jeudi 22 août 2024

Maison Templière de Villiers-lès-Verrières (10)



Ce fut seulement en 1209, presque un siècle après la fondation de leur ordre, que les Templiers s’établirent à Villers-lès-Verrières, lieudit du village de Verrières.

C’est Helvis Chasnel de Saint-Jean de Bonneval qui, du vivant même de son second mari, voulut entrer en religion comme sœur du Temple, en apportant sa dote aux Templiers, avec l’accord de ses 2 fils.

1 - la maison qu'elle avait derrière celle de Pierre de Daudes (hameau, commune de Montaulin), dans la rue de « Buschet »

2 - les terres et les prés qu'elle possédait à Daudes.

3 - trois arpents de pré à Montaulin (canton de Lusigny).

4 - dix journaux (jugera), à prendre parmi les meilleures terres que Théodoric, son premier mari, lui avait laissées en douaire, sur le finage de Villers.

5 - deux hommes de corps: Renald Arembert, de Villery (canton De Bouilly), et Renaud, de Saint-Jean-de-Bonneval.

En dehors de cette donation, faite à titre définitif et irrévocable, Helvis abandonna aux Templiers l'usufruit viager qu'elle avait de toute la terre de Villers, qui constituait son douaire. A sa mort, cette terre ferait retour à ses héritiers, à l'exception des 10 journaux ci-dessus mentionnés, des 3 arpents de pré de Montaulin, des deux hommes de corps et des acquêts qu'elle avait pu faire avec Charnel, son second mari.

Les deux fils d'Helvis, Guillaume et Pierre, approuvèrent et ratifièrent cette double libéralité, qui fut enregistrée sous le sceau de l'évêque de Troyes, Hervé, en l'an 1209, sans indication de mois.

L'année 1209, suivant le style de l'époque, commença le 20 mars, date de la fête de Pâques. Or, la donation du chevalier Geoffroy de « Meceon », dont nous allons parler, eut lieu le 9 avril suivant. Un très court intervalle, 18 jours au maximum la séparerait donc de celle d'Helvis, supposé qu'elle lui fut réellement postérieure. Voici quel en fut l'objet Du consentement d'Emeline, sa femme, et de Pierre, son fils, le chevalier Geoffroy donna aux Templiers:

1 - le tiers de tout ce qu'il possédait à Villers-lès-Verrières, à Daudes et depuis Clérey jusqu'à Troyes, en prés, vignes, terres, hommes, cours d'eau et emplacement de moulins.

2 - le fief de dame Marguerite, femme de Guiard de Fresnoy « de Fruxino »

3 - le droit que Geoffroy et les siens avaient à l'héritage d'Ermenjarde, femme du chevalier Thomas.

4 - un autre fief, sis à Daudes, et que tenait du dit Thomas, le chapelain Etienne, petit-fils de Philippe de Colaverdey.

Quant aux deux autres tiers de ses biens, Geoffroy les vendit aux Templiers moyennant 300 livres, monnaie de Provins. Cette somme fut payée comptant, de sorte que l'official de la Cour de Troyes Henri, sous le sceau duquel l'acte fut passé, en donna décharge aux Templiers, et les investit sur-le-champ de leur nouveau domaine dans la personne de frère Haymard « Frère qui était à cette époque le trésorier du Temple de Paris », leur représentant.

Pour les cinq années qui suivirent la fondation de la maison de Villers, il n’y a rien à relater, mais en 1214, nous relevons un acte d'échange entre le chapitre de Saint-Etienne de Troyes et les Templiers. Par cet acte, notifié au mois d'août, sous le sceau de Barthélemy, doyen de Saint-Etienne, le chapitre céda aux Templiers tous les droits qu'il avait sur la personne de Milon de Villers, sur sa famille et sur ses biens; en retour, les Templiers abandonnèrent au chapitre les droits équivalents qu'ils avaient sur un jardinier des Trévois, nommé Martin.

La Champagne était alors administrée par Blanche de Navarre, veuve du comte Thibaut III et régente de son fils mineur Thibaut IV, connu plus tard sous le nom de Thibaut le Chansonnier. Si, dans la lutte qu'elle eut à soutenir contre Erard de Brienne, la jeune comtesse ne recula devant aucune libéralité, pour stimuler le zèle des vassaux de Champagne et gagner à sa cause des barons restés neutres, ou ayant déjà pris parti pour Erard, elle chercha également à se concilier la bienveillance du pape, et, ce qui valait mieux encore, la protection du ciel, par d'abondantes aumônes faites aux établissements religieux de la région.

Marquisat de Saint-Phal

 

Georges de Vaudrey, marquis de st-Phal par Louis le Nain.
musée Saint Loup de Troyes


La généalogie de Vaudrey produite en 1670 devant M. De Caumartin (Louis-François Le Fèvre de Caumartin de Boissy d'Argouges 1624-1687), intendant de Champagne (1667 à 1673), nous voyons que deux membres de cette famille ont porté le prénom de Georges et possédé la seigneurie de Saint-Phal, que l’un était mort en 1608 et que l’autre, fils du premier, mourut en 1616.

