mardi 15 octobre 2024

Château de Villemereuil

 Château de Villemereuil



Dans le vallon de la Mogne, se détache, sur un horizon de verdure, la brique rouge du château de Villemereuil.

Le fief était aux comtes de Champagne et relevait de Chappes donc un arrière-fief de l'Isle. La famille chevaleresque de Villemereuil possède ce château au XIIe siècle. 

En 1250, il appartient à Guillaume de Bonneval, et reste fortifié jusqu’au XVIe siècle.

Au XIVe siècle, le château est la possession des Detinville, puis des Foissy, qui obtiennent au début du XVI° siècle de le doter d’un pont-levis.

Le domaine échoit à M. Molé de Villy, à la suite d’aliénations multipliées, conséquence des prodigalités des Valois, des dépenses occasionnées par les troubles de la Ligue, et de la querelle protestante. Le cardinal de Retz évoque la grande figure de Mathieu Molé, ce magistrat aux principes inflexibles, au courage indomptable : « Si ce n’était pas un blasphème de dire qu’il y a quelqu’un dans notre siècle de plus intrépide que le Grand Gustave et M. le Prince, je dirais que c’est M. Molé, premier Président ».

En 1521, la famille Molé, habitant Villy-le-Maréchal, possède divers terrains sur le finage de Villemereuil. Ce sont les Molé qui, en 1429, parvinrent, avec l’évêque de Troyes, Jean Léguisé, à permettre le sacre de Charles VII. Guillaume Molé, chef de famille, épousa la nièce de l’évêque, et ses descendants s’allièrent aux Boucherat, aux Dorigny, aux Hennequin, riches bourgeois qui remplirent des fonctions importantes dans la ville. L’anoblissement de Leguisé et de toute sa famille, eut pour effet de rendre noble Guillaume Molé et sa postérité.

En 1547, la famille de Foissy qui, 27 ans plus tard, détient les droits engagés, acquiert une partie de Villemereuil.

Gaulcher, Pierre et Anne de Foissy, se succèdent. Anne, à sa mort, donne le couvent de Foissy, la plus belle portion de ses terres.

La terre, la justice, la seigneurie avaient été engagées avec faculté de rachat perpétuel, par contrat du 19 juillet 1574, moyennant 6.126 livres, par M. Piquet, trésorier de France, à Gaulcher de Foissy, qui les avait transmises à M. Molé de Villy.

Nicolas Dauvet, comte des Marets, Grand-Fauconnier de France, vient ensuite dans l’ordre des propriétaires. En 1656, ce dernier la cède par voie d’échange à Claude Molé, seigneur de Villy-le-Maréchal, et à Simone de Mesgrigny, sa femme.

Françoise de Thomassin, veuve de Jean-Jérôme Molé, fait bâtir l’élégante construction que nous voyons aujourd’hui, calquée sur une partie du château de Saint-Liébault (Estissac).

Après le décès de la veuve du dernier Molé, se succèdent les membres de la famille de Corberon, cousins de Françoise Thomassin.

M. de Corberon, Conseiller d’Etat, premier Président au conseil souverain d’Alsace, mort à Troyes en 1764, laissa pour héritier Louis de Corberon, son frère, chanoine de Paris et abbé commanditaire de l’abbaye de Saint-Seine, qui lègue le château et ses dépendances à Marie-Béatrix d’Houville de Chasseneuil. Ce dernier vend la propriété en 1776 à la famille de M. Bonamy de Villemereuil, membre du conseil général de l’Aube.

La jolie construction du château actuel date de 1715, dans le style du XVIIe siècle.

Il consiste en un principal corps de bâtiment flanqué aux quatre angles de pavillons carrés, de la même hauteur que le corps principal, dans lequel ils sont engagés. Ils sont couronnés de toits aigus, à 4 versants. Deux jolis pavillons en brique et craie, au milieu de bois et d’un grand parc, baigné par l’eau des fossés dont l’un est flanqué d’une tourelle.

Au sujet du château de Villemereuil, l’historien Grosley a écrit :

 « J’ai vu à Villemereuil, terre du domaine des Molé, fixés à Troyes, des tapisseries du XVe siècle, ornées de leurs armes pleines, sur un champ semé de fleurs, le tout aussi mal jeté et dessiné, que précieux pour la matière et l’exécution mécanique. La devise ou cri qui accompagne ces armes, est formé de 2 vieux mots énergétiques et pleins de sens : Guider Déçoit (penser trompe) ».

Villemereuil a essuyé, comme tous les villages des environs, les conséquences des guerres et des invasions. Le pillage, l’incendie et le meurtre  l’ont désolé plus d’une fois.

Au temps de la Ligue, les troupes royales et celles des ligueurs se battirent aux environs.

Durant l’invasion de février 1814, il y eut sur son territoire des engagements répétés. Le château échappa pourtant au vandalisme des armées alliées.

MH : Façades et toitures du corps de logis principal et des deux pavillons du château (cad. E 454) : inscription par arrêté du 25 octobre 1971 

cadastre 1929

Fichot 1817






Le château appartient à la famille de Villemereuil depuis 1776 ; aujourd'hui,  au maire de Villemereuil, Monsieur Gérard de Villemereuil

Propriété privée


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Châteaux de Villechétif, Villemaur

 Château de Villechétif  

Maison seigneuriale en 1556.

 Château de Villemaur 


Durant tout le XIIe siècle, Villemaur appartient aux Comtes de Champagne.

La seigneurie entre dans le domaine comtal champenois vers 1195. Le comte choisit d'ériger Villemaur au rang de châtellenie. On lui rattache ainsi des fiefs dont les titulaires n'ont plus à se rendre à Troyes pour accomplir leur devoir féodal. De cette petite châtellenie dépendra la seigneurie de Marigny (propriété d'une branche de la famille de Traînel) ; et le fief de la Mothe, à la sortie Nord de Rigny-le-Ferron. Un prévôt comtal succède au prévôt seigneurial.

