dimanche 6 octobre 2024

Maison de Dampierre et son château

 

Armes primitives des Bourbon-Dampierre


Des preuves attestent de la présence sur le site d'un castrum romain.

Le château de Dampierre 

 « Au village de Dampierre, à quelques coudées d’une église monumentale, se dégage, hors des eaux vives et des bocages, un ensemble architectural et impressionnant, d’une élégance telle qu’il semblait ne pouvoir appartenir qu’aux bords de la Loire ou aux vallons de l’Ile-de-France. De ces constructions, il barre encore aujourd’hui une large esplanade bordée de futaies, et infléchie sur les côtés ».

On y pénètre par une grille monumentale en fer forgé de l’Ecole de Nancy au XVIIIe siècle.

Dans ce vaste espace, à plus d’une centaine de mètres d’elle, se détache, haut vers le ciel, une tour carrée, cantonnée de 4 tourelles aux toits en poivrières ou en dôme. Elle a fort  grand air et peut être considérée comme un des plus beaux spécimens de la fortification française du XVe siècle.

Autrefois précédée d’un pont-levis sous lequel coulait l’eau des fossés entourant le château féodal, aujourd’hui comblés et démolis, elle en était l’entrée. Elle est traversée par un passage voûté qui accède à la cour d’honneur au fond de laquelle se détache, sur une longueur de 40 mètres et une hauteur de 28, une bâtisse en pierre à deux étages percés de onze ouvertures, dont trois sur un avant-corps à peine saillant, le tout coiffé d’un toit à la Mansart à trois lucarnes dont l’arcure de celle du centre, accolée de deux pots à feu, fait allusion aux armes des Picot de Dampierre.

Le contact de ces deux architectures, l’une féodale et défensive, l’autre plaisante et accueillante, fait de ce domaine une résidence privilégiée caractéristique d’une époque sans austérité dont la majesté aurait paru plus puissante encore, si le formidable donjon du XIIe siècle, démoli en 1810, le dominait encore de sa massive hauteur.

Terre d’invasion, cette région a été dans tous les temps foulée par les pas des conquérants : les Romains s’y sont implantés, des bandes germaniques y ont pris pied, les Francs l’ont conquise, la féodalité en a fait une seigneurie de haut rang dont les comtes ont confié la garde aux plus valeureux de leurs vassaux. Elle relevait de la châtellenie de Rosnay, et était elle-même le chef-lieu d’une châtellenie dont dépendaient 70 fiefs.


Elle a été possédée par des personnages importants, seigneurs de Saint-Dizier, vicomtes de Troyes, connétables de Champagne, d’où, par des alliances de haut lignage, sont issus plusieurs rois, empereurs et princes de France, d’Espagne, d’Autriche d’Allemagne et d’Angleterre. Plusieurs dynasties s’y sont succédé.

Le fondateur de la première, celle des Dampierre-Saint-Dizier, est, en 980, Hildevent. Par son mariage avec Mahaud de Bourbon, son arrière-petit-fils Gui II donna naissance à la branche des Dampierre-Bourbon. A la mort de son fils aîné Archambaud, survenue en 1219, dont une fille épousa Thibaud IV comte de Champagne, roi de Navarre, elle passa à son frère Guillaume II.

 En 1223, Guillaume prit pour femme Marguerite de Flandres qui hérita du comté en 1244, alors qu’il était décédé. Elle trépassa en 1280, laissant pour héritier un de ses fils, Gui III. Avec lui s’ouvrait la dynastie des Dampierre-Flandres.

 C’est sa petite fille Philippine, épouse du roi d’Angleterre Edouard, qui obtint de son mari la grâce des bourgeois de Calais en 1347.

 Le troisième fils de Marguerite de Flandres, Jean I était Seigneur de Dampierre en 1250.

 En 1258, il laissait la châtellenie à son frère Jean II qui la garda jusqu’en 1307. Elle échut alors à sa fille Marguerite, qui, depuis 1305 était la femme de Gaucher VI de Châtillon. 

Avec eux commença la dynastie des Dampierre-Châtillon qu’illustra Jacques 1er, Amiral de France, tué à la bataille d’Azincourt en 1415.

Elle dura jusqu’en 1472 et disparut avec Valéran dont la fille aîné avait épousé en 1469 Philippe 1er de Lannoy, chevalier de la Toison d’or et chambellan de Charles V d’Allemagne, qui fonda la dynastie des Dampierre-Lannoy.

 


Le dernier seigneur mâle de cette famille, Pierre II, mourut en 1522, sans laisser d’enfants. Il a été inhumé dans l’église de Dampierre, dont son tombeau est un des plus beaux ornements. Sa sœur Jeanne, et son mari François d’Haraucourt le vendent en 1526, à Louis Picot, seigneur de Pommeuse, 1er Président à la Cour des Aides de Paris.

 Ainsi se termine la filiation ininterrompue des détenteurs de la seigneurie et cesse de couler dans les veines du nouveau possesseur le sang de Champagne qui, depuis 500 ans, vivifiait les familles les plus illustres de France et d’Europe.

