Château Lebocey
à Pont Sainte Marie
La famille Lebocey a été l'une des grandes familles
d'entrepreneurs bonnetiers troyens. Initialement, le parc faisait partie
intégrante du domaine du Moulinet. En 1905, Bernard Lebocey s'en rend
propriétaire et y construit sa demeure. Voici ce qu'en écrit Louis Morin,
historien troyen : "une grande propriété bourgeoise appelée "Château
du Moulinet", sise au Pont Hubert : une maison de maître comportant
rez-de-chaussée, 1er étage et grenier ; et aussi une maison de concierges avec
dépendances, avenues, contenant en totalité 6 hectares, 75 ares et 33
centiares."
En 1915, la propriété du Moulinet formait un
ensemble d'environ 30 hectares d'un seul tenant traversé de canaux et de cours
d'eau, de bassins alimentés par un château d'eau et de ponts, d'un parc
d'agrément doté d'essences rares, bois, terres.
Après la fermeture de l'entreprise familiale en
1978, le parc est vendu à l'Etat qui en reste propriétaire jusqu'en 2007.
Laissé à l'abandon, le château est régulièrement
pillé et est totalement détruit dans un incendie.
La ville de Pont Sainte Marie décide donc d'acheter
ce lieu en 2007.
Le parc est l'un des derniers marais tourveux
alcalins de l'Aube. Un relevé floristique a été réalisé par le Conservatoire
d'Espaces Naturels de Champagne-Ardenne et des habitats et des espèces
végétales d'intérêt patrimonial ont été répertoriées. De nombreux insectes sont
inscrits à l'Annexe II de la Directive Habitats.
Une cinquantaine d'essences d'arbres, autant
d'espèces d'oiseaux et de mammifères, et quelque soixante-dix plantes ont été
recensées. De l'érable fleuve d'amour au noisetier de Byzance en passant par le
pommier et le poirier sauvage, l'aulne glutineux ou le fusain du Japon, dont il
n'exite que quelques pieds dans notre département, le parc possède une réelle
richesse pour accueillir des oiseaux comme la grive musicienne, le pic épeiche,
le rossignol, la tourterelle turque ou encore des mammifères comme les
écureuils, les renards ou les ragondins.
Avant de racheter ce lieu, le constat était critique
: château entièrement démoli suite à l'incendie de 1989, lavoir en ruine,
bassins comblés par les terres et les herbes, murets en ruine recouverts de
lierres, ponts endommagés, conséquences de la tempête de 1999 sur les arbres,
cours d'eau non curetés... Il a fallu intervenir sur les élagages et les
plantations, réaménager les sous-bois et les chemins, mettre en place une
signalétique, restaurer la grille de l'entrée, restaurer les ponts et les garde-corps
en ferronnerie, réhabiliter le château d'eau et reconstruire le lavoir à
l'identique.
C'est en 2018 que l'association ARBRES a décerné le
label "Arbre remarquable" à la ville pour la cépée de tilleul.
S'étirant sur 40 mètres de hauteur et caractérisée
par plusieurs brins, la cépée de tilleul entre dans le prestigieux inventaire
des 500 arbres remarquables de France répertoriés depuis 2000.
Sa durée de vie peut aller jusqu'à 1000 ans. Ses
feuilles sont en forme de coeur oblique.
Les galles rouges présentes sur ses feuilles sont
issues de larves d'acariens et n'affecte pas la vigueur de l'arbre.
27 décembre 2008,
Bernard Lebocey a fait partie des grands patrons de
Troyes. Il a dirigé pendant presque trente ans l'entreprise la plus
prestigieuse du chef-lieu de l'Aube : les établissements Lebocey. Installée à
la fois avenue Pasteur et faubourg Croncels, cette société fabriquait le
produit le plus noble de la ville : des métiers circulaires pour la bonneterie.
C'était avant que la marque Lacoste ne se développe.
Bernard Lebocey s'est éteint la semaine dernière à
l'âge de 84 ans à Vichy. Et ses obsèques qui se sont déroulées hier à Troyes,
dans sa ville natale, ont permis qu'un hommage posthume lui soit rendu. Car, de
son vivant, ce qu'il a apporté fut peu souligné. L'entreprise ayant fermé ses
portes dans les années 70 dans des conditions dramatiques, entraînant la
suppression de plus de 600 emplois, rien que sur Troyes. Car Lebocey possédait
aussi des usines à Annemasse et en Suisse, à Nyon.
Hier en l'église Saint-Nicolas, sa nièce, Marina
Cousté, a su trouver les mots pour retracer un parcours hors du commun, à tout
point de vue. Elle a rappelé d'abord que Bernard Lebocey était issu d'une «
longue lignée d'entrepreneurs ». La société, née en 1844, a été dirigée par des
hommes qui ont marqué l'histoire industrielle de l'Aube : Georges, Jules et
Gaston Lebocey.
« Robert Galley n'a pas voulu de Rockwell »
Il convient d'intégrer aussi à la dynastie familiale
le nom de Marie-Louise Lebocey, l'ancienne présidente de la société artistique.
Elle dirigea l'entreprise après la mort prématurée de son mari pendant la
Deuxième Guerre mondiale et jusqu'à ce que son fils Bernard, parti s'engager
dans la 2e DB, puisse s'en occuper.
À la différence d'autres grands dirigeants, Bernard
Lebocey était un autodidacte. « Mais il était plein de bon sens », déclarait à
la sortie de l'église André Boisseau, l'ancien commissaire-priseur, qui l'a
bien connu.
Ce bon sens lui a permis de développer de façon
spectaculaire l'entreprise. Sous sa houlette, elle connaît un rayonnement
mondial, exportant 85 % de sa production. « La première crise économique de
1973 vint au bout de son dynamisme. Cette crise emportera par la suite la
plupart des usines de bonneterie », a regretté Marina Cousté.
Lebocey
disparaîtra complètement, quelques années seulement après avoir déposé le
bilan. Pourtant un repreneur s'était mis sur les rangs : Rockwell, sixième
entreprise américaine. « Nous étions allés aux États-Unis pour rencontrer
Rockwell. Mais il fallait l'aval du gouvernement français », révèle Jacqueline
Cousté, la sœur de Bernard Lebocey. L'État n'a pas donné son accord.
Elle a son explication sur ce refus : « Rockwell
avait aussi une usine d'armement. Pour cette raison, Robert Galley qui était
alors ministre des Armées n'a pas voulu de Rockwell. Ma mère lui en a tenu
rigueur pendant longtemps », signale-t-elle. Le gouvernement préféra une
solution française : une reprise par les ARCT de Roanne. Mais qui déposeront à
leur tour le bilan.
« Bernard Lebocey fera face avec dignité, aussi bien
dans sa vie, que dans ses biens », a souligné lors des obsèques sa nièce. Il
travaillera d'abord pour un constructeur de métiers espagnol, à Barcelone, puis
dans les assurances avant de devenir antiquaire avec sa seconde épouse.
Lors de la faillite, il habitait le château Lebocey,
à Pont-Sainte-Marie. Mais comme celui-ci faisait partie des biens personnels
qu'il avait gagés, il a dû le quitter. Les banques laisseront le château à
l'abandon qui sera pillé, avant que des clochards n'y mettent le feu.
Ce château venait d'un héritage des Bonbon, autre
grand nom de la bonneterie. Un Bonbon s'était marié avec une sœur de Gaston
Lebocey. « Bernard ne l'avait pas acheté avec les fonds de l'entreprise. Il
mettait tout son argent dans la recherche », affirme sa sœur.
Les Châteaux de l’Aube