échevins ayant l’œil et sollicitude à ce qu’ils soient justement et loyalement employés, à la moindre charge que faire se peut pour les habitants. En conséquence de quoi, ainsi que de leur bonne loyauté, grâce et vraie obéissance, en laquelle ils continuent chaque jour…».

En 1524, François 1er fit de Troyes une place importante. Les fortifications réparées mirent cette ville en état de soutenir un siège. Ces mesures ne la garantirent toutefois pas des tentatives des « Boutefeux, Flamands, Espagnols, Allemands incendiaires stipendiés par l’empereur Charles-Quint ».

En 1539, le roi vint habiter Troyes pendant 2 mois.

En 1543, Guillaume Le Mercier, maire, fit élargir les remparts pour y conduire de l’artillerie. A l’ouest de la porte de Preize, la muraille se prolongeait en droite ligne, elle était percée de meurtrières. Une galerie couverte régnait sur toute la longueur. De cette galerie on arrivait à l’étage supérieur de la porte où se tenait le guet. Une rampe douce conduisait au rempart. A égale distance, entre la porte de Preize et celle de la Madeleine, se dressait la tour des Violettes. Des souterrains de cette tour on communiquait avec le fossé et avec la ville.

En 1588, on répara cette forteresse.

Le 17 septembre 1590, jour de la Saint-Lambert, à 4 h du matin, des soldats royaux arrivèrent par les Tauxelles, franchirent  le fossé, escaladèrent la muraille du Joli-Saut. Les uns se portèrent par le rempart vers la porte Saint-Jacques, qu’ils ouvrirent à leurs compagnons, et, cavaliers et fantassins envahirent le Quartier-Bas. Les autres gagnèrent la porte de Comporté, dont ils s’emparent…

La porte de Preize et son rempart n’eurent rien à enregistrer durant le XVIIe siècle, si ce ne sont les escapades de François Girardon, qui allait s’y livrer à ses goûts pour la sculpture, sous la surveillance de son père dont la maison était voisine du rempart.

En 1740, la porte de Preize tombait de vétusté. Elle fut réparée sous la mairie d’Antoine Camusat. Les tours furent arasées, avec le dessus du porche, sous forme de bastion, que l’on couvrit d’une terrasse entourée d’un parapet. En même temps, les galeries avoisinantes furent abaissées et bordées de parapets raccordés avec celui de la porte. La tour du roi Arthur, celle du Bassin et celle des Violettes furent détruites, et les pierres qui en provenaient entrèrent dans la réparation des murailles.

En 1754, on resserra le fossé, on abattit les vieux arbres qui le longeaient, on nivela le terrain et l’on planta des allées régulières et alignées auxquelles on donna le nom de mail.

En 1755, le pont de pierre de la porte de Preize fut construit, le pavé du faubourg réparé. On établit la chaussée du mail de la porte de Preize, jusqu’à la porte de Saint-Jacques.

En 1780, on bâtit le petit bureau d’octroi à gauche du pont, avant d’entrer en ville.

En 1787, on refit la voûte du porche de cette porte, que des infiltrations avaient compromise, et l’on pava la terrasse.

En 1792, les sans-culottes signalèrent leur haine de la royauté en mutilant les armes fleurdelysées à la façade de la porte, en même temps qu’ils faisaient abattre les bras de la croix de la flèche de Saint Remy.

En 1814, Troyes souffrit beaucoup de l’invasion étrangère. La porte fut maltraitée, on en perça les vantaux à coups de hache, puis on les ferma et l’on amoncela derrière des voitures brisées, des moellons que les alliés firent apporter par les malheureux habitants du quartier. La porte garda les traces de l’attaque que ne soutinrent pas longtemps les alliés devant Napoléon le 23 février. Les Bourbons une fois installés, la municipalité eut hâte de faire disparaître les plaies les plus apparentes de la guerre. Le conseil de ville décida la réparation de la porte de Preize, et démolit en 1817 le reste des tours jusqu’au niveau du sol, on y assit des parapets qui rejoignirent ceux du pont, on réduisit le porche et l’on construisit un portail avec pilastres. En 1831, la grosse tour du Roi fut démolie.