Un chemin conduit directement à Joigny, comté qui intègre la vassalité du comté de Troyes dès l'année 1100. Ce chemin passe par Coulours où les Templiers installent leur première commanderie, et par Rigny-le-Ferron, où les vicomtes de Joigny installent le siège de leur vaste seigneurie.

La famille de Villemaur possède la seigneurie. Son autorité est néanmoins cantonnée par d'autres seigneurs des environs : les Trainel à Pouy et Villeneuve-l'Archevêque; les de Mauny à Bagneaux, vassaux des Trainel; les vicomtes de Joigny à Rigny-le-Ferron ; l'évêque de Troyes à Aix-en-Othe; le sire de Marigny (cadet de la famille de Trainel) au Nord. La seigneurie, sous la suzeraineté du comté de Troyes, se fond dans le comté de Champagne à partir des années 1160.

Le premier titulaire connu est Manassès. En épousant Ermensent, veuve d'un vicomte de Sens, il portera courtement le titre vicomtal (de Sens) en 11033. Il vit en 1125 et est peut-être décédé avant 1127. Il semble être le frère d'un Hilduin de Marolles (-sur-Seine ?). Son fils puîné Manassès sera chanoine de Sens (1164) et archidiacre de Troyes (1131), mettant à profit la paix retrouvée après 1152 entre le domaine royal et la Champagne pour faire une carrière à cheval sur la frontière. Son fils aîné Eudes de Villemaur décède avant 1154. Sa veuve Hélie se remarie à Guillaume Le Roi, maréchal de Champagne (1158).

Les seigneurs disposent d'un château à Villemaur. Deux familles de chevaliers sont vouées à sa garde : les « le Louche » et les « le Chasseur ». Une collégiale dotée de chanoines démontre la volonté de prestige de la famille.

À la fin du XIIe siècle, le lignage disparaît à la quatrième génération

À la fin du XIIIe siècle le comté de Champagne passe à la Couronne de France par le mariage en 1284 de la comtesse Jeanne avec Philippe IV le Bel. En 1316, leur fils aîné le Roi Louis X le Hutin décède, rapidement suivi dans la tombe par son fils posthume Jean Ier.

Sa fille, Jeanne de France, est dépossédée de la couronne de France et de ses droits en Champagne-Brie par son oncle Philippe de Poitiers (Philippe V) : son tuteur et oncle, le duc de Bourgogne, puis son mari Philippe d'Evreux, lui font ménager par plusieurs traités passés avec Philippe V, Charles IV et Philippe VI, un dédommagement financier sous forme de rentes et assignations. À cette occasion, on découvre l'existence de forges, sans doute alimentées en combustible et en minerai par la forêt d'Othe voisine.

L'assiette de ce dédommagement successoral est arrêtée en 1328. Jeanne de France reçoit la châtellenie de Villemaur, et celles de Chaource, d'Isle (-Aumont) et de Payns. Elle résulte du travail conjoint du bailli de Troyes et du doyen de la cathédrale de Troyes, missionnés par Philippe VI. Devant l'insuffisance de l'assiette de la seule châtellenie de Villemaur, les autorités parisiennes ont donné l'autorisation de ponctionner les trois autres châtellenies.

L'assiette de la seule châtellenie de Villemaur est vaste. Elle s'étend alors de Vauluisant, Les Sièges et Coulours jusqu'à Fontvannes, Messon, Sormery, Vauchassis.

Il est de ce fait assuré que la châtellenie de 1328 dépasse largement la seigneurie indépendante dans ses éléments relevés au XIIe siècle. Par ailleurs, les experts chargés localement d'estimer le revenu des différents éléments constitutifs insistent pesamment sur le fait que la valeur du fermage de la prévôté est montée excessivement et que les derniers prévôts-fermiers "en ont été de leur poche". Cette difficulté économique un peu antérieure à 1328 est aussi relevée dans les autres châtellenies incluses dans l'assiette. Les estimateurs ont refusé d'assigner une valeur au revenu tiré des châteaux comtaux de la quasi-totalité de l'assiette (sauf Payns). Ils ont donc été cédés à Jeanne de France pour une valeur nulle.

La charte originale de l'assiette se trouvait à la Chambre des Comptes de Paris et brûla avec elle en 1737. Par chance une copie avait été opérée un demi-siècle auparavant.

Aux XVe – XVIe siècles, Villemaur forme avec Isle, Chaource, Maraye, Payns, un groupe de châtellenies constituant un ensemble féodal aux mains des ducs de Bourgogne, notamment la duchesse Marguerite, puis leurs descendants comtes ou ducs de Nevers.

Villemaur accueillait plusieurs administrations royales, dont un grenier à sel et un siège particulier d'élection.

Aux XVIIe – XVIIIe siècles, Villemaur forme avec Saint-Liébault le duché de Villemaur érigé pour le chancelier Séguier, puis le duché d'Estissac pour les descendants du chancelier membres de la famille de La Rochefoucauld-d'Estissac.

Cette dernière famille a conservé des documents sur Villemaur depuis le XVIe siècle.


Le village fortifié de Villemaur


Voir :  Châtellenie de Villemaur

de nos jours, Villemaur se nomme : Villemaur-sur-Vanne

Vous pourrez admirer dans ce village la magnifique collégiale de l’Assomption de Marie avec son extraordinaire jubé tout en bois du XVIe siècle


Classé sur la liste de 1862, le jubé de l’église de Villemaur-sur-Vanne constitue presque un unicum dans le corpus français conservé.

Nommé à partir de la locution latine « jube, domine, benedicere » (daigne, seigneur, me bénir), le jubé a dans l’église une fonction liturgique précise : il sépare la nef (où se situent les fidèles) du chœur, où le clergé officie.

Cet élément remarquable pour le patrimoine aubois et national se distingue principalement pour la qualité de ses décors sculptés : 15 scènes de la Passion du Christ donnent sur la nef, tandis que côté chœur prennent place 11 scènes de la Vie de la Vierge.

