mercredi 15 mai 2024

Hôtel du Petit Louvre

 


Bâti sur les murs de l’enceinte Gallo-Romaine, il est composé de bâtiments d’époques diverses.

Il y a tout d’abord des vestiges archéologiques, datant du premier mur d’enceinte de la première cité des Tricasses. Une datation au moyen du radiocarbone, indique que la tour a été édifiée avec des éléments du IIIe siècle, au moment des invasions normandes.

La tour est un vestige de l’ancienne porte fortifiée sud de la vieille cité, qui faisait corps avec les remparts, et qui datait du Bas Empire.

Cet hôtel historique, s’appelait auparavant Hôtel de la Montée, et appartenait au chapitre de la Collégiale Saint-Etienne.

Au XIVe siècle, il prend le nom de l’un des personnages les plus puissants par la naissance, par le rang, par la fortune, et par les divers offices qu’il remplit : Henri de Poitiers, évêque de Troyes (1352-1370), bailli, gouverneur et capitaine de la grande compagnie de la ville

Jeanne d’Arc y est hébergée, lors de son passage en 1429.

Il est occupé en 1501, par Etienne Budé (frère du célèbre humaniste Guillaume Budé), cousin germain de l’évêque de Troyes Jacques Raguier, puis jusqu’en 1517, par Louis Budé, archidiacre d’Arcis-sur-Aube, chanoine de la cathédrale et de la Collégiale Saint-Etienne.


Cet Hôtel historique, est reconstruit après le grand incendie de Troyes, par Odard Hennequin, notre 79ème  évêque, aumônier de François 1er qui en fait sa demeure de 1517 à 1539. Il devient Hôtel des Hennequin.

Jean de Brion, chanoine et grand chambrier de la cathédrale lui succède.

En 1558, Nicolas Le Tartier, curé de Saint-Jean, vicaire général de notre évêque Antonio Caracciolo, qui fonde en 1564 le Collège de la Licorne, ancêtre du collège Pithou, habite l’hôtel jusqu’en 1569.

Ensuite, plusieurs chanoines, jusqu’en 1609.

Ce fut pendant quelques années, la prison de l’Officialité (Justice) de l’évêque.

De 1609 à 1626, l’Hôtel est occupé par le marquis Charles de Choiseul-Praslin, pourvu par Henri IV de la charge de capitaine de la compagnie de ses gardes du corps, bailli et gouverneur de Troyes, nommé par Louis XIII, Maréchal de France.

En 1646, Buisson d’Aubenay, attaché à la maison de M. du Plessis de Guénégaud, ministre de la maison du roi et gendre de la maréchale de Praslin à qui il rend visite, fait une description élogieuse de cet hôtel.

De 1679 à 1654, Antoine Hennequin chanoine, loue l’hôtel, et y fait des travaux de restauration. Plusieurs chanoines, vicaires généraux et archidiacres lui succèdent.

 Ce fut le lieu préféré de rendez-vous du grand Conventionnel Danton, lors de ses séjours à Troyes.

Vers 1789, il devient relais de poste à chevaux : Hôtel du Char d’Or, principalement pour la diligence de Troyes à Paris, et point de départ de 17 voitures de messageries, desservant de nombreux villages de l’Aube.

En 1792, l’Hôtel du Petit Louvre devient bien national, et est acquis par Nicolas-Rémy Bourliet de la Prairie, maître de la poste aux chevaux. Ses diligences desservent Paris, Bâle, Châlons, Besançon, Langres… Il a pour successeur Jean-Baptiste Thibault.

La tourelle s’écroule en 1863, et n’est reconstruite qu’en 1988.

au pied de la tour, la maison des 3 pierres qui date de 1753 servait d'échoppe à un cordonnier

Hôtel de la Préfecture

 


Au début de l’occupation romaine, le terrain compris entre la Rue Urbain IV et le Boulevard du 14 juillet, situé hors des murs de la Cité Gallo-romaine n’est encore qu’un marécage. Selon la légende, il existe en ce lieu, avant les temps apostoliques, un collège de femmes païennes qui sacrifient à Vesta, et du temps de saint Loup, une école.

