Jacques
Pantaléon naît à Troyes, en 1185.
Son
père est chaussetier. Il fait ses études aux écoles gratuites de la Cathédrale.
L’Église de Troyes l’envoie à l’Université de Paris : " On choisissait des
enfants de nature pie, douce, bénigne, accorte et généreuse, ayant aussi un bon
esprit, pour les mettre à l’Eglise..."
Il
devient Maître ès Arts, Docteur en Droit Canonique et Docteur en Théologie, il
a " un talent décidé pour la chaire, une belle voix, le goût et l’art
du Chant, des mœurs, l’amour de l’ordre et du travail, un esprit net, vif et
souple; enfin dans un petit corps, un cœur mâle, une âme forte, un génie élevé:
une figure agréable, une heureuse physionomie relevaient encore toutes ces
qualités... "
A
Paris, on le connaît sous le nom de Jacques de Troyes.
Après
son sacerdoce, l’évêque lui demande de prêcher dans la cathédrale, et il y
attire aussitôt les foules. Il devient ensuite vicaire de l’Évêque de Laon,
chanoine de la cathédrale et archidiacre. L’évêque de Liège, en fait son
archidiacre.
En
1245, Innocent IV conçoit de l’estime et de l’affection pour lui, et l’attache
à la Cour par une Prélature. Il le nomme chapelain du Vatican, puis trésorier
de la basilique Saint-Pierre.
En
1248, il l’envoie en Allemagne, auprès des Cercles de Poméranie, de Livonie, et
de Prusse, pour obtenir des secours financiers. On le trouve en Pologne,
dévastée par les Tartares, où il rend courage au duc Boleslas V. En Slovénie,
il apporte des subsides aux chevaliers Porte-Glaive qui défendent héroïquement
les nouveaux chrétiens contre les hordes barbares. En Poméranie, il combat les
superstitions païennes et ranime la foi des néophytes. En Prusse, il inspecte
les Chevaliers teutoniques et les seconde dans leur apostolat. En 1249, il
réconcilie avec eux leur ennemi.
Innocent
IV le nomme évêque de Verdun en 1252.
Alexandre
IV, en 1255, le consacre Archevêque de Jérusalem avec le
titre de Légat de toute la Terre-Sainte « conquise et à
conquérir. L’éminence de vos mérites vous a rendu cher à notre cœur. Aussi,
après en avoir conféré avec nos frères, avons-nous décidé de vous remettre la
légation de Terre Sainte ».
A
la mort du pape en 1261, il est élu par le Sacré Collège à
l’unanimité, alors qu’il n’est point cardinal.
La
première lettre officielle d’Urbain IV est pour Louis IX, considéré comme le
plus important des souverains catholiques : « Nos prédécesseurs les
Pontifes romains ont toujours honoré particulièrement les rois de France, vos
illustres ancêtres, car ils avaient en propre, pour ainsi dire, le privilège
spécial de défendre la loi et les libertés de l’Église romaine. Nous, qui avons
gardé le souvenir de la terre natale, nous nous sentons, plus encore que nos
prédécesseurs, engagés naturellement à vous favoriser. Nous voulons rehausser
encore les splendeurs de votre trône ; nous conjurons le Seigneur d’en
augmenter l’éclat et la solidité ; nous nous proposons d’accomplir avec plus de
diligence et d’efficacité, quand même vous ne nous en feriez pas la demande,
les œuvres générales et singulières que nous saurions être agréables à votre
magnificence ».
Thibaut
V, comte de Champagne et roi de Navarre, gendre de Louis IX, se réjouit de
l’élection du nouveau pontife, dit sa joie et sa fierté à son compatriote, et
sollicite de lui une lettre à ses sujets pour les inciter à prier pour leurs
souverains après leur mort.
La
première tâche que s’impose Urbain IV est de reconstituer et de réorganiser les
États pontificaux, envahis, spoliés, dévastés. Il somme les usurpateurs, sous
peine d‘excommunication, de les rendre au Saint-Siège.
