lundi 8 juillet 2024

Patois champenois

 

             Les mots d’antan

       ou  

         Quelques mots du Parler Champenois

 


Ce sont des mots encore dans la mémoire des anciens.

Remarque:

Ces mots, utilisés à l’oral, n’étant pas habituellement écrits, l’orthographe en est parfois variable et aussi la prononciation.

Le patois n’a pas droit de cité à l’école.

Certains mots qui n’ont pas d’équivalents en français standard nous paraissent si familiers que l’on ne les considère pas comme du patois ainsi s’entrucher.

Il y a parfois confusion entre parler dialectal et registre familier, argotique

Il y a les mots qui désignent un usage perdu sans être du parler champenois ainsi

paillasse pour désigner une enveloppe garnie de paille qui sert de matelas, ou encore : les (chaussettes) russes qui étaient des morceaux de toile, chiffons, servant à envelopper les pieds, à l’origine utilisées par les soldats de l’armée russe et n’ont été que récemment remplacées par des chaussettes normales mais coquassier est bien un mot de la Marne.

 

A cabido, à cabidos : Sur le dos de quelqu’un. Porter un enfant à cabidos.

Affutiaux, Futiaux: Les vêtements. Habits usagés

Argannier, arcannier: Personne gauche, maladroite. Mauvais ouvrier

Altopier: Mauvais ouvrier

S’accouver: S’accroupir

Anhotter, ahotter: Être embourbé, empêché d’avancer

Une attelée: Durée de travail dans la journée.

Avoindre, aveindre: Attrapper un objet, atteindre en faisant un effort

Avoinée: une raclée, une volée de coups, mettre une avoinée

Avoéner: nourrir à profusion. Donner de l’avoine aux chevaux (est-ce un autre mot que le précédent? L’idée d’une grande quantité de coups ou de nourriture))

Avoir les bloquets: Avoir des courbatures, des crampes

Bâche: Serpillière (la loque aux confins des Ardennes. En Suisse, vaudois: panosse)

Badrée: Pâtes à gaufres, à crêpes. Grande quantité de mélange,  éventuellement mélange pour le sulfatage des vignes.

Bagnolet: Coiffe avec une large visière, portée par les femmes pour se protéger du soleil lors du travail à l’extérieur. Faite de cretonne avec une armature de rotin ou d’osier fin. (A Vertus on dit la hâlette, titre du journal des “ragraigneux”)

Barbiche: Avoir de la barbiche, se dit d’un enfant qui s’est barbouillé en mangeant, avoir quelque chose autour de la bouche…Le mot barbiche figure dans le dictionnaire du français standard. Il s’agit plus probablement d’un usage familier de ce mot)

Bassière: Flaque d’eau. Liquide dans un fond de tonneau

Bètin: Bestiole, drôle d’animal

Boudine: le nombril

Bouvreu: Raisin encore vert à la vendange

Brousiner, broussiner: : Une petite pluie fine

Brouillasser, ça brouillasse: Pluie fine

Ça dégaille, dégailler: Au moment du dégel, ça dégaille. Terre boueuse, glissante

Un caillot: Une noix

Catherinette: Coccinelle

Carteler: Dans un chemin éviter de rouler dans des ornières trop profondes, en choisissant de rouler sur un bas-côté et le milieu du chemin.

Charbonnée: Morceaux de cochon distribués aux voisin lors de l’abattage

Charculot: Malvenu d’une portée, d’une couvée, le dernier né

Chanlatte: Gouttière

Cochelet: Repas de fête à la fin des vendanges

Coquassier, cocassier ou coquetier: le commerçant qui ramassait dans les fermes des oeufs, des volailles, des lapins et puis les revendait …

Coquemar: Bouilloire sur le coin de la cuisinière

Corasse: Grenouille

Crouni, être crouni: Fatigué, épuisé, fourbu

Cuider, ça cuide, ça décuide: Vendange plus importante que prévue, ou moins importante (vient sans doute du vieux français “cuider”:croire)

Dedrussir: Enlever des herbes, des plantes en trop pour que la plantation soit moins drue. Desserrer

Ça dégaille, dégailler: Au moment du dégel, ça dégaille. Terre boueuse, glissante

Déloqueter: déshabiller (dialectal ou argotique?)

Derne, darnu, les darnus de mai: Avoir la tête qui tourne, pris de vertige. Être un peu fou.

