dimanche 1 juin 2025

Les cloches : Troyes, ND de Paris, Honfleur

 

« D'où viens-tu ? - Je viens de Troyes.

Qu'y fait-on ? - L'on y sonne » 

Ce dicton est resté six siècles en vigueur dans la France entière !!




 Le principe de la cloche a été trouvé lorsque l’homme a pu durcir au feu un vase d’argile qui était un instrument musical pouvant répondre à la percussion. Avec l’art de fondre et de forger les métaux, la cloche fut mise en usage cinq ou six siècles avant J.C.

Jusqu’au IXe s. il existait des cloches en cuivre ou en fer battu. Les chrétiens adoptent la cloche en France vers l’an 550. Elles sont faites pour parler à notre cœur : elles se réjouissent pour ceux qui sont dans la joie, elles s'affligent avec ceux qui pleurent. Elles ont chanté sur notre berceau, elles ont carillonné au jour de notre mariage, elles égrènent leur plainte quand la mort frappe autour de nous. Elles sonnent l’union lors d’un fléau, incendie, guerre…

Souvenez-vous ce que disaient les cloches au jour glorieux, tant attendu, le 8 mai 1945 ! 

Rabelais dit qu’une ville sans cloches est comme un aveugle sans bâton, et un dicton : " un valet paresseux, un âne et une cloche ne valent que si on les frappe ".

Au XIIIe s., le Beffroi est le lieu où est élu le Gouvernement de Troyes. Sa tour renferme une grosse cloche qui sonne pour les assemblées générales de la Saint Barnabé, à la Fête-Dieu et la veille de la nativité de la Vierge (" en faisant la procession des bourgeois de la ville, sauf en 1416 pour occasion des gens d'armes qui étaient environ de Troyes "). On la met aussi en branle lors d’événements historiques, comme lors de l’entrée dans la ville de l’évêque Jean Léguisé, elle sonne le tocsin, lors d’incendies, de guerre. Il faut plusieurs hommes pour la mettre en mouvement.

Troyes était très fière de cette grosse cloche, qui avait une grande renommée dans tout le royaume. Mais en 1521, lors de la venue à Troyes de François 1er, elle se casse. Elle n’est pas encore remplacée lorsque, lors du terrible incendie de 1524, le Beffroi disparaît dans le brasier.

Nous rencontrons nombre d’enseignes au XVIe s. : Aux 3 cloches, A la cloche d’or, A la cloche d’argent, Hôtellerie de la Cloche (Place du Marché au blé), rue des Clochettes, rue de la Cloche… en 2011, il ne reste que l’Impasse de la Cloche, près du pont des Marots.

La cathédrale possède 4 cloches (il y en avait 10 en 1220), le bourdon de 9 t. + 1 timbre (le plus ancien du département de 1427), et 1 cloche pour l’horloge. La coulée d’une cloche est une grande fête. En 1827, pour le bourdon sur la place de la Cathédrale, la foule est si considérable, que l’on doit faire venir un détachement de pompiers pour la contenir. 19 hommes sont nécessaires pour sonner les 4 cloches, dont 9 pour le bourdon seul. Depuis 1925, grâce à l’électricité, il suffit de presser sur un bouton pour mettre en branle les cloches.

Depuis le XIIIe siècle, toutes les cloches muettes depuis le Jeudi-Saint, se mettent en branle le Samedi-Saint, mais ne peuvent le faire avant que les cloches de la cathédrale n’aient donné le signal.

A partir de 1567, il est interdit de sonner les cloches pendant la nuit, sauf celles de la cathédrale qui servent au guet pendant les troubles, et en cas d’incendie.

En 1630, pendant leur séjour à Troyes, Louis XIII, Marie de Médicis étant logés à l’évêché et Anne d’Autriche à Saint-Martin-ès-Aires, pour ne pas troubler leur sommeil, le sonneur s’est abstenu de sonner, même pour le jour de Pâques !

A partir de 1653, une des grosses cloches sonne tous les soirs de 19 h 30 à 20 h, pour avertir les soldats de la garnison, qu’ils peuvent rentrer chez leurs hôtes.  

Saint-Jean, deux grosses (six en 1441), une petite, un timbre et deux petites cloches pour l’horloge, 28 t : " On les sonnera en cas de tonnerre ou orage, tant de jour que de nuit, même en cas d'incendie ou d'alarme ". A la Révolution, cinq sont descendues. Le clocher, situé à l’angle sud-ouest de l’édifice s’est effondré dans la nuit du 23 au 24 mai 1911 lors de l’enlèvement de deux étais, emportant avec lui la façade occidentale pendant les travaux de démolition des logettes. Le porche datait de 1593 et le grand beffroi, construit cinq mois après l’incendie de 1524, qui commandait le haut de la nef sud et renfermait les cloches. La presse locale et nationale de l’époque a largement commenté l’évènement. Sa structure en bois contenait les cloches actuellement déposées dans les bas-côtés nord et sud, qui ne souffrirent guère de l’accident.

