Château de la Motte
à Rumilly-les-Vaudes
voir : Château de la Motte
Manoir des Tourelles
à Rumilly les vaudes
Château de la Motte
à Rumilly-les-Vaudes
voir : Château de la Motte
Manoir des Tourelles
à Rumilly les vaudes
- Château des Roches
à Rosnay devenu Rosnay-l'Hôpital
voir : Comté de Rosnay
Sur l’emplacement d’un camp retranché datant de 1616,
le château a été construit au tout début du XXème siècle.
Monsieur Edmond Mérendet, propriétaire des lieux,
charge son beau-frère : Paul Clément, architecte Parisien d'édifier ce château
en pierre et en brique, dans le style Louis XIII des XVIIème et XVIIIème
siècles. La construction s'achève en 1903.
Le château de 1200m² habitables, parfaitement
conservé, est composé d'un rez-de-chaussée surélevé pour un accueil majestueux
de ses hôtes. Parmi les pièces remarquables, on compte le salon
central dans le goût du XVIIIe siècle, une salle à manger haute époque, une
salle de billard et une bibliothèque traitées dans le style XVIIe siècle, et un
escalier d’honneur largement éclairé par un vitrail monumental d’Henri Carot.
Il représente une Vierge à l’Enfant accompagnée de motifs floraux dont la
facture, marque les débuts de l’Art Déco.
La demeure
est agrémentée d'un potager, d'une orangerie, d'une écurie et d'un poulailler.
Mais la splendeur réside dans son parc, paysage créé
autour d'un monumental éperon rocheux surplombé d'une tour médiévale et d'une
rivière anglaise avec cascades et méandres, le tout créé de toute pièce !
Le domaine appartient à un couple d'antiquaire.
Château de Rosières
En 1860, voici la description qui en est faite :
« A une courte distance de Saint-Julien, et à
l’extrémité d’une avenue plantée qui aboutit à la route de Croncels, on trouve
le château de « Rozières ». C’est le rendez-vous de la ville de Troyes, le jour
de la fête patronale de sainte Madeleine. « Rozières » n’a pas seulement les
plus belles pelouses, les allées les mieux sablées, et le parc de plus
habilement planté de tous les châteaux du voisinage, il a encore un parterre
digne de son nom, de beaux canaux encadrés de gazon, et au-dessus desquels le
peuplier, le saule, le noisetier, le sycomore, rempart impénétrable aux rayons
du soleil, secouent leurs têtes feuillues. Ajoutez des percées habilement
ménagées sous les dômes de feuillage, des salles de verdure, des sentiers qui
fuient et se jouent dans les réseaux des taillis, une allée d’ypréaux presque
séculaires dont les cimes gigantesques font l’étonnement des curieux, et vous
aurez le côté champêtre de la résidence. Pas de journal, pas de chronique d’été
qui n’ait dit sous une forme ou une autre, ce que nous disons ici ».
Charles Fichot, peintre, architecte et lithographe,
qui s'est taillé en son temps une grande réputation locale et nationale, décrit
au XIXe siècle le Château de Rosières :
«… La porte d’entrée a conservé une partie de son
ancienne défense militaire. Protégée par des fossés remplis d’eau, elle était
appuyée de chaque côté par de fortes murailles et fermée par un pont-levis et
des vantaux. Cette défense possédait aussi une citerne latérale avec petit
pont-levis particulier, suivant l’usage admis au XIVe siècle. Elle conserve encore
les rainures du grand pont-levis et l’unique rainure du pont-levis de la
poterne. La façade de la tour d’entrée était défendue par des mâchicoulis qui
devaient être crénelés avant la construction de sa toiture moderne. Ces
mâchicoulis se composent de fortes consoles de pierres sur lesquelles reposait
une plate-bande, aujourd’hui corniche. A droite de la porte est une plus
ancienne construction, probablement le corps de garde. Les murs d’enceinte s’y
rattachant ont été détruits pour dégager la vue et laisser voir la maison
seigneuriale. A gauche sont les communs longeant le fossé. Ils s’appuient par
de lourds contreforts et sont limités par une petite tourelle avec meurtrières.
Le beau parc fut, dit-on, dressé par Le Nôtre. En tout cas, il appartient à l’Ecole
qui a discipliné la végétation des jardins de Versailles ».
Il ne faut pas conclure de Rosières à Roses, car ce
serait donner une entorse à l’étymologie. Rosières n’a pas une origine si
fleurie. Son nom vient uniquement des roseaux qui hérissaient le territoire
avant le défrichement des marais de Saint-Germain et de Viélaines.
« A force d’industrie, l’homme a triomphé des
conditions paludéennes de la contrée. Les rigoles ont eu raison des flaques
d’eau, le roseau a disparu ou tout au moins, s’est exilé, et sur ce sol
fertilisé se sont élevés le parc et les jardins qui sont l’honneur de la
résidence. Le restaurateur du jardin français de Rosières est M. Arson, ancien
maître de forges, qui a soustrait le domaine aux risques d’un morcellement qui
eut achevé de compléter les dommages causés par l’industrie un moment en
possession du château ».
Autrefois, le château était ceint de murailles
crénelées et pourvu de tout l’attirail militaire des places fortes. La
seigneurie était tenue noblement en franc-alleu, avec des droits afférents aux
trois justices féodales.
Le beau parc, de 23 hectares fut, dit-on, dressé par
Le Nôtre. En tout cas, il appartient à l’Ecole qui a discipliné la végétation
des jardins de Versailles. Il comprend notamment un rond-point d’où partent de
larges allées, de très beaux tilleuls font une voûte de feuillage et ont valu
le titre de « salon de verdure ».