On
doit à Jacques Pantaléon, la reprise des relations diplomatiques avec
Constantinople.
C’est
aussi ce Troyen qui institue la Fête-Dieu en 1264 : " Urbain IV
séjournait à Orvieto. Et voici qu’à dix kilomètres de là se produisait un
miracle étrange. Alors qu’il célébrait l’Eucharistie à Bolsène, un prêtre
doutant de la présence du Christ vit des gouttes de sang jaillir de l’hostie et
tacher les linges sacrés. Urbain IV se souvint alors de sa légation à Liège et
de ces deux moniales cisterciennes qui avaient tant insisté pour l’institution
d’une fête en l’honneur du Saint-Sacrement. Il fit venir le prêtre avec son
corporel, en fut si bouleversé qu’il demanda à saint
Thomas d’Aquin de composer un office pour la Fête-Dieu... Une cathédrale
fut construite pour abriter le linge miraculé, où l’on voit encore les fresques
de Fra Angelico et de Signorelli...".
Construite
dès 1262, la collégiale est élevée en 1264 par le pape Paul VI à la dignité de
Basilique.
C’est
encore ce Troyen qui ajoute à l’Ave Maria : « Jésus,
le fruit de vos entrailles est béni. »
Durant
son pontificat, Urbain IV, s’emploie à favoriser les sciences, les lettres et
les arts. Il est soucieux de l’enseignement des universités. Il restaure le
palais du Latran et la basilique Saint-Pierre au Vatican.
Les
écrivains contemporains d’Urbain, parlent de la beauté et "des agréments de sa voix, de son goût
pour la musique et pour le chant, ce qui donne lieu de présumer qu’il influa,
pour beaucoup, dans la composition du chant de l’office de la
Fête-Dieu ".
Il émet à plusieurs reprises le vœu d’être enterré
dans la basilique dédiée à son Saint Patron à Troyes.
Il
décède le 2 octobre 1264 à Pérouse. C’est là qu’il fut enterré dans la cathédrale
de San Lorenzo (1ère tombe). En 1901, à l’instigation de l’évêque Gustave-Adolphe
de Pélacot de Troyes, ses ossements sont transférés dans sa ville natale. Ils y
restèrent dans la chapelle épiscopale (2e tombe) jusqu’à ce que les travaux de
restauration de l’église soient terminés. En 1905, Urbain trouve sa sépulture
actuelle dans le chœur nord de Saint-Urbain (3e tombe). Sa dalle funéraire
(1,13 x 2,25 x 0,10 m) est située sur le côté gauche du chœur.
Les
plus grands historiens, les présidents de Sociétés Académiques sont unanimes :
« Jacques de Troyes est l’une des plus pures gloires
troyennes ».
Un arrêté municipal du 12 août 1851, donne à une rue
de Troyes le nom d’Urbain IV
Que nous disent les archives du
Vatican :
Début du pontificat 29.VIII,
4.IX.1261
Fin du pontificat 2.X.1264
Nom de naissance Jacques
Pantaléon
Naissance Troyes
(France)
URBAIN
IV
BULLE
JE
TRAVERSERAI CE MONDE
INSTITUATION
DE LA FÊTE-DIEU
Aux vénérés frères patriarches, archevêques, évêques
et autres prélats, salutations et bénédictions apostoliques.
Le Christ, notre Sauveur, étant sur le point de
quitter ce monde pour monter vers le Père, peu de temps avant sa Passion, lors
de la dernière Cène, a institué, en mémoire de sa mort, le sacrement suprême et
magnifique de son Corps et de son Sang, nous donnant le Corps comme nourriture
et le Sang comme boisson.
