lundi 20 mai 2024

Le Blason avant et aujourd'hui

 

Comté de Champagne

Dans les temps médiévaux (XIIe siècle), l’émancipation des villes par l’octroi de la part de leur suzerain de privilèges et obligations, entraina la concession d’armoiries aux villes ou corporations ainsi libérées du joug féodal. Soucieux d’ordre et de paix dans leur possessions, les souverains créèrent des charges d’officiers spécialisés, les « hérauts d’armes »(1), pour régler les litiges et recenser les armories.

Le 9 janvier 1407, Charles VI institua un Collège des Hérauts(2) dont la juridiction s’étendait sur tout le royaume.

Le 7 juin 1487, Charles VIII créa la charge de Maréchal d’Armes (3), devant connaitre des causes nobiliaires, tant des fiefs que des personnes ; noms et armoiries devant être vérifiés et consigné sur le registre (rôle). Cet office permit de maintenir dans leurs droits  féodaux maintes familles dont les chevaliers étaient morts au combat de Saint-Aubin-de-Cormier (4) le 16 juillet 1488, tant dans les rangs de l’armée royale que dans ceux de l’armée du duc François II.

Le 21 février 1501, Louis XII commanda à son Roi d’armes « Normandie » de faire défense du  blason d’hermine plain, et du nom de Bretagne, à tous les parents de la Reine Anne, duchesse de Bretagne.

En 1615, Louis XIII créa la charge de « Juge général d’armes de France », charge attribuée à François de Cherviers, puis à Pierre d’Hozier (5) en 1641. [Marc Vulson de la Colombière, dans « Le Palais de l’Honneur », observe qu’en 1645, les Héraults d’armes, peu zélés, n’ont qu’un rôle consultatif auprès des tribunaux]

Pierre d'Hozier

Ordonnance par Hozier en 1698


Louis XIV, par un édit de 1696 (6), obligea toute ville possédant un corps consulaire au port d’armoiries. Maintes communes, qui ne possédaient pas de corps municipal, furent néanmoins armoriées d’office et taxées. Un second édit, en 1697, étendit l’obligation aux ecclésiastiques, administrations, corporations, maison religieuses, bourgeois des villes franches, etc…

Le 22 juin 1790 (7), un décret de la Constituante supprima toutes armoiries, « vestiges de la féodalité ». La période révolutionnaire utilisa une symbolique inspirée de l’antiquité : bonnet phrygien, piques, faisceaux de licteurs…

Napoléon Ier , suite à la demande de la ville de Lyon qui souhaitait faire sculpter ses anciennes armoiries au fronton de son hôtel de ville reconstruit, fit concevoir, en trois jours, une héraldique « Impériale », objet d’un sénatus-consulte (8) du 11 mai 1808. Villes, corporations et associations civiles purent recevoir des armoiries, avis du 29 mars 1809(9). Ces blasons d’armoiries, ne pouvaient être octroyés que « d’un mouvement propre de l’Empereur », les villes durent se conformer à certaines obligations et porter dans leurs armoiries, en fonction de leur importance :

- les villes de première classe* : un chef de gueules à trois abeilles d’or avec en ornement extérieur une couronne murale à l’aigle essorante** d’or ;

- les villes de 2ème classe : un franc-quartier dextre d’azur à l’N d’or surmonté d’une étoile rayonnant du même’ ; couronne murale avec aigle essorante d’argent ;

- les villes de 3ème classe*** : un franc-quartier senestre de gueules avec l’N d’argent et étoile du même ; couronne en corbeille avec épis de blé.

Au cours de la première Restauration, Louis XVIII publia le 26 septembre 1814 une ordonnance relative aux armoiries municipales. Cette ordonnance fut annulée pendant les Cent-Jours (décret des 13 et 24 mars 1815).

En 1816, Louis XVIII rendit aux communes les « marques d’honneur que leur avaient octroyées ses prédécesseurs » (y compris Napoléon Ier).

La seconde République, qui abolit les titres de noblesse le 29 février 1848, ne légiféra pas en matière d’armoiries et certaines villes, notamment Bordeaux, se bornèrent à gratter les fleurs de lys de leur blason.

Le Second Empire revient au statut de 1808. Napoléon III – qui n’accorda que des titres nobiliaires****- créa un conseil du Sceau le 8 janvier 1859. Ce conseil fut supprimé par la Troisième République le 10 janvier 1872.

Dès lors, chaque ville ou particulier put ainsi se constituer à sa convenance un symbole ou un blason, « fors le droit d’autrui ». Il en fut ainsi jusqu’à la création de l’État Français en juillet 1940. Le Maréchal Pétain, Chef de l’État, créa une commission des Sceaux et Armoiries de l’État. Les blasons communaux, enregistrés au Ministère de la Justice, en reçurent un brevet, avec dessin dû à l’héraldiste Robert Louis, alors dessinateur symboliste des services officiels.

En octobre 1945, le Général de Gaulle, Chef du Gouvernement provisoire, promulgua depuis Toulouse une ordonnance reconnaissant aux conseils municipaux le libre choix de leurs armoiries, sans frais d’enregistrement.

Les IVème et Vème République n’ayant pas légiféré en la matière, l’usage d’armoiries et donc entièrement licite et libre et relève du domaine privé. Plusieurs départements ont créé des commissions chargées d’officialiser les décisions des conseils municipaux.


