dimanche 4 août 2024

La Seigneurie de Pâlis (Aube-10)

 

LA SEIGNEURIE DE PALIS





La première fois qu’il est fait mention de façon précise d’un seigneur à Palis remonte au XIIe siècle. A cette époque le finage se trouvait partagé entre de nombreux petits seigneurs, parmi lesquels figure un certain Jean de PALIS possédant la maison seigneuriale en 1199 (1). Certains de ces seigneurs dépendaient déjà de la châtellenie de Villemaur ; d’autres, comme les Maisons de Trainel et de Mailly, n’en dépendaient pas.

Les seigneurs de Trainel possédaient une partie de la terre de Pâlis, on relève en effet dans une charte de 1189, qu’Hugues de PLANCY marié à Elisabeth de TRAINEL a fait don d’une terre de Pâlis à leur fille religieuse. Cette terre revint ensuite à Sébille, dame de Trainel, veuve d’ANSEAU IV seigneur de Trainel en 1222. Son fils Henri I de Villeneuve-aux-riches-Hommes la vendit ensuite en mai 1248 au comte Thibaut de Champagne.

L’autre grande maison qui détenait une partie de la terre de Pâlis était la maison de Mailly. En 1279, un certain Jehan, seigneur de Mailli et Paléiz (2) approuve un bornage entre les seigneuries de Pâlis et de Planty. Au début du XIVe siècle le plus grand seigneur de Palis, qui possédait presque la totalité des terres, était Hugues I de MAILLY. En 1328 Hugues II, [sans doute son fils] rattacha à son domaine le fief de Tricherey (3). Ayant trahi son suzerain qui était le duc de Bourgogne, Hugues II fut exécuté avant 1348 et la moitié de sa terre de Palis confisquée. La veuve de Hugues II de MAILLY, Jeanne de TRAINEL, obtint cette moitié en qualité de douairière jusqu’à sa mort en 1377. L’autre moitié fut donnée par indivis à Jean de JAUCOURT, seigneur de Dinteville.

Vers 1350, à la mort du duc de Bourgogne, la terre de Pâlis fut donné par Philippe de ROUVRE, héritier du duc, à Marguerite de France, comtesse de Flandre. C’est ainsi que l’on retrouve des documents de 1361 et 1362 où Jean de JAUCOURT et Jeanne de TRAINEL rendent hommage à leur suzeraine, Madame la comtesse de Flandre.

La maison de Mailly ne revendiquant plus la seigneurie de Palis après la trahison de son dernier représentant, la terre se trouva désormais partagée entre les seigneurs châtelains de Villemaur et la famille de BROUTIERES. En effet, Jaquot et Nicolas de Broutieres rachetèrent en 1371 plus de la moitié de ce que possédant Jean de JAUCOURT. Leur successeur fut Jean de BROUTIERES escuier, fils de noble home Jaquot de Broutieres, escuier et de Damoiselle Ysabel de ROUVROY, seigneur en partie de Palis (4). A la suite du remariage de sa mère avec un certain Humbelot de CHASTENOY, la seigneurie fut de nouveau partagée entre celui-ci et Jehan de Broutieres de 1384 à 1404. A la mort de Humbelot c’est la famille de Broutieres qui se retrouva sans doute co-seigneur unique de Palis. Ils restaient cependant vassaux des seigneurs de Villemaur, propriétaires de l’autre moitié de la seigneurie de Palis.

De la fin du XIVe au début du XVIe siècle, on ne retrouve pas de documents suffisants pour pouvoir retracer l’histoire de la seigneurie de Palis et cela sans doute à cause des nombreux troubles que le royaume de France eut à subir, la guerre de Cent ans notamment. Une seule exception : en 1411 il est signalé un certain Humbelot LEVRAIGE, seigneur de Pâlis. (5)

En 1503, c’est Louis BOUCHER seigneur de Vertron qui devient seigneur. Par son mariage avec Marguerite LE MUET, il porta la terre de Palis dans sa famille ce qui laisse à penser que le précédent seigneur était Nicolas LE MUET, père de Marguerite, mort en 1503. Les BOUCHER vont tenir la terre de Palis pendant plus de 150 ans ; mais ils ne seront pas seuls car les moines du prieuré de Clairlieu, situé à quelques kilomètres de Palis, sont appelés « Seigneurs en partie » dans un texte de 1523 ; leur titre n’était peut-être toutefois qu’honorifique. Le fils de Louis Boucher et de Marguerite Le Muet fut Guillaume Boucher, lieutenant général au bailliage de Sens. Il épousa Eugénie NUGANT. Par un arrêté du 6 juillet 1525 entérinant des Lettres de 1522, la Cour des aides ordonna que Guillaume Boucher jouirait « des exemptions et privilèges de noblesse, nonobstant son état d’avocat, attendu qu’il était noble issu de noble race du côté paternel et maternel ».

