mardi 28 mai 2024

Le Beau Toquat

 



Que n’a-t-on pas écrit sur le toquat !

Bien des auteurs n’ont-ils pas chanté sa grâce et sa légèreté ? Tous les dictionnaires et les almanachs n’en ont-ils pas donné des « reproductions » ? La publicité même, n’en propage-t-elle pas le nom et l’allure aux quatre coins de France ?

Il apparait donc que les documents ne manquent point, qui permettent d’étudier les formes diverses de cette coiffe splendide, les lieux dont elle est originaire, et aussi son évolution.

Il semble difficile que tous ces toquats qui nous sont offerts par gravures ou photographies, ne soient pas authentiques ou, du moins, ne s’inspirent pas des documents les plus sérieux.

Quels sont donc ces documents ?

Les Aubois ne connaissent guère qu’un seul exemplaire de toquat dont l’origine est absolument certaine : celui qui est exposé au musée de Vauluisant. Ils n’ignorent pas les dessins de Fichot, ceux d’Arnaud, ainsi que le tableau de Valton, récemment acquis par les amis des Musées.

Quelles sont alors les autres sources auxquelles ont pu se référer les auteurs ? N’aurait-on pas quelque peu brodé sur la question ?

C’est pourquoi nous avons demandé à Gilbert Roy de nous parler du toquat. De celui du musée de Troyes d’abord, qu’il a rénové, dont il a extrait, il y a un an à peine quelque deux cent cinquante épingles qui le maintenaient en son éclat d’origine, qu’il a entièrement démonté, et dont il a ravivé l’éclat, pour finalement le rajuster en sa splendeur première.

Il nous dira ensuite ce qu’il pense des autres toquats, qu’il a  aussi longuement étudiés. Ceci nous aidera à voir plus clair dans tout ce qu’on nous propose aujourd’hui.

Il nous sera possible alors de cerner l’histoire véritable de cette coiffe essentiellement  troyenne, de la démystifier au besoin et surtout, de la réhabiliter.

Ce sera une manière de la défendre que de n’accepter, pour son honneur et sa gloire, rien qui ne soit authentique, mais tout ce qui l’est.

Voilà le pourquoi de  numéro huit de notre Revue, un numéro exceptionnel que nos lecteurs ne manqueront pas d’apprécier.

Le Toquat coquille journalier

Le toquat ne serait qu’une grande coiffe de cérémonie. Cette légende a été soigneusement entretenue. Elle est encore répandue par ceux qui ne voient dans le folklore qu’un aspect strictement spectaculaire.

En fait, il n’en est rien ; c’est une coiffe de type « à câle » qui a de nombreux points communs avec les autres bonnets de notre région.

Le toquat dit « coquille » se portait tous les jours de la semaine, à la manière de la capeline, avec cette seule différence que la coiffe légère en voile se posait sur la câle matelassée, alors que la capeline en toile durcie, se portait par-dessus la coiffe fine.

Ce toquat journalier se rencontre fréquemment sur les dessins de Ciceri, principalement sur les gravures de faubourg Saint-Jacques.

Cette fréquence en un pont déterminé s’explique par le fait que cette coiffe était principalement connue à Saint Parre aux Tertres.

On retrouve également ce même type à Brienne le château. Toutefois, dans cette ville nous n’avons jamais eu connaissance qu’il ait été porté « dressé », ce qui exclurait donc la dénomination de « toquat » qui s’attache, non à la coiffe elle-même, mais à une manière de la porter.

Schéma de la coiffe

- la câle est un béguin en toile matelassée, nouée sous le cou ; elle emprisonne la chevelure et soutient la coiffe.

- la coiffe est en voile ou tulle brodé ou uni suivant la fortune de sa propriétaire ; elle comporte un fond  « rond », ample dont les coulisses se nouent au-dessus de la câle.

- la passe très ample, fortement frondée et sillé sur le fond, peut-être simple ou double, selon la richesse de celle qui porte la coiffe ; les fronces sont soutenues aux tiers par un cordonnet passé au point devant.

 


Le toquat de la région de Saint-Parre-au-Tertre – Montaulin

A partir de la coiffe des jours de semaine, et sans rien y changer, on forme le toquat simple, en coquille. Sur une câle plus dure, en toile gommée, on dispose la coiffe de voile, on serre les coulisses, on les noue sur la câle en les retenant par des épingles puis, toujours à l’aide d’épingles, on tend le fond en le ramenant, par devant, sur la frontière.

On place ensuite une bande de tissu de la largeur de cette frontière (velours ou reps), de couleur vive (bleu, noir, rouge, violet) ; on l’épingle dessus, puis on rabat en arrière la passe de voile en ramenant les fronces pour former un éventail (coquille) ; on épingle à nouveau puis on cisaille » (1) cet éventail pour lui donner de la tenue, après amidonnage bien entendu.

Sur le sommet de la câle et derrière la coquille, on coud un « faux nœud » de faille ou de reps (noir, bleu ou violet), à deux boucles et deux brins, qui cache une armature en « fil modiste » et qui sert de soutien à l’ensemble.

Lorsque cet assemblage est réalisé, on dispose sur la frontière (2) un revers de dentelle plissé et, bien sûr, épinglé.

Les coiffes riches se portaient sur une câle au fond brodé de motifs bleus (à la manière normande). On a longtemps laissé croire que  ces motifs étaient l’image d’un sapin, ce qui est absolument faux.

D’ailleurs,  on attribuait à cet arbre, dans nos régions, un symbolisme tel, que peu de filles auraient osé le présenter en public.

 

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