Syre
est représentée ici avec ses attributs : le bâton de pèlerinage dans la main
droite et l'évangile ouvert dans l'autre. Elle porte une gibecière en
bandoulière et chapeau à fond plat et au bord relevé par-dessus un voile. Sa
robe à encolure circulaire est resserrée sous la poitrine par une ceinture qui
forme un large repli. Un drapé est posé sur son épaule gauche et forme des plis
épais le long de sa jambe droite, fléchie en arrière. Au bas de la statue,
posée sur une terrasse hexagonale, nous pouvons voir ses chaussures à bouts
pointus.
Le culte de sainte Syre est très lié à celui de saint Savinien de Troyes. C’est en effet elle qui découvrit le corps du saint martyr et remit en honneur son culte en lui construisant une chapelle. Un culte local existait déjà au début du XIVe siècle.
En effet, un village au nord de Troyes s’appelle
depuis longtemps Rilly-Sainte-Syre, après s’être appelé Rilly-Saint-Savinien.
Des Guerrois écrit : « Le lieu où saint Savinien est enterré s’appelle Rilly,
éloigné de 4 lieues sur le bord du fleuve Seine, à l’entrée duquel village est l’église
de sainte Syre, depuis laquelle en venant du côté de Troyes ce village fut
appelé autrefois du nom de Saint-Savinien, auquel est l’église paroissiale qui
porte le nom du même saint, mais maintenant le tout s’appelle communément
Sainte-Syre, du nom de notre sainte, tellement qu’en ce lieu il y a 2 églises,
l’une qui regarde vers le midi à l’entrée du village quand on vient de Troyes
là, et c’est la paroisse qui se nomme Saint-Savinien, l’autre plus bas allant
vers Méry, qui n’est pas aussi grosse que la précédente, à l’entrée de Rilly,
et c’est l’église de Sainte-Syre, et en celle-ci, saint Savinien est enterré ».
Sainte Syre serait née vers 230 dans la ville
d’Arcis-sur-Aube ou dans le voisinage. Elle fut mariée à l’âge de 18 ans, et
peu de temps après son mariage, elle devint aveugle par un accident inconnu.
Vers 250, le christianisme fut annoncé dans Troyes
et ses parents furent du nombre de ceux qui se soumirent à la foi de
Jésus-Christ. Elle-même y fut instruite. Saint Savinien avait souffert le martyre
auprès de Rilly en 275. Syre en eut connaissance et elle apprit que plusieurs
miracles s’étaient opérés par l’intercession de ce saint. Le champ où il était
inhumé était devenu fameux. Syre, pleine de confiance aux mérites du glorieux
martyr, se sentit embrasée de zèle et du désir de chercher ses ossements et de
glorifier son saint corps. Elle pria plusieurs personnes de sa famille de la
mener à Rilly, mais personne ne voulut lui rendre ce service. Il ne se trouva
qu’un jeune enfant de 6 à 12 ans qui se chargea de la conduire.
La tradition du pays assure qu’elle passa par le
village des Grandes-Chapelles qui est sur la route qu’elle devait tenir en
venant d’Arcis ou des environs. On dit qu’elle se reposa sur la hauteur d’où
l’on descend à Tilly, et pour conserver la mémoire de cette station, on y avait
planté une croix où tous les ans on porte la châsse de cette sainte en
procession.
Elle pria avec beaucoup de ferveur le saint martyr
de lui procurer l’usage de la vue. Arrivée au champ où elle savait trouver le
trésor précieux qu’elle cherche, elle est exaucée et elle recouvre parfaitement
la vue. Au bruit de ce miracle, on accourt à Rilly des villes, bourgs et
villages voisins. Pénétrée de reconnaissance, elle fait découvrir le corps du
saint et, sur ses exhortations, on construit une chapelle sur le lieu de sa
sépulture, et on lui érige un tombeau.
Syre se consacra au service de Dieu et à la garde du
tombeau, son plaisir fut d’entretenir et d’orner cette chapelle. Elle y passa
le reste de ses jours, devint l’objet de la vénération la plus profonde, et les
habitants des environs réclamèrent le secours de ses prières dans les
calamités.
Syre resta dans le village une dizaine d’années et mourut aux environs de 298, elle avait 78 ans. C’est depuis ce temps que le village qui portait le nom de saint Savinien, prit celui de sainte Syre qu’il porte encore aujourd’hui.