Chaque fois que nous mangeons ce pain et que nous
buvons à cette coupe, nous proclamons la mort du Seigneur, parce qu’il a dit
aux apôtres lors de l’institution de ce sacrement : « Faites ceci en mémoire de
moi », afin que ce sacrement exalté et vénérable soit pour nous le souvenir
principal et le plus distingué du grand amour dont il nous a aimés. Une mémoire
admirable et prodigieuse, douce et douce, chère et précieuse, dans laquelle se
renouvellent prodiges et prodiges ; en lui nous trouvons tous les délices et
les saveurs les plus délicates, nous goûtons en lui la douceur même du Seigneur
et, surtout, nous obtenons la force pour la vie et pour notre salut.
C’est un mémorial des plus doux, sacro-saint et
salutaire, dans lequel nous renouvelons notre gratitude pour notre rédemption,
nous nous détournons du mal, nous nous fortifions dans le bien et nous
progressons dans l’acquisition des vertus et de la grâce, nous sommes
réconfortés par la présence corporelle de notre Sauveur lui-même, parce que
dans cette commémoration sacramentelle du Christ, il est présent au milieu de
nous, sous une forme différente, mais dans sa vraie substance.
En effet, avant de monter au ciel, il dit aux apôtres et à leurs successeurs : « Voici, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation du monde », et il les consola en leur promettant avec grâce qu’il resterait aussi avec eux par sa présence corporelle.
Un monument vraiment digne d’être oublié, avec
lequel nous nous souvenons que la mort a été vaincue, que notre ruine a été
détruite par la mort de Celui qui est la vie même, qu’un arbre plein de vie a
été greffé sur un arbre de mort pour produire des fruits de salut !
C’est un mémorial glorieux qui remplit de joie l’âme
des fidèles, inspire la joie et apporte des larmes de dévotion. Nous sommes
remplis de joie lorsque nous pensons à la Passion du Seigneur, par laquelle
nous avons été sauvés, mais nous ne pouvons retenir nos larmes. À ce
sacro-saint souvenir, nous sentons jaillir en nous des gémissements de joie et
d’émotion, joyeux dans des larmes pleines d’amour, émus par une joie pieuse ;
notre douleur est tempérée par la joie ; Notre joie se mêle aux larmes et notre
cœur déborde de joie, se dissolvant dans les larmes.
Grandeur infinie de l’amour divin, piété immense et
divine, abondante effusion céleste ! Dieu nous a tout donné au moment où il a
soumis à nos pieds et nous a confié la domination suprême de toutes les
créatures de la terre. Elle ennoblit et exalte la dignité des hommes par le
ministère des esprits les plus choisis. Car ils ont tous été établis pour
servir ceux qui ont reçu l’héritage du salut,
Et comme la magnificence du Seigneur pour nous était
si vaste, et qu’il voulait nous montrer encore plus son amour infini, il s’est
offert lui-même dans une effusion et, triomphant de la plus grande générosité
et de toute mesure de charité, il s’est livré lui-même comme nourriture
surnaturelle.
Une libéralité singulière et admirable, dans
laquelle le donateur vient chez nous, et le don et le donateur sont la même
chose ! En vérité, la générosité de celui qui se donne lui-même est infinie, et
son tempérament affectueux augmente de telle sorte que celui-ci, distribué en
une grande quantité de dons, finit par rejaillir et rend le donateur d’autant
plus grand qu’il s’est répandu plus largement.
C’est pourquoi le Sauveur a été donné en nourriture
; Il a voulu que, tout comme l’homme a été enseveli dans la ruine par la
nourriture interdite, il revive pour la nourriture bénite ; L’homme est tombé
pour le fruit d’un arbre de la mort, il est ressuscité pour un pain de vie. De
cet arbre était suspendu un aliment mortel, dans celui-ci il trouve un aliment
de vie ; ce fruit a apporté le mal, celui-ci la guérison ; Un mauvais appétit a
fait le mal, et une autre faim a engendré le profit ; la médecine arriva là où
la maladie avait envahi ; D’où la mort est sortie la vie.