Traditionnellement daté de 1521, il a fait l’objet de nombreuses études universitaires, qui ont mis en avant les influences stylistiques et iconographiques à l’œuvre dans la création artistique de la Champagne méridionale de la fin du Moyen Âge et du début de la Renaissance (Véronique Boucherat, L’Art en Champagne à la fin du Moyen Âge : Productions locales et modèles étrangers (v. 1485 – v. 1535), Rennes, P.U.R., 2005 (415 p.)).

Aujourd’hui reconnu comme l’une des œuvres monumentales caractéristiques de la sculpture champenoise de la période, ce jubé est également l’un des rares témoignages en place des pratiques liturgiques qui précèdent le Concile de Trente (1545-1563).

 

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Château de Villebertin

 Château de Villebertin


Le château de Villebertin était au XVIIIe siècle, un des plus importants des environs de Troyes. Il est nommé Château de Maison Blanche à Buchèresmais se trouve sur les terres de Moussey, village à 6km de là.

Depuis le XVIe siècle, il appartenait à l’ancienne famille champenoise de Mesgrigny.

Sous Louis XV, ses vastes bâtiments, construits sur les bords du ruisseau de l’Hozin, étaient couverts de tuiles communes et de tuiles plombées, et flanqués de deux tourelles carrées couvertes d’ardoises de Saint-Louis. On y pénétrait par un escalier de pierres de Tonnerre en forme de perron, abrité sous un auvent garni « de petites ardoises taillées avec plomb sur les "arrêtiers" ».

A l’intérieur, à côté d’un escalier de bois à quatre rampes, s’ouvraient une salle à manger garnie de petits carreaux et une autre grande salle « plancheyée ».

En 1372, à la mort de Nicolas de Mesgrigny, cette grande salle, tendue de sept pièces de tapisserie façon Châtillon, était ornée de deux portraits d’empereurs et d’un grand tableau « où était dépeint Moïse », et qu’on estimait à 50 livres.

C’était le tableau que Jérôme de Mesgrigny, à son retour de Terre Sainte, avait fait exécuter à Bologne par un des Carrache. La pièce, munie de tapis de Turquie, était garnie d’un « lit de salle » et de sièges recouverts de moquette. Avec la grande salle communiquait la chambre à coucher du seigneur, tendue de tapisserie de haute lisse, avec un lit tapissé de damas cramoisi et un grand miroir garni d’argent. Dans les autres chambres, qui étaient assez nombreuses, on remarquait quelques meubles de luxe, tels « qu’une cassette de nuit de bois de la Chine garnie de cuivre doré », un « sac de tabis incarnat garni de dentelle d’or et d’argent, une montre d’argent propre à mettre sur la table ».

Au second étage se trouvait une chapelle munie de ses ornements, et qui était dédiée à la Nativité. Tout dans le château et ses dépendances, où 12 chevaux étaient enfermés dans les écuries, attestait la vie large et noble qu’on y menait.

 En 1725, après la mort de l’abbé de Mesgrigny, la terre de Mesgrigny fut mise en vente par licitation, et reprise moyennant 55.100 livres par un des membres de la famille. Le château n’avait pas été modifié depuis la mort de Nicolas de Mesgrigny.

En 1733, son état d’entretien laissait même à désirer, mais il devait recevoir d’importants agrandissements dans le cours du siècle.

A l’époque de la Révolution il avait été transformé selon le goût du jour. La grandeur des glaces, le nombre des meubles (2 canapés, 4 bergères, 24 fauteuils, 4 voyeuses en tapisserie brodée  à l’aiguille), indiquaient des habitudes de luxe et de large hospitalité.

Comme dans la plupart des grands châteaux du temps et de la région, à Brienne, à la Chapelle-Godefroy, à Chacenay, par exemple, on avait construit à Villebertin une salle de comédie. Quinze chambres à coucher, numérotées comme au château de Brienne, étaient destinées à recevoir les hôtes, et l’on peut avoir une idée de la largeur avec laquelle ils étaient traités, en sachant que les caves renfermaient 5 muids (1 muids = 300 à 500 litres) de vin d’Espagne.

A la Révolution, de très beaux tableaux sont transportés à Troyes, à l’Hôtel de Vauluisant, qui appartenait à la famille de Mesgrigny. En effet, leur propriétaire pensait que transportés dans une résidence urbaine, ils y seraient plus en sûreté que dans un château isolé, exposé aux attaques et aux déprédations des révolutionnaires. Et il ne se trompait pas.

Dans les jardins, transformés en parc anglais, et dans l’un des bosquets, on avait disposé, dans un labyrinthe, différentes statues : 1 ermite en terre rouge, 1 Bacchus sur 1 tonneau et un pêcheur.

En avril 1794, à la suite de l’émigration des frères de Mesgrigny, le mobilier du château de Villebertin fut mis en vente. Plusieurs des révolutionnaires les plus ardents de Troyes allèrent à cette vente comme à une partie de plaisir. Quelques sans-culottes se rendirent dans le labyrinthe, et, après leur passage, on put constater que les 3 statues gisaient en morceaux au bas de leurs piédestaux.

Après la chute du régime de la Terreur, les vandales furent poursuivis. Le jury les déclara coupables d’avoir brisé les statues et les condamna à 2 ans de fers et à l’exposition préalable  de 6 heures sur une place publique de Troyes.

Le château passa ensuite à la famille du comte du Parc. Son épouse était originale : elle tenait l’harmonium le dimanche à l’église de Bûchères, en fumant le cigare ! Le comte avait une fille et deux fils, les vicomtes Bernard et Maxime. Aucun n’eut de descendance.

Le château revint au vicomte Bernard, un vieil excentrique qui vivait seul et qui ne s’occupait pas des lieux. 

A son décès,  Maître Pierre Jonquet, notaire à Troyes, fit une magnifique vente du mobilier pendant 3 jours sous des tentes de l’armée. Ma grand-mère a acheté 6 belles chaises « à la gerbe ».

