Voie romaine de Troyes à Lesmont et à Montier en
Der, connue sous le nom d'ancienne route de Piney.
Un autre chemin connu sous le nom de voie des Hâtes
(conduisait à la tombelle d'Aulnay) traverse le finage du sud-ouest au
nord-ouest.
Le village est ancien puisqu'il est déjà évoqué dans
une période située entre 840 et 854. À cette époque, en effet, Charles le
Chauve confirma les possessions de l'Abbaye de Montier la Celle, notamment au
pagus de Troyes, à Cresciacus que l'on pense devoir corriger en Creniacus car
ce diplôme n'est connu que par des copies modernes.
Creney existe dès l’époque Gauloise. Le nom
viendrait d’un gaulois nommé « Crennos ».
En 1789, Creney dépendait de l'intendance et de la
généralité de Châlons, élection de Troyes; du bailliage de Troyes et de la
mairie royale de la Grande-Rivière. Argentolle était une communauté
d'habitants. Ce hameau n'a été réuni à Creney qu'en l'an III. Quant à Creney,
d'abord commune du canton de Sainte-Maure (29 janvier-29 novembre 1790), il a
été ensuite chef-lieu de canton jusqu'en l'an IX. Son église Saint-AventinSaint-Aventin date du XIIe siècle.
La population était de 394 habitants en 1787 et de
324 en 1790 (Vernier, cahiers de doléances, l, 666-7).
La
forme latine « Crani prope Trecas » a
été employée au XIIIe siècle.
En 1374, on relève la forme Creney-les-Troyes.
L’inventaire des titres de la Seigneurie,
établi au XVIIIe siècle, indique Creney-Près-Troyes en 1672, mais cette désignation n’en
deviendra officielle que le 4 février 1919.
Jusqu’au
XIIIe siècle, le village de Creney fait partie du domaine de Champagne.
En
1225, le comte Thibaut IV, en échange de la part du comté de Bar-sur-Seine,
appartenant à Jacques de Durnay, assigne à celui-ci un revenu de 450 livres à
Creney.
En
1246, il achète à Jean de Crécy, chevalier, tous ses biens à Creney.
Vers
1250, Creney est détaché de la baronnie. Le village est alors tenu par les
seigneurs Perrin de Clérey, écuyer et de Jeanne de Chéu (Yonne).
En
1263, Perrin de Clérey, vicomte de Ligny le Châtel et son fils Jean possèdent
Clérey, Creney et Chu
En
1270, Jean de Clérey, son frère et son cousin donnent à l’hôpital Saint Nicolas
de Troyes leurs coutumes et hosties (parcelles maisonnées entourées de terres
cultivées) de Creney, près de la grange dudit hôpital.
La famille de Clérey
En
1274, Madame Felise, femme de Gilon de Joirel ( Joiselle, Marne ), possède à
Creney des cens, coutumes, terrages.
La famille de Foissy
Le
4 mars 1375, la fille de Geoffroi de Clérey, vend à « noble homme Jean de
Foissy ses possessions situées et assises en la ville de Creney les Troyes ». Il
rachète aussi les droits royaux, anciens droits du Comte de Champagne sur
Creney.
En
1378, il confie à Geoffroi de Piney, écuyer, une partie de ce domaine désignée
sous le nom de « fief d’Enfer » comprenant une maison et ses dépendances. Ce
fief d’Enfer a été racheté par Henri de Foissy vers 1510.
En 1390, Jean de Foissy, écuyer, déclare tenir
du roi, à Creney et aux environs la seigneurie que l’on appelle « la seigneurie
de Clérey ». Il y perçoit, tant en sa justice qu’en celle du roi des coutumes,
censives, terrages et les revenus de la mairie de Creney.
Jean
de Foissy le Jeune, seigneur de Chamesson, capitaine de Chaource, lui succède
(de 1400 à 1453).
Gaucher
de Foissy, seigneur de la justice foncière de Creney, achète le 4 novembre 1543
les droits royaux de Creney, consistant en droit de bourgeoisie, juridiction et
connaissance des cas personnels, criminels et civils…
Le 15 juillet 1574, ces droits sont adjugés à
Elion de Foissy, puis le 3 juin 1621, à Pierre Legras, seigneur d’Argentolles.
Viennent
ensuite Hugues de Foissy, seigneur en partie de Villemereuil, maître-veneur et
maître-sergent des forêts d’Isle et de Chaource, puis son fils Henri, capitaine
de Chaource. Gaucher, fils de Henri, gentilhomme de la maison du roi et son
maître d’hôtel ordinaire. Enfin, Hélion, mort sans enfants.