Parmi les anciens propriétaires figurent : en 1242
Guillaume 1er de Rosières qui était vassal du comte de Troyes, de 1249 et à
1252 son fils Thibaud III, avec pour coseigneurs ses frères, Guillaume II et
Thomas de Rosières. Les actes d’Henri III (qui succéda à son frère Thibault V)
sont peu nombreux. Il y a entre autres une donation, datée de
Saint-Jean-Pied-de-Port, du 13 décembre 1273, faite en faveur de Guyot de
Quatre Sols de Rosières et de ses successeurs, qui tiendront la maison de
Rosières, de droits d’usage dans les forêts d’Isle et de Chaource.
En 1448 Pierre de Verdun, clerc, vivant à Troyes, en
1478 Pierre Le Pelé, puis sa sœur Guillemette Le Pelé, épouse de Jean de
Vittel, en 1547 leur fille Antoinette de
Vittel mariée en 1516 à Pierre de Provins.
Les titres de
propriété indiquent que la terre de Rosières, de franc- alleu noble (héritage
libre de tous devoirs féodaux), a été acquise par Pierre de Provins, maire de Troyes de 1538 à 1542, de Robert de
Chantaloé, écuyer, sieur de Baires et de Laines-Bourreuses, et de Katherine
d’Origny, sa femme. Un fragment de la tombe, en marbre noir et avec armoiries
de ces deux époux, est déposé au Musée de Troyes, depuis 1806.
En septembre 1521, François 1er est en visite à
Troyes. Il accorde à Pierre de Provins, écuyer, sieur de Viâpres-le-Petit, de
Rosières et de Laine-Boureuses, la permission d’établir, « en chacune de ces 2
seigneuries, où il y a grosse motte, close et environnée de grands fossés à eau
vive avec bondes » et après avoir pris l’avis du conseil de ville, des ponts
levis avec chaînes de fer à l’entrée et à l’issue desdites mottes, le roi se
réservant le droit de les faire démolir, s’il y a préjudice pour lui et la
chose publique.
En 1542, Odard Hennequin, évêque de Troyes, et Noël
Coiffart, lieutenant-général au bailliage, furent, en qualité de commissaires
royaux, chargés de vendre les droits de jurés levés pour le roi dans la ville
et la prévôté de Troyes.
Christophe Ménisson, écuyer, sieur de St-Aventin, se
rendit acquéreur de cette partie du domaine royal. Cette première aliénation
qui comprenait les droits levés sur Rosières, opéra un démembrement
considérable de la prévôté de Troyes.
Les sieurs de Rosières sont ensuite en 1547, Adrien de Pétremol, trésorier
extraordinaire des guerres,
Pierre Guichon trésorier-général des fortifications
de France, son frère Antoine, président de la chambre des comptes à Châlons,
qui vend la seigneurie à Charlotte Hennequin et à sa sœur Geneviève, qui vend
ses terres en 1615 à Vincent Le Marguenat, époux de Nicole de la Ferté.
Le 15 août 1615, le prince de Condé envoie à Troyes,
avec lettre de créance, un sieur Gombault, ancien officier de l’Hôtel de des
Monnaies de Troyes, alors seigneur de Rosières, capitaine de 100 hommes d’armes
au service du roi, mais servant le prince. Arrêté aux portes de la ville avec
un archer, il est conduit aux maire, échevins et officiers de justice. Cette
arrestation cause de l’émoi parmi la population, car l’armée du prince est dans
le voisinage.
De suite, M. de Lenoncourt, qui est à Lusigny avec 2
compagnies, est invité à jeter sans délai ses troupes dans les faubourgs. La
lettre, apportée par le sieur Gombault, seigneur de Rosières, donnait
l’assurance de l’attachement du prince envers le roi. La prise d’armes n’avait
pour but que son service, et seulement contre les ennemis et les perturbateurs
de l’Etat.
Le prince avait su que les Troyens se préparaient à
lui faire la guerre. Il demandait que le commerce continuât avec les gens de
son parti et « qu’ils demeurassent neutres ». Le conseil de ville éluda la
réponse et, de fait, il se déclara pour le roi.
En 1656, le nouveau propriétaire est Samuel Guichon
receveur général des rentes de la ville de Paris. Le domaine resta au sein de
la famille Guichon jusqu’en 1733, date à laquelle Anne Guichon, dernière
héritière de Samuel, céda l’ensemble des terres que constituaient Rosières,
Laines-Bourreuses et Viélaines, à Pierre de Puget, seigneur de la Marche, grand
bailli de Troyes, qui la vend à son tour à Claude Raphaël Dufour en 1749,
marchand à Troyes, puis officier chez le roi.
En 1766, Louis-Nicolas Berthelin est le nouveau
propriétaire, qui en fait don à son neveu et filleul, mais avec réserve
d’usufruit.
A la révolution française, le Château est déclaré
bien national et revendu en tant que tel.
Ensuite, de nombreux propriétaires se succèdent :
Jean Edme Berthelin de Viélaines en 1800, Louis Bénigne Dussonay de Mély en
1812, les filateurs Roblot et Chaumet en 1818, Jean Baptiste Arson en 1822.
En 1919, Rosières devient « Rosières près Troyes ».
En 1923, le commandant de cavalerie Louis Joseph
Reynard-Lespinasse, membre résidant de la société académique de l’Aube, achète
le château. Sa veuve le revendra en 1933 à M. Pomez Jolly (commissaire-priseur) ;
elle vendra également l’entier mobilier du château, c’est ainsi qu’une aïeule,
la baronne Marthe de Nicolas du Plantier, acheta une magnifique paire
d’encoignure d’époque Louis XIV, une pendule en vermeil XVIIIe et un service de
table complet de 156 pièces en porcelaine de Sèvres.
1926, inscription aux MH
Le château appartient à différents membres de la famille Pomez jusqu’en 2022 date à laquelle le château est mis en vente :
Vente château 33 pièces, 1504 m², 3
500 000 € ; présentant plusieurs périodes de constructions XVIe, XVIIe et
XVIII e siècles.
UNIQUE pour son parc somptueux de 13ha qui fut
autrefois des jardins à la Française, rappelant les jardins de Versailles
dessinés par André le Nôtre.
