Les évêques de Troyes, du 1er à ce jour….
1er 340-346 :
saint Amateur ou Amadour
Saint
Amateur évêque de Troyes (appelé aussi Amadour), mort vers 340 est le premier
évêque de Troyes à l’époque de Constant Ier. Le bréviaire troyen fait mention
de ce saint le 1er jour de mai
Si son nom est connu, la date de fondation de
l'évêché est inconnue. Elle est probablement postérieure à la promulgation de
l'édit de Milan en 313 par l'empereur romain Constantin Ier.
Selon Jean Charles Courtalon-Delaistre,
Conflantin, métropolitain de Sens a invité le clergé et les citoyens de Troyes
à s'élire un évêque qu'il consacra lui-même.
2e 346-375 :
Optatien ou Obtatin
Optatien,
second évêque de Troyes, succède à saint Amateur vers 343.
Saint Servais
étant à Utrecht a une vision qui lui annonce les intrusions des Barbares (des
Huns) dans le siècle suivant. Il en fait part à plusieurs évêques qui
s’assemblent avec lui à Troyes, en 346, où ils tiennent un concile afin de délibérer sur les moyens
de détourner la colère de Dieu et de prévenir ce fléau. Ils chargent saint
Servais d’aller à Rome au tombeau des saints apôtres pour implorer leur
intercession auprès de Dieu.
Avant de partir,
le Saint charge les évêques d’examiner l’accusation d’hérésie qu’il a intentée
contre Euphratas, évêque de Cologne.
Sur
sa réquisition, ils se rendent en cette ville, où ils tiennent un concile le 12
mai 346, à ce sujet. Euphratas qui s’est lié aux ariens et nie la divinité de
Jésus-Christ, y est déposé et Séverin élu à sa place.
Ce concile est
présidé par saint Maximin, évêque de Trèves. On commence par lire la lettre de
l’église de Cologne et des villes de la Germanie, dénonçant l’apostasie
d’Euphratas ; ensuite, tous les évêques donnent leur avis, à leur tour, et
suivant leur rang. Optatien, Episcopus Tricassiium, est nommé le cinquième.
Baronius le nomme le quatrième.
Pendant
tout le moyen-âge, et jusqu’au XVIe siècle, ces actes souvent cités sont
constamment et universellement regardés comme authentiques, et on les trouve
insérés dans toutes les collections des conciles. L’année suivante se tient le
concile de Sardique, en Illyrie, aux confins des empires de Constant et de
Constance, assemblé par le pape saint Jules, de concert avec les 2 empereurs.
On
y compte 97 évêques, dont 34 évêques des Gaules, et Optatien y est nommé le 17ème.
Il s’y montre fortement attaché au parti
de saint Athanase, c’est-à-dire à la foi catholique, et y signale son zèle pour
la doctrine de l’Eglise.
Trois
objets sont soumis à l’examen du concile : 1) une déclaration de la foi
catholique sur la question posée par l’arianisme, 2) la cause des évêques
chassés de leurs sièges et accusés par les Ariens, 3) les plaintes formées
contre les Ariens eux-mêmes par leurs victimes.
Après un épiscopat glorieux par ses travaux pendant l’espace de plus de
34 ans, Optatien meurt.
3e
375-380 : Léon
"
Entre tous, l’évêque saint Loup occupe une place exceptionnelle, son seul nom suffit
à classer cette Eglise de Troyes dans l’histoire… tout le désigne à
l’admiration, au respect, et fait de lui le plus grand des évêques troyens
", a écrit Mgr Roserot de Melin.
Saint Loup naît
vers 383 à Toul. Parvenu à la plus haute érudition, la renommée de sa brillante
éloquence, le fait connaître à tout le pays.
En 417, il
épouse une bergère, Piméniola. Sept ans après, ils n’ont pas encore d’enfants,
et d’un commun consentement, s’engagent à garder la continence et à vivre comme
frère et sœur.
Il
abandonne son bien aux pauvres, quitte la demeure familiale et se rend auprès
de saint Honorat, abbé du monastère fondé dans l’île de Lérins. Après une année
passée dans une fervente piété, Loup juge sa vocation affermie.
Il regagne Troyes qui vient de perdre son évêque saint Ours. Les Troyens le prient de lui succéder. Ainsi commence en 426 un pastorat remarquable.
Il
crée le monastère de Saint-Martin-ès-Aires, instruit un peuple ignorant,
gouverne son clergé " avec les rênes d’une sainteté attentive ".
" Doté
d’une intelligence vigoureuse, d’une éloquence célèbre, d’une éminente sainteté
", il est envoyé en 429, en mission en Grande Bretagne, afin de purger
l’île de l’hérésie pélagienne. Il calme une forte tempête en s’y rendant, et
est accueilli par la foule, au vu de miracles éclatants : les paralytiques
marchent, les morts sont réanimés, les aveugles voient. Après cette mission, il
regagne Troyes avec une autorité accrue du succès éclatant qui l'a couronnée.