On lit dans la presse de l’époque : « Eglise Saint-Jean à Troyes. — La municipalité de Troyes vient d'arriver, comme tous les journaux l'ont annoncé, au résultat que tous les archéologues avaient prévu depuis le moment où l'on avait commencé le « dégagement » si intempestif de cet édifice. L'abatage des maisons qui l'étayaient a eu pour conséquence fatale la chute du clocher gothique de l'édifice, grand travail de charpente recouvert d'ardoises et dont l'assemblage devait être d'une belle solidité, puisque toute une partie de la tour s'est allée coucher sur les maisons voisines sans se décheviller. »

Sainte-Madeleine, 3 cloches (6 en 1413), 19 t 400. A la Révolution, 4 cloches sont descendues.

Saint-Martin, 5 cloches, 3 timbres pour la sonnerie de l’horloge (dès 1545), 24 t. A la Révolution, il faut 25 journées, plus une avec 3 chevaux, pour les descendre et emmener dans un dépôt.

Saint-Nicolas, 4 modestes cloches de 1801 (6 en 1435) 4 t. 200. Elles sont descendues à la Révolution.

Saint-Nizier 1 cloche, 8 t. (8 en 1524)

Saint-Pantaléon, 4 cloches depuis 1514, 1 t. 700. Le grand incendie de 1524 fait fondre les cloches. 3 nouvelles sont bénites en 1524, 1 en 1525, 2 en 1529, 1 en 1663. Lors de la Révolution, 3 cloches sont descendues.

Saint-Remy, 1 cloche 1529, servant aussi à l’horloge (6 en 1434) + 2 timbres, 6 t.

Saint Urbain, 5 cloches, dès 1264. A la Révolution, 4 cloches sont descendues.

Notre-Dame des Trévois, 2 cloches, 1 a été fondue en 1821.

Chapelle de l’Hôtel-Dieu : 1 cloche de 1855, ayant pour parrain l’Evêque Louis Cœur et pour marraine, l’épouse du Préfet.

Une coutume ancienne donne des noms aux cloches, généralement celui du parrain, de la marraine ou du donateur. Un certain nombre porte des blasons, des figures de saints ou des inscriptions. Plusieurs du département, du XVe ou XVIe s. sont classées comme monuments historiques : Montgueux, Neuville-sur-Vanne, Saint-Phal, Torvillers, Villemaur, Thieffrain, Villehardouin, Nogent, Polisot, Montigny-les Monts, Montreuil, Saint-Léger-sous-Brienne, Villeneuve-au-Chemin (3 timbres), Nogent-sur-Seine…, qui sont des XVe ou XVIe siècles.

La charge de sonneur n’est pas une sinécure. Voici par exemple le règlement de 1673 établi pour celui de Saint-Nizier, qui énumère ses nombreux devoirs :

 " Le sonneur est tenu de sonner toutes les cloches à tous les bons jours, aux sermons, assemblées, aux vêpres du Saint-Sacrement, messes, services de dévotion, de fondation, processions, prières publiques. Il doit en outre faire souffler l’orgue, porter la croix, blanchir le linge de l’église. Parer l’autel pour les trentains, assister aux processions avec sa robe, nettoyer l’église, tendre les courtines devant les images pendant le temps du carême, faire les annonces qui conviendront. Aider à tapisser et détapisser à la Saint-Nizier, aller quérir les enfants décédés, faire taire les enfants pendant la prédication, mener l’horloge, faire le paradis pour le Vendredi-Saint. Puiser l’eau pour faire l’eau bénite, ôter les neiges de dessus les terrasses de la tour, fournir le feu et le charbon pour l’encensoir, le charbon pour la sacristie, obéir aux ordres des marguilliers, apporter à ceux-ci tous les dimanches un mémoire de ce qui se sera fait pendant la semaine… Pour tout ce que dessus, le sonneur reçoit 111 livres par an, à charge par lui de payer les sous-sonneurs ".

Le sonneur de Saint-Remy, en plus d'une petite rémunération, jouit d'un logement, d'un jardin et perçoit un salaire pour les baptêmes, mariages et enterrements. Il porte une robe de drap rouge et bleu, garnie de galons d'or fin au col et aux manches, costume complété par une baguette de baleine ornée de deux virolles d'argent. Mais il doit en plus sonner soir et matin les Ave Maria.

