samedi 28 septembre 2024

Ramerupt village de l'Aube

le moulin de ramerupt à l'origine


Les arches, sous le pont sont les restes du moulin du XIXe siècle. Propriété des Prieurs, il est vendu comme bien national à la Révolution et cédé à nouveau en 1844. Victime d’un incendie fin 1860, il est racheté par le comte de Dampierre, propriétaire de la verrerie et du château de Bligny, qui fait rebâtir le moulin avec tous les perfectionnements et le met en location dès 1863. Il est mis en vente en 1895 seul, puis en 1906, en même temps que les propriétés liées au château de Dampierre.

Un groupe d’agriculteurs crée la Coopérative de Meunerie et Boulangerie à Ramerupt en 1911 et rachète le moulin équipé d’une turbine. Le bâtiment brûle en 1917. Mis en vente en 1923, il ne reste alors que la chute d’eau, les arches et le 1er étage (qui sera détruit un peu plus tard). Plusieurs projets de restauration n’ont pas abouti. La coopérative, elle, est recréée début des années 1920 à Villette-sur-Aube sous le nom de Coopérative Agricole d’Arcis-sur-Aube, qui aujourd’hui répond à l’acronyme SCARA.

Ce qu'il reste du moulin aujourd'hui

Les restes du moulin côté rue de la Motte aux Moines


La carrière de craie

Des crayères comme celle de Ramerupt étaient ouvertes en Champagne sèche pour en extraire des moellons de craie propices à la construction ;

La craie de cette carrière appartient au Crétacé supérieur (ère secondaire), à l’étage Turonien, daté de  -91 à -88 millions d’années. La craie turonienne a une épaisseur d’environ 110 m. Cette craie n’est pas très riche en fossiles, les ammonites sont rares, contrairement aux incérames (bivalves), aux brachiopodes et aux oursins. Les silex sont absents, mais on peut découvrir quelques nodules de marcassite (concrétions de sulfure de fer qu’il ne faut pas confondre avec des météorites !).

Historiquement, trois grandes crayères exploitées par puits et treuils à Chaudrey, Nogent-sur-Aube et Vaucogne, ont fourni une craie blanche d’un beau grain et en blocs assez volumineux, recherchée pour la construction des édifices publics. Beaucoup d’églises dans un périmètre assez grand, ont été bâties avec cette pierre, qui parait peu gélive lorsqu’elle est bien mise en œuvre.

De nos jours, cette crayère sert au remblai des chemins.


L’Église Saint-Roch

L’église est construite sur les fondations de l’église Saint Martin dédicacée en 1548.

Dès la fin du XVIIIe siècle, d’importants travaux sont nécessaires. Des interventions urgentes sont menées au fil du temps ; plusieurs projets sont conçus et, en 1833, la restauration commence dirigée par l’architecte Victor Bert († 1836). Mais, le 31 août, la tour et une partie de la nef qui devaient être préservées, s’effondrent.

Un projet de construction complet est élaboré et en novembre 1838, l’architecte Joseph-Claude Habert (1808-1870), livre au culte l’église Saint-Roch, encore en travaux après quatre années durant lesquelles les offices sont célébrés sous la halle. Le clocher est construit en 1863 et Ferdinand Millot (1824-1899) en est l’architecte. Les cloches sont remontées la même année.

L’église est composée d’une nef et de deux bas-côtés, sans réel style architectural, sur un plan rectangulaire, sauf la saillie de l’abside. Les plafonds donnent à l’ensemble l’aspect d’une salle de théâtre.

De l’ancienne église sont sauvés des statues qui ornent les piliers : une Pietà, un Christ de Pitié du XVIe et la chaire à prêcher également du XVIe, restaurée par le sculpteur Charton de Dampierre.

De l’abbaye de la Piété proviennent, la statue du XVe de Saint-Bernard agenouillé, les panneaux et stalles (1ère moitié du XVIIe) richement sculptés. Ces stalles sont issues de l’abbaye de Basse fontaine près de Brienne le château, supprimée en 1774, dont le mobilier est réparti dans les églises alentour. Des panneaux de bois peint, mentionné au XVe siècle, restaurés, sont installés dans la sacristie.