Antiquaires et collectionneurs du tout Paris et de l’étranger étaient sur les lieux, le secrétaire particulier de Rockefeller était également présent, sa Rolls-Royce faisant sensation. Cette vente mobilière a été jugée à l’époque de « Vente du Siècle ». Le mobilier étant de grande qualité.

Le domaine (château, ferme et champs) est acheté par Pierre Jonquet, qui fait une SCI. Quelques temps plus tard, le tout est revendu à la Compagnie Lesaffre International.

Depuis maintenant près de 40 ans, le château est abandonné. La ferme étant en fermage continue une activité des plus réduite. 


Mystère au château de Villebertin

 

Ce crime est une " énigme non résolue".

Vendredi 7 juillet 1939, vers 16h30, Geneviève Brigandet quitte, à bicyclette le Château de Villebertin, où ses parents sont régisseurs, au service de monsieur le vicomte du Parc.

Cette normalienne de 19 ans s’apprête à participer au voyage de promotion du 14 juillet. Pour cela, elle a demandé à sa couturière de Verrières de lui confectionner une jaquette, et l’essayage terminé, vers 17 h 30, elle repart au château.

A 19 h, ne la voyant pas de retour, ses parents pensent à un accident. Son père va chez la couturière qui lui confirme le départ de sa fille. Au lever du jour, M. Brigandet va à la gendarmerie faire sa déposition.

Les gendarmes enquêtent à Buchères, Maisons-Blanches, Moussey et Verrières. Ils fouillent le lit de la rivière et les bois environnants.

Le dimanche matin au lieu-dit Le Champ du moulin, ils trouvent un petit peigne, un morceau d’étoffe près de fils de fer barbelés, et dans un trou d’eau un cadavre qui est celui de Geneviève !

Le Parquet et la Police sont prévenus, le procureur, le juge d’instruction, le greffier, le médecin légiste arrivent sur les lieux. L’autopsie indique que Geneviève n’a été victime d’aucune violence. Juste un hématome au-dessus de l’oreille droite. Elle a succombé à une hémorragie interne. La mort n’est donc pas due à une immersion, c’est un cadavre qui a été jeté dans ce trou d’eau. Le corps est transporté à la mairie de Buchères. C’est alors l’audition des témoins. La couturière confirme que la jeune normalienne était enjouée et qu’elle lui a remis un échantillon de tissu (celui retrouvé), avant son retour pour le château, vers 17 h 30.

Une habitante de Verrières signale que près de La Fosse aux Carpes le vendredi soir, elle a entendu un bruit de lutte, des cris étouffés, a vu briller dans les broussailles le guidon d’un vélo. Un restaurateur à Troyes et Verrières, dit avoir aperçu lui aussi, vers 17 h 50, un guidon de bicyclette émergeant de fourrés.

Le jeudi 11 juillet, les obsèques de Geneviève Brigandet ont lieu à Buchères, avec le curé de Bréviandes et l’abbé Boudoul, curé de Moussey. Les discours d’une élève, puis de la directrice, sont entrecoupés de sanglots, comme dans l’assistance.

Quatre jours plus tard, le mystère persiste ! Le commissariat fait paraître un article demandant aux personnes qui auraient emprunté la route de Verrières à Buchères, le vendredi après-midi, de se faire connaître. On a retrouvé le corps, mais où se trouve la bicyclette ? - Suicide ? - Accident mortel ? - Crime ? Après les auditions le crime ne fait aucun doute. Mais, quels peuvent en être les motifs ?

- Suspect n°1 : un automobiliste ? La jeune fille a peut-être été heurtée par un automobiliste qui aurait caché le corps dans un trou d’eau. C’est invraisemblable, car il aurait fallu porter 150 mètres, par-dessus une clôture, des fils de fer barbelés, à travers des ronces… le corps très robuste, avant de le précipiter, dans le trou d’eau ! Enfin, que serait devenue sa bicyclette ?

- suspect n°2 : lors des obsèques, un jeune homme s’écroule inanimé. C’est un ami d’enfance de Geneviève. Cela éveille aussitôt la curiosité les gendarmes, mais ils écartent cette piste ! La piste est aussitôt abandonnée, puisque le vendredi tragique, ce jeune homme n’a pas quitté la ferme de ses parents, où il a chargé tout l’après-midi du fumier !

- suspect n°3 : un jeune déséquilibré ?

- suspect n°4 : un inconnu aurait donné rendez-vous à Geneviève à La Fosse aux carpes ? Une discussion, elle est frappée, son interlocuteur prend peur et la jette dans le trou d’eau ? La police regrette que l’autopsie ait été faite dès la découverte du corps, et surtout, sans la présence ni du commissaire, ni de l’inspecteur, qui auraient peut-être décelé des indices pouvant être d’un précieux appoint pour leur enquête ! Les tests avec ADN n’existaient pas encore.

Pour madame X de Méry-sur-Seine, ce serait un drame de la jalousie :

- suspect n°5 : une jeune fille jalouse. Madame X avait 23 ans à l’époque était une amie de Geneviève, qui venait de se fiancer à un jeune instituteur qui faisait son service militaire au 35ème  Régiment d’Infanterie à Belfort. La jeune fille, auparavant, aurait eu une liaison, et Geneviève aurait reçu des menaces d’une femme qui fréquentait le même jeune-homme.

- suspect n°6 : un cambrioleur. monsieur Z, qui parle d’un cambrioleur, que Geneviève aurait reconnu lors d’un vol commis au château de Villebertin, la veille de sa disparition !

Visite à madame Y de Pont-Sainte-Marie, qui aurait reçu les confidences de ses parents et grands-parents… 1 jeune, travaillant aux Transports Lauvergeat serait notre 7° suspect.

Madame S.F. qui habite Maisons Blanches, et connaissait bien Geneviève confie que depuis 70 ans, elle ne peut s’empêcher de penser à Geneviève chaque fois qu’elle passe devant le château ! Je l’interroge sur ses souvenirs de cette époque, et j’inscris le nom d’un 8° suspect : le Vicomte du Parc ! A l’époque, la rumeur parlait d’un crime commis par le Vicomte du Parc.. Bernard du Parc a en effet été mis en prison, mais relâché faute de preuves deux jours plus tard !