Creney
a appartenu à la famille de Foissy jusqu’en 1623, date de la mort du dernier du
nom, sans héritier direct.
La famille de Vienne
Charles
Lescot, neveu de Hélion, revend tous ses droits en 1643, à Hug de Meung de La
Ferté. Le
18 janvier 1672, Claude de Meung, seigneur de Sollières, vend à Louis II de
Vienne, seigneur de Géraudot-Creney, la terre et seigneurie de Creney près
Troyes, consistant en château seigneurial, jardin, enclos, terres, moulin à
vent, pressoir, justice haute moyenne et basse, le tout mouvant en plein fief
du roi à cause de sa grosse tour de Troyes. Le domaine appartiendra à cette
famille jusqu’à la Révolution. Louis II de Vienne était lieutenant particulier
au bailliage de Troyes.
Son
fils Pierre de Vienne était seigneur en partie d’Argentolle, conseiller duc au
Parlement de Paris, abbé de Saint Martin ès Aires.
Louis
III de Vienne, frère de Pierre, était conseiller d’honneur en la grand chambre
du Parlement. Il « rend foi et hommage au roi pour sa terre de Creney » le 9
juillet 1721.
Par
contrat du 9 juillet 1734, il cède à vie à Claude Méallet, procureur du roi en
la maîtrise des eaux et forêts de Troyes l’usufruit de la terre et seigneurie
de Creney consistant en un vieux château, basse-cour et bâtiments pour le
logement d’un fermier, cens, rentes tant grains que volailles, droits royaux de jurée et de bourgeoisie, droit de justice,
de greffe et d’amende, droit de chasse et de pêche dans le marais, ferme du
château.
Charlotte-Elisabeth
de Vienne, sa fille, épouse Jean Baptiste Fleuriot, comte de Morville, ministre
d’état
De Morville
Marguerite-Charlotte Fleuriot de Morville, leur fille, épouse Pierre-Emmanuel, marquis de Crussol.
De
Crussol d’Uzès
Ces
familles qui possédaient de vastes domaines (Géraudot, Lesmont… ) vivaient sans
doute plus souvent à Paris ou à Versailles que dans notre région. Elles ne se
désintéressaient cependant pas de Creney, et cherchaient à valoriser les terres
en y appliquant les idées de progrès développées à cette époque : en témoigne
l’assèchement du marais dont il sera question plus loin.
Après
la Révolution, il est souvent fait mention des terres de la Citoyenne Crussol…
Le
5 mai 1738, la comtesse de Morville fait remettre à Méallet des tableaux pour
orner le château et y être laissés jusqu’au retour de la terre et château de
Creney à elle-même ou à ses héritiers.
En
1760, elle fait creuser à ses frais un grand canal de dessèchement des marais,
rendant ainsi aux habitants de Creney et d’Argentolles un vaste terrain qui
était perdu. Cette entreprise généreuse n’est pas entièrement désintéressée,
car la marquise obtient la moitié de la propriété du marais dont la totalité
appartenait jusqu’alors aux habitants de Creney et d’Argentolles.
La
comtesse de Morville « rend foi et hommage de sa terre de Creney » au bureau
des finances de Châlons le 17 décembre 1762 ».
Elle en est propriétaire jusqu’en 1789.
Seigneurs usufruitiers
La
famille de Vienne louait le château de Creney, les biens et les droits qui y
étaient attachés afin d’en tirer un revenu.
Ainsi,
en 1734 le domaine est loué, pour sa vie et celle de sa femme, à Claude
Meallet, procureur du roi en la maîtrise des Eaux et Forêts de Troyes.
L’acte
du notaire indique un vieux château, basse-cour et bâtiments pour le logement
d’un fermier, les terres de la ferme du château soit 155 arpents, un gagnage
(pâturage) de 83 arpents près de l’église, d’autres gagnages de 96 arpents, 40,
20, 19, 14, 11, 3, 1..., une vigne de 1, 95 arpents (non louée), soit au total
437 arpents de terres
(Dans
l’Aube, 1 arpent correspond à 43 ares, ce qui donne un domaine agricole
d’environ 180 hectares). En prime, Meallet disposait d’une saussaie (terrain
planté de saules) lieudit la rue d’Enfer, de revenus sur le moulin à vent, sur
la maison « Beuve », du droit de pêche et de chasse dans l’étendue du marais de
Creney, du droit de haute, moyenne et basse justice. Bien qu’étant seulement
locataire, il décide de se faire construire un nouveau château.