En 1832, on abattit les beaux platanes du fossé, et l’on planta des épicéas sur le talus, le long du mur de la porte.

En 1848, on abattit une portion du rempart à l’ouest de la porte de Preize. On découvrit à la base de l’ancienne tour des Violettes la pierre qui attestait la construction, de ce fort en 1588. Elle fut déposée au Musée. La démolition de cette porte fut suspendue et reprise à plusieurs fois.

Enfin, la porte de Preize, devenue un non-sens par l’absence du rempart, s’affaissa en 1852 sous l’action de la pioche et du marteau.

On trouva en 1853 une petite pièce d’artillerie en bronze aux armes de Troyes qui a été conservée au Musée st Loup.

Porte de Preize vue de l’extérieur
Mine de plomb, rehauts de gouache blanche, papier bistre
H. 0,242 x l. 0,222
Fichot Charles (Troyes 1817-Paris 1903)


Porte de Comporté ou de Preize



Porte des Comtes, de st Lyé, d'Artaud, de Challouet, st Quentin, aux Cailles

 Porte du Château des comtes de Champagne ou de La Tour 


Cette porte du vieux château des Comtes, place de la Tour, fut rasée en 1865. « On a récolté quelques toises de moellons en sacrifiant le seul souvenir monumental du XIe siècle qui fût à Troyes ». Bien, entendu, la démolition des fortifications devenues absolument inutiles, s’imposait comme une mesure essentielle de progrès et d’assainissement.

Ce château était la principale habitation de Hugues, comte de Troyes. Le comte Henri le Large décida l'édification d'un nouveau château qui déplaçait le siège comtal. En même temps le comte faisait donation aux abbés de Montiéramey, de l'église st-Jean. Il devient arsenal et reste un symbole de la puissance comtale.

En ce château eut lieu l'exécution de quarante-neuf protestants, qui y étaient détenus, dans la nuit du 24 au 25 août 1570 sur ordre de Pierre Bélin.


Porte de Saint-Lyé, Sancti Leonis, ou de Provins

 


Au nord, la ville était close par une muraille comme aux trois autres côtés.

Une porte, dont le nom ancien n’est pas venu jusqu’à nous, y était pratiquée. Elle était située à l’extrémité nord de la rue des Sonnettes, faisant suite à la rue du Flacon, et celle-ci à la rue des Trois-Petits-Ecus. Elles formaient une voie qui croisait la rue de la Cité à angles droits. Ces deux voies ayant à leurs extrémités les 4 portes, divisaient la ville en 4 quartiers à peu près égaux. Telle était la première enceinte connue de Troyes sous les Romains, et sous les rois Francs jusqu’à nos Comtes.

On l’appelait au XIVe siècle Porta Sancti Leonis ou Porte de Saint-Lyé, parce qu’en effet elle s’ouvrait dans la direction de cette localité. Nous n’avons rien trouvé qui pût nous renseigner sur l’histoire non plus que sur la forme de cette porte. Elle était très rapprochée de la vieille tour, au pied de laquelle les comtes de Troyes construisirent un de leurs châteaux-forts au XIe siècle.

La porte de ce château, bel échantillon d’architecture militaire de ces temps reculés, a traversé 7 siècles, respectée par le temps et le vandalisme même de 1793, que pour s’affaisser sous la pioche des démolisseurs du XIXe siècle.


Porte d’Artaud, de la Girouarde, du Comte, ou de la Juiverie  

I A 

L’aspect occidental de la ville était limité par un mur, de l’angle sud-ouest de la vieille tour construite par les Romains aux nord-ouest.

Une porte s’ouvrait de ce côté, au lieu même où commence la rue de la Cité.

En 451, Attila, roi des Huns, après la bataille de Méry, se présenta sous les murs de Troyes.

Furieux de sa défaite, il menaçait et du fer et du feu, toutes les bourgades qui ne se rendaient pas à discrétion.

