Le Saint Suaire dans l'Aube
Geoffroi de Charny, fils de Jean de Charny et de
Marguerite de Joinville, combat avec Charles de Blois pendant la guerre de
Succession de Bretagne.
Il est fait prisonnier par les Anglais à la bataille
de Morlaix, en septembre 1342. Il fait le vœu de fonder une chapellenie après
sa libération, en 1343, à la suite du paiement d'une rançon par le duc de
Normandie Jean de Valois.
En 1343, le roi Philippe VI signe une charte
accordant à Geoffroi de Charny l'amortissement d'une rente de 120 livres pour
la fondation de la collégiale. Le 3 janvier 1349, Henri de Joinville, comte de
Vaudémont, sénéchal de Champagne, approuve les donations qui sont faites dans ce
but. Geoffroi de Charny est de nouveau prisonnier le 31 décembre 1349.
En 1353, Geoffroy 1er de Charny, seigneur de Lirey
(Aube), qui s’illustre plusieurs fois au service de Philippe VI, puis de Jean
le Bon, fonde une collégiale de six chanoines et leur confie une relique
insigne, qui, dit-il est un don qu’il a reçu lors de sa participation à la
croisade de 1345 (il décède à la bataille de Poitiers en 1356) : " un
linceul ou suaire sur lequel on voyait
imprimée l’image du Christ Sauveur " (fondation confirmée par Henri de
Poitiers le 28 mai 1356).
Le Suaire de Lirey a probablement été acquis par
Geoffroi de Charny entre 1343 et 1353, mais aucun document ne permet de
préciser comment il a pu l'acquérir. Aussitôt, on expose la relique aux jours
de fête, et les foules se pressent pour la vénérer. C'est après les ostensions
du Suaire que l'évêque de Troyes, Henri de Poitiers, va mettre en doute
l'authenticité du Suaire et les interdire
Geoffroy II de Charny (fils de Geoffroy 1er)
s’adresse directement au légat du pape, qui autorise d’exposer l’image du Saint
Suaire. Les pèlerins affluent de nouveau à Lirey.
Notre évêque Pierre d’Arcis interdit aux curés et
prédicateurs de parler de l’image du Saint Suaire. Le doyen de Lirey en appelle
au pape Clément VII (neveu de la veuve de Geoffroy 1er), qui confirme
l’autorisation donnée par son légat et impose à notre évêque " un silence
perpétuel sur cette question ". [En
1389, le pape Clément VII avait accordé l'ostension du Suaire demandé par
Jeanne de Vergy, veuve de Geoffroi de Charny, remariée à Aymon de Genève (†
1369), fils d'Hugues de Genève et cousin du pape.]
En juillet 1418, Humbert de La Roche, mari de
Marguerite de Charny, fille de Geoffroi II de Charny (†1398), prend en garde la
relique dans son château de Montfort près de Besançon, pour la protéger des
effets de la guerre qui se déroule à proximité. La mention du suaire comme
propriété du chapitre de Lirey apparaît pour la première fois dans l'acte fait
au moment de ce transfert. Le Suaire est déposé dans la collégiale Notre-Dame
de Saint-Hippolyte. Après la mort de son époux, les chanoines de Lirey lui
réclament leur bien, mais, Marguerite de
Charny obtient un accord, le 8 mai 1443 pour établir que le Suaire était la
propriété de son grand-père. La guerre de Cent Ans terminée, le Suaire ne
revient pas à Lirey.
Le 13 septembre 1452, le duc Louis Ier de Savoie et
sa femme Anne de Lusignan ont échangé le Suaire possédé par Marguerite de
Charny contre le château de VarambonL’officialité de Besançon condamne Marguerite
à la restitution sous peine d’excommunication. Elle décède en 1460, et en 1465,
le duc de Savoie accorde aux chanoines en compensation de leur renonciation,
" une rente à perpétuité de 50 francs d’or ".
C’est ainsi que le Saint Suaire devient propriété de
la famille de Savoie qui le conserve à Chambéry, puis à Turin, où il se trouve
toujours. Il est exposé dans la cathédrale de la ville, et accueille des
millions de visiteurs, pèlerins, princes, rois… Le pape Benoît XVI a vénéré
cette relique.
Le Saint Suaire est un grand drap de lin de 4,41
mètres de long sur 1,13 mètres de large contenant l'image du corps d'un homme
torturé et flagellé avant d'être crucifié.
Le contact du drap avec le corps nu provoqua des
empreintes d'un brun plus foncé, suivant la pression plus ou moins grande.
L'agent actif de cette impression aurait été la sueur alcaline, qui rendit en
vapeurs ammoniacales ce qu'elle avait reçu en urée exsudée. Le corps du Christ,
enduit d'aromates, poisseux de sueurs multiples, se décalqua en quelque sorte
sur le tissu imprégné d'huile et d'aloès. C'est donc une photographie en noir,
c'est-à-dire négative, qui resta sur le linge.
Les taches de sang au contraire et les autres liquides séreux du corps
produisirent des taches positives.
400 scientifiques, experts de la NASA, ont travaillé
dans leurs laboratoires entre 1976 et 1980 à raison de 150.000 heures d'analyse
en spectrométrie par fluorescence sous rayon X, radiographie par infra-rouge,
spectroscopie sous ultra-violet, technologie de renforcement d'image par
ordinateur, macroscopes..., sans compter 100.000 heures supplémentaires
d'analyses micro-chimiques !
L'analyse la plus connue fut celle du programme de
décodage ordinateur appelé V.P.8. analyser, grâce auquel on peut lire les
photographies prises par des sondes sur Vénus ou sur Mars, et reproduire en
relief le paysage représenté. Appliqué au Suaire, il donna un résultat
totalement inattendu : le relief était restitué en creux, ce qui prouvait sans
contestation possible que l'origine de la lumière qui imprima l'image venait de
l'intérieur du cadavre, et cela d'une manière uniforme dans tout le corps, et
enfin avec des caractéristiques thermiques inconnues de nous...
A Rome en juin 1993 un grand nombre des spécialistes
de la Sindonologie (ou science du suaire) venus de 18 pays différents, a
unanimement, formellement, et pour la première fois, " pris acte du fait
que… au vu des résultats déjà acquis, elle ne peut que conclure : l'homme du
Linceul ne peut pas ne pas être Jésus de Nazareth ".