jeudi 4 avril 2024

Qui est vraiment Judas

 

A LA RECHERCHE DU JUDAS HISTORIQUE

 

UNE ENQUÊTE EXÉGÉTIQUE A LA LUMIÈRE DES TEXTES DE

L’ANCIEN TESTAMENT ET DES LOGIA

 

Judas Ischariot, Pierre et Jean - Léonard de Vinci


 Introduction

Judas Ischariot est probablement l’homme le plus détesté et le plus universellement haï de tous les personnages de la Bible. Tous les Chrétiens et même les moins instruits en l’histoire biblique reconnaissent en lui le traître par excellence, l’homme qui livra à la mort son maître innocent. Tout, concernant cet homme, semble être clair et simple au-delà de toute discussion possible. Judas fut responsable de la mort de Jésus par une trahison ignoble et impardonnable.

Toutefois, quand nous essayons de définir sérieusement et en des termes historiques, selon les textes bibliques, sa mission et son comportement, nous rencontrons un certain nombre d’obstacles majeurs et de contradictions essentielles. Une étude détaillée des textes et de leurs contradictions nous le fait apparaître comme le personnage le plus incertain, le plus mal défini et en fait le plus contradictoire de toute l’Ecriture.


Les contradictions dans les textes

Les contradictions sont, en effet, nombreuses dans les textes qui nous parlent de Judas. Deux morts nous sont en fait rapportés par les Evangélistes. Et les deux rapports sont strictement contradictoires et irréconciliables.

 Matthieu 1 nous indique que Judas se serait suicidé après avoir jeté l’argent du crime dans le Temple. Les prêtres auraient alors acheté, avec cette somme, le « champ du sang ». Luc 2 par contre affirme que Judas ne se serait pas suicidé du tout. C’est Judas lui-même qui aurait acheté le « champ du sang ». C’est en s’y rendant pour en prendre possession, qu’il aurait été atteint par la rétribution divine. Il se serait cassé en deux en répandant ses entrailles sur le sol. Sa mort aurait donc été identique à celle du roi Hérode, avec lequel Dieu avait eu un certain nombre de comptes à régler.

La responsabilité de Judas est un autre sujet de litige entre les Evangélistes. Matthieu3 et Marc4 nous indiquent que Judas était pleinement responsable de sa trahison. Il se rendait chez les autorités de son plein gré, pour leur offrir ses services. Luc5 et Jean6, par contre, sont d’un autre avis. Ils affirment que Judas aurait été possédé par Satan au moment de son forfait.

 La préméditation du crime est affirmée par les uns et niée par les autres dans les récits évangéliques. Matthieu7 nous indique que Judas se rendait chez les autorités dès le lundi de la semaine de Pâques. Il est suivi en cela par Luc8 qui place la possession satanique également au début de la Semaine Sainte. Jean9, par contre, place la possession par Satan non pas au début de la semaine, mais au moment précis où Jésus donne le morceau trempé à Judas dans la Chambre Haute, au moment du Dernier Repas.

L’argent que Judas reçut -ou ne reçut pas- constitue également un sujet de litige entre les Evangélistes. Matthieu 10 affirme, péremptoirement, que les principaux sacrificateurs payèrent 30 pièces d'argent d’avance (!) au début de la semaine. Marc 11 et Luc 12 par contre affirment que les autorités lui promirent seulement de l'argent. Luc nous indique que Judas fut payé et ce qui arriva à l’argent et à Judas par la suite : il en acheta le champ de sang, ce qui contredit la version de Matthieu 13. Marc ne nous dit rien au sujet de l’argent ni au sujet de Judas. Il ne sait donc rien au sujet du payement. Jean, lui non plus, ne sait rien d’un payement quelconque ; il ignore en fait toute promesse d’argent. Puisque selon lui Judas fut inspiré par Satan seulement à la dernière minute (Jn 13/27), il n’est pas possible que Judas ait pu demander de l’argent et le recevoir. De toute façon Jean contredit en cela les Synoptiques qui, par-dessus le marché, ne sont pas d’accord entre eux.

