dimanche 12 mai 2024

Église Saint Martin de Laon (02)

 

Église Saint Martin de Laon ancienne abbatiale

archives de 1900

La fondation de Saint-Martin de Laon

En 1115, Norbert de Xanten, chanoine chapelain à la cour du Saint-Empire romain germanique, décide d’abandonner sa vie aristocratique et mondaine pour se consacrer à une existence pauvre et à la prédication de l’Evangile. La même année, Bernard de Fontaine entre à Clairvaux.

Il existait à Laon, depuis fort longtemps, une collégiale dédiée à Saint Martin, dont les chanoines n’acceptèrent pas les tentatives de réforme voulue par l’évêque Barthélémy vers 1117. Ce dernier confie en 1120 à Norbert, de passage dans son diocèse, la réforme du chapitre de la collégiale de Saint-Martin de Laon. Nouvel échec.

L’évêque Barthélémy installe Norbert dans son diocèse, au lieu-dit "pré-montré", en forêt de Saint-Gobain. La charte de fondation de cette communauté monastique date de 1120. Les religieux adoptent à Noël 1121 une règle inspirée de celle de saint Augustin. Avec de multiples fondations à travers toute l’Europe, un nouvel ordre allait naître, celui des chanoines réguliers de Prémontré.

A l'instigation de l'évêque Barthélémy, Norbert installe en 1124 douze prémontrés à Saint-Martin, après expulsion des chanoines. Gautier de Saint-Maurice, compagnon de Norbert, en est le premier abbé. Il deviendra évêque de Laon entre 1151 et 1155.

Dans le plus grand dénuement au début, l'abbaye est rapidement et suffisamment dotée pour devenir dès la moitié du siècle une des plus riches du diocèse. De passage à Saint-Martin en 1131, le pape Innocent II confirme les privilèges de l’abbaye. En 1137, le monastère compte 500 religieux et religieuses que l’on sépare alors. L’abbaye Saint-Martin est considérée comme le 2ème en dignité dans l'ordre de Prémontré. Elle connaît une grande prospérité, un rayonnement intense (avec plus de 150 fondations en Europe). L’italien Albert de Mora, prémontré à Saint-Martin, est élu pape en 1187 et le reste 57 jours sous le nom de Grégoire VIII (édicte 13 privilèges en faveur de l'ordre).


L'église

archives de 1840

La construction de l’abbatiale est probablement entreprise par l’abbé Garin, successeur de Gautier à partir de 1155. Bien que d’un style très différent, voire opposé, elle est absolument contemporaine de la cathédrale. Elle présente dans son ensemble un grand intérêt stylistique : bien conservée, elle témoigne de l’aspect qu’avaient les premières églises prémontrées en France.

Les flancs sont ceux d’une église romane, avec des fenêtres simples, une corniche avec un cordon mouluré (trous cubiques), des modillons avec masques. Les arcs-boutants furent installés lors du voûtement de la nef. Curieusement situées aux angles occidentaux du transept et de la nef, les tours d'inspiration rhénane conservent un aspect roman (h : 35m).


Façade

La façade occidentale est refaite – ou simplement faite – vers 1270/1280, peut-être au début du 14ème s. Le décor, remplages, moulures et sculptures (frises, reliefs et gargouilles) est conforme à cette période. Cette partie de l’église, aujourd’hui paroissiale, fut restaurée après les dégâts causés par les deux guerres mondiales.

Saint Martin sur son cheval, donne son manteau à un pauvre

La façade est rythmée par 4 contre-forts dont la verticalité est accentuée par les arcs-boutant latéraux et les deux clochetons qui la surmontent (créées par l’architecte Brunet en 1929). Les 3 portails reflètent la disposition intérieure.

- tympan sud : décollation de saint Jean Baptiste.

- portail central : 2 anges, 1 diacre (saint Laurent ?), 1 évêque (Augustin, Martin, Norbert ?) ; belles statues qui ne sont pas à leur emplacement d'origine et qui ne proviennent probablement pas de Saint-Martin ; le pilier central absent (statue de la Vierge ?) ; au tympan, réseau plaqué d'influence champenoise.

- tympan nord : martyr de saint Laurent sur son grill devant l’empereur Valérien.


Les pentures des portes ainsi que les traces de peintures sont d'origine.

Saint Martin de Tours

 

Église Saint Martin de Laon


Saint Martin de Tours

Le courage d’un cœur pacifique

Martin est célèbre dans toute la chrétienté européenne pour avoir partagé son manteau d’officier avec un pauvre, un soir d’hiver. Hongrois d’origine, soldat de l’empire romain par obéissance à son père, il est courageux mais avant tout disciple du Christ. Objecteur de conscience avant la lettre, il se porte comme bouclier humain volontaire face à l’adversaire menaçant : sans raison naturelle, l’armée ennemie tourne casaque et fuit le combat ! Martin quitte l’armée, devient ermite. Bientôt de nombreux disciples le rejoignent à Ligugé : ce sera la première communauté monastique en Gaule. Mais le peuple le réclame pour guide ! Proclamé évêque malgré lui, Martin deviendra le grand évangélisateur des campagnes gauloises.

