vendredi 3 mai 2024

Les Évêques du Diocèse de Troyes

 

Les évêques de Troyes, du 1er à ce jour….


Saint Loup de Troyes terrassant le Dragon


Presque tout  a été dit sur les évêques de la ville de Troyes sur internet ou dans divers documents, mais ils contiennent tous de grossières erreurs ou omissions (dates, noms ou ordre de succession), c’est pourquoi, après des recherches très approfondies, je pense que vous devriez trouver ici, cette liste complète. Même dans son ouvrage «  Le Diocèse de Troyes », de 1957, Mgr Roserot de Melun reconnaît qu’il n’a pu établir cette liste sans erreurs. Grâce aux archives de la cathédrale et surtout celles du Vatican, ainsi qu’à la rigueur de mon parrain Mgr J. Dieudonné Bonnard, Dr en Théologie et Droit Canonique,  historien de l’art  et de son ami Mgr Eugène-Marie Ernoult, que ce chapitre a pu voir le jour.


1er 340-346 : saint Amateur ou Amadour

 

Saint Amateur évêque de Troyes (appelé aussi Amadour), mort vers 340 est le premier évêque de Troyes à l’époque de Constant Ier. Le bréviaire troyen fait mention de ce saint le 1er jour de mai

 Si son nom est connu, la date de fondation de l'évêché est inconnue. Elle est probablement postérieure à la promulgation de l'édit de Milan en 313 par l'empereur romain Constantin Ier.

 Selon Jean Charles Courtalon-Delaistre, Conflantin, métropolitain de Sens a invité le clergé et les citoyens de Troyes à s'élire un évêque qu'il consacra lui-même.

 

2e 346-375 : Optatien ou Obtatin

 

Optatien, second évêque de Troyes, succède à saint Amateur vers 343.

Saint Servais étant à Utrecht a une vision qui lui annonce les intrusions des Barbares (des Huns) dans le siècle suivant. Il en fait part à plusieurs évêques qui s’assemblent avec lui à Troyes, en 346, où ils tiennent  un concile afin de délibérer sur les moyens de détourner la colère de Dieu et de prévenir ce fléau. Ils chargent saint Servais d’aller à Rome au tombeau des saints apôtres pour implorer leur intercession auprès de Dieu.

Avant de partir, le Saint charge les évêques d’examiner l’accusation d’hérésie qu’il a intentée contre Euphratas, évêque de Cologne.

Sur sa réquisition, ils se rendent en cette ville, où ils tiennent un concile le 12 mai 346, à ce sujet. Euphratas qui s’est lié aux ariens et nie la divinité de Jésus-Christ, y est déposé et Séverin élu à sa place.

Ce concile est présidé par saint Maximin, évêque de Trèves. On commence par lire la lettre de l’église de Cologne et des villes de la Germanie, dénonçant l’apostasie d’Euphratas ; ensuite, tous les évêques donnent leur avis, à leur tour, et suivant leur rang. Optatien, Episcopus Tricassiium, est nommé le cinquième. Baronius le nomme le quatrième.

Pendant tout le moyen-âge, et jusqu’au XVIe siècle, ces actes souvent cités sont constamment et universellement regardés comme authentiques, et on les trouve insérés dans toutes les collections des conciles. L’année suivante se tient le concile de Sardique, en Illyrie, aux confins des empires de Constant et de Constance, assemblé par le pape saint Jules, de concert avec les 2 empereurs.

On y compte 97 évêques, dont 34 évêques des Gaules, et Optatien y est nommé le 17ème.  Il s’y montre fortement attaché au parti de saint Athanase, c’est-à-dire à la foi catholique, et y signale son zèle pour la doctrine de l’Eglise.

Trois objets sont soumis à l’examen du concile : 1) une déclaration de la foi catholique sur la question posée par l’arianisme, 2) la cause des évêques chassés de leurs sièges et accusés par les Ariens, 3) les plaintes formées contre les Ariens eux-mêmes par leurs victimes.  Après un épiscopat glorieux par ses travaux pendant l’espace de plus de 34 ans, Optatien meurt.

 

3e 375-380 : Léon

 4e 380-390 : Héraclius

 5e 390-400 : saint Melain ou Melan ou Merlan

 6e 400-426 : Aurélien

 7e 426-426 : saint Urs ou Ursion, vulgairement saint Ours

 8e 426-479 : saint Loup

 

" Entre tous, l’évêque saint Loup occupe une place exceptionnelle, son seul nom suffit à classer cette Eglise de Troyes dans l’histoire… tout le désigne à l’admiration, au respect, et fait de lui le plus grand des évêques troyens ", a écrit Mgr Roserot de Melin.

Saint Loup naît vers 383 à Toul. Parvenu à la plus haute érudition, la renommée de sa brillante éloquence, le fait connaître à tout le pays.

En 417, il épouse une bergère, Piméniola. Sept ans après, ils n’ont pas encore d’enfants, et d’un commun consentement, s’engagent à garder la continence et à vivre comme frère et sœur.

Il abandonne son bien aux pauvres, quitte la demeure familiale et se rend auprès de saint Honorat, abbé du monastère fondé dans l’île de Lérins. Après une année passée dans une fervente piété, Loup juge sa vocation affermie.

Il regagne Troyes qui vient de perdre son évêque saint Ours. Les Troyens le prient de lui succéder. Ainsi commence en 426 un pastorat remarquable.


Il crée le monastère de Saint-Martin-ès-Aires, instruit un peuple ignorant, gouverne son clergé " avec les rênes d’une sainteté attentive ".

" Doté d’une intelligence vigoureuse, d’une éloquence célèbre, d’une éminente sainteté ", il est envoyé en 429, en mission en Grande Bretagne, afin de purger l’île de l’hérésie pélagienne. Il calme une forte tempête en s’y rendant, et est accueilli par la foule, au vu de miracles éclatants : les paralytiques marchent, les morts sont réanimés, les aveugles voient. Après cette mission, il regagne Troyes avec une autorité accrue du succès éclatant qui l'a couronnée. " les Gaules tressaillent d'allégresse à l'annonce de son arrivée ", dit le biographe de saint germain.

Il établit à Troyes une école d’où sortent plusieurs disciples qui ont honoré l’épiscopat.

 

Mais les Huns deviennent un grave danger. En 451, Attila franchit le Rhin, brûlant les villes, et assailli par les Romains, il résiste dans la célèbre bataille des Champs catalauniques, près de Saint-Mesmin.

Notre évêque, qui fait également fonction de maire, lui envoie 8 clercs avec des paroles de paix, pour le prier d’épargner Troyes. Mais un incident est cause de leur mort : les rayons du soleil frappent les évangiles, et par réverbération, les yeux d’un cheval qui renverse en le tuant son maître, général d’armée et parent d’Attila.

Le roi barbare furieux, ordonne la mort des troyens. Un jeune clerc peut se sauver et en faire le rapport à son évêque. Saint Loup se présente, vêtu de ses ornements pontificaux, son clergé marchant processionnellement devant lui. Attila a peur que le prélat ne soit armé d’une puissance surnaturelle, il est frappé du discours du pontife, subissant l’ascendant de notre évêque qu’il devine comme partenaire digne de lui.

Il traverse notre ville sans dommage, la population n’est pas molestée, et en admiration pour la vertu de notre évêque, il lui demande de l’accompagner dans sa retraite jusqu’au Rhin, puis le renvoie à Troyes comblé d’honneurs et se recommandant à ses prières.

Les miracles continuent, et saint Loup encourage et protège les premières foires de Champagne.

 Il décède en 479, et est inhumé à Saint-Martin-ès-Aires.

La postérité le définit d’un mot : " son amour a sauvé la patrie ".

Les miracles continuent après sa mort, les mères portent leurs enfants à son tombeau lorsqu’ils sont malades…

En 574, après le décès de Clotaire 1er, fils de Clovis, ses 3 fils Gontran, Sigebert et Chilpéric, à la mort de leur frère Caribert, se disputent son héritage. Ils se retrouvent à Troyes, et y jurent la paix, se promettant amitié, sur le tombeau de saint Loup. Alors, les Troyens, d’abord effrayés de se voir au milieu de 3 armées prêtes à combattre, passent de la crainte à la joie la plus vive, et reçoivent les rois " avec des applaudissements universels ! ".

Le corps de notre évêque, dans ses vêtements pontificaux, miraculeusement conservé intact, est montré en 1147 " à tout le peuple de la région " , et est mis dans une magnifique châsse en argent.

En 1515, notre évêque Jacques Raguier expose le chef de saint Loup et le transfère dans un magnifique vase précieux, décoré d’or et de pierreries, avec des plaques d’émail de Limoges retraçant la vie du saint (Trésor de la cathédrale).

En 1524, lors du grand incendie qui détruit une partie de la ville, 3.000 maisons brûlées, 3 églises gravement endommagées, les hospices Saint-Bernard et Saint-Abraham détruits… le fléau s’arrête près de Saint-Jean, quand des religieux apportent processionnellement les reliques de saint Loup. De même, en 1430, alors qu’un incendie consume déjà 80 maisons, les chanoines de Saint-Loup apportent la châsse de leur saint patron, et les flammes s’abattent aussitôt.

Dans la malheureuse nuit du 9 au 10 janvier 1794, les révolutionnaires ouvrent la châsse et jettent les ossements dans un feu allumé à la sacristie de la cathédrale. Seule, une portion du crâne et 16 émaux sont détournés par deux employés de l’église.

En 1811, une nouvelle châsse est bénie, et y reçoit les restes du saint.

Saint Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont-Ferrand (431-486), parle toujours de saint Loup dans des termes les plus flatteurs. Il l'appelle " le père des pères, l'évêque des évêques, la règle des moeurs, la colonne des vertus, l'évêque incomparable, le premier des pontifes de la Gaule... il fait partie de cette phalange de grands redresseurs de torts, de pourfendeurs d'hérésies, infatigables prêcheurs, que préoccupent plus que les vicissitudes politiques, le souci de leurs ouailles et la conversion des païens...".

On dénombre dans l'Aube, de nombreuses églises dédiées à saint Loup : Blaincourt, Bouy-Luxembourg, Buxeuil, Chappes, Molins, Saint-Loup de Buffigny et Thuisy.



9e 479-536 : saint Camélien

 

Saint Camélien est celui qui s’échappe du nombre des clercs envoyés par saint Loup vers Attila, près de Saint-Mesmin. Echappé aux coups des soldats, il se cache dans un petit bosquet, revient à Troyes, et rapporte ce qui s’est passé dans le massacre de ses compagnons.

Saint Loup, près de mourir, le désigne en 479, pour son successeur dans le siège épiscopal de Troyes. Les citoyens, connaissant son mérite, se rendent avec joie aux vœux du pontife, et acceptent Camélien pour évêque.

Il marche sur les traces de son prédécesseur, et mérite, par ses vertus, le titre d’homme apostolique.

Afin de vaquer à ses fonctions avec plus de zèle et de ferveur, il choisit saint Aventin pour être l’économe de son temporel, et s’aperçoit que plus il dépense pour les pauvres et les infirmes, plus les biens croissent entre ses mains. Pour l’éprouver, saint Camélien marque un tonneau de vin, et s’aperçoit que ce vin ne diminue pas quand Aventin en fait la distribution. Il donne cette charge à d’autres, et cette fontaine miraculeuse cesse, et le tonneau est bientôt vide.

Sous son épiscopat, la ville de Troyes tombe sous la puissance de Clovis, et fait partie de la monarchie française.

Quoique ce prince soit encore idolâtre, ce changement n’affaiblit pas la religion chez les Tricasses. Clovis protège les chrétiens, loin de les détruire. Camélien voit le prince venir recevoir sa future épouse Clotilde à Villery, et il reçoit aussi sainte Geneviève qui vient à Troyes chercher des secours pour aider Paris désolé par la famine.

En 511, il assiste à la sixième place, lors du concile qu’assemble Clovis, devenu catholique, à Orléans, avec 32 autres évêques.

Saint Camélien décède en 536, après un épiscopat de 57 ans ! Ses reliques sont dans l’église de saint Loup.

Sa fête se célèbre le 28 juillet.


10e 536-546 : saint Vincent

 

Le Xe évêque de Troyes s’appelle saint Vincent. En 536, il succède à saint Camélien.

Il forme sa conduite sur celle de ses prédécesseurs, et leur vie est pour lui « un miroir de toutes les vertus épiscopales ».

Il assiste à divers conciles mérovingiens tenus à Orléans, sous son épiscopat.

De son temps, sur le tombeau de saint Parre, il y a un petit oratoire desservi par un simple clerc pour satisfaire la dévotion des fidèles. On n’a pas encore les actes de martyre de ce saint. Mais, un jour, un voyageur passant par ce lieu-là, en présente l’histoire au clerc desservant. Celui-ci passe la nuit à copier ce manuscrit, et va le présenter à son évêque. Saint Vincent n’y ajoute pas foi, croit ces actes de l’invention de son clerc, et lui en fait « une forte réprimande ».

Sept ans après, une armée de français, rapporte d’Italie les actes du martyre, que notre évêque trouve conformes à ceux qu’il avait vus. Saint Vincent les autorise alors et rend plus célèbre ce culte de saint Parre, et fait construire l’église qui porte encore le nom de ce premier martyr troyen.

Vincent, plein de zèle pour le culte des vrais serviteurs de Dieu, fait reconnaître pour saint, Camélien, son prédécesseur, ainsi que saint Aventin, en l’honneur de qui il fait construire « sans délai, dans un faubourg de Troyes, une chapelle ». C’est là que le pieux ermite aurait commencé sa retraite, dans l’enclos de Saint-Martin-ès-Aires, alors situé hors de la cité. Cette construction a lieu en 540, et l’on dit que le pieux évêque aimait y venir en pèlerinage.

 

L’édifice a disparu depuis longtemps, remplacé par une petite église gothique au XIIIe siècle, qui a été elle-même détruite en 1795 et 1866.

Après avoir gouverné l’église de Troyes pendant 10 ans, saint Vincent décède en 546. Il est inhumé comme il l’a désiré, dans l’église de Saint Aventin, où l’on voit son tombeau : « saint Vincent est enterré devant le chœur de la dite église du côté droit sous une tombe élevée d’un demi-pied et sur laquelle sont quatre piliers et sur iceux une autre grande table de pierre à la hauteur de la moitié d’un homme au bas de la chaire ».

Une première tentative de canonisation a lieu en 1698 : « Noël le Grand, curé de Saint Aventin, fait l’ouverture de ce tombeau et expose de sa propre autorité les ossements du saint évêque à la vénération des fidèles. Mais, comme l’Eglise de Troyes n’a aucun jour consacré à sa mémoire, M. Bouthillier, alors évêque, empêche ce culte et met fin à une dévotion téméraire et inconsidérée en lançant sur le curé un interdit de ses fonctions. On remarque qu’il n’emploie pas plus de formalités pour se relever de l’interdit que pour la canonisation de son saint.

Un matin, étant allé voir le prélat, il est très bien accueilli et M. Bouthillier se recommande pieusement à ses prières. Le curé, aussitôt vient faire sonner la messe. Le secrétaire de l’évêché qui entend sonner une messe de plus qu’à l’ordinaire, demande qui est le célébrant. Il apprend que le sieur le Grand  va monter à l’autel, court à l’évêché, demande comment il est relevé de son interdit : on ne sait ce qu’il veut dire, le Grand est mandé, on lui fait une vive réprimande. Monseigneur, dit-il, vous m’avez fait l’honneur, il y a un instant, de vous recommander à mes prières, et je n’ai pas cru devoir en faire de plus méritoire et de plus convenable pour un prêtre que d’offrir le sacrifice pour la conservation de Votre Grandeur ». Cette réponse apaise l’évêque, et le Grand est remis dans ses fonctions.

Sur la fin du XVIIIe siècle, le chanoine Fardeau, dernier curé de Saint Aventin, travaille plusieurs années à faire établir le culte du saint évêque. Il n’y réussit pas, mais c’est lui qui prend le chemin de la béatification, et voici comment : le 19 août 1792, le tocsin appelle les volontaires pour perquisitionner en ville à la recherche d’armes cachées ou d’ornements d’église. On envahit au matin du 20 la maison de Fardeau et on y trouve un autel et des vêtements sacerdotaux.  Le chanoine essaie de fuir, déguisé en charretier, mais il est reconnu par une femme au moment où il passe  le pont de la Tour (ancien moulin Riousse). Il est conduit à l’hôtel de ville et refuse le serment. On le jette en prison. La foule hurle, réclame sa tête, les femmes surtout. Malgré la fermeté des officiers, le geôlier a la faiblesse de le livrer à la populace. On lui demande de jurer et de crier : Vive la nation ! Il répond qu’on lui couperait plutôt la tête. Les volontaires se précipitent, l’un d’eux tranche la tête avec une hache empruntée à un boulanger. La tête ensanglantée, lavée dans la rivière, est promenée dans les rues jusqu’à l’hôtel de ville.

Le diocèse célèbre saint Vincent le 4 février. 

 

 11e 546-550 : Ambroise

 12° 550-562 : Chardaric

 13e 562-584 : Gallomagne

 14e  584-600 : Agrece

 15e 600-623 : Evode

 16e 623-626 ou 627 : Modégisile

 17e 626 ou 627-631 : Ragnégisile   

 

Originaire d'Aquitaine, il fonde d'après la Vita Frodoberti, une vita de saint Frodobert, une église au nom de sainte Savine sur une terre qui lui appartenait.

Son tombeau y a été conservé ; il est décrit dans un article de 1834-18352 ; Charles Fichot en donne un dessin dans son ouvrage, Statistique monumentale du département de l'Aube, publié en 1884 à Troyes.

Le tombeau est placé dans la chapelle nord de l’église Sainte-Savine dédiée à Ragnégisile ; il est classé.


18e 631-651 : Leu, ou Leuse ou Loup II

19e 651-656 : saint Leuçon                                                                

 

Dès qu’il est monté sur le trône épiscopal, ce nouveau pontife se distingue par son zèle et par ses travaux apostoliques. Il voit avec amertume quelques restes d’idolâtrie qui subsistent encore dans son diocèse, malgré les soins de ses prédécesseurs. La grâce le soutient dans ses instructions, et le succès répond à son attente. Il achève d’anéantir une religion dont la seule antiquité était le fondement le plus solide.

Plusieurs femmes et filles « perdues de mœurs », ayant été converties dans le cours de ses prédications, par la force de sa parole et la vertu de son exemple, il en rassemble plusieurs en commun pour mener une vie exemplaire, à l’abri des séductions du monde, pour se livrer entièrement au service de Dieu.

De là l’origine de l’abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains, aux portes de la cité gallo-romaine, sur la rive gauche du ru Cordé, à l’emplacement de l’actuelle préfecture de l’Aube. C’est lui qui en dédie l’église sous le titre de l’Assomption.

L’épiscopat de Leuçon n’est pas très long, car il est certain qu’il est mort avant la tenue du concile de Sens en 657, puisqu’on y voit la souscription de Bertoalde, son successeur. .

Il est inhumé dans l’abbaye qu’il a fondée, ses reliques y sont sans inscriptions, et elles ont été « ramassées sans ordre », après des incendies.

Dans certains récits, cet évêque n’est pas qualifié saint, mais un ancien martyrologue, dans le bréviaire de l’abbaye Notre-Dame aux Nonnains, en fait ainsi mention au 1er avril : « C’est maintenant que nous devons prendre réjouissance, qui nous assemblons par l’esprit de piété pour solenniser et célébrer en dévotion le jour de fête de notre saint père et protecteur, saint Leuçon, évêque. C’est maintenant que nous devons avoir une liesse spirituelle, louant de la plus intérieure charité de notre cœur, la clémence très douce de notre Sauveur Jésus qui par la fervente et fructueuse prédication de notre saint prélat a daigné nous retirer des faussetés et erreurs de l’idolâtrie pour nous conduire sûrement à la connaissance de son saint nom et à la vérité de la foi catholique ».

L’abbaye de Notre-Dame l’a toujours honoré d’un culte public.

Sous les actes du troisième concile de Chalon-sur-Saône tenu entre 639 et 654, on trouve en quinzième lieu la signature de « Leusus episcopus ecclesie Trecasine », que l’on identifie à notre Leuçon.

C’est donc « grâce à saint Leuçon, que le peuple troyen a été tiré des faussetés et des erreurs de l’idolâtrie ». C’est qu’à cette époque, la population est encore loin d’être entièrement chrétienne. Saint Leuçon fut sans aucun doute un pasteur zélé et vigilant, pour qu’il ait été honoré très tôt après sa mort.

Les reliques du saint, qui étaient dans l’église de Notre-Dame aux Nonnains, ont péri dans l’incendie de 1188.

Le diocèse célèbre désormais saint Leuçon le 6 juillet, parmi les saints évêques.


20e 656-666 : Bertoalde

 21e 666-677 : Abbon-L’Heureux

 22e 677-679 : Waïmer ou Vaymer

 

Waimer (ou Vaymer) est d’abord duc de Champagne, en 674. Il est belliqueux et intrigant. Comme beaucoup de ses semblables, c’est un barbare sans littérature, qui se croit « l’évêque le plus régulier du monde », parce qu’il a coupé en rond sur son crâne ses cheveux roux et jeté une chasuble sur sa jasque de fer.

Avant de prendre la mitre et la crosse, Waimer a, comme duc de Champagne, porté le casque et l’épée.

Il entre en 675, dans le complot d’Ebroin, maire du Palais, qui a rejoint les rangs de l’Austrasie, contre Léger, évêque d’Autun, qu’Ebroin veut forcer de reconnaître pour roi, à la place de Thierry I, prétendu fils de Clotaire III.

Ils font couronner Clovis III roi d’Austrasie, et mettent en déroute l’armée de Thierry III, roi de Neustrie, qui est capturé peu après.  De nouveau intronisé maire du palais, Ebroin écarte Clovis III du pouvoir.

En 675, suite à l'assassinat du roi Childéric II, les Neustriens et les Burgondes  remettent le royaume à Thierry III (675-676).

Waimer décide avec Diddon et Bobbon, de s’allier au duc d’Alsace Adaleric. La Ville d’Autun est assiégée. Saint Léger ne voulant pas exposer son troupeau, va lui-même se livrer à Waimer qui, sur le champ lui fait arracher les yeux, couper les joues et la langue (sans doute pas lui-même, mais par ses soldats). Il l’abandonne dans la vallée de la Voire, parsemée de fosses caverneuses et couverte d’épaisses forêts, espérant qu’on allait lui apprendre qu’il est mort de faim, noyé ou dévoré par des bêtes féroces.Il est trompé dans son attente. Léger est recueilli par les moines de Montier-en-Der.

Le riche évêché de Troyes étant venu à vaquer, Waimer est élu (peut-être à titre de récompense) pour conduire spirituellement cette ville qu’il a gouvernée pour le temporel en qualité de duc de Champagne.

Est-ce qu’il se repend de son crime ? Est-ce qu’il croit, grâce à son caractère sacerdotal dont il est revêtu, pouvoir braver le terrible maire du Palais Ebroin ?

Il converse plusieurs fois avec saint Léger, qui, enfin, « amollit la dureté de son cœur », le convertit et le persuade de restituer ce qu’il a pris dans le sac d’Autun.

Ebroin, irrité du changement de Waimer, commence à le redouter. Il l’attaque avec une armée et le contraint, ainsi qu’Adaleric, de fuir en Austrasie.

Waimer, connaissant alors la fragilité des grandeurs humaines, confie sa conduite à saint Berchaire, fondateur de l’abbaye de Montier-en-der, qui lui fait faire par pénitence, le voyage de Jérusalem avec lui. A leur retour, Waimer efface, par sa piété les mauvaises impressions que sa conduite passée avait laissées dans les esprits. Il n‘est donc point, comme l’ont pensé plusieurs historiens, un intrus qu’Ebroin a installé par violence. Waimer étant devenu son ennemi, et il n’eut pas manqué alors de le faire mourir, s’il fût tombé entre ses mains.

Le cruel Ebroin n’en perd pas le dessein depuis qu’il le voit sur le siège de Troyes. Sous prétexte de venger la mort de saint Léger et d’en punir les auteurs, il fait assembler, dans le Lyonnais, un concile, où il mande plusieurs évêques qui lui sont attachés. Waimer y est condamné et des historiens disent qu’il périt par la corde en 678.

 

Mais ce concile était composé d’esclaves des volontés d’Ebroin, et une assemblée d’évêques peut-elle prononcer de telles peines ?

La vie de saint Léger nous apprend que Diddon de Châlons et Waimer furent déposés, dégradés et condamnés par le roi à l’exil.

Quoiqu’il en soit, Waimer fut assimilé à saint Amat de Sens et à saint Lambert de Tongres, et il est toujours honorable pour un évêque, d’avoir péri par la cruauté du perfide Ebroin, injustement et sans forme juridique ! 

 

 23e 679-688 : Vulfrede

 24e 688-695 : Ragembert

 25e 695-710 : Aldebert ou Aldobert

 26e 710-722 : Gautsere

 27e 722-734 : Arduin

 28e 734-750 : Censard

 

 29e 750-766 : saint Bobin

 

Saint Bobin qui succéda à Censard comme XXIX° évêque de Troyes, était natif d’Aquitaine. La réputation, « La bonne odeur » que répandaient alors les religieux de Montier-la-Celle, monastère de l’Île Germaine, l’engagea à y embrasser la vie régulière. A peine eut-il pris l’habit, qu’il surpassa ses compagnons dans l’observance des règles et qu’il devint, pour ses maîtres même, un modèle de perfection. Tant de vertus lui méritèrent la dignité d’abbé, et le monastère, qui n’était plus connu que par lui, prit le nom de « Celle de Bobin ».

Ce fut le quatrième abbé de Montier-la-Celle.

« Il fut reçu (à Montier-la-Celle) bénignement et y vécut encore plus saintement en la règle de perfection, avec tant de vertu et bonne renommée, et avoir soin de leurs âmes, que les Troyens qui ne voulaient que des saints pour les gouverner, après la mort de Censard, demandèrent instamment l’abbé Bobin pour leur prélat. Il en fut tiré dehors et fait XXIX° évêque de Troyes, où il fleurit en la chaire pontificale assez de temps, faisant de grandes aumônes et retenant sa douceur et son humilité religieuse ». Dès qu’il fut sur le siège épiscopal en 750, il se fit admirer par ses vertus vraiment apostoliques.

« Notre prélat est demeuré toujours dans l’enclos de sa douceur et humilité, faisant ordinairement ce miracle que plus il était élevé, plus il se tenait abaissé, plus que Dieu le faisait grand en vertus, mérites et merveilles, plus il se profondait en son humilité, tant il était plein de modestie ».

A tous les biens qu’il fit à l’abbaye de Montier-la-Celle, il faut ajouter qu’à ses frais, il fit reconstruire l’église, en construction plus solide que les anciens bâtiments qui avaient abrité saint Frobert et ses compagnons.

On lui attribue l’édification de l’église dédiée à saint Pierre.

Au siècle suivant, Montier-la-Celle était couramment appelé « cella domini Bobini ».

Après avoir gouverné l’église de Troyes pendant l’espace de 16 ou 17 ans, il mourut le 31 janvier 766. Il fut enterré à Montier-la-Celle qui célébrait sa translation avec celle de saint Mélain le 22 avril.

Les reliques des 2 saints, longtemps conservées avec honneur à l’abbaye, ont été transférées en 1791 en l’église paroissiale de Saint-André-les-Vergers.

Il y a une partie des reliques de saint Bobin dans l’abbaye de Beaulieu. La mémoire de ce bienfait s’est conservée dans 2 distiques latins qu’on y lisait autrefois dans le chœur. Le calendrier troyen fait aujourd’hui mention de saint Bobin le 6 juillet.

L’épiscopat de saint Bobin se situe à un tournant de notre histoire. En effet, à la mort de Clovis en 411, ses fils, selon la coutume franque, se partagèrent son royaume et essayèrent de le reconstituer par des querelles, des guerres et des assassinats. La France est alors partagée en Neustrie, Austrasie et autres provinces aux frontières perpétuellement changeantes et incertaines.

Deux ans  après la mort de saint Bobin, le fils de Pépin-le-Bref, Charles le Grand, dit Charlemagne, héritait du trône. Il se fera sacrer à Rome à Noël 800.

 

30e 766-789 : Amingue

 31e 789-800 : Adelgaire

 32e 800-814 : Osulphe ou Bertulphe

 33e 814-820 : saint Paul

 34e 820-836 : Hélie ou Elisée ou Elise

 35e 836-845 : Adalbert

 36e 845-861 : saint Prudence

 

Prudence de Troyes (en latin Prudentius), né Galindo, (Espagne musulmane, ? - Troyes, 6 avril 861) est un évêque de Troyes, en France, reconnu saint par l'Église, et fêté le 6 avril.