" les Gaules tressaillent d'allégresse à l'annonce de son arrivée ",
dit le biographe de saint germain.
Il
établit à Troyes une école d’où sortent plusieurs disciples qui ont honoré
l’épiscopat.
Mais les Huns
deviennent un grave danger. En 451, Attila franchit le Rhin, brûlant les
villes, et assailli par les Romains, il résiste dans la célèbre bataille des
Champs catalauniques, près de Saint-Mesmin.
Notre
évêque, qui fait également fonction de maire, lui envoie 8 clercs avec des
paroles de paix, pour le prier d’épargner Troyes. Mais un incident est cause de
leur mort : les rayons du soleil frappent les évangiles, et par réverbération,
les yeux d’un cheval qui renverse en le tuant son maître, général d’armée et
parent d’Attila.
Le
roi barbare furieux, ordonne la mort des troyens. Un jeune clerc peut se sauver
et en faire le rapport à son évêque. Saint Loup se présente, vêtu de ses
ornements pontificaux, son clergé marchant processionnellement devant lui.
Attila a peur que le prélat ne soit armé d’une puissance surnaturelle, il est
frappé du discours du pontife, subissant l’ascendant de notre évêque qu’il
devine comme partenaire digne de lui.
Il traverse
notre ville sans dommage, la population n’est pas molestée, et en admiration
pour la vertu de notre évêque, il lui demande de l’accompagner dans sa retraite
jusqu’au Rhin, puis le renvoie à Troyes comblé d’honneurs et se recommandant à
ses prières.
Les miracles
continuent, et saint Loup encourage et protège les premières foires de
Champagne.
Il décède en 479, et est inhumé à
Saint-Martin-ès-Aires.
La postérité le définit d’un mot :
" son amour a sauvé la patrie ".
Les
miracles continuent après sa mort, les mères portent leurs enfants à son
tombeau lorsqu’ils sont malades…
En
574, après le décès de Clotaire 1er, fils de Clovis, ses 3 fils Gontran, Sigebert
et Chilpéric, à la mort de leur frère Caribert, se disputent son héritage. Ils
se retrouvent à Troyes, et y jurent la paix, se promettant amitié, sur le
tombeau de saint Loup. Alors, les Troyens, d’abord effrayés de se voir au
milieu de 3 armées prêtes à combattre, passent de la crainte à la joie la plus
vive, et reçoivent les rois " avec des applaudissements universels !
".
Le
corps de notre évêque, dans ses vêtements pontificaux, miraculeusement conservé
intact, est montré en 1147 " à tout le peuple de la région " , et est
mis dans une magnifique châsse en argent.
En
1515, notre évêque Jacques Raguier expose le chef de saint Loup et le transfère
dans un magnifique vase précieux, décoré d’or et de pierreries, avec des
plaques d’émail de Limoges retraçant la vie du saint (Trésor de la cathédrale).
En 1524, lors du
grand incendie qui détruit une partie de la ville, 3.000 maisons brûlées, 3
églises gravement endommagées, les hospices Saint-Bernard et Saint-Abraham
détruits… le fléau s’arrête près de Saint-Jean, quand des religieux apportent
processionnellement les reliques de saint Loup. De même, en 1430, alors qu’un
incendie consume déjà 80 maisons, les chanoines de Saint-Loup apportent la
châsse de leur saint patron, et les flammes s’abattent aussitôt.
Dans
la malheureuse nuit du 9 au 10 janvier 1794, les révolutionnaires ouvrent la
châsse et jettent les ossements dans un feu allumé à la sacristie de la
cathédrale. Seule, une portion du crâne et 16 émaux sont détournés par deux
employés de l’église.
En
1811, une nouvelle châsse est bénie, et y reçoit les restes du saint.
Saint
Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont-Ferrand (431-486), parle toujours de
saint Loup dans des termes les plus flatteurs. Il l'appelle " le père des
pères, l'évêque des évêques, la règle des moeurs, la colonne des vertus,
l'évêque incomparable, le premier des pontifes de la Gaule... il fait partie de
cette phalange de grands redresseurs de torts, de pourfendeurs d'hérésies,
infatigables prêcheurs, que préoccupent plus que les vicissitudes politiques,
le souci de leurs ouailles et la conversion des païens...".
On
dénombre dans l'Aube, de nombreuses églises dédiées à saint Loup : Blaincourt,
Bouy-Luxembourg, Buxeuil, Chappes, Molins, Saint-Loup de Buffigny et Thuisy.