mardi 7 mai 2024

Hôtel d'Argenteuil

 


Au " point central " de l’oppidum romain d’Augustabona, à quelques pas de la Cathédrale de Troyes, se dresse une construction de pans de bois et torchis, avec un portail monumental Louis XVI, édifié en cintre, avec une pierre d’armories scellée en son tympan, qui fait revivre le motif sculpté figurant autrefois en clé de voûte et que la Révolution a nivelé. Ce sont deux écus accolés timbrés d’une couronne de marquis. 

Le premier se blasonne de gueules à trois macles d’argent, le second, Gironné d’argent et de gueules de 12 pièces.

C’est à ces armes que la vieille demeure doit le nom qu’elle porte : Hôtel Le Bascle d’Argenteuil, ou plus simplement : Hôtel d’Argenteuil.

Ce manoir abritait postérieurement une vaste hôtellerie : l’Hôtel des Carreaux (quarreaulx = trait d’arbalète de forme carrée). Et sur le plan de la Ville de Troyes de 1769, il est situé n° 2096 de la rue des Carreaux. La rue devient en 1851, rue Hennequin.

L’ensemble comprend un vaste corps principal de bâtiments sur 33 m de largeur le long de la rue, deux ailes prennent naissance à chacune des extrémités de ce corps principal profond de 10 m et 18 m vers la rue de la Cité.

C’est là qu’au début du XVIe siècle, sont accueillis les voyageurs et les étrangers.

Les bâtiments sont en 1565, la propriété de l’Abbaye de Boulancourt, habitation personnelle d’Elion d’Amoncourt, son abbé.

Quelques années plus tard, tous les biens de l’Abbaye font l’objet d’un partage et l’Hôtel des Carreaux devient la propriété personnelle de son occupant, Elion d’Amoncourt, nommé en 1573, abbé de Saint-Martin-ès-Aires et Prieur de Fouchères.

Après son décès en 1582, ses héritiers vendent en 1586, l’Hôtel des Carreaux à Pierre de Beurville et Marguerite de Hault son épouse.

Au milieu du XVIIe siècle, Jean-Baptiste Dorigny, Ecuyer, Seigneur de Fouchères et sa femme Marie de Beurville se rendent acquéreurs de l’Hôtel des Carreaux, et y édifient la monumentale cheminée de pierre sculptée qui existe encore de nos jours, dans la grande salle du rez-de-chaussée. C’est alors que commence la période de splendeur de cette demeure, qui devient pendant plus d’un siècle, le lieu de rendez-vous habituel de la société troyenne : les de Vienne, les Mauroy, les Hennequin, les Pithou, les le Pelletier, les Molé, les Angenoust, les Pothérat…

Après le décès de Jean-Baptiste d’Origny, l’hôtel revient à sa fille Jeanne d’Origny, Dame de Fouchères et Rosson, épouse d’Isaac Le Tanneur, Ecuyer, dont une fille , Anne-Elisabeth Le tanneur épousa François La Bascle d’Argenteuil, Chevalier, Conte d’Epineuil, Seigneur d’Argenteuil, Pouy, Launay, Regnault et autres lieux, Lieutenant-Colonel du Régiment, et devient au décès de madame Le Tanneur, sa mère, propriétaire par succession de l’Hôtel des Carreaux dont l’appellation se transforme alors en celle d’ " Hôtel d’Argenteuil ".

Monsieur le Marquis François d’Argenteuil meurt en 1720, et Madame la Marquise d’Argenteuil décède en son hôtel, le 14 juin 1722.



Voici quelques extraits de ses obsèques lus la presse : " Le 16 juin 1722 a été fait un service solennel et pompe funèbre pour Madame Anne-Elisabeth Le Tanneur, veuve de Haut et puissant Seigneur François Le Bascle d’Argenteuil, Chevalier, Comte d’Epineuil. Toute l’église était tendue de noir depuis le bas jusqu’à la voûte, ornée d’espace en espace de bandes de velours semés de devises et d’écussons aux armes de ses Seigneur et Dame comte et comtesse d’Argenteuil. Dans le milieu du cœur se tenait un catafalque garni de 400 chandeliers d’argent avec autant de cierges. Et  sur le haut duquel était posée une couronne de comte. 60 prêtres ont assisté à cette cérémonie qui s’est faite en présence de Mgr le Marquis d’Argenteuil, Lieutenant Général pour le Roi des Provinces de Champagne et Brie, Gouverneur de cette ville de Troyes, son fils et tous les Corps de ladite Ville se sont trouvés et il fut célébré cent et quelques messes ".

Hôtel de l'Arquebuse

 



Avant l’invention des armes à feu, il y a à Troyes une compagnie militaire sous le titre d’arbalestriers ou compagnons du serment de l’arbalète. Depuis l’usage de la poudre à tirer, l’arbalète est négligée et entièrement abandonnée pour l’arme que l’on appelle Arquebuse-Buttière, et les membres de la compagnie sont nommés Arquebusiers ou Chevaliers de la Butte.