Originaire d'Espagne, il quitta le territoire des Sarrasins pour l'Empire carolingien et ses écoles ecclésiastiques, réputées depuis le règne de Charlemagne.

Succédant à Adalbert en tant qu'évêque de Troyes vers 843, Prudence est connu pour sa controverse avec l'évêque Hincmar de Reims à propos de la prédestination. Il fut également l'un des auteurs, entre 835 et 861, des Annales de Saint-Bertin.

L'abbaye de Montiéramey, influencée par Prudence au milieu du IXe siècle.

Il a dédié l'église abbatiale de Montiéramey à saint Pierre et à saint Léon à la demande du pape Léon IV. En 850, il consacra la première église abbatiale de l'abbaye Saint-Pierre de Montier-la-Celle.

Il participa au concile de Paris en 846, par deux fois à celui de Quierzy en 849 et 853, et aussi à celui du troisième de Soissons en 853 également qui traita des positions entre Hincmar et les successeurs d'Ebbon.

 

37e 861-870 : Fulchrique ou Folcric ou Folericus

 38e 870-883 : Ottulphe  

39e 883-890 : Bodon                                        

40e 890-902 : Rithuée                                                          

41e 902-914 : Otbert ou Otbertus

42e 914-970 : Ansegise ou Anserse ou Anseise

 

Encore jeune, il parvient à la dignité épiscopale, en 914, et il gouverne pendant 56 ans, l’église de Troyes. Il devient grand aumônier de France et chancelier du roi Raoul.

En 925, les Normands ravagent la Bourgogne. De peur qu’ils ne viennent jusqu’à Troyes, Ansegise se ligue avec les comtes de Sens et Dijon et l’évêque de Langres.

Ces prélats guerriers, portant le glaive et la crosse, se rejoignent et rencontrent l’ennemi près de Chaumont en Bassigny. Ils en viennent aux mains, le combat est opiniâtre et ils mettent en fuite les Normands qui perdent plus de 800 hommes Ansegise y est blessé et le comte de Sens y perd la vie. La monarchie française s’affaiblissait et le trône chancelait sous les descendants de Charlemagne.

Plusieurs évêques s’étaient emparés des droits régaliens de leurs diocèses. Ansegise qui a des alliances, du crédit, des talents et de l’ambition, se rend maître du comté de Troyes.

Notre évêque est envoyé par Hugues-le-Grand vers Louis d’Outremer, campé aux environs de Senlis pour obtenir une trêve en 949, et il l’obtient.

Robert, fils d’Heribert de Vermandois, apprend qu’Ansegise a usurpé les droits régaliens dans le comté de Troyes. Il se présente devant la ville avec une armée pour la lui ravir. Le siège dure peu.

Ansegise est obligé d’abandonner sa ville épiscopale. Il se retire en Saxe où il obtient des secours de l’empereur Othon.

Il revient alors avec une armée de Saxons se présenter devant Troyes, dont le siège dure assez longtemps. Robert et ses alliés joignent leurs forces pour le faire lever. Il y a un combat où les saxons sont défaits. Leur chef Brunon, archevêque de Cologne, lève alors le siège de Troyes et retourne en Saxe avec les débris de son armée.

Cet archevêque est à nouveau envoyé par l’empereur pour " raccommoder " Anségise et le comte Robert. Ce seigneur demeure maître du comté de Troyes, et Ansegise s’en tient à sa puissance spirituelle, en restant sur son siège épiscopal.

Il y décède en 970.

Témoignage retrouvé dans des textes anciens : " En 925, les Normands, ces pirates furieux, continuèrent leurs brigandages et reprirent leurs brisées sur Troyes... Anségise anima son peuple à une défense vigoureuse, leva des troupes et marcha contre les barbares. Ils en vinrent aux mains. Le combat fut opiniâtre, et les Normands furent mis en déroute après avoir perdu plus de 800 hommes. L'évêque y reçut une blessure assez considérable..."

 

43e 970-973 : Walon ou Gualon 

44e 973-974 : Hadric ou Airic ou Héric

 45e 974-985 : Milon                                                                                                                              

 46° 985-993 : le Bienheureux Manassès I

 

Manassès est le fils de Helpuin II, comte d’Arcis-sur-Aube, seigneur de Ramerupt et de Pougy (ce dernier frère du comte de Montdidier) et d’Hersende, comtesse d’Arcis, dame de Ramerupt, qui bâtit une église dans son château de Ramerupt et y mit les reliques de saint Balsème. Manassès est l’un des plus puissants seigneurs de la Champagne méridionale du Xe siècle, dont le domaine s’étend sur la vallée de l’Aube en amont d’Arcis.

Sa mère, la pieuse comtesse Hersende, se retire sur ses terres de Ramerupt lorsque plus tard elle devient veuve et que le comté passe à leur autre fils, Hilduin.

Dès sa tendre jeunesse, Manassès se fait remarquer par sa bonne nature, sa douceur, sa belle simplicité. La comtesse sa mère, voyant en lui des signes remarquables de dévotion, lui donne une excellente éducation, et s’emploie à le donner à Dieu. Il est confié à l’évêque de Troyes, qui l’élève avec le plus grand soin. Il voit ainsi entreprendre par l’évêque Milon, la reconstruction de la cathédrale. Le voyant formé à toutes les vertus ecclésiastiques (l’aménité de son caractère, sa piété, cultivée par l’évêque Milon), le clergé de Troyes jette les yeux sur lui en 985, pour remplacer Milon, évêque depuis 974. « Ce choix fut généralement applaudi ».

Il faut savoir qu’à cette époque, les évêques sont élus par le chapitre cathédral, et d’ordinaire ses membres ne vont pas chercher loin : un homme vertueux qu’on a pu éprouver et, qui plus est, allié à une famille puissante et riche du diocèse. Manassès est le premier de nos évêques appartenant à l’une des grandes familles féodales de la Champagne. La charge est lourde, les invasions normandes ont fait de profonds ravages, matériels et économiques, moraux surtout, d’où un relâchement de la discipline dans le clergé et de la vie chrétienne des fidèles

A peine est-il le chancelier de l’église, qu’il prend soin de régler son clergé et de lui donner un nouveau lustre, parce que les courses des Normands et les troubles de l’Etat ont causé un dérangement dans la discipline, surtout dans le chapitre de la cathédrale. Pour exécuter ses pieux desseins, il se compose un conseil, dont les membres les plus distingués sont Adson de Montier-en-Der, Hadric, trésorier de son église, et saint Adérald, chanoine, qu’il fait son archidiacre. Ce projet de réforme essuie d’abord beaucoup de difficultés. En effet, suite aux ruines occasionnées par les Normands, les chanoines de la cathédrale avaient dû exercer  quelque métier afin de se procurer les ressources indispensables Mais Adérald, qui est riche, se dépouille d’une partie de son patrimoine en faveur de cette église, et bientôt le pontife « a la consolation de voir son chapitre embrasser la vie commune », suivant la règle du Concile d’Aix-la-Chapelle de 816 qui réglait la vie canoniale. Pour témoigner sa reconnaissance à l’abbé de Montier-en-der, il lui accorde ainsi qu’à ses successeurs, la prétention aux cures de Lassicourt, de Dodinicourt (aujourd’hui Saint-Christophe) et de Requinicourt (à présent Saint-Léger-sous-Brienne). Manassès  rappelle également les prescriptions du concile de 802 faisant aux prêtres un devoir « de ne point laisser mourir les malades sans leur avoir administré le viatique, de tenir propre leur église et d’instruire leur peuple les fêtes et dimanches. De s’instruire eux-mêmes d’abord ».

A cette époque, Manassès a le plaisir de voir convertir son frère Hilduin, comte d’Arcis, pour qui il a formé tant de vœux, fait tant de prières et répandu tant de larmes. Ce seigneur a tous les défauts d’un homme de qualité qui n’a point de religion et qui, enthousiasmé de sa noblesse, s’érige en tyran dans ses seigneuries et commet impunément toutes sortes de désordres : « c’était un mauvais garçon qui menait une vie militaire, carnassière, voluptueuse et désespérée ». Malgré ses égarements, Hilduin sait encore honorer la vertu dans le pieux Adson, abbé de Montier-en-Der. Il prête l’oreille à ses remontrances, suit en tout ses conseils et, par esprit de pénitence, se détermine à faire le voyage de la Palestine avec ce zélé directeur, en 992, pour y visiter les lieux saints. Mais, comme ce nouveau pénitent est alarmé sur ses crimes, Adson l’entretient souvent de la conversion merveilleuse de Waimer, duc de Champagne et depuis évêque de Troyes (677-679), qui a été un des plus grands persécuteurs de saint Léger d’Autun, et que saint Berchaire a également conduit en Palestine pour faire pénitence et désarmer la justice divine.

Manassès fonde le prieuré d’Arcis-sur-Aube en y bâtissant une église en l’honneur de la Vierge Marie. Le monastère est confié aux religieux de Marmoutier. Il se trouve à l’extrémité de la rue Notre-Dame, c’est-à-dire de la route de Brienne Le site et les fondations sont transférées à la chapelle de la Sainte-Vierge de l’église paroissiale en 1780. Les bâtiments disparaissent peu de temps après.

On dit que sous le pontificat de Manassès II (1180-1190), « un homme ayant été pendu innocemment, une génisse qu’il avait donné à un de ses filleuls, soutint de ses cornes la plante des pieds du patient et lui sauva ainsi la vie. De là vint l’usage de donner aux filleuls des présents que le peuple nomme la roulée et le cogneu ».

Manassès décède en 993, le 11 juin, après 10 ans d’épiscopat et une vie remplie d’actions saintes. Son tombeau ne semble pas avoir été conservé dans notre cathédrale.

 

« C’était un homme plein de sainteté, un homme saint ».

47e 993-998 : Rainauld ou Renold

 48e 998-1034 : Frotmond

 49e 1034-1049 : Mainard

 

Mainard, mort en 1062, est un prélat français du milieu du XIe siècle. Il est issu de la famille des vicomtes de Sens.

Chanoine et trésorier à la cathédrale de Sens, il devient évêque de Troyes en 1034 jusqu'en 1049 où il est nommé archevêque de Sens.

Il est cité comme fils de Mainard et frère de Daimbert, vicomtes de Sens, et serait parent d'Eudes, comte de Troyes et de Meaux.

Il est chanoine et trésorier de la cathédrale de Sens en 1032 lors de la mort de l'archevêque Léotheric. Il est alors réclamé par le peuple et le clergé local pour prendre la suite, mais c'est finalement Gilduin de Joigny qui succède au siège archiépiscopal, grâce à sa haute naissance, car issu de la famille des comtes de Joigny, et à l'appui du roi de France Henri Ier.

Deux années plus tard, en 1034, l'évêque de Troyes Fromond décède et c'est Mainard qui est appelé pour lui succéder.

Accusé de simonie par les moines de Saint-Pierre-le-Vif de Sens, l'archevêque de Sens Gilduin de Joigny est déposé par un concile à Reims en 1049, et c'est Mainard qui est désigné pour lui succéder, accédant ainsi au siège qui lui avait été refusé en 1032.

En 1051, il souscrit à la fondation de l'abbaye de La Chaise-Dieu.

Le 23 mai 1059, jour de la Pentecôte, il assiste au sacre du roi Philippe Ier à la cathédrale de Reims.

Il meurt le 12 mars 1062 et est inhumé à l'abbaye Saint-Pierre-le-Vif de Sens auprès de son père et de son frère.

 

50e 1049-1059 : Frotmond II

 51e 1059-1072 : Hugues I

 

Né à Paris, il était chanoine à Châlons-sur-Marne, lorsqu'il devint évêque de Troyes. Il assista au sacre du roi Philippe Ier, et peut-être au synode du Latran (1059). Il participa à la création des chanoines de Saint-Martin-des-Champs à Paris. Il est compté parmi les bienfaiteurs de l'abbaye de Montier-la-Celle.

 

 52e 1072-1081: Hugues II de Dampierre

 

Hugues est chanoine dans l'église cathédrale de Châlons-sur-Marne, lorsqu'il devient évêque de Troyes. Il accorde en 1079 aux religieux de Cluny l'église de Gaye et un autel à Sézanne.

Il est compté parmi les bienfaiteurs de l'abbaye de Montier-en-Der et de l'abbaye de Fleury.

 

 53e 1081-1121 : Philippe de Pons surnommé Milon, et à tort Gauthier ou Wauthier

 

Issu de la maison de Traînel, il est le fils de Pons Ier de Traînel, seigneur de Traînel et de Pont, et de Mélisende Caravicina de Monthléry, ainsi que le frère de Garnier Ier de Traînel.

Il devint évêque de Troyes en 1081. Il était au concile de Sens et la même année au mariage du roi avec Bertrade de Montfort. Il convoqua plusieurs conciles à Troyes, l'un avec les évêques de Reims, Tours et Sens qui eut à statuer sur le mariage royal ; un autre en 1107, en présence du pape Pascal II qui appelait à la croisade.

 

54e 1121-1122 : Raunauld II de Montlhéry

 

Fils de Milon Ier, seigneur de Montlhéry, et de Lithuaise, vicomtesse de Troyes, et donc un descendant de Thibaud de Montlhéry, dit File Etoupe, forestier du roi de France Robert II le Pieux.

                        Il a peut-être été vicomte de Troyes.

Il est prieur puis prévôt de l'église de Troyes, lorsqu'il est élu d'une voix unanime pour succéder à Philippe de Pont et monter sur le siège épiscopal.

Toutefois, il occupe ce poste peu de temps, car il décède l'année suivante, et est remplacé par Hatton, moine à l'abbaye de Cluny.

 

55e 1122-1146 : Hatton ou Hacto ou Hallo ou Callo ou Otton

 

Hatton, seigneur de Saint-Lyé, monte sur le siège de Troyes en 1122.

Chaque année de son épiscopat est marquée par quelque bonne œuvre et par des libéralités qu’il accorde à des monastères, ou dont il est le témoin et le promoteur.

Hatton " gouverne son diocèse  avec sagesse et édification " lorsqu’en 1128 le légat du saint siège assemble un concile à Troyes. Saint Bernard, abbé de Clairvaux, y est appelé. Il y a 13 évêques et archevêques, plusieurs abbés, le comte de Champagne Thibaut II, le comte de Nevers et Hugues de Payns, parent du comte de Champagne, maître de la nouvelle milice du temple avec 5 de ses confrères. Hugues demande au concile l’approbation de cet ordre et expose la règle de ses nouveaux chevaliers. Les Pères demandent qu’il soit sous l’autorité du pape et du patriarche de Jérusalem. Saint Bernard compose cette règle.

En 1129, il assiste au concile de Paris, où l’abbé Suger réclame pour son abbaye de Saint-Denis, le monastère d’Argenteuil, dont les religieuses menaient une vie scandaleuse. Elles avaient pour prieure la fameuse Héloïse. Son ami Abélard la retire au Paraclet, où il vient, avec l’agrément de notre évêque Hatton, de fonder un oratoire qui deviendra une abbaye célèbre. A la même époque, Hatton est attaqué " d’une maladie dangereuse, dont les symptômes sont si fâcheux, que les médecins n’y trouvent plus de remède ". Voyant l’heure de sa mort approcher, le prélat vend ses meubles, dont il ordonne que le prix soit distribué aux pauvres. Mais bientôt, sa santé se rétablit, et sa guérison est regardée comme miraculeuse. Saint Bernard l’estime comme telle et lui écrit une lettre où il lui donne " les louanges les plus magnifiques, de ce que, par sa pauvreté volontaire, il a mérité que Dieu le renvoie à la vie ".  Notre pontife, revenant du concile de Pise où l’antipape Anaclet est excommunié, est attaqué par les troupes de Conrad de Franconie, qui exerçait des hostilités continuelles sur les terres de l’empereur Lothaire II. Un coup de lance le renverse de son cheval, il est blessé à la tête, et presque laissé pour mort. Fait prisonnier, il est maltraité et tous ses effets lui sont enlevés. Il réussit à s’échapper et revient dans son diocèse où il continue d’y travailler avec édification. Il seconde le comte de Champagne et saint Bernard, pour la fondation de l’abbaye de Larrivour.

Hatton décède en 1146, et est inhumé dans le chapitre de l’abbaye de Montiéramey, dont il a favorisé la fondation. A cette occasion, il est décrit comme " un évêque accompli et le modèle de ses confrères ".

 

 56e 1146-1169 : Henri de Carenthie 

 

Un soir du mois d’août de l’année 1108, dans le Bassigny champenois, lorsque les religieux de Morimond (ordre de Citeaux) se rendent à l’oratoire pour psalmodier les complies, tout à coup un bruit de chevaux, d’hommes, de bagages, arrive aux oreilles du frère portier : 15 étudiants demandent l’hospitalité pour eux et pour leur suite.

L’abbé appelé, accueille ses jeunes hôtes « avec cette politesse exquise, cette bonté vraiment patriarcale que les étrangers ne rencontrent que dans les couvents ». Après avoir rempli envers eux tous les devoirs de l’hospitalité monastique, le frère indique à chacun sa cellule et sa couche. Tous se retirent pour se livrer au sommeil et réparer leurs forces. C’est en vain, la parole si pénétrante et si onctueuse de l’abbé a ému leurs âmes ; sa figure pâle, sur laquelle sont empreintes les joies mystiques et les dures pénitences du cloître, se représente toujours à leur esprit. Ils sont malgré eux, sous le charme de ces voix angéliques qui alternent à leur arrivée les chants liturgiques. « La vanité de la jeunesse et des plaisirs, toutes ces graves pensées avaient dissipé leurs illusions et refoulé leurs espérances vers les choses éternelles ».

Le matin, avant l’aurore, lorsque la cloche appelle les religieux à matines, les étudiants se lèvent, se communiquent leurs impressions, font venir l’abbé sous prétexte de prendre congé de lui, et ils lui déclarent leur projet.

C’est l’ami de saint Bernard qui occupe alors le siège abbatial de Morimond. Il les embrasse, les bénit et prie Dieu de les confirmer dans leurs pieuses résolutions.

Tous appartiennent aux familles les plus illustres de l’Allemagne, et on distingue parmi eux Henri, fils du comte de Carinthie, proche de Henri I comte de Champagne, qui a épousé Mathilde de Carinthie.

 

« Son père, chrétien austère crucifie sa chair sous le pourpre, au milieu des délices de la cour, comme s’il eut été au sein du désert et sous le froc des ermites. Il regardait son enfant comme un dépôt sacré, confié à sa vigilante sollicitude, et il était admirablement secondé par son épouse qui, loin de l’entraver, le stimulait par ses exemples et par ses exhortations dans la voie des bonnes œuvres ».

 

Henri, tourmenté du désir de savoir, a obtenu l’autorisation de se rendre à l’Université de Paris avec plusieurs gentilshommes de son âge, et ils reviennent tous, pour la première fois, au sein de leurs familles, lorsqu’ils s’arrêtent à Morimond pour y passer la nuit. Ils sont attendus avec inquiétude dans leur pays. Un courrier y est envoyé, porteur d’une lettre de l’abbé de Morimond, annonçant au comte et à la comtesse de Carinthie que leur fils et ses compagnons d’étude sont installés au noviciat de l’abbaye champenoise. Les vertueux époux, loin de s’affliger de cette nouvelle, s’en réjouissent.

Le froc de grosse laine blanche que leur enfant a jeté sur ses épaules, et le vœu qu’il a fait, ses progrès dans la science et la sainteté sont si rapides et si étendus, qu’on le promeut en 1145, à l’évêché de Troyes. Hatton vient de décéder et d’être inhumé dans le chapitre de l’abbaye de Montiéramey, dont il a favorisé la fondation.

Henri montre son zèle pour les maisons religieuses, il donne à l’abbaye de Vauluisant « les dîmes de Bernières ». Il est très lié avec saint Bernard, avec le pieux Allain, abbé de Larivour, avec le célèbre Pierre de Celle et Pierre Comestor, doyen de la cathédrale.

L’auteur de la vie de saint Bernard rapporte que ce saint abbé étant à la maison épiscopale de Troyes, opéra, en présence de l’évêque, un miracle sur une fille courbée et si faible qu’elle ne pouvait se tenir debout.

Louis VII envoie Henri de Carinthie en Hongrie, comme ambassadeur auprès de l’empereur Frédéric. A son retour, il voit que l’abbaye de Boulancour s’est relâchée de sa première ferveur, « il se transporte sur les lieux, et met les religieux sous la conduite de saint Bernard qui rappelle dans cette maison la bonne odeur de la prière ».

L’évêque de Troyes se prête volontiers à toutes les fondations, dotations ou confirmations des pieux établissements, et l’on voit souvent son seing sur les titres et les chartes de cette époque.

C’est sous son épiscopat que le comte de Champagne Henri I, dit le Libéral, fonde l’église collégiale de Saint-Etienne de Troyes, le chapitre de Pougy et l’Hôtel-Dieu-le-Comte.

Henri, comme évêque diocésain, prononce un jugement sur le mariage de Robert et de la fille de Hugues de Broies. Il se trouve à la consécration et à la dédicace de l’église du monastère de Neuvesbourg, diocèse de Strasbourg.

On voit sous son épiscopat l’établissement de plusieurs communautés séculières et régulières, comme le chapitre de Saint-Nicolas de Sézanne, le Reclus, Scellières, Foissy, Macheret…

Après avoir gouverné l’église de Troyes pendant 23 ans, Henri de Carinthie décède le 11 janvier 1169, et est inhumé dans l’église de l’abbaye de Boulancourt.

                                                                                                                                              

57e 1169-1180 : Matthieu

 

Successeur d'Henri de Carinthie, il est sacré par Guillaume aux Blanches Mains, frère du comte de Champagne Thibaut IV de Blois, alors archevêque de Sens et futur archevêque de Reims.

 

Il côtoie saint Thomas de Canterbery, qui était alors en France, et en faveur de qui il écrit au pape Alexandre III.

En 1173, il examine les immunités et privilèges de son église et en demande au roi la confirmation, ainsi que celle de ses droits particuliers, terres et seigneuries.

En 1178, il obtient du pape la confirmation de tous les biens que son église possédait et pourrait posséder par la suite.

En 1179, il assiste au concile du Latran contre les Albigeois et les Vaudois, où il attire l'estime du souverain pontife, qui le charge ensuite d'examiner, avec Guillaume de Toucy, l'élection d’Étienne, évêque d'Autun, qui voulait se faire nommer abbé de l'abbaye de Château-Censoir, alors que le pape veut y voir un nommé Seguin, chanoine de Château-Censoir et neveu de l'abbé de Saint-Germain-des-Prés. Ceci signifie probablement un rappel que la volonté du pape passe avant celle d'un évêque, car il ajoute que si l'élection d’Étienne a déjà été faite, elle est contraire aux saints canons. Toujours pour cette affaire mais après l'élection de Seguin à la charge convoitée, le cardinal diacre Jacques demande également de maintenir Seguin en place contre les poursuites de l'évêque d'Autun qui devrait être content de l'évêché qu'il a.

Il meurt au mois de septembre 1180 et est inhumé, selon ses volontés, à l'abbaye de Boulancourt auprès de son prédécesseur Henri de Carinthie.

  

58e 1180-1190 : Manassès II de Pougy

 

Manassès de Pougy est né à Pougy vers 1130. Il est issu comme Manassès Ier d'Arcis, évêque de 985 à 993, de la famille qui comprend les comtes d'Arcis, de Ramerupt et de Pougy : il s'agit des seigneurs parmi les plus puissants de la province de Champagne après le comte de Champagne.

Il est le fils de Renaud Ier et frère d'Eudes de Pougy, tous successivement seigneur de Pougy. Il fait ses études auprès de l'école cathédrale de Troyes. Il est chanoine de Troyes, grand-archidiacre de Troyes en 1167 sous l'évêque Henri de Carinthie. Il est identifié avec Manassès de Pougy, prévôt de Saint-Étienne de Troyes

 Il consacre beaucoup d'efforts à la discipline ecclésiastique, enrichit les monastères et chapitres et fait des dons pour les pauvres. Il se montre très généreux pour le chapitre de Saint-Nicolas que sa famille avait fondé à Pougy.

Le pape Lucius III confirme sa défense des ordres religieux du diocèse de Troyes dans l'exercice de leurs droits particuliers. Il interdit aux vicaires des paroisses d'enterrer les habitants des autres paroisses, sauf dans des circonstances particulières.

Le 23 juillet 1188, pendant la Foire de Troyes, la plupart des bâtiments de la ville sont détruits par un violent incendie, y compris la cathédrale et l'Abbaye de Notre Dame aux Nonnains, où plusieurs moniales meurent et dont toutes les archives sont perdues. Henri II, comte de Champagne reconstruit l'abbaye et Manassès renouvelle les privilèges des moniales.

Des travaux pour remettre en état la cathédrale sont engagés ; c'est à partir de 1200, sous l'épiscopat de Garnier de Trainel que la reconstruction commence.

Manassès meurt à Troyes le 11 juin 1190 ; il est enterré dans la cathédrale, dont il avait été l'un des principaux bienfaiteurs.

Il est l'oncle d'Ode de Pougy, abbesse de Notre-Dame-aux-Nonnains de 1264 à 1272, principalement connue pour avoir tenté de s'opposer à la construction de la basilique Saint-Urbain de Troyes.

 

Une crosse épiscopale et un anneau conservés dans le trésor de la cathédrale de Troyes sont attribués à l'évêque Manassès II, mais seraient en fait ceux de l'évêque Robert (1223-1233). Deux des vitraux du chœur de la cathédrale, qui datent du XIIIe siècle, représentent Manassès II bénissant Henri II, comte de Champagne qui porte une relique (dent de saint Pierre).

 

59e 1190-1193 : Barthélemy ou Barthélemi ou Haice de Plancy

 

Barthélemy de Plancy ou Haïce de Plancy (né vers 1135 et mort en 1193) est un religieux français de la fin du XIIe siècle qui fut évêque de Troyes de 1190 jusqu'à sa mort. Il est le fils d'Hugues II de Plancy, seigneur de Plancy, et d'Emeline de Bazoches. Il est le frère d'Hugues III de Plancy et de Miles de Plancy. Haïce de Plancy serait son nom de naissance et Barthélemy le nom qu'il aurait pris en tant qu'évêque de Troyes.

Fils cadet d'une puissante famille champenoise, ses origines et son éducation l'ont sûrement prédestiné à sa carrière politique et religieuse.

Il fut très jeune chanoine à la cathédrale de Troyes, puis écolâtre à la collégiale Saint-Étienne, ensuite prévôt et chanoine à la collégiale Saint-Quiriace de Provins, puis doyen de l'église de Troyes à partir de 1173, fonction pendant laquelle il fonda les chanoines de Notre-Dame, et enfin évêque de Troyes de 1190 jusqu'à sa mort.

II avait mis son canonicat à la nomination du chapitre, mais lorsqu'il fut parvenu à l'épiscopat, il les fit mettre à la collation de l'évêque. Pour dédommager le chapitre, il lui céda tous ses droits à Vannes, ce qui le rendit seigneur en entier de cette terre, et lui accorda également la cure de Ramerupt ainsi que les moulins de Jaillard (qui étaient une cause fréquente de difficultés entre le chapitre et les religieuses de Foicy, qu'il dédommagea par les dîmes de Villechétif). Il donna aussi la cure de Bussey avec la chapelle de Chars à l'abbaye Saint-Loup.

Il fut également chancelier du comte de Champagne Henri Ier à partir de 1168, puis de son épouse Marie de France, fille du roi de France Louis VII le Jeune, pendant la régence de celle-ci, puis d'Henri II de Champagne jusqu'en 11901. Il fut probablement un des conseillers du comte Henri Ier avant son élévation à la chancellerie, car il est témoin de nombreuses chartes entre 1159 et 1177.

En 1179, il a accompagné le comte de Champagne Henri Ier en Terre-Sainte où il exerça toujours la fonction de chancelier.

Son épiscopat fut relativement court (environ deux ans et demi). À sa mort, il est inhumé à l'abbaye de Larrivour.

 

60e 1193-1206 : Garnier de Traisnel ou Garnier ou Resnier de Saint-Quentin

 

Il naît à Traînel vers 1125.

Lorsque Garnier de Traisnel est élu évêque en 1193, la ville de Troyes se sent encore des pertes qu’elle a subies dans l’incendie de 1188.

 L’année 1195 amène une famine qui dure 3 ans.

Le pays est désolé par la guerre occasionnée par l’usurpation de Thibaut, des états de Henri, son frère, qui est en Palestine.