En 1200, Boson, seigneur du village, donna Rilly à
la cathédrale. Peu après 1300, le doyen du chapitre de la cathédrale donna des
revenus pour qu’on célèbre un culte officiel en l’honneur de la sainte, et, en
1326, Jean d’Aubigny faisait cadeau de l’un de ses bras aux Chartreux.
Les reliques de saint Savinien furent mises dans une
châsse et transportées en l’église cathédrale de Troyes où elles sont
aujourd’hui. Celles de sainte Syre furent mises dans une autre châsse d’airain.
En août 1461, devant toutes les autorités
religieuses du diocèse, la châsse fut ouverte et trouvées les reliques de la
sainte enveloppées d’un drap de soie. Une châsse neuve en cuivre fut inaugurée.
La chapelle de Sainte-Syre fut reconstruite vers
1518. En 1520, l’évêque Guillaume Parvi y vint en pèlerinage et offrit une
tunique et une dalmatique de soie blanche.
L’année 1539 vit un miracle retentissant : Gaspard
de Coligny y fut guéri de la maladie de la pierre pour laquelle on invoquait habituellement sainte Syre, ainsi
que pour des coliques néphrétiques.
Cette précieuse châsse fut remplacée par une autre
en mai 1553 et en 1567, elle fut cachée en lieu sûr de peur qu’elle soit
profanée par les Huguenots.
Chaque année, la fête de sainte Syre se déroulait du
8 au 29 juin : « il y a si grande affluence du peuple qu’on ne s’y peut presque
tourner. Forces malades s’y acheminent, et ceux-là principalement qui sont
affligés de la gravelle et de la pierre, qui journellement par grâce de Dieu et
les mérites de sainte Syre sont délivrés ou allégés ».
Le 27 mars 1794, des énergumènes entreprirent de jeter au feu châsse et reliques. Les
habitants intervinrent rapidement et purent sauver du désastre une grande
partie des restes de la sainte.
On les partagea entre diverses paroisses du diocèse
de Troyes : Le Chêne, Jully-sur-Sarce, Saint-Martin-ès-Vignes et la cathédrale.
La paroisse de Rilly conserve un morceau du chef et divers ossements
authentifiés en 1816 et 1835.
Une partie du crâne avait été détachée au XVIe
siècle et envoyée à Saint-Merry de Paris.
L’église de Montceaux-les-Vaudes est sous le vocable
de sainte Syre. De nombreuses statues lui sont attribuées à Saint-Julien,
Saint-Germain, Javernant, Premierfait, Rigny-le-Ferron, Saint-Jean-de-Bonneval,
Saint-Phal, Verrières, Méry et Rilly-Sainte-Syre. Dans cette dernière église,
ainsi que dans celle de Marolles-sous-Lignières il y a un tableau représentant
la sainte. On la voit aussi dans les
vitraux de Saint-Nizier, de Montceaux-les-Vaudes, Rilly-sainte-Syre et
Torvilliers.
Nous trouvons dans le village de Rilly-Sainte-Syre (Aube-10) l’église
paroissiale sous le vocable : Saint-Savinien et Sainte Syre
Historique
Avant la Révolution, les communautés, distinctes, de Rilly et de Sainte-Syre ressortissaient l'une du bailliage de Troyes, l'autre de celui de Sens.
Dès le 9e siècle, Rilly appartenait à Montier-la-Celle (à St André) ; (aujourd'hui St André les Vergers))
C'est sans doute à Sainte-Syre que fut enterré, au 3e siècle, saint Savinien, premier apôtre du christianisme en pays de Troyes.
Le corps de sainte Syre, d'abord dans un tombeau de pierre, puis dans une châsse, resta jusqu'à la Révolution l'objet d'un pèlerinage très fréquenté.
Église romane que l'on voulut reconstruire au XVIe siècle d'est en ouest. L'abside, le transept doublé, la travée orientale de
la nef furent seuls réalisés.
Période(s) principale(s) : XIIe siècle ; Période(s) secondaire(s) : XVIe siècle
Description
Église à plan en croix latine ; nef à 3 vaisseaux à
4 travées ; transept double à collatéraux ; abside pentagonale ; tour-clocher