Drapiot: Couche, lange pour bébé

Empierger (s’): Se prendre les pieds dans quelque chose (Canton de Vaud, Suisse: s’encoubler)

Entrucher (s’): Avaler de travers (le français standard n’offre pas de mot pour cela)

Escarter, essarter: nettoyer le bois dans la coupe

Epantiau, Epantail : Epouvantail

Fouire, déclichette: La diarrhée

Ferloque: Des objets sans valeurs, des guenilles

Fier: Acide, un vin fier

Gadouille, gadouiller, gadouilleux: Boue liquide terre détrempée,  patauger dans la boue

Gouille, gouiller: Flaque d’eau

Gôyer: se salir, salir

Galette: Employé pour: tarte

Galipes: Les vignes

Geindeux: Désigne quelqu’un qui se plaint souvent. “Un bon geindeux vit vieux”

Godine: Génisse, vache

Gougnafier: Personne qui se comporte salement, qui gâche les choses

Hoché: Secoué, ivre. Sur le point de mourir. Il est complètement hoché

Hocher: Faire. Quoi que t’hoches?

Hocques: Souche de vigne, cep sec coupé au moment de la taille

Hordon: Equipe de vendangeurs

Mahonner: Marmonner

Mai: Bouquet de muguet que l’on accroche au premier mai

Maumûr, les maumûrs: Raisins qui ne sont pas mûrs. Le panier de

maumûrs. Les maumûrs sont (étaient) destinés à la rebêche, à la piquette

Menteries: Mensonges, racontars

Midauguée: Mélange de sulfate de cuivre et de chaux vive pour le sulfatage des vignes.

Mingrelle: Gros moustique

Mouziner: Bruiner, brouillasser, brousiner. Ca mousine

Moyère: Tas d’échalas dans les vignes

Nareux: Une personne sourcilleuse, difficile, exigeante, sur les aliments

Nature (vin): vin blanc avant la champagnisation. Vin nature de la Champagne

Nicasser: Rire bêtement, ricaner

Odé-e, hodé-e: Complètement fatigué-e, épuisé-e

Ourser: Il est entrain d’ourser aux champs. Travailler dans son coin

Papinette: Cuillère en bois avec un long manche pour la cuisine

Passette: Petite passoire

Patasser: Piétiner, marcher sur place

Patichonner: Malaxer maladroitement

Pétériot: Genèvrier. Autrefois attaché sur la façade des cafés, sorte d’enseigne.

Poireau: Verrue

Queurce: Pierre à affuter

Racoin: Endroit difficile d’accès. “dans tous les coins et les racoins”

Ragrainer: Ramasser les petits morceaux. Ragrainer son assiette,

ramasser les miettes sur la table, au fond du plat.

Ratabouiller: Rebouillir le vin

Récoué: Fini, mort. Défleuri

Relavette: Chiffon à laver la vaisselle

A tantôt: À tout à l’heure, à bientôt. À cet après-midi

Taugnée, brossée, avoinée: Des coups. Râclée, volée

Trésalé: Grain trop mûr, ridé

Verder, envoyer verder: projeter, aller vite

Anciennes mesures:

L’arpent 42 ares (environ) ou 8 denrées

Mot d’origine gauloise a donné: arpenter, arpentage, arpenteur. Lemot arepennem désignait ce qui est devant, l’extrémité d’un champ avant de désigner une surface 2 arpents et demi = un hectare

La denrée

La perche

Le boisseau: 12 litres (matière sèche)

Pour la semaison : six boisseaux l’arpent

Le muid : i8 hl 28

Le demi-muid

La feuillette: 137 litres

Pour mémoire, le mètre

Naissance du mètre en 1791.

Les cahiers de doléance rédigés lors de la Révolution de 1789 réclamaient une mesure universelle pour s'affranchir de l'arbitraire des unités de mesure seigneuriales.

(…) 26 mars 1791, date de création du mètre qui est défini comme la dix millionième partie du quart du méridien terrestre.

(…) il faudra attendre la loi du 4 juillet 1837, sous le ministère de François Guizot, pour que le système métrique décimal en France2 soit adopté de manière exclusive.

Prononciation

Timbre des voyelles:

Argot pour ergot

Alle (elle) a venu

Ratourner pour retourner

Les voyelles nasales parfois plus fermées

Permutations ou métathèse:

Bertelles (bretelles)

Ortrie, ostrie (ortie)

Palatalisation:

Biau (beau)

Tyuré (pour curé)

Gadouille (gadoue)

Compter les œufs :

1 oeuf, 2 “deuzeu”, 3 “trwazeu”, 4 “katroeuf”, 5 “sinkoeuf”, 6 “sizeu”,

7 “setoeuf”, 8 “huitoeufs”, 9 “neufoeuf”, 10 “dizeu”….

Et vous ? Comment comptez-vous les œufs ?

La règle étant : œuf “œuf” au singulier, œufs au pluriel prononcé avec changement du timbre de la voyelle, ouvert/fermé, et suppression du “f” en finale. “lezoeu”.

Or à date ancienne, en Champagne comme dans quelques autres régions de France, la prononciation représentée ci-dessus était courante.  A Villevenard il en était encore ainsi dans les années 50,60.

C’était si naturel que ce fut une grande surprise pour l’auteure de ces lignes de découvrir, très tard, qu’elle comptait, spontanément, les œufs de cette manière. La différence vient de la liaison en “Z” qui entraîne la modification du timbre de la voyelle et la disparition du “f” final.