 

Ces malheurs engagent le prélat à se croiser pour aller représenter au prince les besoins de son peuple réduit aux dernières extrémités. Ayant pris la route par l’Italie, il apprend à Plaisance, la mort fatale du comte de Champagne. A la nouvelle de cette mort, l’évêque Garnier est longtemps indécis sur le parti qu’il doit prendre. Enfin, il se détermine à aller à Rome pour consulter le pape Innocent III.

Ce pontife, sur les représentations que l’archevêque de Sens lui a envoyées, engage l’évêque de Troyes de retourner dans son église, et commue son vœu d’Outremer, en autres œuvres de piété.

A son retour, Garnier assiste au concile de Sens qui se tient contre les Publicains, espèce d’Albigeois et de Manichéens.

Deux ans après, il est du nombre des évêques qui écrivent au pape, sur ce qui s’est passé dans l’assemblée de Nesles en Vermandois, au sujet de l’interdit que le souverain pontife avait jeté sur la France à cause de la séparation du roi et de son épouse Ingerburge, et de son mariage avec Agnès de Méranie. Les évêques de la province de Sens approuvent ce dernier mariage, et à l’exemple de ses confrères, celui de Troyes donne un mandement pour faire exécuter la bulle du pape qui légitime les enfants qui en sont nés. 

Il commence la construction gothique de la cathédrale. Cependant, le zèle des croisades s’enflamme dans toute la chrétienté.

Garnier quitte son église, joint les croisés à Venise, et se trouve au siège de Constantinople, où il signale la bravoure, ainsi que l’évêque de Soissons.

Ils commandent deux navires, le Paradis et le Pélerine, dont les troupes sautent les premiers sur les murs, arborent les drapeaux de ces pontifes et annoncent la victoire qui est suivie de la prise de cette ville impériale, où 2.000 chrétiens sont délivrés.

Lorsque le calme est revenu, il est fait la recherche de toutes les choses saintes, qui sont remises en dépôt entre les mains de l’évêque de Troyes. C’est ainsi que nous pouvons admirer dans le trésor de la cathédrale des pièces uniques au monde et inestimables !

Langlois, chapelain de Garnier, rapporte à Troyes, les reliques de sainte Hélène.

 L’empereur Alexis écrit au pape Innocent III pour faire l’éloge de l’évêque Garnier.

 Notre évêque ne revient plus à Troyes, il meurt à Constantinople au mois d’avril 1205, après douze ans d’épiscopat.

 

61e 1206-1223 : Hervée  

 

A la nouvelle de la mort de Garnier, le chapitre de Troyes s’assembla pour lui donner un successeur. Il se forma deux partis qui partagèrent les suffrages. Mais on eut recours au pape Honorius III qui cassa la double élection, se fit présenter plusieurs sujets, parmi lesquels il nomma Hervée qu’il protégeait depuis longtemps à cause de son mérite.

Né au village de Courmorin, aujourd’hui Saint-Benoit-sur-vanne, il avait étudié à l’université de Paris, Docteur de la Sorbonne, où la science et la piété l’avaient fait connaître du souverain pontife.  Ayant manqué à Orléans un canonicat que le pape avait demandé pour lui, il fut chanoine de Troyes, où il devint successivement chantre et grand archidiacre. Lors de son élection à l’épiscopat, il n’était pas encore prêtre, mais le pape, par la bulle qu’il donna à cette occasion, manda aux chanoines de le présenter à l’archevêque de Sens pour l’ordonner prêtre et le consacrer évêque, en février 1207.

A peine fut-il intronisé que le roi prétendit les droits de régale (l'ensemble des droits que le roi de France avait sur les diocèses catholiques qui temporairement n'avaient pas d’évêque titulaire), lors de la vacance du siège. Hervée se défendit, et l’affaire ayant été mûrement examinée, le roi se départit de ses prétentions.

Alors Hervée, tranquille possesseur, s’appliqua à conduire son troupeau et augmenta le terrain qui environnait la cathédrale vers l’orient par la destruction du four banal de sainte Mâtie, qu’il transporta sur un terrain appartenant à Chrétien le pêcheur, moyennant un arrangement qu’il fit avec lui. Il a bâti le chevet de la cathédrale, et est représenté dans un vitrail du chœur. C’est pourquoi l’on dit que c’est lui qui a bâti la cathédrale. Deux ans après, Hervée autorisa dans son diocèse le culte de sainte Hélène (voir ce chapitre), dont Langlois, chapelain de l’évêque Garnier de Traisnel, avait rapporté les reliques de Constantinople.

En 1211, les revenus des évêques d’Auxerre et d’Orléans furent saisis par le roi pour avoir refusé le service militaire à cause de leurs fiefs dépendant de la couronne. L’archevêque de Sens ayant donné une sentence contre eux, le pape chargea l’évêque de Troyes, l’abbé de Clairvaux et Henri, chanoine de Troyes, de casser la sentence de l’archevêque.

Hervée et l’archidiacre de Paris reçurent, en 1212, un rescrit du même pape Innocent III, qui décida que celui qui a une dignité, en vertu de laquelle il est collateur de bénéfices, ne peut se nommer à aucun de ces bénéfices. L’année suivante, Hervée introduisit, dans son église, l’usage d’encenser, à la grande messe, la sainte hostie après la consécration. Il ne négligeait rien de ce qui pouvait contribuer au bien de son église et de son diocèse.

En 1219, Hervé est en litige avec le comte de Champagne Thibaut IV, à propos de la forteresse de Méry, qui appartient à l'évêque, mais que Thibaut veut détruire.

Enfin, après avoir gouverné l’église de Troyes pendant l’espace de 17 ans, Hervée mourut le 2 juillet 1223, et fut inhumé au milieu de la chapelle de Notre-Dame, derrière le chœur de la cathédrale de Troyes.

Le pape Honorius III en fit l'éloge.

Son tombeau qui était de bronze était élevé d’un pied. On y voyait la figure en relief de grandeur naturelle, avec une inscription qui marquait les principales époques de sa vie.

Le tombeau a été enlevé et vendu en 1778.

Un vitrail du chœur lui est consacré.

Hervée est le premier évêque de Troyes qui fit des statuts pour son diocèse

                                                                  

62e 1223-1233 : Robert

 

Il est d'abord chanoine, puis doyen de l'église de Troyes.

En 1223, il est élu comme successeur d'Hervé et est sacré par Gauthier le Cornu, archevêque de Sens.

En 1225, il suit le roi de France Louis VIII le Lion et son armée qui allaient combattre les Anglais aux environs de Tours.

Sous son pontificat se formèrent plusieurs établissements religieux, tels que l'Abbaye du Jardin Lez Pleurs, celle de la Piété-sous-Ramerupt, Notre-Dame des Prés, les Chartreux et les Dominicains.

En mars 1232, il passe le contrat de mariage du comte de Champagne Thibaut IV et de Marguerite de Bourbon, fille d'Archambaud VIII, seigneur de Bourbon et d'Alix de Forez. Robert y notifie que le comte a constitué, donné et accordé à sa nouvelle épouse, en donation de noce, Sézanne, Lachy, Barbonne, Nogent-sur-Seine, Méry-sur-Seine, Pouan, Chantemerle et Semoine, avec toutes leurs appartenances.

 

Il meurt le 3 juin 1233.

 

63e 1233-1269 : Nicolas de Brie  

 

En 1233, pour remplacer l’évêque Robert décédé, le clergé de Troyes élit Nicolas, natif de Brie, d’abord Chanoine de Notre-Dame en la cathédrale, et docteur en droit canon.  Au commencement de son épiscopat, il fait valoir ses droits sur l’abbaye Notre-Dame-des-Prés, qui venait d’être fondée. L’incorporation des religieuses à l’ordre de Citeaux met fin à toutes les contestations.

Il reçoit en 1239, la sainte couronne d’épines que saint Louis avait retirée des Vénitiens pour l’envoyer à Paris, dans la chapelle royale de Saint-Nicolais-du-Palais, qui prit depuis, le nom de Sainte-Chapelle. Il se trouve la même année, à l’horrible exécution du Montaimé, au diocèse de Châlons, où furent brûlés 183 Bulgares ou Manichéens : " L’église serait aujourd’hui plus complaisante, et la voie de la persécution lui paraîtrait plus efficace que le fer et le feu : mais, dans ces siècles reculés, on croyait que c’était un holocauste très agréable à Dieu ".

A la même époque, Nicolas assiste au concile de Sens, et présente 14 statuts : - De la nécessité de se trouver au concile.

 

- De la conduite que doivent tenir les religieuses.

- Qu’elles doivent vivre en commun.

- Qu’elles n’auront point de chambres particulières, si ce n’est pour l’infirmerie, qu’on détruira celles qui auraient été faites.

- Qu’elles ne doivent point sortir de leur couvent.

- Qu’elles doivent éviter de donner du scandale...

- On établit la manière dont on doit célébrer l’office divin dans les cathédrales

- On ordonne à ces églises de se conformer aux ordonnances du concile de Latran.

- On ordonne la réparation des monastères.

- On règle ce qui regarde les valets des abbesses…

- On ordonne aux évêques, aux archidiacres, aux officiers et aux doyens d’arrêter tous les clercs appelés Ribauds, surtout ceux qui se disent de la famille de Golias, les Goliards, pour les faire tondre et raser, en sorte qu’il ne reste pas, sur la tête, le moindre vestige de la tonsure cléricale.

 

Nicolas pose la première pierre de l’église des Cordeliers que le pape avait envoyée avec des indulgences, et l’année suivante, il fait la dédicace de l’église de l’abbaye de Montiéramey. Il assiste, en 1246, à la cérémonie solennelle de la découverte du tombeau de saint Edme, dont on expose les reliques à la vénération du peuple.

Nicolas assiste aux conciles de Sens, Etampes, Paris, Provins, se nommant " humble ministre de l’église de Troyes ".

Pendant son épiscopat, Jacques Pantaléon de Troyes est élevé à la chaire de Saint-Pierre sous le nom d’Urbain IV. Son chanoine Thibaut est élu évêque de Châlons-sur-Saône.

Dans son testament, il choisit sa sépulture à la Ferté-sur-Grosne, maison de l’ordre de Citeaux, dans son diocèse, et donne à ce monastère sa bible, et ses sermons, tous écrits de sa main.

En 1267, Nicolas de Brie réforme l’abbesse et les religieuses de Notre-Dame-aux-Nonnains.

En 1268, il fait composer un nouveau bréviaire, qui est le plus ancien qui existe en France.

Il meurt le 24 mars 1269, âgé de plus de 70 ans, et après en avoir siégé 36.

Il est inhumé dans la cathédrale de Troyes, au pied de l’aigle, où l’on voyait son effigie.

                                       

64e 1269-1297 : Jean de Nanteuil

 

Jean de Nanteuil était d'une illustre famille, frère (ou oncle) de l'évêque Thibaud de Nanteuil, ayant pour père (ou frère) le chevalier et poète Philippe de Nanteuil.

Il fut élu en 1269 par le chapitre pour succéder à Nicolas de Brie à l'évêché de Troyes.

Il mourut le 3 août 1297 et repose à Beauvais dans une seule tombe avec son frère Thibaud, indiquée par l'épitaphe

« Jungitur huic frater, hos edidit unica mater, Hos junxit funus, fuit horum spiritus unus ».

                                                           

65e 1297-1314 : Guichard

 

Le récit ci-dessous peut choquer certains lecteurs, mais, ce n’est qu’un résumé des archives du Vatican.

Guichard naît à Villemaur, au milieu du XIIIe siècle. Sa maison, hantée du démon, est exorcisée par l'évêque de Troyes, Nicolas de Brie.

 Il est élevé dans l’état monacal. En 1273, il est prieur de Saint-Ayoul de Provins.

Le bruit court alors qu’il a empoisonné son prédécesseur pour en recueillir la dignité. Dix ans plus tard, il est abbé de Montier-la-Celle, monastère le plus riche de Champagne et de Navarre.

Il entre dans les bonnes grâces de la jeune héritière de la Champagne et de la Navarre, Jeanne qui, en 1285, épouse Philippe le Bel et devient reine de France.

En 1297, les chanoines de Troyes le choisissent pour évêque. Il prend possession de son diocèse, comme un être atroce. Il fait assassiner un curé qui le gêne, fait mourir de froid et de faim dans un cachot deux pauvres diables dont le seul crime est d’avoir joué aux dés, pend ceux auxquels il ne peut soutirer de sérieuses sommes, se montre parjure et larron de biens, usurier manifeste et faussaire, et ses mœurs sont à l’avenant. Il entretient publiquement Jacquette de Vinets, la femme d’un boucher de Provins, qu’il rosse d’ailleurs à tour de bras et il est de plus accusé de " sodomite, bougre et mécréant en la foi car quand il chante la messe, il tient le corps de Notre-Seigneur en sa bouche, sans user et le recrache ". Tout le pays l’exècre, mais sa puissance à la cour est telle, que personne n’ose se plaindre.

Un chanoine de Troyes, receveur des revenus de Blanche, reine douairière de Navarre, met imprudemment les revenus dans sa propre tirelire. Il est arrêté et confié à la garde de son évêque. Il s’enfuit à Rome et y vit bien à son aise.

Guichard est accusé d’avoir ouvert pour de l’argent, au chanoine indélicat, la porte de sa prison. Le chanoine avoue qu’il lui a donné 400 florins d’or et des joyaux pour sa délivrance.

La reine de Navarre et la reine de France, exaspérées par cette trahison, le renient, le rendent responsable des escroqueries du clerc fugitif, et le font chasser du conseil du roi.

L’évêque les hait et dit devant témoins : " Je serai bientôt vengé d’elle (la reine Blanche) et cela ne tardera pas ". Son désir se réalise en mai 1302. La reine de Navarre meurt et elle est à peine refroidie que son visage éclate. Les médecins ne comprennent rien et le bruit se répand que Guichard l’a fait empoisonner. L’enquête démontre que l’évêque a commandé à un apothicaire une drogue qui a été mélangée à une purée servie à la reine par un écuyer qu’il a soudoyé.

Trois ans après, la reine de France âgée de 32 ans décède d’un mal inconnu. En 1308, un ermite avoue en confession qu’à l’époque où la reine trépassa, Guichard était venu plusieurs fois la nuit dans son ermitage de Saint-Flavit, avec un moine, et y rencontrèrent une sorcière et une accoucheuse. Le frère modèle dans la cire une statue de femme et selon le rite de l’église, Guichard la baptise lui donnant le nom de Jeanne. La sorcière l’approche du feu et la pique plusieurs fois à la tête disant : " Celle pour qui ceci est fait, cette semaine n’aura pas sa tête ". Cela est renouvelé plusieurs fois. L’évêque trouvant que l’envoûtement n’agit pas assez vite, brise la statuette, la foule aux pieds criant : " Emporte-la, de par le diable ! ", et la jette au feu.

Presque aussitôt, la maléficiée meurt et Guichard jubile : " Grâce à Dieu, je me suis vengé d’elle et je me vengerai bien encore de quelques autres ! ".

Il retourne à l’ermitage de Saint-Flavit et prépare un poison violent, destiné aux fils et au frère du roi. De nombreux témoins affirment " qu’il a commerce habituel avec le diable ".

Le pape Clément V le fait arrêter et interner dans la tour du Louvre. Lors du procès, d’autres crimes sont reprochés à l’évêque : assassinats, simonie, faux en écritures notariées, subornations de témoins, hérésie, sorcellerie, alchimie criminelle, fausse monnaie, prêtre bigame ordonné par lui, usure…

L’enquête dure un an et demi et est close quand le pape réclame le prisonnier qui arrive en 1311 à Avignon. Là, Guichard est libre et vit à la cour pontificale. Son innocence est reconnue, le clerc, au pied de la potence, rétractant ses accusations. Un autre scélérat près d’être pendu assure qu’il est coupable avec d’autres complices, des faits dont l’évêque de Troyes est accusé.

Cependant une preuve de sa culpabilité existe dans un document retrouvé aux Archives nationales, lettre de Guichard à l’apothicaire qui se termine par : " mettez cette lettre au feu quand vous l’aurez lue ".

Quoiqu’il en fut, l’évêque est bien l’inspirateur du crime, la mort de Jeanne de Navarre est bien son œuvre, œuvre de vengeance personnelle.

L’archevêque de Sens excommunie Guichard, mais Clément V, avant de mourir, le transfère à un évêché en Bosnie (où il n’est jamais allé).

Lors de son décès en 1317, il est enterré dans notre cathédrale.

La conclusion de ce grand procès, l’acquittement de l’accusé par sentence papale, est assez extraordinaire.

Il est évident que Guichard a été la victime d’une machination impitoyable qui ressemble singulièrement à celles lancées contre les templiers.

Il est certain que l’évêque de Troyes eut pour lui l’opinion populaire et bourgeoise.

 

66e 1314-1316 : Jean d’Auxois I

 

Jean d'Auxois, né en Bourgogne et mort en 1316 à Auxerre, est un prélat français du XIVe siècle, évêque de Troyes de 1314 à 1316.

Il est issu de la noble famille de Tournelle et est l'oncle de l'évêque de Troyes Jean II d'Auxois.

 

 

67e 1316-1324 : Guillaume Méchin

 

Il fut en premier lieu notaire du Pape et conseiller du Roi. Initialement vicaire général de l'évêque de Lectoure Pierre de Ferrières qui réside dans le royaume de Naples, il est remarqué par le pape Jean XXII qui le fit nonce et l'envoya dans le royaume de Sicile pour tenter de trouver une paix entre les rois Robert d'Anjou et Frédéric II de Sicile qui se disputaient le royaume. Il accompagna ensuite le légat Gosselin pour aider Philippe V à trouver la paix avec les Flamands. Membre du conseil Royal, il est nommé évêque de Pampelune en 1315.

Transféré sur le siège épiscopal de Troyes le 2 mars 1316, il demeure un diplomate du souverain-pontife et réside le plus souvent à Avignon.

Il est néanmoins transféré sur le siège de Dol en Bretagne en 1324 et meurt à Avignon en 1328.

 

68e 1324-1342 : Jean d’Aubigny      

 

Jean d'Aubigny est né à Amiens. Il était alors abbé d’Abbaye Saint-Martin-aux-Jumeaux d’ Amiens lorsqu’il est nommé évêque de Troyes par décision du pape. Il décéda le 6 novembre et fut inhumé dans la chapelle du Christ Sauveur de la cathédrale de Troyes, sous une dalle de marbre noir.

 

69e 1342-1352 : Jean d’Auxois II, neveu de Jean d’Auxois I 

 

Jean II d'Auxois est issu de la noble famille de Tournelle et est le neveu de l'évêque de Troyes Jean d'Auxois (év. 1314-1316). Certaines sources indiquent qu'il est chanoine d'Autun, ensuite chanoine et chantre de Troyes.

À partir de 1328 Philippe de Valois le charge d'estimer le marquisat d'Isle.

Élu évêque de Troyes, il s'occupe avec soin de son diocèse.

 

Le pape Innocent VI le nomme évêque d'Auxerre. Il fait son entrée à Auxerre le 29 aout 1353. Il fonde une chapelle de sainte Syrie à Fontaines et dédie l'église des dominicains à Auxerre en 1356.

1358 : invasion anglaise et décès

En 1358 les Anglais se rapprochent du nord de la Bourgogne. Les habitants d'Appoigny veulent rétablir l'ancienne forteresse et ses fossés, autour de l'église et ailleurs ; mais ils ne peuvent le faire sans démolir l'auditoire du bailliage et d'autres bâtiments générateurs de revenu pour l'évêché. Ils demandent donc à Jean d'Auxois la permission de les démolir et ce dernier la leur accorde le 6 juin 1358. Toutefois ils ne se sont pas engagés à les maintenir mais seulement à les creuser. Ils demandent donc au chapitre confirmation de cette autorisation, confirmation apportée le 8 juin deux jours après celle de Jean d'Auxois. Mais les Anglais se rapprochent de plus en plus. Jean d'Auxois quitte Régennes pour s'enfermer dans Auxerre. Régennes est pris le 8 juin 1358. Très affecté, Jean II d'Auxois en tombe malade ; il ne peut pas officier pour l'ordination aux Quatre-Temps de l'Avent.

 

Le 19 janvier 1359, jeudi après l’Épiphanie, les Anglais attaquent la ville d'Auxerre alors que l'évêque est mourant ; l'alerte est donnée, et en conséquence la chambre de Jean II d'Auxois est emplie de défenseurs portant armes lorsque l'extrême-onction lui est donnée.

L'attaque manquée des Anglais retarde l'enterrement, qui est fait quelques jours plus tard dans la cathédrale à gauche du chœur, entre la tombe de Guy de Mello et les marches montant aux stalles du chœur.

 

70e 1352-1370 : Henri de Poitiers


Henri est le cinquième fils d'Aimar IV, comte du Valentinois et de Diois, et de Sybille de Baux, et a pour frères Guillaume, évêque de Langres, et Othon, évêque de Verdun.

Nommé en 1349 à l'évêché de Gap, il a à combattre une révolte des habitants de sa ville épiscopale, qui, indignés du meurtre commis par Hault-de-Cœur, bâtard de Poitiers, sur Ismidon de Montauban, parent de Dragonnet, son prédécesseur, ont pillé son palais et l'ont obligé de sortir de Gap en 1350. Après diverses rencontres, un accommodement est signé qui permet à Henri de revenir dans sa ville épiscopale où il demeure jusqu'à ce qu'il soit transféré à Troyes, par Clément VI, en 1352.

Brave guerrier, Henri de Poitiers met Robert Kernolle en déroute au moment où, après avoir brûlé le château d'Aix-en-Othe, il va s'emparer de la ville de Troyes. Il défait et prend Eustache d'Aubrécicourt dans les plaines de Nogent-sur-Seine (1358-1359) alors que celui-ci pillait le pays entre Nogent, Arcis et Torcy dans ce que Froissart nommait « sa chambre. »

 

  

71e 1370-1375 : Jean Braque

 

Il est le fils de Nicolas Braque et devient Jean VI évêque de Troyes en 1370. Il est mort le 10 août 1375, et repose derrière le grand autel de la cathédrale de Troyes.

 

Extrait de "L'Aube" édition du 9 août 1874 : "Mort de l'évêque Jean Braque. Comme il était alors d'usage, le chœur fut jonché de paille. A l'église St-Etienne de Troyes, il y avait jonchée de fleurs. Le revenu de la terre de Bouranton servait à en payer la dépense."

 

72e 1375-1377 : Pierre de Villiers

 

Pierre Champagne, né à Villiers-lès-Herbisse, à deux lieues d’Arcis-sur-Aube succéda à l'évêque Jean Braque. Il entra de bonne heure chez les Dominicains de Troyes, où il fit profession et prit le nom de Pierre de Villiers qu’il a toujours conservé depuis.

Il étudia à Paris, devint docteur en théologie à la Sorbonne, et « parut avec éclat dans les chaires les plus distinguées ».

Sa réputation le fit connaître à la cour, où le roi Charles V le choisit comme prédicateur et confesseur. Il le nomma à l’évêché de Nevers (1372-1374) et anoblit son frère Nicolas Champagne, avec ses enfants et leur postérité mâle et femelle, issu de légitimes mariages.

En 1373, Pierre de Villiers fit la dédicace de la chapelle du collège de Navarre le dimanche 16 octobre.

L’évêché de Troyes étant venu à vaquer en 1375, le roi voulut le rapprocher de lui et le fit passer de Nevers à Troyes pour y occuper le siège épiscopal. Il y fit son entrée solennelle le 29 avril de l’année suivante.

Il dispensa les quatre barons de la crosse de le porter suivant l’usage, parce qu’il fut accompagné du duc de Bourgogne Philippe-le-Hardi, frère du roi.

Devenu évêque de Troyes, il fit du bien aux Dominicains de cette ville, où il avait fait profession. Il augmenta leurs bâtiments, agrandit leur église, la fournit d’ornements, et fit bâtir la bibliothèque, où il mit beaucoup de manuscrits.

Il ne siégea que vingt mois.

Il mourut le 12 juin 1377, et fut inhumé dans l’église des Dominicains, où l’on voyait son tombeau « élevé d’environ deux pieds, avec sa figure revêtue d’habits pontificaux ».

On lisait à côté, une longue épitaphe en vers français, qui est insérée dans le promptuaire (Recueil d'un ouvrage de philosophie en usage du Moyen Âge à l'époque classique) de Camusat.

Sous son épiscopat, le chanoine Pierre d’Arbois, voyant que l’église de Troyes ne célébrait pas les fêtes de l’annonciation, de la nativité, de la purification et de la conception de la sainte Vierge, Pierre de Villiers les fonda, afin qu’elles fussent célébrées du rite annuel.

 

73e 1377-1395 : Pierre d’Arcies

 

Il est chanoine à Châlons-sur-Marne puis à la collégiale Saint-Étienne de Troyes, où il devient ensuite trésorier puis official. Il fut évêque de Troyes de 1377 à 1395. Au cours de son épiscopat, il pose la première pierre du jubé de la cathédrale. Il reçoit une relique de sainte Syre, des mains de la duchesse d'Orléans ; il laisse cette relique par testament à Guillaume Doma prieur de l'hôpital Saint-Bernard. Il fonde l'hôpital d'Arcis-sur-Aube, où on l'associe à la famille seigneuriale (cf. son frère Nicolas évêque d'Auxerre).

Il est mort le dimanche de Quasimodo 1395, et repose en la cathédrale de Troyes.

Il s'est opposé à Jeanne de Vergy à propos du Saint Suaire par son Mémorandum de Pierre d'Arcis dans lequel il affirme que « ce linge habilement peint sur lequel, par une adroite prestidigitation, était représentée la double image d'un homme avait été fait pour attirer les foules afin de leur extorquer habilement de l'argent ».

 

74e 1395-1426 : Etienne de Givry  

 

Élu au siège épiscopal en 1395, il fut l'envoyé du roi à Marseille auprès du pape Benoit. Il fut l'exécuteur testamentaire de Guillaume de Dormans, famille de laquelle il était proche. Il fut présent à l'assemblé des députés qui était présidée par la Patriarche latin d'Antioche pour régler l'affaire des annates et qui se tenait dans le réfectoire des dominicains de Troyes.

Il décède le 26 avril 1426 à l'âge de quatre-vingt-douze ans et repose devant l'autel de la cathédrale au côté de Jean d'Auxois.

  

 75e 1426-1450 : Jean Léguisé ou Lesguisier ou Lesguisé ou l’Aiguisié ou Laguise 

 

            Jean Léguisé naît à Troyes et y fait ses études.

            En 1426, il est placé sur le trône épiscopal.

            En 1429, Troyes est " possédé par les Anglo-Bourguignons " qui tiennent garnison.

Le 5 juillet, Jeanne d’Arc, conduisant l’armée française, se présente devant Troyes " qui était forte par ses murailles ".

A une lettre du Dauphin lui demandant d’ouvrir ses portes, la municipalité répond que les défenseurs résisteront jusqu’à la mort.

Travaillés par l’évêque Léguisé, qui les exhorte vivement de se rendre, les éléments français restés en ville, avec les habitants, obligent la garnison à capituler.

 Le roi est reçu avec les témoignages de la joie la plus parfaite.

Tous les historiens disent que " les événements qui se passèrent à Troyes du 5 au 12 juillet 1429, décidèrent du sort de la France ".

L’entrée des troupes royales dans la ville ont un retentissement considérable : les villes situées sur la route de Reims se rallient alors au Dauphin.

C’est ainsi que " Troyes fut le triomphe du Droit et de la Justice. Ce fut la grande revanche du traité sacrilège et déshonorant livrant la France à l’étranger, qui y avait été signé en 1420, et que, de toutes les autorités politiques de l’époque, seule la Papauté, seul le pape Martin V, ne voulut pas reconnaître ".

Charles VII accompagné de Jeanne d’Arc, peut ainsi aller se faire sacrer à Reims.

Pour le récompenser d’un service si important, le roi anoblit notre évêque, lui, son père, ses frères, ses sœurs et toute leur postérité.

Le 9 juillet 1430, l’évêque Léguisé procède à la dédicace de la cathédrale de Troyes .

 En 1431, notre évêque est envoyé au concile de Bâle en qualité d’ambassadeur.

En 1437, il est délégué pour faire la dédicace de l’abbaye de Saint-Spire de Corbeil.

L’évêque de Troyes s’applique à visiter son diocèse.

 

Jean Léguisé est bien déterminé à rétablir l'ordre moral dans son clergé. Il emploie tout son zèle pour abolir les cérémonies extravagantes de la fête des fous. Il écrit à l'archevêque de Sens, une longue missive pour lui dénoncer, forçant peut-être un peu le trait, des bouffonneries " grandes moqueries, dérisions et folie " encore plus excessives qu'à l'accoutumée.