L'entrée principale du château s'établit par le
châtelet, où l'on peut apercevoir d'anciennes traces du pont levis.
L'allée dessert quatre bâtiments entourés de douves
; chacun présentant une habitation distincte et chacune ayant une vue
imprenable sur le parc.
Le prestigieux pavillon en pierre du XVIe siècle
abrite également une habitation avec piscine offrant des éléments
architecturaux nobles. L'ancien colombier octogonal en parfait état s'érige
fièrement dans le jardin privatif devant la piscine, tel un témoin d'une grande
époque.
Se succède une autre bâtisse en pierre qui était
autrefois une Chapelle, aménagée depuis en appartement.
À droite, se développe une longue aile du XVIIIe
siècle, dotée d'une suite d'arcades et d'un fronton armorié. Cette partie
d'habitation offre de très belles pièces de réception et chambres, traversantes
et donc baignées de lumières.
Les anciens bâtiments agricoles transformés en
habitation principale offrent tout le confort moderne avec une seconde piscine,
salle des fêtes et dépendances.
Ces bâtiments présentent tous la particularité de
s'élever en saillies sur les douves, donnant l'impression, depuis certains
points de vue, de vivre sur l'eau. De nombreux matériaux anciens ont été
conservés, dans les grands salons de réception et chambres, avec au sol,
parquet point de Hongrie, pierre de Bourgogne ou dallage à cabochon. Des
cheminées monumentales ou escalier en pierre se distinguent de ce joyau…..
- Château de Taisne
à Ricey-Bas :
Un château-fort est construit en 1086 par Robert Ier, seigneur de Ricey. Un
côté est du XVIe s. l’autre a été bâti en 1616.
Le château est passé de famille en famille pendant
la plus grande partie du XIVe siècle et le début XVe siècle. Il fut dévasté à
plusieurs reprises et ne fut plus habité.
Le Chancelier de Bourgogne Rolin (fondateur des Hospices de Beaune) acquiert le château de Ricey en 1424.
L’essentiel des travaux entrepris se font entre le
XVIe-XVIIIe siècle
Le château n’occupait qu’une partie de l’îlot formé
par la Laigne et le bief où se trouvaient trois moulins en ruines à la fin du
XVIe siècle et qui étaient incorporés au parc par André Baron en 1674.
Le château est passé de famille en famille au fil
des siècles, dévasté à plusieurs reprises, il fut considérablement remanié par
ses différents propriétaires à travers les siècles, et se compose aujourd’hui
de deux corps de logis qui se coupent à angle droit.
Dans la partie la plus ancienne, subsiste encore la
cuisine du vieux château féodal avec ses voûtes et sa grande cheminée et le
cellier datant du XIIe siècle. Cette aile réédifiée successivement par les
familles CREQUI et VIGNIER au XVIème et XVIIe siècle présente deux étages
surmontés de combles et abrite des salles portant les noms des différents
propriétaires du château.
L’autre corps de logis édifié au XVIIIe siècle
présente une façade dont le style classique tranche nettement avec la partie
féodale et fait le lien avec le pavillon XVIIe bâti en lieu et place d’une ancienne tour
démolie.
Un jardin et un parc de plus de 25 ha entourent le
château dans l’axe du grand vestibule placé à la charnière des bâtiments médiévaux
et de l’aile du XVIIIe. Un vaste parterre à quatre compartiments de deux
rangées de buis, abritant deux petits cabinets de verdure et, à mi-chemin un
rond-point orné en son centre d’un globe de pierre sculpté (en fait, un cadran
solaire), est prolongé par une allée de platanes bicentenaires. On aperçoit
dans le potager un pigeonnier construit par Louis VIGNIER, président du
Parlement de Metz, probablement en 1646.
Traversé par deux bras de la LAIGNE, qui entourent
le château, le parc est aussi agrémenté de canaux et d’une cascade,
aménagements réalisés au XVIIIème.
Le parc du château de Ricey-Bas se découvre dès
l’entrée des Riceys, avec un grand portail de pierre et un long mur orné de
vases Médicis. Le parc que l’on découvre aujourd’hui a peut-être été simplifié
dans son plan, mais il conserve le schéma qui existait au XVIIIe siècle, c’est
à dire que le grand parc classique coexiste avec la forteresse médiévale. Le
jardin et le parc de Ricey-Bas est axé sur le grand vestibule placé à la
charnière des bâtiments médiévaux et de l’aile du XVIIIe siècle.
On admire à l’entrée, de magnifiques écuries construites
par Monsieur de POMEREU au milieu du XVIIIe siècle sur l’emplacement d’une
partie des fortifications.
Depuis plus de deux cent ans dans la même famille,
le château de RICEY BAS, est aujourd’hui la propriété des descendants du Baron
et de la Baronne de TAISNE.
Le lieutenant-colonel ANGÉLITO de TAISNE et son
épouse, CLAUDE du BOIS de RIOCOUR décident en 1967 de s’y installer. Ils font
le pari audacieux de se lancer dans l’aventure viticole et entreprennent
d’importants travaux de restauration du château et de remise en état du parc
tout en s’investissant dans la vie de la commune en tant que conseiller
municipal puis maire et dans de nombreuses associations de développement de la
vie locale.
Aujourd’hui, inspirés par leurs parents, leurs descendants entreprennent d’importants travaux de restauration et d’embellissement avec le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de la région Champagne-Ardenne et du Service Départemental de l’Architecture et du Patrimoine et en collaboration avec Pierre Bortolussi, Architecte en Chef des Monuments Historiques, et ses équipes.
Charles et Ségolène de Taisne sont les plus récents héritiers de cette élégante propriété dans la famille depuis 1837. Aujourd’hui, avec leurs enfants, ils donnent de nouvelles couleurs à la vie de château.
Éléments protégés MH : les façades et les toitures
du château, le jardin à la française et les grandes allées du parc :
inscription par arrêté du 29 mars 1967. Le pigeonnier ; les façades et les
toitures du bâtiment des écuries : classement par arrêté du 2 novembre 1979.
