lundi 6 mai 2024

Jeanne d'Arc à Troyes

Les notables de Troyes remettent les clefs de la ville au roi Charles VII en présence de Jeanne d'Arc. Miniature issue du manuscrit de Martial d'Auvergne, Les Vigiles de Charles VII, vers 1484, BNF.

Le 10 juillet 1429, Charles VII, en chemin vers Reims pour se faire sacrer roi de France, entre pacifiquement dans Troyes. La ville lui a ouvert ses portes, malgré la présence d'une garnison bourguignonne, après plusieurs jours de négociations entre partisans de Charles VII et partisans du parti Bourguignon. Ce ralliement, à première vue insignifiant, sera imité par les villes de Châlons et de Reims, permettant ainsi un sacre en évitant toute attaque contre des cités françaises. La légitimité de Charles VII, renforcée grâce à son sacre, sera également confortée grâce à son entrée pacifique dans ces villes de Champagne.

Troyes, une des anciennes capitales du comté de Champagne, a connue une prospérité croissante du XIème au XIIIème siècle, notamment grâce aux foires de Champagne. A Troyes, deux foires sont organisées, celle de la Saint-Jean, le 24 juin, et celle de la Saint-Rémi, le 1er octobre, chacune durant quinze jours. Les marchands originaires de Flandre ou d'Italie voyagent en toute sécurité dans une contrée pacifiée, allant même jusqu'à être protégé en dehors des domaines des comtes grâce aux « conduits des foires ». Les guerres franco-flamandes à la fin du XIIIème entament le déclin des foires, qui subsisteront encore quelques années. Le souvenir de ses foires restera gravé, d'autant que plusieurs familles italiennes ou flamandes se sont fixées à Troyes.

Entre-temps, les comtes, devenus rois de Navarre, s'éteignirent et la Champagne fut réunie au royaume de France par le mariage en 1284 de l'héritière Jeanne de NAVARRE avec le roi Philippe le Bel. La guerre de Cent-Ans débuta quelques années plus tard, plongeant la région dans une insécurité quasi permanente. Les fortifications sont renforcées, les impôts et les rançons sont payées, mais la population est ruinée : en 1371 seulement 300 familles troyennes sont solvables pour le règlement des impôts. Dix ans plus tard une émeute du petit peuple perturba la cité plusieurs mois.

Proche de la puissante Bourgogne, les Troyens sont plutôt partisans des Bourguignons contre les Armagnacs (partisan du Dauphin Charles opposé à son père). La reine Isabeau de BAVIÈRE et l'administration royale s'installent régulièrement à Troyes de 1417 à 1420, fuyant la capitale en proie aux troubles. L'assassinat du duc de Bourgogne Jean sans Peur par des Armagnacs, fait basculer les Bourguignons dans le camp anglais. Le roi Charles VI désavoue son fils, déclaré indigne de succession, et annonce le mariage de sa fille Catherine avec le roi anglais Henri V. Le mariage est célébré en l'église Saint-Jean du Marché de Troyes le 2 juin 1420 et le traité de Troyes désigne Henri V comme héritier et régent du royaume de France.

Le Honteux Traité de Troyes

 

Traité de Troyes intitulé au nom du roi d'Angleterre Henri V, 21 mai 1420

Arch. nat., AE/III/254 (J 646, n° 15)

En mai 1420, Henri V d’Angleterre et le roi de France Charles VI signent le traité de Troyes, d’une importance majeure dans l’histoire de France. Ce « honteux traité » entérine la toute-puissance anglaise dans le cadre de la guerre de Cent Ans et met grandement en péril la survie du royaume de France, qui, sans doute, aurait pu disparaître… Si ce traité est une catastrophe pour le royaume, il est également un moment charnière dans l’histoire de France. Le traité de Troyes a alimenté les pires craintes, mais a aussi nourri les plus grands espoirs, ceux de voir les Français « bouter les Anglais hors du royaume » comme le dira un peu plus tard une certaine Jeanne d’Arc.

Au début du XVe siècle, le royaume de France est dans une position bien délicate face à son homologue anglais, emmené par le puissant Henri IV d’Angleterre, père du futur Henri V. Henri IV est issu de la branche cadette des Plantagenêts, les Lancastre. Nous sommes alors en pleine guerre de Cent Ans et l’Angleterre s’est rendue maîtresse d’une importante partie du royaume de France. Les reconquêtes amorcées sous Charles V ont laissé place à une instabilité chronique exacerbée par un roi pris de folie, Charles VI, incapable de régner. Cependant, il faut bien avoir en tête que la première crise de folie du roi intervient en 1392, soit 12 ans après sa montée sur le trône. Si Charles VI mérite bien son sobriquet de « fol », son règne ne peut en être résumé à cela. Bref, au début des années 1400, le royaume est bel et bien gouverné par un roi instable. De plus, en 1407, s’ouvre une guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, deux partis qui se disputaient le pouvoir au Conseil du roi. Problèmes financiers, guerre civile, roi incapable de régner, morale en baisse : le royaume de France est sans doute au plus bas. Surtout, en 1413, Henri IV meurt et laisse le trône à son fils, Henri V, ambitieux et impétueux, bien décidé à faire plier le royaume de France.

En août 1415, le roi anglais et ses 10 000 hommes environ débarquent en Normandie, à Harfleur. Après plus d’un moins de siège, la ville tombe en septembre 1415. Henri V poursuit sa lancée sur les côtes normandes, en direction du nord, sans doute avec le projet de rejoindre Calais, déjà aux mains des Anglais. Une armée française menée par le connétable Charles d’Albret le talonne sans pour autant ouvrir les hostilités. Finalement, après quelques semaines de course-poursuite, les troupes royales décident de barrer la route aux hommes de Henri V à Azincourt fin octobre 1415. Le 25, la bataille est engagée. Les Français subissent une violente défaite, sans n’avoir jamais pu dominer. La défaite entérine les difficultés françaises et marque le temps de la suprématie anglaise, chapeautée par le puissant monarque Henri V d’Angleterre.

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