LA
SEIGNEURIE DE PALIS
Les seigneurs de
Trainel possédaient une partie de la terre de Pâlis, on relève en effet dans
une charte de 1189, qu’Hugues de PLANCY marié à Elisabeth de TRAINEL a fait don
d’une terre de Pâlis à leur fille religieuse. Cette terre revint ensuite à
Sébille, dame de Trainel, veuve d’ANSEAU IV seigneur de Trainel en 1222. Son
fils Henri I de Villeneuve-aux-riches-Hommes la vendit ensuite en mai 1248 au
comte Thibaut de Champagne.
L’autre grande maison
qui détenait une partie de la terre de Pâlis était la maison de Mailly. En
1279, un certain Jehan, seigneur de Mailli et Paléiz (2) approuve un bornage
entre les seigneuries de Pâlis et de Planty. Au début du XIVe siècle le plus
grand seigneur de Palis, qui possédait presque la totalité des terres, était
Hugues I de MAILLY. En 1328 Hugues II, [sans doute son fils] rattacha à son
domaine le fief de Tricherey (3). Ayant trahi son suzerain qui était le duc de
Bourgogne, Hugues II fut exécuté avant 1348 et la moitié de sa terre de Palis
confisquée. La veuve de Hugues II de MAILLY, Jeanne de TRAINEL, obtint cette
moitié en qualité de douairière jusqu’à sa mort en 1377. L’autre moitié fut
donnée par indivis à Jean de JAUCOURT, seigneur de Dinteville.
Vers 1350, à la mort du
duc de Bourgogne, la terre de Pâlis fut donné par Philippe de ROUVRE, héritier
du duc, à Marguerite de France, comtesse de Flandre. C’est ainsi que l’on
retrouve des documents de 1361 et 1362 où Jean de JAUCOURT et Jeanne de TRAINEL
rendent hommage à leur suzeraine, Madame la comtesse de Flandre.
La maison de Mailly ne
revendiquant plus la seigneurie de Palis après la trahison de son dernier
représentant, la terre se trouva désormais partagée entre les seigneurs
châtelains de Villemaur et la famille de BROUTIERES. En effet, Jaquot et
Nicolas de Broutieres rachetèrent en 1371 plus de la moitié de ce que possédant
Jean de JAUCOURT. Leur successeur fut Jean de BROUTIERES escuier, fils de noble
home Jaquot de Broutieres, escuier et de Damoiselle Ysabel de ROUVROY, seigneur
en partie de Palis (4). A la suite du remariage de sa mère avec un certain
Humbelot de CHASTENOY, la seigneurie fut de nouveau partagée entre celui-ci et
Jehan de Broutieres de 1384 à 1404. A la mort de Humbelot c’est la famille de
Broutieres qui se retrouva sans doute co-seigneur unique de Palis. Ils
restaient cependant vassaux des seigneurs de Villemaur, propriétaires de
l’autre moitié de la seigneurie de Palis.
De la fin du XIVe au
début du XVIe siècle, on ne retrouve pas de documents suffisants pour pouvoir
retracer l’histoire de la seigneurie de Palis et cela sans doute à cause des
nombreux troubles que le royaume de France eut à subir, la guerre de Cent ans
notamment. Une seule exception : en 1411 il est signalé un certain
Humbelot LEVRAIGE, seigneur de Pâlis. (5)
En 1503, c’est Louis
BOUCHER seigneur de Vertron qui devient seigneur. Par son mariage avec
Marguerite LE MUET, il porta la terre de Palis dans sa famille ce qui laisse à
penser que le précédent seigneur était Nicolas LE MUET, père de Marguerite,
mort en 1503. Les BOUCHER vont tenir la terre de Palis pendant plus de 150
ans ; mais ils ne seront pas seuls car les moines du prieuré de Clairlieu,
situé à quelques kilomètres de Palis, sont appelés « Seigneurs en
partie » dans un texte de 1523 ; leur titre n’était peut-être
toutefois qu’honorifique. Le fils de Louis Boucher et de Marguerite Le Muet fut
Guillaume Boucher, lieutenant général au bailliage de Sens. Il épousa Eugénie
NUGANT. Par un arrêté du 6 juillet 1525 entérinant des Lettres de 1522, la Cour
des aides ordonna que Guillaume Boucher jouirait « des exemptions et
privilèges de noblesse, nonobstant son état d’avocat, attendu qu’il était noble
issu de noble race du côté paternel et maternel ».
Lorsque Guillaume
BOUCHER mourut, ce fut Michel, son fils, qui devint seigneur de Palis.
Conseiller et magistrat au Président de Sens. Il épousa en 1558 Marie COIFFART,
fille du seigneur de Saint-Benoist, dont il eut deux fils, Michel et Noël. Ce
dernier devint à sa majorité en 1594 propriétaire de la moitié de la terre de
Palis avec le titre d’écuyer. Il eut de sa femme Louise de HAULT un fils appelé
Michel II BOUCHER. Malgré les titres de noblesse que possédaient les Boucher et
la stabilité de leur descendance, ils restaient vassaux des seigneurs de
Villemaur, les de VILLEMOR et les VIGUIER. Michel II BOUCHER quant à lui,
agrandit son domaine en 1645 en achetant à Nicolas de MESGRIGNY le fiel de
Cornillon et celui des Chaumes de Manche dans la paroisse de Marcilly-le-Hayer.
A sa mort, en 1661, c’est Georges BOUCHER, son fils, qui devint seigneur de
Palis. Sa mère obtint en tant que douairière le titre de Dame de Pâlis. Ils
prêtèrent tous deux le serment de fidélité au duc de Villemaur, Pierre SEGUIER
en 1662.
La seigneurie de Palis
changea de propriétaire durant cette décennie. Elle fut saisie vers 1668 par
Marguerite de SAINT-ETIENNE et achetée le 10 aout 1673 par François Le GOUJAT
DESMARETS pour 32 000 livres (6). Cette famille était originaire de Troyes
et descendait des LESGUISE anoblis par Lettres du roi Charles VII en 1430. Le
père de François, Claude Me GOUJAT DESMARETS, avocat au Parlement, avait changé
de nom parce qu’il lui semblait peu en rapport avec sa profession. François
DESMARETS était agrégé de Lettre et siégeait comme Docteur Honoraire dans une
assemblée de la Faculté de Droit de Paris. Il écrivit même différents ouvrages
de droit, parmi lesquels « le Traité sur la religion du serment » qui
tendait à confirmer la supériorité de la juridiction royale sur les tribunaux
ecclésiastiques. François Desmarets épouse Françoise HUEZ et eut un fils nommé
Nicolas. Ce dernier devint seigneur de Palis à la mort de son père en 1697 sous
le nom de Nicolas I DESMARETS. Il était nettement moins brillant que son père
et l’histoire le retient plutôt comme un « seigneur en retrait »
entre François Desmarets dont on parle volontiers en termes élogieux (7), et
Nicolas II son fils. Celui-ci prit possession de la seigneurie de Palis en 1731
et eut en permanence de litiges avec les habitants et même avec son suzerain.
Il mourut en 1748 et c’est son fils Nicolas III DESMARETS, chevalier, maréchal
de camp et maitre de camp du second régiment de chasseurs à cheval qui lui
succéda et qui resta seigneur de Palis jusqu’à la Révolution. Il disparut alors
abandonnant ses terres et émigra. Le 20 juillet 1792, par arrêté du Directoire
du département de l’Aube, les biens de Nicolas III Desmarets furent déclarés
« affectés à l’indemnité due à la Nation » et confisqués pour être
vendus.
JUSTICE
ET DROITS