En
1777, c’est Antoine-Gaspard Darancy, ancien exempt des Gardes du Corps, qui est
dit seigneur usufruitier de Creney, demeurant en son château dudit lieu.
Les
seigneurs d'Argentolle
Jean
d’Argentolle vers 1172, Drouin d’Argentolle et son fils Jean en 1238.
En
1250, Guiot de Courgerennes était seigneur d’Argentolle, au moins en partie.
En
1263, Pierre de Clérey a des hommes, des rentes et la justice à Creney et
Argentolle.
La
seigneurie passe ensuite à Jean Bonvalet, puis aux enfants de Jean de Marigny
en 1398, à Guillaume Huyard, avocat du roi avant 1504, ses enfants,
petits-enfants, son arrière-petite-fille Yolant Cadet, épouse de François 1er
Escarlatte, avocat du roi et bailli de Jaucourt puis d’Isle.
François
1er Escalatte
En
1579, Marie d’Avelus, descendante de la famille Escarlatte, épouse de Nicodème
Nico, greffier des foires de Troyes.
D’Avelus
En
1602 leur fils, Timothée Nico, moine à Quincy, et sa sœur Marie, femme Le Gras.
Jacques Le Gras, écuyer et seigneur de Nuisement, fils des précédents, et sa
sœur Marie, épouse de Charles de Vitel.
Le
château était alors « une motte close de fossés » d’un arpent et demi, « avec
maison, grange, estables et collombier à pied ». Il est aussi question d’un
moulin à eau, tenant à la rivière qui vient des étangs et fossés.
En
1676 les enfants de Vitel vendent à Louis de Vienne, seigneur de Géraudot, qui
avait déjà racheté la seigneurie de Creney.
D’autres
seigneurs disposaient des anciens droits royaux : François 1er Escarlatte en
1543, puis Edme 1er de Cahier,
seigneur de Frampas, Claude de Cahier, Edme II de Cahier qui se plaint du peu
de rapport de ces titres attendu qu’il n’y a que dix ou douze maisons audit
Argentolle.
Edme
1er de Cahier
De
1688 à 1742, des droits passent à la famille d’Aulnay.
En
1742, Marie d’Aulnay donne à bail la maison seigneuriale et ses dépendances
avec 120 arpents de terres et 50 de prés. En 1743, Mme veuve de la Porte et sa
sœur se rendent adjudicataires de la mairie royale et des droits de
bourgeoisie.
Les
descendants avaient encore ces droits à la Révolution.
En
1809 l’état du recensement des portes et fenêtres indique que le château
appartenait à Monsieur Angenoux.
Argentolle, ancien bourg attesté depuis le IXe siècle dans un
cartulaire de Charles le Chauve qui confirmait les possessions de l'abbaye de
Montier sous le vocable d' Argentilla.
En 1787 il comptait quinze feux, il
dépendait de la paroisse de Saint-Parre, de l'intendance et de la
généralité de Châlons, de l'élection et du bailliage de Troyes.
L'écart avait
un château : motte close de fossé d'un arpent et demi sur laquelle était une
maison seigneuriale, une grange et un moulin. Le tout fut vendu comme bien national
le 28 germinal an II pour dix mil livres.
Le
château de Creney
Seigneur usufruitier de Creney depuis 1734, Claude
Méallet décide de se faire construire un nouveau château sur des terres dont il
ne dispose que sa vie durant. Il faut croire que l'ancien château n'était plus
habitable, ou plus à la mode. En octobre 1737, il fait appel à la justice suite
à des malfaçons dans la construction. Voici, avec l'orthographe et le jargon
administratif de l'époque, les documents conservés aux Archives de l'Aube.
Procès-verbal
de nomination d'experts
L'an mil sept cent trente huit le dix-huitième jour
du mois d'avril à l'heure d'une après midy celle d'après suffisamment attendue
en l'hôtel et par devant nous Louis François Morel chevalier de l'ordre du roy
conseiller de sa majesté lieutenant général enquesteur et commissaire
examinateur aux bailliage et siège présidial de Troyes assisté d'Antoine
Jaillant que nous avons commis comme greffier à l'effet du présent acte duquel
nous avons pris et reçu le serment reçu en pareil cas.