L'ancien hôtel des arquebusiers rue de la planche clément à Troyes

Pendant le mois d’août 1475, on achève de bâtir et accommoder l’hôtel et le jardin de l’Arquebusier de Troyes. On nomme ce bâtiment les Buttes. Il était hors de la ville, et en principe faubourg de Croncels, où au XVIIIe siècle existait encore le Champ des Arquebusiers. La maison, négligée pendant les guerres, tomba en ruine. Les maires et échevins promirent aux Arquebusiers de la rétablir où ils voulaient. Ils indiquèrent une place sur la Vienne, proche la porte de Croncels (proche Saint-Gilles). L’acquisition est faite en 1552. Mais cet endroit est humide et marécageux, et souvent inaccessible, les exercices devant être interrompus. Le duc de Nevers, gouverneur de la province leur fait bâtir en 1620, à ses frais, un grand corps de logis, dans l’enceinte des murs, au pied des remparts, terrain où étaient plusieurs maisons particulières, dont on fit l’acquisition. Ce bâtiment s’appela Hôtel de l’Arquebuse, qui fut augmenté et embelli successivement. Il était remarquable par la beauté et l’agrément de sa situation sur le bord d’un canal de la Seine, et par l’étendue de son jardin qui faisait une promenade très agréable. Dans la carrière du tirage existait une grande bascule pour la facilité de montrer l’oiseau qui devait avoir 100 pieds de haut. Il se tirait ordinairement le dimanche qui suit la foire de septembre. En souvenir du passage du roi Henri IV à Troyes, en mai 1595, 4 jolies verrières de Linard Gonthier étaient exposées autrefois dans la salle principale de l’Hôtel des Arquebusiers, puis dans la grande salle de la bibliothèque de l’ancienne abbaye Saint-Loup.


l'arquebusier Linard Gonthier

En 1483, la ville de Troyes crée une compagnie volontaire d’arquebusiers. Leurs buttes sont aux Prés aux duels. Les chevaliers qui veulent en faire partie doivent prêter serment et jurer d’observer fidèlement les statuts, pratiquer la religion catholique, être de bonnes vies et  mœurs et reconnus dignes. Louis XII établit les Arquebusiers en 1501. François 1er leur accorde des lettres-patentes. En 1512, à l’assemblée de la Saint-Barnabé, la population troyenne décide la reconstitution de la compagnie de l’arquebuse, mais elle n’a pas lieu. En 1524, le projet est repris et une organisation s’en suit sous le titre de : « Compagnie des hacquebuttiers ». Les lettres-patentes de François 1er sont confirmées par d’autres lettres en forme de charte, datées de Compiègne au mois de juillet 1557, par le roi Henri II. Ce prince y confirme l’élection de Jean Mauroy, seigneur de Colasverdey, et contrôleur sur le fait des aides et tailles, pour capitaine de la compagnie, « pour jouir des honneurs, autorité, prérogatives,  franchises et libertés qui y appartiennent… lequel pourra résigner quand bon lui semblera, et si vacation y advient, lesdits Arquebusiers pourront nommer qui bon leur semblera pour leur capitaine ». Ce prince y détaille les privilèges et exemptions dont doivent jouir le capitaine et le roi de l’oiseau, et permet de faire des règlements, à charge de les faire homologuer par le roi. Les privilèges et prérogatives de l’Arquebuse sont confirmés par les rois suivants. A partir de l’obéissance de Troyes à Henri IV, le nombre des chevaliers augmente. Suite à cet accroissement de la compagnie, sont créés un lieutenant, un sergent, un major et un enseigne, à qui l’on accorde les mêmes privilèges qu’aux autres officiers. Ces compagnies ont toujours été favorisées par les rois, soit lorsqu’elles portaient le titre d’Arbalestriers, soit lorsqu’elles furent connues sous celui d’Arquebusiers. Ils regardèrent ces établissements comme propres à former les jeunes gens à l’exercice des armes, et comme une école militaire à peu près semblable à celle des cadets, pour les rendre capables de servir plus utilement dans les occasions de guerre. Les princes en retirèrent des avantages considérables, et les chevaliers leur donnèrent en tout temps des marques d’un grand attachement à leurs personnes, et d’une fidélité inviolable dans leur service.  

Hôtel d'Aultruy et Louis le Boucherat

 

Hôtel d’Aultruy – rue Général de Gaulle à Troyes

Cet hôtel construit vers 1560 pour Louis le Boucherat, prend le nom qu’il porte encore aujourd’hui lorsqu’il est racheté par Jean d’Aultruy, maire de Troyes en 1592, anobli par le roi Henri IV.