L'aile Nord-Ouest du château construite au XVIe siècle, en totalité :
classement par arrêté du 25 novembre 1985
Château du clos Saint Roch
Riceys-Hauts
Façades
et toitures du château ; escalier avec sa rampe en fer forgé ; autres éléments
du décor 18s (grand buffet, lambris, cheminées, gypseries du salon) ; caves ;
portail d'entrée (cad. AM 277) : inscription par arrêté du 26 août 1988
Pas d'informations sur l'édifice
Propriété privée
Histoire des Riceys
Ricey-Bas fut fondé à l’époque gallo-romaine sur la pertica de la Civitas des Lingons, Ricey-Hautes-Rives et Ricey-Haut étant plus récents. Le nom de la localité est attesté sous la forme Riciaco à l’époque mérovingienne. Il s’agit d’un type toponymique gallo-roman, basé sur le nom d’homme latin (porté par un Gaulois) Riccius suivi du suffixe gaulois de propriété -*ako(n).
À l’époque carolingienne, Les Riceys relevaient du
Pagus du Lassois en territoire bourguignon, ce qui a suscité une controverse
quant à l’intégration de ce terroir dans l’appellation Champagne. Puis les Riceys
sont liés aux comtes de Tonnerre.
Du XIe au XIVe siècle, plusieurs familles tiennent
les Riceys, dont celle des seigneurs principaux, à Ricey-Bas (Saint-Pierre),
qui portent le nom de « Ricey » (la grand-mère maternelle de St Bernard de
Clairvaux, Humberge femme de Bernard de Montbard, serait de cette famille) ;
dans l’île de Ricey-Bas, se trouvait aussi le prieuré de Notre-Dame du Faux,
dépendant de l’abbaye St-Pierre-le-Vif.
À Ricey-Haut (Saint Vincent, fief tenu des évêques
de Chalon-sur-Saône ; il y avait aussi le fief de l’île Saint-Louis possédé par
l’abbaye de Molesme), on trouve les comtes de Nevers, Auxerre et Tonnerre (la
branche des comtes de Nevers, se fond dans la famille ducale de Bourgogne en
1369 ; et en 1435, le duc Philippe acquiert les comtés d’Auxerre et de
Bar-sur-Seine par le traité d’Arras) : ainsi, on trouve au XIIIe siècle
Marguerite de Tonnerre reine de Sicile, ou Pierre de Courtenay ; et au XIVe
siècle, Mahaut de Chalon Auxerre, fille du comte Jean III, et son mari Jean II
d’Antigny sire de Savigny et Sainte-Croix, mariés en 1364, sans postérité.
Au XVe siècle, le célèbre Nicolas Rolin (vers
1376-1462), chancelier de Bourgogne et fidèle du duc Philippe le Bon, fondateur
des Hospices de Beaune avec sa femme Guigone de Salins, est seigneur de
Ricey-Bas et de Bagneux-la-Fosse (par acquisition vers 1420 ? ; en 1403-1404,
c’est Claudin de Hellevilliers qui est Sire de Ba(i)gneux et qui lui donne une
charte). Après Nicolas et Guigonne, on trouve leur fils Guillaume († 1488),
père de François Rolin († 1521).
À la fin du XVe siècle, les Rolin perdent Ricey au
profit de Marie de Chaumont d’Amboise, fille de Charles Ier, par une vente
probablement. On peut remarquer que Marie est la nièce d’Anne d’Amboise, fille
de Pierre et femme de Jacques Antoine de Chazeron de Châtelguyon (d’une famille
spoliée par les Rolin, et qui retrouve ensuite ses biens : Martigny-le-Comte ;
de même, les Rohan-Guéméné, eux, retrouveront Gyé confisqué un moment au profit
du chancelier Rolin. Alors que la Guerre de Cent Ans s’est terminée par la
victoire des rois Valois et la défaite puis la mort de leur ennemi le duc de
Bourgogne, auquel les Rolin étaient indéfectiblement attachés, on assiste à une
sorte de liquidation de leur puissance en Bourgogne et Champagne, d’autant que
le sang des Rolin légitimes s’épuise et que cette famille va presque
disparaître).
Depuis 1491, on trouve Marie d’Amboise († 1519) dame
des Riceys et de Bagneux (fille de Charles Ier), et par elle ses deux maris :
Robert IV comte de Roucy, puis Jean VI de Créquy († 1513) fils de Jean V. Par
George Ier de Créqui, fils de Marie et Jean VI, les Créqui gardèrent Bagneux et
la baronnie des Riceys jusqu’au XVIIe siècle : < père de George II de
Créqui, époux d’Anne de Laval (fille de René II de Laval-Bois-Dauphin et sœur
du maréchal Urbain ; grand-tante de Guy de Laval, seigneur de Villemaur et
Saint-Liébault par son mariage avec Marie-Madeleine Séguier fille du chancelier
Pierre, duc de Villemaur : voir ci-dessous) < Anne de Créquy (fils de George
II de Créqui et d’Anne de Laval Bois-Dauphin) < Urbain de Créquy (†
1621/23), époux de Marie Vignier (fille de Jacques Vignier sire de Villemaur et
Saint-Liébault avant Pierre Séguier : voir ci-dessous ; remariée à François de
Clermont comte de Tonnerre).
Vers 1622-23, le père de Marie, Jacques Vignier
(sire de Villemaur et de St-Liébault, † 1631 à Ricey), dans la liquidation des
affaires de son gendre Urbain de Créquy décédé, se porte acquéreur des Riceys,
d’où : < son fils Nicolas Vignier, frère de Marie < Louis Vignier,
marquis des Riceys en 1659, avec Bagneux-la-Fosse et Beauvoir ; son frère
Abel-Jean Vignier est marquis de Haute-Rive.