Biographie de saint Martin de Tours

Ce que l’on sait de saint Martin de Tours provient essentiellement du livre écrit par son disciple, Sulpice Sévère, «Vie de saint Martin» en 397 et qui connut un grand succès au Moyen-Age.

Martin est né en 316 à Savaria, en Pannonie, province romaine qui se trouve en actuelle Hongrie. Né dans une famille païenne, il est le fils d’un tribun militaire de l’armée romaine, à la tête d’une légion de 6000 hommes. Celui-ci nourrit de grandes ambitions pour son fils et le fait intégrer l’armée à quinze ans. Cependant, très tôt, Martin montre le désir de devenir chrétien et consacrer sa vie à Dieu. Un événement décisif a lieu durant l’hiver 338. Alors en garnison à Amiens, Martin rencontre un pauvre dévêtu, n’ayant pas d’argent à lui donner, Martin coupe son manteau et lui en donne la moitié. La nuit suivante, le Christ lui apparaît portant la partie du manteau donnée au pauvre et lui dit : « Martin, encore catéchumène, tu m’as revêtu de ce vêtement ». Bouleversé, Martin est baptisé quelques mois après, durant la veillée pascale, il a 22 ans. Deux ans plus tard, lors d’une bataille contre les Alamans, Martin se voit contraint de sacrifier au culte impérial, il refuse et pour marquer sa décision, il se présente sans armes devant l’ennemi. Miraculeusement, l’armée adverse demande la paix. Lorsqu’il peut enfin quitter l’armée, Martin devient disciple de saint Hilaire de Poitiers et souhaite embrasser la vie religieuse.

A l’âge de 45 ans, Martin fonde, avec saint Hilaire de Poitiers, le premier monastère de Gaule à Ligugé (Poitou). En 371, les habitants de Tours viennent chercher Martin dans son monastère pour faire de lui leur évêque, il a alors 55 ans. Malgré sa charge d’évêque de Tours, Martin reste moine dans l’âme et fonde encore un autre monastère à Marmoutier où il viendra souvent se recueillir. Durant 26 ans, Martin exerce sa charge d’évêque avec une grande charité, il répète son geste d’autrefois en donnant l’un de ses habits sacerdotaux à un pauvre, dans la sacristie de la cathédrale. Parcourant toute la Gaule, Martin évangélise et combat le paganisme. Par de continuels actes d’amour et de miséricorde, il obtient de nombreuses guérisons et amène au christianisme un grand nombre.

Il meurt le 8 novembre 397, prononçant cette ultime parole : « Seigneur, si je suis encore nécessaire à ton peuple, je ne refuse pas la tâche, que ta volonté soit faite. » A sa mort, les foules accourent de partout autour de son corps qui est ramené à Tours. De nombreux miracles ont lieu auprès de son tombeau qui devient un lieu de pèlerinage privilégié. En 460, une somptueuse basilique fut construite et le culte de saint Martin s’étendit rapidement à toute l’Europe. On trouve des dédicaces à saint Martin en Italie, en Allemagne, en Angleterre et jusqu’en Espagne.

Saint Martin de Tours, aussi appelé saint Martin le miséricordieux, est fêté le 11 novembre. Il est le saint patron des maréchaux-ferrants et de divers métiers de garde publique : policiers, commissaires des armées, soldats, gardes suisses.

Rayonnement spirituel de saint Martin

La vie de saint Martin, telle que nous la livre Sulpice Sévère, montre une spiritualité caractérisée par plusieurs aspects :

La charité : le geste mémorable du partage du manteau orienta toute la vie de Martin qui apprit à voir le Christ en chacun et le servir comme on servirait le Christ, « ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait » dit le Jésus dans l’évangile lu chaque année pour la fête de saint Martin.

L’annonce de la vraie foi : Martin était un prédicateur infatigable, formé par le grand théologien saint Hilaire de Poitier, il n’eut de cesse de rappeler la doctrine et combattre les hérésies, spécialement l’arianisme et le paganisme encore très répandu en Gaule.

La miséricorde : toute sa vie de moine et d’évêque, Martin fit preuve de miséricorde auprès des pauvres, des souffrants, des nécessiteux. Avant tout, il parcourut la Gaule portant la Bonne Nouvelle mais il était aussi habité par la puissance du Christ qui lui faisait opérer de nombreux prodiges : guérir les malades (lépreux, paralysés), expulser les démons, ressusciter les morts. Cette puissance thaumaturgique a continué par l’intercession du saint auprès de sa tombe ou les malades venaient nombreux.

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