mercredi 11 septembre 2024

Miracles dans l'Aube

 


On vénère, à la fin du IIIe siècle, un puits de source (rue des Filles Dieu), dit de sainte Jule (décapitée par l’empereur Aurélien, à Troyes en 275), dans lequel on puise de l’eau pour la guérison des malades. « C'était une merveille expérimentée ordinairement par ceux qui ont des fièvres, s'aillent à sa chapelle recommander à Dieu par les mérites de sainte Jule, y font leurs prières de grande ferveur d'esprit et avec un saint mouvement de foi et dévotion, boivent de ce puits d'où ils trouvent soulagement et guérison, tant est grande la puissance des saints amis de Dieu vers ceux qui humblement et fidèlement requièrent leur assistance ». 

Puits Sainte Jule - Saint-Martin-es-Vignes
aujourd'hui disparu

Quand la famine sévit sur Paris, en 486, sainte Geneviève, vient chercher des secours à Troyes, et elle y accomplit plusieurs miracles. Par exemple, le fils d’un sous-diacre est guéri après avoir bu l’eau sur laquelle elle a tracé le signe de la croix.

De 479 à 536, Dieu opère de nombreux miracles, lorsque saint Aventin est économe de notre évêque saint Camélien : plus il dépense pour les pauvres et les infirmes, plus les biens croissent entre ses mains. Pour l’éprouver, notre évêque marque un tonneau de vin, et s’aperçoit que ce vin ne diminue pas quand Aventin en fait la distribution. Il donne cette charge à d’autres, et cette fontaine miraculeuse cesse, et le tonneau est bientôt vide.

Au VIIe siècle, Saint-Frobert fait recouvrir la vue à sa mère aveugle. Il guérit aussi ses frères de différents maux (tête, douleurs…). Quand il reçoit des amis, il leur offre du vin, et le tonneau est toujours plein, le Seigneur le remplissant à la mesure de la générosité du saint.

Le prieuré de Saint-Quentin, une de nos plus anciennes abbayes, existait déjà au VIIe siècle. On y venait en pèlerinage pour la guérison de l’hydropisie. On mettait les malades sur l’un des plateaux de la balance, et, sur l’autre, on plaçait en poids égal, de la cire, du chanvre, de la toile… et ces denrées appartenaient au prieuré. En 1490, le pape Innocent VIII interdit ce scandaleux commerce ailleurs qu’à Saint-Quentin en Vermandois, dont les chanoines disaient être les seuls à posséder les reliques de Saint-Quentin, car, s’il ne guérissait pas toujours les malades, il rapportait aux chapitres des prieurés où étaient pesés les hydropiques, de beaux bénéfices.

En 637, sainte Tanche, patronne de l’église de Lhuître, a la tête tranchée par son ravisseur. Par miracle elle se relève, prend sa tête entre ses mains et marche vers Lhuître. De nombreux prodiges ne tardent pas à s’opérer sur le lieu même où a été enseveli son corps : des malades, en passant près de cet endroit, éprouvent un soulagement subit ou une guérison complète. Les miracles se multiplient à tel point qu’on accourt de tous côtés à son tombeau. " Les malades y recouvrent la santé, les aveugles l’usage de la vue, les boiteux s’en retournent valides, les possédés sont délivrés, et tous les maux y trouvent un remède prompt et infaillible "

Sainte Tanche - église de Lhuître

Sainte Maure, patronne des lavandières car elle fabriquait les ornements sacrés et les maintenait en bon état, lors de son décès en 850, est lavée, l’eau est changée en lait, et ceux qui en boivent sont guéris de la fièvre : " Léonce, le fils de Damone but abondamment de ce lait et fut guéri de sa fièvre… en touchant le saint cilice, Thécie fut libérée d’une tache au visage contractée dès le sein maternel et qui la rendait désagréable à son mari… à l’heure même du départ de la sainte vierge, le moine Veranus qui avait depuis longtemps perdu l’odorat, sentit dans le monastère de Léon la même suave odeur que sentaient ceux qui étaient proches du saint corps… " Son tombeau fut honoré par les fidèles et il y eut d’innombrables miracles qui se produisirent.

Vers 990, beaucoup de personnes " tordues et brûlées incroyablement par la chaleur des fièvres viennent souvent vers saint Aderald et repartent bien vite chez elles, apaisées par lui ".