Il rédige une autre lettre à l'intention de Charles VII, dont il est un conseiller. Les maîtres théologiens de Paris, sollicités par le roi, condamnent irrévocablement " la damnable fête " en y dénonçant une inacceptable survivance des superstitions païennes et concluent que, célébrée dans ou hors des églises, la Fête des fous sent l'hérésie. C'est la menace d'un procès. Les trois chapitres battent leur coulpe devant l'évêque et l'inquisiteur. En avril 1445, par lettres patentes, Charles VII ordonne au bailli de Troyes et aux prévôts de punir ceux qui transgresseraient l'interdit des théologiens. Malgré tout, il y eut encore à Troyes quelques Fêtes des fous. Mais beaucoup plus… sages.

Jean Léguisé décède à Paris en 1450, son corps est amené à Troyes et il est inhumé dans la chapelle du Sauveur de la cathédrale, avec une inscription sur son tombeau.

Le 5 décembre 1980, le conseil municipal donne son nom à une rue de Troyes.

                                                

76e 1450-1483 : Louis Raguier   

 

Louis Raguier est le fils d’Aimon ou Hémond Raguier, maître de Comptes et trésorier des guerres, et de Gillette de la Fontaine, sa première femme.

A la mort de Jean Léguisé évêque de Troyes de 1426 à 1450, le chapitre de la cathédrale l’élit pour évêque, le 14 septembre 1450. C’est la reine Isabeau de Bavière, épouse de Charles VI, qui l'a ramené en France comme son trésorier. C’est grâce à sa protection que Louis lui doit les premiers succès de sa carrière. A cette époque, pour le choix d’un évêque, les influences du pouvoir royal peuvent compter autant que ses mérites.

Il est d’abord  conseiller clerc au Parlement, ensuite il devient président en la Chambre des Aides, Seigneur de Payns, Fontaine-Saint-Grorges, Poussey en partie de Romilly, doyen du chapitre d’Auxerre, chanoine de Notre-Dame de Paris et de Saint-Pierre de Troyes. En 1458, il reçoit la commende de Montier-la-Celle.

Louis Raguier construit la nef de la cathédrale.

Sous son épiscopat, Louis de Melun, archevêque de Sens, convoque un concile provincial pour la publication des canons du concile de Bâle. Les évêques se plaignent de la manière dont on les y a appelés. Les envoyés des chapitres d’Orléans, d’Auxerre, de Nevers et de Troyes appuient ces plaintes, et l’archevêque voyant qu’il s’est trop avancé, se rétracte et s’explique de manière à satisfaire tous les mécontents.

L’évêque de Troyes est envoyé par Louis XI aux habitants de Liège, pour les engager à quitter l’alliance qu’ils ont fait avec leur évêque. Cette négociation  a un si grand effet, que les Liégeois non seulement abandonnent leur alliance, mais encore tiennent prisonniers quelques seigneurs de la famille du duc de Bourgogne qui trament contre le roi.

L’année suivante, le prélat, sur une requête des habitants de Somme-Fontaine, se transporte dans leur village, et fait la translation des reliques de saint Lupien, leur patron, dans une nouvelle châsse.

Cinq après, étant à Paris, il bénit Germain le Moine, nouvel abbé de Saint-Victor. M. l’abbé le Beuf rapporte qu’il y a dans l’église de cette abbaye un buste où est la tête de sainte Syre de Troyes. On prétend que, lors de la translation du corps de cette sainte, l’évêque de Troyes fait présent de ce chef au chapitre de Saint-Merry pour quelques reliques.

Les évêques ne sont pas toujours d’accord avec leur chapitre : le fait suivant en est une preuve. Un père d’une des paroisses de la ville soumise à la juridiction du chapitre de la cathédrale, ayant commis un délit, l’official de l’évêque en connut, quoiqu’il ne fût point de son ressort. Le chapitre revendique ses droits et conduit l’affaire au parlement. Il y a un arrêté contre le prélat, et les privilèges et exemptions du chapitre sont confirmés. C’est au moment où la ville de Troyes retentit du bruit des vertus de l’ermite Jean de Gand. Louis XIII qui a beaucoup de dévotion pour lui, fait travailler à sa canonisation, mais elle n’a pas lieu (voir à Jean de Gand).

Louis Raguier, se voyant sur le retour de l’âge, veut mettre un intervalle entre la vie et la mort, et fait la démission de son évêché en 1483, en faveur de Jacques Raguier, son neveu.

Il survit encore 5 ans et meurt en 1488. Il est inhumé proche le grand autel de la cathédrale, sous un tombeau de cuivre, avec cette épitaphe : « Ci gît Révérend Père en Dieu noble sieur Messire Loys Raguier, évêque de cette église, lequel, du temps du très chrétien et victorieux prince Charles, roi de France VII de ce nom, fut son conseiller en la cour de parlement et depuis, fut président de la chambre de la justice des aides de Paris, lequel trépassa le 19 août 1488. Dieu en ait l’âme ».

 

Cet évêque se signale par ses libéralités envers son église, en reliques, vases, ornements et autres décorations, et fit présent au chapitre de livres concernant l’office divin et l’étude ecclésiastique. Sous son épiscopat, est imprimé pour la première fois, un bréviaire à l’usage du diocèse.

La même année de la démission de Louis Raguier, Jean Verne, licencié en droit, trésorier de l’église de Lisieux, conseiller et aumônier du roi, est nommé coadjuteur de l’évêché de Troyes. Raguier s’y oppose et le chapitre, déférant aux ordres du pape et du roi, le reconnaît.

C’est donc Jacques Raguier, neveu de Louis, qui lui succède en 1483.      

    

77e 1483-1518 : Jacques Raguier neveu du précédent    



        

Jacques Raguier est le second fils d'Antoine Raguier, seigneur de Thionville, la Motte-Tilly et Estenay, conseiller et trésorier de la guerre et de Jacquette Budé. Prêtre, chanoine de Notre-Dame de Paris, docteur és-lois. Il est le frère d'Antoine Raguier évêque de Lisieux en 1474.

Le 3 décembre 1483, son oncle Louis Raguier évêque de Troyes résigne en sa faveur son siège épiscopal et il prête serment le 11 janvier suivant.

En août 1485 il assiste au Concile provincial de Sens réuni par l'archevêque Tristan de Salazar. Il fait ériger une statue de Saint-Michel sur le pignon de la cathédrale et en août 1506 il est à l'origine des fondations du portail et des tours de la cathédrale.

En 1509 il réforme l'abbaye du Paraclet. Il est devenu en 1501 le premier commendataire de l'abbaye Saint-Pierre de Montiéramey et de Saint-Jacques de Provins, ainsi que de l'Abbaye Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Montier-en-Der.

En 1494 il fait venir à Troyes ses deux cousins germains frères de Guillaume Budé : Étienne qui devient official et meurt en 1501 et Louis, chanoine du chapitre et archidiacre d'Arcis-sur-Aube qui meurt à 47 ans le 19 novembre 1517. L'épiscopat de Jacques Ragier se poursuit pendant 35 ans et lorsqu'il meurt en 1518 il est inhumé près de son oncle dans la cathédrale de Troyes.

En 1513, il reçoit une lettre du Concile de Pise momentanément transféré à Lyon, portant nomination de Denys Du Val, secrétaire du Roi comme receveur de la part due par le diocèse de Troyes (2600 livres tournois) dans le subside accordé par le concile à Louis XII, Lyon le 15 mars 1513

Ce prélat donnait l'exemple lors des obligations de "guet et porte, dont son successeur Guillaume Parvy obtiendra l'exemption en 1521 pour les chanoines de sa cathédrale dans le cas de périls éminents, à savoir l'ennemi à 15 lieues de la ville. Car les religieux dont le nom étaient portés sur les rôles de guet revêtaient au jour dit casaque et cuirasse, portant selon les cas hallebarde, javeline ou pertuisane. Une fois sur la muraille il commandait aux hommes de garde leur assignant un poste à tenir.

 

78e 1518-1527 : Guillaume Parvi     

 

La pragmatique sanction vient d’être abolie en France pour les élections, le concordat de Léon X et de François 1er est reçu malgré les réclamations du clergé, des parlements et des universités.

Pour donner un successeur à Jacques Raguier dans l’évêché de Troyes, le chapitre de la cathédrale envoie deux députés au roi pour lui demander la permission de procéder à une élection. Mais le prince, dès le 22 novembre 1517 écrit au chapitre qu’il a prié le pape Léon X de pourvoir à l’évêché de Troyes, Guillaume Parvi, de l’ordre des Frères Prêcheurs, docteur en théologie, son conseiller et son confesseur, homme savant et vertueux, qu’il prie les chanoines de le recevoir et de ne lui donner aucun compétiteur. Après la lecture de cette lettre, le chapitre "  presse les députés, mais leur voyage fut inutile : ils rapportèrent seulement une lettre du roi qui déclara de nouveau avoir nommé Guillaume Parvi ".

Malgré ces ordres, le chapitre se dispose à faire une élection pour laquelle il fixe le jour au 14 février 1518. Mais, tandis que le temps passe, Parvi reçoit de Rome les bulles. Alors le roi envoie des commissaires pour intimer au chapitre cette promotion et les inviter amicalement à se désister de leur élection projetée. Les chanoines obéissent enfin, et font le plus grand éloge de leur nouveau prélat, dans leur acte capitulaire.

Le roi leur en témoigne sa satisfaction " et leur mande que le nouvel évêque ne pourra prendre possession personnelle, qu’il le retenait auprès de lui pour prêcher le carême, et qu’ils eussent à mettre ses procureurs en pleine et entière possession de l’évêché ".

Parvi naît à Montvilliers près du Havre vers 1470. Il prend l’habit de saint Dominique et fait profession dans la maison des Jacobins de Rouen. Il est docteur en Sorbonne en 1502. Très bon helléniste, il cultive les lettres, et est en liaison avec un grand nombre de savants. Il fait venir Erasme à la cour du roi. Ce dominicain est très célèbre par ses sermons.

En 1509, Parvi est confesseur et chapelain du roi Louis XII, de qui il est très estimé. Il assiste la reine Anne de Bretagne dans ses derniers instants, et fait jusqu’à trois fois son oraison funèbre : à Blois où elle est morte, à Notre-Dame de Paris et à Saint-Denis où elle est inhumée. Il devient chapelain de François 1er. Il fait aussi l’oraison funèbre de Louis XII, décédé le 1er janvier 1515.

En 1518, il est l’auteur du premier inventaire de la bibliothèque du roi, devenue ensuite la Bibliothèque Nationale. Le prélat fait son entrée solennelle à Troyes en mars 1519, avec toutes les cérémonies accoutumées. Il remplit ses devoirs avec une édification qui le rend cher à son clergé, et le fait aimer et estimer de tout son peuple. Il s’applique, à faire un bon choix des ecclésiastiques pour emplir les cures.

Il visite souvent ses ouailles, et veille sur la doctrine et sur les mœurs avec d’autant plus d’attention que le luthéranisme commence à faire des progrès en France et menace d’infester le diocèse de Troyes.

Il établit en communauté les filles repentantes, et les met en possession de l’Hôpital de Saint-Abraham, et " fournit son église cathédrale d’ornements précieux et de plusieurs décorations ".

En 1521, l’évêque de Troyes reçoit dans sa ville épiscopale, le roi François 1er et la reine. A sa demande, le roi établit une foire pour récompenser les habitants " de leur bonne loyauté et fidélité ".

Cependant, le diocèse de Troyes commence à être infesté de la nouvelle doctrine de Luther dont les livres se répandent énormément. Le zèle de Parvi se ranime : il envoie à tous ses curés une instruction pastorale " pour les exhorter à veiller sur leurs ouailles et à leur ôter les livres qui contiennent les erreurs du luthéranisme... Ces erreurs se dissipèrent et le diocèse en fut préservé ".

 En 1525, il fait imprimer un missel pour tout son diocèse.

Il siège ensuite 9 ans à Senlis, où il compose un recueil de tous les sentiments des docteurs de son ordre pour prouver et établir la souveraineté du roi.

Il décède en 1536.

Homme de lettres, Guillaume Parvi est l’auteur de nombreux ouvrages, un total de 1.324 titres. Il traduit pour Marguerite de Valois " Les Heures en langue française… ".

 

79e 1527-1544 : Odard Hennequin 

 



La famille d’Hennequin est originaire du comté d’Artois, d’où, vers l’an 1196, un de ses membres vint s’établir à Troyes. « Elle s’est toujours distinguée par les talents, par les places, les dignités et les offices qu’on l’a vu occuper dans toutes les compagnies souveraines de Paris. Elle a eu des alliances avec de très grandes et  considérables familles : celles des de Balzac-d’Entragues, de Brichabreau-Nongis, de la Bourdairière, de Nicolaï, de le Maître, de Bruslart, de Moslé de Blancmesnil, de Mesmes, de Reffuge, de Luillier, de Mauroy…».

Il naquit à Troyes en 1484.

Il fut d’abord chanoine de la cathédrale, ensuite archidiacre de Puisaye, diocèse d’Auxerre, et il est nommé en cette qualité dans la publication de la coutume de Troyes.

Son mérite perça à la cour et  le fit connaître de François 1er qui l’aima, le fit son aumônier et lui donna les abbayes de Vertus (diocèse de Châlons), de Saint-Loup et de Saint-Martin-ès-Aires de Troyes. Il eut en outre le prieuré du Saint-Sépulcre et celui de la Celle-sous-Chantemerle. Enfin il fut nommé évêque de Senlis en 1526, et le 28 mars 1527, il fit son entrée solennelle dans l’évêché de Troyes avec les cérémonies usitées.

Dès qu’il fut sur le siège de Troyes, il visita son diocèse pour connaître l’état de ses ouailles, pour réformer les abus et pour empêcher que les nouvelles erreurs ne se répandissent dans sa patrie, dont il était devenu le père spirituel.

Il assista à l’assemblée du clergé, qui se tint vers la fin de 1527, à l’effet de supplier le roi d’employer son autorité souveraine pour remédier au mal que commençait à causer dans le royaume la nouvelle secte des partisans de Luther.

Il se trouva aussi au Concile de Paris, au mois de février de l’année suivante, où furent promulgués plusieurs décrets dogmatiques contre la doctrine de cet hérésiarque. Convaincu de la nécessité de maintenir la discipline, il eut soin de tenir les synodes, et il fit imprimer tous les statuts de ses prédécesseurs avec les siens. Il employa à cet ouvrage son official et grand vicaire Jean Colet, natif de Rumilly-les-Vaudes, personnage fort savant et surtout versé dans la connaissance du droit (voir le chapitre : Statuts synodaux de Jean Colet).

Sur le baptême, il est défendu de ne rien exiger, mais il est permis de recevoir ce que les fidèles ont coutume d’offrir, et il est dit que 2 ou 3 parrains suffisent. On doit ouvrir les femmes mortes, lorsque l’on est certain que l’enfant est encore vivant dans leur sein, pour le baptiser ensuite.

Un statut dit qu’il y a des prêtres qui, dans le temps de Pâques, défendent à leurs paroissiens, sous peine d’excommunication de communier s’ils ne se sont pas confessés à eux, ou à des prêtres à qui ils ont donné permission. Cette défense est regardée comme téméraire, parce que d’autres prêtres ou des religieux ont, du pape et des évêques, le pouvoir de confesser et d’absoudre ceux qui auraient confiance en eux.

Un statut enjoint aux prêtres de se confesser, au moins une fois l’an, à leur évêque ou à son pénitencier… Un statut indique que les prêtres ne doivent pas se confesser réciproquement, à moins que l’un ne soit curé de l’autre…

L’article du mariage condamne un jeu appelé « Charivari » (voir le chapitre Carnaval), qui se pratiquait aux secondes noces. On y entendait des cris horribles, des blasphèmes, des obscénités et les acteurs portaient des masques injurieux et se répandaient en outrages contre les épousés.

A cette époque, le décanat de Saint-Urbain était occupé par Jean Hennequin, archidiacre d’Arcis-sur-Aube et de Saint-Léger-sous-Margerie, abbé de l’abbaye de Basse-Fontaine (Brienne-la-Vieille), et frère de notre évêque. Il mourut le 23 juillet 1531, et l’évêque Odard fut élu par le chapitre pour remplir cette dignité. Il ne la garda pas longtemps et demanda au roi la permission de la résigner en faveur de son neveu Nicolas Hennequin, se réservant néanmoins la collation des bénéfices qui y sont attachés, ce qui fut approuvé par le pape Paul III en 1534.

 

« M. Hennequin se rendit recommandable par ses vertus épiscopales, par son zèle apostolique et par le sage emploi de ses revenus. Il en distribua une partie aux pauvres et en fit servir une autre à réparer son palais épiscopal, son château de Saint-Lyé, et à mettre en bon état les églises et les monastères dont il était titulaire ».

 

En 1535, il fit imprimer un missel à l’usage de son diocèse, et quelques années après un rituel pour l’administration des sacrements et les différentes bénédictions de l’église.

             « Le bien qu’il faisait au diocèse rendit sa mort prématurée ».

 

            Il termina sa vie le 13 novembre 1544, après 17 ans d’épiscopat, âgé de 60 ans, et fut inhumé au milieu de la nef de la cathédrale sous un tombeau d’airain, sur lequel sa figure est représentée en habits pontificaux.        

Malgré la vigilance et les soins continuels de M. Hennequin, l’hérésie continuait de faire des progrès dans le diocèse.

Jean Dubec, prêtre, natif des Essarts, embrassa les erreurs de Luther et les répandit dans notre diocèse. Il se maria et déclama contre le célibat des prêtres. En vain lui présenta-t-on l’abîme où il se précipitait, il persista et soutint cette doctrine avec tant d’opiniâtreté, qu’il fut arrêté et mis dans les prisons de Troyes. Rien ne put lui dessiller les yeux et lui faire connaître ses erreurs. On instruisit son procès, il fut dégradé de la prêtrise et livré au bras séculier le 9 juin 1543. Enfin, il fut condamné à mort, étranglé et brûlé dans l’Etape-au-Vin. Certains prétendent qu’il se convertit avant de mourir.

                                                            

80e 1544-1550 : Louis de Lorraine 



 

Le siège de Troyes demeura vacant pendant environ 8 mois après la mort d’Odard Hennequin (1527-1544).

Enfin, le 13 juillet 1545, le roi François 1er y nomma Louis de Lorraine, quatrième fils de Claude de Lorraine et d’Antoinette de Bourbon-Vendôme.

Il n’avait encore que 18 ans quand il fut nommé administrateur du diocèse de Troyes, et cet âge, suivant le concordat, n’était pas suffisant pour occuper un évêché. Mais le pape Jules III lui accorda l’administration de celui de Troyes, jusqu’à ce qu’il eût atteint l’âge compétent pour exercer les fonctions épiscopales, soit 27 ans.

Dès que les bulles furent arrivées à Troyes, le chapitre de la cathédrale s’assembla par « ostiatim » (de porte en porte) et au son de la cloche pour en faire la lecture. A cette assemblée se trouvèrent l’abbé de Clairvaux, les lieutenants civil et criminel, l’avocat du roi, le maire, les échevins les conseillers et autres notables bourgeois de la ville. La lecture étant faite, tous ceux qui étaient présents, pleins de joie et de satisfaction, reçurent pour leur pasteur et évêque et pour administrateur de ce diocèse, tant au spirituel qu’au temporel, le seigneur Louis de Lorraine, issu d’une des plus illustres maisons du royaume.

Guillaume Juvenis, chanoine de l’église de Troyes, le représenta, et par une procuration en bonne forme, prêta le serment accoutumé.

Pendant cette période, il eut pour coadjuteur, chargé des fonctions pastorales, André Richer, moine de Vauluisant, archevêque de Chalcédoine, tandis que Guillaume Lejeune, vicaire général, administrait le diocèse et qu’un autre chanoine, Jean Petit, régissait le temporel.

Calvin répandait alors sa doctrine en France. Malgré la tenue du concile de trente, les sectateurs de cet hérésiarque ne laissaient pas de se multiplier. Un cordelier nommé Pierre Morel, docteur de Sorbonne et fils d’un bourrelier de Troyes, avait apostasié pour embrasser la nouvelle religion. L’amour de la liberté et l’espérance de quelques avantages temporels l’avaient déterminé à l’apostasie. Le supplice de Dubec ne l’avait point effrayé, il eut même l’audace de se faire ministre de l’église calviniste. Mais, enfin tourmenté par les remords et frustré de ses espérances, il rougit de son crime, et rentra dans son ordre dont, par la suite, il devint provincial.

Les remords n’agirent pas également sur un nommé Macey, marchand, natif de Troyes et luthérien. Tous les jours il se répandait en blasphèmes contre l’eucharistie. Il fut arrêté et condamné à être brulé vif.

L’imprimeur Moreau qui vendant un livre hérétique intitulé : « Le trafic et train de marchandises que les prêtres exercent en l’église », fut aussi arrêté et condamné au supplice du feu.

A cette époque, on représentait dans Troyes des comédies superstitieuses dans le goût de celles des mystères de la passion. On y jouait la « Vengeance de Notre Seigneur Jésus-Christ », appelée aussi le jeu ou la diablerie de la vengeance. Le 24 février 1539, on annonça au sermon et par les églises, qu’on allât chercher les rôles pour jouer cette pièce. Le 1er mai 1540, « on fit les montres de cette diablerie », le 9 on les répéta, mais en belle ordonnance, avec trompettes, tambours et autres instruments, enfin 8 jours après on commença ces « montres » (tenir un rôle) autour du jeu et en même temps de la représentation où il y avait beaucoup de monde, et où l’on paya un « douzain » (d’une valeur de 12 deniers) par personne. Il y avait aussi le jeu de saint Loup, pour lequel on chantait une messe devant le chef de ce saint, le jeu de la sainte hostie, celui de sainte Catherine et celui de sainte Jule.

Cependant, Louis de Lorraine qui n’avait presque pas résidé dans son diocèse, à l’exception de quelques séjours à Aix-en-Othe et à Saint-Lyé, permuta son évêché avec Antoine Caracciole, pour l’abbaye de Saint-Victor de Paris.

Il fut ensuite nommé évêque d’Albi, en 1550, où il succéda au cardinal Jean de Lorraine.

Trois ans après, le pape Jules III lui donna le chapeau de Cardinal, et depuis il ne fut plus connu que sous le nom de cardinal de Guise.

Il quitta encore l’évêché d’Albi pour passer à l’archevêché de Sens, où il ne demeura que 2 ans.

Enfin, il fut évêque de Metz et posséda les abbayes de Saint-Germain-d’Auxerre, de Bourgueuil, de Tournus et de Moissac.

Il décéda à Paris le 28 mars 1578, et fut inhumé dans le chœur de l’abbaye de Saint-Victor.

 

 81e 1550-1562 : Antoine Caracciole 

 

Caracciole, à qui Louis de Lorraine remet son évêché de Troyes, est le fils de Jean Caraccioli, napolitain, prince de Melphe, maréchal de France, gouverneur du Piémont, et d’Eléonore de San-Severino, fille du prince de Salerne. A 18 ans, le jeune Caracciole suit la Cour où « il paraît avec distinction ». Il en goûte les délices, en suit le luxe et la splendeur par la richesse de ses habits et par l’éclat d’un brillant équipage.

Mais, ses moyens n’étant pas suffisants pour satisfaire ses désirs, « ses affaires se dérangèrent tellement qu’il est obligé de quitter son train de vie et de se retirer de la Cour, pour mener une vie plus simple et plus conforme à la religion. Il choisit pour sa retraite, la Sainte-Beaume de Marseille. Mais, soit inconstance, soit impossibilité d’y faire son projet, il revient bientôt à Paris se faire chartreux.

Avant la fin de son noviciat, « sa première ferveur s’étant éclipsée », il quitte l’habit et se fait chanoine régulier dans l’abbaye de Saint-Victor. Le cardinal de Bourbon ne pouvant obtenir ses bulles pour cette abbaye, Caracciole use de finesse. Il déclare aux religieux qu’il se chargerait d’obtenir du roi la permission d’élire un abbé, à condition toutefois que, s’il réussissait, on lui conférerait le prieuré d’Athis. Il fait alors des démarches, mais, en rusé négociateur, il obtient pour lui-même cette abbaye avec l’économat.

Il reçoit ses bulles quelque temps après, et en prend possession le 22 février 1544, et en est le dernier abbé régulier. Se voyant maître de cette dignité, il veut gouverner le spirituel et le temporel à sa fantaisie, sans consulter les anciens religieux. Ceux-ci, mécontents, en appellent comme d’abus, et le conseil du roi commet le cardinal de Tournon pour déléguer des juges en cette affaire. En conséquence, il est ordonné un partage des biens entre l’abbé et les religieux, et pour lui donner plus de force, il est enregistré au conseil et au parlement, et agréé par une bulle du Pape Paul III.

Cependant, Caracciole, qui a du talent pour la chaire, avance dans ses sermons quelques propositions luthériennes. Il en est repris, et il est menacé d’interdit. Il répond avec fierté qu’il aurait une autre chaire, qu’on ne pourrait lui interdire, et, dès ce moment, afin d’être plus libre, il quitte son abbaye, et vise à un évêché. Ce qu’il fait en effet, par la permutation avec Louis de Lorraine.

Il est sacré à Saint-Victor le 15 novembre 1550. Il porte alors une longue barbe, et suivant l’usage de l’église de Troyes, le nouvel évêque doit se présenter rasé au chapitre. Il en est averti, et il trouve mauvais que l’on veuille l’assujettir à cette coutume. Il emploie toutes sortes de moyens pour être dispensé de s’y soumettre. Enfin, il a recours à l’autorité du roi Henri II, qui veut bien écrire, à ce sujet, au chapitre de Troyes.

 Le monarque déclare dans une lettre, qu’ayant dessein d’employer Caracciole à quelque ambassade éloignée, pour affaire importante, il est nécessaire qu’il conserve sa barbe, ne pouvant y aller sans cela. Cette lettre est datée de Fontainebleau  le 27 novembre 1551. Le chapitre se rend alors, et veut bien suspendre son usage pour cette fois, à cause des ordres du roi. Tous les obstacles étant levés, le nouvel évêque vient à Troyes, et fait son entrée solennelle, le 13 décembre. Tout le clergé se rend à l’abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains, où le prélat est arrivé la veille, accompagné d’un nombreux cortège, dont l’évêque d’Auxerre, de plusieurs grands seigneurs et des officiers municipaux, tous à cheval. Au moment de la solennité, il part en procession de l’abbaye, porté sur une chaise, suivant la coutume, jusqu’à la cathédrale, par les 4 barons de la Crosse. Arrivé dans le chœur, il célèbre la messe et confère les ordres à un grand nombre d’ecclésiastiques.

Aux fêtes de Noël, il commence à prêcher dans son église, et il y a tant de monde à ce premier sermon, qu’il est très difficile de l’entendre.  Il est nommé à l’abbaye de Ham (diocèse de Noyon).

Le 31 janvier 1552, il assiste dans Troyes, à une procession générale pour la paix qui vient d’être faite avec l’Angleterre, et il est fait de grandes aumônes pour les 3.000 pauvres. « Les commencements de l’épiscopat de Caracciole sont assez louables et édifiants. Mais déjà hérétique dans le cœur, il insinue, dans ses sermons, des opinions nouvelles, qui scandalisent ses auditeurs ». Le peuple se soulève, et les magistrats font au prélat de vives remontrances. Accoutumé aux feintes et aux artifices, il promet de se rétracter et affecte du zèle pour la religion catholique, mais il n’est pas sincère : loin d’empêcher le calvinisme de pénétrer dans Troyes, il le favorise, s’en rend l’apôtre et le défenseur. L’exemple du pasteur crée la contagion et inspire de la hardiesse aux nouveaux sectaires qui rompent et brisent plusieurs images dans le cimetière de Notre-Dame ou de Saint-Jacques, et en d’autres lieux de Troyes. Pour réparer ces scandales, on fait une procession générale, où les reliques sont portées pour en confirmer le culte. Les magistrats, sur les ordres du roi, punissent les hérétiques.

Par exemple, un cordelier, fils d’un charpentier troyen,  qui a été à Genève, Lausanne… est arrêté, condamné à faire abjuration et à tenir prison perpétuelle chez les cordeliers d’Auxerre, où il a fait profession. Il a l’évêché pour prison, mais il sait gagner son gardien, et s’enfuit avec lui. Le cardinal Caraffe, beau-frère du prince de Melphe, venant de monter sur la chaire de Saint-Pierre sous le nom de Paul IV, notre évêque, qui est son neveu, se rend à Rome, pour lui faire la cour et en obtenir le chapeau de cardinal. 