 Un décret de l’Assemblée Nationale de 1791 ordonne la fabrication de monnaie avec le métal des cloches, et un décret de la Convention Nationale de 1793 n’autorise qu’une cloche par église. La ville de Troyes possède 34 cloches et 9 timbres.

En 1790, il en existait 126 pour 30 églises, chapelles et couvents, d’où le dicton : 

Que fait-on à Troyes ? On y sonne !

Dans le département, l’on compte 1025 cloches ou timbres. L’église de Dienville tient le record avec 7 cloches, et 158 églises n’en ont qu'une.

37 cloches de 31 églises du département, du XVe siècle, sont classées monuments historiques.

 

 Quelques proverbes :

" N'être pas sujet au coup de cloche ", c'est être libre,

" Faire sonner la grosse cloche ", c'est faire agir un personnage influent,

" Telle cloche, tel son ", c'est comparer la parole à l'intelligence,

" Tirer le cordon de la cloche ", c'est mendier,

" Fondre la cloche ", c'est prendre un parti décisif,

 " Qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son "....

 


Notre grand Jean de la Fontaine a écrit une fable sur les cloches :


LE SONNEUR ET L’ARAIGNÉE

Certain sonneur, rempli de vanité,

Entre deux vins, et peut-être entre quatre,

Fut assez ivre pour débattre

A Jupiter la primauté,

Disant avec impiété,

Quand ce dieu lançoit le tonnerre,

Qu’il le pouvoit éloigner de la terre ;

Et que, la substance de l’air

Estant délicate et menue,

Ses cloches pouvoient l’ébranler,

Chasser et dissiper la nue,

Et donnant au foudre une issue,

Faire prendre un rat à l’esclair,

Comme l’avait soutenu haut et clair

Quelque philosophe moderne,

Qui sans doute avoit beû dans la même taberne.

Jupiter, l’oyant blasphémer,

Se préparoit à l’abysmer,

Accoutumé de mettre en poudre,

Quand il lance son foudre,

Plus de clochers et de sonneurs,

Que de toits de bergers et de pauvres glaneurs,

Lorsqu’une vieille et prudente araignée,

Hostesse du clocher depuis plus d’une année,

Voyant ce faux raisonnement,

Faisait des leçons à son hoste,

Pour lui faire avouer et réparer sa faute,

Et lui montroit que follement

Il s’attaquoit au maistre des estoiles ;

Qu’il auroit beau sonner en double carillon,

Bien loin de dissiper le moindre tourbillon,

Il ne lui romproit pas la moindre de ses toiles.

 

 

Les cloches de Saint Jean du marché - Troyes

Saint-Jean du Marché - Troyes

Henriette dans l'église Saint-Jean du Marché


L'église Saint-Jean du marché aujourd'hui après restauration extérieure



Effondrement en 1911 du clocher de St Jean construit en 1524 

 


 " l'assemblage devait être d'une belle solidité, puisque toute une partie de la tour s'est allée coucher sur les maisons voisines sans se décheviller "


sur cette archive on voit le Beffroi de St Jean qui s'est écroulé emportant toute la façade de l'église

L'ancien Beffroi de St Jean qui servait de clocher


Après dégagement de l'effondrement du Beffroi de St Jean


Fabrication de cloches

Elles ont toutes une histoire et chacune est unique, écoutons M. Paccard (fondeur)

La cloche existe depuis la haute antiquité. C’est ainsi que la Bible, le plus vieux livre du monde, la mentionne déjà. Elle est présente dans toutes les civilisations. De formes et de matériaux différents, les premières traces remontent à plus de 4000 avant J.-C. La cloche de bronze fait son apparition en Chine vers 2000 avant J.-C. Les premiers Chrétiens quant à eux en firent un symbole d’appel et de ralliement messianique : le Signum (signal qui, en ancien français a donné le mot « sain », synonyme de cloche).

Nos cloches sont en bronze (78% de cuivre et 22% d’étain) et se distinguent par leur très belle présentation. Elles sont décorées de frises représentant des motifs religieux ou bucoliques. Nous reproduisons les inscriptions spéciales à chaque communauté, ainsi que les effigies de Saints et autres motifs religieux pouvant être demandés et faisant partie de notre collection (environ 5 000 gravures).

La Fonderie PACCARD réalise des bourdons de cathédrales, des cloches d’églises, des cloches de missions, des cloches de maison, des cloches de sacristies, des cloches pour des événements culturels ou sportifs, des carillons, des sculptures musicales, mais aussi des cloches miniatures personnalisées… Toutes les demandes seront étudiées !

