Pierre :
(Simon-Pierre) une clef, car il
est le chef de l’Église ; ou une croix inversée car il a été crucifié la
tête en bas.
Jean : (frère de
Jacques, tous deux fils de Zébédée) un calice dans ses mains ; parfois,
un calice d’où sort une tête de serpent avec lequel on a voulu l’empoisonner
André : (frère
de Pierre, dit le Protoclet) la
croix en « X » sur laquelle il
fut écartelé
Matthieu
:
la hache qui fut l’instrument de sa décapitation ; ou une bourse, car il était
collecteur d’impôts.
Jacques
le Majeur :
la coquille et le bâton de pèlerin ; ou le glaive qui l’a décapité
Philippe : une
croix à double ou triple traverse ; ou la croix à l’envers sur laquelle il
fut crucifié ; ou un long bâton dont le bout se termine en croix
Barthélémy : le grand
couteau de son supplice
Thomas : son
équerre d’architecte ; ou la lance de son martyre
Jacques
le Mineur :
(fils
d’Alphée) une mitre, car il fut le premier évêque de Jérusalem ;
ou la massue qui fracassa son crâne.
Jude : (appelé
aussi Thaddée) la massue qui l’assomma, ou une hallebarde ; ou une
barque de pêcheur ;
Simon
le Zélote :
une scie, objet de son martyre
Matthias (qui remplaça Judas Iscariote après sa mort) : une hache ; ou une
épée, instrument de son martyre
Les évangélistes sont ici figurés par paire sur une
double arcade, chacun trône de face ou de trois quarts dans une posture
différenciée, sur un siège rectangulaire à emmarchement. Au-dessus d’eux, leurs
symboles tiennent chacun un rouleau ou un livre. Encrier, plume d’oie ou codex
de parchemin en mains, les quatre Témoins semblent saisis dans l’urgence de
transcrire la révélation que leurs doubles symboliques s’apprêtent à leur
délivrer.
Manuscrit peint sur parchemin Première moitié du 9e
siècle, avant 830 ? BNF
Avec tétramorphe,
terme d’origine grecque qui depuis la nuit des temps indique une représentation
iconographique composée de quatre figures ou éléments, on indique une image
composée de quatre symboles attribuables aux quatre évangélistes : un homme ailé (Évangile
de Matthieu), un lion (Évangile de Marc), un taureau ou veau (Évangile de Luc) et un aigle (Évangile de Jean). Le premier à définir
ceux qui seraient devenus les symboles des Évangélistes a été Irénée
de Lyon. Évêque et théologien, Père de l’Église, il interpréta la vision
décrite par le Prophète juif Ézéchiel dans l’Ancien Testament (Ézéchiel 1,10),
pendant la déportation à Babylonie en 593 av. J.-C. Ézéchiel raconta
avoir vu un grand nuage entouré d’éclairs et, au milieu de ce nuage, quatre
créatures, dotées de quatre ailes. Une des
figures avait visage d’homme, une de lion, une de veau et la dernière d’aigle,
et ils se tenaient aux pieds du Trône de Dieu, qu’elles contribuaient
probablement à bouger grâce aux roues placées à côté de chacun d’elles.
Saint Irénée,
dans son œuvre Adversus Haereses, introduisit l’idée d’un Évangile
tétramorphe, ou quadriforme. Pour lui, les quatre êtres ailés vus par
Ézéchiel sont identifiables comme les séraphins qui selon Ésaïe (Ésaïe
6,3) occupent les sommets des hiérarchies angéliques, mais symbolisent
également les quatre Évangiles canoniques, véritables piliers spirituels
de l’Église et du monde entier. À chaque Évangéliste, Saint Irénée attribue un symbole
spécifique, en faisant également référence à l’Apocalypse
(Apocalypse 4,6-8) où sont encore décrites les « quatre êtres vivants remplis
d’yeux devant et derrière », placés aux pieds du Trône de Dieu, « le premier
être vivant est semblable à un lion, le second être vivant est semblable
à un veau, le troisième être vivant à la face d’un homme, et le
quatrième être vivant est semblable à un aigle qui vole ».
Chacun des quatre
Évangiles se concentre sur un aspect particulier de la figure de Christ
:
- Évangile de
Matthieu (homme, ou ange) : Son Incarnation ;
- Évangile de
Marc (lion) : Sa puissance victorieuse (la Résurrection) ;
- Évangile de
Luc (taureau, veau) : Son sacrifice (la Passion) ;
- Évangile de
Jean (aigle) : l’effusion du Saint-Esprit (la Pentecôte).
Selon Irénée,
déjà à partir du prologue des Évangiles respectifs, il est possible de
déduire le symbole de chaque Évangéliste, le pivot du quadruple message
évangélique et l’aspect particulier de Christ sur lequel on se focalise dans ce
texte.