 Georges II de Vaudrey était le fils de Georges 1er de Vaudrey, gouverneur et bailli de Troyes en 1853, et de Jeanne du Plessis de Beaupréau. Cette dernière mourut à Paris en avril 1854, et ses restes mortels furent transférés à Troyes et inhumés en l’église collégiale de Saint-Etienne. Tout le clergé, tous les corps de la ville, les pauvres des hôpitaux de Saint-Nicolas, de la Trinité et de Saint-Bernard, 100 autres pauvres, dont 50 étaient de la terre de Saint-Phal, avec des torches, se rendirent en cette église pour le convoi.

 Le père de Georges II, en qualité de bailli de Troyes, fonction qu’avait également remplie Anne de Vaudrey, son grand-père, seigneur de Saint-Phal et bailli de Troyes, était le premier personnage du pays. On sait en effet que les baillis, malgré les restrictions apportées à leurs attributions primitives, étaient encore dans les derniers siècles de la monarchie, des fonctionnaires occupant une haute situation. C’est ainsi que la reine de France, Louise de Lorraine (1553-1601), épouse d’Henri III, roi de France (de 1575 à 1589), passant à Troyes le 7 juillet 1582, revenant de son pays natal, après avoir été se loger à Saint-Lyé, maison de campagne de l’Evêque de Troyes, le lendemain, elle alla coucher au château de Saint-Phal, où elle fut reçue somptueusement par Georges de Vaudrey, marquis de Saint-Phal. Elle en partit ensuite pour se rendre en Bourbonnais, où le roi devait se trouver.

 Georges II épousa en 1608 Anne Largentier, fille de Nicolas Largentier, baron de Chapelaine, seigneur de Chamoy et de Vauchassis, et de Marie La Mairat. Il était alors chevalier de l’ordre du Roi. Son grand-père, Anne de Vaudrey, bailli de Troyes du 28 novembre 1559 au mois de février 1579, époque de sa mort, fut élu député de la noblesse du baillage de Troyes aux Etats-Généraux de 1560 et 1576. Il prit part au siège de Vézelay en 1569, en qualité de maréchal de camp, et se signala par son intolérance envers les protestants. Enfin, il acquit un triste renom en devenant l’un des exécuteurs de la Saint-Barthelemy à Troyes. Le 4 septembre 1572, il fit massacrer 45 personnes qu’il avait fait incarcérer peu de jours auparavant et qui étaient convaincues ou simplement soupçonnées, d’avoir favorisé la propagande des idées de la Réforme.

 Le bailli Anne de Vaudrey tombe malade en janvier 1579, et meurt au château de Saint-Phal fin février. " Avant d’aller rendre son compte à Dieu, il fut les 8 derniers jours de sa vie, agité d’horribles frayeurs, d’un grand effroi, de tremblements et de chagrin. Pendant celle qui précéda son décès, il blasphémait, furent entendus en sa chambre des cris fort épouvantables de voix horribles et confuses,  qui ne cessèrent qu’à sa mort ". Un service fut célébré en son honneur, à Saint-Etienne, le bailli étant paroissien né de cette collégiale de fondation royale. Anne de Vaudrey eut pour successeur son fils Georges, seigneur de Saint-Phal, marquis de Beaupréau, dans sa fonction de bailli. Le château de Saint-Phal fut contesté par sa mère. Il se fait alors appuyer, dans ses prétentions, par l’échevinage, en raison de la sûreté que ce château donne à la ville contre les ennemis venant de Tonnerre et de l’Auxerrois.

 Georges 1er, fils d’Anne et père de Georges II, se rallia au Béarnais, et lorsqu’en 1592, le duc de Guise mit le siège devant le château de Saint-Phal, la garnison résista courageusement sous les ordres du capitaine La Planche. Le duc de Guise dut lever le siège. Ses soldats se vengèrent de leur insuccès en mettant le feu au pays dont un tiers fut brûlé.

 Voici un fait, dont le principal auteur est Georges-Anne-Louis de Vaudrey, chevalier, seigneur de Saint-Phal, descendant de 2 anciens baillis de Troyes, assisté de 22 de ses domestiques ou sujets. La plainte lui reprochait d’être, en 1660, entré dans la chapelle de Mâchy, pendant les vêpres, d’avoir interrompu le service, fait sortir le prêtre et cesser l’office, d’avoir maltraité les habitants de saint-Phal, d’avoir enlevé, sur le grand chemin, Jeanne Aubron, fiancée d’Etienne Gauthier, d’avoir amené cette fille dans son château en la plaçant en croupe sur son cheval, de l’avoir forcée et violée, d’avoir battu et excédé ledit Gauthier qui s’opposait à l’enlèvement de sa fiancée, d’avoir avec plusieurs de ses domestiques et Taulin, son fils naturel, battu dans sa maison une femme, laissée pour morte, d’avoir abattu et démoli, dans Saint-Phal, plus de 20 maisons et la halle, où se tenait le marché et l’auditoire (enceinte où l’assemblée se réunit), d’avoir obligé les habitants à tenir leurs plaids (assemblées) dans son château, et exigé d’eux chacun 3 livres pour avoir le droit de vendanger, d’avoir saisi chevaux, voitures et vendange et emmené les gens prisonniers au château, de les avoir battus et maltraités, mis au cachot pendant 15 jours, et exigé d’eux 3 livres pour leur rendre la liberté, d’avoir fait dépouiller et vendanger 12 arpents de vigne, et d’avoir battu et emprisonné plusieurs habitants pendant 7 mois… …