Voici en résumé les étapes de fabrication d'une cloche

01

Le noyau

C’est la partie du moule qui représente l’intérieur de la cloche. En d’autres termes, après la coulée, le noyau remplira entièrement l’intérieur de la cloche. Il est construit en briques habilement disposées, cerclées avec du fil de fer et recouvert d’argile.

02

La fausse cloche

Cette partie du moule, en terre friable, représente la cloche elle-même, dont elle tient provisoirement la place. Elle a donc les mêmes dimensions, la même épaisseur que la future cloche. C’est sur cette fausse cloche que l’on place l’ornementation et les inscriptions. Ces décors sont en cire et en relief.

Les inscriptions sont coulées en même temps que la cloche. Ainsi les empreintes sont placées dans le moule, presque au début de la fabrication… C’est la technique de la cire perdue, les inscriptions et ornementations sont appliquées sur la fausse cloche et viennent s’y inscrire en relief, elles seront ensuite en négatif à l’intérieur du moule.

Pour la beauté des cloches, nous recommandons des inscriptions sobres. La sobriété est la qualité principale du style épigraphique. Il n’y a aucune règle absolue pour la composition du texte. Les principaux éléments peuvent être : Le nom de la cloche suivant le cas, l’indication du Pape régnant, de l’évêque du Diocèse,

du Curé de la paroisse ou encore du Maire de la Commune (surtout si celle-ci intervient pour la dépense). De plus, viennent quelques fois s’ajouter les noms du Parrain et de la Marraine ou encore les noms des principaux donateurs, pouvant favoriser le lancement d’une souscription.

03

La chape

C’est la partie supérieure du moule, celle qui va recouvrir la fausse cloche. Elle est également en terre et formée de couches successives. Les premières couches sont obtenues au moyen d’une terre très fine, presque liquide, que l’on nomme  « potée » . Ensuite, on continuera la fabrication de la chape avec de la terre glaise, plus épaisse, armée de chanvre, qui assurera à l’ensemble une plus grande solidité.

On procède alors à la cuisson du moule, opération qui fera fondre les décorations en cire placées au préalable et dont les empreintes resteront en creux et à l’envers dans la chape.

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Le démoulage

Le moule étant terminé. Alors, va-t-on procéder aussitôt à la coulée ? Pas encore. Ici se place l’opération du démoulage. La fausse cloche, avons-nous dit, remplace provisoirement la future cloche en bronze ; elle n’est alors utile que pour la fabrication de la chape. Le moment est donc venu de l’enlever. A l’aide d’un palan, on soulève la chape et l’on brise la fausse cloche. La chape est alors replacée sur le noyau. Entre ces deux parties du moule et grâce à une portée minutieusement établie, il reste un vide créé par la disparition de la fausse cloche. C’est ce vide que viendra occuper le métal en fusion lors de la coulée.

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La coulée

Autrefois, quand la nuit venue les Annéciens apercevaient, en direction du Nord, une lueur qui trouait l’obscurité, c’était le signal que le lendemain matin une coulée de cloches aurait lieu. La flamme dépassait parfois, de plusieurs mètres, le sommet de la cheminée, jetant des milliers d’étincelles.  Il n’en est guère d’entre eux qui ne soient venus, au moins une fois, assister à cette opération. C’était l’époque du four à bois, à Annecy-le-Vieux, où se trouvait la Fonderie PACCARD jusqu’en 1989. Aujourd’hui, à Sevrier, dans des ateliers modernisés, on utilise désormais des fours à gaz.

Une coulée de cloches : spectacle émouvant et que l’on n’oublie pas ! Minute vraiment grandiose et presque magique, quand, sur l’ordre du fondeur, les ouvriers donnent libre cours au métal en fusion, qui sort en bouillonnant, coule en ruisseaux de feu et se précipite avec des sifflements dans les moules qu’il remplit.

Tout cela est très rapide, presque comme un éclair. En quelques minutes tout est terminé, mais c’est assez, car l’air est surchauffé, l’atmosphère est devenue irrespirable et on s’empresse d’aérer. Pendant ce temps, le prêtre qui a déjà béni le métal avant sa sortie du four, rend à Dieu, parmi le silence de tous les assistants, de justes actions de grâce.

 La touche finale : Accordeur de cloche



Maîtrise du profil, qualité du métal et précision de l’accordage ont donné à la Fonderie PACCARD sa réputation mondiale. A l’instar de Steinway, Fazoli, Selmer ou Stradivarius, PACCARD est aujourd’hui synonyme d’excellence musicale. La cloche, instrument à la sonorité très riche, ne donne toutefois pas naturellement une note fondamentale accompagnée d’harmoniques justes et judicieusement dosés. La frappe du battant éveille dans le bronze toute une panoplie de sons : un vrai bouquet de notes. C’est l’accordage des notes qui fera apparaître la puissance et la pureté de la fondamentale. C’est leur dosage en intensité qui va créer la richesse et l’ampleur du Timbre.