Saint Leuçon, évêque de Troyes (651-656), évangélise de riches femmes païennes et les rassemble dans une communauté de chanoinesses, sous le nom de Notre-Dame-aux-Nonnains  (qui était la plus remarquable abbaye de femmes du diocèse de Troyes), des églises Saint-Jacques et d'un cimetière. L’incendie de 1188 qui consume une partie de la Cité et de la Ville, détruit cette abbaye et cause la mort de presque toutes les religieuses.

Le comte de Champagne Henri II reconstruit leur maison.

L’abbaye devient royale, et Louis XVI leur alloue une somme considérable pour la reconstruction de leur maison. Des 4 corps de logis, seul celui du Nord, qui constituera la façade principale de la Préfecture est achevé, celui regardant la Place ne fut pas terminé, les 2 ailes ont été réduites, et une partie des anciens bâtiments maintenue jusque sous Louis Philippe.

Le bâtiment est reconstruit en partie par un architecte parisien, Louis de La Brière, de 1778 à 1781. Il se remarque par ses dimensions.

reconstruction de l'abbaye ND aux nonains de 1778

Napoléon crée, par la loi du 20 janvier 1790, le corps préfectoral (l’Aube par décret du 27 janvier) en le munissant de pouvoirs locaux et d’un bel uniforme. Il faut alors loger ces importants personnages qui le constituent.

C’est ainsi que le préfet de l’Aube s’installe le 25 mars 1794, dans le grand bâtiment que, sous la Révolution, les religieuses bénédictines ont cédé à l’Etat, bien à contre-cœur. Le premier titulaire de ce poste est le Préfet Brusle (L’Empereur lui décerne le titre de Baron de Valsuzenay).

En 1828, la Préfecture est en un tel mauvais état, que le « Journal du département de l’Aube » écrit « qu’on la prendrait plutôt pour une maison d’arrêt que pour celle du premier magistrat du Département ».

En 1838, le Conseil Général trace devant elle une cour d’Honneur fermée d’une grille reliée à 2 petits corps de garde.

Cette préfecture est inaugurée en 1878, et les services se mettent à entasser des tonnes de papiers administratifs.

Le 7 mai 1892, à 13 h 30, le tocsin retentit : le toit de la Préfecture est la proie des flammes. La pompe à vapeur de Troyes, plus celle de la Compagnie de l’Est, inondent le bâtiment. Les sauveteurs jettent par les fenêtres des poignées de dossiers qui s’éparpillent en tombant. On les ramasse tant bien que mal, pour les transporter dans la halle au Blé voisine. Plus de combles, seuls les murs demeurent. L’eau cause plus de dégâts que le feu. Les services émigrent 24 boulevard Victor Hugo.

La reconstruction a lieu pendant cinq ans à partir de 1894, mais la préfecture peut rentrer dans les nouveaux locaux dès 1896.

Hôtel de l'Auditoire

 

sur la gauche le CL à droite l'hotel Petit-Camusat ex-CCI

Un bâtiment dit de l’Auditoire, siège permanent de la juridiction du prévôt, figure sur un plan de 1679, gravé par Jouvin de Rochefort, trésorier de France, plan dédié à MM. Les Maire et Echevins de Troyes.

L’Auditoire occupe tout le 1er étage, le dessous forme la halle des drapiers drapant dès 1434, s’ouvrant sur la place de l’Etape au Vin.

L’Auditoire  royal de la Prévôté s’ouvre sur la rue du Chaperon. On y monte par un escalier extérieur de pierre à toit très élevé et couvert d’ardoises, ouvrant sur la rue du Chaperon et faisant face à la rue de la Levrette (rue Bruneval). Le prévôt (magistrat) y tient ses séances.

Les baillis s’occupaient des grandes causes, celles concernant la noblesse, les cas féodaux, le domaine, l’état des personnes. Le Prévôt était, lui, le magistrat du peuple, le juge de toutes les heures et de toutes les matières civiles, criminelles, commerciales.