C’est du haut de la porte de la Girouarde que Loup évêque et gouverneur de Troyes fit au farouche guerrier Attila cette question : « Qui es-tu toi qui ravages les campagnes, qui détruits les cités et qui en égorges les habitants ? ». Et le roi barbare de répondre : « Je suis Attila, le fléau de Dieu ». Alors l’évêque répliqua : « Moi, je suis Loup, gardien du troupeau que Dieu m’a confié. Viens, ô ministre et fléau de mon Dieu !... Va où bon te semble, tout t’est soumis puisque Dieu le veut ainsi ».

Le prélat fit ouvrir la porte, en descendant, il alla au-devant d’Attila, le salua, et, prenant la bride de son cheval, il le conduisit à son palais.

La légende rapporte qu’adouci par les paroles de l’évêque, le roi des Huns traversa la ville avec sa troupe, et, comme frappé d’aveuglement, il en sortit sans offenser qui que ce fut.

Arrivé à la porte des Ursaires, Attila prit congé de Loup, en se recommandant à ses prières.

Le souvenir de cet événement fut consacré par une procession faite annuellement le 29 juillet, par les religieux de l’abbaye de Saint-Loup. On y portait solennellement les reliques du saint évêque protecteur de la cité, et à l’emplacement de la porte où saint Loup avait reçu Attila, on, déposait la châsse, et l’on chantait l’hymne « Adeste cives… », en l’honneur du sauveur de Troyes, ce qu’ont fait ensuite les chanoines, lorsque l’abbaye n’existait plus.

 En 1120, la porte s’appelait Porte d’Artaud, sans doute à cause du voisinage du logis d’Artaud grand chambellan du Comte Henri 1er.

En 1270, elle était nommée Porte du Comte, puis porte de la Juiverie et enfin depuis le milieu du XIV° siècle, elle eut le nom de Porte de la Girouarde, qu’elle partageait avec le pont qui la précédait extérieurement et sous laquelle passe le Ru-Cordé.

Elle fut démolie en 1688.

 

Porte de Challoël ou Chaillouet

La porte de Challoël regardait la rue des Tauxelles et conduisait aux moulins Brûlés et au quartier de Chaillouet. Dans un titre de propriété de 1409, on trouve la mention suivante : « Rue de Nervaux qui est dès les moulins de la Tour par laquelle on va à la porte de Chaillouet, derrière la Poterne de Saint-Quentin ». Elle figure sur le plan de 1697, dressé par l’ingénieur Parisot. Cette porte était assise en dedans du fossé d’enceinte en avant de la porte de Saint-Quentin. La porte de Chaillouet disparut au XVIIe siècle.

Porte de Saint-Quentin

Moulin de la tour

Nous trouvons, dès 1214, dans un acte de donation au profit de la maladrerie des Deux-Eaux, mention de la porte ou plutôt de la poterne de Saint-Quentin, qui n’a jamais été qu’un dégagement très secondaire.   

Au Nord et à l’extrémité de la rue de Molesme, se dressait la porte de Saint-Quentin, sur le bord intérieur du cours d’eau du moulin de la Tour.

Nous trouvons cette porte également mentionnée en l’an 1299, et elle existait encore au XVIe siècle.

Elle devait son nom au Prieuré de Saint-Quentin qui était dans son voisinage. Près de là se trouvait la porte de Challoël. Cette porte était assise en dedans du fossé d’enceinte en avant de la porte de Saint-Quentin.

En 1514, la porte est aussi appelée poterne de Saint-Quentin, « en avant du ru Cordé ». Une poterne était une petite porte qui était intégrée aux murailles d'une fortification, de façon discrète et qui permettait aux habitants de sortir ou rentrer à l’insu de l’assiégeant.

 

La Porte aux Cailles, ou des Urnes

Pont aux Cailles et rue st Jacques
la maison où est né Simart (1806)

Une note de 1157, indique que la porte aux Cailles existait déjà à cette date.

Sous Thibault IV, le quartier-Bas de Troyes est entouré de portes. La ville s’agrandit en tous sens. Elle eut pour limite, à l’est, le cours d’eau du Pont-aux-Cailles, où fut assise la porte du même nom, ainsi appelée en raison des innombrables cailles qui peuplaient les jardins de l’abbaye de Saint-Martin-ès-Aires.