La punition que Judas devrait recevoir pour sa trahison est une autre pomme de discorde entre Jean et les Synoptiques. Les trois premiers Evangiles sont unanimes (Mt 26/24, Mc 14/21, Le 22/22) à mettre dans la bouche de Jésus des menaces effroyables contre ceux par lesquels arrivent les scandales : ils appliquent ces menaces automatiquement à Judas et à son forfait. Jean, par contre, ignore ces menaces et fait citer par Jésus un passage de l’Ecriture qui montre que la trahison d’un des siens était dans la nature des choses (Jn 13/18). Il n’y est pas question d’une punition temporelle ou éternelle de Judas. Jean voit la trahison comme une nécessité prévue par Jésus, qui n’implique pas la responsabilité personnelle de Judas. Cette manière de voir est strictement consistante avec sa thèse de la possession satanique de Judas (Jn 13/27) qui exonère en fait l’Apôtre du crime, pour en charger Satan.

L’arrestation de Jésus est décrite d’une manière totalement différente dans les Synoptiques et chez Jean. Les Synoptiques mettent Judas au centre de la scène du Jardin des Oliviers. Judas trahit son maître par un baiser qui doit désigner Jésus aux policiers, (Mt 26/47ss, et par.). Jean ignore le baiser de Judas et ne connaît pas de dialogue entre Jésus et Judas. C’est Jésus lui-même qui se fait connaître par deux fois aux policiers, qui, effrayés, tombent par terre. (Jn 18/4,7). Judas est seulement mentionné en passant comme « étant avec eux » (Jn 18/5).

 1. Mt 27/5.

2. Ac 1/18.

3. Mt 26/14.

4. Mc 14/10.

5. Le 22/3.

6. Jn 13/27.

7. Mt 26/14

8. Le 22/3.

9. Jn 13/27.

H). Mt 26/15.

11. Mc 14/11.

12. Le 22/5.

13. Ac 1/18.

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Confessio Evangelica - Cathares

 

LA «CONFESSIO EVANGELICA» DU CATHARISME OCCITAN

 

NOUVEAUX ASPECTS DU CATHARISME,  LE CATHARISME VU PAR LUI-MÊME


Montségur


 II serait absurde de vouloir fonder une histoire du peuple juif sur le livre «Mein Kampf» d’Adolf Hitler ou sur les registres de Torquemada. C’est pourtant exactement ce que nous faisons dans notre appréciation des Cathares. Elle est fondée sans la moindre critique, sur les registres des Inquisiteurs et sur leur manière de les voir. Cette méthode est fausse. Elle a été fausse depuis huit siècles. Audietur atque altera pars.  Il faut donner la parole aux documents écrits par les Cathares eux-mêmes.

Depuis le XIIe siècle l’Inquisition et ceux qui ont utilisé ses documents, ont caractérisé le Catharisme comme une hérésie radicalement opposée au Christianisme traditionnel. On l’a décrite comme une hérésie manichéenne 1,  comme un mouvement gnostique 2 et une église étrange dans laquelle la cérémonie la plus fréquente était l’adoration des Anciens comme porteurs du. Saint Esprit 3.

Notre livre de base sur le Catharisme est encore, à l’heure actuelle, le livre de Charles Schmidt, écrit en 1848. Réédité en 1983, il a été décrit par Jean Duvernoy dans son Introduction comme «un travail essentiel... qui a ouvert presque toutes les portes » 4. Or, les sources de Schmidt sont exclusivement celles de l’Inquisition. Le Rituel Occitan ne fut découvert à Lyon qu’en 1887 et le Père Dondaine ne publia le Rituel de Florence qu’en 1939. Nos livres modernes n’ont rien changé à cette perspective. Ils emboîtent le pas à Schmidt. Ils citent les Registres de l’Inquisition et ils ne différencient en rien le Catharisme Occitan de celui de la Lombardie. Un parfait exemple de cette perspective est le récent article du duc de Lévis-Mirepoix de l’Académie Française dans la revue Historia de Septembre 1985.

