Des châteaux sur lesquels s’appuyaient les maisons féodales qui ont servi les Comtes de Champagne, que subsiste-t-il ?
Après l’extinction de la dynastie des comtes, la
noblesse maintient mieux ses châteaux si, comme les baillis Erard de Ligno,
Jean d’Arrentières ou les Dinteville, elle se met au service du roi. Mais,
décimée par la guerre de Cent Ans, elle s’éteint d’elle-même, épuisée, et, dès
le XVe siècle, la bourgeoisie la renouvelle. Les riches marchands de Troyes,
Molé, Mauroy, Mesgrigny… acquièrent fiefs et châteaux.
Sous Louis XIII, Bouthillier fait construire Pont,
et Loménie achète Brienne : tous deux sont secrétaires d’Etat. Au siècle
suivant, La Motte-Tilly est construit par l’abbé Terray.
Après la Révolution, au siècle par excellence des «
propriétaires » et des notables, le château sert de point d’appui à une
carrière politique. Tous, ou presque, les présidents du Conseil général du XIXe
siècle, ont possédé un château important. Ainsi, de la féodalité à la première
Guerre mondiale, château et politique ont été intimement liés.
Il n’y a pas de « style champenois » pour les
châteaux.
Plus de 300 châteaux, mottes castrales et maisons
seigneuriales ont été répertoriés dans le département de l’Aube. Ces châteaux
ont façonné notre territoire et racontent l’histoire de nos communes.
Au fil des siècles, certains ont disparu et d’autres
ont été partiellement ou entièrement transformés.
Dans l’Aube, sur les 370 édifices protégés, 31 sont
des châteaux classés et/ou inscrits au titre des monuments historiques. Ils
représentent la richesse d’un patrimoine bâti issu des différentes périodes de
l’histoire.
Ailleville - Allibaudières - Arcis-sur-Aube -- Arrentières - Argentolle
Bar-sur-Aube
- Bar-sur-Seine – Barberey – Bligny
Bossancourt
– Breban – Brantigny - Bucey-en-Othe
Brienne
Chacenay
Chamoy
- Champion – Chaource- Chapelle Godefroy - Charmont - Coclois
Cordelière
(La Chapelle st Luc) - Courcelles (Clérey) - Courcelles (St Germain)
Coursan-en-Othe
– Creney
Dampierre
Dosches
- Droupt-saint-Basle
Essoyes – Estissac
Ferreux – Foujon – Fuligny - Géraudot
Isle-Aumont
Jaucourt
Labourat - La chaise - Lignol-le-château
Lebocey
Machy
- Maizière-les-Brienne – Mathaux – Menois
Montaigu
– Montceaux – Montchevreuil - Motte Thilly (la) – Montreuil - Mothe (de la)
Montabert
Mussy-sur-Seine
Paraclet
(du) - Plancy l’abbaye - Plessy (du) – Pougy – Polisy
Pont-sur-Seine
- Pouy-sur-Vanne
Renault
– Romilly-sur-Seine
Riceys-Bas – Riceys-Haut – Histoire du village
Rosières
Rosnay
De la Motte - Manoir des Tourelles (Rumilly-les-Vaudes)
Saint
Aventin - Saint Benoit-sur-Vanne - Saint Bouin - Saint Julien-les-Villas - Saint
Léger
Saint Liébault - Saint Lupien - Saint Lyé
Sainte
Maure - Saint Mesmin
Saint
Parres-aux-tertres - Saint Parres-les-Vaudes - Saint Phal
Troyes
- Palais des comtes de Champagne
Vanlay - Vaux
Vendeuvre
Vermoise
Villacerf - Ville-aux-bois
Villebertin
Villechétif – Villemaur
Villemereuil
Villemorien
Villiers-le-brûlé
- Villy le Maréchal
Qu’entend-on par « château » ?
Qu’ont en commun la motte castrale des origines, le puissant château fort du XIIIe siècle, une maison forte du XVe siècle, un manoir de la Renaissance, le château résidentiel de l’âge classique ou la maison de maître du XIXe siècle ? Comment définir le château sur le temps long ?
LE CHÂTEAU AU MOYEN ÂGE
Érigés à partir de la fin du Xe siècle, les premiers châteaux appelés « mottes », se dressent d’abord sous la forme d’un petit fortin en terre et en bois dont Villehardouin ou Lirey conservent les vestiges. Cet usage tout à la fois résidentiel et militaire, permet la mise en défense des populations et donne naissance aux bourgs castraux de Brienne et de Bar-sur-Seine. L’architecture évolue avec les techniques de siège vers des forteresses en pierre dont le modèle, ceint de tours et de fossés, imprègne l’imaginaire collectif.
Démantelés,
pour des raisons politiques mais aussi pratiques, entre le XVe et le début du
XVIIe siècle, aucun de ces châteaux forts ne subsistent dans l’Aube.
DE LA RENAISSANCE AU SIÈCLE DES LUMIÈRES (XVIe XVIIIe SIÈCLES)
À l’époque moderne, le château perd sa vocation défensive mais demeure un symbole de pouvoir pour la noblesse d’épée et de robe, qui, au gré des mariages et des héritages, en possède parfois plusieurs. Lieu d’agrément et de confort, le château constitue un cadre de vie et de loisirs, au cœur d’un vaste domaine agricole. À Villacerf, les appartements richement décorés et les jardins ouverts sur la campagne environnante y magnifient la puissance
des
Colbert.
LA RÉVOLUTION ET SES CONSÉQUENCE
La Révolution représente une rupture, un changement de modèle. Le château devient un symbole de l’Ancien Régime à faire disparaître. Les châteaux et les biens sont confisqués, vendu comme biens nationaux, les domaines changent de main.