Deuxième moitié du XVIIe siècle : Alors que Villemaur et St-Liébault restent dans la postérité des Séguier (le maréchal d’Aloigny de Rochefort, puis La Rochefoucauld d’Estissac), les Vignier cèdent la seigneurie des Riceys à André Baron, puis à son parent Auguste-Robert de Pomereu14 (1627-1702) seigneur de Saint-Nom-la-Bretèche, baron des Riceys (fils de François de Pomereu sire de St-Nom et La Bretèche, et de Marie fille de Pierre Baron héritier d’André) < son fils Jean-Baptiste de Pomereu (1656-1732, marquis des Riceys en 1718) < Michel-Gervais-Robert (1685-1734) puis son frère Jean-André (1687-1753) < Armand-Michel de Pomereu (1734-84), d’où postérité.
L’occupation humaine remonte à l’époque
gallo-romaine, comme l’indique clairement le toponyme Reciacus (le suffixe
iacus étant accolé au nom d’un propriétaire) et quelques découvertes
archéologiques (aux lieux-dits Paulin et Corroy des substructions datées par
des monnaies impériales du IIe siècle). Des cercueils de pierre mérovingiens
ont été mis au jour du lieu-dit Chancogné.
C’est à cette époque que nous trouvons les premiers
textes. Entre 711 et 719 Ingoara et Leotheria, sœurs de l’évêque de Sens saint
Ebbon, reçoivent en précaire de l’abbaye sénonaise Saint-Pierre-le-Vif, l’une
la villa de Ricey, l’autre l’église Saint-Pierre du même lieu avec le manse qui
s’y rattache, le domaine foncier nécessaire à l’entretien du desservant et du
bâtiment. La concession en précaire attribue à des laïcs des biens
ecclésiastiques qu’ils exploitent moyennant redevance. Souvent il s’agit de la
simple reconnaissance d’un état de fait, l’usurpation des propriétés de
l’Eglise par des potentats locaux. Effectivement, au XIIe siècle, le comte de
Tonnerre, descendant de la famille d’Ebbon, contrôle la paroisse sans même
verser le cens dû à Saint-Pierre-le-Vif. Dans le cadre de la réforme
grégorienne, l’évêque de Langres réussit à lui arracher le patronage qu’il
donne aux moines du Moutier-Saint-Jean. Quant à la villa, grand domaine rural,
elle devient le siège du château et d’une seigneurie laïque qui a pris son
indépendance. Après l’an mil, on ne trouve aucune trace d’un lien avec Sens ;
les seigneurs des Riceys prêtent hommage, comme vassaux, aux comtes de
Champagne.
La présence monastique et le rôle de Molesme
L’implantation de la vigne dans le Barséquanais,
dont fait partie les Riceys, remonte à une période ancienne et date
probablement de la conquête de la Gaule par les Romains. Le véritable
développement de cette culture est une conséquence de la fondation des abbayes
aux XIe et XIIe siècles. La présence religieuse est très forte, aux Riceys
comme ailleurs au Moyen-Age, à la suite des donations qui ont été faites aux
monastères. Les abbayes de Mores et de Notre-Dame-aux-Nonnains de Troyes y ont
des droits d’usage et des rentes, celle du Moutier-Saint-Jean, outre le
patronage de la paroisse, d’importantes possessions gérées par le prieuré de
Notre-Dame du Faux. Une maison en ville, appelée Le Petit Moutier-Saint-Jean,
est mentionnée dès 1235.
Mais l’établissement le mieux doté est l’abbaye de
Molesme, toute proche. Son fondateur saint Robert a voulu y retrouver toute la
rigueur de la règle bénédictine, quelque peu adoucie par les coutumes
monastiques de son temps. Le succès de cette maison est tel que Robert, pour
éviter les pièges de l’enrichissement et de l’insertion dans le monde, la
quitte pour fonder, en 1098, un « nouveau monastère » sur un site marécageux au
sud de Dijon où abondent les cistels (roseaux) : Citeaux. Sa communauté lui
reprochant son abandon de poste, il doit revenir à Molesme et laisser à son
destin cet ordre cistercien dont il est le véritable créateur, souvent éclipsé
par saint Bernard qui en est le propagateur.
Le rôle des moines dans l’histoire de la vigne et du
vin, en Bourgogne, en Champagne et ailleurs, est bien connu. La règle de saint
Benoît fait du vin la boisson ordinaire des religieux, l’offrande faite avec le
pain aux hôtes de passage, sans oublier bien sûr sa présence indispensable sur
la table eucharistique quotidienne. Selon ces usages, il faut du bon vin et du
vin de soif en quantité suffisante, avec si possible des surplus
commercialisables pour subvenir aux dépenses des abbayes. Quand on voit le
formidable essor de constructions monastiques aux XIe et XIIe siècles, on
mesure l’importance de bien gérer les produits de la terre à forte valeur
ajoutée.
Dès 1104, Molesme est propriétaire de vignes au
lieu-dit Tronchois et le comte de Tonnerre abandonne aux moines le droit
d’herban (ou hériban, une taxe sur le service armé), la nomination des vigniers
(chargés de surveiller les vignes) et le banvin (fixation des dates de
vendange, mais aussi possibilité d’écouler en priorité la récolte précédente
afin de libérer la cuverie et d’éviter que le vin ne tourne à l’aigre). Le
domaine monastique de Tronchois est agrandi en 1159 et en 1173 grâce au comte
Hugues de Bar-sur-Seine ; en 1184 l’abbaye y reçoit en outre la dîme des vignes
avoisinantes ; en 1218 Erard de Brienne l’autorise à y vendanger ses vignes.
Les largesses des seigneurs se succédant, Molesme se retrouve propriétaire
d’une grande partie des hameaux de la Conche, Lanne, Le Magny ; elle possède
des censives sur des vignes dispersées dans tout le finage. Pour exploiter la
production, il faut créer un cellier, disposer d’un pressoir, à l’origine des
bâtiments situés dans l’île qui recevra plus tard le nom de Saint-Louis, du nom
du vocable de la chapelle attenante.