Retable brabançon du XVe siècle


Les vitraux réalisés entre 1862 et 1902 par le peintre-verrier Claudius Lavergne (1815-1887) puis par son fils Georges claudius (1847-1923) ornent 14 baies. Le père « artiste chrétien », élève d’Ingres a exécuté : « La barque de Pie IX » de Ramerupt. A ce jour le plus bel exemple d’ultramontanisme* de l’artiste.

Vitrail au-dessus de la porte d’entrée : St Martin de Tours et St Hilaire de Poitiers


*L’ultramontanisme est un courant au sein de l’église catholique qui affirme la primauté du Pape dans un contexte de pression du Second Empire français sur les états papaux.

Monument aux morts devant le mur du cimetière


LA FRESQUE DE RACHI à Ramerupt

« Les descendants de Rachi »

Rachi, Rabbi Salomon fils d’Isaac, immense commentateur des textes sacrés du judaïsme, nait à Troyes en 1040. Il fonde un cercle d’étude dans lequel il forme une vingtaine d’élèves à une méthode d’exégèse (interprétations de textes) révolutionnaire.

Erudit accompli, consulté par de nombreuses communautés, il meurt à 65 ans, le 13 juillet 1105. Ses trois filles lui assurent une descendance nombreuse. Ses petits-fils perpétuent son œuvre.

Yochebed, sa dernière fille, épouse le rabbin Meir, fils de Samuel, installé à Ramerupt. Leur descendance, nombreuse anime l’école talmudique Tossaphiste (de tossaphot, commentaire). Le plus brillant enseignant, Jacob Rabennou Tam, propulse l’école sur le devant de la scène en France et à l’étranger (Rhénanie, Angleterre, Italie).

Ces brillantes écoles talmudiques cessent en 1146. Dampierre reprendra le flambeau.

L’itinéraire européen du patrimoine juif : à l’initiative du Centre Culturel Rachi de Troyes a été lancé en 2019, La route Médiévale de Rachi. Ce projet place l’œuvre de Rachi et son héritage comme Patrimoine Immatériel et Universel pour un dialogue interculturel.

 

Cette fresque représente une rencontre fictive mais plausible entre Henri 1er le Libéral, comte de Champagne et le petit-fils de Rachi, Jacob, plus connu sous le nom de Rabbenou Tam. Ce grand érudit juif du XIIe siècle était installé à Ramerupt, haut lieu des tossaphistes, école de pensée de Rachi de Troyes.

Cette scène est motivée par un écrit historique relatant les échanges de Rabbenou Tam et du comte sur l’interprétation de passages bibliques. Les deux hommes sont représentés autour du texte du Pentateuque, sur un pied d’égalité pour illustrer la qualité de ces rapports intellectuels.

Yochebed, fille de rachi et mère de Jacob, se tient à l’entrée de leur demeure où l’on aperçoit la Mezouza objet rituel juif placé sur le chambranle des portes.

Derrière, apparait Samuel, frère ainé de Jacob, éminent Tossafiste garant de la transmission entre Rachi, son grand père qui l’a formé et son jeune frère dont il a été l’enseignant.

La vigne symbolise l’activité de vigneron exercée par Jacob et la tradition viticole de la région.

A gauche de la scène, deux écuyers portent les armoiries des comptes de champagne, et des seigneurs de Ramerupt.

En arrière-plan, des paysans moissonnent le blé, céréale locale primordiale de l’alimentation médiévale

Au bas de la scène, l’aigle et le lion figurant sous les deux personnages principaux, symbolisent le Christianisme et le Judaïsme.


Abbaye La Piété-Dieu

L’importante Abbaye bénédictine de Marmoutier, située face à la ville de Tours, fonde vers 1100, l’Abbaye de la Piété Dieu, prieuré bénédictin, près de Ramerupt.

L’Abbaye cistercienne de La Piété-Dieu, occupée par des moniales, est fondée vers 1229.

La Piété-Dieu groupe d’abord en communauté quelques jeunes filles appelées les « Filles de Dieu ». Elles demandent à être agrégées à l’ordre de Citeaux.