En 1697,  il y a un plan gravé d’Antoine Parizot de Nîmes dressé par ordre des Maire et Echevins.

Jacques Camusat, bourgeois troyen, conseiller du roi et major de la milice bourgeoise, fait construire entre 1723 et 1727, un hôtel particulier (Chambre de Commerce, place Audiffred).

Il y installe son fils Nicolas, maire de Troyes (1759-1766) et colonel de la milice bourgeoise, seigneur de Messon, Errey et Villacerf.

A la suite de la réunion de la Prévôté de Troyes au bailliage, par édit du 17 juin 1749, les avocats et procureurs, conjointement avec les drapiers, vendent l’édifice en mai 1750, à Nicolas Camusat,  pour 6.100 livres.



En 1750, suivant une correspondance entre l’intendant des finances Trudaine, l’intendant de Champagne et le subdélégué de Troyes, la question est de savoir s’il y a lieu de construire une Chambre du Conseil aux officiers de la Maîtrise qui tiennent leurs audiences au palais, depuis la suppression de la Prévôté, les procureurs et avocats de Troyes ayant vendu l’Auditoire de cette juridiction.

Différents plans permettent de voir l’emplacement de l’auditoire de la Prévôté, puis le bâtiment construit à partir de 1750.

Nicolas Camusat fait bâtir sur l’emplacement de l’Auditoire, les dépendances dans le même style que l’hôtel.

Le Plan Coluel est le premier plan manuscrit au sol. Dès 1758, M. Coluel, ingénieur en chef de Champagne, dresse un plan qui devait servir aux alignements de la ville de Troyes et de ses faubourgs, échelle 1/268°. Ce travail est achevé en 1769 et arrêté le 2 août 1773, par la Chambre des finances de la province. Les Archives municipales de Troyes en possèdent un exemplaire, magnifiquement remis à neuf, et qui mériterait d’être exposé à la Mairie.

On trouve également un plan de Laloy de 1827, un en 1862, de nivellement de la place de la Banque, et un en 1885.

Il y a une date sur un fronton de fenêtre côté rue de la Monnaie : 1716, une date  place Audiffred : 1891 Ledanté Frères architectes.

A cette époque, l’immeuble actuel du Crédit Lyonnais est cerné au nord par la rue du Chaperon, devenue rue de la Monnaie (en 1530, rue de l’Auditoire) ; à l’ouest par la rue des Croisettes devenue rue Juvénal des Ursins ; au sud, par la place de l’Etape au Vin, appelée ensuite, place de la Banque (puis place Audiffred), car la Banque de France était installée dans l’immeuble de la Chambre de Commerce.

Nicolas Camusat vend l’immeuble à M. Jacques Pierre Fortier et son épouse Marie Huez qui, en 1807, le vendent à la Caisse d’Escompte de Commerce.

Cette dernière le revend en 1811, à Jean Julien Gréau, négociant, qui le revend en 1874 à Nicolas Contant, négociant.

En 1890, l’immeuble est vendu à M. François Soucin, marchand tanneur, et en 1924, son héritier le vend à la Société du Crédit Lyonnais.



Cette banque était installée 18, rue Juvénal des Ursins depuis 1882.

 « L’annuaire de l’Aube » indique pour la première fois, l’installation du téléphone dans la liste des abonnés au 1er février 1890.

C’est en 1891 que les frères Ledanté, architectes, transforment le bâtiment et la façade. La porte cochère disparait et la cour devient un grand hall avec dôme vitré.

Sur la façade apparaissent les armes de la ville de Lyon (un lion et 3 fleurs de lis)

En 2024, le Crédit Lyonnais est toujours place Audiffred !


Hôtel Petit-Camusat

 

hôtel Petit-Camusat 10 place Audiffred

La Chambre de Commerce de Troyes est "une vieille dame qui n'aime pas beaucoup parler d'elle", disait le Président Georges Babeau.

Au XVIIe siècle, existe une Communauté Unie des marchands de Troyes.

Au XVIIIe, ce sont les Grand-Gardes et Gardes du Bureau du Commerce.