La façade en appareillage champenois (alternance de craie et de brique) est ornée d’une belle lucarne. Le linteau de la porte d’entrée est sculpté : entre les vases de fleurs et de fruits, on y découvre les blasons de la famille d’Aultruy autour du « coq hardy », emblème des Boucherat.

En contournant la maison par la rue de la Madeleine, on aperçoit contre la façade arrière une jolie tour à cinq pans.


Louis Boucherat, Seigneur de Compant, né le 20 août 1616, descend de Guillaume Boucherat de Troyes, qui, avocat au Parlement de Paris, au milieu du XVI° siècle, y occupait le Barreau avec Pierre Seguier, Charles du Moulin, Christophe de Thou, Denis de Ryantz, Jean-Baptiste du Mesnil et autres illustres « qu’un mérite connu et éprouvé éleva depuis aux premières places de la Robe ». 

Louis Boucherat en robe de chancelier, la main posée sur la cassette des sceaux de France.

Monument des Bienfaiteurs

 

Sculpteur : BRIDEN          
Place Jean Jaurès Troyes
Matériau: Bronze
Type d'œuvre: Statues décoratives, Monument aux morts et commémoratifs
Année: 1900




Le monument des Bienfaiteurs de la ville de Troyes fut inauguré le 14 juillet 1900. Il perdit ses sculptures exécutées par sculpteur Désiré BRIDEN en 1942 et fut rasé en 1969. Il occupait le cœur de la place Jean-Jaurès (nom actuel). Il mesurait onze mètres de haut.

 Ce monument s’appuyait sur une grande plateforme quadrangulaire formée de volumineux blocs granitiques. Les angles s’embellissaient d’énormes feuilles d’acanthe séparées par des rangées de bandes verticales. Un socle en retrait surmontait ce premier soubassement. Au-dessus se dressait le fût pyramidal qui supportait les mémorables inscriptions.

 Au sommet de la colonne, un génie en bronze, aux ailes déployées, se maintenait d’un seul pied, en équilibre sur un globe censé représenter le monde.

 Appuyé sur le piédestal, un homme de bronze occupait magistralement le devant du monument. Figuration réaliste d’un ouvrier bonnetier troyen, manches de chemise retroussées, col largement ouvert, il saluait avec une branche de chêne…

 


 

Cathédrale st Pierre et st Paul de Troyes

 


La cathédrale Saint Pierre et Saint Paul (Longueur: 114 m., 28,50 m. de hauteur sous voûte, largeur du transept 50 m.) a été bâtie à l'endroit même où les saints Potentien, et Sérotin avaient établi leur premier oratoire.

Des fouilles de 1973 ont montré l'existence de 3 constructions successives.

C’est en 313, lorsque Constantin donne aux chrétiens la permission d’établir des temples et qu’un évêque est institué dans chaque cité, que la cathédrale de Troyes commence d’être un édifice public.

Notre 1er évêque saint Amateur, en 340 commence à l’agrandir. Saint Urse construit une église plus importante en 426.

L’Évêque saint Prudence évoque en vers latins, en 860, " la magnifique demeure élevée par les chrétiens en l’honneur du Christ où sont vénérées les reliques des saints apôtres Pierre et Paul. C’est en cette église des saints apôtres qu’est conservé le corps de sainte Mâthie ".

Trop petite ou en mauvais état, l’évêque Otulphe la reconstruit en 872.

Incendiée comme Troyes par l'invasion normande des Vikings en 888, il ne reste que des pans de murs que l'on relève et recouvre d'une charpente et d'une toiture.                        

L'évêque Milon l’agrandit vers 980.

Très endommagée par le grand incendie qui ravage la ville en 1188, elle est reconstruite sous l’épiscopat de Garnier de Trainel, puis en 1208, sous celui d’Hervée. Dans l’un de ses rapports il dit : « Que tous le sachent : étant donné que pour l'allongement prévu de l'église Saint-Pierre de Troyes, la construction s'étendra au-delà des murs de la cité, nous avons transporté le four dit de Sainte-Mathie contigu au mur antique sur la place du Pêcheur-Chrétien acquise par nous à la suite d'un échange ». A sa mort en 1223, les chapelles rayonnantes et une grande partie du chœur sont achevées.


Vitrail - Sainte Mathie XIIIe s.

En 1228 une terrible tornade provoque la chute des parties hautes de la cathédrale. Le pape Grégoire IX appelle à l’aide toute la population du royaume de France.

Les travaux reprennent et les parties hautes du chœur sont restructurées à partir de 1235 puis achevées vers 1240. Cette restructuration est l'occasion d'une « modernisation » par rapport au parti d'origine notamment par l'ajourage du triforium qui dans le plan d'origine était aveugle, améliorant ainsi la luminosité à l'intérieur de l'édifice. Il s'agit en outre de l'un des tout premiers triforiums vitrés avec celui de la basilique Saint-Denis. Parallèlement à la construction de la partie haute du chœur sont érigés les piliers des bras du transept. La construction de cette zone médiane de l'édifice est pratiquement achevée en 1260, mais non voûtée.