Du 9e au 19e siècle, sainte Mâthie, patronne de la ville de Troyes, est très honorée. En 275, servante d’un boulanger près de l’église Saint Nizier, elle distribue aux pauvres du pain en abondance, sans que le boulanger s’en aperçoive, car la quantité est toujours la même. En 974, l’évêque Milon trouve dans la cathédrale son sarcophage, il l’ouvre, et voit le corps comme s’il venait d’être mis au tombeau la veille. La nouvelle connue, une foule immense accourt pour voir le prodige, et commence un véritable culte voué à la vierge troyenne. La châsse est mise sur un autel, et les miracles sont quotidiens. Les pèlerins affluent jusqu’au XIXe siècle.


Ste Mâthie - Cathédrale st Pierre et st Paul de Troyes


J’ai trouvé le récit de plus de 12 miracles se passant pendant la semaine Pascale de l’an 1007 :

- une pauvre femme de Tonnerre, " ayant un bras sec et entendant que les malades étaient guéris aux reliques de la sainte, vint en la ville de Troyes, fit ses dévotions de bon cœur et pleine de foi, se mettant sous la châsse, frappa sa poitrine de la main dont elle s’aidait, invoquant avec larmes le secours de Dieu, car son autre main était sèche, le bras avide et sans aucune vigueur naturelle, les doigts pressés dans la paume et son poing étant collé à son estomac, elle invoqua le nom de sainte Mâtie plusieurs fois, et soudain l’humeur mêlée de chaleur se mit en son bras ; son poing se desserra de son estomac, et les doigts de la paume de sa main ; et elle fut guérie ".

- le même jour, à 9 heures, venant de Sens, les parents d’un enfant de 3 ans, si faible qu’il ne pouvait se tenir debout et cheminait à 4 pattes, comme une bête, ne pouvant même pas lever son visage vers le ciel, implorèrent notre vierge, en l’église Saint Remy. " Bientôt, le petit enfant sentit l’assistance de Dieu, fut guéri, et se dressant sur ses pieds, il marcha ! ".

- un père, ayant son fils aveugle, s’en alla dévotement à une procession à la cathédrale, et se recueillit devant la châsse de sainte Mâtie. " Sa prière pas plutôt faite, par la bénignité et l’intercession de la sainte, l’enfant fut réparé ! ".

- 8 jours plus tard, les chanoines chantaient matines, quand un cri perçant retentit dans la cathédrale. Une femme " ses nerfs tirés ne lui permettant pas de marcher sur ses pieds, se traînant sur les genoux, soutenant son corps avec ses mains, avait passé la nuit entière en supplication auprès de la châsse de notre vierge ". Le cri qu’elle avait poussé, lui avait été arraché par la douleur, signe de sa guérison. Ses membres avaient repris leur place naturelle, elle se leva et marcha sans difficulté.

 - il y eut encore la guérison d’une femme qui avait " une si cruelle rétractation de nerfs, que ses jambes étaient collées contre les cuisses, et qui se traînait le mieux qu’elle pouvait sur ses genoux, aidée avec ses mains, dans lesquelles elle tenait de petits sabots ".

- et aussi le cas d’un homme paralytique " à la porte de l’église, courbé comme un arc, sa main gauche sèche, sans vigueur naturelle, véritable cadavre, propre à mettre dans le tombeau ". Sur son insistance, des bras généreux le portèrent jusqu’au tombeau de Mâtie, et le firent passer 2 fois en dessous. " Là, son corps paralytique se trouva en une nouvelle santé, tellement que fort aise, il se mit à marcher ! ".

- récit d’une sourde, puis d’une aveugle venue de très loin, d’un petit enfant de 7 ans contraint de marcher à quatre pattes, d’un jeune homme ayant la main droite " sèche, ses doigts retirés en la paume ", puis deux petites filles aveugles, un jeune homme venu de Langres et bien d’autres encore.

Tous ces prodiges, effectués en si peu de temps, eurent un grand retentissement à Troyes et dans les villages environnants. La foule se précipita en longs cortèges d’éclopés pour honorer le tombeau de la sainte, afin d’y chercher l’apaisement de leurs maux, et les miracles se firent de jour en jour plus nombreux.

On cite encore le cas d’un homme natif de Toul, qui était " si raccourci d’une partie de son corps, qu’il ne pouvait s’en servir, et faisait pitié à tout le monde qui le voyait. Il avait aussi la jambe si courte qu’il n’en tirait aucun service, contraint de se servir d’une jambe de bois. Il se recommanda à notre sainte, passa une partie de la journée à la cathédrale en oraison, et, après ses soupirs, Dieu l’exauça. Couché devant l’autel de sainte Mâtie, il se sentit réparé à la santé, et se leva aussi sain et gaillard, comme s’il n’avait jamais été incommodé ! ... ...".