Saint Jérôme aussi récupère le symbolisme déduit par Irénée en l’appliquant non
seulement aux quatre aspects de la figure de Jésus, mais aussi aux quatre
phases de Sa vie mortelle. Selon Jérôme, Christ :
- naquit homme
(Incarnation, homme ailé, Évangile de Matthieu) ;
- mourut comme
un veau sacrificiel (Passion, taureau, veau, Évangile de Luc) ;
- ressuscita
de la mort avec la force d’un lion (Résurrection, lion, Évangile de
Marc) ;
- vola au Ciel
comme un aigle (Ascension, aigle, Évangile de Jean).
Au cours des
siècles, d’autres érudits et hommes de Foi ont pris en examen les évangélistes
et leurs symboles, en définissant différentes séquences et combinaisons entre
eux. De fait, le tétramorphe, type de représentation iconographique
composée de quatre éléments, déjà présent dans le symbolisme d’origine
moyen-orientale (il suffit de penser aux esprits protecteurs de garde devant
les palais royaux babyloniens), a été largement utilisé dans l’iconographie
chrétienne et dans l’art sacré.
Mais pas
seulement. Les symboles des 4 évangélistes déterminent également l’ordre
avec lequel les Évangiles sont présenté, soit-il dans les codes anciens ou dans
les éditions modernes de la Bible, qui suivent l’ordre codifié par Ézéchiel :
homme (Matthieu), lion (Marc), bœuf (Luc), aigle (Jean).
L’Évangile de
Matthieu s’ouvre avec la liste des ancêtres de Jésus, une liste
d’hommes, donc, suivie du récit de la naissance de Jésus et de Son enfance.
Selon certains experts de la Bible, il aurait été le premier à avoir été écrit
et aurait servi d’inspiration pour les évangiles de Marc et Luc, tandis que
selon d’autres il est basé en grande partie sur l’Évangile selon Marc.
Ce qui est
certain est que l’Evangéliste Matthieu s’est longuement attardé sur la vie
de Jésus Homme, en partant de Sa généalogie et en mettant en relief Son
histoire humaine. Pour cette raison il est associé à la figure du tétramorphe
avec le visage d’homme, ou ange, où l’ange symbolise déjà en soi l’union entre
l’aspect humain et la nature supraterrestre.
L’Évangile de
Marc commence par contre avec Jean le Baptiste, celui qui se charge de
la mission de préparer l’arrivée du Messie. Vêtus de peaux d’animaux,
profondément investi dans son rôle, il est facile d’imaginer Jean le Baptiste
comme un lion à la voix puissante comme un rugissement, qui annonce que
le Temps est proche. Dans le Moyen Âge, le lion était symbole de justice. Sa
tête majestueuse indiquait la nature divine, le corps et les pattes celle
humaine. Marc l’Évangéliste néglige l’enfance de Jésus, mais s’attarde
beaucoup sur la Passion et de nombreuses œuvres d’art relatives à cet épisode
ont été inspirées par son Évangile.
L’Évangile de
Luc s’ouvre avec un sacrifice : Zacharie, mari d’Élisabeth, une parente de la
Vierge Marie, sacrifie un bœuf à Dieu. Il a ensuite une vision dans
laquelle on lui révèle que sa femme sera mère d’un enfant, auquel ils donneront
le nom de Jean. Cet enfant deviendra le Baptiste.
Dès le début,
nous comprenons comment Luc l’Évangéliste focalise son attention sur le
thème du sacrifice, non seulement celui de Christ, mais aussi de Marie, sur
l’histoire de laquelle Luc s’attarde longuement.
Dans
l’Évangile de Jean, nous pouvons déduire pourquoi cet Évangéliste était le
préféré de Jésus parmi les apôtres qui le suivaient. Texte profondément
mystique, son Évangile est enveloppé de spiritualité, peu lié aux
vicissitudes humaines, mais plutôt à leur signification plus profonde et
religieuse. Déjà dans le prologue de son Évangile Jean s’attarde sur le concept
de Verbe, la Parole de Dieu, capable de chasser les ténèbres. On croyait que l’aigle
pouvait fixer le soleil sans en être aveuglé et, pour cette raison, à Saint
Jean, qui voulut fixer Dieu en profondeur, a été attribué ce symbole.
Sacchi, Pier Francesco dit
aussi Il Pavese, (Pavie, 1485 - Albaro (Gênes), 1528)
Huile sur bois : Hauteur
: 1,96 m ; Largeur : 1,68 m
Saisie napoléonienne,
1812, provenant de la sacristie de l’église San Siro de Gênes.
Entré au Louvre en 1813. (conquête
militaire) non exposé