Des différends avec le chapitre de Saint-Pierre de Troyes, la prise de l’occupation de Ramerupt par la soldatesque de Thibaud IV, l’élection d’une prieure éminente : Isabelle de Colaverdey -  qui prend bientôt le titre d’abbesse – nécessitent le déplacement du monastère. Il s’établit sur les bords de l’Aube, dans de petites maisons en bois.

Le 20 septembre 1236, l’évêque de Troyes, Nicolas de Brie, dédicace la nouvelle église du nouveau monastère. Vingt-cinq religieuses composent la communauté. Des donations nombreuses, et parfois lointaines, permettent aux moniales d’assurer l’avenir de leur jeune fondation.

La situation de l’abbaye, à l’écart d’une grande ville, les allées et venues d’hommes de guerre, une administration féminine ne permettant pas l’exploitation directe du domaine, l’abbatiat de filles de bonnes familles, mais pusillanimes, un recrutement difficile, amènent les religieuses à demander  leur transport dans une abbaye de l’ordre, plus importante.

C’est ainsi qu’en 1440, Symon Buchart, religieux profès du monastère de Boulancourt, est installé à La Piété-Dieu, avec l’autorisation du Chapitre général. L’abbaye devient une masculine, fille de Citeaux.

La situation du moustier doit être dramatique en 1461, car le Chapitre général demande des prières et des aumônes pour la restauration de l’abbaye de la Piété-Dieu.

Malgré une gestion plus saine, le monastère vivote dans une lente décadence sans histoire.

Vers 1615, Denis Largentier, abbé de Clairvaux, réforme son abbaye en exigeant le travail manuel, les veilles, le silence, l’abstinence perpétuelle, en un mot, le retour à la primitive observance de Citeaux.

Deux abbés de La Piété : Etienne Adam et Jean Ferrat, adhèrent à cette réforme. Deux administrateurs : Jérôme Bertin et Benoit Fitzharbert, succèdent à ces deux réformateurs religieux. L’abbaye ainsi restaurée matériellement et spirituellement, renaît à une vie nouvelle.

Un des prieurs de cette moitié du XVIIIe siècle, Dom Pierre Ruffin, devient célèbre. Nommé abbé de Vaucelles, près de Cambrai, il est très bien en cour et s’attire l’estime du Pape.

 « Ce jourd’huy, 24 janvier 1791, est comparu au greffe de la municipalité de Ramerupt, Pierre de Velfrey, abbé régulier de l’abbaye de la Piété, lequel a déclaré qu’il préfère la vie commune des religieux, dans la supposition que son abbaye serait conservée pour cet objet, et que si le département ne fait pas le choix de cette maison pour y fixer un nombre de religieux, suivant le décret de l’Assemblée Nationale, il se retirera pour vivre en son particuliers ».

C’est ainsi que disparaît le dernier successeur des Abbesses et Abbés de l’Abbaye Cistercienne de Notre-Dame de la Piété-Dieu.

Le 26 mai 1791, l’église de La Piété, le logis conventuel, les fermes et bâtiments d’exploitation avec 260 arpents de terre, 50 arpents de bois, 21 arpents de prés, 5 arpents de vignes, sont vendues au sieur Mourgues pour la somme de 163.400 livres.

La Piété-Dieu  a vécu sa vie cistercienne.

Il ne reste plus de cette Abbaye, qu’une statue de Saint-Bernard, de 1450, située dans l’église de ramerupt

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Voir Seigneurie de Ramerupt

Voir Delaunay à Ramerupt

Voir Saint Baussange

Voir Sainte Tanche






 

Charles Delaunay à Ramerupt


Sans les calculs de ce savant aubois, personne n’aurait pu alunir !

Le travail de Charles Delaunay a eu un retentissement dans le monde entier savant, car il sert à refaire avec exactitude les Tables de la lune, dont se servent encore journellement les marins pour se diriger sur mer, et à calculer d’une manière précise les éclipses de soleil. Ceux qui circulent rue Charles Delaunay, ceux qui y résident, ne connaissent sûrement pas, pourquoi le conseil municipal du 8 octobre 1886 a donné son nom à la grande rue du quartier Saint-Martin., qui va de la rue de Preize à l'Avenue pasteur.