De ce premier aliment, il a été dit : « Le jour où
tu en mangeras, tu mourras » ; de la seconde, il était écrit : « Celui qui
mange de ce pain vivra éternellement. »
C’est un aliment qui restaure et nourrit vraiment, satisfait au plus haut degré non pas le corps, mais le cœur ; non pas la chair, mais l’esprit ; Pas les viscères, mais l’âme. L’homme avait besoin de nourriture spirituelle, et le Sauveur miséricordieux a fourni, avec une pieuse attention, à la nourriture de l’âme avec la nourriture la meilleure et la plus noble.
La libéralité généreuse a été élevée au rang de
nécessité et la charité a été assimilée à l’opportunité, de sorte que le Verbe
de Dieu, qui est la délicatesse et la nourriture des créatures raisonnables,
fait chair, s’est donné lui-même en nourriture aux créatures elles-mêmes,
c’est-à-dire à la chair et au corps de l’homme. L’homme mange donc le pain des
anges, dont le Sauveur a dit : « Ma chair est une vraie nourriture, et mon sang
est une vraie boisson. » Cette délicatesse est prise, mais non consommée, elle
est mangée, mais elle n’est pas modifiée, car elle n’est pas transformée en
celui qui la mange, mais si elle est reçue dignement, elle rend semblable à Lui
celui qui la consomme. Sacrement exalté et vénérable, bon et adoré, vous êtes
digne d’être célébré, exalté par les louanges les plus émouvantes, par des
chants inspirés, par les fibres les plus intimes de l’âme, par les dons les
plus dévots, vous êtes digne d’être reçu par les âmes les plus pures !
Mémorial glorieux, il doit être conservé parmi les
battements les plus profonds du cœur, indélébilement imprimé dans l’âme,
enfermé dans l’intimité de l’esprit, honoré de la piété la plus assidue et la
plus pieuse !
Tournons-nous toujours vers un si grand sacrement
pour nous souvenir à chaque instant de Celui dont la mémoire parfaite aurait dû
être, et il était (nous le savons). Car nous nous souvenons davantage de la
personne dont nous contemplons constamment la maison et les cadeaux.
Quoique ce sacrement soit célébré tous les jours
dans le rite solennel de la messe, cependant nous croyons utile et digne qu’une
fête plus solennelle soit célébrée au moins une fois par an, surtout pour
confondre et réfuter l’hostilité des hérétiques.
En effet, le Jeudi Saint, jour où le Christ l’a
institué, l’Église universelle, occupée de la confession des fidèles, de la
bénédiction du chrême, de l’accomplissement du commandement du lavement des
pieds, et de beaucoup d’autres cérémonies sacrées, ne peut pas assister
pleinement à la célébration de ce grand sacrement.
De même que l’Église s’occupe des saints, qui sont
vénérés au cours de l’année, et bien que dans les litanies, dans les messes et
dans les autres fonctions, leur mémoire soit renouvelée avec une grande
fréquence, elle se souvient néanmoins de leur naissance certains jours, avec
plus de solennité et avec des fonctions spéciales. Et parce qu’au cours de ces
fêtes, les fidèles peuvent omettre certains de leurs devoirs par négligence ou
occupations mondaines, ou aussi à cause de la fragilité humaine, la Sainte Mère
Église établit un certain jour pour la commémoration de tous les saints,
suppléant à ce qui a été négligé dans les fêtes particulières de cette fête
commune.
C’est pourquoi il est surtout nécessaire de remplir ce devoir avec l’admirable sacrement du Corps et du Sang du Christ, qui est la gloire et la couronne de tous les saints, afin qu’il puisse resplendire dans une fête et une solennité particulières, et que ce qui a peut-être été négligé dans les autres célébrations de la messe, en ce qui concerne la solennité, il est pourvu avec une diligence pieuse ; et pour que les fidèles, à l’approche de cette fête, entrant en eux-mêmes, pensant le passé avec attention, humilité d’esprit et pureté de conscience, supplèrent ce qu’ils n’auraient pas fait en assistant à la messe, peut-être occupés de leurs pensées dans les affaires du monde ou plus ordinairement à cause de la négligence et de la faiblesse humaines. Une fois, nous avons aussi entendu dire, alors que nous étions dans un bureau plus modeste, que Dieu avait révélé à certains catholiques que cette fête devait être célébrée dans toute l’Église ; C’est pourquoi nous avons jugé opportun de l’établir afin que, d’une manière digne et raisonnable, la foi catholique soit vivifiée et exaltée.