Est comparu Me Claude Meallet conseiller du roy et
son procureur au siège de la maîtrise particulière des eaux et forests du
Bailliage de Troyes demeurant en laditte ville par Me Charles Antoine Moret son
procureur
Qui nous a dit que par sentence rendue audit
Bailliage de Troyes entre luy ledit Me Meallet demandeur d'une poart et Louis Levesque
entrepreneur de battimens demeurant audit Troyes deffendeur d'autre part le
vingt huit janvier mil sept cent trente huit, il est ordonné que sans
préjudicier à l'exécution de la sentence rendue entre les parties aux registres
du Palais le premier octobre 1737 les battimens composant le château de Creney
appartenant audit Me Meallet mentionnés en la requête à nous présentée le
vingt-sept novembre dernier ferons voir et visiter par experts dont les parties
conviendront par devant nous ou qui seront par nous nommés d'office et seront
choisis dans le nombre de ceux qui ont vu lesdits bastimens au tems de ladite
sentence du premier octobre, lesquels experts dresseront raport de ladite
visite dans lequel ils feront mention de l'état dans lequel étaient lesdits
battimens audit tems du premier octobre 1737, de la nécessité urgente qu'il y a
eu de démolir lesdits battimens, ce qu'il a couté pour faire cette démolition
et ce qu'il en doit couter pour le rétablissement, expliqueront et estimeront
dans leur dit raport ce qui reste à faire auxdits battimens à l'effet de quoi
les devis leur seront remis entre les mains pour ledit rapport fait servir et
valloir ce qui devrait et porte ladite sentence qu'elle sera exécutée
nonobstant et sans préjudice de l'appel attendu qu'il s'agit d'instruire, en
exécution de laquelle ledit Me Meallet a fait assigner à la présente heure et
lieu par devant nous ledit Louis Levesque entrepreneur de battimens demeurant à
Troyes pour venir convenir de sa part d'un expert à l'effet de procéder aux
visites et estimations portées en ladite sentence sinon et faute d'y convenir
qu'il en serait par nous nommé d'office et que ce qui serait fait tant en
présence qu'absence vaudrait suivant que ledit Me Meallet a fait apparoir par
l'exploit de Nieps huissier du seize du présent mois controllé à Troyes ce
jourd'hui par Cuisin par lequel il requiert qu'il nous plaise luy donner acte
des nominations qui pourront être faites tant par luy que par ledit Levesque
s'il comparait ou donner défaut contre ledit Levesque s'il ne comparait ou
autre pour luy et pour le profit, nommer d'office tels experts qu'il nous
plaira se rapportant à nous de la part à l'effet de quoy et pour nous mettre en
état de nommer de ceux qui ont vu les battimens en queqtion au tems du mois
d'octobre 1737 aux termes de ladite sentence, il a déclaré que ceux qui ont vu
les battimens sont Claude Mabillot dit Bourgueil, Jacques Mabillot dit Du
Château, Nicolas Nicolle dit d'Artois, Pierre La Rivière, Simphorien Dauvet dit
du Chesne, Simon et Guillaume Milony, Thomas Morin et Antoine Beut tous
architectes et entrepreneurs de battimens demeurant en cette ville de Troyes et
a ledit Moret signé.
Par laquelle réquisition faisant droit nous avons
contre ledit Louis Levesque non comparant ny autre pour luy donné defaut et
pour le profit nous avons sur l'indication dudit Me Meallet des gens qui ont vu
les battimens en question au mois d'octobre 1737 nommé d'office pour experts
les personnes de Pierre La Rivière et Guillaume Milony architectes demeurant à
Troyes lesquels seront assignés pardevant nous pour prêter serment et [?]
ensuite de procéder à la visite des battimens énoncés en la requête dudit Me
Meallet du vingt sept novembre dernier en conséquence de notre sentence du
vingt huit janvier aussy dernier et en dresser leur raport dans lequel ils
feront mention de l'état auquel étaient les battimens audit tems du mois
d'octobre dernier de la nécessité si [?] il y a eu de la démolir ce qu'il a
coûté pour faire cette démolition ce qu'il en doit couter pour le
rétablissement expliqueront et estimeront ce qui reste à faire auxdits
battimens suivant les devis que ledit Levesque devait exécuter lesquels aussy
que ledit registre de sentences des vingt sept novembre et vingt huit janvier
leurs seront à cet effet mis entre les mains et seront tenus lesdits experts de
venir présenter affirmer véritable et déposer en notre greffe ledit rapport
pour servir et valloir ce que de raison le tout sauf leurs salaires, dont [???]
nous avons fait acte.
Et le deuxième jour du mois de may mil sept cent
trente huit à l'heure d'une après midy celle d'après attendue en l'hôtel et
pardevant nous Louis François Morel chevalier de l'ordre du roy conseiller de
sa majesté lieutenant général enquesteur et commissaire examinateur aux
bailliage et siège présidial de Troyes assisté d'Antoine Jaillant par nous
commis pour greffier à l'effet du présent acte duquel nous avons pris et remis
le serment requis en pareil cas.