Elle s’élevait à peu près au milieu de la rue Saint-Jacques, et fut plusieurs fois réparée. Détruite en 1697, elle ne fut entièrement démolie qu’en 1723. 

Le vieux pont de pierre, très solidement construit en dehors de la porte est resté sous la rue Saint-Jacques.


le pont Ste Catherine vers 1930



Porte st Jacques

 La Porte Saint-Jacques, Porte Dorée, ou des Sans Culottes  




Porte st Jacques au XVIe


Cette porte tenta souvent le crayon ou le pinceau de nos plus habiles artistes qui nous donnent une vue exacte de ce monument aujourd’hui disparu. Médiocre mais incontestable compensation que ces images, pour les archéologues, les historiens et les artistes, qui se seraient tant réjouis, s’ils pouvaient contempler, encore debout, l’édifice dont les pierres désagrégées et dispersées ne parlent plus.

Erigée à la naissance d’une des principales artères de la cité troyenne, imposante et gracieuse à la fois la porte Saint-Jacques se distinguait des autres portes de Troyes, généralement lourdes et massives, par des proportions sveltes et élancées.

 Le comte Thibaud IV qui s’était rebellé avec d’autres grands féodaux contre la couronne en 1226, s’était remis l’année suivante sous l’autorité royale. Alors ses anciens alliés « commencèrent à gaster la terre au comte de Champagne, car ils l’avaient en grande haine pour ce qu’il s’était accordé au roi ». Les années 1229-1230 virent l’invasion et la guerre en Champagne. C’est en cette période que Thibaud IV fortifia ses possessions.

A Troyes, l’enceinte s’arrêtait alors, à l’est de la ville, au ru aux Cailles, et s’ouvrait par la porte aux Cailles. Thibaud IV porta la nouvelle enceinte plus en avant, toujours dans la direction de l’est, et fit creuser de grands fossés pour la protéger. L’issue de la ville sur ce nouveau rempart s’ouvrit au-delà de la porte des Oursiers, par une nouvelle porte, dans la direction du bourg Saint-Jacques. Le nom de porte Saint-Jacques ne lui fut pas donné de suite : en 1239, elle est citée comme étant « la porte entre la porte des Orsiers et le bourg Saint-Jacques ».  Elle avait 15 clés.

 Cette porte était une redoutable défense, avec ses meurtrières, mâchicoulis, pont-levis… Elle se composait d’un corps de maçonnerie flanqué de 2 tours à 3 étages, au milieu desquelles se dressait un avant-corps servant d’appui à 2 contreforts, qui supportaient de leur côté des tourelles assises sur un cul-de-lampe chargé de moulures. Au-dessus de l’entrée du porche était un cadre en ogive formé de grosses saillies, et, sur le grand comble du monument, s’élevait un clocher percé sur chaque pan d’une ouverture dont le haut était taillé en trèfle. La pointe de l’aiguille qui terminait le clocher était formée par un épi à fleurons de plomb. On ne comptait pas les fleurons de plomb qui dessinaient sur les portes ou se détachaient sur les toits. L’azur, le vermillon, le sinople, l’or, se mariaient ici et là dans une savante harmonie.

 Cette porte fut magnifiquement décorée, la ville apportant tous ses soins pour embellir cet ouvrage militaire. Ses toits étaient couverts avec 46.500 ardoises. Il y avait 9 bannières d’airain et de cuivre fin, mobiles sur leur axe et tournant au gré des vents. Une bannière « pour le guet de Saint-Jacques » était faite de toile perse bleue semée de fleurs de lys jaunes. De plus, la Ville fit embellir la porte de peintures ornementales qui firent la renommée de cette porte dont l’« Annonciation de la Vierge » (thème favori), peinture sur bois. Des sculptures, des statues (dont un grand « Saint-Jacques »), dues aux ciseaux d’artistes de renom, tels que Jacques Le Cordouanier, complétaient la décoration. Sur la façade principale se découpaient les armes de France et celles de Champagne, peintes d’azur, et dorées à l’or fin. Tous ces ornements, ces décorations multiples, justifiaient amplement, à n’en pas douter, l’appellation courante de la porte Saint-Jacques. Pour le peuple, pour tous et pour chacun, c’était la « Porte Dorée » ! « Le bon troyen n’y passait jamais sans relever instinctivement la tête, sans la saluer toujours du même et fier regard ». 