Je rends visite à monsieur B.C . Pour lui, il y aurait un - 9°suspect : un soldat !  L’audition, à l’époque de soldats n’a pas eu de suites. Il me reste un important témoin : Mme Fays, dont les parents étaient, en 1939, régisseurs du Château, où elle habite. A ma question : " Après ce drame, en avez-vous parlé avec votre père ? ", elle me répond : " Oh oui, plusieurs fois, mais c’était toujours bouche cousue, et je n’ai plus insisté devant la fureur du père !!! ". " En avez-vous parlé avec les vicomtes Maxime ou son frère Bernard ? "."M. Bernard m’a dit avoir été mis en prison à ce sujet, et qu’il ne voulait plus en entendre parler ! On a aussi parlé du curé d’une commune proche, qui passait sa vie au château, et y commandait tout le monde, même M. le Vicomte ! La rumeur disait que c’était lui le coupable ! "

Suspect n°10 : le curé voisin ! Mais cette dame ne sait pas s’il a été entendu par les gendarmes à cette époque, c’est seulement M. Hugerot qui le lui a affirmé ! Lorsque je rencontre Mme Fays, elle pousse le fauteuil roulant de son époux dans l’allée du château. Avant de les quitter, je lui pose cette question : " Et vous, M. Fays, avez-vous quelques souvenirs de ce drame ? ".

" Ben oui, pour moi, j’avais entendu dire que c’était l’œuvre du marchand de frites qui était sur la plage de Villepart, où il venait le dimanche et les jours de fête l’été ! "

Suspect n°11 : le marchand de frites. Cette hypothèse n’est pas plausible, Geneviève Brigandet ne fréquentait que la plage de Verrières !

En recherchant les témoins de ce drame, j’ai recueilli 70 ans après :

- 11 confidences, mais….

- 11 hypothèses différentes, donc…

- 11 assassins présumés !!

La solution de l’énigme est aujourd’hui entre vos mains. Pour vous, quel est l’auteur de ce crime ?

Le 17 Mai 2020, j'ai reçu un message au sujet du crime que j'avais relaté ci-dessus. Ce correspondant, qui me demande l'anonymat, mais que je remercie chaleureusement, apporte des éléments complémentaires à ce dossier :

" J'ai retrouvé ces éléments dans des papiers manuscrits de ma mère, qui était condisciple de Geneviève Brigandet à l'Ecole Normale d'Institutrice de Troyes.

Elles ont été très proches, et se sont brouillées pour des affaires de coeur.

Ces éléments ne sont ni une preuve, ni un témoignage, mais un récit autobiographique dans lequel les noms ne sont pas indiqués, et les prénoms changés.

 Mais je sais, pour en avoir beaucoup entendu parler dans mon enfance, de qui et de quoi il s'agit.

L'Hypothèse émise est la suivante : les propriétaires du château ont un fils (Hubert dans le texte de ma mère), un peu retardé mentalement, et très amoureux de Geneviève.

Ma mère le rencontre dans le parc du château quelques semaines avant le crime (les dates ne sont pas précisées), lors d'une promenade solitaire dans la forêt.

Au jeune homme qui demande des nouvelles de "Viève", ma mère répond qu'elle n'est pas là, et propose, par jeu, qu'ils la cherchent tous les deux.

Lors de la longue promenade qui suit, le jeune homme dit tout son amour pour Geneviève, qu'elle lui appartient, qu'il est malheureux  quand elle est à l'école, qu'il voudrait qu'elle soit toujours là et qu'il ne la laissera plus jamais quitter le château.

Ma mère, qui, rappelons-le, est maintenant brouillée avec Geneviève, après une phase d'amitié assez exclusive à l'école, et est très remontée contre elle, est alors prise d'une sorte de frénésie verbale contre son ex amie, qui, selon elle, a beaucoup changé et la rejette.

Elle dit alors à Hubert toute l'indifférence de Geneviève pour lui, son dégoût du château et de sa forêt, dans lequel ses parents sont domestiques. Elle dit que Geneviève est fiancée, qu'elle partira, loin de la forêt, du château et de Hubert...

Hubert pleure, s'agite et refuse d'entendre ce que ma mère lui raconte.

Ma mère le calme et le console, en lui donnant des bonbons, un peu inquiète toutefois de tout ce qu'elle vient de dire.

Quelques jours plus tard, les vacances scolaires arrivent et ma mère part quelques jours.

A son retour, elle apprend l'assassinat de Geneviève, la veille...

A ma connaissance, ma mère n'a jamais été auditionnée et n'a aucunement fait état des faits relatés dans son texte.

Je ne veux, ni ne peux porter, de grave accusation sur la base de ce qui précède, seulement ajouter un suspect non évoqué, dans votre liste, déjà étoffée ".

 

Raconté par mon arrière-grand-oncle

 

Les châteaux dans l'Aube


Châteaux de Villacerf, Ville-aux-bois,

 Château de Villacerf 



Le village actuel de Villacerf s’appelle, au moyen-âge, Samblières, et ne forme qu’une dépendance très secondaire de Saint-Lyé.

Vers la fin du XIe siècle, saint Adérald, chanoine et archidiacre de Troyes, apporte de son voyage de la Terre Sainte, un morceau de pierre du sépulcre de Jésus-Christ. Il fait bâtir à Samblières un monastère de l’ordre de Clugny, où il dépose cette pierre, et auquel il donne le nom de Saint-Sépulcre, qui devient dès lors celui du village, les seigneurs s’intitulant châtelains du Saint-Sépulcre.

En 1659, Louis Hesselin, baron, maire de la chambre aux-deniers, fait rebâtir le vieux manoir par Levau, architecte du roi. C’est ici qu’apparaît la puissante famille des Colbert, qui donne à cette résidence une illustration et des embellissements remarquables.

A cette époque, le nom de Villecerf ne sert à désigner qu’une seigneurie du voisinage, celle de Riancey.