Est comparu Me Claude Mealet conseiller procureur du
roy au siège de la maitrise particulière des eaux et forêts du bailliage de
Troyes demeurant en ladite ville par Me Charles Antoine Moret son procureur
Qui nous a dit que pour notre ordonnance portée en
la première pièce du présent procès verbal fait entre ledit Me Meallet et Louis
Levesque entrepreneur de battimens demeurant à Troyes nous avons nommé d'office
deux experts pour procéder à la visite ordonnée par sentence du bailliage de
Troyes rendue entre lesdites parties le vingt huit janvier 1738. En conséquence
de quoi il a fait assigner à la présente heure et lieu pardevant nous Guillaume
Milony et Pierre La Rivière architectes et entrepreneurs de battimens demeurant
à Troyes experts nommés par ladite ordonnance du dix huit avril dernier afin de
par eux venir prêter serment de procéder en leurs âmes et consciences à la
visite et estimation ordonnée par ladite sentence et ensuite se transporter au
château de Creney appartenant audit Me Mealet pour y procéder sans aucune
interruptuin ny discontinuation, dresser leur raport de ladite visite et
estimation et l'affirmer véritable, à l'effet de quoi ledit Me Mealet a offert
de leur remettre sa requête du vingt sept novembre dernier ladite sentence du
vingt huit janvier aussy dernier et les plants devis et marchés faits entre luy
et ledit Levesque. Il a pareillement fait assigner à la présente heure et lieu
pardevant nous ledit Louis Levesque pour se trouver à être présent si bon luy
semble à la prestation de serment desdits experts et ensuite les assister et
être aussy présent à la visite et estimation qui sera par eux faite des
battimens en question sans de discontinuation et jusqu'à la perfection d'icelle
sinon et à faute de ce faire qu'il y seroit passé outre tant en présence
qu'absence et que ce qui serait fait vaudrait suivant que du tout ledit Me
Moret a fait apparoir par les exploits de Nieps huissier de cejourd'huy
controllé à Troyes le même jour par des [?] vu lesquels il requiert qu'il nous
plaît recevoir le serment desdits experts ou donner défaut contre eux et contre
ledit Levesque s'ils ne comparaissent ou autres pour eux portant tel profit que
de raison et a ledit Moret signé.
A laquelle assignation sont comparus Pierre
Larivière et Guillaume Milony architectes et entrepreneurs de battimens
domiciliés à Troyes experts qui ont offert prêter le serment d'eux requis et
ensuite procéder à la visite et estimation en question et pour laquelle ils ont
été nommés.
Desquelles réquisitions [?] comparution offrir et de
tout ce que dessus nous avons fait acte et contre ledit Louis Levesque non
comparant ny autre pour luy a été donné défaut et pour le profit faisons
pareillement acte de ce que lesdits Pierre La Rivière et Guillaume Milony ont
par serment par nous d'eux pris et reçu à la manière accoutumée promis de
procéder en leurs âmes et consciences à la visite et estimation dont est
question ordonnée par notre sentence du vingt huit janvier dernier à l'effet de
laquelle leurs seront remises ladite sentence et les pièces y énoncées, de
faire rédiger leur raport de ladite visite et estimation et de le venir
présenter affirmer véritable et déposer en notre greffe, fait les an et jours
susdits.