Blasons des différents départements de France

*villes de première classe : Paris – Lyon – Marseille – bordeaux – Rouen – Nantes - Lille – Toulouse – Strasbourg - Orléans – Amiens - Angers – Montpellier – Metz – Caen – Clermont-Ferrand - Besançon – Nancy – Versailles – Rennes – Tours - Grenoble – La Rochelle – Agen – Reims – Montauban – Troyes, dont les maires assistent au couronnement de l’Empereur.

**essorant : Se dit des oiseaux, principalement de l'aigle, lorsque ces oiseaux sont posés de profil et entr'ouvrent leurs ailes comme pour prendre leur essor.

***villes de 3ème classe : Nantes et Paimboeuf furent seules à en recevoir ; Sucé qui avait postulée fut déboutée.

****Titre nobiliaire : Maréchal de Mac-Mahon, duc de Magenta en 1860 – Général Cousin-Montauban, comte de Palikao en 1862.

Blason de Nantes

 

Blason de NANTES

 

NAONED / NAUNTT

Chef-lieu de département (Loire Atlantique)

 XVIe s de gueules au vaisseau équipé d'or, habillé d'hermine, voguant sur une mer de sinople mouvant de la pointe et ondée d'argent; au chef d'hermine.


Armoiries de Nantes
Croix de la Libération. Croix de Guerre 1939-1945.

Devise: « favet neptunus eunti » (que Neptune favorise le voyageur)


L'histoire des armoiries de la ville de Nantes commence au XIVe siècle avec le sceau de l'ancienne prévôté, sceau qui représente le duc de Bretagne dans une frêle embarcation, brandissant une épée comme pour protéger la capitale de son duché.

Au XVe siècle, lors des funérailles d’Anne de Bretagne le 19 mars 1514, la barque évolue en une nef d'or ; le blason de la ville devenant "De gueules au navire d'or habillé d'hermines, voguant sur une mer de sinople, au chef d'hermines, l'écu timbré d'une couronne comtale et entouré d'une cordelière ", blason souvent accompagné de la devise Oculi omnium in te sperant Domine (les yeux de tous se tournent vers toi et espèrent Seigneur).

armoiries au XVIe s.

Deux particularités dans ces armoiries : la mer de sinople c'est à dire verte et non pas d'azur comme fréquemment en héraldique, couleur symbolisant la rivière qui se jette dans l'océan ; et la cordelière, insigne de l'ordre fondé par Anne de Bretagne en l'honneur de Saint-François d'Assise, patron de son père, et ornement de la reine dont elle introduisit la mode à la cour de France.

Au XVIIIe siècle, la ville se transforme, ses armoiries aussi. En 1754, une couronne murale et crénelée remplace la couronne comtale, représentant les fortifications en cours de démolition. Pendant la Révolution, le navire est remplacé par une statue de la liberté. L'Empire voit le presque rétablissement du blason d'Ancien Régime, avec cependant le rajout d'un attribut napoléonien : une couronne sommée d'un aigle.

Blason de la ville de Troyes

 

Blason de la ville de Troyes

Blason de Troyes


Armoiries de Troyes

Adopté le 11 février 1825.

Porte: de Champagne au chef de France

D'azur à la bande d'argent côtoyée d'une double cotice potencée et contre potencée de treize pièces d'or, et un chef aussi d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or".

La devise est : « passavant le meillor »  (Passe avant le meilleur) d'après d'Hozier

Les armes de Troyes rappellent le rattachement de la Champagne à la France en 1284, par le mariage de Jeanne de Navarre, héritière du comté, avec le roi de France Philippe le Bel. Au blason de Champagne s’ajoute le chef de France aux 6 fleurs de lys.


 Vitrail de 1621 de l’atelier du troyen Linard Gontier dit l’Ainé (1575-1642).
Provient de la maison des arquebusiers à Troyes

Les armoiries de la ville de Troyes sont le plus noble héritage de ses « Comtes palatins de Champagne » et se blasonnent « de Champagne, au chef de France ». Mais une description attentive doit s’énoncer ainsi :

« D’Azur à la bande d’argent « accostée de quatre cotices, deux à dextre et deux à senestre, potencées et contre potencées d’or de treize pièces ; au chef cousu d’azur, chargé de trois fleurs de lis d’or rangées en fasce ».

Treize potences contre-potencées d’or : signe et symbole judiciaires de nos anciens comtes et allusion aux treize comptés vassaux qui relevaient du grand Comté de Champagne : Auxerre, Bar-sur-Seine, Bar-sur-Aube, Brie, Brienne-le-Chateau, Porcien, Grand Pré, Joigny, Marle, Rethel, Roucy, Tonnerre, Vertus ».

 Napoléon remplaça les fleurs de lys par 3 abeilles. En 1825, Troyes reprit son blason fleurdelisé. Mais la Monarchie de Juillet, issue de la Révolution de 1830, adopta à la place des fleurs de lys, 3 étoiles d’or. Cet usage n’a été qu’éphémère, comme le prouve une reprise déjà ancienne des fleurs de lys. En même temps que le drapeau blanc disparaissait, la France retrouvait le drapeau tricolore.




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