Lorsque Guillaume BOUCHER mourut, ce fut Michel, son fils, qui devint seigneur de Palis. Conseiller et magistrat au Président de Sens. Il épousa en 1558 Marie COIFFART, fille du seigneur de Saint-Benoist, dont il eut deux fils, Michel et Noël. Ce dernier devint à sa majorité en 1594 propriétaire de la moitié de la terre de Palis avec le titre d’écuyer. Il eut de sa femme Louise de HAULT un fils appelé Michel II BOUCHER. Malgré les titres de noblesse que possédaient les Boucher et la stabilité de leur descendance, ils restaient vassaux des seigneurs de Villemaur, les de VILLEMOR et les VIGUIER. Michel II BOUCHER quant à lui, agrandit son domaine en 1645 en achetant à Nicolas de MESGRIGNY le fiel de Cornillon et celui des Chaumes de Manche dans la paroisse de Marcilly-le-Hayer. A sa mort, en 1661, c’est Georges BOUCHER, son fils, qui devint seigneur de Palis. Sa mère obtint en tant que douairière le titre de Dame de Pâlis. Ils prêtèrent tous deux le serment de fidélité au duc de Villemaur, Pierre SEGUIER en 1662.

La seigneurie de Palis changea de propriétaire durant cette décennie. Elle fut saisie vers 1668 par Marguerite de SAINT-ETIENNE et achetée le 10 aout 1673 par François Le GOUJAT DESMARETS pour 32 000 livres (6). Cette famille était originaire de Troyes et descendait des LESGUISE anoblis par Lettres du roi Charles VII en 1430. Le père de François, Claude Me GOUJAT DESMARETS, avocat au Parlement, avait changé de nom parce qu’il lui semblait peu en rapport avec sa profession. François DESMARETS était agrégé de Lettre et siégeait comme Docteur Honoraire dans une assemblée de la Faculté de Droit de Paris. Il écrivit même différents ouvrages de droit, parmi lesquels « le Traité sur la religion du serment » qui tendait à confirmer la supériorité de la juridiction royale sur les tribunaux ecclésiastiques. François Desmarets épouse Françoise HUEZ et eut un fils nommé Nicolas. Ce dernier devint seigneur de Palis à la mort de son père en 1697 sous le nom de Nicolas I DESMARETS. Il était nettement moins brillant que son père et l’histoire le retient plutôt comme un « seigneur en retrait » entre François Desmarets dont on parle volontiers en termes élogieux (7), et Nicolas II son fils. Celui-ci prit possession de la seigneurie de Palis en 1731 et eut en permanence de litiges avec les habitants et même avec son suzerain. Il mourut en 1748 et c’est son fils Nicolas III DESMARETS, chevalier, maréchal de camp et maitre de camp du second régiment de chasseurs à cheval qui lui succéda et qui resta seigneur de Palis jusqu’à la Révolution. Il disparut alors abandonnant ses terres et émigra. Le 20 juillet 1792, par arrêté du Directoire du département de l’Aube, les biens de Nicolas III Desmarets furent déclarés « affectés à l’indemnité due à la Nation » et confisqués pour être vendus.

 



JUSTICE ET DROITS

 Pour pouvoir expliquer ou tout au moins comprendre ce qu’il advint à la Révolution eu château et des bien s’y trouvant, il nous faut savoir en quoi consistait la justice seigneuriale et les droits seigneuriaux, droits qui étaient fort injustes.

Châtellenie de Villemaur (Aube-10)

 

Châtellenie de Villemaur


Son précédent nom datant du XVIIe siècle s'écrivait VilleMort.Ville : de l'ancien français ville dans son sens originel de « domaine rural » issu du latin villa rustica. Des auteurs se piquant de toponymie pensent que la terminaison en "-maur" signifie fonds marécageux (Du vieux norrois maurr). De fait, les villages de Vaumort (Yonne) et l'habitant de Fossemor (à Theil - Yonne) donnent du crédit à l'hypothèse. La Vanne est une rivière traversant la commune qui donne son nom à l'aqueduc de la Vanne desservant Paris.