 

1. René Neli i : «Système du Catharisme», dans Heresis, 1983/1 p. 7.

2. Déodat Roché : Le Catharisme, vol. 1. (Cahiers d’Etudes Cathares.) Narbonne 1957, p.17 ss.

3. Jean Duvernoy : La religion des Cathares, Privât 1976, p. 208.

4. Charles Schmidt : Histoire et doctrine des Cathares, (réimpression) Bayonne 1983. Introd. par Jean Duvernoy et commentaires divers sur le dos de l’ouvrage.

 

 Or, même une étude rapide de l’herméneutique de l’Inquisition nous montre que celle-ci ne s’est jamais donné comme tâche de fournir une image impartiale ou même équilibrée des hérésies qu’elle cherchait à exterminer. Elle ne cherchait nulle part et aucunement la Vérité. Elle était là pour stigmatiser l’Erreur et pour l’extirper. Ses registres mettaient en évidence exclusivement ce qui n’était pas congruent avec la foi de l’Eglise de Rome.

La méthode de l’Inquisition était le lit de Procruste des chasseurs d’hérésies, employé depuis Eusèbe de Césarée et même bien avant lui : ce procédé consistait à comparer le mouvement en question avec le modèle le plus stricte de l’orthodoxie la plus étroite. Ce qui dépasse ce «canon » est l’hérésie. La recette veut que l’on prenne ensuite ces déchets, qu’on les coupe en rondel¬ les fines et que l’on en fasse, alors, le «portrait» de l’hérésie. Le Catharisme devenait ainsi un conglomérat d’erreurs et de contre-vérités. Il devint une chimère, un épouvantail, un Frankenstein. Quant à la véritable foi des Cathares, les Inquisiteurs ne s’y intéressaient absolument pas.

Or, une telle méthode est strictement aux antipodes de l’historiographie actuelle, qui cherche précisément une image équilibrée et complète selon les témoignages aussi impartiaux que possible et, surtout, d’après les témoignages des Cathares eux-mêmes. Nous, possédons, en effet, pour pouvoir juger les opinions et la foi des Cathares Occitans, leur Rituel qui leur servit de liturgie et de livre de prières. Toute affirmation des registres de l’Inquisi tion devrait de ce fait être utilisée avec une extrême circonspection, alors que bien plus de poids devrait être attaché au document de Lyon. Car, selon ce manuscrit, le Catharisme était ni gnostique, ni manichéen. Il n’était en fait jamais question d’une adoration des Anciens.

Cela ne veut pas encore dire que nous devons mettre à la poubelle tous les livres écrits sur les Cathares entre 1848 et 1986. Cela serait vider l’enfant avec le bain. Car si l’Inquisition et ses documents ont décrit les Cathares avec des préjugés monumentaux, ils n’ont pas tout inventé de toute pièce. Il y a des éléments qui sont vrais. Ils sont seulement vus par le mauvais bout de la lunette.

Notre travail d’historien moderne doit en fait consister à délimiter d’abord quelles sont les sources directes qui nous permettent de savoir quel était le message vrai des Cathares, selon leurs propres documents. Notre tâche sera en effet de soumettre les textes cathares à un examen minutieux, pour y chercher le centre vrai et les racines profondes du Catharisme occitan. Cela nous permettra de rectifier le tir, de pouvoir analyser les critères selon lesquels les Cathares essayaient de se faire juger eux-mêmes.

Une telle étude sera pleine de surprises. Elle nous montrera les Cathares sous un angle nouveau. Non pas comme des Manichéens à tout crin, des crypto-gnostiques ou des farfelus en tout genre. Nous découvrirons en eux en fait des Evangéliques fondamentalistes, des Montanistes épris de l’Esprit Saint, des Puritains hantés par l’idée de la pureté morale, des hommes et des femmes imbus d’un idéal de la vie chrétienne.

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