DU CONSULAT À LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
(XIXE SIÈCLE-1914)
Reconstruits ou embellis au XIXe siècle, les châteaux de l’Aube connaissent une seconde vie, marquée par la fonction sociale et culturelle d’une bourgeoisie d’affaires parisienne comme les Casimir-Perier à Pont-sur-Seine.
Passé
le premier conflit mondial, ces édifices entrent dans une période difficile,
conséquence de la disparition à la guerre de leurs héritiers, puis la
dispersion fatale du mobilier, des collections et des bibliothèques.
APRÈS 1918. QUEL AVENIR POUR LES CHÂTEAUX ?
La prise de conscience patrimoniale de ces dernières décennies, alliée à l’action des pouvoirs publics et de propriétaires passionnés, donne aux châteaux de Taisne, de Vaux ou encore de Dampierre une seconde vie où les opérations de mise en valeur conjuguent, dans une approche totalement réinventée, étude historique, restauration et ouverture au public.
Les premiers châteaux en Champagne (Xe-début XIIIe siècle)
A partir du Xe siècle, l’éclatement des circonscriptions carolingiennes laisse place à des structures organisées autour de nouveaux centres de pouvoir, les châteaux. Il rassemble les fonctions résidentielles, administratives, économiques et militaires. L’archéologie permet de dresser une typologie de ces habitats seigneuriaux fortifiés qui recherchent des défenses naturelles comme les éperons, pitons, rebords de plateau. En zone humide, on les perche sur des tertres artificiels appelés motte mais qui deviennent vite un symbole de l’autorité.
Au
début du XIIIe siècle la nouveauté vient de l’aristocratie de village qui
édifie ses demeures plus ou moins fortifiées sur des tertres peu élevés et
entourés de fossés.
Ces
vestiges en terre subsistent dans les campagnes alors que l’essentiel des
constructions en pierre ont disparu
La vie de château en France au XIXe siècle
Un âge d’or des châteaux
Le XIXe siècle s’ouvre sur d’importantes destructions, résultat du vandalisme révolutionnaire. Mais cette période de dévastations a eu aussi une conséquence heureuse : la naissance du concept de monument historique. Plus étonnant encore, le XIXe siècle a été, pour les châteaux français, une exceptionnelle période de construction. Du milieu du XIXe siècle à la Belle Époque, dans les provinces de France, la « vie de château est à son zénith » : les constructions se multiplient, l’appartenance sociale des propriétaires se diversifie, les châteaux sont le cadre d’une vie sociale brillante, que favorise notamment l’essor de la chasse.
Les châteaux de l’Aube du XVIe au XVIIIe siècle : montrer son pouvoir par la magnificence
L’image du haut château de pierre surmonté de son toit d’ardoises est un lieu commun quand on songe aux grandes demeures des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles : on y imagine un art de vivre raffiné dans une société hors du monde, loin de la ville et de ses tumultes.
Qu’en
est-il vraiment ? Et quelles sont les spécificités qui s’appliquent au
territoire de l’Aube en la matière ?
Les
documents conservés aux Archives départementales, les collections des musées et
les vestiges en place permettent de dessiner un panorama très précis dans ce domaine,
et de faire renaître des richesses d’art disparues, au point de permettre la
découverte de chefs-d’œuvre à la richesse insoupçonnée. Une belle manière de
redécouvrir l’histoire du département de l’Aube !
Châteaux et maisons fortes à l’épreuve de la guerre de
Cent Ans en Champagne méridionale
(XIVe-XVe siècles)
Victimes des conflits armés, d’ordres royaux de démolition ou des destructions révolutionnaires, les forteresses de la fin du Moyen Âge ont presque toutes disparu en
Champagne
méridionale. Dès le milieu du XIVe siècle, des châteaux de l’ancien comté sont
attaqués, occupés et ruinés par les bandes anglo-navarraises. Mais au lendemain
de cette crise s’opère une reprise en main militaire et administrative : des
actes féodaux (hommages, aveux, dénombrements) sont collectés massivement par la
Chambre des comptes, principalement vers 1390-1400.
Ces
documents nous renseignent sur les destructions et les abandons d’habitats, le
destin des vieilles mottes féodales, les dépendances des résidences
seigneuriales, ainsi que les entreprises de fortification dans l’ancien
bailliage royal de Troyes. Plusieurs testaments et surtout des comptes seigneuriaux,
notamment du milieu du XVe siècle et du début du XVIe siècle, nous donnent des
détails concrets sur les opérations de reconstruction qui expriment dans la pierre
l’éclat de la qualité nobiliaire.
Références des recherches (entre autres)
BABEAU(Albert) —Le village sous l'Ancien Régime.BARBELON—Les Monnaies racontent l'Histoire.
BOUTIOT—Annuaire de l'Aube. Dictionnaire topographique. Etude sur les voies romaines du département de l'Aube.
DEFER —Vie des Saints du Diocèse de Troyes.
LOUIS LE GRAND—Coutume et bailliages de Troyes.
PREVOST—Histoire du diocèse de Troyes.
COURTALON —Topographie historique de la ville et du diocèse de Troyes.
FICHOT —Statistique monumentale du département de l'Aube.
D'ARBOIS de JUBAINVILLE —Répertoire archéologique.
ROSEROT DE MELIN (Mgr Joseph) —Le diocèse de Troyes, des origines à nos jours.
BONNARD (Mgr J. Dieudonné) - mon parrain - archives des diocèses de Troyes-Langres
BEAUCHAMP (Louis A. Marquis de) mon aïeul – archives familiales