vendredi 7 février 2025

Les puits à Troyes

 

Hôtel du Moïse rue Paillot de Montabert, construit en 1553 après le grand incendie de 1524. 
Sa margelle d’origine a retrouvé sa place. (elle était entreposée dans la cour du musée st Loup)
Les deux blasons gravés représentent les armes de Edouard Denis de La Noue et de Nicole Le Tartier


Bien rares sont sur notre territoire les cités aussi riches en vestiges anciens autant visibles et si remarquables. Encore plus rares sont les villes où ce patrimoine fait l'objet de tant d'attention et de protection. On peut même qualifier sans hésiter la ville de Troyes comme "le modèle français qu'il faut suivre par excellence" en matière de préservation des belles choses anciennes.

En effet, même les longues et vieilles cheminées d'usines en briques, dont personne ne veux, sont protégées au titre de monument historique dans ce paysage urbain, ce qui semble être un cas unique en France.

Paradoxalement, le manque de pierre à bâtir dans la région, qui fait normalement l'apanage des villes prestigieuses, en fait encore une exception car la brique et le bois qui se sont progressivement développés ont su très bien la remplacer et ont fait sa renommée.

On retrouvera le souci du détail et la tradition ancestrale maintenue jusque sur les tampons d'assainissement en fonte par exemple, qui sont actuellement les seuls du pays à être recouverts d'incrustations en bois, ce qui nous rappel avec nostalgie l'époque où circulaient les carrosses aux bruyantes roues en fer sur le pavé de grès et que cette isolation estompait de manière dérisoire.

Si la vieille ville est pratiquement constituée de belles façades à colombages du XVIe siècle que les incendies et la guerre ont épargnés, la majeure partie des caves situées juste en dessous a une origine bien souvent médiévale. C'est dire tout le mystère qui reste encore à découvrir en explorant toutes ces vieilles caves aujourd'hui oubliées ou remplies d'immondices.

Quelques puits dans la ville

A partir de 1856 fut commis le pire des crimes qu'il puisse y avoir eu lieu dans cette vieille ville. Il fut en effet décidé par arrêté municipal de raser tous les puits pour laisser place à de modernes fontaines qui drainaient une eau soit disant bien plus pure pour l'alimentation.

Plusieurs centaines de puits, publics ou privés furent ainsi détruits, anéantissant en quelques années un patrimoine inestimable qui fut irrémédiablement perdu à jamais.

Une commission historique tout de même décréta le sauvetage de treize margelles présentant un caractère historique exceptionnel. Ce sont en partie (puisque certains ont disparu !) ces quelques vestiges, sauvés du vandalisme des hommes qui trônent encore aujourd'hui de-ci de-là dans les vieilles rues et que la bienveillante administration municipale actuelle tente de réhabiliter avec ardeur et savoir-faire, comme pour se faire pardonner de son irréparable faute commise dans le passé.


En haut à gauche et à droite : Cour du musée st Loup XVe s.
En bas à gauche : angle rues Champeaux / Paillot de Montabert XVIe s.
En bas à droite : Place du Marché au Pain (église St jean) XVIe s.



Rue Albert Mérat (près église st Nizier) XVIIe s.



 Hôtel du Petit Louvre  XVe s.                            Square du musée st Loup XVIe s.



                 Basilique Urbain IV- XVIe s.                     autrefois square du musée st Loup  XVIe s.
                                       



Situé à l'angle de la rue de Turenne et de la rue E. Zola
près de la Place Jean Jaurès

Ce grand puits, avec sa margelle octogonale armoriée, de facture récente, mais qui reproduit assez fidèlement le puits original de 1467 aujourd'hui détruit, occupe son ancien emplacement sur l'ancienne place du Marché-aux-Oignons. La belle ferronnerie à triple poulie que nous voyons ici a été miraculeusement préservée et rapportée il y a peu d'un autre puits situé dans la cour de l'hôtel du Petit Louvre lors de travaux d'aménagement. Cette ferronnerie date de 1473.


Cours du Mortier d'Or - XVIe


J'ai gardé le meilleur pour la fin : 


Cuve baptismale de la Basilique Urbain IV

Cuve baptismale du XVe siècle, provenant de l'ancienne église St-Jacques-aux-Nonnains, démolie en 1796. 

Cette cuve fut réutilisée ensuite comme margelle de puits dans la cour d'une maison troyenne avant de trôner à son emplacement actuel.



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