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La précision de l’accordage

La cloche est un véritable instrument de musique. Mise en vibration, elle fait entendre un son principal – appelé Fondamentale – et des sons secondaires nommés Harmoniques – Hum, Tierce mineure, Quinte et Octave supérieure – parfaitement mesurables.

L’intensité et la variété de ces différents harmoniques constituent le timbre, propre à chaque instrument. La cloche a cependant une particularité : son troisième harmonique est légèrement diminué, ce qui en fait une tierce mineure. C’est cela qui confère à la cloche ce timbre si particulier, un peu mélancolique.

Un soin tout particulier est apporté à l’accordage de chacune de nos cloches. Cette technique consiste à modifier légèrement le profil – par enlèvement de métal à l’intérieur de la cloche – afin d’ajuster parfaitement, et un à un, les cinq harmoniques en constituant le timbre. Chaque cloche – et chaque harmonique – est accordée au centième de 1/2 ton.

Si des appareils électroniques permettent aujourd’hui de contrôler la justesse du timbre de la cloche, à la Fonderie PACCARD, c’est l’oreille et elle seule qui détermine toute l’opération. Celle-ci accorde non seulement chaque cloche, mais également les cloches d’un même carillon les unes par rapport aux autres.

Dans le monde entier, seul un très petit nombre de fondeurs de cloches possède et maîtrise cette technique d’accordage. Ils portent le nom de facteurs de carillons.

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La mélodie des cloches

Dès sa conception, la cloche possède une note, déterminée par sa taille et son profil. Plus une cloche est grosse, plus le son est grave et, a contrario, plus elle est petite, plus le son est aiguë.

Toutefois, une fois frappée, la cloche ne donne pas qu’une seule note mais une mélodie dont les notes se développent dans un accord consonant et mélodieux : l’arpège mineur. Cet arpège est constitué par l’octave inférieure, renforcée d’autres partiels : la fondamentale, la tierce mineure, la quinte et l’octave supérieure…

La cloche ne s’accorde qu’une seule fois dans sa vie, ce qui a permis au philosophe Alain de dire qu’elle était le plus parfait des instruments de musique.

Qu’est-ce qu’un beffroi ?

Le beffroi est la structure – en bois ou en métal – qui supporte le poids des cloches et permet leur sonnerie à la volée (cloche en mouvement) ou en tintement (cloche à poste fixe). Il permet d’isoler les cloches des murs du clocher, afin de protéger celui-ci des efforts – parfois fort violents – développés par la ou les cloches en mouvement.

Le plus souvent, le beffroi se trouve à l’intérieur d’un clocher, mais pas toujours. Ainsi, dans le nord de la France – berceau des carillons de type flamants – trouve-t-on des beffrois dans des tours « civiles » qui, par extension, portent également le nom de beffrois. Le clocher le plus populaire est peut-être aujourd’hui celui de Bergues, rendu célèbre par le film « Bienvenu chez les Ch’tis » et qui abrite un carillon PACCARD de 48 cloches.

L’importance du beffroi dans la préservation du patrimoine campanaire

Un beffroi mal conçu peut entraîner plusieurs siècles d’histoire menacés de ruine… Ainsi, les efforts exercés par les cloches, répercutés sur le clocher par un beffroi mal isolé, provoqueront certainement, à plus ou moins long terme, des dommages irréversibles sur le clocher.

C’est pourquoi, pour tous travaux campanaires, il est important de faire appel à un campaniste, technicien spécialiste dans l’installation et l’entretien de la cloche et de ses équipements.

 PACCARD, en plus d’être fondeur de cloches de père en fils depuis 1796, conçoit, installe et entretient beffrois et clochers dans le monde entier, depuis plus de 200 ans et dans le respect de chaque spécificité régionale. PACCARD intervient sur tout le Rhône Alpes pour l’étude, l’installation ou la maintenance de notre patrimoine campanaire.

Les sonneries

La cloche ayant été montée et installée dans le clocher, il s’agit de la faire sonner.

Le tintement est la manière la plus simple de faire résonner une cloche. Celle-ci est fixe et demeure immobile, le sonneur la frappe avec un marteau métallique sur l’extérieur. Le sonneur peut aussi tirer la battant par une corde attachée à son extrémité.

