mercredi 29 mai 2024

Louise... disparition à Saint-André...

 

Jean Dupré - La fenaison vers 1895


Louise…  un fait divers, d’une autre époque… à Saint-André

On recommandait en ces temps-là,  aux enfants,  de ne pas aller trop loin dans les terrains plus ou moins marécageux de la Vienne. On leur demande surtout de n’aller pas trop loin, du côté de la fontaine Saint-Martin. La vieille histoire de « la Louise » les en aurait d’ailleurs dissuadés.

C’était une enfant comme les autres, comme ils étaient presque tous, à la campagne, en ce temps-là. De famille pauvre, très jeunes, ils devaient participer à la vie et au travail de la famille.

Dans la mesure de leurs moyens, sans doute, mais quel est l’enfant de nos villages qui n’employait pas ses jeudis, ses soirées, ses vacances à garder la vache dans les prés, à glaner derrière la voiture gerbière après qu’on avait ramassé les gerbes, à soigner volailles et lapins ?

Louise ne pouvait échapper à la condition commune. Aussi ne trouvait-elle pas extraordinaire que sa maman l’envoie régulièrement à l’herbe « pour les lapins ».

Ce n’était pas parce que sa mère était restée seule après la mort de son père, c’était parce qu’on avait l’habitude que les enfants ne restent « jamais sans rien faire ». D’autant plus qu’ils pouvaient se rendre utiles.

Aussi, ce jour-là, Louise était-elle partie dans la campagne environnant chercher une gironée d’herbe pour les lapins qu’élevait sa maman.

Saint-André n’était alors qu’un modeste village assez éloigné de la ville. La campagne était vaste autour des quelques chaumières qui accompagnaient l’importante abbaye de Montier-la-Celle. Des travaux n’avaient pas encore été entrepris pour canaliser les nombreuses Viennes qui traversaient le territoire et qui en faisaient un immense et traitre marécage.

Louise était donc partie à la recherche des panais, des plantains, des séneçons et autres végétaux dont les lapins sont toujours restés friands.

Elle n’était pas seule. C’est bien connu : les enfants de nos campagnes se sont toujours entendus pour se trouver dans la nature, à la croisée du dernier chemin, pour rire et s’amuser ensemble, quittes à poursuivre ensuite la chèvre ou la vache qui s’étaient échappées, quitte à précipiter la cueillette de l’herbe, avant de regagner la maison.

C’est bien ce qui se passa ce jour-là !

Après avoir bien musé, les enfants s’avisèrent qu’il se faisait tard. Brusquement, ils se séparèrent pour vaquer chacun à ses occupations.

On pense que Louise se dirigea tout de suite vers les endroits qu’elle connaissait bien pour lui fournir en abondance les herbes appropriées. C’étaient des lieux qu’elle avait l’habitude de fréquenter. Elle savait aussi les coins dangereux, ceux où elle aurait pu prendre pied et s’enliser. Elle renait garde de n’aller que là où la terre était ferme, quitte à s’assurer d’une main, à la basse branche d’un arbre quand elle avait à cueillir une herbe sur une rive incertaine.

Elle connaissait cette terre par cœur pour l’avoir tant et tant de fois pratiquée.

Et pourtant…

Louise n’était pas rentrée ce soir-là.

 Alors que toutes les autres fillettes et les autres garçons étaient, depuis longtemps, de retour. C’est la raison pour laquelle la maman de Louise s’inquiétait.

Qui décida de s’en aller à la recherche de son enfant.

Sitôt qu’elle fut à proximité de l’entrelacs formé par les nombreux canaux des Viennes, alors que la nuit tombait, l’angoisse l’étreignit devant ce marais qu’elle avait, elle aussi, maintes fois traversé.

Comme elle n’y voyait plus guère du fait que la nuit tombait, elle prit le parti d’appeler.

« Louise, Louise, Louise… » criait-elle à tous les échos. Et ceux-ci lui répondaient « Ouise, ouise, ouise… » d’une voix morne et désolée.

De la fillette, point de réponse.

