Jacques-Edme
Regnault de Beaucaron
Vous allez vivre la
Révolution avec cet Aubois qui a tant servi la France et le département de
l’Aube et lire ce texte, comme un véritable roman, une page passionnante de
notre Histoire.
La famille Régnault de Beaucaron, est originaire du bourg
de Lantages, où elle possédait une terre seigneuriale depuis le XVIIe siècle.
Sa présence y est confirmée par un ancien relais de chasse datant de 1647,
portant incrustés sur sa façade, un nombre prodigieux de bois de cerfs et de
chevreuils. S'y ajoutait, dans une tradition folklorique bien champenoise, et
au grand dam des bonnes âmes de son entourage, l'inscription suivante sur une
pierre :
« Cornu,
cornard ou cornichon
qui
passe parmy cette rue
N'y
passe que la tête nue
Pour
te choisir un capuchon ».
Le relais de chasse, devenu mairie après la Révolution, fut démoli en 1956. La pierre portant l'inscription n'a pas été conservée au fronton de la nouvelle mairie! Mais elle a été scellée dans un mur donnant sur la rue principale, non loin du panneau d'affichage.
La famille Régnault de Beaucaron fait partie des notables
de la commune de Chaource, située à 6 km de Lantages, dont ses nombreux
descendants ont administré la cité en tant que maires ou conseillers
municipaux.
Jacques-Edme Regnault de
Beaucaron naît le 1er septembre 1759 à Chaource. Son père, docteur en médecine,
jouissait d’une grande considération. Sa mère, née Sollagesse, appartenait
aussi à une vieille famille du pays. Elevé dans les principes d’une saine et
forte éducation, il fait ses classes, d’abord à Chaource, au collège fondé par
Amadis Jamin, ensuite à Troyes.
Il apprend l’italien,
l’anglais, l’espagnol et le portugais. Il va à Paris, est reçu avocat au
Parlement à l’âge de 20 ans, et revient à Troyes pour y remplir une charge de
magistrature. Regnault de Beaucaron brille dans les « causeries de salon » de
la société troyenne, grâce à ses bonnes manières, au charme de sa conversation,
chez Mesdames Berthelin, Fromageot, de Chavaudon… Dans ces réunions, il sème
des bons mots, des madrigaux, et sait rapidement se faire apprécier. Dès 1781,
il adresse des épîtres en vers à deux auteurs dramatiques très en vogue,
Auguste de Piis et Barré. Il envoie un grand nombre de ses productions à de
nombreux journaux : « L’Almanach des Muses », « Le Chansonnier des Grâces », «
L’Almanach des Grâces », « Les Etrennes lyriques et anacréontiques », « Les
Etrennes de Mnémosyne lyriques et anacréontiques », « Les Etrennes de Mnémosyne
», « L’Esprit des Journaux », « Le Journal de Nancy », « Le Journal de Troyes
»… Il y écrit plusieurs articles en prose sur les œuvres de Simon de Troyes…
Ses sortes de nouvelles qui paraissent en plusieurs fois, sont l’origine de nos
romans feuilletons. Chaque fois, les éloges ne lui sont pas ménagés.
En 1787, il est reçu membre
de la Société anacréontique de Rosati, où il a pour collègues Carnot et
Robespierre. La même année, il est reçu membre de l’Académie des Arcades de
Rome et de l’Académie royale des Belles-Lettres d’Arras, membre associé
correspondant du Musée de Paris. Ces succès lui attirent des épigrammes de
Rivarol qui l’inscrit à 2 reprises dans son « Petit almanach des Grands Hommes
».