Au milieu du XVIe siècle, les moines assurent en
faire-valoir-direct une production de l’ordre de 300 muids (près de 700 hl soit
au moins 10% du finage) : 115 muids de vin clairet, 140 de gros vin, 13 muids
et 1 feuillette de vin blanc, 20 muids de vins divers d’autres vignes, et 14
muids et 1 feuillette provenant de la dîme (la feuillette de 112 litres valait
½ muid). Au XVIIe, ils cessent l’exploitation directe pour la part de fruit
(1/3 pour l’abbaye, 2/3 pour le preneur). La charité des moines lors de la
famine qui précède la Révolution leur vaut l’estime et l’attachement de la
population, mais ne peut empêcher leur expulsion et la vente de leurs biens.
Leur vignoble représente un peu plus de 14 ha, en treize pièces. Les bâtiments
monastiques subsistent jusqu’en 1839, puis sont remplacés par la grande maison
(1839-48) qu’on appelle le château Saint-Louis.
La propriété laïque et les petits vignerons
L’importance du vignoble ecclésiastique ne doit pas
occulter les propriétés laïques, mais celles-ci n’ont jamais atteint les mêmes
proportions. Dans la première moitié du XVIIe siècle, le seigneur des Riceys
Nicolas Vignier, le bien nommé, possède 45 faites de vigne. La faite ou ouvrée
mesurant 1/8e d’argent, soit 5,27 ares, cela ne représente qu’un peu plus de 2
ha, dont la production est exportée vers la Picardie et la Flandre. Très
nombreux sont les petits vignerons. La moitié d’entre eux a moins de 10
ouvrées, souvent seulement 2 ou 3, de quoi tirer selon les années 250 à 350
litres de vin, autrement dit ce qui est nécessaire à l’autoconsommation d’une
famille.
Dès que l’on dispose d’un peu de surplus, il peut
être intéressant de le revendre en remontant jusqu’à la Seine pour abreuver le
gosier parisien ou en trouvant des voituriers à destination des provinces
septentrionales, les pays sans vignes. C’est ainsi qu’on peut expliquer une
conquête des coteaux par les exploitations viticoles, au point qu’au XVIIe
siècle les habitants n’ont guère de bois et peu de prés, et doivent recourir
aux villages voisins. On compte alors environ 25 000 ouvrées dans le finage,
soit environ 1 400 ha produisant en moyenne 3 000 muids soit à peu près 6 600
hl.
Mais il s’agit en partie de vin de qualité médiocre
et les vignerons sont habituellement pauvres et seulement à l’aise « quand les
vignes rencontrent (réussissent à bien produire) ou quand le vin est bon »
écrit en 1666 l’intendant de Bourgogne. Il faut compter avec les aléas
climatiques et complanter pour assurer la récolte, en suivant les conseils
d’Olivier de Serre : « De cinq ou six espèces de raisins faut meubler la vigne
». Le gel ou la maladie ne touchent pas également tous les cépages. Il faut
donc imaginer un paysage très différent. D’une part, le provignage n’aligne pas
les rangs de vigne bien peignés et, d’autre part, les ceps mêlés produisent un
camaïeu de couleurs. Partout se cachent des loges, cabanes de pierre
circulaires et coniques qui servent d’abris aux vignerons.
Sur les coteaux les mieux exposés, on plante alors
surtout le pinot noir, le « droit plant de Bourgogne » comme l’appelle au XIVe
siècle le poète champenois Eustache Deschamps, qui donne des vins fins, mais
aussi du passe-tout-grains, du pinot meunier de la vallée de la Marne, du
morillon (beaunoir), du nairien ou tressot, du gamay pour les vins ordinaires.
Pour le blanc, moins important, on recourt aux fromenteau (savagnin), arbane
chardonnay, meslier, troyen, etc.
Cette structure de la propriété et du commerce rend
compte du paysage urbain qui, en dehors du château, de belles églises et d’un
prieuré, est constitué surtout de petites maisons, certes de pierre mais
exiguës, à l’échelle des petites parcelles.
L’apogée de 1850
La Révolution conforte le morcellement de la
propriété avec la vente des biens nationaux. On peut considérer que l’apogée de
ce monde ancien se situe aux alentours de 1850, avec environ 4 000 habitants et
plus de 1 500 ha de vignes, produisant 28 000 hl de vin rouge ou rosé, 636 hl
de blanc et 446 hl d’eau de vie. On compte 430 vignerons ayant un petit lopin,
plus de 300 ouvriers agricoles, près de 50 négociants et quelques bourgeois
bien établis.
Le bel édifice se lézarde alors, ce que l’on mesure
aujourd’hui en découvrant des églises surdimensionnées ou des maisons
apparemment abandonnées dans ces villages qui n’atteignent pas en tout 1 400 habitants.
Les nouvelles conditions du commerce sont préjudiciables à un terroir éloigné
de tout canal ou grande ligne ferroviaire, alors qu’elles avantagent les
vignobles du Midi ou du Bordelais. L’exode rural vers les villes industrielles
fait augmenter le prix de la main d’œuvre. Un coup terrible est porté par les
dévastations du phylloxéra qui atteint les Riceys en 1890. Les vignerons, qui
ne peuvent pas tous assumer le coût de la reconstitution du terroir avec des
porte-greffes, sont entraînés dans un cercle vicieux : déficit de production –
importation de vin étranger – surproduction quand les volumes repartent à la
hausse alors que les marchés sont perdus. Sur les 1 500 ha de jadis, il en
reste 700 en 1900, 600 en 1902, 260 en 1912. Fourrages artificiels ou résineux
ont pris la place des vignes, en bouleversant le paysage ancestral.