Affolée, la maman allait, droit devant elle, toujours criant le nom de Louise.

Inlassablement, elle s’entendait répondre : « Ouise, ouise… »

Quand son pied buta sur un ballot d’herbes.

C’était le devantié de la fillette aux trois quarts plein. Il lui fallut se rendre à la triste évidence, Louise avait disparu… Et nul ne la retrouva plus.

Voilà pourquoi la contrée marécageuse des « Ouises » rappellera longtemps encore le souvenir de la fillette qui disparut en allant à l’herbe. Voilà pourquoi les petits enfants du grand-père n’osaient s’aventurer trop loin du côté des Viennes. Il leur avait raconté la triste aventure de « la Louise » afin justement, de leur inspirer la criante salutaire des endroits dangereux.

Louise disparue en 1855


Saint-André... Hier

Chez Dupuy auberge créée vers 1810 par la famille de ma Gd mère paternelle

 L’Ancien Saint-André, aujourd’hui Saint-André-les-Vergers

L’étude du cadastre (celui de 1870 révisé en 1958 et celui de 1828), l’observation des voies de communications et des différents lieux-dits de la commune nous donnent une étude assez précise du village tel qu’il existait au XVIIIe et du début du XIXe siècle.

La partie basse de Saint-André (qui occupe une surface importante) était couverte par un marais qui gênait considérablement le développement de la vie rurale de l’agglomération et ses relations avec la ville voisine.

Un plan ancien nous permet d’avoir une plus juste idée de l’importance de ce marais. Nombre de lieux-dits en attestent l’existence :

Rue du gué : (rue Médéric) endroit dans le marais où l’on peut passer à pied sec

Rue de la Grande Planche : (rue Jeanne d’Arc) , accès à Troyes

Lieudit La Grande Planche : difficile à cause des marécages, les Grandes planches permettaient de sortir du marais.

Les Ouises : voir LOUISE

Les Suivots : (chemin et lieudit) chemin qui contourne le marais

L’Ile Germaine : Elle émerge au-dessus du marais. Appellation en souvenir de Saint-Germain d’Auxerre qui aurait rencontré Saint Loup à cet endroit.

Rue du Pont aux prêtres : passage entre l’habitation des prêtres et l’église

Chemin des Marivots : chemin dans le marais

D’autres lieux-dits sont le reflet des activités rurales des habitants de Saint-André

La Linchère (le chemin des Roises) les trous d’eau où l’on faisait rouir le lin

Les Vignots. Moque bouteille : lieux plantés de vignes. Ces vignes produisaient, disaient les moines, un vin de mauvaise qualité. [La vigne a disparu à St André]

Les Vieux Cortins : Les cortins désignent l’endroit où l’on trouvait des jardins maraîchers

Cliquat : Moulin à aubes, sur les ruisseaux, à la limite avec La Rivière de Corps. Le cliquetis des engrenages a donné son nom au lieudit.

 

Quelques-unes de ces appellations font état d’activités liées à la proximité de l’Abbaye :

Les tuileries. Rue du four : (aujourd’hui rue de la République) Les vastes bâtiments monastiques, avec leurs églises et chapelles, auxquelles s’ajoutaient des celliers, des écuries, des forges et autres habitations diverses, exigeaient briques, tuiles et faitières. Il était donc habituel de voir des tuileries s’installer à proximité des grandes abbayes du Moyen-Age.

La Fourche aux Moines : terrains cultivés

Les Vergers : entre le Bas Clos et l’Abbaye de Montier-la-Celle, terrain fertile planté de fruitiers

Les Bas Clos : Pâtures entourées de haies en clôtures, situées entre la route d’Auxerre et la rue Thiers. Dans ces prés, on allait conduire les moutons et les vaches

Les Hauts Clos : c’est l’endroit le plus élevé du village, près de Troyes. L’Hôpital de Troyes ouvert en 1961 se nommait Hôpital des Hauts Clos. Il a été rebaptisé le 28 septembre 2018 : Hôpital Simone Veil.

 

LIEUX-DITS DRYATS

Lieux-dits de Saint-André

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