dimanche 29 septembre 2024

Manassès Ier évêque de Troyes

 


Manassès est le fils de Helpuin II, comte d’Arcis-sur-Aube, seigneur de Ramerupt et de Pougy (ce dernier frère du comte de Montdidier) et d’Hersende, comtesse d’Arcis, dame de Ramerupt, qui bâtit une église dans son château de Ramerupt et y mit les reliques de saint Balsème.

Manassès est l’un des plus puissants seigneurs de la Champagne méridionale du Xe siècle, dont le domaine s’étend sur la vallée de l’Aube en amont d’Arcis. Sa mère, la pieuse comtesse Hersende, se retire sur ses terres de Ramerupt lorsque plus tard elle devient veuve et que le comté passe à leur autre fils, Hilduin.

Dès sa tendre jeunesse, Manassès se fait remarquer par sa bonne nature, sa douceur, sa belle simplicité. La comtesse sa mère, voyant en lui des signes remarquables de dévotion, lui donne une excellente éducation, et s’emploie à le donner à Dieu. Il est confié à l’évêque de Troyes, qui l’élève avec le plus grand soin. Il voit ainsi entreprendre par l’évêque Milon, la reconstruction de la cathédrale. Le voyant formé à toutes les vertus ecclésiastiques (l’aménité de son caractère, sa piété, cultivée par l’évêque Milon), le clergé de Troyes jette les yeux sur lui en 985, pour remplacer Milon, évêque depuis 974. « Ce choix fut généralement applaudi ».

Il faut savoir qu’à cette époque, les évêques sont élus par le chapitre cathédral, et d’ordinaire ses membres ne vont pas chercher loin : un homme vertueux qu’on a pu éprouver et, qui plus est, allié à une famille puissante et riche du diocèse. Manassès est le premier de nos évêques appartenant à l’une des grandes familles féodales de la Champagne. La charge est lourde, les invasions normandes ont fait de profonds ravages, matériels et économiques, moraux surtout, d’où un relâchement de la discipline dans le clergé et de la vie chrétienne des fidèles

A peine est-il le chancelier de l’église, qu’il prend soin de régler son clergé et de lui donner un nouveau lustre, parce que les courses des Normands et les troubles de l’Etat ont causé un dérangement dans la discipline, surtout dans le chapitre de la cathédrale. Pour exécuter ses pieux desseins, il se compose un conseil, dont les membres les plus distingués sont Adson de Montier-en-Der, Hadric, trésorier de son église, et saint Adérald, chanoine, qu’il fait son archidiacre. Ce projet de réforme essuie d’abord beaucoup de difficultés. En effet, suite aux ruines occasionnées par les Normands, les chanoines de la cathédrale avaient dû exercer  quelque métier afin de se procurer les ressources indispensables Mais Adérald, qui est riche, se dépouille d’une partie de son patrimoine en faveur de cette église, et bientôt le pontife « a la consolation de voir son chapitre embrasser la vie commune », suivant la règle du Concile d’Aix-la-Chapelle de 816 qui réglait la vie canoniale. Pour témoigner sa reconnaissance à l’abbé de Montier-en-der, il lui accorde ainsi qu’à ses successeurs, la prétention aux cures de Lassicourt, de Dodinicourt (aujourd’hui Saint-Christophe) et de Requinicourt (à présent Saint-Léger-sous-Brienne). Manassès  rappelle également les prescriptions du concile de 802 faisant aux prêtres un devoir « de ne point laisser mourir les malades sans leur avoir administré le viatique, de tenir propre leur église et d’instruire leur peuple les fêtes et dimanches. De s’instruire eux-mêmes d’abord ».

 A cette époque, Manassès a le plaisir de voir convertir son frère Hilduin, comte d’Arcis, pour qui il a formé tant de vœux, fait tant de prières et répandu tant de larmes. Ce seigneur a tous les défauts d’un homme de qualité qui n’a point de religion et qui, enthousiasmé de sa noblesse, s’érige en tyran dans ses seigneuries et commet impunément toutes sortes de désordres : « c’était un mauvais garçon qui menait une vie militaire, carnassière, voluptueuse et désespérée ». Malgré ses égarements, Hilduin sait encore honorer la vertu dans le pieux Adson, abbé de Montier-en-Der. Il prête l’oreille à ses remontrances, suit en tout ses conseils et, par esprit de pénitence, se détermine à faire le voyage de la Palestine avec ce zélé directeur, en 992, pour y visiter les lieux saints. Mais, comme ce nouveau pénitent est alarmé sur ses crimes, Adson l’entretient souvent de la conversion merveilleuse de Waimer, duc de Champagne et depuis évêque de Troyes (677-679), qui a été un des plus grands persécuteurs de saint Léger d’Autun, et que saint Berchaire a également conduit en Palestine pour faire pénitence et désarmer la justice divine.

Manassès fonde le prieuré d’Arcis-sur-Aube en y bâtissant une église en l’honneur de la Vierge Marie. Le monastère est confié aux religieux de Marmoutier. Il se trouve à l’extrémité de la rue Notre-Dame, c’est-à-dire de la route de Brienne. Le site et les fondations sont transférés à la chapelle de la Sainte-Vierge de l’église paroissiale en 1780. Les bâtiments disparaissent peu de temps après.

On dit que sous le pontificat de Manassès II (1180-1190), « un homme ayant été pendu innocemment, une génisse qu’il avait donné à un de ses filleuls, soutint de ses cornes la plante des pieds du patient et lui sauva ainsi la vie. De là vint l’usage de donner aux filleuls des présents que le peuple nomme la roulée et le cogneu ».

Manassès décède en 993, le 11 juin, après 10 ans d’épiscopat et une vie remplie d’actions saintes. Son tombeau ne semble pas avoir été conservé dans notre cathédrale.

« C’était un homme plein de sainteté, un homme saint ».



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