En 1263, Urbain IV y contribue par une bulle d’indulgences " en faveur des fidèles qui aideraient de leurs aumônes l’édification de l’œuvre somptueuse ".

En 1304, sous l’épiscopat de Jean d’Auxois, le transept est terminé.

1310 la voûte du transept ainsi qu’une flèche élevée au-dessus de la croisée sont achevées.

En 1365, un ouragan abat le grand clocher. Le roi Charles V compatissant envoie aux Troyens des subsides.

En 1410, on construit un grand clocher avec des dons en bois des seigneurs Jehan de Joinville et Jean de Noyers en leur bois de Vendeuvre sous la supervision de jean de Nantes. Si la heuse du clocher, couverture en plomb et cuivre du sommet et des arêtes, se fait en 1432, le coq d'airain doré, œuvre de Nicolas Chévry, et la croix qui le soutenait n'a été posée que le 18 août 1433.

Ce n'est qu’en 1430, un an après le passage de Jeanne d'Arc et du dauphin Charles, que l'édifice est consacré par l'évêque Jean Léguisé.

Son successeur Jacques Raguier jette les fondements du portail et de la tour. " La cathédrale de Troyes, par la lenteur de sa construction, présente une synthèse de l’architecture en Champagne du début du XIIe siècle à la fin du XVe. Elle donne aujourd’hui une profonde impression de grandeur et d’harmonie... ".

Plan de 1600 

[Un panorama du quartier est dressé avec l’abbaye Saint-Loup, aujourd’hui musée des Beaux-Arts, les maisons canoniales, comme l’hôtel du Petit Louvre, le cellier Saint-Pierre, en cours de restauration, le palais épiscopal, aujourd’hui Musée d’Art moderne, le palais des Comtes de Champagne, aujourd’hui disparu, dont il reste seulement l’Hôtel Dieu, actuel lieu d’exposition, et les bâtiments de l’université Reims Champagne Ardenne (URCA). Autant de lieux qui posent le quartier de la cathédrale comme quartier intellectuel, artistique et culturel.]

Tour Eucharistique lumineuse

 


Une Tour eucharistique lumineuse en la cathédrale de Troyes 

A l’occasion des 800 ans de la cathédrale de Troyes en 2008, une Tour eucharistique, joyau de verrerie, a été créée dans la Chapelle du Saint Sacrement.

Sous le vitrail de la Vierge des Litanies et au cœur de la chapelle trône la tour eucharistique, lieu de conservation de l’Eucharistie. Cette œuvre répond à une commande du diocèse et plus particulièrement de l’évêque de Troyes, Mgr Stinger, et du recteur de la Cathédrale et responsable de la commission diocésaine d’art sacré : P. Dominique Roy.

Posé sur un socle haut en verre, le tabernacle est composé de verres polychromes surmontés d’une pyramide blanche.

De l’intérieur de cette demeure précieuse, jaillit la lumière, grâce à une installation de leds blancs doublant les verres.

L’artiste, Hélène Mugot témoigne à propose de cette œuvre : "Dans ce tabernacle de l’Eternel se conjuguent la figure archaïque de la Maison, l’iconographie de Byzance, les châsses précieuses gothiques, l’abstraction moderne et les technologies du XXIème siècle… toute la mémoire de l’Art Chrétien. "

Une attention particulière a été portée au lien unissant le vitrail de la Vierge, situé au-dessus et le tabernacle. Que ce soit à travers le choix du matériau, et une palette chromatique identique, un écho artistique et spirituel résonne entre ces deux œuvres.

L’artiste poursuit "Ce « tabernacle précieux », sera aussi - à la manière des Matriochka -enveloppé et déployé dans le chromatisme de la Vierge du vitrail, où la lumière qui le traverse fait figure d’Annonciation.»



Cet extrait de la litanie des saints fait majestueusement écho à ces créations :

"…Mère très pure, priez pour nous

Mère très chaste, priez pour nous

Mère sans tache, priez pour nous

Mère sans corruption, priez pour nous…

Vase spirituel, priez pour nous

Vase honorable, priez pour nous

Vase insigne de dévotion, priez pour nous…

Tour de David, priez pour nous

Tour d’ivoire, priez pour nous

Maison d’or, priez pour nous

Tabernacle précieux, priez pour nous…

Arche d’alliance, priez pour nous

Porte du ciel, priez pour nous

Étoile du matin, priez pour nous…"

 



Recettes champenoises

  La soupe aux choux et la potée champenoise Ce n’était pas un plat bien compliquée à faire, il représentait un avantage pour la ménagère ...