Charles Delaunay naît à Lusigny le 9 avril 1816, mais préfère Ramerupt, où son père vient se fixer en achetant une étude d’Huissier en 1818.

Après de brillantes études au collège de Troyes, il est reçu en 1834, dans les premiers à l’Ecole polytechnique, d’où il sort numéro 1 en 1836. Nommé ingénieur des mines, il se sent entraîné vers la science pure, vers les mathématiques transcendantes dont l’étude s’applique au calcul des mouvements des corps célestes.

En 1841, il présente à la Faculté des sciences une Thèse sur la méthode des variations, dirige de 1841 à 1848 le cours d’astronomie à la Sorbonne, et remplit en même temps les fonctions de répétiteur de géodésie à l’Ecole polytechnique.

De 1844 à 1851, il est chargé du cours de mécanique physique et de géométrie descriptive à l’Ecole des mines. En 1848, il est membre du conseil central des Ecoles des mines.

En 1849, il est nommé ingénieur des mines de première classe.

En 1851, la Faculté des sciences, à l’unanimité le présente au titre de professeur de mécanique physique et aussi de professeur de mécanique à l’Ecole polytechnique.

Membre de l’Institut (Académie des sciences, section d’astronomie) en 1855, il y prend la présidence. Cette même année 1855, il fait construire un petit manoir à Ramerupt et l’habite jusqu’à sa mort.

En 1870, le Gouvernement l’appelle à la direction de l’Observatoire de Paris. Dès son début, M. Delaunay se place au premier rang des sommités du monde savant, surtout comme mécanicien et astronome. Il publie de nombreux et remarquables travaux dans les journaux et revues scientifiques : Journal des mathématiques, Journal de l’Ecole polytechnique, la Connaissance des Temps… 

Ainsi : Mémoire sur la théorie des marées, Mémoire sur le calcul des variations, Calcul de deux inégalités d’Uranus, Mémoire sur une nouvelle théorie de la lune (inséré dans le Recueil des savants étrangers). 

Il y a plusieurs éditions et traductions étrangères de ses livres : Cours élémentaire de mécanique théorique et pratique, Cours élémentaire d’astronomie, Traité de mécanique rationnelle…A l’Académie des sciences, il y a ses communications : Nouvelle théorie du mouvement de la lune, Calcul de l’accélération séculaire du moyen mouvement de la lune, Calcul des variations séculaires des moyens mouvements du périgée et du nœud de l’orbite de la lune…

Mais, son œuvre immortelle, qui lui coûte plus de 10 années de travail et calculs, c’est sa Théorie du mouvement de la lune en 3 volumes. Ce travail immense, a un retentissement dans toute l’Europe savante. Tant de travaux le font choisir comme président de l’Académie des sciences.

Il est bien entendu membre correspondant de la Société Académique de l’Aube depuis 1838, où il donne une Note sur le cadran solaire de l’Hôtel de Ville de Troyes.

Maison de Charles Delaunay à Ramerupt


Son lieu de prédilection est Ramerupt. N’a-t-il pas un jour, fait bâtir et doter à perpétuité, une maison destinée à l’éducation des jeunes filles ? Il était profondément aimé et estimé des habitants. Il était conseiller municipal, ayant refusé d’être maire, "ne voulant pas que les intérêts de son pays eussent à souffrir de son absence obligée ".

Il décède le 5 août 1872 à Cherbourg, victime d’un affreux accident de mer. Il était allé visiter la digue de Cherbourg avec deux matelots qui dirigeaient l’embarcation, quand une tempête fit chavirer le bateau, et engloutir les hommes.

Lors de son deuil public et général à Ramerupt, "devant les populations du département, plusieurs discours furent prononcés. Sa mémoire bénie vivra dans tous les cœurs, entourée de la double auréole de la vertu et du génie". Delaunay bienfaiteur pour son village, a entre autres, offert la construction d’une école de filles.


Cimetière de Ramerupt - autour de l'église


Il est fait membre étranger de la Royal Society en 1869. En 1870, il reçoit la médaille d'or de la Royal Astronomical Society.

Son nom est gravé sur la tour Eiffel par Gustave Eiffel, parmi 72 scientifiques en reconnaissance de leurs contributions.