En 1606, notre évêque René de Breslay fait ouvrir la châsse et trouve le corps intact, la tête étant séparée du tronc, ce qui accrédite la thèse du martyre. Il y a été incité par un miracle survenu le jour de la fête et dûment constaté : un clerc de la collégiale Saint Etienne, nommé Nicolas Bernaudat, paralysé de tous les membres depuis 4 mois, et reconnu paralytique par les médecins, apothicaires et chirurgiens, est subitement guéri en touchant le tombeau de sainte Mâtie.

Un enfant de chœur, nommé Nicolas Bernaudat, déclaré paralytique par les médecins, apothicaires et chirurgiens, est " divinement guéri de son mal par sainte Mâtie ".

En 1413, Louise Léger vient au pèlerinage, avec " un catharre à la jambe et au pied senestre, qui l’avait rendue si courbée qu’elle ne pouvait étendre le pied ", présente sa jambe gauche " toute enflammée, et que les médecins veulent couper ". Elle est guérie dans la nuit..

En 1414, Edmer Le Clerq et Françoise Patrois repartent sans leurs béquilles...

En 1630, Louis XIII et Anne d’Autriche viennent prier Ste Mathie, et la reine demande une relique.

 En 1724, une bénédictine de Notre-Dame aux Nonnains, Madeleine de Mesgrigny, âgée de 35 ans, avait été paralysée pendant plusieurs mois : elle est guérie à la suite d’une neuvaine faite pour elle à sainte Mâtie.

En 1730, cette religieuse retombe malade, et perd l’usage de la parole et de la vue. Une neuvaine au diacre Pâris, lui fait retrouver la vue, la parole et l’usage de ses membres, prodige non expliqué par les médecins.

 En 1794, les révolutionnaires brûlent les reliques à l’exception d’une parcelle de sa tête, 2 dents et 1 os de ses pieds.

Notre ermite Jean de Gand, annonce en 1422 au dauphin Charles qu’il aura une descendance masculine et que le premier de ses enfants sera son successeur malgré les anglais et quelques princes de France. Un an après, naît le futur Louis XI. Le bienheureux est enterré dans l’église des Jacobins. Louis XI l’invoque à l’occasion d’une maladie. Guéri, en 1482, il donne au couvent une rente de 500 livres, un drap d’or lors de son exhumation et fait le voyage à Rome pour obtenir sa canonisation. " Sur sa tombe en l’église des Jacobins, il y eut plusieurs beaux miracles sur tous genres de malades ".

Lors du terrible incendie qui ravagea Troyes en 1524, ce n’est que le 3ème jour avec la procession des reliques de saint Loup, de sainte Hélène et de sainte Hoïlde que s’arrête enfin le fléau qui a détruit 3.000 maisons.

" Un pauvre tout perclus par son mal, se fait transporter au tombeau de sainte Hoïlde et est instantanément guéri. Une femme qui est saisie d’une grosse enflure, fièvre continue, un gros apostème qu’elle a au gosier qui la suffoque, abandonnée par les médecins et attendant sa mort prochaine, fait vœu d’aller honorer la sainte. Le même jour elle vomit grande abondance d’ordures de son apostème qui s’épura et aussitôt, elle rendit grâce à la sainte ".

Troyes a une Belle-Croix élevée place de l’Hôtel de Ville. En 1497, sa réputation de miracles se répand, et les pèlerins affluent en si grand nombre pour demander guérison, que l’on ne peut plus circuler sur la place. Le 9 juin 1500, le lieutenant-général et l’avocat du roi rencontrent le maire et font des remontrances en raison de " la grande affluence du peuple qui se tient surtout depuis trois semaines autour de la Belle-Croix, de jour et de nuit, pour avoir santé et guérison, et est en si grand nombre que l’on ne peut passer ni circuler sur la place. Cette assistance y fait ses ordures et immondices, tellement qu’il s’y engendre si grande punaisie et infection qu’on n’y peut plus durer ; plusieurs filles et femmes sont en danger d’y être déflorées, perdues et gâtées ; divers vols ont été commis, de grands inconvénients surviennent par mauvais garçons, qui, nuitamment, hantent et fréquentent la place de la Belle-Croix… ". Dans le cours de l’été 1561, on raconte qu’à la Belle-Croix, pendant trois semaines, il y a de grands miracles. Souvent l’eau suinte à grosses gouttes, de telle manière qu’elle peut être recueillie, et grâce à elle, des boiteux, des fiévreux sont guéris, des sourds entendent, des muets parlent, des aveugles recouvrent la vue…

 Saint Gengoult, patron des maris trompés, est prié dans plusieurs communes de l’Aube. Lors de sa fête, se fait un pèlerinage où les pèlerins font provision d’eau de la fontaine qui guérit les fièvres et les maux d’yeux des enfants. Les mères trempent leurs enfants dans la fontaine pour les prévenir des fièvres. A Chassericourt, la fontaine de Saint Gengoult est pétrifiante et guérissait les maladies de la peau (eczéma, écrouelles).