La situation entre Bourgogne et Champagne
Du Moyen-Age jusqu’au XXe siècle, les Riceys se
situe à la frontière entre Champagne et Bourgogne. L’autorité seigneuriale est
localement unique mais, à la fin de l’Ancien Régime, les circonscriptions
administratives présentent une incroyable imbrication, propre aux territoires
de marches qui ignoraient jadis toute frontière linéaire. Ricey-Bas et
Ricey-Haute-Rive appartiennent à la province de Bourgogne, à l’intendance et
généralité de Dijon, à l’élection de Bar-sur-Seine. Ricey-Haut se trouve dans
la province d’Ile-de-France, intendance et généralité de Paris, élection de
Tonnerre. Situés dans le diocèse de Langres, les trois bourgs sont chacun en
partie du bailliage de Bar-sur-Seine (Bourgogne) et de Sens (Champagne), à tel
point que les rues voire les maisons se trouvent parfois à cheval sur deux
circonscriptions.
A l’époque médiévale, le fief des Riceys est dans la
mouvance du comté de Champagne. Le mariage de sa dernière héritière avec le roi
Philippe le Bel et son rattachement à la Couronne ont raison du tropisme
champenois jusqu’à ce que le découpage départemental, les incluant à l’Aube,
fasse de Troyes le chef-lieu, tant laïque qu’ecclésiastique, les diocèses étant
remaniés en parallèle. Désormais, les cadres institutionnels aussi bien que
l’appellation viticole font clairement des Riceys un terroir de Champagne, mais
deux siècles n’ont pas suffi à effacer une certaine empreinte bourguignonne.
Celle-ci est surtout visible dans l’architecture des
maisons vigneronnes et les caves. Il est piquant de relever que la situation
ambiguë des Riceys à la fin de l’Ancien Régime est contemporaine d’une querelle
restée fameuse entre Champenois et Bourguignons sur la qualité de leurs vins
respectifs. La concurrence sur les marchés parisiens et notamment auprès de la
clientèle aristocratique en est la cause évidente.
L’affrontement se fait à coups de thèses de médecine
des facultés de Reims et de Paris (Dijon n’ayant pas alors d’Université). A
Daniel Arbinet qui soutient en 1652 que « le vin de Beaune est le plus suave à
boire et le plus salubre », Gilles Culloteau répond en 1700 que « le vin de
Reims est plus agréable et plus sain ». Il ne s’agit pas que d’une appréciation
gustative dans ces doctes travaux en latin. En 1694, le Premier Médecin de
Louis XIV, qui souffre de la goutte, a fait remplacer sur la table royale, par
du vin de Bourgogne le vin de Champagne qui « s’aigrit très aisément parce
qu’il a plus de tartre et moins d’esprit que celui de Bourgogne, et que par
conséquent il augmente l’humeur mélancolique et ses effets ». Les Champenois se
défendent savamment, cherchent à démontrer que leur vin entretient la santé,
conduit à un âge avancé et est doté de qualités diurétiques. Le docteur rémois
François Mimin écrit en 1705 un texte qui s’applique bien aux Riceys : « Sa
couleur est si vive que le diamant le plus pur ne brille pas davantage aux yeux
; quelquefois le rouge est si vermeil qu’on le prendrait pour des rubis
distillés ; enfin c’est de l’union de ces deux couleurs que se forme ce que
nous appelons l’œil de perdrix qui pour n’avoir pas tant d’éclat n’en est pas
moins agréable à l’oeil ».
L’irrésistible attraction champenoise – Les crises
et le renouveau
La crise du phylloxéra est à l’origine du
syndicalisme vigneron, par la nécessité de se serrer les coudes. Cette
solidarité joue à plein lors des péripéties douloureuses relatives à la
délimitation de la Champagne viticole, quand la Chambre des Députés légifère en
1905 sur l’aire de production des raisins ayant droit à l’appellation. Alors
que, depuis le début du XIXe siècle, certains négociants marnais achetaient du
vin aux Riceys, le bourg est menacé par une restriction de l’appellation au
département de la Marne et au canton axonais de Condé-en-Brie. En partie ruinés
par la crise, les vignerons ricetons risquent d’être exclus de la Champagne
sous prétexte qu’ils sont Bourguignons… et de la Bourgogne sous prétexte qu’ils
sont Champenois. Sur le plan géographique, la partie méridionale de l’Aube, par
son terrain jurassique, se rapproche en effet beaucoup plus de la côte
bourguignonne que de la Montagne de Reims. Les cépages alors plantés dans le
Barséquanais s’apparentent davantage aux cépages bourguignons qu’aux cépages
champenois.
Un décret du 17 décembre 1908 interdit aux Aubois de
fabriquer du Champagne, mais n’empêche pas le vin de l’Aube – valant 30 à 40
francs l’hectolitre – de passer dans la Marne, où il faut débourser 200 francs pour
la même quantité. Cela entraîne la colère des vignerons marnais, risquant de ne
plus pouvoir vendre leur vin au négoce. En janvier 1911, c’est la révolte,
extrêmement violente, notamment à Aÿ et dans la vallée de la Marne. Pour y
mettre fin une loi, votée le 10 février, déclare que l’appellation Champagne
sera réservée à la récolte de la zone délimitée, sans apport possible de vin
aubois.
C’est alors le soulèvement dans l’Aube : les
vignerons des Riceys manifestent à Bar-sur-Seine derrière un drapeau rouge
voilé de crêpe noire et à Troyes en chantant l’hymne des vignerons champenois
sur l’air de l’Internationale. Chaque manifestant porte un macaron sur lequel
on peut lire : « Champenois nous fûmes. Champenois nous sommes. Champenois nous
resterons et ce sera comme çà ! » Le gouvernement répond en envoyant la troupe
puis en concédant le 11 juin une appellation Champagne « deuxième zone »,
autrement dit une appellation au rabais. Le 13 juin, le drapeau rouge flotte
tout en haut du clocher de l’église de Ricey-Bas. Il faut attendre
l’après-guerre et toute une bataille juridique de chambre d’appel en cour de
cassation pour aboutir le 22 juillet 1927 à la reconnaissance de l’appellation
Champagne à 71 communes de l’Aube, à condition de remplacer progressivement le
gamay aubois pat les cépages champenois et de se conformer aux règles de
l’appellation.