Louis Picot introduit au XVIe siècle la dynastie des Picot de Dampierre. Louis II avait le titre de baron.



 C’est sous son fils Eustache, homme d’armes, que vers 1646 la baronnie fut érigée en marquisat : François Picot, maître de camp de cavalerie, qui épouse Madeleine Gargam, fille de Pierre Gargam, lieutenant du roi à Châlons puis conseiller d’état.

C’est à François Picot de Dampierre que l’on attribue la reconstruction du château entre 1657. Il décède en 1686.

 Suivent, Jean-Auguste, capitaine de vaisseau, Pierre, brigadier des armées du roi, capitaine des chasses et des plaisirs du roi [qui fait renouveler les décors en 1745] se transmirent cette distinction jusqu’au fils de ce dernier, le comte Auguste-Henri-Marie, général des armées de la République, mort pour la France en 1793. Il avait 3 garçons et 1 fille.

 Le marquisat passa à son fils Charles, aide de camp du général Dessoles, sous Napoléon 1er, son beau-frère, pair de France, qui l’avait remplacé au Conseil général, et qui fut tué glorieusement, à la tête des Mobiles de l’Aube, au combat de Bagneux, en 1870. Il n’avait pas d’enfant.

 Le château et les biens de Dampierre entrèrent alors par filiation dans la famille de la Rochefoucauld-Estissac, à cause de Louise Picot, fille du général de la Révolution, mère de la femme de Jules de la Rochefoucauld, duc d’Estissac.

Son fils, Roger de la Rochefoucauld-Ségur, dernier marquis de Dampierre, le laissa à ses filles, les comtesses de Kergolay et Amélie de Mérode, qui s’en dessaisirent en 1907. Elles vendent à un antiquaire parisien le Vicomte Chalanqui-Beurey.

Le nouvel acquéreur fait compléter à grand frais la décoration intérieure. Il fait raser les dépendances et remplacer le parc à l’anglaise tracé au XIXe siècle par des parterres à motifs de broderie devant les façades et sur les terrasses latérales.  Ces transformations sont suivies par la vente de tout ce qui constitue le décor des appartements : meubles, cheminées, lambris, parquets, serrures, en particulier des peintures d’Oudry et des superbes boiseries sculptées du salon dit des Quatre empereurs, attribuées à Verbeckt (boiseries qui étaient classés MH)

les jardins en 1929

Le domaine est vendu dans les années 1930 à sa famille d’origine Picot de Moras d’Aligny qui le garde sans s’en occuper et ce jusqu’en 2020.  

Enfin,2021, Antoni Calmon devient le nouveau propriétaire du domaine pour la somme de 675 000€ ; le château est à restaurer entièrement, vide de tout, il est resté 15 ans à l’abandon.

Le château de Dampierre aujourd'hui

Antoni Calmon - nouveau châtelain de Dampierre

Antoni vit à Paris avec son compagnon Alessandro : pouvez-vous vous présenter, s’il vous plaît ?

Alessandro

« Je suis un Italien de Toscane et je vis à Paris depuis plus de dix ans. Je suis consultante créative dans le domaine de la mode et de la décoration, principalement pour l’agence d’architecture Humbert & Poyet. Mon travail consiste à fournir une direction artistique et une inspiration en fonction des projets et des souhaits de mes clients et à créer des lieux ou des expériences qui leur sont propres. »

Antoni

« Je suis Antoni Calmon, un médecin esthétique qui travaille entre Paris et Londres. Je passe mes journées à faire en sorte que les gens se sentent bien dans leur peau. Je suis née à Perpignan, je suis à Paris depuis six ans, et j’ai une passion pour l’histoire, l’opéra et l’équitation. Moderne, n’est-ce pas ? »  (Rires) 

Antoni et Alessandro dans leur appatement parisien
Interview


Notes achives MH

En 1938, le baron et la baronne d’Aligny, représentants d’une branche cadette des Picot, peuvent racheter cette demeure familiale dont leurs enfants poursuivent la mise en valeur. A défaut du donjon, dont plusieurs dessins de la collection Gaignières rappellent la silhouette, le château conserve un pittoresque châtelet de la fin du Moyen Age, de plan quadrangulaire, cantonné de tourelles rondes percées de canonnières basses. Quant au corps de logis, isolé depuis la disparition des dépendances qui encadrait la cour d’honneur, il doit son caractère à la sobriété de ses façades de pierre blanche et au profil de son grand comble à la Mansart particulièrement important.

 A l’intérieur, le vestibule donne sur un grand escalier de pierre dont le premier palier correspond à une suite de pièces surélevées en raison des voûtes d’arêtes de l’ancienne cuisine en demi sous-sol située au-dessous. Sa remarquable rampe de pierre sculptée porte le chiffre de François Picot, marquis de Dampierre, et de Madeleine Gargam, fille d’un intendant des Finances, qui a du faire reconstruire la Château après leur mariage, célébré en 1653. 


Précédé d’une longue allée, d’une grille et d’un saut-de-loup, le corps de logis devait être encadré sur la cour de pavillons aux angles arrondis.