Le dernier pèlerinage de l’Aube où il y a encore de l’eau, est celui Notre-Dame-du-Chêne, près de Bar-sur-Seine.

Une ancienne croyance troyenne dit que l’eau puisée le jour de la Saint-Jean, entre minuit et le lever du soleil, est considérée comme guérissant toutes les maladies.

De nombreux souvenirs attestent du culte ancien rendu à l'eau pure de nos sources auboises. Ce sont de belles histoires qui disent comment la source est née et le pourquoi des bienfaits que lui attribuent les fidèles, ainsi que les vertus miraculeuses de certains puits, par les mérites de martyrs dont le corps y a été précipité, comme saint Balsème à Arcis.

Les sources auboises guérissaient la fièvre à Dierrey, Dosches ou St-Jean-de-Bossenay. On soignait son estomac à Colombé, se débarrassait de ses coliques à Montreuil et Valmlant-St-Georges, on calmait ses maux de dents à Fontenay-de-Bossery, tempérait son foie à Bar-sur-Seine, débloquait ses reins à Rilly-Ste-Syre et Montceaux. Les rhumatisants allaient à Bar-sur-Seine ou Cunfin, les nerveux à Brienne ou Pel-et-Der. Qui craignait le choléra ou la peste, s'adressait à saint-Jean de Brienne. L'enflure trouvait remède à Neuville-sur-Vanne ou à Nozay. Saint Clair de Vaudes et de Loussey, sainte Anne à Cunfin, sainte Reine à Isle-Aumont, saint Quentin à Nozay, conservaient ou redonnaient la vue. La fontaine de la Creuse guérissait l'impétigo, celle de saint Eutrope, les personnes souffrant d'hydropisie.

Autrefois, à Rumilly-les-Vaudes, les jeunes gens se rendaient volontiers vers une chapelle entourée d’arbres qui abritait une statue connue sous le nom de " la Sainte de Chaussepierre ", laquelle est devenue ensuite, d’une façon plus concrète " Sainte Geneviève ". Ils déposaient des épingles aux pieds de la statue puis allaient boire l’eau de la source. Cela leur donnait l’assurance de se marier dans l’année. Les mamans également venaient déposer sur les ondes de la fontaine les langes de leurs jeunes enfants. Selon que ces linges surnageaient ou s’enfonçaient dans l’eau, elles en tiraient des présages bons ou mauvais pour la santé de leurs enfants. Enfin, le clergé et les fidèles s’y dirigeaient en procession, car les eaux étaient réputées pour guérir la fièvre.

      

Ste Mâthie 


Sainte Tanche

 

Sainte Tanche - bois XVIe s. 
église de Lhuître (Aube-10)


A l’époque où Mahomet poursuit son but d’unité nationale et religieuse, bon nombre de chrétiens orientaux quittent Antioche et Jérusalem pour se soustraire à la domination des fanatiques, et émigrent vers l’Occident.

C’est ainsi qu’après de longues pérégrinations à travers l’Europe, une famille d’exilés vient s’établir dans l’Aube : Simplice, Léonice et leur fille Tanche.

Cette dernière " avait la beauté de Rachel et de Rébecca et avait été accoutumée au travail des mains. Pieuse, modeste, charitable, elle était la joie de ses parents et l’édification de la contrée. " Dès l’âge de 16 ans, elle fait vœu de se consacrer au service du Seigneur.

Le 10 octobre 637, jour de la dédicace de l’église d’Arcis-sur-Aube, les parents de Tanche se rendent chez le parrain de leur fille. Sa filleule n’étant pas avec eux, il s’en plaint et envoie un de ses serviteurs pour chercher celle " qui devait être l’ornement et l’édification de la fête ".

Tanche se confie au messager qui lui est dépêché. Mais ce dernier " est possédé de pensées toutes différentes, et pressé par d’audacieux désirs ". Il parle d’amour, et se livre à une peinture séduisante de ce penchant. La Vierge répond avec une sagesse qui en impose au traître. Il fait semblant de céder et d’abandonner son projet. Mais, arrivé dans un lieu désert, il arrête la monture de Tanche et menace la jeune fille de la mort si elle ne consent pas à ses infâmes desseins. L’infortunée, ne voyant personne dans la campagne qui puisse lui venir en aide, se recommande au Ciel. Tanche s’élance pour échapper à son agresseur. Il y a lutte, mais malgré son courage, elle est vite épuisée, et le sang coule de plusieurs blessures. Son ennemi achève la lutte en tranchant la tête de l’innocente victime avec son épée, puis disparaît.