Villemaur, aujourd’hui Villemaur-sur-Vanne est une petite commune bâtie sur un ancien cimetière. Au Moyen Âge, une fosse commune était située à l'entrée du village afin de dissuader les fourbes d'y pénétrer. Villemaur est situé sur la voie romaine de Sens à Troyes sur la Table de Peutinger*.

Durant tout le XIIe siècle, le village est le siège d'une seigneurie qui dispose d'un certain relief. Un chemin conduit directement à Joigny, comté qui intègre la vassalité du comté de Troyes dès l'année 1100. Ce chemin passe par Coulours où les Templiers installent leur première commanderie, et par Rigny-le-Ferron, où les vicomtes de Joigny installent le siège de leur vaste seigneurie.

La famille de Villemaur possède la seigneurie durant tout le XIIe siècle. Son autorité est néanmoins cantonnée par d'autres seigneurs des environs : les Trainel à Pouy et Villeneuve-l'Archevêque; les de Mauny à Bagneaux, vassaux des Trainel; les vicomtes de Joigny à Rigny-le-Ferron ; l'évêque de Troyes à Aix-en-Othe; le sire de Marigny (cadet de la famille de Trainel) au Nord. La seigneurie sous la suzeraineté du comté de Troyes qui se fond dans le comté de Champagne à partir des années 1160.

Le premier titulaire connu est Manasses. En épousant Ermensent, veuve d'un vicomte de Sens, il portera courtement le titre vicomtal (de Sens) en 1103. Il vit en 1125 et est peut-être décédé avant 1127. Il semble être le frère d'un Hilduin de Marolles (sur-Seine ?). Son fils puîné Manasses sera chanoine de Sens (1164) et archidiacre de Troyes (1131), mettant à profit la paix retrouvée après 1152 entre le domaine royal et la Champagne pour faire une carrière à cheval sur la frontière. Son fils aîné Eudes de Villemaur décède avant 1154. Sa veuve Hélie se remarie à Guillaume Le Roi maréchal de Champagne (1158).

Les seigneurs disposent d'un château à Villemaur. Deux familles de chevaliers sont vouées à sa garde : les le Louche et les le Chasseur. Une collégiale dotée de chanoines démontre la volonté de prestige de la famille.

À la fin du XIIe siècle, le lignage disparaît à la quatrième génération.

La seigneurie entre dans le domaine comtal champenois vers 1195. Le comte choisit d'ériger Villemaur au rang de châtellenie. On lui rattache ainsi des fiefs dont les titulaires n'ont plus à se rendre à Troyes pour accomplir leur devoir féodal. De cette petite châtellenie dépendra la seigneurie de Marigny (propriété d'une branche de la famille de Trainel) ; le fief de la Mothe, à la sortie Nord de Rigny-le-Ferron. Un prévôt comtal succède au prévôt seigneurial.


Villemaur  village fortifié

 À la fin du XIIIe siècle le comté de Champagne passe à la Couronne de France par le mariage de la comtesse Jeanne* avec Philippe IV le Bel. En 1316, leur fils aîné le Roi Louis X le Hutin décède, rapidement suivi dans la tombe par son fils posthume Jean Ier.

Sa fille, Jeanne de France, est dépossédée de la couronne de France et de ses droits en Champagne-Brie par son oncle Philippe de Poitiers (Philippe V) : son tuteur et oncle, le duc de Bourgogne, puis son mari Philippe d'Evreux, lui font ménager par plusieurs traités passés avec Philippe V, Charles IV et Philippe VI, un dédommagement financier sous forme de rentes et assignations. À cette occasion, on découvre l'existence de forges, sans doute alimentées en combustible et en minerai par la forêt d'Othe voisine.

L'assiette de ce dédommagement successoral est arrêtée en 1328. Jeanne de France reçoit la châtellenie de Villemaure, et celles de Chaource, d'Isle (-Aumont) et de Payns. Elle résulte du travail conjoint du bailli de Troyes et du doyen de la cathédrale de Troyes missionnés par Philippe VI. Devant l'insuffisance de l'assiette de la seule châtellenie de Villemaure, les autorités parisiennes ont donné l'autorisation de ponctionner les trois autres châtellenies. L'assiette de la seule châtellenie de Villemaure est vaste. Elle s'étend alors de Vauluisant, Les Sièges et Coulours jusqu'à Fontvannes, Messon, Sormery, Vauchassis. Il est de ce fait assuré que la châtellenie de 1328 dépasse largement la seigneurie indépendante dans ses éléments relevés au XIIe siècle. Par ailleurs, les experts chargés localement d'estimer le revenu des différents éléments constitutifs insistent pesamment sur le fait que la valeur du fermage de la prévôté est montée excessivement et que les derniers prévôts-fermiers "en ont été de leur poche". Cette difficulté économique un peu antérieure à 1328 est aussi relevée dans les autres châtellenies incluses dans l'assiette. Les estimateurs ont refusé d'assigner une valeur au revenu tiré des châteaux comtaux de la quasi-totalité de l'assiette (sauf Payns). Ils ont donc été cédés à Jeanne de France pour une valeur nulle. La charte originale de l'assiette se trouvait à la Chambre des Comptes de Paris et brûla avec elle en 1737. Par chance une copie avait été opérée un demi-siècle auparavant.

