de l'Ecole Royale de dessin à l'Ecole des
Beaux-Arts de Troyes
Il n’y a que quelques rares villes en France à partager avec Troyes, le privilège
d’avoir une histoire aussi longue et prestigieuse de son école de dessin. Beaucoup
en effet, de celles qui furent fondées au XVIIIe siècle, ont disparu depuis.
arts graphiques - musée st Loup Troyes
En 1773, Pierre-Jean Grosley (1718-1785) (membre
de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres) a le premier l’idée de
la création à Troyes, d’une école de dessin, avec 5 artistes troyens. Selon le
règlement provisoire établi par les officiers municipaux, l’école comprend 3
classes : la figure, l’ornement et l’architecture.
Les
professeurs assurent leurs cours à titre bénévole.
Le
roi les remercie par Lettres Patentes, leur permettant d’être soustraits à
l’obligation du " logement des gens de guerre et du privilège d’exempter
un de leurs enfants du sort de la levée des soldats provinciaux ".
L’enseignement est donné 5 jours par semaine,
y compris dimanche et fêtes. De surcroît, une classe de dessin est ouverte le
dimanche pour les ouvriers et les artisans. Cette
volonté d’éducation populaire en fait une école gratuite, où l’on est admis à
partir de 10 ans.
La
Ville fournit le local au rez-de-chaussée de l’hôtel de ville, et prend en
charge les dépenses. 50 élèves sont inscrits au départ, 80 l’année suivante.
Le mécénat a toujours existé. Le plus grand
bienfaiteur de l’école fut en 1775, Jacques de Brunneval, receveur des gabelles
à Troyes, qui, par testament, lègue sa maison au profit de l’Ecole gratuite de
dessin. Ce geste généreux suscite l’émulation, et, à partir de cette date,
plusieurs personnes font des donations.
C’est alors une éminente et rapide
consécration qui est faite (en considérant d’autres villes qui durent attendre
longtemps), en 1779, Louis XVI donne les Lettres patentes : "… les
habitants de la Ville de Troyes, Capitale de Champagne, se sont toujours
distingués par leur attachement pour les Sciences et les Beaux-Arts : les
monuments dont cette ville est remplie, et le grand nombre d’Hommes célèbres
auxquels elle a donné le jour, sont des preuves non équivoques de leurs goûts
et de leurs talents… je confirme, approuve et autorise l’établissement d’une
Ecole royale, gratuite et publique de dessin, mathématiques, d’architecture et
des arts dans la Ville… sous la direction du maire. Cela comporte l’affiliation
de l’école à l’Académie royale de Paris ".
Il y a 100 élèves, les études durent 3 ans,
sanctionnées par un concours dont le lauréat reçoit un brevet de maîtrise
octroyé par le roi.
Chaque
année a lieu avec le plus grand apparat la distribution des prix. En 1787,
presque tout le parlement de Paris assiste à cette fête scolaire, et Madame la
1ère présidente daigne distribuer les prix de sa main et embrasser les
vainqueurs.
En
1806, elle prend le nom "d'Ecole impériale des Arts ", et en 1855,
elle est transférée rue du Temple (aujourd’hui rue Général Saussier).
A partir de 1878, est créé un cours de dessin
pour les filles âgées de plus de 14 ans.
En
1880, il y a 228 élèves.
En
1897, l’Ecole de dessin est complétée par un cours d’architecture, un de
stéréotomie, un de modelage et un de composition d’art décoratif.
En 1903, l’école s’installe aux Jacobins
jusqu’en 1914, l’école devenant hôpital militaire.
A cette époque, conformément au programme
ministériel, l’étude du nu qui n’est autorisé que d’après les plâtres, ne sera
pas assurée, par crainte de la réaction des élèves et des parents. Aujourd’hui
ce n’est plus le cas !
En 1908, 442 élèves.
En
1945, elle prend le nom d’ "Ecole municipale des beaux-arts ".
En
1973, installation rue Jeanne d’Arc, avec 483 élèves.
Depuis 1980, l'école est un établissement d'enseignement artistique placé sous la tutelle du Ministère de la culture, permettant aux troyes de tous âges de s'initier pour leurs loisirs aux diverses discipines artistiques.
Aujourd’hui
l’école accueille 468 élèves.
Sainte-Marie ancien conservateur des musées de Troyes écrivait il y a plus d’un quart de siècle : " Espérons que notre Ecole
Royale de dessin, continue de prospérer pendant les siècles à venir, pour le
plus grand renom, non usurpé de Troyes ville d’art " !!