Cela n’ayant pu avoir lieu, Caracciole revient à Troyes, en passant par Genève où il séjourne quelque temps, et fait la connaissance de Calvin et Bèze, théologien protestant, tous deux chefs du parti huguenot, et se confirme dans ses opinions erronées, et promet de se déclarer pour la nouvelle religion.

Le nombre des calvinistes augmente de jour en jour, et leur retraite est dans la rue Moyenne, qui, pour cette raison, est alors appelée «  la Petite Genève ». Les catholiques ne sont pas tranquilles, les hérétiques ne cherchent que les occasions de les insulter. Le jour de la sainte Mâtie, le peuple s’empresse de révérer ses reliques.

Un homme s’approche de la châsse et profère des paroles injurieuses et blasphématoires. Le peuple indigné l’entraîne hors de l’église et l’assomme à coups de pied, de pierres, de petits bancs de merciers qui sont sur la place.

L’année suivante, les hérétiques s’enhardissent de plus en plus et « font mille horreurs à l’image de la Vierge qui est au bout de la ruelle du Chaudron ». Lors d’une procession de la paroisse Saint-Jean, les Huguenots insultent les prêtres, la croix et la bannière. Un bonnetier y est tué d’un coup de pistolet, et les religionnaires font sonner le tocsin.

Les Huguenots, favorisés par Caracciole, projettent de troubler et d’empêcher la procession du Saint Sacrement le jour de la Fête-Dieu. Les magistrats l’apprennent et prennent leurs précautions. Ils font garder la ville par 200 hommes, et, comme « il s’élève souvent des disputes entre les catholiques et les hérétiques, ils font défense, aux uns et aux autres, de s’appeler Papistes ou Huguenots, à peine d’être pendu, conformément à l’édit de Juillet ».

Les Calvinistes prêchent publiquement et font des baptêmes et des mariages.

Un moine, nommé Robin, sort du couvent de la trinité, prend une fille « qu’il a déjà connue, la conduit par les rues comme un triomphe, l’amène au prêche, où ils se marient comme Calvinistes ». 

Notre prélat se déclare alors ouvertement pour la religion réformée.  Il se fait à nouveau ordonner dans une assemblée de Calvinistes. Afin de prévenir d’autres séditions, on fait garder la ville par 300 hommes. Ils font des recherches dans les maisons des hérétiques, à qui ils ôtent les armes, en emprisonnent plusieurs, et brûlent beaucoup de leurs livres. Le peuple était si fort animé contre eux, qu’une femme arrivée de Genève, n’ayant pas voulu fléchir le genou devant l’église de Notre-Dame, est assommée sur le champ et jetée dans la rivière sur le pont de la Salle. Les soldats de la garde, « emportés par une fougue impétueuse », exercent contre les Huguenots de la ville et de la campagne, les plus grandes violences. A la vue de tant de cruautés, ces religionnaires sortent éperdus de Troyes avec leurs femmes et leurs enfants, et emmènent avec eux une grande partie de leurs effets.

Ils se retirent à Bar-sur-Seine, et là, pour se venger de ce qu’on leur a fait souffrir à Troyes, ils se saisissent du château et des munitions de guerre, pillent les églises et causent dans la ville et les environs les plus étranges ravages.

En août 1562, les chanoines interviennent auprès du gouverneur, pour lui retracer la conduite de l’évêque « tant dans ses vie et mœurs que dans sa doctrine ». Caracciole se résous à abandonner son siège épiscopal.

Le siège est déclaré vaquant. La cour désigne pour remplacer notre prélat, Claude de Beauffremont, qui reçoit les bulles de Paul VI, et est sacré à la cathédrale le 9 mai 1563. Caracciole se retire à Châteauneuf, l’une des terres que François 1er avait donnée à son père, et il prend femme.

Quelque temps avant sa mort, Caracciole reconnait son aveuglement, dit qu’il déteste l’hérésie, conseille la pureté de la foi catholique et rentre en grâce avec l’église romaine.

Il décède à Châteauneuf en 1570, et y est enterré dans l’église paroissiale 

                           

82e 1562-1593 : Claude de Beauffremont   

 

«  S’il est triste pour un écrivain d’avoir à raconter des faits tels que ceux de la vie de Caracciole, il est consolant aussi d’avoir à parler de son successeur, pontife attaché d’esprit et de cœur à la religion catholique, rempli de zèle pour détruire l’hérésie et faire revivre la foi languissante et persécutée.

Ce prélat n’épargna ni soins ni, travaux pour arrêter les progrès de l’erreur, il lui porta des coups mortels, et après s’être longtemps débattue, elle succomba enfin. La catholicité reprit le dessus, et son éclat répandit une lumière plus éclatante que jamais »  

  

écrit en 1783, Courtalon-Delaistres, Curé de Sainte-Savine.

 

Claude de Beauffremont, d’une des plus illustres familles du royaume, était fils de Claude de Beauffremont, seigneur de Scey-sur-Saône, gouverneur de Franche-Comté, et d’Anne ou Antoinette de Vienne, dame de Listenois et d’Arc en Barrois.

Il fut d’abord trésorier de la collégiale de Saint-Martin de Tours, abbé d’Acey et de Balernes, et ensuite de Longüi, ordre de Citeaux.

Dès que le siège épiscopal de Troyes eut été déclaré vacant par l’apostasie de Caracciole, M. de Beauffremont, préconisé à Rome, envoya ses bulles à Troyes pour les faire notifier au chapitre, par Nicole de Villemaur, licencié ès lois.

Quelque temps après, il vint à Troyes et fut sacré dans la cathédrale par l’évêque de Negrepont, assisté des évêques de Langres et de Poitiers, en présence de M. de Barbezieux, lieutenant-général de Champagne et d’un grand nombre de personnes.  Il se fit ensuite introniser suivant les cérémonies ordinaires. Soit politesse, soit humilité, il ne voulait pas souffrir d’être porté par les barons de la crosse. Mais toute l’assemblée l’exhorta à se conformer aux usages. Il y avait alors une difficulté de savoir qui devait fournir la chaire, l’évêque, le chapitre ou l’abbesse. Il fut décidé que c’était le chapitre, et, en attendant, M. Mergey, qui a raconté cette anecdote, dit qu’il emprunta une chaise de malade. L’évêque fut porté par les barons de Poussey et de Méry, et par les députés des barons d’Anglure et de Saint-Just. Tout le peuple témoigna, dans une conjoncture, une satisfaction  infinie de voir qu’après un évêque apostat, celui-ci allait faire reprendre à la religion catholique son ancienne splendeur.

Ce pontife avait un air de dignité répandu dans toute sa personne : il estimait les gens de lettres et honorait de sa confiance les personnes vertueuses. Mais sa piété et son zèle le firent distinguer encore davantage.

Dès le commencement de son épiscopat, il tint un synode pour connaître ses curés et prendre les moyens de remédier aux maux que son prédécesseur avait causés dans le diocèse.

« Pasteur selon le cœur de Dieu, il cherchait les brebis égarées et faisait tous ses efforts pour les ramener au bercail ». Tantôt il annonçait en public la parole de Dieu et appuyait sur la vérité et la sainteté de la religion catholique, tantôt il visitait ses ouailles en particulier, ou pour les empêcher de tomber dans les pièges de l’hérésie, ou pour les confirmer dans la foi. Une charité apostolique éclairait son esprit, dirigeait son cœur et l’animait dans toutes ses démarches. Mais, les troubles des Huguenots et les guerres civiles et de religion mirent souvent des obstacles à l’ardeur de son zèle. Le mal avait jeté de trop profondes racines, le fanatisme était porté à un tel degré que rien ne pouvait en arrêter les fureurs.

Cependant, M. de Beauffremont tint, en 1580, un synode, où il fit de nouveaux statuts qu’il publia en latin, et un autre le 9 mai 1584. Il en fit l’ouverture par une procession générale, où les châsses des églises de Saint-Pierre, de Saint-Etienne et de Saint-Loup furent portées. Tous les corps de la ville s’y trouvèrent et toutes les boutiques furent fermées jusqu’à midi, ce qui ne s’était pas fait depuis longtemps.

Les troubles de la ligue continuaient en France. Henri III, qui s’était d’abord déclaré imprudemment le chef de cette fameuse confédération, ne put en arrêter le progrès, et en fut la victime malheureuse. A la mort de ce monarque, le duc de Mayenne, qui prit la qualité de lieutenant-général de l’état et couronne de France, fit publier une déclaration qu’il envoya dans les meilleures villes du royaume, pour faire réitérer le serment de l’union, et obliger les curés d’en adresser les procès-verbaux au conseil de l’union.

Tandis qu’Henri IV travaillait à conquérir son royaume, les ligueurs de Troyes ne négligeaient rien pour se fortifier contre les royalistes et pour exécuter les ordres du duc de Mayenne. Le chapitre de la cathédrale, après avoir signé la ligue, somma son évêque, qui était alors absent, de donner également sa signature et de revenir dans sa ville épiscopale. M. de Beauffremont, pontife toujours fidèle à son roi, ne fit ni l’un ni l’autre, et en conséquence le conseil de la ligue fit saisir ses revenus, déclara le siège vacant et demanda au duc un prélat qui entra dans ses vues.

Le prince alors nomma à l’évêché de Troyes François Perricard, qui, depuis, se qualifia « nommé évêque de Troyes » dans une quittance qu’il donna le 4 avril 1594, à Edme Berthelin, receveur-général des finances de Champagne pour une somme de 600 écus, suivant  une ordonnance expédiée à son profit par le duc de Mayenne. Pendant cette usurpation de l’autorité épiscopale, le chapitre renouvelait de temps en temps ses serments d’union contre Henri IV, par délibérations capitulaires des 11 avril et 22 juillet 1590. Ce n’était que sermons, messes solennelles et processions générales pour entretenir le peuple dans ses sentiments et l’engager, par ses actes de dévotion, « à ne recevoir un roi hérétique en ce royaume… pour invoquer la grâce de Dieu à ce qu’il lui plût d’afficher Mgr le duc de Mayenne… et avoir victoire contre l’hérétique Biarnois (la ligue méprisante donnait ce nom au grand Henri IV) et ses associés ».

Enfin, après avoir rempli les devoirs de son ministère et confirmé la doctrine évangélique par ses exemples et par ses discours, M. de Beauffremont mourut le 24 septembre 1593, âgé de 64 ans, dans la terre se Scey-sur-Saône, après 30 ans d’épiscopat. Son corps ne put être transféré à Troyes, à cause des désordres des guerres civiles.

                                      

 

83e 1593-1604 : René Benoit 

 

Né en 1521, René Benoît va à Paris en 1548, étudier la philosophie et la théologie, et il reçoit le bonnet de docteur au collège de Navarre. Le cardinal de Lorraine lui procure la place de prédicateur et de confesseur auprès de Marie Stuart, épouse du roi François II. Après la mort de ce prince, René Benoît suit Marie qui retourne en Écosse.

Il revient à Paris, où il emploie ses talents à combattre les hérétiques, et devient curé de Saint-Pierre des Arcis et ensuite de Saint-Eustache.

En 1566, René Benoît fait imprimer une traduction de la bible, avec des commentaires et des notes. Cette bible fait beaucoup de bruit. Ses ennemis croient y trouver des erreurs, et envoient une liste au pape Pie V, puis à Grégoire XIII qui le censure en 1575. Benoît se soumet. Le fanatisme de la ligue excluant de la succession à la couronne de France, Henri, roi de Navarre, qui en est pourtant le seul et véritable héritier, René Benoît soutient constamment les droits du roi de Navarre au trône.

Il publie en 1585, l’Apologie catholique, où il montre " le défaut de droit de la maison de Lorraine et la réalité de celui de la maison de Bourbon à la succession de Henri III, que tous ces droits se réunissent dans la personne du roi de Navarre, héritier de la branche aînée, et que sa non-catholicité n‘est pas un titre d’exclusion ". Si cet ouvrage attire à son auteur " la haine des chefs des fanatiques connus sous le nom des Seize, il ouvre les yeux des gens sensés sur les droits du roi de Navarre ".

René Benoît, pour éviter leur persécution, se retire dans le camp même de Henri IV, alors monté sur le trône, et par ses conversations et ses soins contribue beaucoup à la conversion du monarque. La même année, il publie une " Histoire des saints ".

En 1587, Henri III reconnaît en René Benoît un sujet fidèle et zélé. Il le fait premier lecteur et professeur royal en théologie.

Le 14 juillet 1593, Benoît rencontre le roi à Saint-Denis, et le 23 et le 25, Henri IV s’engage à embrasser le catholicisme. Le 25 juillet, dans l’église Saint-Denis, il abjure le protestantisme.

Par lettres datées de Fontainebleau du 29 septembre 1593, Henri IV, roi de Navarre, roi de France, nomme René Benoît LXXXIII° évêque de Troyes, et le prend pour confesseur. Le chapitre refuse sa nomination à la tête du diocèse. L’évêque tient à Troyes un synode en 1594, et en 1602. Le roi confirme les nominations de Benoît, concernant les grands-vicaires.

Benoît prend la qualité de grand aumônier, prédicateur et confesseur du roi Henri IV, évêque de Troyes, docteur et lecteur dudit seigneur en la faculté, et curé de Saint-Eustache à Paris.

Les 29 juin et 11 juillet 1593, le duc de Guise avait espéré se rendre à Troyes, et avait donné à la population " les marques de la sympathie la plus affectueuse ". Mais l’abjuration du protestantisme par le roi, est un événement qui ébranle profondément le parti de l’Union. La Ligue perd son autorité et sa puissance, les ressources manquent, les chefs l’abandonnent, la confiance dans les Guise, s’affaiblit chaque jour. Ces derniers sont promptement dominés par le succès de l’unique, du véritable héritier de la couronne, auquel l’histoire a fait une place si élevée parmi nos rois.

En 1594, Benoît publie un " Avertissement à tous Français d’obéir et reconnaître pour leur roi très chrétien Henri IV, à l’imitation de la grande ville, et principalement de la Sorbonne et généralement de toute l’Université de Paris ". Cet ouvrage est imprimé chez Moreau à Troyes et dédié au prince Charles de Bourbon, dont Benoît se dit orateur. En 1604, René Benoît se résigne, avec l’agrément du roi, à céder l’évêché de Troyes à René de Breslay, grand Archidiacre d’Angers.

Il décède le 7 mars 1608, âgé de 87 ans, doyen des curés et de la faculté de théologie, après avoir joui des revenus de l’évêché de Troyes, pendant 11 ans.

 

84e 1604-1641 : René de Breslay

 

René de Breslay est issu d'une famille originaire de la région d'Angers. L'un de ses ancêtres est successivement sénéchal de Chemillé puis bailli de Sablé et finalement juge à Angers. René Breslay nait à Angers en mai 1557. Il est le fils d'Étienne Breslay et de Françoise Hériz. Son éducation est négligée, ce qui est assez étonnant pour un membre d'une famille en pleine ascension sociale et ce qui lui vaudra une « réputation d'ignorant » à Troyes.

Il devient curé, vraisemblablement titulaire, de Bazouges-sur-le-Loir, puis chanoine de la collégiale Saint-Pierre d'Angers en 1574. Sa carrière s'accélère lorsque son frère Pierre meurt en 1583 et qu'il lui succède comme chanoine de la cathédrale d'Angers où il devient grand archidiacre. Il est reçu à Paris par un ami angevin René Benoît, confesseur et intime du roi Henri IV qui tente en vain depuis 1593 de se faire reconnaître comme évêque de Troyes par le Saint-Siège. Lorsqu'il renonce à ses ambitions, il obtient du Roi la désignation de René Breslay en 1605 qui est consacré en septembre par l'évêque d'Angers. Il prend possession par procuration le 20 septembre et en personne le 23 octobre. Avec les mêmes appuis, le nouvel évêque est pourvu en commende de Saint-Serge d'Angers.

Pendant son épiscopat, s'il échoue plusieurs fois à implanter les Jésuites à Troyes, il est à l'origine de l'installation de nombreuses congrégations religieuses : Capucins (1610), Ursulines (1629), Oratoriens (1630), Carmélites (1630), Visitandines (1631) et Lazaristes (1637). En conflit avec son chapitre de chanoines, il décide en 1621 de résigner son siège épiscopal mais son successeur désigné, Jacques Vignier, meurt à l'âge de 22 ans, le 28 mars 1622 à Rome, où il est venu chercher ses bulles pontificales d'investiture. Le roi Louis XIII nomme alors comme nouvel évêque de Troyes son conseiller Nicolas de Mesgrigny, abbé commendataire de l'abbaye de Blasimon au diocèse de Bazas, qui est l'oncle maternel de Jacques Vignier. Le nouvel évêque meurt à son tour à l'âge de 30 ans le 24 janvier 1624 sans avoir été ni confirmé ni consacré. René Breslay est donc contraint de réintégrer son évêché.

En 1636, il obtient la nomination d'un coadjuteur en la personne de François Mallier du Houssay qui est consacré en septembre avec le titre d'évêque titulaire d'Augustopolis-en-Phrygie. Le vieil évêque meurt à Troyes à l'âge de 84 ans le 2 novembre 1641. Il est inhumé dans la chapelle Saint-Sauveur de la cathédrale de Troyes mais un cénotaphe en marbre noir lui est édifié dans la cathédrale Saint-Maurice d'Angers dont il fut le bienfaiteur.

 

   85e 1641-1678 : François Malier du Houssay  

 

Dès l’année 1636, vu l’impuissance où était M. de Breslay d’exercer ses fonctions à cause de son grand âge, il eut pour coadjuteur M. François Malier, fils de Claude, seigneur de Houssay, intendant des finances, et de Marie de Melissent. M. Malier fut d’abord abbé de Saint-Pierre de Melun, ensuite évêque « in partibus », sous le titre d’Auguste « Augustopolitanus ».

Après la mort de René de Breslay, il prit possession de l’évêché de Troyes le 5 avril 1642, sans  beaucoup de cérémonies, ayant prié l’abbesse de N.D. Claude de Choiseul, de l’exempter d’une rentrée solennelle, à cause du décès de sa mère arrivé depuis peu. L’abbesse se rendit à cette supplication, sans tirer à conséquence pour la suite au préjudice de ses droits. Mais il vint en l’abbaye, en présence de quelques témoins, faire le serment ordinaire de garder les droits de ce monastère.

Dès que le nouveau Pontife eut pris en main les rênes du gouvernement de l’église troyenne, il s’appliqua avec zèle à la conduite de son peuple et au maintien de la discipline. Le 3 septembre de l’année suivante, il tint un synode, où il déclara ses intentions et engagea son clergé à le seconder dans ses projets. Il commença par la communauté des chanoines de Saint-Pierre et de Saint-Etienne, à établir des conférences ecclésiastiques, qui furent ensuite tenues dans les doyennés de la campagne. En 1645, il assista à l’assemblée générale du clergé, et, en 1646, au sacre de Gilbert de Choiseul, évêque de Comminges, qui se fit aux Minimes de Paris.

Le nouveau consacré s’y démit des abbayes de Boullancourt, de Chantemerle et Basse-Fontaine, et ne garda que celle de Saint-Martin-ès-Aires de Troyes, où il introduisit les chanoines réguliers de la congrégation de France, dite de Sainte-Geneviève.

François Malier  donna un catéchisme qu’il publia en français pour les paroisses et en latin pour l’usage des collèges et pensions. Le 4 juin, M. Malier tint un synode général dont il fit imprimer les statuts et règlements avec le catalogue des cas réservés et des empêchements de mariage. Le 3 septembre 1652, dans un autre synode, il donna des corrections de son premier.

Il refusa l’installation de Jésuites à Troyes, condamnant la doctrine « de ces casuistes relâchés de cette société », et ces Pères résolurent d’attendre encore pour renouveler leurs entreprises sur la ville de Troyes.

Quoique l’évêque de Troyes fût occupé à la paix appelée du pape Clément IX, à laquelle il contribuait, il ne négligeait pas son diocèse. Il ordonna d’éviter soigneusement tout ce qui pourrait troubler la paix, et défendit, aux peines de droit, d’user des termes d’« Hérétiques, Jansénistes, Molinistes et Novateurs », ou de quelque nom de parti, dans les chaires et ailleurs. C’est sous son pontificat qu’eut lieu le scandale des « faux miracles » (voir ce chapitre).

Cependant, M. Malier avançait en âge et gouvernait toujours l’église de Troyes en vrai pasteur. Mais, le 10 octobre 1678, il tomba dans une léthargie qui, le lendemain, le conduisit au tombeau à l’âge de 75 ans. Le 17, il fut inhumé dans le chœur de la cathédrale, à droite au-dessus de l’aigle, sous une tombe couverte d’airain. Son cœur fut porté au couvent de la Visitation, dans le sanctuaire de l’église où l’on voit son épitaphe.

Ce prélat avait mérité les louanges de Louis XIV. Ce prince dit un jour, en parlant de lui, que « c’était l’exemple et le modèle des évêques tant pour la résidence que pour les autres vertus ».

M. Malier eut pour successeur M. Bouthillier, petit-fils de Claude, surintendant des Finances et fils de Léon, comte de Chavigny et de Buzançois, ministre et secrétaire d’état des affaires étrangères, et d’Anne Phélippeaux, fille de Jean, seigneur de Villesavin. 

                       

86e 1678-1697 : François Bouthillier

 

M. François Bouthillier, petit fils de Claude, surintendant des Finances et fils de Léon, comte de Chavigny et de Buzançois, ministre et secrétaire d’état des affaires étrangères, et d’Anne Phélippeaux, fille de Jean, seigneur de Villefavin.

Dès l’âge de 5 ans, le jeune Bouthillier fut pourvu de l’abbaye de Scellière qu’il a gardée pendant plus de 80 ans, et qui lui assura un revenu confortable. Dans la suite, il fut abbé d’Oigny, prieur de Pont-sur-Seine, de Marnay et de Beaumont en Auge, aumônier du roi, nommé à l’évêché de Rennes (qu’il refuse) et enfin à celui de Troyes.

Notre 86ème  évêque fut sacré à Paris le 9 avril 1679, et, le 18 mai suivant, mis en possession de son diocèse par l’archidiacre de Sens. A l’exemple de son prédécesseur il ne fit pas d’entrée solennelle, « mais il se transporta » seulement à l’abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains où il prêta, entre les mains de l’abbesse, le serment ordinaire de garder les privilèges de ce monastère.

A son avènement, M. Bouthillier crut ne devoir pas négliger les synodes pour maintenir la discipline dans son diocèse. Dès le mois de mai de l’année suivante, il donna un mandement par lequel il indique un synode pour le mardi 4 juin suivant, et donne des règlements généraux pour tous ceux qui se tiendront dans sa suite. Il publia encore une lettre pastorale où il dit que, malgré l’application de ses prédécesseurs à maintenir les saintes règles du diocèse, on ne voit pas encore tout le bien, qu’on pouvait en espérer, et il renouvelle en même temps les anciens statuts, en tout ce qui ne sera pas contraire aux règlements postérieurs. Ce prélat, qui ne laissait  échapper aucune occasion de signaler son zèle, crut qu’une mission était aussi nécessaire pour confirmer la piété des fidèles, que les synodes pour le maintien de la discipline parmi les ecclésiastiques. Il en chargea les Capucins qui se distinguaient alors par la conversion de plusieurs protestants qu’ils ramenèrent dans le sein de l’église. Elle se fit dans les paroisses de Saint-Jean, de Sainte-Madeleine et de Saint-Nizier, où il y avait tous les jours entretiens et conférences utiles pour l’instruction du peuple.

Mgr l’Evêque prêcha dans la cathédrale à cette occasion et bénit la croix qui fut plantée solennellement au Fort-Chevreuse. Cette mission produisit tout l’effet qu’on avait lieu d’attendre, et le prélat vit, avec satisfaction, ses ouailles se porter d’elles-mêmes et avec ardeur à tous les exercices de piété.

Quoique les entreprises des Jésuites sur Troyes eussent toujours été vaines et malheureuses, ils espéraient encore contre toute espérance. Dans cette vue, ils firent prêcher dans l’église de Saint-Etienne le panégyrique de ce saint par un de leurs prédicateurs, qui, en entrant en chaire, parla de la mort de la reine Anne d’Autriche.

Comme Mgr l’évêque ne leur semblait pas favorable, ils s’adressèrent à M. l’intendant de la province. Mais toutes leurs intrigues et toutes leurs démarches furent encore inutiles, les citoyens persévérèrent dans la volonté de ne pas les recevoir.

Parmi tous ces démêlés où Mgr l’évêque ne prenait aucune part, ce prélat conservait son zèle pour le bien de son diocèse. Il confirma les statuts de 1680 contre les « écreignes ou veilleries » qui étaient souvent un sujet de scandale. Pour y remédier, il rendit, le 20 octobre 1686, une ordonnance, qui, tous les ans doit être publiée aux approches et à la fin de l’hiver, et défend, sous peine d’excommunication, aux garçons d’entrer dans ces « veilleries et d’employer la violence à cet effet ». Il y est recommandé aux curés d’envoyer, au commencement du carême, à l’évêché, un mémoire des noms des coupables, avec les circonstances de leur péché et de leur donner pour pénitence d’entendre la messe un dimanche à genoux, un cierge à la main, dans une place distinguée, sous le crucifix ou proche des fonts baptismaux, autant de fois qu’ils encourront l’excommunication.

L’année suivante, il donne une autre ordonnance par laquelle il défend, sous peine d’excommunication encourue par le seul fait, toute entrée dans les monastères sans permission de lui ou de ses vicaires-généraux. Il publia plusieurs statuts parmi lesquels, celui de l’assiduité aux conférences ecclésiastiques pour lesquelles il avait fait des règlements 8 ans auparavant.

Cependant, les Jésuites ne s’endormaient pas sur leur projet d’établissement dans Troyes. Les sollicitations, les démarches, les assurances de l’amour du bien public, rien ne leur coûtait pour parvenir à leurs fins. L’année 1688 les vit se remuer de nouveau et employer tous les moyens qui leur semblèrent les plus propres à obtenir l’effet de leur demande. Mais autant ils montraient d’ardeur pour cette affaire, autant les Troyens témoignaient d’éloignement pour les recevoir dans le sein de leur ville.

A cette même époque, les Jacobins et les Cordeliers scandalisaient les Troyens, lorsqu’ils sortaient de leur couvent pour aller dire la messe dans les paroisses. M. l’évêque y mit bon ordre et leur défendit de se charger d’aucune messe hors de chez eux, leur laissant néanmoins l’espace de 3 mois pour achever ce qu’ils avaient commencé.

Mgr l’évêque avait fait mettre, à Notre-Dame-en-l’Isle, un prêtre qui avait l’esprit aliéné et qu’il avait bien recommandé au prieur. Un jour ce prêtre alla lui demander une cure, mais se voyant refusé, même avec des menaces, il tomba dans un accès de folie, s’en retourna à Notre-Dame-en-l’Isle, où l’on commençait les complies. Là, il monte sur le grand autel, et à coups de pieds renverse le tabernacle et les reliques des saints. Il est arrêté, et, par l’ordre de l’official, conduit à la Santé, où on lui met les fers aux pieds. Quatre jours après, les religieux, accompagnés de ceux de Saint-Martin-ès-Aires firent une procession pour réparer ce sacrilège.

En 1694, les Oratoriens firent soutenir une thèse qui fut mal interprétée par leurs ennemis. Ceux-ci firent « courir une feuille volante anonyme intitulée Le Luthéranisme renaissant ». Il y avait sur une colonne les sentiments de Luther sur l’autorité du pape, et sur l’autre les propositions de la thèse, afin de montrer, par cet artifice, la conformité de la doctrine des Oratoriens avec celle de cet hérésiarque. Mgr l’évêque en fut informé, mais l’affaire n’eut pas de suite, et le prélat vit bien que cette accusation avait été faite par un esprit de vengeance et de jalousie. On travaillait alors à imposer une capitation (impôt) sur les ecclésiastiques. Le diocèse de Troyes fut imposé à 45.000 livres, mais on prétend que la proportion ne fut pas exactement observée, ce qui amena quelques plaintes qui ne furent pas beaucoup écoutées.

En 1697, Mgr Bouthillier, qui résidait plus souvent à Paris qu’à Troyes, annonça à son chapitre que, s’étant plusieurs fois trouvé mal en officiant, il s’était déterminé à se démettre de son évêché, et que le roi qui avait agréé sa démission, y avait nommé son neveu. En fait, c’était dans l’espoir d’entrer au ministère. Il revint à Troyes, et résolut de vivre dans une retraite absolue, d’abord au Grand-Séminaire, puis il choisit la maison des Chartreux de Croncels, où il se fit bâtir un appartement.