Aux XVe – XVIe siècles, Villemaur forme avec IsleChaource, Maraye, Payns, un groupe de châtellenies constituant un groupe féodal aux mains des ducs de Bourgogne, notamment la duchesse Marguerite, puis leurs descendants comtes ou ducs de Nevers.

Villemaure accueillait plusieurs administrations royales, dont un grenier à sel et un siège particulier d'élection.

Aux XVIIe – XVIIIe siècles, Villemaur forme avec Saint-Liébault le duché de Villemaur pour le chancelier Séguier, puis le duché d'Estissac pour les descendants du chancelier membres de la famille de La Rochefoucauld-d'Estissac. Cette dernière famille a conservé des documents sur Villemaure depuis le XVIe siècle.

 

Maison de Mailly (Aube 10)

 Maison de Mailly


d'or à trois maillets de sinople.

La maison de Mailly est une famille subsistante de la noblesse française d'extraction chevaleresque (1050), originaire de Picardie. Elle tire son nom d'un bourg situé en Picardie, non loin d'Amiens, bourg dont elle possédait la seigneurie : Mailly-Maillet.

Elle s'est subdivisée à la fin du XVe siècle en deux principales branches :

L'aînée, des seigneurs de Mailly-Maillet, se subdivisa à son tour au XVIIe siècle, en deux rameaux, l'aîné des seigneurs de Mailly-Maillet, éteint en 1774 dans la Maison de France d'Hézecques , le puîné des seigneurs de Nesle, Rubempré et Montcavrel, éteint en 1810 dans la Maison d'Arenberg, puis dans la Maison royale de Bavière.

La branche cadette des seigneurs d’Haucourt, devenue l'aînée en 1810, compta au XVIIIe siècle pour représentant le plus notable, Augustin Joseph de Mailly, comte de Mailly, marquis d'Haucourt, maréchal de France en 1783, dont le fils aîné, Louis Marie, duc de Mailly, député aux États généraux de 1789, mourut sans postérité en 1792, et dont le fils cadet, Adrien de Mailly, Pair de France sous la Restauration, est l'auteur des représentants actuels de la famille.

La Maison de Mailly a été admise 11 fois aux honneurs de la Cour, de 1729 à 1786.

Elle revendique le titre de prince d'Orange en vertu des droits sur cette principauté hérités de la Maison des Baux par la Maison de Chalon, dont la descendante Jeanne de Monchy, veuve de Louis Charles de Mailly, marquis de Nesle, fit prendre possession, par procuration, de la principauté d'Orange en 1709 4.

En vertu de la substitution masculine perpétuelle accordée par lettres patentes du Roi Louis XIV en décembre 1701 à Louis Charles de Mailly, marquis de Nesle, les titres de prince d'Orange et de marquis de Nesle se transmettent à l'infini entre les aînés successifs de la Maison de Mailly, de branche en branche. Les Mailly actuels continuent donc à porter le titre princier.

Branches de Mailly, Nesle et Rubempré, éteintes en 1810

Jean de Mailly (dominicain), religieux dominicain de Metz vers 1220, chroniqueur.

Jean de Mailly, seigneur d'Authieule (Somme), combat et trouve la mort à la bataille d'Azincourt en 1415

Colart de Mailly, dit "Payen", seigneur de Boullencourt) (Somme) combat et trouve la mort à la bataille d'Azincourt en 1415.

Louise de Mailly, abbesse de l'abbaye aux Dames de Caen, abbesse du Lys ;

Gédeon de Mailly, époux de Nicole de Marquette seigneur de Briauté (XVIIe siècle).

Philippe de Mailly et ses enfants : Antoinette, Margueritte et Marie de Mailly, sieur de Briauté demeurant à Boulzicourt.