Ce domaine, vers 1560, est possédé par un riche marchand de Troyes, Fouret, marié à Guillemette Cochot. Ils marient leur fille Marie, à Odard Colbert. Celui-ci, frère des Colbert de Reims a fait aussi à Troyes, d’excellentes affaires dans le commerce. Il a un établissement considérable rue du Mortier d’Or. Il hérite en 1588, de son beau-père, de la terre de Villacerf-Riancey, et l’ajoute à celles de Drônay, de Saint-Pouange et de Turgy, qu’il possédait déjà.

Son fils Jean-Baptiste, qui avait épousé une Letellier, sœur du chancelier, et qui ouvrit par là à ses descendants la porte aux plus grands honneurs, meurt en 1665, intendant de Lorraine.

C’est son fils et successeur, Edouard Colbert, qui, le 5 août 1667, réunit à ses possessions la terre de Saint-Sépulcre, et qui, en décembre 1673, obtient des lettres-patentes abolissant le nom de Saint-Sépulcre, et le remplace par celui de Villacerf-le-Grand, qui, dit-il dans sa requête, est depuis un siècle dans sa famille.

Celui de Villacerf-le-Petit ou du Petit-Villacerf, continue quelque temps à désigner Riancey, et finit par tomber entièrement en désuétude.

Edouard Colbert était magnifique dans ses goûts et ami éclairé des arts. Sa charge d’inspecteur général des bâtiments royaux le met en rapport avec tous les artistes du grand siècle, très disposés à lui consacrer leurs talents.

Le château du financier Hesselin ne lui paraît pas en rapport avec sa haute position. Il appelle de Paris les architectes, les peintres, les sculpteurs les plus en renom à cette époque, entre autres Girardon, et fait construire à nouveau le château dont vous voyez la reproduction. La grandeur des jardins, leur savante distribution, les bassins, les jets d’eau et les statues dont ils sont ornés, répondent à la magnificence de cette habitation princière.

Edouard Colbert, mort en 1699, a épousé Marie-Geneviève Larcher. Girardon a fait son portrait dans un médaillon de première grandeur, dont on conserve la chalcographie au Louvre.

Vers 1705, le marquis de Villacerf passe à Pierre-Gilbert Colbert, maître d’hôtel de la duchesse de Bourgogne, et à Marie-Madeleine de Senneterre, sa femme.  A sa mort en 1727, il a pour successeur son frère, Charles-Maurice, abbé de Saint-André, agent général du clergé.

A l’époque de la Révolution, il appartient à Madame Marie-Amélie-Caroline-Joseph-Françoise-Xavier de Bavière, épouse du comte d’Hautefort, grand d’Espagne, de première classe.

La terre, comme bien d’émigré, est vendue nationalement et le château démoli. Il n’en reste d’autres souvenirs, que les deux beaux bustes de Louis XIV et de Marie-Thérèse, de la main de Girardon, conservés au musée de Troyes, et une statue en pierre, représentant Atlas, recueillie au château de Sainte-Maure.

Monsieur l’abbé Saget, ancien aumônier de Madame d’Hautefort, conservait dans son cabinet la gouache représentant le dernier état du château de Villacerf, que vous trouverez en tête de ce chapitre.


Grande perspective des jardins de Villacerf, vers 1700




Edouard Colbert de Villacerf par Pierre Mignard


Louis XIV - par Girardon
Musée St Loup de Troyes


Marie-Thérèse d'Autriche - par Girardon 
Musée St Loup de Troyes



Château de Ville-au-Bois 



La Ville-aux-Bois est nommée « le Petit Poucet de l’Aube ».

C’est la plus petite commune du département et son territoire est planté des deux-tiers en bois. Trois étangs agrémentent l’environnement. Elle fait partie de la Communauté de communes « de Soulaines Dhuys ».

Le village de La Ville-aux-Bois se compose de 19 habitants.

Le Château avait été bâti au début du XVIIIe siècle par un membre de la famille de Tance (Claude vraisemblablement) qui possédait la seigneurie de Ville-au-Bois-Epothémont et Remy-Mesnil (aujourd’hui partie de la forêt d’Epothémont).

 Cette demeure avait belle allure, bâtie en brique et pierre, elle était précédée d’une cour d’honneur close par de belles grilles ouvragées qui furent transportées, lors de la démolition du château, à Wassy (Haute-Marne), au « Château Pissot », au début du XXe siècle. Derrière, s’étendait jusqu’à la forêt un tapis vert, bordé de grands arbres.

Une source « Goule du Moulin à Vent », située à la lisière de la forêt, captée, alimentait ces lieux en eau potable.

En équerre à gauche de la façade s’élevaient des communs importants, dont subsiste encore une construction basse à toiture en forme de carène de bateau.

En 1789, ce château était habité par Jean-Baptiste Antoine de la More, Conseiller en la Chambre des Comptes du Barrois, seigneur d’Epothémont et Remy-Mesnil. Il y vint vers 1766, époque de son mariage avec Mademoiselle Marie Marguerite de Saint-Vincent, descendante par alliance de la famille de Tance (Seigneurs de Ville-au-Bois et Epothémont depuis le XVIe siècle). De leur union naquirent 2 fils et 1 fille : Jean-Baptiste Marie Bercaire, comte de la Morre, Claude Antoine, baron de la Morre-Villaubois, Françoise Florentine de la Morre.

Sous la Révolution : Les châtelains de Ville-au-Bois et leur fille (les 2 fils émigrèrent) auraient dû passer la période troublée de la Révolution en toute quiétude dans leur belle demeure. En effet, le village était peu important, perdu dans la forêt ne comptait que 16 ménages en 1787.

La Convention, par une loi publiée le 21 mars 1793, institua auprès des municipalités, des « Comités de Surveillance », qui avaient mission d’espionner, dénoncer et faire appliquer les lois terroristes. 

Dès le 11 Messidor An II (10 novembre 1793), le Comité de Surveillance de La Ville-au-Bois est constitué.