Et le trente unième jour du mois de may mil sept
cent trente huit à l'heure d'une après midy celle d'après suffisamment attendue
en l'hôtel et pardevant nous Louis François Morel chevalier de l'ordre du roy
conseiller de sa majesté lieutenant général enquesteur et commissaire
examinateur aux bailliage et siège présidial de Troyes assisté d'Antoine
Jaillant que nous avons commis pour greffier à l'effet du présent acte duquel a
été par nous pris le serment au cas requis
Est comparu maître Claude Meallet conseiller
procureur du roy au siège de la maîtrise particulière des eaux et forêts du
bailliage de Troyes demeurant en laditte ville par Me Charles Antoine Moret son
procureur
Qui nous a dit avoir appris que Pierre Larivière et
Guillaume Milony architectes et entrepreneurs de battimens demeurant à Troyes
experts par nous nommés d'office par notre procès verbal du dix huit avril
dernier fait entre ledit sieur Meallet et Louis Levesque entrepreneur de
battimens demeurant à Troyes et qui ont prêté serment par devant nous par autre
procès verbal du deux du présent mois ont procédé à la visite ordonnée par
notre sentence du vingt huit janvier dernier et qu'ils en doivent avoir rédigé
ou fait rédiger leur rapport pourquoi il les a fait assigner à la présente
heure et lieu pardevant nous pour venir présenter affirmer véritable et déposer
en notre greffe ledit rapport qu'ils ont fait ou du faire sauf leurs salaires
qui seraient par nous taxés, il a pareillement fait assigner à ladite heure et
lieu ledit Louis Levesque en son dernier domicile à Troyes pour être présent si
bon luy semble à ladite affirmation et dépôt de rapport sinon et à faute de
comparoir que ce qui serait fait tant en présence qu'absence vaudrait suivant
que du tout ledit Moret a fait apparoir par l'exploit de Nieps huissier du
vingt huit du présent mois de may controllé à Troyes cejourd'hui par
Desfontaines, vu lequel il requiert qu'il nous plaise recevoir ladite
affirmation et ordonner ledit dépôt ou donner défaut tant contre lesdits Milony
et La Rivière experts que contre ledit Levesque s'ils ne comparaissent ou autre
pour eux portant tel profit que de raison et a ledit Moret signé.
A laquelle assignation sont comparus Pierre La
Rivière et Simon Milony architectes et entrepreneurs de battimens demeurant à
Troyes experts qui ont dit avoir procédé à la visite ordonnée entre ledit Me
Meallet et ledit Levesque des battimens du château de Creney appartenant audit
sieur Meallet, et en avoir fait rédiger leur raport contenant estimation par
les greffiers des experts du bailliage et siège présidial de Troyes lequel ils
offrent présenter affirmer véritable et déposer en notre greffe ainsi qu'ils en
sont requis.
Faisant droit sur lesdites réquisitions dires
comparutions et offres, nous avons donné et octroyé défaut contre ledit Louis
Levesque non comparant ny autre pour luy et pour le profit nous avons fait acte
de ce que lesdits La Rivière et Milony ont présenté le raport qu'ils ont fait
rédiger par le greffier des experts de ce bailliage le seize du présent mois de
may controllé à Troyes le vingr huit dudit mois par Desfontaines, de la visite
par eux faite des battimens du château de Creney en exécution de notre sentence
du vingt huit janvier dernier et au [?] de notre procès verbal contenant leurs
nominations du dix huit avril aussy dernier, lequel raport ils ont affirmé par
serment par nous d'eux pris au cas requis, contenir vérité et l'avoir fait en
leurs consciences, et ordonné qu'iceluy rapport demeurera déposé en notre
greffe et joint au présent procès verbal pour servir et valloir ce que de
raison et y être par notre greffier délivré telles expéditions qu'il
appartiendra aux parties requérantes et sur la requête desdits experts nous
leur avons taxé à chacun la somme de trente livres.
fait les an et jours susdits.
Pour nos vacations dix huit livres
au greffier 13.10
à Moret procureur 12
Reçu 54 sols pour les [ ?] des vacations
ce 3 juin 1738
Rapport
d'experts
L'an mil sept
cent trente huit le seizième jour du mois de may nous Pierre La Rivière et
Guillaume Milony architectes et entrepreneurs de bastimens demeurant à Troyes
experts nommés d'office par ordonnance de Monsieur le Lieutenant Général au
Bailliage et Siège Présidial de Troyes du dix huit avril dernier rendu entre
Maître Claude Meallet conseiller du Roy et son procureur en la maîtrise
particulière des eaux et forests d'une part et Louis Levesque entrepreneur de
bastimens demeurant audit Troyes d'autre part, certifions à tout [?] qu'il
appartiendra que sur l'assignation à nous donnée à la requête susit S. Meallet
par Nieps huissier le deux du présent mois de may et après avoir prêté serment
devant [?] sieur le lieutenant général le même jour deux may, nous nous sommes
transportés de ladite ville de Troyes notre demeure ordinaire au château de
