La rue du Général Saussier à Troyes
Cette rue relie la rue de Turenne à la
rue Emile Zola selon une curieuse orientation Nord-Est/Sud-Ouest. Avant le XIIe
siècle, elle reliait le cœur de la ville au village de Croncels. Elle jouait un
rôle important car c’était un passage obligé pour les voyageurs qui
empruntaient l’axe Flandres-Italie notamment pendant les foires de Champagne
(route de Dijon).
Cette rue a porté successivement les
noms de rue Composte, puis rue du Temple et, depuis 1906, celui du général
Saussier
Mais
qui était le général Saussier ?
Félix Gustave Saussier, naît à Troyes, 59, rue Emile Zola (une plaque rappelle ce souvenir), le 16 janvier 1828. C'est le fils de Félix, Savinien, Magloire, fabriquant de draps et tissage de laine. Il fait ses études au lycée de Troyes et est d’ailleurs Président Fondateur de l’Association des Anciens Elèves du Lycée.
En 1848, il entre à l’Ecole Spéciale
Militaire.
En 1850, il fait campagne en Algérie
comme sous-lieutenant, et en 1854 part pour la Crimée comme lieutenant. En
1855, il est blessé devant Sébastopol par un coup de baïonnette à la tête, le
19 janvier, et au bras le lendemain. Il est cité à l’ordre de l’Armée d’Orient.
En 1855, il est fait chevalier de la
Légion d’Honneur. Il retourne en
Algérie en 1856 et y est blessé par coup de feu à la jambe droite.
En 1859, il repart pour la campagne
d’Italie, nommé capitaine à Magenta, il se distingue à Solferino. Il revient en
Algérie, capitaine, de 1859 à 1861, où il est emprisonné 2 mois, pour
indiscipline en présence de la troupe.
Il part pour le Mexique en 1863. Il est
chef de Bataillon et est cité deux fois à l’ordre du Corps Expéditionnaire du
Mexique.
En 1866, il est fait officier de la
Légion d’Honneur.
Lieutenant-Colonel en 1867, il
appartient au Corps Expéditionnaire de Rome et est cité pour Mentana et Monté
Rotondo.
Colonel en 1869, guerre contre
l'Allemagne : il repousse pendant trois heures les colonnes ennemies. A
Rezonville et St Privat, il est à nouveau remarqué et effectue à cette dernière
bataille une charge à la baïonnette (deux chevaux tués sous lui) qui arrête
temporairement l'ennemi et lui vaut une citation à l'ordre de l'Armée du
Rhin.
A la reddition de Metz, il refuse de
s'engager sur parole et est enfermé avec ses hommes à Mayence, puis en Silésie.
Il s'en évade en décembre 1870, par – 26 ° et 52 km à faire sur la neige gelée
et rejoint la France par la frontière Russe, la Pologne, l’Autriche et
l’Italie.
En 1872, il est fait commandeur de la
Légion d’Honneur
Il débute ensuite une carrière politique
dans les rangs républicains. Elu député de l’Aube en 1873, il prend part aux
débats sur la réorganisation de l'armée.
En 1875 la loi qui supprime
l'éligibilité des militaires le renvoie dans la troupe. Il est envoyé à
Marseille commandant la 58ème brigade (1876-1878)
Il est membre associé de la Société
Académique de l’Aube en 1877. Il est également élu Président de la Chambre de
Commerce de Troyes.
En 1878, il est Général de Division en
disponibilité.
L'arrivée du Président Jules Grévy et
des républicains à la tête de l'Etat va accélérer sa carrière, il se voit
confier des postes de confiance. Il est envoyé en Algérie comme commandant le
19ième CA, puis au Corps Expéditionnaire de Tunisie, où il prend Kairouan.
Il est fait Grand Officier de la Légion
d’Honneur en 1881 et reçoit la Médaille Militaire en 1882. Cette même année, il
est nommé Membre du Conseil Supérieur de la Guerre (vice-président de 1889 à
1897).
Nommé Gouverneur militaire de Paris en
1884, il contribue très activement à la protection de la République contre le
péril de l'affaire Boulanger, s'affirmant alors comme la personnalité la plus
influente de l'armée, ainsi que le relate le ministre Freycinet : "… je
provoquais ses avis, qui étaient toujours décisifs… et ceux là même qui
s'étaient le plus avancés revenaient sans faux amour propre se ranger à son
point de vue… ".
En 1891, il commande les célèbres
grandes manœuvres de Vendeuvre.
En 1897, il est à l’incendie du Bazar de
la Charité et s’en tire avec des brûlures aux pieds.
Dans le fameux " j’accuse "
d’Emile Zola, lors de l'affaire Dreyfus, il n’y a que le général Saussier qui
soit épargné !
Ses fredaines de vieux garçon alimentent
la chronique de l'époque. Il décède le
19 décembre 1905, et est inhumé au cimetière de Troyes.
Suite à un legs fait à la Ville, une rue
de Troyes porte son nom depuis le Conseil municipal du 26 janvier 1906.