Célébrons donc chaque année une fête spéciale et
solennelle d’un si grand sacrement, en plus de la commémoration quotidienne que
l’Église en fait, et nous lui établissons un jour fixe, le premier jeudi après
l’octave de la Pentecôte. Nous ordonnons aussi que le même jour des multitudes
de fidèles s’assemblent dans ce but dans les églises, avec générosité
d’affection, et que tout le clergé et le peuple chantent joyeusement des chants
de louange, afin que les lèvres et les cœurs soient remplis d’une sainte joie ;
que la foi chante, que l’espérance tremble, que la charité exulte ; que la
dévotion palpite, que la pureté exulte ; que les cœurs soient sincères ; que
tous s’unissent avec un esprit diligent et une volonté prompte, s’occupant de
préparer et de célébrer cette fête. Et que le ciel accorde que la ferveur
enflamme les âmes de tous les fidèles au service du Christ, afin que, par cette
fête et d’autres œuvres de bien, augmentant de plus en plus leurs mérites
devant Dieu, après cette vie, il se donne lui-même en récompense à tous, car il
s’est offert à eux comme nourriture et comme prix de rançon.
C’est pourquoi nous vous recommandons et vous
exhortons dans le Seigneur et, par le moyen de cette bulle apostolique, nous
vous ordonnons, en vertu de la sainte obéissance, avec un précepte rigoureux,
l’imposant comme une rémission de vos péchés, de célébrer avec dévotion et
solennité cette fête très exaltée et glorieuse et de vous engager avec toute
l’attention à la faire célébrer dans toutes les églises de vos villes et
diocèses le jeudi susmentionné de chaque année, avec les nouvelles leçons, les
répons, les versets, les antiennes, les psaumes, les hymnes et les prières qui
lui sont propres, que nous incluons dans notre Bulle avec les parties propres à
la messe ; Nous vous ordonnons aussi d’exhorter vos fidèles par des
recommandations salutaires, directement ou par d’autres, le dimanche qui
précède le jeudi susmentionné, afin que, par une confession vraie et pure, par
des aumônes généreuses, par des prières attentives et assidues, et par d’autres
œuvres de dévotion et de piété, ils se préparent de telle manière qu’ils
puissent y participer. avec l’aide de Dieu, dans ce précieux sacrement et
qu’ils le reçoivent avec révérence et obtiennent ainsi, avec son aide, un
accroissement de grâce.
Et désireux d’encourager les fidèles par des dons
spirituels à célébrer dignement une si grande fête, Nous accordons à tous ceux
qui sont vraiment repentants et confessés de participer aux matines de cette
fête, dans l’église où elle est célébrée, cent jours d’indulgence ; d’autres
pour la messe, et, de même, à ceux qui participent aux premières vêpres de
cette même fête et à la seconde ; et à tous ceux qui participent à l’office de
Prima, Tierce, Sexta, Nona et Complies, quarante jours pour chaque heure.
Enfin, à tous ceux qui assistent aux matines et aux vêpres, à la messe et à la
récitation de l’office pendant l’octave, nous accordons cent jours d’indulgence
pour chaque jour, confiants dans la miséricorde du Dieu tout-puissant et dans
l’autorité de ses saints apôtres Pierre et Paul.
Donné à Orvieto, le 11 août 1264, troisième année de
notre pontificat.
Bulle
Transiturus de mundo (11 août 1264)
URBANUS IV
BULLA
TRANSITURUS DE MUNDO*
11 aug. 1264
...
patriarchae Jerosolimitano, Apostolicae Sedis Legato, et universis
archiepiscopis et episcopis per patriarchatum Jerosolimitanum constitutis.
