CARACTÈRES GÉNÉRAUX
La Champagne compte dans ses régions Est et Sud
quatorze églises ou chapelles construites entièrement en pans de bois et
environ autant d’autres associant ce matériau à la pierre. Ces chiffres en
font, bien avant la Normandie, le principal ensemble français d’églises en bois
et l’un des tout premiers d’Europe occidentale. Mais l’essentiel tient à
l’intérêt de ces édifices, remarquables non seulement pour des qualités
d’authenticité et de fraîcheur attendues de construction rurales, mais aussi
pour leur diversité, leur originalité, leur valeur monumentale et leur
environnement souvent séduisant. Ces mérites s’observent surtout dans une
douzaine d’édifices principaux, d’allure variée, mais sensibles à l’évolution
générale de l’architecture et qui témoignent d’une utilisation savante et
méditée des techniques d’édification en colombage.
Église de l' Exaltation de la Sainte Croix de Bailly-le-Franc (10)
Marne et la Meuse, ont gêné l’exploitation
touristique, mais elles bénéficient aujourd’hui de la proximité des lacs
artificiels de Champagne humide et du Parc Naturel Régional de la Forêt d’Orient.
L’intérêt des historiens et des amateurs ne s’est porté qu’assez tardivement
sur ces curieux édifices. Le pan de bois ne présentait pas au XIXe siècle le
caractère pittoresque qu’on lui a reconnu depuis, d’autant que sur la grande
majorité des églises – à la notable exception de celle de Lentilles
église St Jacques et St Philippe de Lentilles (10)
il était soigneusement dissimulé sous un enduit
à la chaux (remplacé au XXe siècle par un enduit au ciment encore plus ingrat)
qui en dissimulait plus ou moins l’originalité de la structure. Ce n’est qu’en
1911, à l’occasion du Congrès archéologique de Reims, que parut, sous la plume
de l’architecte Tillet, la première vue d’ensemble sur le sujet. La première
protection au titre des monuments historique fut prononcée en 1921 et concerna
la chapelle de Soulaines-Dhuys.
Chapelle St Jean de Soulaines-Dhuys (10)
De nos jours, sur les quatorze églises et
chapelles en pan de bois, quatre sont classées, et cinq inscrites, sans compter
les protections d’édifices mixtes. Une autre marque de l’intérêt croissant pour
ces édifices souvent modestes fut la campagne de presse qui aboutit au
remontage en 1970 de l’église de Nuisement sur les bords de la retenue du Der,
sous les eaux de laquelle ce village devait disparaître. Dans les années 1960
débutèrent les restaurations visant à remettre le pan de bois en valeur. La
traduction première de cette politique fut l’enlèvement des enduits extérieurs
- que ne conservent plus guère à présent que deux ou trois églises - sans que
l’on ait cependant d’indications précises sur la visibilité du pan de bois au
moment de la construction. Un autre aspect spectaculaire de ces restaurations
fut le dégagement de la structure intérieure, dans certains cas -tels Longsols ou Lentilles - totalement dissimulée jusque là sous de fausses colonnes ou
de fausses voûtes.
Église st Julien l'Hospitalier et st Blaise de Longsols (10)
Dans un cas extrême – l’église de Mathaux -, la restauration alla jusqu’à la reconstruction
totale, de 1983 à 1986, de la nef et du clocher qui la précède, emportés par
une tempête peu auparavant.
Église st Quentin de Mathaux (10)
Les églises en bois de Champagne :
géographie et datation d'ensemble
Les églises champenoises à pan de bois subsistant de
nos jours s’étendent sur un arc de cercle de plus de 200 km menant des crêtes pré-ardennaises
au sud-ouest de l’Aube, en passant par Vitry-le-François, Brienne-le-Château et
Troyes.