La volée est le balancement régulier de la cloche suspendue à son joug dans le respect des traditions locales. Ce mouvement est toujours horizontal. En Italie du Nord et en Angleterre, les cloches sont dressées vers le ciel et retombent l’une après l’autre en une succession d’arpèges ou de fragments de gamme allant de l’aigu au grave : c’est le « change ringing ». En Espagne, la spécialité locale est la « volée tournante » un mode sonnerie dans lequel la cloche fait un tour complet sur elle-même.

De nos jours, le tintement d’une cloche est commandé électriquement.

L'horlogerie

Le terme d’horlogerie recouvre deux aspects très différents : l’horlogerie monumentale à proprement parler, et le système de commande et de programmation des cloches.

L’horlogerie monumentale comprend les cadrans – dont il existe une grande diversité en fonction des usages et des traditions locales (cadrans à aiguilles, cadran squelette, chiffres romains…etc.) et les minuteries / réceptrices permettant l’entraînement des aiguilles. La pose et l’entretien de ces équipements font partie intégrante du métier de campaniste

Et, comme il n’y a plus guère de bedeau pour sonner les cloches – l’époque de Quasimodo est révolue – les cloches sont désormais pilotées par des horloges électroniques. L’horloge HARMONY du campaniste PACCARD permet ainsi la programmation de toutes les sonneries civiles et religieuses, comme des tintements, au fl de l’année liturgique et des saisons (remise à l’heure automatique, changement heure d’été heure d’hiver, programmation de mélodies…etc.).

 



NOTRE DAME de PARIS

En 2013, les cloches de Notre-Dame de Paris ont été remplacées pour redonner à la cathédrale son paysage sonore d'origine. L'ancien ensemble campanaire, installé au XIXᵉ siècle, ne correspondait plus à l'harmonie voulue à l'époque médiévale. À l'occasion du 850ᵉ anniversaire de la cathédrale, neuf nouvelles cloches ont été fondues et installées aux côtés du bourdon Emmanuel, qui est resté en place. Ce changement a permis de retrouver la sonorité que Notre-Dame possédait avant la Révolution française. Un vrai retour aux sources !

Les 8 nouvelles cloches de Notre-Dame de Paris et le petit bourdon Marie

L'histoire des cloches de Notre-Dame de Paris

L’histoire des dix cloches, huit benjamines et deux bourdons, qui composent l’ensemble campanaire  est indissociable de celle de la cathédrale Notre-Dame de Paris. 

Comptant parmi les plus vieux instruments sonores, les cloches sont toujours associées à la chrétienté dès les premiers siècles de son essor. Tout en rythmant l’écoulement des heures depuis le Moyen Âge, leur fonction première est liturgique : par leurs volées et leurs tintements, elles appellent les fidèles à se rassembler et à prier.

Dès la fin du XIIème siècle, alors que l’édification de la cathédrale est encore loin d’être terminée, il est fait mention dans un document d'archive de la sonnerie des cloches précédant les offices. Cet ensemble d'instruments s'agrandit au cours des siècles, au rythme de la vie de l’édifice et de son rayonnement.

Sous la Révolution française, les cloches de Notre-Dame et le bourdon Marie sont descendus, brisés et fondus. Heureusement, le bourdon Emmanuel, pièce maîtresse de l’ensemble, est épargné !

Il demeure aujourd’hui l’un des plus beaux vases sonores d’Europe. Depuis 1686, au sommet de la tour Sud, il ne cesse de sonner les grandes Heures de la cathédrale, des grandes fêtes liturgiques aux événements marquants du diocèse de Paris et de l’Église.

Mais il est aussi intimement associé à la Nation française dont il célèbre depuis sa fonte de nombreux temps forts : les grands événements royaux (Te Deum), les fins de conflits (dont les deux Guerres mondiales en 1918 et 1945), les obsèques nationales... On l'entend aussi tonner quand la prière rassemble à Notre-Dame les croyants et les hommes de bonne volonté.

À l’occasion du 850ème anniversaire de Notre-Dame de Paris, en 2013, un nouvel ensemble composé de huit cloches pour la tour nord et d’un bourdon pour la tour sud, a pris place aux côtés du bourdon Emmanuel. Depuis, la cathédrale a retrouvé le paysage sonore qu’elle possédait dans le ciel de Paris à la fin du XVIIIème siècle.