L’année 1927 est aussi celle de l’intégration du
syndicat viticole des propriétaires / vignerons des Riceys, né de la crise,
dans le syndicat général des vignerons de la Champagne. Sur le « vitrail de
Champagne », œuvre du mécénat de l’interprofession qui offrit à la cathédrale
de Reims en 1954 les trois belles lancettes de Jacques Simon, sont représentés
la flèche et le nom des Riceys, preuve lumineuse de l’intégration dans la
famille.
La reconstitution du vignoble
Le vignoble a été reconstitué entre les deux guerres
pour atteindre aujourd’hui 866 ha, soit à peine plus de la moitié de la
superficie d’il y a un siècle-et-demi. Il permet néanmoins aux Riceys d’être la
première commune de Champagne par l’étendue de son terroir.
L’appellation d’origine contrôlée Rosé des Riceys,
reconnue par décret du 8 décembre 1947, concerne une production spécifique et
confidentielle, connue d’heureux initiés car il ne s’en produit que moins de
300 hl en moyenne selon les années, sur un terroir délimité de 350 ha. Rosé
d’assemblage, associant jus de goutte et jus de presse, validé quand le moût du
pinot noir atteint au moins 10° sans ajout de sucre, fondé sur le savoir-faire
ancestral, la mémoire de l’expérience, visuelle et olfactive, la tradition
orale.
L’évolution récente du paysage viticole aux Riceys
La reconstruction du vignoble n’est menée à bien
qu’après la seconde guerre mondiale. En 1959, il y a aux Riceys 129 hectares en
appellation contrôlée, 18 hectares nouvellement plantés et 25 hectares en
dehors de l’appellation, soit en tout 172 hectares. Les surfaces de vignoble
ont alors augmenté jusqu’à nos jours pour atteindre 830 h (contre 1 500 h à son
apogée au milieu du XIXe). La modification dans le vignoble se fait alors
surtout au niveau des cépages, le Gamay devant être remplacé progressivement
par cépages nobles (Pinot Noir, Meunier et Chardonnay).
En parallèle, à l’époque de l’agriculture intensive,
l’élevage est progressivement abandonné par les agriculteurs qui vivent des
trois cultures (élevage, viticulture et céréales). Les pâtures s’enfrichent ou
sont plantées de forêts de pins. Ce développement des forêts de résineux a
fortement marqué le paysage des Riceys tel qu’on le connaît aujourd’hui. De
paysage ouvert jusqu’à 1945, le paysage des Riceys se referme petit à petit du
fait des grandes forêts et cordons boisés plantés qui descendent des plateaux
jusqu’aux villages.
Un patrimoine bâti diversifié et de qualité
Le bourg des Riceys présente une richesse
patrimoniale exceptionnelle et d’une unité surprenante. La création successive
de ses trois villages, ayant acquis chacun une forte identité, entraîna une
certaine émulation entre les communautés, qui relevaient pourtant de la même
paroisse, d’où ces églises imposantes, aujourd’hui classées au titre des
Monuments Historiques.
Son patrimoine architectural est particulièrement
riche et préservé, grâce notamment à son histoire, à la qualité de la pierre
calcaire utilisée, à sa situation privilégiée en dehors des zones de guerre et
au style très spécifique de ces maisons de vignerons. La commune ne compte pas
moins de deux châteaux, un pigeonnier, six chapelles, sept lavoirs et une halle
aux dimensions imposantes, sans parler des dix-huit cadoles et des innombrables
maisons de vignerons, toutes vêtues de pierre blanche, dont les plus anciennes
remontent à la Renaissance.
Sources : ville des Riceys
- Château de
Renault :
Le château du Renaullt situé à Fresnoy-le-Château est une agréable demeure construite au XVIIe siècle.
Accompagnée de piliers d'entrée et
de dépendances en colombage, il appartint au XIXe siècle à la famille de
Joybert, puis à l’ancêtre de son actuel propriétaire, M. Henri Hoppenot.
Propriété privée
- Château de
Romilly-sur-Seine :
Forteresse du XIIe s.
A la fin du XIVe s. il y a deux châteaux : de Saint-Jacques et de Nicey, contigus.
Le château actuel est de
1719, vendu en 1853, dont seuls les communs ont été conservés.
A vendre Château • Romilly-sur-Seine 1 040 000 €
16 Pièces ; 9 Chambres ; Surface de 540 m²
En pays Champenois, un château des 16e et 18e
siècles, sa piscine et son parc de 2 ha. Le château, utilisé au 18e s. comme
maison de campagne, constituait la seigneurie de Saron à laquelle les Bochart,
branche cadette des Bochart de Champigny, devaient leur nom depuis 1630.
Dès le 17e s., il fut le théâtre d'observations
astronomiques, par Jean Bochart de Saron et Gasendi, ainsi que par J.B. Gaspard
Bochart de Saron, Boscovitch et Charles Messier au 18e s. Les archives de
l'Académie des sciences le mentionnent pour l'observation du passage de Vénus
devant le soleil le 3 juin 1769, la détermination de la trajectoire de la
huitième planète, Uranus, en 1781, ainsi que l'observation de comètes.
Entouré d'un parc de 2 ha clos de murs et de
treillage, avec potager et un parc complanté d'arbres centenaires, de tilleuls
et buis bicentenaires, ainsi que d'un platane tricentenaire, le château s'ouvre
à l'avant sur une cour d'honneur et un jardin dont l'imposante grille en fer
forgé le sépare du village.
La propriété est délimitée en sa partie basse par le
chemin de halage de l'Aube. À l'arrière, le parc en légère déclivité,
s'organise autour d'un plan d'eau animé. Une piscine extérieure et une petite
serre cachées derrière l'imposante église voisine du 16e s., disparaissent de
la perspective du château.
Philippe le Bel et les juifs Larousse : autodafé : " Jugement sur des matières de foi. Exécution du coupable à la suite de cette sent...