Rumilly est un village situé entre Troyes et Bar-sur-Seine, à 3 km de la rive gauche du fleuve, traversé par la rivière Hozain, avec trois atouts majeurs : un antique manoir, une magnifique église du XVIème siècle et une forêt de plus de 2000 ha, domaniale dans sa plus grande partie. (voir blason de Rumilly )
Il y a bien longtemps, bien plus loin que de mémoire d’homme, plusieurs millions d’années avant notre ère, les eaux de la mer occupaient l’emplacement du village. Tout au fond de l’eau se sont accumulées des argiles brunâtres, grises ou bleues, souvent rougeâtres, parfois blanchâtres. Elles ne se retirèrent que pour laisser place à un fleuve d’environ 3 km de large, de Rumilly jusqu’à Chappes, véhiculant des sables, des graviers qui, eux aussi se déposèrent en couches, alternant avec les bancs de glaise ou s’amalgamant avec elle.
Les nombreux «trous» qui, en forêt, retiennent l’eau quand il pleut, rappellent qu’en ces endroits, nos ancêtres ont cherché la pierre pour construire leurs habitations. Dans l’argile, des milliers de minuscules coquillages, sortes de très petits mollusques, se sont agglomérés en une pierre dure, la lumachelle, bleue quand elle est fraîchement cassée mais qui brunit à l’air. Elle a servi, avec le bois, à la construction des maisons anciennes.
Les murs du manoir des Tourelles et ceux de l’église Saint-Martin sont ainsi maçonnés de lumachelle. Le sous-sol du village date en grande partie de cette époque que les géologues appellent le néocomien, bas étage du crétacé qui, lui-même est la dernière période de l’ère secondaire, celle pendant laquelle vivaient ces huîtres énormes appelées exogyres.
M. Dart a retrouvé la trace de
nos premiers ancêtres, à la limite entre Rumilly et Jully, près de l’étang de
la ferme Saint-Jacques. Il a recueilli quantité de pierres finement taillées
que les spécialistes datent du chalcolithique : fers de lance, racloirs... qui
sont déposés au musée de Troyes, ainsi que divers coups de poing et une massue
percée d’un trou pour un manche. Qui étaient-ils, ceux-là de nos très anciens
aïeux ? Quels pigments coloraient leur épiderme ? Leurs lèvres étaient-elles épaisses,
leurs yeux en amande ? Comment vivaient-ils ?
Était-il parmi eux, celui qui a égaré non loin de la
Place du Turot, une pierre polie, noire, et percée d’un trou, vraisemblablement
une amulette ou bien la pièce d’un collier?
A la lisière de la forêt se sont groupées les huttes
de nos ancêtres qui, avec le bois; disposaient ainsi de la possibilité de construire.
Ils avaient aussi l’assurance de toujours pouvoir entretenir le feu qui
permettait de lutter contre le froid et la peur. Sous les hautes forêts, ils
pouvaient chasser et aussi mener paître porcs et chèvres. A l’orée du bois
quelques champs étaient probablement ensemencés. On commençait à cuire l’argile.
En témoigne la coupelle découverte à la jonction de la Voie aux Ânes et de la
Route de Chaource.
Les Gaulois (ou Celtes) connaissaient les arbres, spécialement les chênes, sur lesquels croît le gui, la plante bénie, la plante salvatrice. Il existe encore, de nos jours, des chênes à gui en forêt de Rumilly. C’est l’époque où naît le christianisme. Au début du troisième siècle, saint Potentin, saint Savinien, saint Parre évangélisent notre région.
De ces temps, Rumilly conserve le nom de son église. Saint Martin y est présent. En soldat romain sur son cheval : deux statues sur la façade ouest, et peint sur un vitrail du chœur, évêque de Tours, revêtu de ses habits sacerdotaux, à droite, au-dessus du retable.