Ensuite, toutes les légendes nous donnent la même version : " quant à la Vierge martyre, elle est glorifiée par le Seigneur. Elle se relève, prend sa tête entre ses mains et se met en marche vers Lhuître. Arrivée près d’un buisson d’aubépines, elle s’arrête, dépose son précieux fardeau, et rend à Dieu sa belle âme, tandis que sa tombe se creuse, en faisant croître un massif de ronces et d’aubépines, pour la défendre contre toute profanation ".

De nombreux prodiges ne tardent pas à s’opérer sur ce lieu : des malades, en passant éprouvent un soulagement subit ou une guérison complète.

Un pieux habitant d’Arcis-sur-Aube reçoit par révélation divine, l’ordre d’aller découvrir les restes de la Sainte. Avec le prêtre de sa paroisse, il se met en route sur un chariot traîné par deux  bœufs, se laissant guider par les animaux qui vont droit au buisson et s’y arrêtent. Ils découvrent à peu de profondeur le corps de la jeune fille conservé " pur et vermeil " ayant la tête séparée du tronc. Remplis de joie à la vue de ces reliques vénérées, ils les placent sur le chariot et reprennent le chemin d’Arcis. Mais, arrivés devant l’église de Lhuître, les bœufs refusent d’aller plus loin. La nuit commençant à venir, les deux conducteurs tombent dans un profond sommeil. Le lendemain, à leur réveil, ils s’aperçoivent que l’aiguillon qu’ils ont fiché en terre, s’est pendant la nuit, couvert de rameaux. Ce signal est celui donné d’en haut, pour l’inhumation en cet endroit des dépouilles de la Sainte.

Les reliques sont déposées dans ce sanctuaire, où elles seront vénérées pendant des siècles. L’arbre miraculeux devient un bel orme. Les miracles se multiplient, et on accourt de tous côtés : les malades y recouvrent la santé, les aveugles l’usage de la vue, les boiteux s’en retournent valides…

Deux chapelles sont élevées en l’honneur de la vierge de Lhuître.

Vers 1440, les habitants de Ramerupt, jaloux de la réputation de sainte Tanche, et de l’affluence considérable de pèlerins qu’elle attire à Lhuître, font courir le bruit qu’ils ont découvert dans leur église, derrière le maître autel, le véritable corps de la Sainte, avec une pierre creuse, tachée de son sang. L’évêque de Troyes, Jean Léguisé est obligé de venir sur les lieux reconnaître solennellement la présence des reliques authentiques de sainte Tanche à la chapelle de Lhuître, ce qui est confirmé par une bulle du pape Nicolas V, donnée par Rome en 1442.

Avant la Révolution, les reliques de sainte Tanche sont transportées à Troyes, et la Tête de la Vierge, richement enchâssée dans un reliquaire d’argent, est conservée dans l’abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains.

En 1793, alors que l’on brûle plusieurs reliques, le chef de notre Vierge, destiné à subir le même sort, est sauvé par une pieuse femme native de Lhuître, et sœur du sacristain. Quelques temps après, la précieuse épave est restituée à l’église de Lhuître, avec un " authentique ", délivré par l’évêque Sibille.

En 1797, la chapelle de Sainte Tanche aliénée et déclarée propriété nationale, est vendue par l’administration départementale à la commune, et démolie en 1808.

Une modeste chapelle est construite en 1812. Le puits d’époque est conservé.

En 1840, l’évêque de Troyes Mgr Séguin des Hons consacre l’authenticité de ces reliques.

En 1846, on érige à l’Orme-de-la-Pierre, sur le lieu même où la tradition place le martyre de la Sainte, une croix de pierre avec une petite statue de la patronne de Lhuître, dues à la munificence d’un habitant de la commune.

Après toutes ces vicissitudes, le chef de sainte Tanche est religieusement conservé à l’église de Lhuître, dans une modeste châsse que l’on expose aux principales solennités de l’Eglise.

On peut voir sa statue à St-Julien, Grandville, Montfey et Vaupoisson. Un bois peint dans l’église de Lhuître la représente portant sa tête. Elle figure aussi sur des vitraux à St-Nizier, Grandville, Pars-les-Chavanges.

Sa fête se célèbre le 10 octobre.

 

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