Arrivée des nouvelles cloches à ND de Paris le 31 janvier 2013

Exposition des nouvelles cloches dans la nef de ND de Paris

2 février 2013 jour de la bénédiction des nouvelles cloches


Bénédiction des nouvelles cloches pas Mgr Vingt-Trois 


Le samedi 23 mars 2013 à 17h, le nouvel ensemble campanaire de Notre-Dame de Paris a résonné pour la première fois dans le ciel parisien

Homélie du cardinal André Vingt-Trois - Messe de bénédiction des huit nouvelles cloches de Notre-Dame de Paris – Jubilé des enfants du catéchisme

«  Chers jeunes amis,

Vous qui êtes venus de beaucoup de paroisses de Paris, chaque semaine, vous allez au catéchisme pour apprendre à connaître qui est Jésus. Et comme nous le dit l’Évangile de Jésus, je pense qu’en apprenant à le connaître, vous aussi, vous grandissez en grâce et en sagesse. Connaître Jésus, c’est bien souvent à travers l’Évangile, apprendre ce qu’il a fait et ce qu’il a dit.

Aujourd’hui, nous découvrons comment Marie et Joseph sont venus au Temple pour présenter cet enfant à Dieu comme le faisaient tous les juifs. Et celui qui n’aurait pas eu d’autre renseignement, n’aurait rien vu d’extraordinaire en cette demande de Marie et de Joseph. D’une certaine façon, l’histoire de Jésus pourrait être l’histoire d’un enfant et d’un homme ordinaire.

Mais connaître Jésus, ce n’est pas seulement connaître cette histoire d’un être ordinaire, c’est connaître quelque chose qui ne se voit pas et n’est pas perçu par les mots. Ce qui ne se voit pas, c’est ce que voient Siméon et la prophétesse Anne. Tous dans le Temple voient un enfant ordinaire, comme vos camarades de classe voient en vous des enfants ordinaires ! Vous êtes comme tout le monde ! Mais il y a quelque chose qui habite en vous et qui ne se voit pas. Ce que le vieillard Siméon voit dans l’enfant présenté au Temple, c’est le Messie, le Fils de Dieu envoyé pour apporter la lumière de Dieu au monde à toutes les nations. Et bien sûr, cela ne se voit pas dans cet enfant de quarante jours ! Il faut un œil de prophète pour le voir ! Quand vous lisez l’histoire de Jésus, ce n’est pas simplement une histoire du temps passé qui ne dit rien pour aujourd’hui. C’est une histoire qui nous dit que la lumière de Dieu est venue pour tous les hommes. Et aller au catéchisme, ce n’est pas simplement apprendre l’histoire de Jésus, c’est apprendre à découvrir cette lumière que Dieu nous envoie à travers les actes et les paroles du Christ. Ainsi, vous devenez vraiment des chrétiens, des disciples de Jésus. Vous recevez sa parole, pas simplement comme une histoire, mais comme une lumière pour éclairer votre vie, pour vous montrer les chemins du bonheur et dans quelle direction il faut aller pour grandir en grâce et en sagesse.

Cette lumière, vous la recevez, semaine après semaine, mais plus encore, jour après jour quand vous prenez l’Évangile et que vous lisez la parole de Jésus. C’est une lumière qui vous est donnée. Cette lumière, il ne faut pas qu’elle disparaisse. Il ne faut pas que vous la perdiez. Il faut au contraire que vous la gardiez vivante et présente dans votre cœur. Mais comme vous le savez, dans l’histoire d’une vie, il y a des épisodes différents. À certains moments, la mémoire peut fléchir ou s’obscurcir. Vous voyez autour de vous des gens qui, par ailleurs très gentils, ont oublié qu’ils avaient reçu la lumière du Christ. Il y a un trou dans leur mémoire. Ils ne savent plus où est la lumière. Alors ils avancent comme des aveugles dans un tunnel, ils vivent n’importe comment et se cognent contre les murs. Il faut donc que de temps en temps, ils entendent à nouveau que cette lumière existe. C’est pourquoi Dieu envoie son prophète pour appeler Israël à être une voix qui crie, pour réveiller les mémoires.

Dans notre vie, il y a des signes pour rappeler cette lumière du Christ. Nos églises sont des signes. Votre paroisse est un signe. Cette cathédrale est un signe magnifique pour nous le rappeler. Mais comme vous le savez, quand on a des trous de mémoire, cela nous empêche de bien voir. C’est comme s’il y avait du brouillard, un rideau devant les yeux, et on ne voit plus les signes. On peut rencontrer des signes, et on ne sait plus ce qu’ils veulent dire. On passe devant une église et on ne sait plus ce qu’elle signifie.