 Pendant l’instruction, de Vaudrey fut arrêté et retenu prisonnier. Il obtint sa remise en liberté sous caution et ne reparut plus. Les complices furent laissés en liberté et tous furent condamnés par défaut. Ils furent bannis par le Parlement, les grands-Chambres, la Tournelle et celle de l’Edit assemblées, à cause de la qualité du principal coupable, pour 3 années de la prévôté de Paris, du bailliage de Troyes et de celui de Saint-Phal, avec injonction de garder leur ban (terme de féodalité, convocation des vassaux directs du roi pour le service militaire), sous peine de la hart (la corde dont on étranglait les criminels). Ils furent condamnés à 800 livres parisis de dommages-intérêts envers le sieur et dame de Portebize, plaignants, 400 livres d’amende, applicables au pain des prisonniers de la conciergerie du Palais. De Vaudrey fut condamné, aussi par défaut, en 8.000 livres de dommages-intérêts, 2.400 livres pour le pain des prisonniers, à tenir prison pour lesdites sommes. Il lui fut fait défense de récidiver, sous peine de la vie, ni de tenir les prisons et auditoire de sa seigneurie, dans l’enceinte de son château. Il fut condamné à construire d’autres prisons, qui ne pouvaient être plus basses que le rez-de-chaussée, et aussi un auditoire. Les plaignants sont déclarés exempts de tous droits seigneuriaux envers le condamné et sont placés sous la sauvegarde du roi (arrêt du 13 février 1665).

 Georges-Anne-Louis de Vaudrey n’était pas seulement violent et emporté, car d’autres faits de cette sorte lui sont reprochés. Il régit mal ses domaines, se mésallie en épousant Jeanne Aubron, qu’il avait enlevée et enfermée dans son château, et dont il eut 2 filles qui firent des mariages en dehors de la condition de leur père, qui déjà avait un enfant naturel, qui, sous le nom de Jean Taulin, prenait part aux nobles actions de son père.

 Enfin, en 1672, la seigneurie de Saint-Phal fut saisie sur lui, achetée sur décret par le comte d’Avaux, qui bientôt revendit cette belle seigneurie au comte d’Aiguilly, Nicolas Dauvet Desmarets, grand-fauconnier de France. Pendant cette dernière procédure, Georges de Vaudrey commit contre les gardiens en grand nombre des violences extrêmes, s’empara du château de Machy (18 km de Troyes) et se réfugia dans celui de Chamoy, d’où il menaçait sans cesse les gardiens de Saint-Phal et les nouveaux acquéreurs.





le château de St Phal aujourd'hui disparu

La châtellenie relevait des terres de l'Isle et recouvrait les terres de Crésantignes, Machy, Motte-Félix et de la Cour-saint-Phal. Les seigneurs de Saint-Phal étaient une puissante famille de la cour de Champagne aux XIIe et XIIIe siècles, on relève cinq abbesses de l'abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains et leurs armes étaient d'or à la croix ancrée de sinople, au franc canton de gueules.

Jeanne d'Arc écrivait de ce château, en 1429 aux habitants de Troyes.

En 1440 Saint-Phal appartenait à Pierre de Montot qui fit entrer la seigneurie dans la famille Vaudrey en mariant sa fille à Arthur de Vaudrey chambellan à la cour de France et maître d'hôtel des rois Charles VII, Louis XI et Charles VIII. Il fut la propriété de Anne de Mont-Gomery, époux de Anne de Vaudrey en 1555 et ses armes, emmanchées de gueules et d'argent se voyaient encore au château. La seigneurie devint un marquisat sous le règne de Louis XIII.

En 1675 il est la propriété de Nicolas Dauvet, comte de Marets, grand fauconnier de France.

Il entre dans la Maison de Hénin-Liétard en 1705 par Jacques-Antoine marquis de Blaincourt et de Saint-Phal, baron de Dienville et mestre de camp de cavalerie. Puis en 1765 à Marie de Félix-Dumuy, comtesse de Ribière et à Charles marquis de Créqui son époux.

Le château passe ensuite dans les mains de Jacques Corps, seigneur de Saint-Phal, conseiller du roi au Grand Conseil, mort en 1798. Le dernier propriétaire est le gendre de celui-ci, M. de Mazin de Bouy.





Le marquisat de Saint Phal




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