Des dénonciations eurent lieu, et plusieurs délateurs se présentèrent.

Le 3 décembre, il fut « annoncé au son de la caisse dans tous les endroits de la commune où il est usage de le faire, qu’il est du devoir de tous les citoyens de ce lieu, de déclarer dans les 24 heures au greffe du Comité «  toutes les personnes qui, par leur conduite et leurs propos "arrestatiques", se seraient montrés ennemis de la Révolution…» :

 par exemple, Jean Laurain déclara au Comité qu’il avait été dit par la « femme Morre que l’on célébrait des fêtes et que l’on chantait des Te Deum et que l’on s’en repentirait ». 

« Un autre dénonciateur nommé Edme Laurain a entendu dire à la femme Morre qu’un assignat de 500 livres ce serait peut-être pour torcher son derrière »… 

En clôture de la séance du 3 décembre 1793, nous lisons : 

« Nous, le Comité citons le citoyen et les citoyennes de ne point s’écarter de leurs bâtiments… ». 

En dessous se trouve cette déclaration écrite de la main de J-B. de la Morre : 

« Je soussigné m’engage et promet de ne point sortir de ma maison, ni du finage de Ville-au-Bois non plus que mon épouse et ma fille et de laisser l’entrée toujours de ladite maison au Comité de Surveillance et à toutes autres personnes pourvues d’ordre par les autorités constituées ». 

Le 30 Frimaire (30 décembre) suivant, les membres du Comité se transportèrent chez les nobles et les particuliers pour faire la recherche de toutes les argenteries monnayées et non monnayées. 28 citoyens (dont le châtelain) déclarèrent avoir et posséder quelques bijoux en or et argent et quelques pièces de monnaie : « le citoyen Jean Morre a déclaré avoir un crucifix et un cœur et une croix d’or et une épingle d’argent non monoyé, plus tout en or pour argent 102 livres argent monoyé… ».

Le 7 Nivôse An II (27 décembre 1793), à 10 heures du matin les membres du Comité se transportèrent en la maison  de J-B. Morre pour faire la visite des papiers…

A la fin de l’année 1793, la cloche de l’église fut descendue ainsi que le crucifix.

A partir de Nivôse An II (fin décembre 1793) le Comité n’eut plus d’activité et le châtelain et sa famille ne furent plus inquiétés. Cependant, le 8 germinal An II (21 mars 1794) le châtelain est porté sur la liste demandée par l’agent national du District de Bar-sur-Aube, comme détenu suspect.

La dernière délibération du Comité de Surveillance de Ville-au-Bois eut lieu le 11 Messidor An II (29 juin 1794), clôturant la période de la Terreur au village.

Après le décès du Vicomte J-B. Antoine de la Morre et de sa femme (23 juillet 1832), Monsieur et Madame d’Astier, le 11 novembre 1839 en furent les propriétaires.

Quelques années plus tard, M. et Mme d’Astier vendirent tout le domaine et le château.




Les châteaux dans l'Aube




Château de Vermoise

 Château de Vermoise 



A 10 km de Troyes, dans un parc à la française centenaire, le domaine de Vermoise met aujourd’hui, pour des réceptions privées ou professionnelles, à disposition, une grange champenoise du XVIIIe siècle, pouvant accueillir de 100 à 300 personnes.

Les bords de la Seine ont été labourés par les armées, et ses habitants soumis à de cruelles épreuves ; c’est le sort de toutes les contrées ouvertes qui se trouvent sur le chemin des grandes villes. Les passages des nuées de barbares qui succédèrent à l’invasion romaine, confond dans un commun désastre toute la contrée qui s’étend depuis Troyes jusqu’à Méry-sur-Seine.

C’est dans les temps reculés, au milieu du IVe siècle, la guerre des Allemands. Au Ve, les Vandales, puis le passage d’Attila. Au VIIIe siècle, l’invasion des Sarrazins. Au IXe siècle, les ravages des Normands. C’est aux XVe et  XVIe siècles, la guerre des Anglais, avec ses mille épisodes de dévastation et de ruine. C’est au XVIe siècle la guerre des Ligueurs, et enfin en 1814, la coalition européenne.

Vannes et Vermoise, hameaux dépendant de Sainte-Maure, se tiennent par la situation et par les événements. Une partie de Vermoise dépendant de Thurey, tombe au XIe siècle, par suite de la donation faite par Hugues II évêque de Troyes, entre les mains du couvent de Saint-Benoît-sur-Loire. C’est de cette époque que Thurey change de nom, comme Cormorin, compris dans le même don. Celui-ci s’appela Saint-Benoît-sur-Vannes, celui-là, Saint-Benoît-sur-Seine.

Vannes avait des moulins antérieurs au XIIe siècle, et dont il est question dans des titres qui remontent à l’époque d’Henri 1er le Libéral, comte de Champagne (1152).

Les papeteries de la célèbre famille troyenne des Le Bé, imprimeurs aux XVe et XVIe siècles, étaient situées sur le bras de Seine qui traverse le hameau. C’est à l’un des membres de cette famille qu’on a prêté un mot célèbre Le Bé traversait Fontainebleau pour regagner Paris. Il rencontre chemin faisant, un cavalier de bonne mine qui lia conversation avec lui. La nouvelle à l’ordre du jour était l’abjuration d’Henri IV : « Que pensez-vous de sa conversion ? demande l’inconnu ». « Peuh ! fait le Bé, la caque sent toujours le hareng !». Quelques minutes après, une troupe de gentilshommes vient aborder l’étranger. Le Bé reconnait le Roi et veut s’excuser en se jetant à ses pieds. Henri IV le relève, lui demande son nom, celui de son pays, et sa profession. C’est à cette circonstance, qui pouvait leur valoir une rancune, que les Le Bé obtinrent de timbrer leurs papiers à la couronne royale.

A l’époque de la guerre Anglaise, les habitants de Vannes et Vermoise furent obligés de se retirer à Saint-Lyé, pourvu d’un château très solidement fortifié et présentant de redoutables conditions de défense.

