Le
langage troyen du XVIIIe
Il y a de cela deux siècles, l’historien Pierre Grosley* se penchait sur l’étude
du troyen, un des parles du dialecte champenois, qu’il jugeait déjà en voie de
disparition. Bien avant lui, un savant juif, le Rabbin Rachi, avait également
émaillé ses textes de mots du dialecte.
Au XIXe et tout au long du XXe siècle, des maitres
d’école, des instituteurs, des curés de village, des érudits locaux ont noté
les mots, les phrases qui leur paraissait étranges, patois, voire
argotique ; et chacun s’est plu à dire que ces façons de parler n’étaient
plus que l’apanage es vieux du temps…
Pourtant, malgré les « raisons d’État »
qui firent du français une langue unique et obligatoire, malgré les interdits,
les blâmes, les sévices parfois, prodigués par l’enseignement officiel du début
du siècle, le CHAMPEIGNAT n’est pas totalement disparu et reparait, par bribes,
dans le langage populaire.
Aujourd’hui, le législateur reconnait le droit à
l’existence des parlers régionaux. Les sachant, pour beaucoup moribonds, le
risque n’est pas grand. Mâ, qui qui sait ? Si com eun coquatris, lou
champeignat i fro’m eun cul-berciau et eun pie-d’ney ai ceuss-là qui l’creyot
encrotté ! ?....
LE
PARLER TROYEN
Grosley ne distingue pas la langue écrite et
prononciation orale, ce qui rend ses propos assez souvent confus. Ses
références au latin n’arrangent rien puisqu’on ne le prononçait pas à cette
époque, comme on le prononce aujourd’hui dans une articulation dite
« restituée ». Ce n’est pas la place ici de distinguer langue,
dialecte, patois, parler. Disons simplement ceci :
Primitivement on parlait en Gaule le gaulois,
dialecte celtique.
La langue française est avant tout l’héritière
directe du latin importé en Gaule par les conquérants romains du premier siècle
avant Jésus Christ. Mais, attention ! il s’agit du latin vulgaire ou latin
de la conversation, langue orale fort différente de celle que l’on connait par
les écrivains latins. Ce latin va, peu à peu remplacer le Gaulois (on considère
qu’à la fini du IVe siècle, plus personne ne parlait Gaulois), se transformer
lentement, insensiblement, si bien que,
pour certains, la question « quand a-t-on cessé de parler latin pour
parler français ? » n’a proprement aucun sens, le français n’étant,
comme les autres langues romanes, qu’un dialecte médiéval et moderne du latin.
A partir du Ve siècle, après les invasions des
Germains, le Gallo-roman (latin parlé en Gaule) va se scinder peu à peu en
trois langues : on appelle communément la langue du Nord, Langue d’Oïl,
celle du sud, Langue d’Oc ou Provençal ou Occitan, celle de la région de Lyon
et la Savoie, le Franco-Provençal.
La langue d’Oïl se différenciera en plusieurs dialectes : Picard, Normand, Lorrain, etc… et, évidemment Champenois. Le parler troyen est une variante de ce dialecte champenois.
La
dictée champenoise
Le samedi 25 juin 2005 s’est déroulée la première
dictée champenoise à la Villa Bissinger. Les participants se sont confrontés à l’originalité
du vocabulaire et des expressions champenoises. Les meilleurs dont votre
serviteur, ont été récompensés.