Il alla encore de temps en temps à la cour, surtout en 1713, où le roi le reçut « avec distinction ». L’année suivante, il travailla avec les cardinaux d’Etrées et de Polignac, à l’accommodement du cardinal de Noailles avec la cour de Rome, au sujet des disputes sur la bulle « Unigenitus » du pape Clépent XI, pour dénoncer le jansénisme.

Après la mort du roi Louis XIV il est appelé au Conseil de Régence par Philippe d'Orléans en septembre 1715.

Il se fixa de nouveau à Paris où il mourut le 15 novembre 1731, âgé de 90 ans.

 

 

  87e 1697-1718 : D.F. Bouthillier de Chavigny, neveu du précédent  



Le neveu de Mgr François Bouthillier qui lui succéda, était le fils d’Armand-Léon Bouthillier, comte de Chavigny, seigneur de Pont-sur-Seine, maître des Requêtes, puis conseiller au Parlement et d’Elisabeth Bossuet.

Appelé tout d’abord « l’abbé de Chavigny », Docteur de Sorbonne, vicaire général de son oncle, et archidiacre de Sézanne, abbé de Basse-Fontaine, de Saint-Loup de Troyes, d’Oigny et de Vauluisant, prieur de Marnay, il fut proposé à Rome dans un consistoire par le cardinal Bouillon, et obtint ses bulles le 10 mars 1697. Pour implorer le secours de Dieu à son entrée dans l’épiscopat, il chargea M. Vinot, doyen de la cathédrale et son grand-vicaire, de publier un mandement par lequel il donnerait avis que le jour de son sacre était fixé au 20 avril 1697, et d’inviter tous les diocésains à prier Dieu qu’il lui donnât toutes les grâces nécessaires pour bien gouverner son diocèse. Au commencement de l’année suivante, il prit possession par son procureur à cet effet, M. de Chavaudon, chanoine, archidiacre d’Arcis et abbé de Notre-Dame de Mores (abbaye de Celles-sur-Ource), assisté des doyens de Saint-Etienne et Saint-Urbain. Après avoir reçu la députation du chapitre à Pont-sur-Seine, le nouvel évêque vint à Troyes, où il ne fit pas d’entrée solennelle comme anciennement, mais il se contenta de prêter son serment entre les mains de Mlle d’Estampes, grande prieure, l’abbesse désignée n’ayant pas encore ses bulles. Lorsque le nouveau prélat vint se faire installer à la cathédrale, il y eut beaucoup de difficultés entre le chapitre et Mgr Imbert, archidiacre de Sens, à qui appartenait, en cette qualité, le droit d’installer les évêques de la province. Cet archidiacre voyant « qu’on lui faisait violence » se retira, et le doyen fit lui-même la cérémonie. Le lendemain on s’attendait à un procès, mais on remit le différend aux jugements de deux avocats qui décidèrent que le droit de l’archidiacre de Sens était incontestable. L’affaire n’eut pas plus de suite, et la délibération des avocats termina toutes les difficultés.

Le 4 décembre, Mgr de Chavigny envoya à tous les ecclésiastiques de son diocèse une « lettre pastorale pour confirmer les statuts de son oncle et ordonner en particulier l’exécution de quelques-uns des plus importants. Au mois de mars suivant, il bénit à la Visitation le nouvel abbé de la Piété en présence de son oncle et des abbés prieurs de l’ordre de Citeaux.

Le livre des « maximes des saints » de Mgr de Fénelon, archevêque de Cambrai, venant d’être condamné, Mgr l’évêque de Troyes reconnut dans la constitution du Pape la voix du chef de l’église, en vertu des lettres patentes du roi, il donna un mandement d’adhésion qui fut publié dans toutes les églises du diocèse, afin d’empêcher la lecture de ce livre.

On parlait alors de réunir à l’évêché le prieuré de Notre-Dame-en-l’Isle, possédé par les chanoines réguliers du Val des Ecoliers. Ce changement parut aux Jésuites une occasion favorable pour reprendre le projet de leur établissement dans Troyes, en faisant aux habitants des propositions avantageuses. Ils se présentèrent au conseil pour en obtenir des lettres, mais on leur demanda la requête des habitants à cet effet, et n’ayant pas pu la montrer, ils furent déboutés de leur demande, et le prieuré fut réuni à la manse épiscopale pour en augmenter les revenus.

Mgr de Chevigny fut député à l’assemblée générale du clergé pour aller haranguer la reine d’Angleterre à qui Louis XIV avait donné un asile à Saint-Germain-en-Laye.

Pendant son absence et celle de son oncle, le plus fâcheux événement jeta les Troyens dans la consternation. La nuit du 7 au 8 octobre, le tonnerre tomba sur la cathédrale, dont il brûla le clocher et où il fit les plus grands ravages. On envoya à Pont-sur-Seine où étaient les deux prélats, un messager pour leur annoncer cette fatale nouvelle. A la vue du désastre, M. de Chevigny ordonna des prières publiques pour remercier Dieu de ce qu’il avait préservé l’Église. Il alla lui-même avec des députés du chapitre se présenter au roi pour obtenir des secours que le prince accorda à sa recommandation.

Les contestations sur le Jansénisme s’étaient renouvelées, et le pape Clément XI, venait de donner la bulle « Vineam Domini Sabaoth », qui fut envoyée en France. Le roi la remit à l’assemblée du clergé qui y reconnut la doctrine que le clergé de France avait toujours suivie. Sa Majesté exhorta les évêques à la faire exécuter dans tous les diocèses, et Mgr de Chavigny la fit publier à Troyes par un mandement daté du 2 novembre. Il donna cette même année, un catéchisme pour remplacer celui de Mgr Malier dont les exemplaires étaient rares et le langage suranné. Ce fut celui le plus à la portée des enfants.

Mgr de Chavigny convoqua un synode pour le 18 mai. Il établit des assemblées de doyenné appelées « calendes », pour lesquelles il donna un règlement, et qui se tinrent pour la première fois le 3 mai 1707, au séminaire. Il supprima quelques fêtes chômées à l’imitation de son oncle qui en avait déjà retranché quelques-unes en 1688. Le 3 mai 1707, à la fin de la « calendes », Mgr de Chavigny fit sortir tous les ecclésiastiques, à l’exception des curés. Il fit à quelques-uns des reproches sanglants sur leur conduite, il en condamna même au séminaire les uns pour 8 jours, les autres pour 1 mois, d’autres pour 3 ou 6 mois, ce qui le fit blâmer dans Troyes, où il fut accusé d’indiscrétion.

L’abbé de Saint-Loup, simple tonsuré, âgé de plus de 80 ans, voulut se démettre de son abbaye. Mgr de Chavigny pensa à se la procurer et même à la faire unir à l’évêché. Le roi l’y nomma le jour de l’assomption.

Notre évêque fut consulté sur un événement extraordinaire. Une muraille du couvent de Foissy étant tombée, les religieuses profitèrent de cette occasion pour se « procurer de la société ». On vint les voir en foule, on entra librement partout, on chanta des chansons peu décentes, on proféra toutes sortes de «  paroles sales », de sorte qu’une religieuse voulant y mettre de l’ordre, reçut un soufflet pour récompense de son zèle. On demanda à Mgr de Chavigny si les coupables étaient excommuniés. Il répondit que cela n’était marqué dans aucun statut, mais que néanmoins, il fallait leur imposer une forte pénitence.

En 1711, il prit possession du prieuré de Notre-Dame-en-l’Isle, uni à l’évêché.

Le pape Clément XI venait de donner en 1713 la bulle « Unigenitus » contre le livre du P. Quesnel et les Jansénistes. Le clergé de France s’assembla pour en décider l’acceptation. Mgr de Chavigny fut un des acceptants, et sa signature se trouve parmi celles des 40 évêques, en 1714. Son oncle parut le blâmer d’avoir signé, mais il donna pour toute réponse qu’il y avait 39 évêques à l’assemblée, et que lui faisait le quarantième.

M. l’ancien évêque, son oncle, devenu conseiller de la régence à la mort de Louis XIV, chercha l’occasion de faire passer son neveu à un siège plus considérable. Elle se présenta peu de temps après. Mgr Fortin de la Hoguette mourut le 28 novembre et laissa vacant le siège archiépiscopal de Sens. A la supplication de Mgr Bouthillier, le régent y nomma Mgr de Chevigny, et pour l’évêché de Troyes, M. de la Croix de Castries, grand archidiacre de Narbonne, premier aumônier de la duchesse de Berry et d’une des plus illustres familles du royaume, qui n’accepta pas. « On jeta alors les yeux » sur M. Bossuet, cousin germain de Mgr de Chavigny, neveu du grand Bossuet et archidiacre de Meaux. MM. de Bouthillier et de Chavigny se rendirent ses protecteurs, et le firent nommer à l’évêché de Troyes. Un nouveau bréviaire fut imprimé en août 1717.

Mgr de Chavigny reçut ses bulles pour l’archevêché de Sens. Il écrivit de Pont-sur-Seine, au chapitre de Troyes, qu’il remettait entre les mains des chanoines le « dépôt que la providence lui avait confié, et qu’ainsi, ils devenaient chargés du gouvernement du diocèse ». Il témoigna dans sa lettre « qu’il se séparait, avec beaucoup de peine, d’une église qu’il révérait infiniment… ».

Mgr de Chavigny mourut à Sens le 9 novembre 1730, âgé de 65 ans.

                               

88e 1718-1742 : Jacques-Bénigne Bossuet,  neveu et filleul du grand Bossuet évêque  de

                            Meaux.       

              

La vacance du siège de D.F. Bouthillier de Chavigny, ne fut pas de longue durée. Les bulles de M. Jacques-Bénigne Bossuet (cousin germain de son prédécesseur) qui avaient été retardées à cause des affaires de la constitution, furent expédiées le 27 juin 1718.

Dès qu’il les eut reçues, il les adressa au chapitre de Troyes avec une procuration à M. le Fèvre, archidiacre et grand-vicaire pour la prise de possession, et une lettre par laquelle il avertit que son sacre était fixé au 31 juillet. Cette cérémonie se fit dans la grande chapelle de l’archevêché de Paris, par le cardinal de Noailles, assisté des évêques d’Auxerre et d’Avranches.

Le nouvel évêque de Troyes était le fils de Louis Bossuet, maître des requêtes, neveu et filleul du grand Bossuet, évêque de Meaux. Il fut élevé sous les yeux de son oncle qui l’envoya à Rome (Jacques-Bénigne était conseiller du roi) pour y suivre la condamnation du Quiétisme (doctrine mystique), obtint pour lui l’abbaye de Saint-Lucien de Beauvais, et le fit chanoine, archidiacre de Meaux et son grand-vicaire.

La réputation que M. Bossuet s’était acquise et le nom qu’il portait « le firent désirer dans Troyes ». Les citoyens allèrent au-devant de lui et l’amenèrent dans la ville comme en triomphe.

Le jour de son installation, le 11 novembre, il se transporta à l’abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains, où l’attendaient des notaires et autres témoins pour recevoir son serment. Le prélat étonné demanda ce que signifiait cet appareil, mais ayant appris qu’on se disposait à recevoir son serment comme avaient fait ses prédécesseurs, il dit d’un ton grave et sérieux aux abbesse et religieuses : « Je suis votre supérieur. En cette qualité, il ne me convient pas de faire de tels serments, je ne sais ce que c’est que vos privilèges. Je souhaite les voir et m’instruire avant que de rien faire. Je viens pour vous témoigner l’affection que je vous porte et l’estime que j’ai pour vous, je m’en vais entendre la messe, et après je vous donnerai ma bénédiction ». Après la messe, M. l’évêque se disposa à donner la bénédiction. Mais, comme il n’avait pas voulu prêter le serment accoutumé, les religieuses fermèrent leur grille et se retirèrent.

Le même jour, après-midi, on procéda à l’installation. L’abbesse de Notre-Dame protesta pour conserver ses droits, mais ses protestations  n’empêchèrent pas de continuer. Le prélat fut mis en possession personnellement par MM. François Comparot, doyen, et Louis-Guillaume de Chavaudon, grand archidiacre, et installé par le célerier (titre dans certain monastère) de l’église de Sens, fondé de procuration du grand-archidiacre de cette métropole à qui ce droit appartient.

Après toutes ces cérémonies d’usage, M. Bossuet « s’appliqua tout entier à la conduite de son troupeau ». Il commença par soutenir les conférences ecclésiastiques, puis il entreprit les visites du diocèse. Ce pontife regarda la jeunesse « comme la portion la plus précieuse dont il devait tirer un jour de pieux ecclésiastiques ». Il fit faire par les Oratoriens du collège une mission en faveur des écoliers et des jeunes enfants de Troyes. Le petit séminaire mérita toute son attention. Il donna une lettre pastorale et ordonnance touchant l’éducation des  jeunes gens qui s’y destinent à l’état ecclésiastique, et promis une faveur spéciale envers ceux qui y seraient élevés. Enfin, il donna un règlement pour les conférences des clercs qu’il établit dans son diocèse, et qui tinrent le petit séminaire. Il rendit une ordonnance pour faire garder la clôture dans tous les couvents, dont quelques religieuses sortaient au mépris de toutes les défenses.

Il réunit un synode en juin 1719, dont les statuts furent publiés aux prônes des paroisses et affichés aux églises et aux carrefours des rues, ce qui ne s’était jamais fait.

Il faisait de temps en temps des visites en différentes églises. Dans celle qu’il fit à la Madeleine, il proposa d’ériger cette paroisse en cure, comme il avait fait à Saint-Pantaléon et à Saint-Nicolas. Mais il rencontra trop d’oppositions, et cette église demeura succursale de Saint-Remi.

M. Bossuet se distingua d’une manière particulière dans l’assemblée générale du clergé de France de 1725. Les évêques voulaient faire dresser, en faveur de la bulle « Unigenitus », un formulaire que l’on ferait signer par tous les ecclésiastiques du royaume, sous peine de privation de leurs bénéfices. Indigné d’une telle proposition, M. Bossuet s’y opposa de toutes ses forces et montra une telle résistance, que ce formulaire projeté n’eut pas lieu, et que la hardiesse de cette action lui mérita l’estime de la capitale et de la province. A son retour à Troyes, il en fut complimenté par le chapitre de la cathédrale qui lui dit que « le diocèse et tout le clergé de France lui avaient fait obligation de ce qu’il avait fait à l’assemblée générale ».

Il travailla beaucoup à rassembler les manuscrits des ouvrages du grand Bossuet, son oncle, pour les donner au public : « La politique tirée des propres paroles de l’écriture », « Les élévations à Dieu sur tous les mystères de la religion chrétienne ». Quoique ce dernier ouvrage, eût été reçu du public avec empressement, les Jésuites entreprirent de le dénigrer. Notre prélat se pourvut en justice contre eux, et la cour rendit un arrêt en sa faveur, contre les Jésuites qui furent obligés d’avouer leur défaite. Des journalistes voulurent imiter les Jésuites, contre le livre des « Méditations sur l’Evangile » qui parut en 1711. Les journalistes furent obligés de se taire, et ces ouvrages restèrent au grand Bossuet et ont été applaudis par tous ceux qui se connaissent en matière de doctrine.

En 1730, M. de Tourouvre, évêque de Rodez, ayant abandonné la supériorité des religieuses bénédictines du Calvaire, madame de Coëtquen, supérieure générale, choisit pour le remplacer M. l’évêque de Troyes, dont elle connaissait les sentiments. M. Colbert, évêque de Montpellier, l’un des supérieurs de cette maison, en félicita la supérieure et en écrivit une lettre de congratulations à notre évêque.

M. Bossuet continua de publier les œuvres posthumes de son oncle : « Traités du libre arbitre et de la concupiscence », « De l’amour de Dieu dans le sacrement de pénitence »…   Il composa un nouveau missel imprimé en 1733.

M. Bossuet âgé, accablé par le poids des années et par le nombre de ses infirmités, se résolut à quitter son évêché et l’annonça à ses diocésains le 3 avril 1742. Monsieur Matthias Poncet de la Rivière, neveu de M. Poncet évêque d’Angers et grand vicaire de Seez, fut nommé pour successeur de M. Bossuet.

Jacques-Bénigne Bossuet décéda à Paris le 12 juillet 1743. Il était âgé de 82 ans et fut inhumé aux Feuillants, sépulture de sa famille. Un service solennel eut lieu à la cathédrale de Troyes, « avec un grand concours de tous les corps et états de la ville ». Les curés, dans l’annonce de leurs services, « firent l’éloge du prélat et rendirent à sa mémoire ce qui lui était dû ». 

 

89e 1742-1758 : Matthias Poncet de la Rivière

 

Mathias Poncet de La Rivière est le fils de Pierre Poncet (1666-1728), président au parlement de Paris, comte d'Ablis, et de Jeanne Severt. Par sa mère, il est le neveu d'Elisabeth Christine Severt, épouse de Pomponne Mirey, et du conseiller au Parlement Jean Jacques Severt, un des rapporteurs du procès du régicide Damiens et homme « fort attaché à la société des cy-devant soi-disant jésuites ». Par son père, il est le neveu de Michel Poncet de La Rivière, évêque d'Angers.

Destiné à l'Église, il est accueilli comme chanoine d'Angers par son oncle paternel qui veille à son éducation. Il est pourvu en commende dès 1730 de l'abbaye Saint-Junien de Nouaillé-Maupertuis dans le diocèse de Poitiers. Il devient vicaire général de l'évêché de Séez pendant l'épiscopat de Jacques Lallement.

Il est désigné pour l'évêché de Troyes en 1742. Il est confirmé le 29 juillet et est consacré en septembre suivant par l'archevêque de Sens Jean-Joseph Languet de Gergy. En 1745 il obtient la commende de l'abbaye de Montebourg. L'administration de son diocèse est particulièrement conflictuelle. « Petit prélat constitutionnaire » selon l'expression du marquis d'Argenson, il s'emploie à faire respecter la bulle Unigenitus. Il a de ce fait de nombreux démêlés avec les Appelants, le chapitre de chanoines, les curés, les magistrats et le parlement de Paris qui soutiennent les jansénistes locaux. Son intransigeance pousse le roi à l'exiler à Méry-sur-Seine en 1755 puis à Murbach en 1756 où il devient l'aumônier de Stanislas Leszczynski, duc de Lorraine. Rentré dans son évêché en 1757, il décline l'offre d'un transfert à l'évêché d'Aire pour reprendre la résistance à ses opposants. Mais le roi Louis XV le pousse à se démettre le 28 février 1758.

Il devient alors le dernier abbé de l'abbaye Saint-Bénigne de Dijon jusqu'à ce que la mense abbatiale soit rattachée à celle de l'évêché de Dijon en 1775. Il meurt en 1780 à Paris où il résidait en fait.

Il s'est fait remarquer par ses prêches et ses oraisons funèbres qui seront publiées en 1804 particulièrement celles de Marie-Thérèse d'Espagne (1746), Catherine Opalinska (1747), Anne-Henriette de France (1752), Louise-Elisabeth de France duchesse de Parme (1760) et Elisabeth Farnèse reine d'Espagne (1766). Il prononce également un sermon lors de la prise d'habit de Louise-Marie de France chez les carmélites le 10 septembre 1770.

 

90° 1758-1761: Jean-Baptiste-Marie Champion

 



Il naît le 10 février 1725 à Rennes, dans la paroisse de Saint-Aubin. Fait ses études à Paris, obtenant un doctorat en théologie.

Le cardinal Frédéric-Jérôme de La Rochefoucauld, évêque de Bourges, le choisit comme vicaire général.

À peine âgé de 21 ans, il est nommé le 24 mars 1746 abbé commendataire de l'abbaye de Landévennec, qu'il est le dernier à posséder en commende.

Le 2 février 1758 il est sélectionné pour devenir évêque de Troyes.

Confirmé le 2 août suivant, il est ordonné le 3 septembre 1758, étant sacré à Rome en cette qualité par le pape Clément XIII.

Il occupe ce siège de 1758 à 1761, le résignant le 14 février 1761 à la suite de sa sélection pour le siège d'Auxerre.

 

 

Période de la Révolution française

 

 

91° 1761-1790 : Claude-Mathias-Joseph de Barral



Claude-Mathias-Joseph de Barral est l'un des quatorze enfants de Joseph de Barral, Marquis de la Bâtie d'Arvillard, Maître de Forges et Seigneur d'Allevard, Président à mortier du Parlement de Grenoble et de Marie Françoise Blondel. Il est le frère cadet de Jean-Sébastien de Barral.

Destiné comme son frère à l'Église, il effectue une longue carrière ecclésiastique. Vicaire-général de l'archevêque d'Embrun il est aumônier du roi. De 1739 à 1773, il est prieur commandataire du prieuré de Vif. Lorsque son frère Jean-Sébastien de Barral est nommé évêque de Castres en 1752 il lui succède comme 60e et dernier abbé commendataire de Saint-Géraud d'Aurillac et comme dernier Prieur également commendataire de Notre-Dame de Montdidier et du prieuré de Saint-Pierre d'Allevard.

Il est nommé évêque de Troyes le 8 janvier, confirmé le 16 février et sacré par l'archevêque de Sens Paul d'Albert de Luynes le 29 mars 1761. Le 22 décembre 1790 il résigne son évêché en faveur de son neveu et coadjuteur depuis 1788 Louis-Mathias de Barral qui refuse de prêter le serment à la Constitution civile du clergé et se démet en 1791. Lorsque ce dernier devient après le Concordat, évêque de Meaux il le suit dans cette ville où il meurt sénile à l'âge de 88 ans.

Franc-maçon, Louis, Mathias de Barral fut initié à la loge « La Concorde de Sens » le 25 octobre 1777 et fut aussi membre du « Rite Ecossais Rectifié ». Il activa dans la loge « La Bienfaisance et l’Egalité » de Grenoble dont son frère Joseph, Marie de Barral, marquis de Montferrat était dignitaire.

Claude-Joseph-Mathias de Barral décède le 31 janvier 1803. Taine nous apprend que ce très mondain évêque de Troyes, possédait « la plus belle batterie de cuisine du royaume ».

 

 92° 1790-1801 : Son neveu Louis-Mathias de Barral



Ayant refusé de prêter le serment à la nouvelle constitution civile du clergé (1791), émigre en Suisse le 22 décembre 1790, puis en Angleterre.

Il démissionne le 5 octobre 1801.

Né à Grenoble le 20 avril 1746, il appartenait à une vieille famille de maîtres de forges d'Allevard et de magistrats dauphinois.

Il fut initié à la loge La Concorde de Sens le 25 octobre 1777 et fut, aussi, dès 1781, membre du Rite Écossais Rectifié - il activa dans la loge La Bienfaisance et l'Égalité de Grenoble dont son frère, Joseph Marie de Barral, marquis de Montferrat, était dignitaire. (voir Dictionnaire de la Franc-maçonnerie sous la direction de Daniel Ligou, PUF, 2005).

Il entra dans les ordres et dut autant à son mérite qu'aux relations de sa puissante famille l'avancement rapide qu'il y obtint. Attaché au cardinal de Luynes, il le suivit à Rome et à son retour devient en 1785 agent général du clergé. En 1787, il est « prieur commendataire du prieuré simple et régulier Saint Jean Baptiste de Mougon, diocèse de Poitiers », tout en résidant à Paris, « rue de Seine, hôtel de Mirabeau, paroisse Saint Sulpice ».

Son oncle, Claude-Mathias-Joseph de Barral, le très mondain évêque de Troyes, dont Taine nous apprend qu'il possédait « la plus belle batterie de cuisine du royaume », l'ayant appelé près de lui comme coadjuteur, lui céda le 5 octobre 1788 son siège épiscopal.

Ayant refusé de prêter le serment à la nouvelle constitution civile du clergé (1791), il émigra en Suisse puis en Angleterre.

Il rentra après le coup d'État du 18 brumaire an VIII, en prêtant serment au gouvernement consulaire, en engageant les prêtres de son diocèse à en faire autant, et en se démettant spontanément de son évêché pour faciliter le Concordat de 1801. À l'origine de ce ralliement figure sans doute l'alliance de son frère aîné, André Horace François de Barral de Rochechinard avec Anne-Amédée de Beauharnais, fille de Fanny de Beauharnais et cousine par alliance de la future impératrice.

Le Premier consul lui confia aussitôt une mission de confiance et de conciliation avec les tenants de la « petite église » dans le diocèse de Poitiers, et, après son succès, le nomma en 1802 évêque de Meaux, puis à l'institution de l'Empire, aumônier de la princesse Murat, et enfin archevêque de Tours entre 1805 et 1815. À cette époque, ses démêlés avec le préfet-baron de Pommereul sont restés fameux.

 

Napoléon le chargea de toutes ses délicates négociations avec le pape : il s'en acquitta si bien que l'empereur le fit entrer le 20 mai 1806 au Sénat conservateur. Il le créa comte de l'Empire le 11 août 1808, et lui donna le 3 avril 1813 la grand-croix de l'ordre de la Réunion.

L'archevêque de Tours ne se crut pas délié, par la chute de Napoléon, de ses serments et de la reconnaissance. Il prononça l'oraison funèbre de sa cousine, l'impératrice Joséphine, et Louis XVIII, appréciant cet acte de fidélité si rare surtout à cette époque, l'en récompensa en le nommant deux jours après pair de France.

Le 2 juin 1815, il fut maintenu par l'empereur à la Chambre des pairs pendant les Cent-Jours. Le même jour, il officia pontificalement à la messe du Champ-de-Mai : il refusa toutefois de signer l'Acte additionnel aux Constitutions de l'Empire.

 

Au retour de Gand, il fut « déclaré démissionnaire » (ou plutôt révoqué par l'ordonnance du 24 juillet 1815), au moment où il donnait lui-même sa démission, par probité politique. Il rédigea un mémoire justificatif de sa conduite, et mourut un an après d'une attaque d'apoplexie à Paris le 6 juin 1816.

 

Plusieurs ouvrages relatifs à l'histoire ecclésiastique, et à des questions de polémique religieuse dont : Défense des libertés de l'église gallicane, 1817.

 

93° 1791-1793 : Augustin Sibille, évêque constitutionnel

(L'évêque constitutionnel est considéré comme schismatique par le Saint-Siège).     

 

Le décret du 2 novembre 1789, en mettant « à la disposition de la nation » les biens ecclésiastiques, portait au diocèse de Troyes un coup très sensible.

Parti de Troyes dès le 11 mars 1792, Mgr Louis-Mathias de Barral, précise dans une lettre aux membres du corps électoral que « jusqu’au moment d’une heureuse conciliation entre le sacerdoce et l’empire, il restait toujours le seul légitime évêque ».

Avant qu’il soit procédé au vote, pour son remplacement, Sibille invite à désigner Mgr de Barral « ce sensible et bienfaisant prélat, leur légitime pasteur ». La légitimité du titre de Mgr de Barral est donc reconnue par celui qu’on va lui donner comme successeur. Cette confirmation de son droit, Mgr de Barral la renouvelle à Nangis, le 23 avril 1791, dans une « Lettre de M. l’Evêque de Troyes à M. Sibille se disant évêque du département de l’Aube », où il rappelle la déclaration faite par celui-ci qu’il était « le légitime pasteur de l’Eglise de Troyes », qu’il l’est encore et ne donnera sa démission que « quand l’Eglise la lui demandera », ce qui n’advint que le 5 octobre 1801. Le 8 juin 1791, de Trèves, il adresse à ses diocésains les lettres de Pie VI qui condamnent le serment constitutionnel. D’autre part, il reste en relation, par correspondance, avec prêtres et fidèles de l’Aube.

Le siège épiscopal ayant donc été déclaré vacant, le 12 mars 1791, par le président du département, en raison du refus de Mgr de Barral de prêter serment, le corps électoral du département formé de 348 électeurs (soit 1/100 des citoyens actifs) se réunit à la cathédrale, le 20 mars. Dans le cadre de cette belle église, cette cérémonie d’un genre nouveau ne manque pas d’allure, présidée par un grand seigneur, Athanase-Louis-Marie de Loménie, comte de Brienne, l’assemblée composée de gens d’opinions très diverses, ayant à choisir entre 2 concurrents : l’un modeste, presque effacé, qui n’a pas fait acte de candidature, l’autre intrigant qui a manœuvré de toutes manières. Cette assemblée paraît, pour le moins, un peu déconcertée. Surprise ou timidité, elle hésite entre les 2 candidats qu’on lui propose. Le premier scrutin n’ayant pas été concluant, le lendemain, les électeurs, par 243 voix sur 334 votants, désignent le curé de Saint-Pantaléon (1751-1791), Augustin Sibille, comme évêque du département.

Le nouvel élu est un troyen. Son concurrent, Jean-Baptiste Blampoix, curé de Vendeuvre, est un étranger, né à Mâcon, qui n’est agrégé au diocèse que depuis 21 ans, intelligent, mais de moralité moins évidente.