Transiturus de mundo ad Patrem, Salvator noster
Dominus Jehsus Christus, cum tempus suae passionis instaret, sumpta coena, in
memoriam mortis suae instituit summum et magnificum sui Corporis et Sanguinis
Sacramentum, corpus in cibum et sanguis in poculum tribuendo. Nam quotienscunque
panem hunc manducamus et calicem bibimus, mortem Domini nuntiamus. In
institutione quidem huius salutiferi Sacramenti dixit ipse Apostolis: «Hoc
facite in meam commemorationem» (Luc. 22, 19) ut praecipuum et insigne
memoriale sui amoris eximii, quo nos dilexit, esset nobis hoc praecelsum et
venerabile Sacramentum. Memoriale, inquam, mirabile ac stupendum, delectabile
ac suave, carissimum et super omnia praetiosum, in quo innovata sunt signa et
mirabilia immutata, in quo habetur omne delectamentum et omnis saporis suavitas
ipsaque dulcedo Domini degustatur, in quo utique vitae suffragium consequimur
et salutis. Hoc est memoriale dulcissimum, memoriale sanctissimum, memoriale
salvificum, in quo gratam redemptionis nostrae recensemus memoriam, in quo a
malo retrahimur, confortamur in bono et ad virtutum et gratiarum proficimus
incrementa, in quo profecto reficimus ipsius corporali praesentia Salvatoris,
quia in hac sacramentali Christi commemoratione ipse Christus praesens, sub
alia quidem forma, sed in propria vere substantia est nobiscum. Ascensurus enim
in coelum, dixit Apostolis eorumque sequacibus: «Ecce ego vobiscum sum omnibus
diebus usque ad consummationem saeculi » (Mt 28,10); benigna ipsos promissione
confortans, quod remaneret et esset cum eis etiam per praesentiam corporalem. O
digna et nunquam intermittenda memoria, qua mortem nostram recolimus mortuam
nostrumque interitum vitae obitu interisse ac lignum vivificum ligno mortis
affixum, fructum nobis attulisse salutis! Haec est commemoratio gloriosa, quae
fidelium animos replet gaudio salutari et cum infusione laetitiae devotionis
lacrimas subministrat. Exultamus nimirum nostram rememorando liberationem et
recolendo passionem dominicam per quam liberati sumus, vix lacrimas continemus.
In hac itaque sacratissima commemoratione adsunt nobis suaviter gaudium simul
et lacrimae, quia in ea et gaudemus pie lacrimantes et lacrimamus devote
gaudentes, laetas habendo lacrimas et laetitiam lacrimantem. Nam et cor,
ingenti perfusum gaudio, dulces per oculos stillat guttas. O divini amoris
immensitas, divinae pietatis superabundantia, divinae affluentia largitatis!
Dedit enim Dominus nobis sua, quia subiecit omnia sub pedibus nostris et super
universas terrae creaturas contulit nobis dominii principatum. Ex ministeriis
etiam spirituum supernorum nobilitat et sublimat hominis dignitatem;
administratorii namque sunt omnes in ministerium propter eos qui hereditatem
salutis capiunt destinati.