Louis III de Mailly-Nesle (1689-1754), prince d'Orange et ses filles :

Louise Julie de Mailly-Nesle, maîtresse de Louis XV

Pauline Félicité de Mailly-Nesle, également maîtresse de Louis XV

Diane Adélaïde de Mailly-Nesle, duchesse de Lauraguais

Marie-Anne de Mailly-Nesle, marquise de La Tournelle

Victor-Augustin de Mailly-Nesle (1649-1712), évêque de Lavaur de 1687 à 1712

François de Mailly (1658-1721), archevêque d'Arles de 1697 à 1710, archevêque-duc de Reims de 1710 à 1721, pair de France, cardinal en 1719, frère du précédent ;

Louis de Mailly (1663-1699), maréchal général des camps et armées de Louis XV, frère des précédents ;

Louis de Mailly Rubempré, marquis de Nesle (1696-1767), fils du précédent ;

Marie Anne de Mailly-Rubempré (1732-1817), fille du précédent, marquise de Coislin, maîtresse du roi Louis XV de France, du Roi Gustave III de Suède et du tsar Pierre III de Russie, amie et confidente de Chateaubriand.

Branche d'Haucourt, devenue en 1810 de Mailly Nesle

Augustin-Joseph de Mailly, seigneur d'Haucourt, (1708-1794), maréchal de France.

Marie-Jeanne-Constance de Mailly d'Haucourt (1734-1783), marquise de Voyer d’Argenson, femme du monde et épistolière, fille du précédent ;

Louis-Marie de Mailly (1744-1810), maréchal de camp, député de la noblesse aux États généraux de 1789, frère de la précédente ;

Adrien de Mailly (1791-1878), officier, aide de camp du duc de Berry, Pair de France, frère du précédent ;

Solange de Mailly Nesle, astrologue française, descendante du précédent.

Alliances

            Les principales alliances de la maison de Mailly sont : Colbert de Torcy, de Lonlay de Villepail, de Monchy, du Pouget de Nadaillac, Frerejean de Chavagneux (…).

 

Maison de Trainel (Aube-10)

 

Maison de Traînel alias Trainel, Traynel, Champagne, Châtellenie du comté de Champagne :

Traînel, Pont-sur-Seine, Marigny-le-Châtel et Villeneuve-aux-Riches-Hommes (Aube), avec Prévôt & Bailli, Voisines et Foissy-sur-Vanne (Yonne) ; chef-lieu d’un doyenné de 34 cures de l’ancien Diocèse de Sens.



Armes : «Vairé, contre-vairé d’argent et d’azur» alias : «De contre-vair plein» souvent confondu avec «De Vair plein»

Déodat de Traînel ou Dieudonné de Traînel († avant 1079). Premier seigneur de Traînel connu. Il est cité comme témoin dans une charte de l'archevêque de Sens Richer et du comte de Champagne Thibaud Ier de Champagne en faveur du chapitre de Saint-Quiriace de Provins. Le nom de son épouse est inconnu, mais il a probablement au moins un enfant :

Pons Ier de Traînel, qui suit.

Pons Ier de Traînel (né vers 1035, † avant 1095), seigneur de Traînel et de Pont-sur-Seine. Il épouse Mélisende Caravicina de Monthléry dite La Jeune ou Chère Voisine, fille de Gui Ier, seigneur de Montlhéry, et d'Hodierne de Gometz, dont il a au moins trois enfants :

- Anseau de Traînel, probablement mort jeune.

- Garnier Ier de Traînel, qui suit.

- Philippe de Traînel, dit Milon, évêque de Troyes de 1081 à 1121 ;

-  peut-être un autre enfant qui serait l'ancêtre de Gui de Traînel dit Gasteblé († après 1217) et      de Garnier de Traînel, évêque de Troyes de 1193 à 1205.

Garnier Ier de Traînel dit L'Ancien (né vers 1055, † après 1110), seigneur de Traînel et de Pont-sur-Seine. Il fait prisonnier Lambert de Guînes, évêque d'Arras, alors qu'il se rend au Concile de Clermont. Immédiatement averti, son frère Philippe de Traînel, évêque de Troyes, lui adresse des remontrances et le somme de le délivrer. Garnier demande pardon à Lambert puis le libère. Entre-temps, le pape Urbain II le menace d'excommunication et demande à Richer, archevêque de Sens, de fulminer la sentence. Entre 1104 et 1108, il accompagne le comte de Champagne Hugues Ier en croisade en terre sainte. En 1110, il fonde le prieuré de Saint-Hilaire. Il épouse Adélaïde, dont le nom de son épouse est inconnu, dont il a au moins trois enfants :

- Pons II de Traînel (né vers 1080, † après 1146). Dès 1100, il fait partie de la cour du comte de Champagne Hugues Ier. En 1106, il enlève et épouse de force Mathilde de la Ferté-Milon, fille d’Hugues Le Blanc, seigneur de la Ferté-Milon, et d'Helvide de Soissons, alors fiancée à Galeran de Senlis, chambrier du roi. Ce mariage sera annulé en 1106 par l’évêque Brunon, légat du pape, et Mathilde de la Ferté-Milon épousera par la suite Hervé II de Donzy. Pour expier son crime, Pons se fait moine à l'abbaye de Preuilly. Il meurt sans descendance.