Curé de Saint-Pantaléon depuis 40 ans, Sibille avait réputation d’homme doux et bienfaisant et « tout indique que ses mœurs étaient à l’abri du soupçon, mais d’une intelligence médiocre, faible de volonté… un de ces hommes qui n’ont pas de vie personnelle et suivent tranquillement le courant de leur temps ». L’épiscopat de Sibille va justifier ce jugement. Il sera l’homme qui laisse faire.

Sacré le 3 avril par Gobel, l’évêque constitutionnel de Paris, et installé le 17, il compose son conseil, formé de 9 vicaires épiscopaux et des supérieur et directeurs du Grand Séminaire. On y rencontre à côté de révolutionnaires déterminés, des assermentés réticents. Il en sera de même pour les paroisses de la ville et du diocèse lorsque, dès la fin de 1791, des conflits éclatent entre les curés assermentés et les prêtres réfractaires qui font valoir le droit que leur a donné le décret du 7 mai de célébrer la messe dans les oratoires : Sibille s’abstient de prendre parti et s’en remet aux marguilliers des paroisses.

 

Le rôle essentiel de Sibille paraît être de figurer aux cérémonies patriotiques, fût-ce même de célébrer la messe, place Saint-Pierre, sur un autel où le buste de Mirabeau brûle de l’encens, de bénir des drapeaux, de présider dans les jardins de l’évêché un repas civique offert par la Société des Amis de la Constitution aux soldats indisciplinés d’un régiment, ou de recevoir à dîner les commissaires de la Convention.

Il ne dira pas un mot, ne fera pas un geste pour protester contre les mesures anti chrétiennes de la Législative, toujours passif  devant les désirs du pouvoir, il déposera sur le bureau du comité révolutionnaire ses lettres de prêtrise, le 17 novembre 1793. Ce geste constituait une apostasie et une renonciation à sa fonction épiscopale. S’en rend-il compte ?

Il ne semble pas. D’ailleurs, il n’a même plus l’usage de l’évêché, signe extérieur de sa fonction. On le lui a retiré en juillet 1792, pour en faire un hôpital militaire, un lieu de détention et un casernement. Alors il renonce à tout exercice du culte, se confine dans un silence qui est plus que de l’apathie : une lâcheté.

De cette apathie il ne s’éveille un moment qu’en 1797 pour solliciter de rentrer en possession de la cathédrale que les lois conciliantes de 1795 ont rendue aussi bien aux catholiques qu’aux autres cultes, ce qui lui est concédé sous d’humiliantes conditions d’horaire et de jours et ce commentaire brutal que ce n’était pas au « soit disant évêque du diocèse » que cette faculté était accordée, mais à titre d’ecclésiastique comme les autres.

Ce revirement ne lui ouvre pas les yeux, ne provoque aucune réaction généreuse. Jusqu’au bout il reste l’homme qui laisse faire, car rien n’indique qu’il ait reconnu son erreur avant de mourir.

Les directeurs lazaristes du Grand-Séminaire ne purent affirmer longtemps leur fidélité. Dès le 7 juin, Sibille obtient du directoire du district leur renvoi et les remplace par trois assermentés.

La suppression des registres paroissiaux de baptêmes, mariages et enterrements, la disjonction du contrat matrimonial et de la bénédiction nuptiale provoquèrent de nombreuses résistances. Sibille, de plus en plus embarrassé de son rôle, avait écrit à certains prêtres : « N’ayez plus de registres… Ne publiez plus de bans… Je m’en rapporte à votre prudence ».

Le 24 novembre 1793, le commissaire Rousselin (voir ce chapitre) avait décrété que « les maisons nationales, reconnues précédemment sous le  nom d’églises, seraient fermées ». L’évêque Sibille et ses vicaires  épiscopaux accueillent cette décision, comme les précédentes, avec une docilité que l’on ne réussit pas à expliquer.

Après la mort de Robespierre (27 juillet 1794), la loi du 21 février 1795 sur la liberté des cultes, puis le décret de réouverture des églises le 30 mai, semblent avoir mis fin aux luttes. D’ailleurs, le nouveau serment dit de Liberté-Egalité qui est exigé en mai 1795 est prêté par Sibille et avec lui, par la plupart des prêtres constitutionnels.

Jusqu’au bout Sibille reste l’homme qui laisse faire, car rien n’indique qu’il ait reconnu son erreur avant de mourir le 11 février 1798, dans la maison qu’il possédait rue de la Clef-de-Bois (rue François Gentil), sur le territoire de son ancienne paroisse de Saint-Pantaléon.

Jean-Baptiste Blampoix, curé de Vendeuvre (1798-1801)) est désigné comme successeur par 6 voix contre 4 à Nicolas Bluget curé des Riceys. Il est sacré à paris le 4 novembre 1798. Il décède réconcilié le 18 juin 1820.

Le premier évêque du nouveau diocèse sera Mg Marc-Antoine de Noé qui, dans ses mandements ne s’intitulera qu’« Evêque de Troyes » conformément aux textes pontificaux.     

 

94e 1798-1801 : Jean-Baptiste Blampoix, évêque constitutionnel

 

Jean-Baptiste Blampoix est né à Mâcon. Après ses études il devient professeur de philosophie au collège de la cité. En 1772 il devient curé de Longpré-le-Sec dans le diocèse de Langres puis de Vendeuvre-sur-Barse près de Troyes mais dépendant du même diocèse. En 1789 il est l'un des membres de la commission chargée d'établir le cahier de doléance de Bar-sur-Aube. L'année suivante il est membre de l'administration du district, il prête le serment à la Constitution civile du clergé et reste curé constitutionnel de sa paroisse. En 1793 il cesse d'exercer de facto son ministère jusqu'en 1795.

Après la mort d'Augustin Sibille, dans l'impossibilité de rassembler un collège de prêtres suffisant pour procéder à une nouvelle élection, le métropolitain Jean-Baptiste Royer le nomme évêque constitutionnel du département de l'Aube et le sacre à Paris le 4 novembre 1798. Il prend possession de son diocèse le 4 janvier 1799 mais ne peut s'installer à Troyes et demeure dans son église paroissiale de Vendeuvre-sur-Barse. Il tente néanmoins de mettre en place une réforme administrative du diocèse qui est considérée comme attentatoire aux droits de l'État et il n'échappe à l'arrestation qu'à la suite d'une nouvelle élection à l'assemblée départementale. Il se heurte également au clergé réfractaire très présent qui organise des campagnes calomnieuses contre lui. Il assiste au Concile de 1801 où il tente de jouer un rôle de modérateur en appelant à la réconciliation.

Après le Concordat de 1801 il se démet et Henri Reymond l'évêque concordataire de Dijon le nomme curé d'Arnay-le-Duc, fonction dont il ne prend pas possession. Il se retire alors dans sa famille à Mâcon où il rencontre en 1804 le pape Pie VII lors de son passage dans la ville. Il meurt à Mâcon le 18 juin 1820 après avoir fait une « rétractation expresse de ses erreurs » entre les mains d'un prêtre délégué par l'évêque d'Autun.

 

95e 1802-1802 : Marc-Antoine de Noé

 


Marc-Antoine Noé est issu d'une famille de Gascogne. Il est le 3e fils de Marc-Roger de Noé (1673-1733), baron de L'Isle en Armagnac, colonel du régiment de son nom, brigadier des armées du roi et commandant de la province de Guyenne et de Marie-Charlotte Colbert de Saint-Mars (1692-1767) (petite fille du grand Colbert). Il est le cousin germain du comte Louis-Pantaléon de Noé.

Destiné à une carrière ecclésiastique, il reçoit en commende l'abbaye de Simorre dans le diocèse d'Auch en 1756 puis il devient grand-vicaire de l'évêque d'Albi puis de l'archevêque de Rouen. Député à l'Assemblée du clergé de 1762 et il est nommé évêque de Lescar le 1er janvier, confirmé le 16 mai et sacré le 12 juin 1763 par Dominique de La Rochefoucauld. Il est l'un des quatre prélats qui refusent d'adhérer aux actes de l'Assemblée du clergé de 1765 sur la Bulle Unigenitus.

Marc-Antoine de Noé est parmi les évêques à qui le roi ordonne de résider dans leur diocèse en octobre 1784. Il fait éditer en 1788 son Discours sur l'état futur de l'Église, destiné à l'origine à être prononcé lors de l'assemblée du clergé de 1785 et qui avait été refusé et sera jugé a posteriori comme prémonitoire. Député du clergé de Béarn aux États généraux de 1789 il ne siège pas et se retire dans son évêché. Il refuse la Constitution civile du clergé et il doit quitter son évêché qui est supprimé lors de la nomination comme évêque constitutionnel des Basses-Pyrénées de Barthélemy-Jean-Baptiste Sanadon le 2 mars 1790

Il émigre d'abord en Espagne en 1791 puis en Angleterre où il publie ses œuvres et où il réside jusqu'au Concordat de 1801.

Rentré en France il accepte alors de se démettre officiellement de son évêché de Lescar et il est nommé évêque de Troyes par décret,  le 9 avril 1802

On dit de lui que " ses vertus sont si douces et si contagieuses, qu’il lui suffit de se montrer pour pacifier le diocèse et s’attirer tous les cœurs … il a laissé des regrets profonds et une réputation d’orateur si bien établie…". La Société Académique de l’Aube apprécie vivement Mgr de Noé.

Le Préfet de l'Yonne dit de lui " Homme de science et de paix... éloge touchant de sa conduite lors de l'épizootie qui ravagea son ancien diocèse..." En effet, sa lettre pastorale sur l’épizootie qui ruina le Béarn est le plus pressant appel que l’on n'ait jamais fait à la bienfaisance publique. C’est un exemple de ce que peut le cœur, joint au talent, pour ennoblir les détails les plus vulgaires, et élever le sujet le plus commun jusqu’à la plus haute et la plus touchante éloquence.

Homme de talent, il est placé au premier rang des orateurs, après son triomphe pour son premier sermon pour la bénédiction des guidons du régiment de dragons du roi, le 28 septembre 1781, à la cathédrale d'Auch, où il exalte le  courage militaire au service de la patrie. Lorsqu'il rentre d'Angleterre où il a émigré, il est un des premiers à donner sa démission pour répondre à l'invitation que Pie VII, acquiesçant au désir du Premier Consul, adresse aux anciens évêques.

Le talent de Mgr de Noé tire son double caractère de ses fortes études, et " de la divine bonté que Dieu a mise au fond de son cœur ".

Sa passion pour les écrivains de l’antiquité paraît excessive à ses supérieurs. Le Directeur du séminaire où il étudie, le trouvant un jour occupé de la lecture de Sénèque lui dit : " Monsieur de Noé, celui-là ne vous conduira pas à un évêché ". " Non, répond M. de Noé, mais il me consolera de n’y être point parvenu ".

" Le commerce des grands esprits de la Grèce et de Rome, laissa à Mgr de Noé, l’empreinte indélébile du bon goût et d’une saine philosophie. La sensibilité de son cœur y mêla quelque chose de tendre, d’affectueux, d’ému qui caractérisait son éloquence ".

Son discours sur l'état futur de l'Eglise, composé pour l'Assemblée générale du clergé de 1785 est un cri prophétique adressé à l'Eglise de France, qui s'endormait dans la mollesse, et au peuple aveuglé qui " traînant avec un faible reste de christianisme, semble n’attendre que le moment de la tentation pour s’en défaire et se livrer aux derniers excès ".

S’adressant au préfet de l’Aube, il fait l’éloge de ce fonctionnaire avec convenance et délicatesse, définissant le problème, toujours brûlant de nos jours : les rapports qui doivent unir, pour un même but, le pouvoir religieux et le pouvoir civil.

Il meurt le 22 septembre 1802.

Par une étrange coïncidence, ce même jour, le ministre Portalis lui écrit que le Premier Consul, pour " prouver combien il est satisfait de sa conduite ", a demandé au pape de lui attribuer l'un des 4 chapeaux cardinalices qu'il vient d'accorder en France. Il a été le premier de nos évêques honoré de cette dignité.

Les historiens disent de lui : " sa pensée grave et attendrie, son style noble dans sa simplicité, son ton de vérité, de philosophie, de charité, protègeront toujours contre l’oubli et sa mémoire et ses écrits ".

 

96e 1802-1807 : Louis-Apollinaire de la Tour du Pin-Montauban

 


Né le 13 janvier 1744 de Louis de la Tour du Pin, comte de Montauban,  brigadier des armées du roi et 1er écuyer du duc d’Orléans et de Marie-Olympe de Vaulserre des Adrets.

Dès ses plus jeunes années, « ses qualités et ses vertus font entrevoir les plus belles espérances ». A 34 ans, il est nommé évêque de Nancy (1777), où il se révèle « un saint prélat ». Il entreprend à pied, la visite de son diocèse, où il fait beaucoup de réformes. Les pauvres, les abandonnés sont les premiers objets de sa sollicitude. L’estime et l’affection de ses diocésains récompensent ses vertus et ses bienfaits, et, dans une émeute, c’est lui qui calme l’effervescence populaire. Il succède en 1783 à Mgr d’Apehon, archevêque d’Auch, à son décès.

Il se consacre tout entier aux intérêts de son diocèse, agissant en toutes choses, en sage et actif administrateur. « Par ses mœurs douces, sa piété profonde et la bonté de son cœur, il est l’édification et la joie de son peuple ».

Le 28 novembre 1790, environ un tiers des prêtres députés prêtent serment. Lui, refuse. Dénoncé pour ses écrits et ses discours « tendant à soulever le peuple contre la loi », il est ajourné, par ordonnance du 24 décembre, à comparaître en personne devant le tribunal du district. Il est civilement déchu de son titre et de ses fonctions. Il continue de protester, signant, comme de coutume, Louis-Apollinaire Archevêque d’Auch. Le 2 août 1791, le tribunal le décrète de prise de corps. Mais, à cette date, le prélat fugitif, trompe la vigilance de la police et réussit à mettre les Pyrénées entre lui et ses persécuteurs. Il est libre, mais proscrit.

Le prélat se fixe d’abord dans le Val d’Aran avec l’évêque de Tarbes et celui de Lavaur. Il y fait une ordination à laquelle prend part un grand nombre de jeunes gens venus des diocèses français limitrophes. Le gouvernement jacobin de Paris s’en émeut et fait des représentations au cabinet de Madrid. Les 3 évêques reçoivent l’ordre de s’éloigner de la frontière et de pénétrer plus avant dans l’intérieur. Le Concordat est signé en 1801, et Mgr de la Tour du Pin rentre en France début 1802.

 Le siège épiscopal de Troyes devient vacant au décès de Mgr de Noé. Il est proposé à Mgr de la Tour du Pin qui ne l’accepte qu’à condition que l’abbé Fournier (dont il fera son vicaire général à Troyes), alors détenu à Turin, soit élargi. Son crime était d’avoir flétri, en chaire, les forfaits de la Révolution. Le ministre de la police, Fouché, ex-oratorien et régicide, s’était senti atteint par cette parole enflammée, et, pour l’étouffer et se venger, il avait fait enfermer l’orateur à Bicêtre, parmi les fous, et de là, l’avait fait transférer à la citadelle de Turin. En décembre 1802, Bonaparte signe une lettre le libérant.

Mgr de la Tour du Pin arrive à Troyes le 22 décembre, et prend possession de son siège le 6 février 1803. La Révolution ayant fait table rase des institutions anciennes, l’archevêque évêque de Troyes assume une charge très pesante et fort compliquée, tout est à relever et organiser. Il nomme Claude Arvisenet en 1804, vicaire-général honoraire.

Sans cesser jamais d’être bon et doux, Mgr de la Tour du Pin est ferme, intrépide, au milieu des plus graves difficultés et en face des périls les plus menaçants. Son administration est laborieuse, pendant les 5 années qu’il gouverne l’église de Troyes. Son œuvre principale est l’unification et l’organisation des 3 diocèses placés sous sa juridiction. Ses prêtres l’aiment comme un père, les fidèles reconnaissent en lui la vivante image du bon pasteur.

 

Mgr de la Tour du Pin travaille, sans bruit, mais « avec suite et fermement, à assurer les intérêts religieux dans son diocèse ». Il prend des mesures de prudence contre les anciens et nombreux constitutionnels qui avaient demandé à rentrer dans les rangs du clergé paroissial. Par lettres circulaires, il recommande avec insistance aux curés, l’instruction religieuse des enfants, particulièrement des pauvres, et la formation de la jeunesse à la vie chrétienne. Les pauvres de la ville de Troyes, devenus une multitude, par suite de la disette, sont largement assistés par notre prélat. Il crée l’association des Dames de Charité pour leur distribuer des secours. Il constitue le bureau de secours aux incendiés, institution d’autant plus précieuse, que les compagnies d’assurances n’existent pas encore, et que l’idée en est sortie de ces mesures de prévoyance, qui ne tardèrent pas à se généraliser.

En 1805, Mgr de la Tour du Pin reçoit, dans son palais épiscopal, à 4 jours de distance, les 2 plus hauts  personnages de l’époque, d’abord l’Empereur, ensuite le Pape Pie VII. Le couple impérial fait son entrée solennelle à Troyes le 2 avril. Le bâtiment épiscopal, seul bâtiment assez vaste pour recevoir Leurs Majestés, est offert, mais comme tout s’y ressent encore des ravages de la Révolution, il faut le réparer à la hâte, et presque tout entier. L’aile faisant face au levant est destinée à recevoir l’empereur, celle regardant le midi, est préparée pour l’impératrice. Leurs Majestés entrent dans la ville « au bruit des acclamations universelles, des coups de canon et du son de toutes les cloches de la ville ». Le clergé de chaque paroisse en habits sacerdotaux, est placé sur le passage de Leurs Majestés. Celui de la cathédrale, ayant à sa tête notre Archevêque-évêque de Troyes, est rangé sous le parvis de la cathédrale, où l’Empereur le salue « d’un air très affectueux ». Le 3, à 9 h, Sa Majesté donne audience aux autorités et aux fonctionnaires publics. Il reçoit d’abord tout le clergé de la ville et dit : « Je vous recommande, messieurs, de prêcher, avec la morale de l’Evangile, la soumission aux lois et le paiement des contributions, de prier et de faire prier Dieu pour moi... Imitez l’exemple que votre évêque vous donne, et tout ira bien… ». Napoléon fait don à Mgr de La Tour du Pin d’un très bel anneau pastoral et d’une boîte en or rehaussée de son portrait et enrichie de diamants. Il le nomme chevalier, et bientôt après, officier de la Légion d’honneur, puis le fait entrer dans le collège électoral du département de l’Aube. Peu de temps avant sa mort, le digne prélat est désigné par ce corps comme candidat au Sénat.

Le 6 avril, le Pape arrive à Troyes. Mgr de la Tour du Pin, Archevêque-évêque de Troyes, à la tête de tout le clergé de la ville, reçoit Sa Sainteté sous le parvis de son église cathédrale. En pénétrant dans l’église, le Saint-Père s’écrie : « Che é bella ! » (qu’elle est belle). Entrant dans l’évêché, il y prend le logement qu’a occupé l’empereur. Le 7, tout le clergé de la ville et des environs, toutes les autorités constituées, et une foule innombrable se rendent à la cathédrale, où le Saint-Père dit une messe basse. « Une foule immense n’a pu entrer dans l’église ». Il part le 8 : « La place et les rues par où il passe sont remplies d’une foule de peuple… La ville de Troyes vit ce qu’elle pouvait jamais voir de plus grand. La concorde du Sacerdoce et de l’Empire, parut aux yeux d’un peuple émerveillé, dans toute sa réalité et dans tout son éclat….».

 Mgr de la Tour du Pin décède dans son palais épiscopal le 28 novembre 1807, d’une attaque d’apoplexie.  « Le Moniteur » parle « des vertus éminentes de ce prélat, de sa charité envers les pauvres, de sa bonté envers tous et de la sagesse de son administration, qui lui avaient concilié l’amour et la vénération de tous ses diocésains ». On sait maintenant avec quel courage il a résisté aux entreprises sacrilèges de la Révolution et tenu tête au schisme : « Nous ne croyons pas exagérer, en disant que son intrépidité s’éleva jusqu’à l’héroïsme ». 


   

  97e 1809-1825 : Étienne-Antoine de Boulogne

 



Ordonné prêtre en 1771 à l'âge de 23 ans, il entame également une carrière littéraire.

Son premier succès eut les suffrages de l'Académie de Besançon pour son discours : Il n'y a pas de meilleur garant de la religion. Il vient ensuite à Paris, attaché aux paroisses de Sainte-Marguerite et Saint-Germain-l'Auxerrois.

Il se fit connaître dans la capitale par un concours pour L'Éloge du Dauphin, le père de Louis XVI, couronné d’un prix de la société des Amis de la Religion et des Lettres.

Il fut sur de faux rapports frappé d’interdit par l'archevêque Christophe de Beaumont, qui refusa de donner les raisons de cette rigueur. Il alla jusqu’à tenter d’enlever au prêtre censuré son prix, mais la société qui avait institué le concours résista. L’archevêque réussit tout de même à faire enfermer trois mois le lauréat à la prison Saint-Lazare.

La mort de Beaumont mit un terme à cette situation et ouvrit la voie des honneurs. L’abbé de Boulogne devint successivement archidiacre, puis vicaire général de Châlons, et reçut le titre prédicateur du roi.

À la suite de son discours d'ouverture à l'assemblée provinciale de Champagne, il reçut, de l'évêque d'Autun Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, détenteur de la feuille des Bénéfices, l'abbaye de Tonnay-Charente.

Il fut élu député du clergé pour la paroisse parisienne de Saint-Sulpice à l'assemblée baillagère de Paris en 1789.

Opposé aux décrets de l'assemblée constituante sur le clergé, il refusa le serment à la constitution civile du clergé. Il n’émigra pas pour autant, et fut arrêté trois fois pendant la Terreur. Il est condamné à la déportation, au 18 fructidor, pour avoir attaqué les doctrines théophilantropiques de La Révellière-Lépeaux, mais il réussit à se cacher.

Il adhéra au concordat de 1801 avec un empressement dont le premier Consul lui sut gré. Nommé chanoine de la cathédrale de Versailles et grand vicaire de Charrier de La Roche, évêque de Versailles, Napoléon Ier le nomme à la Grande Aumônerie en tant que chapelain ordinaire en 1806.

Appelé à l'évêché d'Acqui Terme dès 1807, il refusa, ne sachant pas parler l'italien.

Nommé à l'évêché de Troyes le 8 mars 1808, confirmé par la curie romaine le 11 juillet 1808, il fut sacré évêque de Troyes le 2 février 1809 par le cardinal Joseph Fesch, Grand Aumônier de France, assisté par Louis Charrier de La Roche, évêque de Versailles, Maurice Jean Madeleine de Broglie, évêque de Gand.

Il fut créé baron de l'Empire le 5 octobre 1808.

L'Empereur n'eut pas de plus enthousiaste panégyrique : les mandements de l'évêque de Boulogne le représentait comme « un Cyrus conduit par la main de Dieu, et appelé dès le commencement des siècles pour relever les ruines du temple et rendre au sacerdoce toute sa majesté ».

Cependant, pour avoir trop embrassé la cause du pape Pie VII, captif au concile convoqué à Paris en juin 1811, il fut suspendu et mis au secret au donjon de Vincennes. On exigea en vain sa démission, après quoi il fut exilé à Falaise (Calvados).

Libéré à la chute de l’Empire, il n’en resta pas moins à la marge de la Première Restauration. Il se retira à Vaugirard pendant les Cent-Jours.

Le 21 janvier 1815, il prononça à la basilique de Saint-Denis l'oraison funèbre de Louis XVI, payant sans retard à la Restauration cette dette de reconnaissance par l'Instruction pastorale sur l'amour et la fidélité que doivent les Français au roi.

Il reprit possession du siège de Troyes en avril 1816. Le gouvernement de la Restauration le nomma en 1817 à l'archevêché de Vienne, mais le nouveau concordat qu'envisageait Louis XVIII n’ayant pas eu de suite de la part du Saint-Siège, cette nomination resta lettre morte. On l'en dédommagea en l'élevant à la pairie le 31 octobre 1822.

Autorisé, le 25 février 1825, à porter le titre d'archevêque à titre personnel, il mourut d'une attaque d'apoplexie le 13 mai 1825 à Paris et fut enterré au cimetière du Mont-Valérien à Suresnes2. Charles X refusa le transfert de sa dépouille à Troyes, malgré les demandes du clergé local.

Lors de la construction des fortifications de Paris, son corps, réclamé par le clergé de Troyes, fut inhumé dans le caveau des évêques de la cathédrale le (11 mai 1842).

 

98e 1826-1843 : Jacques-Louis-David de Seguin des Hons



Ce Prélat fut un de ceux qui fut le plus sage, le plus regretté dans le diocèse de Troyes. Fils de messire Jacques-Louis de Seguin-des-Hons, capitaine au régiment, Jacques-Louis-David nait le 30 octobre 1760 à 6 h du matin à Castres, dans un midi riche en gallicans de marque. Il est baptisé le 31 octobre. Il va au collège de Sainte Barbe, puis à 22 ans, entre dans les ordres. Quatre ans plus tard, il est licencié en théologie à la Sorbonne, et on lui confère la prêtrise en 1786. Vicaire général de l'évêque d'Agen en 1789, il émigre en Espagne et y vit dans l’intimité de Mgr de la Tour du Pin, à l’abbaye de Montserrat. A son retour, il occupe la petite cure de Cadix, dans le Tarn, puis celle, beaucoup plus importante, de Saint Pons, dans l'Hérault. Il y demeure jusqu'en 1819 et devient vicaire général de Mgr Fournier, évêque de Montpellier. Il passe ensuite à l'archevêché d'Albi, toujours avec le titre de vicaire général, et y demeure jusqu'en 1825. Il devient alors évêque de Troyes, les 4 et 17 mars 1826 en remplacement de Mgr De Boulogne. Il reçoit la consécration épiscopale l'année suivante des mains de Mgr De Frayssinous, en l'église de la Sorbonne.

Il installe le Petit Séminaire en 1831 dans l’ancien domaine des Antonins, puis des Ursulines, à Saint-Martin-ès-Vignes. Il crée en 1833 l’œuvre des « Messes post Obitum », pour les prêtres défunts. En 1837,  rétablit les « Conférences ecclésiastiques » instaurées  en 1650, par Mgr Malier : réunion des prêtres d’un même doyenné, où ils étudient les questions de théologie dogmatique, morale, pastorale, la liturgie ou l’histoire. Il fut un modèle de bonté et de zèle pastoral pendant tout son épiscopat. Avec cet évêque, l’occasion se présentait de se conformer aux règles formulées par Pie V, en 1568, en vertu desquelles le bréviaire romain devait être adopté par toutes les Eglises en pouvant se prévaloir d’un usage de 200 ans au moins. C’était le cas du bréviaire troyen de 1770 et, néanmoins, Mgr de Séguin des Hons se contente, en 1828, de le rééditer, tout en lui apportant des changements. De même fait-il imprimer, en 1829, des « Heures latines », sorte de paroissien latin-français à l’usage des fidèles, et, en 1835, un « Graduel », un « Antiphonaire » et un « Psautier », sans se préoccuper autrement de l’usage romain.