Un arrêté du Préfet du 22 janvier 1801 fonde un Bureau du Commerce, qui s’appellera Conseil du Commerce, Chambre consultative du Commerce et, en 1814, Chambre de Commerce.

Ce sont les ancêtres de la Chambre de Commerce, créée à Troyes le 7 mars 1817, par ordonnance de Louis XVIII. Ses attributions sont de présenter au Ministre de l’Intérieur " des vues sur les moyens d’accroître la prospérité du Commerce, à lui faire connaître les causes qui en arrêtent le progrès, à surveiller l’exécution des lois et ordonnances concernant la contrebande et en signaler les abus ".

Cette Chambre de Commerce tient ses premières séances dans des salles de la Préfecture. A partir de juillet 1917, elle se réunit alternativement chez son président M. Simonnot aîné, ou à la Préfecture.  Le Maire de Troyes la loge à l’Hôtel de Ville en janvier 1819, et, en 1886, elle s’installe dans l’Hôtel Petit-Camusat construit en 1767, abandonné par la Banque de France, 10 Place Audiffred, qu’elle achète en 1921, et où elle reste jusqu’à l’été 2011. Cet Hôtel a été construit en 1740.

Parmi les élus, on retrouve les noms des grandes familles troyennes, manufacturiers ou négociants, qui siègeront également en qualité de juges au Tribunal de Commerce et au Conseil Municipal, avec une mention particulière pour M. Fontaine-Gris, qui fut Membre de la Chambre de Commerce pendant 43 ans, dont 21 comme Président, et 13 fois Président du Tribunal de Commerce.



Citons les plus importantes actions de la Chambre de Commerce:

- en 1825, recensement des fabricants de bas (2.811 fabricants, 8.000 métiers), de toiles (1.763 fabricants et 2.457 métiers), de draps (8 fabricants et 42 métiers) et des filateurs (53 et 60.756 broches),

- en 1827, création des cours du soir des Arts et Métiers,

- en 1830, création d’un Comptoir d’Escompte pour les classes les plus nécessiteuses du commerce et de l’industrie,

Hôtel de Moïse

 


Situé à l'angle des rues Charbonnet et Paillot de Montabert, cet hôtel en appareillage champenois, alternance de briques rouge et de calcaire. Il date de 1533 pour remplacer des maisons brulées par le grand incendie de 1524.

A l’origine, le lieu se nomme hôtel de la Chèvre, il est rebaptisé par les habitants, car, au niveau de la niche d’angle une statue de Moïse est installée en 1605. Malheureusement, la Révolution est passée par là et la statue de Moïse disparait. C’est en 2001 que le sculpteur troyen Christophe Thomas installe, après restaurations de l’édifice, la magnifique statue que nous connaissons aujourd’hui.


Devant le mur de l’hôtel, côté rue Charbonnet, un nouveau puits est installé sur l’emplacement de l’ancien détruit en 1826. La margelle provient de la cour de l'hôtel de justice (aujourd’hui Palais de Justice) à quelques pas de là.

La cour intérieure de l’hôtel possède un cadran solaire. Ses larges fenêtres de style Renaissance sont garnies de ferronnerie d’art.

Le premier propriétaire connu, en 1553, est le médecin Barthélemy Halluin. Ensuite, la maison passa entre les mains de Jean Nevelet, seigneur de Dosches et de Montceaux, allié aux célèbres Pithou par sa femme, Jeanne. À cette époque, la maison servait souvent aux baptêmes et mariages des Réformés. La statue de Moïse pouvait leur servir de repère dans ce quartier fortement peuplé par ces adeptes, l’Ancien Testament occupant une place importante dans cette religion.

La maison s’étend sur une parcelle rectangulaire qui ne permettait pas la construction d’un escalier en hors-œuvre, ce qui s’observe quelquefois dans le contexte troyen. Par conséquent, l’accès se fait par une porte située rue Claude Huez. Son linteau est orné d’un blason aujourd’hui bûché. Par sa forme, l’écusson, solidaire de la structure en pierre de la façade, date du second tiers du XVIe siècle.




armoiries buchées





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