Sculpture urbaine en Verre à Élévation, bleus nymphéas
Jean-François Lemaire habille la place de la Tour à
Troyes
Une grande sculpture verrière est installée place de la Tour, dans une fontaine à bassin carré. Cette pièce de 500 kg de verre, à la structure d’acier portant 20 panneaux de verre laissant jouer la lumière et surmontée d’une flèche cristalline, représente un véritable défi.
Avec la
collaboration de Didier Duchêne, Compagnon du Devoir et dirigeant de la
métallerie CMD² à Estissac (10), Jean-François Lemaire, artiste verrier, a ainsi
réalisé ce qui est sans doute, en France, la première sculpture d’art urbain
verrier de grande taille. Cette œuvre, qui exprime plusieurs thèmes avec le
vocabulaire de l’art contemporain, est une commande de la Ville de Troyes. Les
thèmes que l’artiste et la Ville avaient convenu de développer dès le printemps
2018 sont en lien avec l’histoire, l’eau et la couleur bleue. Est aussi à la
source du projet un hommage au peintre Claude Monet, qui a si souvent peint les
reflets de la lumière sur les fleuves, étangs et rivières.
« Cette porte du vieux château des Comtes, place de la Tour, fut rasée en 1865. « On a récolté quelques toises de moellons en sacrifiant le seul souvenir monumental du XIe siècle qui fût à Troyes. Bien, entendu, la démolition des fortifications devenues absolument inutiles, s’imposait comme une mesure essentielle de progrès et d’assainissement. Les regrets exprimés ne s’appliquent exclusivement qu’aux parties de l’enceinte offrant un intérêt archéologique ou un mérite architectural. »
La Place de la Tour se trouvait aussi à proximité de plusieurs voies d’eau, équipées de moulins hydrauliques. En effet, avec l’omniprésence de l’eau dans et autour de la ville, dès le Moyen âge, ces installations se sont multipliées et ont pris pendant des siècles une grande importance dans son économie.
Une richesse née de l’eau ; Jean-François Lemaire en a fait un thème majeur de sa création. Comme l’eau de la Seine, des rus et des biefs, les panneaux de verre expriment des profondeurs, des opacités et des reflets, les mouvements de la vie aquatique et les frissons du vent à la surface. C’est un peu comme si l’on avait prélevé des « tranches » d’eau et qu’un geste féerique les avait immobilisées et installées sur les branches de métal, pour une nouvelle vie.
De même, on peut considérer la structure d’acier de
l’œuvre comme l’arbre à cames d’un moulin poétique, dont nous actionnerions la
roue en tournant autour de la fontaine, sur un chemin d’eau imaginaire. Si ce
chemin est horizontal, le mouvement transmis, lui, est vertical et c’est tout
le propos d’Élévation, bleus nymphéas, qui incite à grandir, à se tourner vers
le savoir mais aussi vers l’impression, les nuages, le bleu du ciel capté dans
les panneaux et dans la flèche de pure transparence qui couronne l’ensemble.
La sculpture de la Place de la Tour nous parle aussi
de la transmission par le livre, dont l’importance historique nous mène, de
Rachi, Bernard de Clairvaux ou Chrétien de Troyes, au fonds inestimable de la
Médiathèque de l’agglomération. Ce fonds comporte d’ailleurs de nombreux
exemplaires de la célèbre Bibliothèque bleue de Troyes (XVIIe et XVIIIe
siècles), collection de romans populaires et almanachs diffusés par colportage
dans toute la France.
Les contenus des panneaux se révèlent, eux aussi, à
qui le souhaite, au gré des variations de la lumière, ciel gris, ciel clair,
éclairage nocturne. Ce qui le matin semble hostile et silencieux s’animera le
midi, au plein soleil, révélant des mondes insoupçonnés de couleurs et de
voiles. Ainsi la compréhension se fait jour lorsque nous lisons et apprenons :
ce qui jusqu’alors nous échappait devient clair tout à coup. Pages de verre,
pages de livres, ici, l’élévation s’installe par le jeu, par l’impression et
surtout par la fréquentation, car il faut du temps pour « actionner la roue »
et se laisser interroger, altérer, convaincre par les mille et un signes que
l’œuvre nous propose.
Monet et les « Bleus nymphéas »
Claude Monet, immense artiste peignait à la croisée
de ce que les yeux voient vraiment et de ce que le cœur peut ressentir. Matin,
midi, soir… Cathédrale, moulin, étang ou douce corolle, ce qui lui importait,
c’était de capter le temps, les reflets changeants de la lumière sur la pierre,
l’eau ou la fleur. Le bleu des nymphéas était alors celui des météores dans le
miroir de Giverny, marié avec les souvenirs et les sentiments du créateur.
Monet a donc ouvert à tous les artistes la voie de l’écoute et de l’expression
de leurs propres perceptions, pour transmettre, au-delà de la forme, des
émotions rares et subtiles.
à propos de l'artiste :
Formation
Baccalauréat
scientifique
Formation
continue à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de DIJON
Travail
des résines et moulages élastomères, construction de décors de spectacles
Travail
des métaux (soudage, oxycoupage, traitement des surfaces)
Fonte
de Bronze à la cire perdue
Pâte
de Verre et travail du verre à froid et à chaud
Autre
Finaliste
Fondation Bettencourt-Schueller concours "Talents d'exception", 2020
et 2021
Finaliste
Concours Festival International Métiers d'Art, BACCARAT (54), 2019