En 1935, l'Union astronomique internationale a donné son nom au cratère lunaire Delaunay.

Depuis 2006,  son nom est porté par un laboratoire de recherche dépendant du CNRS et de l'Université de technologie de Troyes.

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Voir Ramerupt et ses célébrités

Voir Seigneurie de Ramerupt

Voir Saint Baussange

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Saint Baussange de Ramerupt

 



Saint Baussange ou Balsème

Pendant longtemps, au prieuré de Ramerupt, on vénère les reliques de saint Baussange, nommé aussi saint Balsème. Ce culte remonte au IXe siècle.

Les premiers livres liturgiques qui font mention de saint Baussange, sont du XIIe siècle.

La légende situe l’histoire à l’époque des Vandales, qui font irruption en Gaule au début du IIIe siècle. Elle dit que Baussange naît à Limoges au IVe siècle, dans une noble famille qui a grand soin de son éducation chrétienne. Dès son jeune âge, il est inscrit dans la cléricature, car il brille « par ses vertus et se conduit comme un petit ange ». Il persévère si bien, qu’il est appelé au diaconat et enseigne le peuple chrétien aussi bien par ses exhortations que par ses saints exemples. Son zèle dans la célébration liturgique du Corps et du Sang du Christ, le font surnommer « l’échanson de Jésus ». Il décide de se mettre en route pour notre région, et il vient à Arcis-sur-Aube, « qui était assise dans le chemin royal de Troyes à Reims, c’était alors une bonne cité, mais maintenant ce n’est plus qu’un bourg » (écrit en 1650).

C’est l’évêque de Troyes Aurélien (chancelier référendaire de Clovis, 400-426)), qui donne mission à Baussange d’exercer son ministère diaconal dans la petite ville d’Arcis où « il y prêche la Parole de Dieu pour l’édification des chrétiens et l’admiration des païens encore nombreux ».

Les Vandales dévalent alors sur la Gaule. Baussange n’hésite pas : « Il se mit à les exhorter par des avertissements et des paroles salutaires : mes amis, qui êtes armés de cruauté, comment épandez-vous si abondamment le sang humain ? En quoi les gaulois sont-ils vos ennemis ? Si c’est à cause de l’empire Romain qui y domine, au moins pardonnez en votre fureur aux habitants de ces lieux, faisant la guerre aux soldats Romains qui y commandent. Si vous venez pour tirer les richesses d’or et d’argent, prenez-les, on vous les donne, mais ne réduisez pas en cendres les cités… Vous qui êtes des hommes, devez avoir le souci de la vie des hommes, et n’être pas si barbares à les massacrer sans raison». Bien en vain. Il ne fait qu’exciter leur rage : ils le maltraitent, l’injurient, lui donnent coups de poing, de bâton et de leurs armes… ils le saisissent, le lient, l’emmènent au sommet d’une colline « à deux jets de pierre d’Arcis », et, comme il priait pour eux, ils lui tranchent la tête.

