mardi 23 juillet 2024

Paysannerie au XVIIIe siècle

                  

La France du XVIIIe

Une cour de ferme - Nicolas Bernard Lépicié (1735-1784) Musée du Louvre - Paris

C’est encore une France essentiellement paysanne. L’ensemble des villes ne réunit que quelques 2 millions et demi d’habitants alors que la population rurale, éparpillée dans 44 000 communes, oscille, selon les auteurs entre 18 et 24 millions d’individus. Ces derniers chiffes laissent apparaitre un écart d’estimation considérable (6 millions de paysans « possibles ») par le fait que cette population comprend une frange mouvante de brassiers, journaliers, mendiants sans cesse en mouvement et difficilement quantifiable. D’autre part il apparait que si la démographie est en évolution constante depuis le XVIIe, sa courbe fluctue selon les lieux et les années. S’il y a 108 feux de recensés en 1709 à la Motte Tilly, soit environ 432 habitants, en 1723 il n’y en a plus que 68 (272 habitants estimés). En 1725 on trouve 93 feux dont 296 habitants assujettis à la gabelle mais, un an plus tard, en 1726, on retombe à 87 feux et 261 gabellants. Enfin, en 1790, on dénombre 489 habitants.

Cette population villageoise est fortement diversifiée. Les plus favorisés sont les fermiers nantis et les laboureurs qui possèdent quelques hectares de terre et des chevaux ; viennent ensuite les paysans avec quelques arpents de sol et quelques bêtes puis les paysans pauvres ayant au mieux une vache et des terres en louage ; enfin on trouve les journaliers, les brassiers et les mendiants qui n’ont, pour tout bien que leurs bras.

Chaque communauté s’organise autour d’une assemblée villageoise où chaque homme adulte a droit de vote, les femmes en étant exclues, sauf de rares exceptions. Cette assemblée élit un conseil, lequel désigne un chef de village. En fait, cette structure apparemment très démocratique, trouve vite ses limites car, en Champagne notamment le conseil décide presque toujours sans réunir l’assemblée villageoise. Quant au chef de village, choisi parmi les fermiers nantis - le choix est vite résolu -  il devient presque immanquablement le représentant du gouvernement car il est physiquement responsable de la communauté vis-à-vis du seigneur et ne tient nullement à rembourser les dettes de ses voisins ! Au contraire, son autorité peut lui permettre d’acquérir une certaine notoriété et, par là même, quelques avantages en nature ou en argent…

Il apparait présomptueux de prétendre expliquer cette vie paysanne pourtant peu éloignée de nous car, durant les deux siècles qui nous en séparent, l’évolution des mentalités et des modes de vie a été considérable.

 


Un Village de chaumières


Dans nos régions la paroisse et le finage se confondent. Le village est groupé près de son église mais il existe quelques écarts, fermes ou hameaux isolés. L’église a encore conservé dans l’esprit et dans la forme son sens latin d’assemblée, ecclesia. On s’y réunit parfois pour discuter des affaires à régler entre villageois mais, c’est plus fréquemment le cimetière, le clamard, qui sert de lieu de réunions et de discussions. Ce choix est dicté par une croyance qui veut que les démons affectionnent les lieux clos et y font dégénérer les entretiens. Le cimetière et l’église sont donc, par essence, des endroits privilégiés puisque consacrés et hors d’atteinte des maléfices.

Constitution civile du clergé (1790)

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