Dans son éloge funèbre à « l’Illustrissime et Révérendissime père en Dieu, Jacques-Louis-David de Seguin-des-Hons », l’abbé Roisard, Chanoine, Vicaire général capitulaire dit : «… notre illustre Pontife était la douceur évangélique, qui se révélait sur son visage, entourée des vertus qui sont ses compagnes nécessaires… Tous ceux qui l’ont connu, célébré, ne l’ont-ils pas proclamé << le plus aimable de tous les Saints >> ? Comme pour saint Grégoire-le-Grand, nous pouvons dire que << son attentive politesse égalait son inépuisable charité >>… Vous étiez sûrs d’être accueillis avec intérêt, avec amitié. Sa plus douce jouissance était de vous voir, de savoir par lui-même l’état de vos paroisses, vos peines, vos consolations, vos craintes, vos espérances… Notre bien-aimé prélat, au temps de la terrible épreuve de l’apostasie, fuyant de ville en ville, mendiant le pain de l’indigence, bégayant un idiome nouveau, achetant au prix des peines, des fatigues et des privations de l’exil, le droit de rester fidèle à l’Eglise… L’Espagne fut la contrée qui lui donna un abri contre l’orage, et où il alla attendre des jours meilleurs. Quels bons souvenirs il conservait de ces bons Catalans si pauvres, et pourtant si hospitaliers ! Comme il aimait à nous peindre leur foi vive, leur piété simple, leurs cérémonies dramatiques comme dans notre moyen-âge… Notre Pontife quitte les lieux qui lui sont chers, Montpellier, Albi, où il fut le conseiller, l’âme du conseil de plusieurs évêques, et d’où il emporte les regrets et l’affection de tous ceux qui l’ont connu… Le caractère principal de son administration était la patience. Il ne voulait pas provoquer les mesures, il aimait attendre que les circonstances semblassent les indiquer, et alors il était habile à en profiter… Il savait bien pénétrer les hommes… D’un esprit juste et prompt, il saisissait au premier coup d’œil la portée d’une affaire, et toutefois il voulait y réfléchir, et ne se hâtait jamais de se prononcer. Il aimait à la discuter. Découvrant le côté faible des meilleures choses, il prévoyait toutes les difficultés et les objections que pouvaient soulever les décisions les plus sages…

Notre Pontife trouvait sa force dans sa patience, il n’était pas timide, mais  prudent. Il n’était pas faible, mais charitable et doux. Il n’a jamais été le jouet des événements ni des hommes, mais une sagesse supérieure à nos faibles et courtes vues l’a constamment dirigé dans sa marche… Il a vu quelquefois les hommes s’agiter, se remuer au-dessous de lui : il a conservé le calme de son  noble caractère, et, sans commotion, sans scandale, il n’a voulu tout obtenir que par la patience… A tous ceux qui sont revêtus de l’autorité il disait : tenez-vous dans les bornes du pouvoir qui vous a été confié, demeurez dans vos limites propres, ne les franchissez jamais, et là, exercez l’autorité qui vous appartient, dans toute l’étendue, dans toute la latitude de la charité…

De là le bonheur de ses relations avec la puissance publique, avec l’administration provinciale, de là surtout son profond respect pour le saint Siège, et son inviolable soumission à l’autorité et aux moindres décisions du successeur de Pierre… Comme sa voix était insinuante ! Comme elle parlait au cœur ! Quelle délicatesse ! Quel à-propos ! Quelle consolation ne répandit-elle pas !... Rappelons sa construction du petit séminaire, l’entretien des frères des écoles chrétiennes avec le concours du conseil municipal, les secours pour les prêtres infirmes, la fondation régulière des sœurs de la Providence de Troyes, la Conférence de saint Vincent-de-Paul, le commencement de l’œuvre des sœurs gardes-malades d’Arcis-sur-Aube, d’autres établissements religieux à Brienne, à Bar-sur-Aube, les Incurables, les ouvroirs des sœurs, et combien d’autres œuvres utiles, charitables, pieuses, fondées, établies, encouragées, soutenues par son autorité et ses dons ! Et que dire de ses aumônes ? Toutes les misères avaient un égal droit à l’épanchement de ses dons. Les vieillards infirmes, la veuve indigente et chargée de famille, le pauvre voyageur, l’exilé privé des ressources de la patrie, et combien encore chaque jour, les uns ou les autres, et plus souvent tous ensemble, participaient à ses aumônes !... »

Atteint d’un mal implacable, avec de grandes souffrances, il s’éteint le 31 août 1842.       

 

Le 16 mai 1828, il s’était fait ouvrir le tombeau de sainte Maure et avait trouvé les reliques, avec les sceaux et les inscriptions sur d’antiques parchemins.

Le Musée de Troyes possède son buste..

 

99e 1844-1848 : Jean Marie Mathias Debelay

 

Jean-Marie-Matthias Debelay est né à Viriat (Ain) le 24 février 1800 d'une famille honorablement connue. Il fit, au collège de Bourg-en-Bresse, ses classes de latinité. Il terminait sa théologie en 1823, au séminaire de Saint-Irénée, lorsque l'ancien diocèse de Belley fut rétabli et distrait du diocèse de Lyon, dont il faisait alors partie.

Une ordonnance royale l'appela sur la fin de 1843 à l’évêché de Troyes, et il fut consacré le 10 mars 1844 par l'archevêque de Paris. En 1848, il fut promu à l'archevêché d'Avignon.

 

 

 100e 1849-1860 : Pierre-Louis Cœur

 


Pierre-Louis Cœur naît à Tarare en 1805. Voué par goût autant que par l’ordre de ses supérieurs au ministère de la parole, à 27 ans, il prêche un magnifique sermon sur la communion, à Saint-Jean de Lyon. Dans cette même ville, il donne la station du carême, devant une église comble et passionnée.

Ensuite, il y a peu de villes en France, y compris Paris, où il ne fait entendre les grands enseignements de l’Evangile Partout, il attire un auditoire immense, mais surtout " les classes intelligentes que charment la poésie de son style, la profondeur de sa pensée, et cet accent de conviction passionnée qui remue profondément les âmes ".

Jeune alors, et " plein de la sainte folie de la croix, l’abbé Cœur, en chaire, est plein de dignité. Sa voix onctueuse et sympathique pénètre jusque dans les parties les plus reculées de nos vieilles basiliques. "

On compare alors dans les journaux et dans les revues, son éloquence à celle de saint Jean Chrysostome.

Dans cette période de sa vie, il compose des discours sur les principaux mystères, sur les peines de l'enfer, sur la parole évangélique, sur les mauvaises lectures, sur la charité, sur le respect humain...

On lui donne la chaire d'éloquence sacrée à la Sorbonne. " Il fallait voir l'effet immense produit par le nouveau professeur, non seulement sur la jeunesse des écoles, mais encore sur les hommes de la plus haute intelligence et de la plus grande renommée, qui se pressaient autour de sa chaire". Il fallait qu'il interdise absolument les applaudissements toujours prêts à éclater.

Pierre-Louis Cœur occupe la chaire d'éloquence sacrée pendant 6 ans. C'est la période la plus heureuse de sa carrière. C'est alors qu'il se crée d'illustres amitiés qui firent l'honneur de sa vie.

En 1848, il quitte la Sorbonne pour le siège de Troyes. Il se défend d'un honneur si redoutable à ses yeux. Il se retire à la campagne pour se préparer à son sacre en 1849.

Pendant la cérémonie qui le fait prince de l'Eglise, il ne peut étouffer ses sanglots et l'autel est trempé de ses larmes. Ses discours sont imprimés et " occupent une place d’honneur dans les bibliothèques où ils sont lus et relus ".

Lors d’un discours prêché à la cathédrale pendant la Semaine Sainte, " il trouve les accents les plus saisissants et adresse à son troupeau l’appel le plus pathétique. L’impression est vive et profonde ".

A l’occasion de la bénédiction de la cloche de la chapelle de l’Hôtel-Dieu, dont il est le parrain, la Société Académique écrit : " Ce fut pour Mgr Cœur, l’un de ces jours d’inspiration, rares même pour le génie, où l’esprit divin vous touche et vous élève à des hauteurs inaccoutumées. Dans une improvisation enflammée, l’orateur demanda aux sociétés païennes compte de ce qu’elles avaient fait pour le pauvre et pour l’affligé. Il prouva quelles avaient été sur ce point, capital pour l’humanité, la sécheresse et l’impuissance de leurs institutions publiques, ainsi que le manque absolu, parmi elles, de la bienfaisance privée. Puis, montrant le sentiment de la fraternité et de la charité se levant sur le monde avec le Christ, il déroule le magnifique tableau de ce flot toujours croissant de générosités et de fondations charitables… Il dit les prodiges accomplis par les associations chrétiennes, par les ordres charitables d’hommes et de femmes, leur dévouement relevant les ruines de l’invasion des barbares, adoucissant les rudes mœurs de la féodalité, s’interposant dans les luttes implacables du moyen-âge…".

" Il y avait dans Mgr Cœur, une impuissance touchante à contenir les sentiments qui l’oppressaient, lorsqu’il parlait sur des sujets attendrissants. L’émotion faisait trembler sa voix, les pleurs troublaient son regard, et, il semblait prêt à succomber sous le poids de son inspiration. Cela donnait à son éloquence je ne sais quoi de pénétrant et d’irrésistible… ".

Mgr Cœur avait dans son style, l’ampleur de la majesté des prophètes, jointe à une sensibilité ardente et à une sorte de pieuse tristesse qui s’accompagnait bien avec sa devise : " souffrir et compatir "

Il décède au château de Charmont-sous-Barbuise (résidence d’été des évêques de Troyes - Aube) en 1860 et est inhumé à la cathédrale de Troyes.

 

  

101e 1860-1875 : Emmanuel-Jules Ravinet

 


Après avoir fait des études littéraires au collège Stanislas sous la direction de l’abbé Liautard, il poursuit en théologie. Ordonné prêtre le 28 mai 1825 par Quelen, il fut chargé de l’enseignement des sciences ecclésiastiques. Il devint secrétaire particulier de l’archevêque de Paris, Affre, puis fut nommé en 1843 chanoine titulaire de Notre-Dame.

Il dirigea la communauté des Sœurs de Saint Joseph de Cluny et celle des Sœurs de l’Immaculé Conception. Nommé par un décret le 15 décembre 1860, il succéda à Cœur au siège épiscopal de Troyes.

Préconisé par Pie IX lors du consistoire du 18 mars 1861, il fut sacré évêque le 1er mai suivant à Notre-Dame de Paris avec l’accord de Napoléon III.

Il fut reçu solennellement à la cathédrale de Troyes par son clergé et toutes les autorités du département de l'Aube ; au premier rang desquelles le vicomte de Charnailles, préfet, qui avait été un de ses anciens élèves au Collège Stanislas. Buquet, évêque de Parium et ancien directeur de Stanislas, accompagnait ce jour-là Ravinet qui avait été son bras droit à la direction de l’établissement dès 1839.

Ravinet fut remis de ses fonctions le 2 août 1875, atteignant l’âge de la retraite. Il mourut le 21 mars 1881. Il avait été décrété officier de la Légion d’Honneur en 1862.

 

102e 1875-1898 : Pierre-Louis-Marie Cortet

 


Un décret présidentiel du 3 août 1875 l'appelle au siège épiscopal de Troyes rendu vacant à la suite de la démission de Ravinet et il est préconisé dans le consistoire tenu à Rome le 27 septembre 1875.

Il occupe cette fonction jusqu'à son décès, le 16 février 1898. Pierre Cortet est nommé chevalier de la Légion d'honneur le 11 août 1860.

 

  

103e 1898-1907 : Gustave-Adolphe de Pélacot


Gustave-Adolphe de La Rousse de Pélacot est né le 14 juin 1840 à Le Puy-en-Velay (Haute-Loire) d'un père officier de gendarmerie. À 12 ans, il entre au petit séminaire de la Chartreuse où il reste six ans. Il poursuit sa formation au grand séminaire du Puy jusqu'en 1857 et termine ses études au séminaire Saint-Sulpice qu'il quitte en 1864. Il est ordonné prêtre le 21 mai 1864 à Paris et retourne ensuite dans sa ville natale.

La même année, il est nommé secrétaire particulier de l'évêque du Puy Pierre Le Breton et pro-secrétaire de l'évêché. Durant la guerre franco-prussienne, il est aumônier militaire auprès du 119e de ligne. En remerciement, la jeune république le nomme en 1871 chevalier de la légion d'honneur. Il est successivement nommé chanoine honoraire et secrétaire de l'évêché, puis vicaire épiscopal et enfin vicaire général.

Il est sacré évêque de Troyes le 29 juin 1898 par l'évêque du Puy Constant Guillois accompagné de l'évêque de Colombie britannique Pierre-Paul Durieu et de l'évêque de Saint-Flour Jean-Marie-François Lamouroux.

Il meurt à Troyes le 5 août 1907, quatre mois après sa promotion à l'archevêché de Chambéry, sans avoir pu prendre possession de son nouveau siège. Il est enterré dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes.

 

104e 1907-1927 : Marie-Etienne-Laurent Monnier

 

Marie-Etienne-Laurent Monnier naît le 23 décembre 1847 à Poligny, dans le superbe hôtel du lieutenant-général Etienne Monnier, son grand-père. Son père Edmond, a laissé le « souvenir inoubliable d’un patron profondément chrétien ».

Il était chevalier de Saint Grégoire et de la Légion d’honneur, sa mère était née Bathilde de Baudicour. Les Monnier sont une famille aux traditions chrétiennes et profondes où l’amour du passé n’enlève rien à un sens profond du présent.

Il commence ses études à Baudin, dans la « Maîtrise blanche » qu’avait organisée son cousin germain, dom Gréa, plus âgé de 20 ans. Il puisa dans cette éducation forte l’énergie qui devait jusqu’au bout le caractériser. Il passa ensuite au Collège Saint-Clément de Metz où il conquit les gardes de bachelier-ès-lettres et ès-science. Il fut admissible à Polytechnique, entra au Séminaire de Saint Sulpice. Il y fut de suite remarqué et ses maîtres le choisirent comme maître de conférences en philosophie et aumônier des pauvres.

Il reçut le sacerdoce en septembre 1871, en même temps qu’un jeune diacre de Troyes, auquel il conserva toute son amitié. L’abbé Monnier fut nommé vicaire à la cathédrale de Saint-Claude, où sa bonté lui attira de suite les sympathies. Au bout de 10 ans de vicariat, on lui confia le doyenné de Saint Aubin. En 1894, l’abbé Monnier est proposé comme curé de Poligny, mais le gouvernement ne l’ayant pas agréé, on le fit alors chanoine titulaire du noble chapitre de Saint-Claude. Puis il quitta le diocèse et devint, à Paris, directeur des Prêtres de Saint François de Sales. En 1898, il est nommé archiprêtre de la cathédrale de Saint-Claude.

C’était l’heure des expulsions et de la séparation, celle où on faisait le siège de l’évêché en hurlant : « L’évêque à la lanterne ! ». C’était l’heure où l’on saccageait la Cathédrale, où l’on tentait d’incendier ses magnifiques stalles… Laurent Monnier vécut ces heures.

En septembre 1907, il est nommé 104° évêque de Troyes. Il  reçoit la consécration le 21 novembre.

Fin 1909, Mgr Monnier décide la création d’un « Bulletin paroissial diocésain ».

Dès 1910, Mgr Monnier constitue une « Association départementale des pères de famille », pour la défense de la liberté d’enseignement.

Lors de la guerre 1914-1918, le coudoiement dans la tranchée entre prêtres, séminaristes, ou laïcs chrétiens et leurs adversaires de la veille, amènera ceux-ci à une meilleure intelligence de leurs concitoyens sous quelque habit qu’ils se présentent. La bonté de Mgr Monnier, y contribuera beaucoup. Il prescrit des quêtes pour venir au secours des soldats blessés, des combattants, des prisonniers.

Il institue « l’œuvre du tricot » qui leur fournira des vêtements chauds, il collabore aux initiatives de la Croix-Rouge, mais encore à celles  de la « Ligue des Dames Françaises », sans se préoccuper de son caractère « neutre » et encore moins de sa direction protestante, il visite les hôpitaux militaires et s’impose partout par sa bienveillance souriante et sa compassion effective.

En septembre 1914, il ferme les yeux de son frère héros de la guerre le colonel Georges Monnier qui décède à l’évêché de Troyes le 8 septembre.

En 1914, Mgr Monnier ouvre, à Ville-sur-Terre, une « Maison de retraite » pour les prêtres, la « Maison Saint-Joseph ». Celle-ci subsistera jusqu’en 1930.

Notre évêque s’occupe beaucoup de l’enseignement et de l’éducation : avec lui, l’enseignement primaire n’a pas été interrompu par le retrait des écoles communales aux « Frères des Ecoles Chrétiennes ». Sécularisés, il en forme d’autres : 5 à Troyes qui, en 1911, totalisent quelque 550 élèves. Il y a 10 écoles pour les filles, à Troyes, dont le pensionnat de Sainte-Savine dirigé par les Oblates de Saint-François-de-sales, avec 166 élèves. Une vingtaine d’autres, sont réparties dans le département. Quant à l’enseignement secondaire, il continue d’être représenté par le « Collège Urbain IV », qui a succédé, depuis 1906, à l’ancien « Saint Bernard » et que dirigent des laïcs et des prêtres du diocèse : 102 élèves en 1911. Les Oblates, sécularisées en 1904, avaient ouvert pour la jeunesse féminine, un « Cours Sévigné » de 102 élèves.

Parmi d’autres mesures, sous son épiscopat, il réunit un synode en 1923, complété par la publication d’un « Manuel pratique à l’usage des prêtres », petit code du ministère paroissial des plus utiles.

Cette même année, Mgr Monnier réunit un « Congrès diocésain des hommes et des jeunes gens », et en 1925, il fonde un « Comité diocésain des réunions d’hommes ».

Mgr Monnier songe aussi aux paroisses rurales. A titres d’exemples, l’année 1919 vit, du 11 au 21 novembre, à Ervy, 300 assistants, dont une trentaine d’hommes, à Auxon, du 18 au 28 novembre, 200 personnes, au Mesnil-la-Comtesse, en décembre, se « trouva un très bel auditoire où les hommes étaient aussi nombreux que les femmes ».

Son Grand Séminaire avait doublé depuis 1920. Il avait également créé un Petit Séminaire où il attirait des jeunes gens originaires d’autres diocèses.

Après la loi de 1905, une reprise des relations diplomatiques eut lieu en 1921. Mgr Monnier constitua en mai 1924, une « Association diocésaine » conforme aux statuts acceptés par le pape Pie IX et reconnus légaux par le Conseil d’Etat. Il rédigea sa lettre pastorale du carême 1924, sur le « Culte de Notre-Dame de la Sainte-Espérance » et participa au pèlerinage de Mesnil-Saint-Loup. Au mois de novembre, il publie un tableau des missions à donner dans la ville de Troyes et dans les paroisses rurales durant la période décennale à dater du 1er janvier 1925.

A 79 ans, il sillonne encore les routes de France pour assister à toutes les cérémonies de famille, conférer un baptême, bénir un mariage ou présider une première messe.

Jusqu’à la fin, chaque jour, et sans y manquer une seule fois pendant ses 56 ans de prêtrise, il dit sa messe.

Il s’éteint doucement, le 7 juillet 1927. Même les journaux socialistes de Saint-Claude et de Troyes relatent alors des regrets unanimes.

Il ordonna 71 prêtres, mais il y eut 157 décès de prêtres !

 

 

105e 1928-1932 : Maurice Feltin

 


Fils de Charles et de Marie Haas, Maurice Feltin, après des études classiques chez les bénédictins de Mariastein réfugiés à Delle, puis chez les jésuites de Lyon, reçoit sa formation philosophique et théologique au séminaire de Saint-Sulpice de Paris et est ordonné prêtre le 3 juillet 19091. Jusqu'en 1927, il exerce son ministère dans le diocèse de Besançon.

Âgé de 31 ans quand éclate la Première Guerre mondiale, il sert comme sergent à la 7e section du groupe des brancardiers du 7e Corps d'Armée. Il est « remis » caporal à sa demande le 5 avril 1916 et transféré au 174e régiment d'infanterie. Il est de nouveau nommé sergent le 24 octobre 1916. Il est évacué pour maladie du 7 mars au 13 avril 1917. Il est démobilisé en 1919 et reçoit de nombreuses décorations militaires. Il est décoré de la médaille militaire, de la croix de guerre 1914-1918 et de la Légion d'honneur.

En 1927, le pape Pie XI le nomme évêque de Troyes où il érige canoniquement les Dominicaines missionnaires des campagnes. En 1932, il est nommé archevêque de Sens.

 

106e 1934-1938 : Joseph-Jean Heintz

 


Ordonné prêtre le 21 mai 1910, Joseph-Jean Heintz participe au conflit de 1914-1918 comme aumônier militaire.

Le 11 juin 1916, il est caporal au 347e RI et il est chargé d'assister les deux sous-lieutenants Herduin et Millant, condamnés à mort sans jugement et fusillés sur ordre du colonel Bernard.

Après avoir été archiprêtre de Charleville-Mézières, il est nommé évêque de Troyes le 7 décembre 1933 par le pape Pie XI (consacré le 25 janvier 19343), puis est nommé au siège de Metz le 15 février 1938 (intronisé le 4 mars).

 

107e 1938-1943 : Joseph Lefebvre

 

D'une famille d'industriels catholiques du Nord, fils de Georges Lefebvre, négociant et industriel, et de Marie Agnès Lucie Joseph Decaestecker, Joseph-Charles Lefèbvre étudie la théologie catholique et la philosophie à Lille et à Rome. Il sert pendant la Première Guerre mondiale au cours de laquelle il est blessé et fait prisonnier.

Le 17 décembre 1921, il est ordonné prêtre à Rome. De 1924 jusqu'à 1936, il assure un ministère en tant que curé de paroisse puis dirige la section du personnel de l'évêché de Poitiers dont il est vicaire général de 1936 à 1938.

Le 27 juillet 1938, il est nommé évêque de Troyes et consacré le 11 octobre 1938 par Édouard Mesguen.

Le 17 juin 1943, il devient archevêque de Bourges. Lors du consistoire du 28 mars 1960, il est créé cardinal par le pape Jean XXIII avec le titre de cardinal-prêtre de San Giovanni Battista dei Fiorentini qu'il est le premier à porter.

De 1962 à 1965, il participe au concile de Vatican II et au conclave en 1963 qui élit Paul VI.

Le 10 octobre 1969, il abandonne sa charge d'archevêque de Bourges et meurt le 2 avril 1973. Il est enterré dans la cathédrale.

 

 

118e 1944-1967 : Julien Le Couëdic

 

Ordonné prêtre du diocèse de Versailles en 1915, il est nommé évêque de Troyes en 1943, sacré évêque le 18 janvier 1944 et intronisé en la cathédrale de Troyes le 29 janvier 1944. Il restera à Troyes pendant 23 ans.

En 1962, il participe au Concile Vatican II en sa qualité de docteur en théologie et en droit canonique.

Évêque conservateur, il est membre du Cœtus Internationalis Patrum aux côtés de Marcel Lefebvre, cousin de son prédécesseur.

Il accepta d'accueillir en son diocèse l'abbé Georges de Nantes, figure du traditionalisme catholique et il le nomme curé de Villemaur-sur-Vanne (Aube) en 1958, alors qu'il avait été rejeté des diocèses de Grenoble et de Paris. Il y crée deux communautés des Petits Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus à Rumilly-les-Vaudes (10). Plus connu sous le nom de l’abbé de Nantes*

Ni Le Couëdic ni ses successeurs n'accorderont de statut canonique à ces fondations. Le Couëdic, lassé des débordements de Georges de Nantes, le frappera de suspense a divinis le 25 août 1966, le relevant de toute fonction juridictionnelle dans son diocèse.

Le Couëdic laisse dans son diocèse le souvenir de quelqu'un de très précieux et distant. Il est à l'origine du dernier renouvellement du vestiaire de la cathédrale de Troyes. De superbes et riches ornements sont commandés à cette époque. Il fut décoré de la Croix de Guerre et fait Chevalier de la Légion d’Honneur.

 

109e 1967-1992 : André Fauchet

 

S. Exc. Mgr André, Pierre, Louis, Marie, Evêque. Né le 30 novembre 1918 à Langourla (Côtes-du-Nord). Fils de Louis Fauchet, Cultivateur, et de Mme, née Thérèse Brillault

Etudes : Ecole Saint-Charles à Saint-Brieuc, Grand séminaire et Institut catholique du diocèse de Paris. Diplômes : Licencié en théologie, droit civil, droit canonique et sciences sociales, Diplômé d’études supérieures d’histoire du droit et d’économie politique

Carrière : ordonné Prêtre (13 juillet 1943), Etudiant à Paris (1943-49), Vicaire et Directeur des œuvres diocésaines (1951), Vicaire général chargé de la pastorale (1958) puis Archidiacre (1961) de Dinan.

Il est nommé Evêque de Troyes le 21 février 1967, consacré à Saint-Brieuc le 1er mai 1967 et intronisé à Troyes le 6 mai 1967.

 Président de la commission Justice et Paix de 1984à 1992.

Œuvres : Au service des foyers missionnaires, Ecouter les hommes pour répondre à Dieu, Au cœur du renouveau : le dynamisme de la Communauté; divers articles de pastorale et spiritualité. Décoration : Chevalier de la Légion d’honneur.

 

110e 1992-1998 : Gérard Daucourt

 

            Ordonné prêtre à l'âge de 25 ans, le 26 juin 1966, pour le diocèse de Besançon, il a commencé son ministère presbytéral pendant cinq ans comme vicaire à Montbéliard.

Il est ensuite devenu supérieur du foyer-séminaire de Besançon en 1971, puis supérieur du séminaire interdiocésain de 2e et 3e cycle de Besançon en 1977, cumulant cette responsabilité avec celle de délégué diocésain à l'œcuménisme.

C'est alors qu'il est appelé à la Curie romaine de 1984 à 1991, comme délégué de la section orientale au Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens. Il garde cependant des activités pastorales, en particulier auprès de personnes handicapées.

Nommé évêque coadjuteur du diocèse de Troyes le 1er février 1991, il est consacré le 14 avril 1991.

Il succède à André Fauchet comme évêque diocésain le 4 avril 1992, il est nommé par le pape Jean-Paul II en décembre 1992 membre du conseil pontifical pour l'unité des chrétiens.

 

  

111e 1999-2020  : Marc Stenger

                               sa devise : Tout à tous !

        Évêque émérite : Troyes, depuis 2020

 

Né le 27 août 1946 ; Fils de Jules Stenger, directeur commercial, et de Mme, née Camille Freund. Ordonné prêtre le 28 juin 1975.  Nommé évêque le 30 avril 1999 il est consacré évêque le 05 septembre 1999.

Séminaire français de Rome et Université grégorienne ; Séminaire des Carmes et Institut catholique à Paris ; École pratique des hautes études

Vicaire à la paroisse de l'Immaculée-Conception à Metz (1975 - 1981) ; Membre de l'équipe de formation du séminaire français à Rome (1981 - 1984) ; Puis du grand séminaire de Metz (1984 - 1990) ;  Vicaire épiscopal chargé de la pastorale de la jeunesse (1984 - 1998) ; Responsable diocésain, puis régional (Alsace-Lorraine) de la formation des jeunes prêtres (1985 - 1992) ;  Curé de la paroisse Notre-Dame de Metz (1990 - 1992) ;  Supérieur du grand séminaire de Metz (1992 - 1999) ;      Évêque de Troyes (1999 - 2020) ; Président de Pax Christi France (2003 - 2019) ; Membre du Conseil pour les mouvements et associations de fidèles (2014 - 2020) ; Co-président de Pax Christi International (2019)

 

 

112e 2021 - … Alexandre Joly – sa devise : Totus Christus

 

Le pape François a nommé samedi 11 décembre 2021, Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes suite à la démission de Mgr Marc Stenger.

Né le 9 octobre 1971 à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), il est ordonné le 28 juin 1997 pour l’archidiocèse de Rouen,

Mgr Alexandre Joly fut vicaire à la paroisse Notre-Dame de Rouen Centre (2000-2003) et aumônier des étudiants (2000-2015) ; curé de la paroisse Saint-Jacques de Mont-Saint-Aignan (2003-2013) ; directeur du Service diocésain de la Catéchèse (2006-2008).

En 2008, il fut nommé Secrétaire général du Synode de l’archidiocèse de Rouen, fonction qu’il occupa pendant 2 ans.

De 2011 à 2018, il fut directeur du Service diocésain Liturgie et Sacrements. Pendant 4 ans (2013 à 2017),

Mgr Joly fut vicaire épiscopal en charge des laïcs en mission ecclésiale et curé de la paroisse Saint-Paul de Quevilly – Couronne.

Mgr Alexandre Joly fut vicaire général de l’archidiocèse de Rouen de 2017 à 2018. Nommé évêque le 14 décembre 2018, il fut évêque auxiliaire de Rennes de 2018 à 2021.

Monseigneur Joly a été installé dimanche 23 janvier 2022, en la cathédrale Saint-Pierre Saint-Paul de Troyes

 

A ce jour pour le Diocèse de Troyes

 

Évêque : Mgr Alexandre Joly

Évêque émérite : Mgr Marc Stenger

Vicaire général : P. Richard Lukaszewski

Chancelier : Mme Marie-Madeleine Wuillaume

 

Références  :

·         Eugène-Edmond Defer, Vie des Saints

·         Brénot-Leblanc

·         Jean Charles Courtalon-Delaistre

·         Nicolas Camusat

·         Noël Moreau

·         Poulié de Troyes.

·         Mgr J. Dieudonné Bonnard, Dr en Théologie et Droit Canonique

·         Registres de l'officialité de Troyes : 15 Registres

·          Cour judiciaire de l'Église de Troyes, 

·         Registres de Jean Baudet Notaire Apostolique et Tabellion de l’Officialité

·         Mgr l’Archevêque Eugène-Marie Ernoult ; archives privées et de l'Église de Sens

 J. Schweitzer 

 

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