- Anseau de Traînel, qui suit.

- Garin de Traînel, tige de la branche dite de Venizy, qui suit plus loin.

Anseau Ier de Traînel dit Le Vieux (né vers 1085, † après 1146), seigneur de Traînel. Il contribue à la fondation de l'abbaye de Vauluisant. Il épouse Hélissent de Montmirail, fille de Gaucher de Montmirail, seigneur de Montmirail et de la Ferté-Gaucher, et d’Élisabeth de Châtillon, dont il a cinq enfants. Une fois veuve, Hélissent de Montmirail se retire au prieuré de Foicy, dont elle devient prieure.

- Anseau II de Traînel, qui suit.

- Élisabeth de Traînel, qui épouse Hugues III de Plancy, d'où postérité.

- Garnier II de Traînel, tige de la branche dite de Marigny, qui suit plus loin.

- Garin de Traînel, qui se fit convers à Prully. Le nom de son épouse est inconnu, mais il a au moins deux enfants :

- Philippe de Traînel, abbé de Saint-Loup de Troyes.

- Théceline de Traînel, dame d'Ermel.

- Milon de Traînel, abbé de Saint-Marien d’Auxerre en 1155 à 1202.

Anseau II de Traînel dit Le Jeune ou Le Bouteiller (né vers 1125, † en 1188 ou 1189), seigneur de Traînel et bouteiller du comte de Champagne Henri Le Libéral, avec qui il participe à la deuxième croisade, accompagné de son frère puîné Garnier. En 1153, il est fiancé avec Alix de Donzy, fille de Geoffroi III de Donzy, mais Étienne de Sancerre, frère cadet d'Henri de Champagne, l'épouse avant lui. Il épouse par la suite Ermesinde de Bar-sur-Seine, fille du comte de Bar-sur-Seine Gui Ier et de Pétronille de Chacenay, dont il a deux enfants :

- Anseau III de Traînel, qui suit.

- Marie de Traînel , dame de Charmoy. Elle ne semble pas avoir été mariée ni avoir eu de postérité. Elle aurait été lépreuse à la léproserie des Deux-Eaux.

Anseau III de Traînel († entre 1208 et 1212), seigneur de Traînel et de Sacey. Il sert deux fois de caution pour le roi de France Philippe-Auguste. Il épouse Ide de Brienne (peut-être fille d'Érard II de Brienne et d'Agnès de Montfaucon ?), dont il a deux enfants. À la mort d'Anseau, ses enfants étant trop jeunes pour gouverner, c'est sa veuve Ide qui se charge d'administrer Traînel pour leur compte.

- Anseau IV de Traînel, qui suit.

- Érard de Traînel († avant 1258), seigneur de Foissy-sur-Vanne. Il épouse en premières noces Agnès Cauda de la Queue-en-Brie, puis en secondes noces Yolande de Montaigu. De l'une des deux, il a un enfant :

- Jean de Traînel, seigneur de Foissy-sur-Vanne. Probablement mort jeune sans descendance.

Anseau IV de Traînel, dit Le Gros († en 1239), seigneur de Traînel et de la Villeneuve-aux-Riches-Hommes. En 1222, il sert de caution pour le roi de France Philippe-Auguste. En 1239, il participe à la croisade des barons, avec Robert de Courtenay et Jean de Mâcon, où il trouve la mort. Il épouse Sibylle Britaud, fille de Henri Britaud, seigneur de Nangis, et Ermengarde de Bolegny, dont il a plusieurs enfants :

- Henri Ier de Traînel, qui suit.

- d'autres enfants cités mais non nommés dans une charte de 1248.

Henri Ier de Traînel, dit de Villeneuve († avant 1281), seigneur de la Villeneuve-aux-Riches-Hommes (il ne succède pas à son père au titre de seigneur de Traînel, qui semble aller à une branche cadette de la branche de Marigny). Il épouse Jeanne de Melun, fille d’Adam III, vicomte de Melun, et de Comtesse de Sancerre, dont il a au moins un enfant :

- Henri II de Traînel, qui suit.