Creney appartenant audit Sieur Meallet avec le greffier des experts du
Bailliage de Troyes pour procéder à la visite et rapport ordonné entre lesdites
parties par sentance du Bailliage de Troyes du vingt huit janvier mil sept cent
trente huit qui nous a été remis en mains ainsy que les devis et conventions
faites entre ledit sieur Meallet et ledit Levesque et les plants des ouvrages
qui doivent être faits suivant lesdits marchés par ledit Levesque, Déclarons
que vers la fin du mois d'aoust dernier ayant ouy dire par la voix publique que
ledit Levesque qui avait entrepris la construction du château de Creney avait
si mal réussy qu'il était prest à tomber et qu'il fallait le débatir quoiqu'il
se fut pour à beaucoup près achevé, excités par la curiosité convenable à nos
états nous nous transportâmes ainsy que plusieurs autres ouvriers et
entrepreneurs pour connaître d'où pouvaient venir des défauts si extraordinaires
dans la construction de pareils bastimens, que dans ce tems quoique sans
intérêts et sans dessein autre que pour notre satisfaction et instruction nous
entrames dans l'examen toisé et mesuré de toute la distribution des bastimens
qui devaient être faits par ledit Levesque, nous examinâmes tout ce qu'il
aurait fallu faire pour rendre les choses en bon et suffisant état que sur les
plants et devis qui furent dès ce tems communiqués à tous les ouvriers et
entrepreneurs qui jugèrent à propos d'aller voir cet ouvrage par les mêmes
motifs que nous experts [?] et avons reconu pour lors qu'il n'y avait de fait
au batiment dudit chateau qui cependant était couvert en thuille, que les deux
façades les deux croupes les deux cloisons de refan tant du réz de chaussée que
premier étage la cloison de la grande salle du côté de la cave et celle de la
cuisine attenant le vestibulle, que toute la charpente était étayée de toutes
parts et les deux façades traversées par un gros cable pour les empêcher de
tomber étant écartés et penchés en dehors de huit à neuf pouces de même que la
croupe du côté du jardin qui était pareillement écartée et penchée en dehors de
sept à huit pouces ce que nous reconnumes par le plombé que nous en fimes,
reconnumes que ce défaut provenait de l'impéritie de l'entrepreneur en ce que
les liernes ou semelles traînantes qui auraient dû être d'une seule pièce
étaient de deux pièces et étaient séparées tant par la pesanteur du bastiment
qui n'avait point été levé aplomb que parce qu'il ny y avait pas une seule
cloison qui fut travée et emmanchée ny ayant aucun tenon ny agraffes,
Reconnumes qu'il n'était pas possible de réparer et
rétablir ces défauts pour remettre ce batiment en état avec tant soit peu de
solidité sans le démonter d'autant plus que les fondations n'en étaient pas
solides n'ayant point été creusées jusqu'au tuf, ce que nous reconnumes par
plusieurs découverts que nous trouvames faits et que ces fondations et le
bastiment faisaient presque dans toute l'étendue desdits fondemens, en sorte
que pour peu que l'on eut différé à démonter ces ouvrages il était impossible
d'en éviter la chute et que quelques étays et cables que l'on y eut mis ils
n'auraient pas été capables d'entretenir longtems les écarts aussy
considérables d'un battiment d'une pesanteur sy prodigieuse, en sorte qu'alors
nous ne pumes nous empecher de dire hautement de même que tous les ouvriers et
entrepreneurs qui ont vu les bastimens qu'il ne fallait pas perdre de tems pour
le démonter sans quoy on s'exposerait par la chute à perdre toute la thuille et
briser presque tous les mathériaux, nous reconnumes en outre qu'il n'y avait
alors que trois cheminées de commencées lesquelles n'étaient montées que
jusqu'au 1er étage, qu'il n'y avait que la fondation de la cheminée du salon de
faite, que la maçonnerie de la cave était faite mais gelée et calcinée plus
d'un tiers et ayant parcouru tous les endroits où étaient placés les mathériaux
pour voir s'ils étaient suffisants pour achever lesdits ouvrages, nous
reconnumes qu'il n'y avait sur place que cent quarante cartelage ou environ
propres à solives, cent dix toises de plancher de chesne, cent vingt toises de
plancher en bois blanc, cinquante deux contrevents en bois de sapin sans
ferrure, environ sic à sept cent de brique et trente cinq à quarante pied de
pierre dure tous lesquels matériaux qui étaient les seuls qui fussent sur place
pouvaient valloir la somme de quatre cent livres, et procédant à la visite et
estimation de l'état actuel du bastiment dudit château de Creney que nous
reconnaissons avoir été démonté et reconstruit, nous estimons que les frais de
cette démolition et reconstruction jusques dans l'avancement de l'état auquel
était ledit bastiment lorsqu'il a été abbandonné par ledit Levesque ont dû
coûter la somme de quinze cent livres à cause de la couverture fondations qui
