mercredi 3 avril 2024

Etudes théologiques et religieuses

 

ÉTUDES THÉOLOGIQUES ET RELIGIEUSES

LA RENAISSANCE DISSIDENTE



L’étude des courants de la théologie par l’art de la Renaissance nous montre la vigueur et l’originalité des messages dissidents du XVe et du XVIe siècle. Herbert Stein-Schneider brosse ici une large fresque de l’époque et de sa spiritualité dissidente, héritée du Moyen Age. Cette présentation servira d’introduction à son analyse hérésiologique du Retable d’Issenheim.

Il est fort regrettable que si peu de théologiens soient aussi historiens de l’art. Il est tout aussi regrettable que si peu d’historiens de l’art soient aussi théologiens. Mais il est plus regrettable encore que si peu de théologiens et d’historiens de l’art aient utilisé, dans leur analyse des œuvres d’art du XVe et du XVIe siècle, la science de l’hérésiologie, qui est l’étude de la dissidence religieuse du Moyen Age et de la Renaissance.

Car cette époque était dominée, plus qu’aucune autre de notre histoire de l’art, par des questions théologiques, par des problèmes religieux et par des dissidences spirituelles. Le monde de cette époque s’exprimait essentiellement en termes théologiques, mais il n’était pas toujours d’accord avec la manière dont l’Eglise administrait un monde de plus en plus ouvert aux idées réformatrices. Il est vrai que relative¬ ment peu de documents de ces dissidences nous sont parvenus. Mais une des preuves les plus sûres de leur impact considérable reste le travail acharné de l’Inquisition, qui cherchait à anéantir, systématique¬ ment, les documents dissidents en même temps que leurs auteurs.

Toutefois, vers la fin du XVe siècle, l’efficacité de l'Inquisition diminue. Les délations qui lui fournissent ses victimes se font moins nombreuses. Ses activités ne sont plus soutenues par toutes les couches de la population. Les municipalités se voient menacées par l’élimination de leur élite intellectuelle et commerciale. La population des Flandres, où l’Inquisition est arrivée seulement dans les fourgons des Habsbourg en 1477, y voit une machination politique d’un occupant mal venu. Un peu partout aussi l’opposition, pendant longtemps clandestine et souterraine, relève la tête. Les grandes revendications, présentées par des prédicateurs qui demandent une réforme, se répandent rapidement grâce à l’imprimerie bon marché. Le sort, souvent tragique, de ces hommes qui représentent la conscience collective, est suivi et discuté âprement partout en Europe. Savonarole est, parmi eux, le plus connu. La mort mystérieuse du jeune Pic de La Mirandole, sauvé du bûcher seulement par une intervention des Medici, ne demeure pas inaperçue.

Quand Martin Luther rompt avec l’Eglise en 1520, en brûlant la bulle qui énumère ses erreurs, les vagues de la dissidence, si longtemps retenues, déferlent. Les couvents se vident, des villes entières se joignent à la Réforme. Il ne s’agit pas, ici, d’une conversion subite et soudaine. L’opposition gronde depuis fort longtemps. La résistance courageuse de Luther et l’appui que lui accordent les princes sont seulement l’étincelle qui met le feu aux poudres. La Révolte des Paysans de 1525, que Luther désavoue pour des raisons politiques, force la main à de nombreux dissidents. Leur prise de position contre les seigneurs ecclésiastiques devient un signe distinctif de leur révolte contre une Eglise établie impliquée dans la vie politique. Le peintre Grünewald est un de ceux qui prennent parti contre l’Eglise de Rome.

L’exemple florentin

La ville de Florence a montré la route de la dissidence organisée depuis bien longtemps déjà. En fait, depuis la Révolte des Patarins en 1073. Mais la Renaissance, avec sa glasnost de la pensée et de la réflexion théologique, en fait le centre le plus important d’Europe. Ficino, le grand ami de Lorenzo de Medici, découvre Platon et cherche la congruence entre la pensée du grand Athénien et celle du grand Galiléen. Ses ennemis sont les conservateurs, dont fait partie la propre femme de Lorenzo, qui est une Orsini de Rome. Elle y voit une conjuration païenne. Pic de La Mirandole investit les millions gagnés par la Condotta dans la recherche théologique. Savonarole, en sa révolte spiritualiste, prêche la destruction des richesses trop visibles, des jeux et des instruments de musique, la fin de la pollution de l’Eglise et un gouvernement démocratique pour la ville de Florence.

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