Henri II de Traînel († avant 1314), seigneur de la Villeneuve-aux-Riches-Hommes. Le nom de son épouse est inconnu, mais il a au moins un enfant :

- Henri III de Traînel, qui suit.

Henri III de Traînel († après 1315), seigneur de la Villeneuve-aux-Riches-Hommes. Probablement mort sans postérité.

Branche de Venizy

Garin de Traînel-Venizy (né vers 1090, † vers 1149), seigneur de Venizy. Il épouse une femme prénommé Péronelle mais dont le nom de famille est inconnu, avec qui il a au moins cinq enfants :

- Anseau de Traînel-Venizy, qui suit.

- Fréhier de Traînel-Venizy, cité dans plusieurs chartes et qui semble avoir eu postérité.

- Hugues de Traînel-Venizy, cité dans des chartes de 1152 et 1153.

- Mélissent de Traînel-Venizy, probablement dame douairière de Marcilly, elle apparait également sous le nom de Mélisende de Méry. Elle épouse avant 1149 Simon Fournier, fils de Geoffroi II Fournier de Troyes et de son épouse Laure et a au moins deux enfants :

- Garin Fournier de Méry, chevalier.

- Garnier Fournier, chevalier puis clerc et enfin chantre du chapitre de Traînel.

Péronelle de Traînel-Venizy, dite Comtesse de Venizy, qui épouse Pierre de Courtry, seigneur du Châtel, avec qui elle a plusieurs enfants : Mile, Anseau, Frahier, Garin et Héloïse qui est moniale à l'abbaye du Paraclet.

Anseau de Traînel-Venizy (né vers 1125, † après 1158), seigneur de Venizy. Il épouse avant 1152 Isabelle de Nangis, d'origine capétienne, fille de Fleury de France, seigneur de Nangis et fils du roi des Francs Philippe Ier, avec qui il a deux filles :

- Adélaïde de Traînel-Venizy († en 1221), dame de Venizy et Saint-Valérien, qui épouse en premières noces André de Brienne, seigneur de Ramerupt, d'où postérité. Veuve, elle épouse en secondes noces Gaucher de Joigny, seigneur de Château-Renard, mais n'a pas de postérité avec lui.

- Héloïse de Traînel-Venizy († vers 1225), dame de Nangis, qui épouse Pierre Britaud, vicomte de Provins, d'où postérité.

Seigneurie d'Estissac (Aube-10)

 

Duché d’Estissac


Parti :

au 1er fascé d’argent et d’azur de dix pièces, aux trois chevrons brochant de gueules, le premier écimé,

au 2e d’or semé de trèfles de sable au lion de gueules brochant, au chef chargé d’une bande d’argent accostée de deux cotices potencées et contre-potencées d’or et de deux abeilles volant du même.

 Nicolas de Fontenay († 1396 ; fils de Nicolas seigneur de Pars-lès-Chavanges ; bailli de Troyes, général des Aides et trésorier de France, lié au duc de Bourgogne) est seigneur de Saint-Liébault (ancien nom d'Estissac) et maître de forges en forêt d'Othe dans la deuxième moitié du XIVe siècle. Sa fille Marguerite transmet Saint-Liébault à son mari Jean de Courcelles. Cette famille du Vexin normand garde Saint-Liébault jusqu'au milieu du XVIe siècle.

En 1564, Saint-Liébault fait partie du grand tour de France de Charles IX sur l'initiative de Catherine de Médicis. Le jeune roi y soupe le 21 mars.

En 1615, Jacques Vignier († 1631) baron de Jully-le-Châtel et des Riceys, achète Villemaur et Saint-Liébault où il construit le château. Son fils Claude Vignier est président à mortier au Parlement de Metz, intendant de Châlons, seigneur de Tanlay ; il épouse en 1635 Catherine Chabot († 1662), arrière-petite-fille de l'amiral Chabot. Il embellit de jardins le château de Saint-Liébault ; mais, endetté, il doit finalement vendre en 1647 au chancelier Pierre Séguier.