Et cum tam copiosa fuerit erga nos eius
munificentia, volens adhuc ipse in nobis quam exuberantem caritatem praecipua
liberalitate monstrare, semetipsum nobis exhibuit et transcendens omnem
plenitudinem largitatis omnemque modum dilectionis excellens, tribuit se in
cibum. Quam singularis et admiranda liberalitas, ubi donator venit in donum et
datum est idem penitus cum datore! Quam laxa et prodiga largitas, cum tribuit
quis se ipsum et sic largiendi superabundat affectio, quod amplis rerum sparsa
donariis, in largitionem insuper effunditur largitatis, tanto plenius adimpleta
quanto copiosius est effusa! Dedit igitur se nobis Salvator in pabulum ut, quia
per cibum in mortem homo corruerat, et per cibum ipse relevaretur ad vitam;
cecidit homo per cibum ligni mortiferi, relevatus est homo per cibum ligni
vitalis, in illo pependit esca mortis, pependit in isto vitae alimentum; illius
opus intulit laesionem, istius gustus attulit sanitatem; gustus sauciavit et
gustus curavit indeque unde vulnus est ortum, prodiit et medela; et unde mors
subiit, exinde vita venit. De illo siquidem gustu dicitur: «Quocumque die
comederis, morte morieris» (Gen. 2,17); de isto autem legitur: «Si quis
manducaverit ex hoc pane, vivet in aeternum» (Io 6,52). Hic est cibus qui plene
reficit, vere nutrit summeque impinguat non corpus sed cor, non carnem sed animam,
non ventrem sed mentem. Homini ergo, quia spirituali etiam alimonia indigebat,
Salvator ipse misericors, de nobiliori et potiori huiusmodi alimento pro animae
refectione pia dispensatione providit. Condecens quoque caritatis liberalitas
extitit et convertens operatio pietatis, ut Verbum Dei aeternum, quod
rationalis creaturae cibus est et refectio, factum caro, se rationalis
creaturae, carni counitae, homini videlicet in edulium largiretur. Panem enim
angelorum manducavit homo et ideo Salvator ipse ait: «Caro mea vere est cibus
et sanguis meus vere est potus» (Io 6,56). Hic cibus sumitur, sed non
consumitur, manducatur, sed non transmutatur, quia in edente minime
transformatur, sed si digne recipitur, sibi recipiens conformatur. O
excellentissimum Sacramentum, adorandum, venerandum, colendum, glorificandum,
amandum et amplectendum, praecipuis magnificandum laudibus, summis praeconiis
exaltandum, cunctis honorandum studiis, devotis prosequendum obsequiis et
sinceris mentibus retinendum! O memoriale nobilissimum, intimis commendandum
praecordiis, firmiter animo alligandum, diligenter in cordis reservandum utero
et meditatione ac celebratione sedula recensendum! Huiusmodi memorialis
continuam debemus celebrare memoriam, ut illius cuius ipsum fore memoriale vere
cognoscimus, semper memores existamus, quia cuius donum vel munus frequentius
aspicitur, hic in ventre memoriae strictius retinetur.
Licet igitur hoc memoriale Sacramentum in
quotidianis Missarum sollemniis frequentetur, conveniens tamen arbitramur et
dignum, ut de ipso semel saltem in anno, ad confundendum specialiter
haereticorum perfidiam et insaniam, memoria celebrior et sollemnior habeatur.
In die namque Coenae Domini, quo die ipse Christus hoc instituit Sacramentum,
universalis Ecclesia pro poenitentium reconciliatione, sacri confectione
Chrismatis, adimpletione mandati circa lotionem pedum et aliis plurimum
occupata, plene vacare non potest celebritati huius maximi Sacramenti. Hoc enim
circa Sanctos, quos per anni circulum veneramur, ipsa observat Ecclesia, ut
quamvis et in letaniis et in Missis ac alias etiam ipsorum memoria saepius
renovetur, nihilominus tamen eorum natalicia certis diebus per annum sollemnius
recolat, festa propter hoc eisdem diebus specialia celebrando. Et quia forte in
huiusmodi festis circa sollemnitatis debitum, aliquid a fidelibus per
negligentiam vel rei saecularis occupationem aut alias ex humana fragilitate
omittitur, statuit ipsa Ecclesia certam diem, in qua generalis omnium Sanctorum
commemoratio fieret, ut in hac ipsorum celebritate communi, quod sic in
propriis eorum festivitatibus ommissum existere, solveretur. Potissimum igitur
id exsequendum est erga hoc mirificum Sacramentum Corporis et Sanguinis Jesu
Christi, qui est Sanctorum omnium gloria et corona, ut festivitate ac
celebritate praefulgeat speciali, quatenus in eo quod in aliis Missarum
officiis circa sollemnitatem est forsan praetermissum, devota diligentia
suppleatur et fideles, festivitate ipsa instante, infra se praeterita
memorantes, id quod in ipsis Missarum sollemniis, saecularibus forsan agendis
impliciti aut alias ex negligentia vel fragilitate humana minus plene
gesserunt, tunc attente in humilitate spiritus et animi puritate restaurent.
