L’Hôtel
de Vauluisant
Il occupe l’emplacement d’un couvent appartenant à l’abbaye cistercienne Notre Dame de Vauluisant (Valée Luisante), dans le diocèse de Sens. Les religieuses de cette abbaye s’installèrent à Troyes dès le XIIe siècle pour se rapprocher des Comtes de Champagne, leurs bienfaiteurs. L’incendie de 1524 consuma la maison en grande partie.
L’hôtel actuel comporte deux périodes bien
distinctes :
- un pavillon à tourelles construit dès 1559 par
Antoine Hennequin, receveur de tailles
- un corps de bâtiment en retour d’équerre élevé au
XVIIe siècle par la famille de Mesgrigny qui le prolongea par des communs et ferma
la cour ainsi formée, par un portail monumental.
Le pavillon central est flanqué de deux tours d’inégales grosseurs : celle de gauche, la plus grosse, renferme l’escalier qui dessert les étages ; celle de droite abrite des oratoires ; toutes deux sont terminées par un épi de faitage en plomb décoré de la lune et du soleil.
La façade de ce pavillon est composée d’un rez-de-chaussée élevé sur une cave voûtée et d’un premier étage surmonté d’une lucarne triangulaire. Un escalier en fer à cheval à double évolution, d’époque Louis XVI, permet d’accéder à l’entrée de l’hôtel, qui est surmonté des armes de la famille de Mesgrigny et d’un fronton triangulaire. Elle est encadrée de part et d’autre d’une fenestrelle et d’une croisée. Le premier étage est percé de quatre baies, dont deux jumelles au centre ; dessous chacune d’elles est un cartouche encadré de cuirs enroulées ; au-dessus, un entablement décoré de quatre frontons triangulaires alternés de vases déchiquetés et fleuris. Ce décor typiquement Renaissance contraste avec la sobriété toute classique du corps de logis du XVIIe siècle qui prolonge le pavillon du sud.
A l’intérieur, le rez-de-chaussée comporte en
particulier une grande salle de neuf mètres sur sept. Son principal ornement
est une monumentale et splendide cheminée composée de deux colonnes
corinthiennes supportant un riche entablement qui s’élève jusqu’au plafond.
Cheminée de l’annonciation
Première
moitié du 16e siècle, vers 1520-30
Pierre
anciennement polychromée (H 3,70m – L 2,58m)
Provient d’une maison, angle rues
Turenne et de la synagogue, Troyes. Dissimulée derrière une cloison jusqu’en
1910, découverte lors d’une restauration, remontée dans une autre maison,
léguée ensuite au musée.
La partie inférieur de cette cheminée
monumentale, très sobre, dirige toute l’attention du spectateur vers la scène représentée
au registre supérieur (ou « manteau ») : l’annonciation. Dans cette
scène du Nouveau Testament, l’Ange vient annoncer à la Vierge Marie qu’elle
porte en elle le futur Messie.
L’évènement se déroule sur trois
compartiments. A gauche, la Vierge porte la main à son cœur à l’annonce de la
nouvelles. A droite, l’Ange tend les bras vers la vierge en prononçant les
paroles dont les mots devaient être peints sur le phylactère qui s’envole de sa
bouche. Au-dessus de Marie s’échappe un même phylactère porteur de sa réponse. Au
centre, se tient un vase de fleurs de lys, symbole de la virginité de Marie.
Les personnages sont encore d’inspiration
traditionnelle gothique, mais le décor relève du répertoire de la Renaissance :
coquille, pilastres avec médaillons, têtes d’angelots.
Dans l’angle gauche, en bas du manteau,
figure le blason de la famille Molé : dans l’angle droit, deux belles
figures d’angelots.
La façade de cheminé date du 17e
siècle. Elle porte deux blasons armoriés surmontés d’initiales enlacées et d’une
couronne de marquis. Le blason de gauche, tenu par deux licornes, porte les armes
d’Edouard Colbert, marquis de Villacerf (Aube), surintendant général des
Bâtiments du Roi (Louis XVI), mort en 1699. Le blason de droite orné d’un
chevron, de roses et d’une croix, entouré de branches d’olivier, est celui de
son épouse Marie-Geneviève Larcher. (Provient de la ferme de Tibergeon, près de
Lusigny. Don Salietti 1893).
Don de Mme Pierre Salet en 1959,
Inv.59.1
Le Conservateur du Musée de Cluny à Paris a dit de cette cheminée :
« Il s’agit là d’une des plus belles cheminées
que je connaisse : les deux personnages de l’Annonciation qui se profilent
derrière un jeu de pilastres sont une de ces inventions exquises dont
s’enchantent les amateurs d’art... Cette œuvre manifeste avec éclat le talent
des imagiers troyens de XVIe siècle... ».
L’impératrice Marie-Louise et son fils, le petit roi
de Rome, quittant la France pour l’Autriche, passèrent la nuit du 26 au 27
avril 1814 dans cette demeure.
L’on y trouve également la Mise au tombeau de l'abbaye Montier-la-Celle à St André-les-Vergers (10)
Le
Christ instituant l’Eucharistie
Entourage
du Maître de Chaource
Première
moitié du XVIe, vers 1520-1530
Le
Christ debout derrière un Autel, fait face au fidèle. De sa main gauche il
tient au-dessus d’un calice une hostie disparue. Sa main droite esquisse un
geste de bénédiction.
Est
ici représenté l’instant de la première Eucharistie, issue de la Cène, dernier
repas de jésus avec ses apôtres.
Son
visage présente les caractéristiques de ceux des personnages sculptés par le Maître
de Chaource : nez droit, à méplat, arcades sourcilières rectilignes.
Le
Christ instituant l’Eucharistie est un sujet rarement représenté en sculpture,
mais plutôt sur des panneaux peints.