Cette manière de compter semble avoir disparu chez les plus jeunes. Il faut dire aussi que l’on ne va plus guère ramasser les œufs…

 

Emploi des auxiliaires : être et avoir

Tendance à généraliser l’emploi de l’auxiliaire avoir.

Il(s) ont venu. il’ont venu pour ils sont venus

Il(s) ont mangé pour ils ont mangé (normalement avec liaison en Z)

Proverbes / expressions

T’es comme à Gourgançon à table jusqu’au menton

Un bon geindeux vit vieux

Les darnus de mai

Des pruneaux M’sieur l’curé, not’ cochon n’en veut plus.

Et les nombreux proverbes en rapport avec le calendrier et les saints liés à la culture et à la vigne…

 

Quel est le nom des habitants de Villevenard ?

Le sobriquet connu est : les cossiers…

Dans: Le lexique du paysan et du vigneron champenois de Lise Bésème-Pia, la définition proposée est : vigneron, mangeur de cosses ou fèves.

Mais dans ce cas ce nom de cossier désigne tous les vignerons champenois, pourquoi seulement les habitants de Villevenard ?

On est tenté en premier lieu de rapprocher ce mot d’un mot familier connu: cosse, avoir la cosse (être paresseux) mais le dérivé serait cossard et sincèrement on ne voit pas le moindre rapport.

Dans le dictionnaire Littré, figure le mot cosser signifiant: se heurter la tête l’un contre l’autre en parlant des béliers. Sens figuré: Il ne fait point bon cosser avec de telles gens.

Cela remet en mémoire une opinion formulée par un notaire de la région selon lequel la réputation générale des gens de Villevenard est que ce ne sont pas des gens faciles, qui ont la tête dure.

Qu’en pensez-vous?

Et pourquoi appelle-t-on les Rémois cornichons?, Les habitants de Troyes, les ribauds?

Quelques généralités…

Le français langue d’origine latine, s’est répandue, sur des bases écrites à partir de la région parisienne. À côté de cette langue commune des langues régionales n’ont pas totalement disparu. Le basque, une des plus anciennes langues d’Europe aux origines inconnues, le breton qui appartient à la branche celtique, l’alsacien, le flamand qui appartiennent à la branche germanique et des parlers romans qui appartiennent à la branche latine. Dans cette branche on distingue les parlers du domaine d’oïl, au nord de la France, du domaine d’oc, au sud et du domaine francoprovençal, Savoie, Suisse . “oïl” et “oc” sont les deux manières de dire “oui“au Nord et au Sud de la France.

Chacune de ces langues a sa propre histoire. Plusieurs d'entre elles ne sont quasiment plus parlées. Il s'agit presque toujours de langues ayant perdu toute unité, éparpillées en de nombreux patois variant parfois d'un village à l'autre. C'est le cas de la plus grande partie des langues d'oïl. Il n’existe que de rares exceptions comme le gallo qui survit grâce à l'appui des mouvements identitaires bretons ou le picard sous la forme d'un patois du nord : le chti. langues d'oïl : le francien, l'orléanais, le tourangeau, le berrichon, le franc-comtois, le wallon, le picard, le champenois, le normand, le gallo, le poitevin-saintongeais, l'angevin, et le bourguignon (cf. Henriette Walter)

 Un parler: variété de langue parlée sur un territoire restreint tout comme le patois.

Un patois: variété de langue restreinte à un petit nombre de locuteurs et parlée sur un territoire également restreint, généralement rural.

Un dialecte: ensemble de plusieurs patois partageant des caractéristiques communes.

Le dialecte champenois faisait partie des langues d’oïl. Mais sa grande proximité avec la région parisienne a fait qu’il a eu du mal à survivre. Ce qui en subsiste concerne généralement le travail de la vigne, du vin et des champs et varie souvent d’un village à l’autre.

Au XIIème siècle, Chrétien de Troyes, à la cour des comtes de Champagne est considéré comme le premier romancier de langue d’oïl. Il écrit dans une langue déjà dominée par les usages de Paris.

La Champagne linguistique correspond aux départements de la Marne, de l’Aube et de la Haute-Marne.

 

Bibliographie:

Lexique du paysan et du vigneron champenois, Lise Bésème-Pia, chez Jean-Luc Binet.

Le parler de Champagne, Michel Tamine, chez Christine Bonneton, 2009

Le Parler Champenois, Gustave Philipponnat, 1941

Petit vocabulaire du langage champenois, G.Crouvezier, 1959

Janvry-Germigny, Les mots oubliés, Guerlin-Martin& fils, Reims, 1998

Aventures et mésaventures des langues de France, Henriette Walter, éditions Honoré Champion, 2012

Revue “Lou Champaignat”, Troyes

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