Alors il faut que la voix de Dieu se fasse entendre, non seulement par la vue des signes, mais par le son. Et ces cloches que nous venons de bénir et qui vont être placées dans les tours de la cathédrale auront pour mission de répandre ce bruit -pas seulement le fracas du métal- mais une harmonie, une musique, un appel, un message : quand la cloche sonne, c’est le message de Dieu qui atteint notre cœur, qui vient réveiller dans nos mémoires la présence de cette lumière pour conduire notre vie. Et pour les hommes et les femmes qui n’ont jamais connu cette lumière, qui l’ont oubliée ou perdue, c’est un chemin pour leur adresser une parole d’espérance. Oui, ils pourront se laisser guider par le son de ces cloches, parce que le son les conduira vers la lumière pour orienter leur vie vers le bonheur.

Aujourd’hui nous sommes heureux de bénir ces cloches qui vont être la voix de Dieu pour les habitants de Paris, qu’ils le connaissent ou non ! Ils entendront une voix qui s’adresse à leur cœur, une voix plus pure, plus belle que le bruit de la ville, une voix qui leur donnera une espérance. Vous n’êtes pas venus sur terre pour vous perdre dans la nuit, pour errer comme des brebis perdues sans pasteur, pour tout ramener à vous, mais pour accueillir la lumière du Christ et vous laisser conduire, pour devenir des hommes et des femmes qui essayent de se mettre au service de tous, puisqu’ils sont les amis et les disciples du Serviteur. Amen. »

 

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.

 

Bénédiction des cloches pour leur retour à Notre-Dame de Paris 

12 septembre 2024

 

12 septembre 2024, les cloches de ND de Paris font leur retour

Mgr Olivier Ribadeau Dumas, recteur-archiprêtre de la cathédrale, a proclamé l’Évangile, a dit la prière de bénédiction, puis a aspergé d’eau bénite et a encensé les cloches. Il a prié pour tous ceux et celles qui, depuis cinq ans, ne ménagent pas leurs forces pour que la cathédrale puisse ouvrir ses portes au mois de décembre. Il a également confié à la bonté de Dieu tous ceux et celles qui, dans les décennies et les siècles à venir, entendront la voix de ces cloches sonner au cœur de Paris.

Mgr Ribadeau Dumas entouré des artisans. Les cloches vont retrouver leur place


Carillon




Un carillon est un instrument de musique constitué de plusieurs cloches accordées, souvent disposées dans un clocher ou une tour. Il est généralement joué en frappant les cloches avec des marteaux mécaniques ou via un clavier. Les grands carillons peuvent produire des mélodies élaborées et sont souvent utilisés pour signaler l'heure ou accompagner des événements spéciaux.

Ils sont apparus en Europe du Nord, notamment en Belgique, aux Pays-Bas et dans le nord de la France, où ils ont atteint leur apogée au XVIIe siècle. À cette époque, ils étaient souvent installés dans les tours des églises et des hôtels de ville pour marquer les heures et accompagner des événements importants. Malheureusement, la Révolution française a entraîné la fonte de nombreuses cloches pour fabriquer des canons, ce qui a conduit à la disparition de nombreux carillons historiques.

Les carillons éoliens, quant à eux, ont des origines encore plus anciennes. Ils étaient utilisés en Asie, notamment par les moines bouddhistes lors de rituels spirituels. En Chine ancienne, on croyait que suspendre des carillons pouvait éloigner les esprits mauvais et attirer la bonne fortune. Au Japon, les célèbres fūrin en verre ou en métal léger sont très populaires et sont associés aux festivals estivaux.

Aujourd'hui, les carillons continuent d'être appréciés pour leur beauté sonore et leur symbolisme. Certains sont encore joués manuellement, tandis que d'autres sont automatisés pour préserver cette tradition musicale unique.


Carillon extérieur de la chapelle Notre-Dame de Grâce d'Équemauville,
sur le plateau de Grâce qui surplombe la ville de Honfleur face à l'estuaire de la Seine.

Le carillon comporte 7 cloches de volée et 17 cloches frappées. 

Il joue tous les jours à 16h00  l’Ave Maria composé par Louis-Alfred Lefébure-Wély, organiste et compositeur français du XIXe siècle.  Localement on dit : « l’Ave Maria de Notre-Dame de Grâce ». On peut certains dimanches entendre d'autres morceaux choisis... Pour l'avoir entendu plusieurs fois, je peux dire que le son est magnifique.

Les cloches sonnent également tous les quarts d’heure.

 

ND de Grâce une nuit d'août


Je termine ce petit exposé sur les cloches avec le plus célèbre des sonneurs, 

connu dans le monde entier grâce à Victor Hugo 

QUASIMODO





Des symboles de l’église catholique

  L’agneau  : symbole de Jésus dans le Nouveau Testament. L’immolation de l’agneau pascal, représentant la pureté et l’innocence, préfigure ...