Sa reconstruction fut envisagée au début de l’année 1395, et dura jusqu’en 1403. De 1461 à 1463, la ville parfait la porte en la réparant et en la décorant. Au XVe siècle, le terrain, compris entre la porte Saint-Jacques et le bras de la Seine qui sépare la ville du faubourg, fut réuni à la ville, afin d’établir un « ravelin », ouvrage avancé des fortifications, dressé pour protéger cette porte. Jehan Gayde commence le 15 octobre 1513 les travaux de maçonnerie au chevet du boulevard de la porte Saint-Jacques. Ces travaux, menés rondement, sont achevés à la fin du mois de novembre. Ce bâtiment de la porte Saint-Jacques, toujours entretenu et de solide construction, traversa le temps sans encombre jusqu’au XIXe siècle. Cet édifice militaire se trouvait être la plus ancienne des portes fortifiées de la ville de Troyes.     

  Chaque âge se plaisait à rappeler les événements notables accomplis à la porte Saint-Jacques, et les générations s’en transmettaient le récit d’abord fidèle, détaillé, puis amplifié. Le 10 juillet 1429, c’est par la porte Saint-Jacques que Jeanne d’Arc était sortie, à la tête de l’armée libératrice qui conduisait Charles VII au sacre de Reims. C’est à la Porte Dorée que, le mardi 5 avril 1594, se présenta le héros envoyé par Henri IV pour hâter la soumission de la ville à l’autorité royale. Les négociations furent courtes : les Troyens voyaient dans la reconnaissance du Béarnais comme légitime souverain le terme de toutes les misères engendrées par la guerre civile, et l’allégresse se donnait alors libre cours, car la reddition de la ville de Troyes entraînait la sujétion de toute la province de Champagne. A la visite de Louis XV, le 12 novembre 1744, une réception solennelle avait été organisée aux abords de la porte Saint Jacques. Les milices, les autorités attendaient là le « Bien-Aimé », qui fit son entrée au milieu des salves de l’artillerie et des vivats d’une population en délire. Le 3 avril 1805 fut pour la porte Saint-Jacques une date mémorable entre toutes, un jour à inscrire à perpétuité dans ses fastes. Elle vit passer sous son porche le grand Napoléon, acclamé par les habitants du Quartier-Bas. Moins de 10 ans après, le 5 février 1814, l’Empereur repassait sous la porte Saint-Jacques, cette fois, sans concours de peuple ni cris joyeux, au milieu du silence et de la consternation. D’autres guerriers, d’autres souverains suivaient de près, et les alliés traversaient deux jours plus tard l’antique porte « humiliée et comme déchue ». Un heureux retour de la fortune ramenait bientôt l’armée française et son chef refoulant les troupes ennemies vers Brienne et Bar-sur-Aube. Le Quartier de Saint-Jacques résonnait de nouveaux cris d’espérance. C’était le 25 février. L’illusion de dura guère, et le désastre définitif était proche. Le 29 mars suivant, à 10 h du soir, Napoléon rentrait à Troyes par la porte Saint-Jacques, obscure et muette, qui le voyait pour la dernière fois. La vieille Porte Dorée revêtait un nouvel aspect de fête, le 17 septembre 1828, ses peintures étaient rafraîchies en l’honneur de Charles X, qui venait ce jour-là visiter la cité troyenne. Le roi fut reçu sous un arc de triomphe, puis il pénétra dans la ville au bruit des cloches et des acclamations des habitants, qui remplissaient les rues décorées de feuillage et de draperies blanches. Avec l’entrée de Louis-Philippe, le 29 juin 1831, l’antique porte Saint-Jacques assistait à une dernière solennité royale et ne devait plus retentir de pareilles décharges de mousqueterie.