A côté de ce lieu, se voit encore aujourd’hui, une fontaine nommée « la fontaine du bouillonnement, dans laquelle l’eau ne manque jamais ». Cette fontaine, plus connue sous le nom de « Fontaine Saint-Balsème », existe encore. Il existe au fond une dalle, et la tradition veut que cette dalle porte des traces du sang du martyr. Dans les temps de sécheresse prolongée, des jeunes filles vêtues de blanc, allaient à cette fontaine, la vidaient, lavaient la dalle, et priaient Dieu d’envoyer la pluie désirée. La puissance de Dieu opère une grande merveille pour son Saint martyr. Par un prodige, Baussange prend sa tête, la met devant sa poitrine. Il parcourt environ 1 mille, suivi par ses meurtriers. Ce miracle éclatant ne fait qu’exciter la rage des barbares. Ils le saisissent de nouveau et le jettent dans un puits qu’ils bouchent avec de grosses pierres et des mottes de terre. A cette époque, « une grande dame, fille d’un des principaux Seigneurs du pays d’où venait Baussange vivait en grande misère et douleur, en ce qu’elle était aveugle, à laquelle maladie et privation de sa vue y ayant apporté toutes sortes de bons remèdes humains, n’y trouva point de guérison, les médecins et opérateurs les plus experts y furent employés, mais il n’y eut aucun soulagement, ce qui causait une grande tristesse et fâcherie à ses parents, et à toute la noblesse qui la connaissait pour une fille accorte et vertueuse, que tout le monde chérissait… Une nuit, Dieu lui donna cet avertissement par un ange : allez ma fille dans la Champagne, en la ville d’Arcis, pour le remède de vos yeux qui sont aveugles, là vous trouverez un puits couvert de gazons de terre, de cailloux, et de grosses pierres, lequel avec diligence vous ferez découvrir et nettoyer, vous y trouverez au fond trésor gisant et caché… Ce riche trésor est mon fidèle serviteur et martyr Baussange qui fut meurtri et là jeté par les Barbares… Quand vous l’aurez retiré de là, vous l’embaumerez, l’enveloppant de linges très blancs et de draps de soie comme il le mérite, et vous l’inhumerez : l’eau du puits viendra à sourdre en abondance, d’icelle vous laverez vos yeux et par les mérites du saint, vous recevrez la vue. Voilà votre guérison… Portée dans son carrosse, suivie d’une grande quantité de domestiques, tant gardes que serviteurs, arrive en la cité d’Arcis et accomplit dignement tout ce que Dieu lui avait commandé. Le corps entier du martyr Baussange étant mis et tiré dehors, ayant lavé ses yeux de l’eau, par un spécial miracle, elle recouvrit sa vue. ». Pour ne pas être ingrate  d’un si grand bienfait, elle fait embaumer le martyr et le transporte dans l’église de Saint Pierre, en y rendant ses dévotions et vœux, puis retourne dans son pays. Ceux qui ont des fièvres, viennent boire de l’eau du puits « et s’y trouvent bien ».

En l’an 960, Anségise étant évêque de Troyes, et Lothaire régnant en France, se fait une translation du corps de saint Baussange. Hersendis « puissante et autant pieuse qu’aucune dame de son temps, Comtesse d’Arcis-sur-Aube et dame de Ramerupt », veuve, fait édifier dans son château une belle église. Comme elle a une grande dévotion pour saint Baussange, elle désire y faire porter les saintes reliques. Elle a pour fils Manassès, qui sera évêque de Troyes, dont le père est Helpuin II, comte d’Arcis-sur-Aube, seigneur de Ramerupt et de Pougy. Les habitants refusent, car c’est leur « Apôtre et Patron à qui ils ont recours…. Le 16 août, elle fait ravir ce saint corps dans sa chasse, y allant elle-même avec ses domestiques, et le transporte avec hymnes et chants mélodieux dans son château de Ramerupt, en l’église qu’elle a fait bâtir : cela se fait en diligence et grand piété de Hersendis qui s’en estime bénie du Ciel, ce qui ne se passe pas sans miracles, en ce que ce Saint y rend la santé à plusieurs infirmes. Ce que voyant, un certain Comte ou Seigneur de Paris, qui se trouve à cette translation, désire quelques reliques du Saint, que la Comtesse lui donne, et qu’il s’empresse d’emporter joyeusement à Paris ». En 1632, les reliques de Baussange retournent au prieuré de Ramerupt, où le saint « est beaucoup invoqué, chéri et visité, et il y opère de nombreuses guérisons ».

Lors de la Révolution, le prieuré de Ramerupt est supprimé et la châsse qui contient les saints ossements est transportée dans l’église de la paroisse. Les reliques du sanctuaire de la Piété, voisin de Ramerupt sont mises dans une châsse semblable. L’église de Ramerupt menaçant ruine est démolie, et le curé fait porter les châsses dans le grenier du presbytère où elles restent oubliées jusqu’en 1859.

On retrouve les ossements des deux châsses remis ensemble ! Cela est fatal au culte de Baussange, car ses reliques confondues avec d’autres ossements ont perdu, par décision épiscopale tout caractère d’authenticité.

Il y a une rue Saint Balsème au Chêne.

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Voir Ramerupt village de l'Aube

Voir Charles Delaunay à Ramerupt

Voir Seigneurie de Ramerupt

Voir Sainte Tanche






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