Non content d’offrir un refuge à ses voisins, l’évêque de Troyes, Jean de Braque, sollicite de Charles V, en 1372, le droit de contraindre les habitants à venir chercher un asile en cas de guerre, dans son château-fort.

En 1830, un habitant de Vannes, reçoit du Chapitre de la Cathédrale, une somme de 15 livres en remboursement de pareille somme donnée pour se racheter du pillage dont il était menacé par les soldats de Buckingham.

Ces deux hameaux servent d’étape aux troupes du comte de Grandpré, qui y arrive le 16 septembre 1590, suivi de MM. Dinteville, de Mesgrigny, de Villchétif, Dorigny et autres personnages de Troyes, où le duc de Mayenne commande pour la Ligue. La journée du lendemain 17, célèbre par l’échec qu’éprouve l’expédition, est connue dans l’histoire de Troyes sous le nom de « journée de Saint-Lambert ». Quoique de la même commune, Vannes et Vermoise appartiennent à deux seigneurs différents. Vannes relève du Chapitre de la Cathédrale, son seigneur, et Vermoise forme une seigneurie particulière de la mairie Royale de la Grande-Rivière, et relève du marquisat de Villacerf. De Culoison à Mergey, en passant par Sainte-Maure, Vannes, Vermoise et Saint-Benoît, on voit un reste de la canalisation entreprise en dessous de Troyes, c’est le Melda.

 Bien des lacunes existent dans la suite des seigneurs de Vermoise. Il paraîtrait cependant, que dans les temps de la féodalité, le domaine des seigneurs embrassait presque tout le hameau.

 Le château dont l’enceinte fortifiée servait d’asile aux serfs de la terre, était entouré par une dérivation de la Seine. Le premier nom propre qui se trouve dans les chroniques, est celui de Huguenin Le Muet, qui vivait en 1430.

Laurent de Moulinet, un de ses successeurs dans la propriété et sa seigneurie de Vermoise était au nombre des nobles de la province, dans l’Assemblée tenue en avril 1493, à Troyes, pour la rédaction de la coutume.

Les familles Coiffard et Gombault, qui ont donné des maires à la ville de Troyes en 1534, 1550 et 1573, possédèrent ensuite la terre.

En 1651, la seigneurie de Vermoise est acquise par Louis Huez, conseiller au Bailliage de Troyes. M. Nicolas Huez, de Pouilly, ancien Maître des Comptes et Juge au Tribunal de Troyes, ferme tout-à-la-fois la liste des seigneurs et celle des propriétaires de son nom. Vermoise appartient ensuite à M. Thiesset, petit-fils de M. Nicolas Huez.

Il reste peu de choses de l’ancien château : un mur d’enceinte qui relie quelques tours, et l’ancienne porte d’entrée, mais cette porte vaut tout un édifice. C’est une construction d’architecture militaire du commencement du XVIe siècle, la seule peut-être qui représente, dans le département, cette époque de l’architecture mixte où les constructions seigneuriales étaient à la fois bourgeoises et militaires.

Un corps-de-logis flanqué de tourillons en encorbellement, dont les culs de lampe, formés de tores circulaires décroissantes, s’ajoutent au-dessous de l’architrave, compose ce petit édifice supporté, de chaque côté, par des piles triangulaires, à soubassement en saillie.

Une ouverture en plein-cintre conduit dans l’intérieur du rez-de-chaussée, fermé à l’intérieur et à l’extérieur par une double porte. Le passage charretier, autrefois équipé d’un pont-levis, fut condamné lors du rehaussement de la route. Ses contreforts portent deux échauguettes dont les fenêtres ont conservé leurs solides grilles de protection.

L’unique étage de la construction est percé extérieurement de 4 fenêtres. Une toiture en cône prolongé, sur les tourillons,  et un toit à 4 pans décoré d’une lucarne à pignon, sur le corps-de-logis, couronnent l’ensemble, que maintiennent deux contreforts.

 Il y avait encore en 1750, à Vermoise, un château de construction ancienne, qui fut délaissé pour une habitation moderne, puis démoli. C’est miracle, que le pavillon ait échappé au marteau. C’est l’artiste troyen Maurice Marinot qui a dessiné le parc à la française, qui comprend des charmilles et une terrasse en bois dominant la rivière, avec de belles allées et des cerisiers. La charpente et la toiture ont été totalement remaniées et remises en valeur.

 


En 1936, les descendants de Nicolas Huez cédèrent le domaine au Docteur Mérat qui dut procéder à une complète restauration.

14 juin 1940, un bombardement endommage la partie centre du logis. Originellement élevé en pierre, il fut remanié en briques.

Inscrit au titre des monuments historiques en 1977.

2016, les nouveaux propriétaires on fait du domaine un endroit pour l’évènementiel.

 


la grange du XVIIIe transformée en salle des fêtes

Pour toutes vos réceptions privées comme professionnelles, le Domaine de Vermoise vous accueille au sein de son parc verdoyant, au cœur des Ardennes. Pour l’occasion, le domaine met  à votre disposition la grange entièrement rénovée avec sa mezzanine, pour une surface totale de près de 300 m²  soit pour accueillir au plus 300 personnes assises.

Des tentes extérieures et une terrasse de 100 m² couverte sont à votre disposition pour vos cocktails en extérieur. De plus, une cuisine entièrement aménagée est à la disposition de vos traiteurs.

 Le matériel de sonorisation et de rétroprojection est installé dans la salle pour permettre à votre DJ de créer une ambiance musicale en accord avec tous les goûts.

Enfin, un parking de plus de 200 places, avec possibilité de recevoir des bus, est mis à votre disposition. Il est éclairé et peut être gardé sur demande.

Le Domaine peut également vous aider dans vos démarches et vous mettre en relation avec sa liste de prestataires extérieurs (Location de mobilier, traiteur, hôtels, décoration etc.).






Viennent d’être créé sur une surface de 265 m2, 5 chambres d’hôtes et 2 gîtes







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