Des traces d'un castel fortifié qui date du XIIIe siècle attestent d'une première présence sur les terres de Dampierre. A partir du XVIIe siècle la baronnie de Dampierre devient le marquisat et le propriétaire François Picot de Dampierre fait reconstruire le château sur des plans attribués à François Mansart. Après de grands travaux au tournant du XXe siècle, les communs furent rasés, les jardins à la française transformés en jardin anglais, et les décors restaurés.

Le premier quart du XXe siècle vit la disparition des parquets, boiseries, peintures et cheminées, notamment dans le salon dit des Quatre Empereurs, avant que le château ne revienne dans une branche cadette de la famille Picot. Il est depuis 2021 la propriété́ d'Antoni Calmon qui souhaite lui rendre son lustre d'antan.

Façades, charpente et toiture du château ; son escalier d'honneur et la cuisine voutée en sous-sol ; le châtelet, y compris la grille fermant son passage ; le miroir d'eau du parc et la terrasse reliant le châtelet au château. : classement par arrêté du 15 février 1929

Boiseries, XVIIIe siècle, attribuées à Jacques Verbercht (tranférées chez M. Carlhian, 6 bis, avenue Kléber à Paris), 4 portes cintrées à deux vantaux avec leur dessus de porte, 4 glaces avec leur trumeaux, 8 petits panneaux d'encadrement de glaces, 4 grands panneaux muraux, 4 panneaux d'angle, Classé MH 11-02-1929. Disparues

 dessus de porte disparu

Récolement 30 janvier 1975. Boiseries probablement vendues par M. Carlhian. Les héritiers Carlhian, qui habitent toujours Paris (bd Murat), n'ont pu donner les références du nouveau propriétaire de l'œuvre ; pas plus que M. Fabrice Ouziel (bd Beaumarchais, Paris), historien connaisseur du fonds des archives Carlhian. Disparues

Des preuves attestent de la présence sur le site d'un castrum romain, même si la première mention d'un château date du XVe siècle. Remanié au XVIe siècle et au début du XXe siècle, le domaine présente un châtelet médiéval, un château de plaisance construit par Mansart et un parc d'essences centenaires dotés de terrasses, de parterres, et d'un miroir d'eau.


Le Châtelet



Magnifique exemple d'architecture défensive, le Châtelet date du XVe siècle avec des remaniements successifs notamment l'ajout de tours et le changement des toitures.

Il faisait partie d'un ensemble plus conséquent, avec donjon sur motte, basse et haute-cour, murailles, le tout entouré de douves en eau, avec pont-levis

Aujourd'hui subsiste le tracé des douves à l'ouest, les traces du pont-levis en façade et les soubassements des murailles qui servent de contreforts à la terrasse d'honneur



Le châtelet aujourd'hui. Antoni a lancé des travaux de grandes envergures
Livraison des travaux, avril-mai 2025

Restauration du Portail XVIIIe siècle




Magnifique ouvrage d'un maître ferronnier de Nancy auquel on attribue les grilles de la Place Stanislas, ce portail nécessite un remise en beauté pour retrouver ses couleurs et ses ors originels.

Alors qu'il n'avait pas quitté le domaine de Dampierre depuis le XVIIIe siècle, malgré quelques restaurations et modifications ensuite, le portail a pour la première fois en Janvier 2023 entamé un voyage vers les locaux de Arts-et-Forges à La Chapelle-Saint-Luc (10)

Il y restera, le temps de faire des recherches sur ses couleurs et dorures originelles, et de restaurer toute sa structure métallique.

Le Portail a obtenu le label Fondation du Patrimoine en 2022 et bénéficie du soutien de la Fondation de l'Aube à travers son Club des Mécènes  et une collecte ouverte à tous.





Le portail part se refaire une beauté
Livraison des travaux fin 2024


Personnalités de Dampierre :

Isaac ben Samuel de Dampierre, dit « le Ri », (circa 1100 - 1175), rabbin.

Elhanan ben Isaac de Dampierre (peut-être mort en 1184), fils du précédent.

Isaac ben Abraham de Dampierre, successeur d'Isaac ben Samuel de Dampierre.




Nous relevons dans les archives de l'évêché que :

L'abbaye du Pont-aux-Dames. (Ordre de Citeaux), assise en la paroisse de Couilly (Châtellenie de Crécy), élection et diocèse de Meaux en Brie 1226-1790 avait :

Rentes ordinaires, terres, prez, bois, héritaiges et possessions dêpuïg lé tèmpS dé iiostrë fondation, qui fût l'an mil deux cent vingt-six, au mois d'avril, par, de bonne mémoire, Hugues de Chatillon, comte de Saint-Pol, jusques en l'année mil cinq cent vingt-deux.

Item. Sur la terre et seigneurie de Dampierre, en Champaigne, quarante livres tournois de rente âdmôrtye, aulmosnée par le testament de feue dame Marguerite du Tour, femme de Monseigneur Gauchier de Chatillon, en l'an mil trois cent neuf.


 Les châteaux de l'Aube



Autodafé de Troyes de 1288

  Philippe le Bel et les juifs Larousse : autodafé : " Jugement sur des matières de foi. Exécution du coupable à la suite de cette sent...