Séguier l'intègre à son duché de Villemor. Sa fille Marie-Madeleine Séguier épouse Guy de Laval-Bois-Dauphin. Ils ont entre autres enfants Madeleine de Bois-Dauphin, qui reçoit Estissac et s'unit : 1° à la famille du Cambout de Coislin ; puis 2° aux Laval-Bois-Dauphin. Sa fille Madeleine de Bois-Dauphin, issue de son deuxième mariage, reçoit Saint-Liébault et Villemaur. Elle épouse le maréchal Henri-Louis d'Aloigny et ils ont pour fille Marie-Henriette d'Aloigny de Rochefort, qui reçoit Saint-Liébault en 1732 et épouse 1° en 1676 son cousin germain Louis-Fauste de Brichanteau (Postérité), puis 2° en 1691 Charles de La Rochefoucauld de Blanzac (issu des comtes de Roye et de Roucy ; Postérité). En 1758, leur fils Louis-François-Armand de La Rochefoucauld (1695-1783 ; père du duc François XII) hérite de cette terre. C'est à lui que la commune doit son nom actuel : il fait ériger la seigneurie, avec Villemaur, en duché héréditaire sous le nom d'Estissac, d'après une baronnie du Périgord au nord de Bergerac et à l'est de Mussidan (dont Saint-Jean, Saint-Hilaire, Saint-Séverin), venue aux La Rochefoucauld par un mariage avec une Madaillan d'Estissac (voir les articles « Louis de Madaillan d'Estissac » et « Famille de Madaillan de Lesparre »).

Le château est reconstruit à la fin XVe siècle, sur l'emplacement d'un ancien château fort. Il est complètement détruit en 1793. Une description en est faite par le procureur fiscal Jean Chobert, en 1630. Au premier étage, après l'escalier d'honneur se trouvait une chambre aux tableaux et à côté la chapelle. Une autre était à fleur de lys et l'autre représentait la vie de Marie Stuart sur les murs. Au second étage se trouvait une pièce au trésor et une autre où se logeait le mécanisme de l'horlogerie du pavillon.

                                              La façade du château sur parc - 1738

Parmi le mobilier de ce château, certaines de ses œuvres d'art font partie du premier fonds du musée des Beaux-Arts de Troyes. Sont conservés cinq portraits de grands personnages propriétaires du château aux XVIIe et XVIIIe siècles, dont un tableau par Charles Lebrun du chancelier Pierre Séguier*, représenté à cheval (tableau au musée du Louvre) ; un portrait du cardinal Coislin par Largillière, un portrait du maréchal de Nangis par Rigaud et deux portraits de La Rochefoucault, l'un en abbé et l'autre en cardinal et qui se trouvait à Rome.


Le chancelier Séguier –Musée du Louvre

 

En 1774, Estissac devint le siège du grenier à sel de Villemaur.

En 1789, le village était de l'intendance et de la généralité de Châlons, de l'élection et du bailliage de Troyes. Au cours de la Révolution française, la commune porta provisoirement les noms de Lyébault-sur-Vanne et de Val-Libre.

Une communauté protestante relativement nombreuse a existé à Estissac et dans ses environs, sous l'Ancien Régime et au XIXe siècle. La commune d'Estissac était d'ailleurs dotée d'un temple protestant au XIXe siècle.


*Pierre Séguier


« D'azur au chevron d'or accompagné de deux étoiles de même en chef, et un mouton tranquille d'argent en pointe »

Descendant de Jacques Cœur, Pierre II Séguier, seigneur d'Autry (seigneurie du Vieux-Château), comte de Gien, baron de Villemor et seigneur de Saint-Liébault, est fait duc de Villemor (en janvier 1650). Il est fils de Jean Séguier et petit-fils du magistrat Pierre Ier Séguier (1504-1580), issu d'une famille réputée de juristes originaire de Saint-Pourçain-sur-Sioule, malgré ses prétentions à se rattacher à une famille féodale homonyme originaire quant à elle du Quercy. Son père, Jean Séguier, seigneur d'Autry, occupait les fonctions de lieutenant civil de Paris au moment de sa mort prématurée en 1596.

Pierre Séguier, d'abord élève du collège des jésuites de La Flèche, fut élevé par son oncle, Antoine Séguier (1552-1624). Il épouse Madeleine Fabry, avec qui il eut :

Marie Séguier (1618-1710), qui épouse le neveu de Richelieu, Pierre César de Cambout, marquis de Coislin et lieutenant des armées du Roi, puis qui épouse en secondes noces Guy de Laval-Bois-Dauphin. Elle sera la mère du cardinal d'Orléans, Pierre IV du Cambout de Coislin.

Charlotte Séguier (1622-5 juin 1704), qui épouse en 1639 Maximilien III de Béthune, duc de Sully, puis, en 1668, Henri de Bourbon-Verneuil.

 


Constitution civile du clergé (1790)

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