ont été refaite à neuf agraffer et lien de fer qu'il a fallu mettre pour
prévenir de pareils écarts, seuils sablières chapeaux de cloison et autres bois
qui ont été substitués à la place de ceux qui avaient été mis en oeuvre et se
sont trouvés hors d'érat de servir, et par l'examen que nous avons fait avec
ledit greffier de l'écritoire des devis plan et traités cy devant mentionnés
nous avons procédé à la reconnaissance de ce qui n'a point été fait par ledit
Levesque et reste encore actuellement à faire et reconnaissons qu'il faut faire
et fournir scavoir
Cinquante toises cloison de refan que nous estimons
façon et fourniture de bois la somme de trois cent livres
Six cent toises de cartelage propre à solives
estimés façon et fourniture la somme de quatre cent livres
Deux cent quatre vingt douze toises plancher en bois
de chesne à poser à frise de trois à quatre pied estimés façon et fourniture la
somme de trois cent cinquante livres
Deux cent soixante et quinze toises de plancher en
bois blanc estimés façon et fourniture la somme de deux cent dix livres
L'escalier du chateau en conformité du plan estimé
façon et fourniture la somme de quatre cent livres
Vingt six croisées de quatre pieds de largeet six de
trois pieds sur environ huit de haut estimés façon et fourniture y compris le
verre la somme de huit cent quarante livres
Quatre portes de chesne à deux battans, neuf portes
aussy de chesne en assemblage et sept autres portes en bois blanc emboétées de
chesne le tout garny de fer ferrures que nous estimons façon et fourniture la
somme de quatre cent livres
Six contrevents garnies de leurs ferrures et la
ferrure de cinquante deux contrevents trouvés sur place et qui ont été fournis
par ledit Levesque estimés façon et fourniture la somme de cent soixante et
huit livres
Trois cheminées à monter depuis le premier étage
jusqu'à leur exhaussement et une cheminée à faire en entier de cinquante deux
pieds de haut compris les chambranles lesdites cheminées en platre en
architecture plaque et barreau de feu estimés façon et fourniture la somme de
douze cent livres
Les torchis et blanchissages, les lattis plafonds
tous les bois du dehors à mettre en huile en couleur verte ainsy que les
barrelages et portes de jardin que nous estimons façon et fourniture la somme
de sept cent dix livres
Le carreau et carrelage dans toute l'étendue du rez
de chaussée estimé façon et fourniture la somme de quatre cent livres
Le perron d'entrée du vestibule en trois marches en
pierre dure estimé façon et fourniture la somme de quarante huit livres
Les latrines estimés la somme de quatre vingt livres
Le four de la cuisine le potager la pierre à laver
posée sur maçonnerie estimées façon et fourniture la somme de quatre vingt
livres
Les grandes portes du chateau en menuiserie et
celles de la basse cour que nous estimons façon et fourniture la somme de deux
cent soixante livres
Les tablettes en pierre de Tonnerre pour couvrir six
toises courantes de mur d'appuy fournir la porte du jardin et barrelage estimés
façon et fourniture la somme de cent vingt cinq livres
Une porte de chesne dans le mur qui sépare les deux
cours estimée façon et fourniture la somme de dix livres
Deux toises de mur pour joindre le chateau estimés
la somme de vingt quatre livres
Refaire deux toises de massonnerie au puis du
chateau fournir un but de pierre avec barreaux de fer et poulie estimé façon et
fourniture la somme de quatre vingt dix livres
Faire le piier de la bassecourt avec but et
jarretiers en bois estimés façon et fourniture la somme de soixante livres
L'escalier pour la descente de la cave que nous
estimons la somme de quatre vingt livres
Refaire et rempiéter les murs du jardin de dix à
douze toises recouvrir en thuille et faitiere et emmorteler de plain en chaux
et sable la plus grande partie des murs qui sont dans l'enceinte des fossés ce
que nous estimons façon et fourniture la somme de cent dix livres
Placer deux girouettes sur la couverture du chateau
emboetter deux lits pour domestiques et refaire la barriere du chateau estimés
façon et fourniture la somme de trente deux livres
Faire et fournir deux petites croisées en lozange
garnies de leurs ferrures estimés la somme de huit livres
Enlever tous les butins et rendre les places nettes
ce que nous estimons la somme de cinquante livres
Lesdites estimations des ouvrages restantes à faire
au chateau de Creney montantes au total à la somme de six mil trois cent trente
cinq livres
Delaquelle visite déclarations reconnaissance
ouvrages restant à faire estimation d'iceux nous avons fait rédiger le présent
raport par ledit greffier des experts du Bailliage de Troyes et déclarons qu'il
contient vérité ainsy que nous l'offrons affirmer par devant qui il
appartiendra lors que nous y serons requis,
Le château de Creney est propriété privée