Combien de personnages considérables, princes ou seigneurs, la porte Saint-Jacques ne vit-elle pas défiler pendant le cours des siècles ! Le nom de la porte Saint-Jacques avait été mêlé à une foule de faits notables de l’histoire locale. Malheureusement, dans le cours du XIXe siècle, à Troyes comme ailleurs, le caprice administratif a renversé trop de monuments pouvant être conservés à l’admiration des archéologues et des touristes, car ils étaient de curieux spécimens qui dotaient notre ville d’un caractère et d’une physionomie qu’on ne lui rendra jamais. Ce fut un dépit, mélangé de colère pour les générations suivantes, ressenti à la pensée que ce sont des bras humains qui ont tranquillement installé la sape et la mise aux fondements d’édifices aussi solide que la porte Saint-Jacques ! 

Une démolition exécutée froidement par une administration aveugle, de complicité avec une population ignorante ou insouciante. La porte Saint-Jacques, vieille de plus de 4 siècles, ayant traversé les vicissitudes humaines, avait survécu à l’action du temps, résisté aux colères de la nature, soutenu le choc des invasions, lorsqu’on s’aperçut un jour qu’elle gênait la circulation ! Les voitures de paille et de foin ne pouvaient pas passer sous son porche ! « Les trois sources de la richesse nationale, l’agriculture, l’industrie, le commerce, étaient atteintes, sinon taries. Il fallait vivement supprimer l’obstacle à la prospérité publique ! ». Quelques archéologues élevèrent bien certaines réclamations en faveur d’un édifice considéré comme un échantillon rare, peut-être unique, d’architecture militaire. Des esprits positifs opinèrent qu’on aurait probablement tort de sacrifier à la légère un bâtiment qui « avait coûté cher de beaux deniers et représentait un important capital ». Enfin, des citoyens « simplement avisés proposèrent de conserver la porte sans empêcher l’accès des fameuses voitures chargées à la perche : on pouvait se contenter de décrire de chaque côté un passage demi-circulaire ! ». De nombreux appels en grâces eurent lieu en faveur d’un monument condamné à la démolition.

 La prise de Saint-Dizier en 1544, avait fait de la ville de Troyes un rempart de l’ancienne France, et, du côté de la ville où est située la porte Saint-Jacques, la première barrière à opposer aux irruptions des Allemands. Aussi, François 1er avait-il mit tous ses soins à fortifier cette entrée, qui n’était alors fermée que par le bras de la Seine qui coule entre Saint-Nizier et Saint-Martin-ès-Aires. Ce fut le grand duc de Guise, gouverneur de la province qui vint ordonner et presser les ouvrages. Et, ce qu’il est intéressant de rappeler, parce que c’est encore un témoignage de patriotisme de nos ancêtres, les frais de cette porte et des fortifications furent faits en grande partie et spontanément, par les habitants de Troyes.

Rebaptisée Porte des Sans Culottes en 1793, la porte Saint-Jacques est démolie fin avril 1832, le conseil municipal considérant que : « notamment dont la ruine paraît très prochaine, et offre beaucoup de danger pour la circulation, que par conséquent on ne peut différer de l’abattre ». Il existe pourtant une rescapée de cette disparition, que l’on peut encore voir juchée au sommet de la tour de l’église Saint-Nizier. Il s’agit de la cloche du guet de la porte Saint-Jacques qui prenait place dans le petit clocher au-dessus des combles.

 Ce bâtiment de la porte Saint-Jacques, toujours entretenu et de solide construction, traversa le temps sans encombre jusqu’au XIXe siècle. Cet édifice militaire se trouvait être la plus ancienne des portes fortifiées de la ville de Troyes. Ainsi disparut, et c’est fort regrettable, la plus ancienne porte fortifiée de la ville de Troyes, dont le souvenir nous est gardé par les nombreuses vues du XIXe siècle.

 Disparurent aussi, l’une après l’autre, les diverses parties de l’imposante ceinture de pierre de la ville de Troyes !

Porte st Jacques, annuaire de l'Aube 1894


Porte st Jacques, début du XIXe





Porte du Beffroy

 Porte du Beffroy,    Berfroi, Beffroy, Sanctoe Savinoe, Sainte Sabine, Belfroy ou de Paris   « Beffroi », c’est d’abord ce qui regarde la p...