Nos itaque, ad coroborationem et exaltationem
catholicae fidei, digne ac rationabiliter duximus statuendum, ut de tanto
Sacramento, praeter quotidianam commemorationem quam de ipso facit Ecclesia,
specialior et sollemnior annuatim memoria celebretur, certum ad hoc designantes
et describentes diem, videlicet feriam quintam proximam post dominicam festum
Pentecosten primo sequentem, ut in ipsa quinta feria, devotae turbae fidelium
propter hoc ad ecclesiam affectuose concurrant, ut tunc cleri et populi pariter
congaudentes, in cantica laudis surgant, tunc omnium corda et vota, ora et
labia hymnos personent laetitiae salutaris, tunc psallat fides, spes tripudiet,
exultet caritas, devotio plaudat, iubilet puritas et sinceritas iucundetur,
tunc singuli alacri animo promptaque voluntate conveniant, sua studia
laudabiliter ad exequenda tanti festi sollemnia transfundentes et utinam ad
Christi servitutem sic eius fideles ardor dilectionis inflamment, ut per haec et
alia proficientibus ipsis meritorum cumulo apud eum, ipse qui se pro illis
dedit in pretium tribuitque in pabulum, tandem post huiusmodi vitae decursum
eis se in praemium largiatur.
Ideoque universitatem vestram monemus et hortamur in
Domino, per apostolica vobis scripta mandantes, quatenus tam excelsum et tam
gloriosum festum praedicta quinta feria singulis annis, cum novem lectionibus,
cum responsoriis, versiculis, antiphonis, psalmis, hymnis et orationibus ipsi
festo specialiter congruentibus, quae cum proprio Missae officia vobis sub
bulla nostra mittimus interclusa, devote ac sollemniter celebretis et faciatis
studiose per universas ecclesias vestrarum civitatum et dioecesium celebrari,
subditos vestros in praefata dominica, dictam quintam feriam proxime
praecedente, salutaribus monitis sollicite per vos et per alios exhortantes, ut
per veram et puram confessionem, elemosynarum largitionem, attentas et sedulas
orationes ac alia devotionis et pietatis opera, taliter se studeant praeparare
quod huius praetiosissimi Sacramenti, largiente Domino, mereantur fieri
participes possintque ipsum dicta quinta feria suscipere reverenter ac eius
virtute augmentum consequi gratiarum. Nos enim christifideles, ad colendum et
celebrandum venerabiliter tantum festum, donis volentes spiritualibus animare,
omnibus vere poenitentibus et confessis, qui matutinali officio festi eiusdem
in ecclesia in qua illud celebrabitur interfuerint, centum; qui vero Missae,
tot idem; qui autem in primis ipsius festi vesperis intererint, similiter
centum; qui vero in secundis, totidem; illis quoque, qui Primae, Tertiae,
Sextae, Nonae ac Completorii officii interfuerint, pro qualibet horarum ipsarum
quadraginta; eis autem, qui per octavas ipsius festi, matutinalibus,
vespertinis, Missae ac praedictarum horarum officiis intererint, centum dies
singulis octavarum ipsarum diebus, de omnipotentis Dei misericordia et beatorum
Petri et Pauli, Apostolorum eius, auctoritate confisi, de iniunctis sibi
poenitentiis misericorditer relaxamus.
Datum apud Urbem veterem, II idus augusti, anno
tertio.
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* Volumen V, Tomus I: Acta Urbani IV, Clementis IV,
Gregorii X (1261-1276), Typis Polyglottis Vaticanis, 1953, pp. 43-47.